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Source : Météo Sahel Mai 2025
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En ce mois de mai 2025, l’actualité mauritanienne tourne autour de la confirmation du verdict en instance prononcé contre l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz. La cour d’appel de Nouakchott le condamne à quinze ans de prison ferme pour corruption. Ce jugement reflète une détermination croissante à faire face aux actes répréhensibles commis par les personnalités influentes; ce qui a pour conséquence de polariser l’opinion publique. Pour quelques-uns, ce procès constitue un message fort contre l’impunité. D’autres ont l’impression qu’il sert des intérêts purement politiques. Ce procès emblématique cristallise les tensions entre la réforme de l’État et le règlement de comptes au sommet.
En effet, la cour d’appel constitue une juridiction de deuxième degré. Les personnes condamnées en appel n’ont d’autre choix que de se pourvoir en cassation devant la plus haute juridiction du pays.
Méharistes et lutte antiterroriste : la Mauritanie renforce sa doctrine sécuritaire
En matière de sécurité, la Mauritanie se distingue par sa politique proactive contre le terrorisme, en partie grâce aux méharistes, ces troupes nomades du désert. Ces soldats, qui perpétuent une tradition ancestrale, jouent désormais un rôle central dans la philosophie militaire mauritanienne. Grâce à leur expertise du terrain et à leur agilité, les forces antiterroristes mauritaniennes renforcent l’efficacité de leur dispositif, alors que la menace terroriste demeure floue dans la région sahélienne. Cet engagement témoigne de la détermination de Nouakchott à préserver sa sécurité interne en s’appuyant sur des troupes bien adaptées aux conditions locales.
La Mauritanie continue d’appliquer sa doctrine antiterroriste éprouvée depuis plus de 13 ans, qui repose sur une approche intégrée combinant des mesures militaires, un développement local et un dialogue communautaire. Ce modèle, souvent cité en exemple au sein de l’ex G5 Sahel, lui permet de maintenir une certaine résilience face aux bouleversements régionaux. Néanmoins, cette situation privilégiée est précaire, car des difficultés systémiques telles que la pauvreté, le chômage des jeunes et les flux migratoires pourraient éroder ses réalisations. Le mois de mai en Mauritanie met en évidence un pays à un carrefour, oscillant entre la consolidation de l’État et des projets stratégiques audacieux.
A cette politique sécuritaire, s’ajoute une intensification de la lutte contre l’immigration illégale, qui est devenue une priorité stratégique. Plus de 30 000 migrants ont été interceptés depuis le début de l’année, et plus de 80 réseaux de passeurs ont été démantelés; ce qui prouve que les autorités ont renforcé leur contrôle dans les zones frontalières. Cette décision, applaudie par certains alliés européens, vise à renforcer la collaboration pour endiguer les flux migratoires vers le continent. Cependant, elle suscite aussi des inquiétudes concernant le respect des droits des immigrés et interroge sur les dynamiques externes qui influencent la politique migratoire mauritanienne.
Finalement, dans une optique plus centrée sur la géopolitique économique, Nouakchott s’efforce également d’exploiter ses ressources naturelles pour accroître son influence sur la scène internationale. Lors d’une conférence à Paris, le ministre mauritanien du Pétrole a mis en avant les « atouts géologiques exceptionnels » du pays. Ce message cadre avec la politique énergétique de négociation qui vise à inciter les investissements étrangers dans le développement des ressources pétrolières en mer profonde ainsi que dans les sources d’énergie verte. La stabilité politique relative du pays constitue un argument clé pour séduire les acteurs du secteur, dans un contexte où la transition énergétique mondiale redéfinit les partenariats stratégiques.