République de Guinée : Une transition démocratique fragile ? Spécial

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Source : Météo Sahel Mai 2025

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Alors que le chemin vers la voie démocratique se précisait pour la République de Guinée, des réticences apparaissent. Le 12 mai dernier, le premier ministre Amadou Oury Bah confirmait la tenue d’un référendum constitutionnel en septembre 2025, ainsi que celle des élections législatives et présidentielles en décembre 2025 ; une bonne nouvelle pour le pays dans le doute quant au maintien du calendrier de transition annoncé par la junte. Cependant, cette méfiance se confirme lors de la conférence de presse du jeudi 22 mai par le porte-parole du gouvernement qui a précisé les propos du premier ministre en expliquant qu’ “il ne faut pas mettre la charrue avant les bœuf”. “En tant que porte-parole de la présidence, je ne suis pas en mesure de vous donner une date des élections, mais nous voulons faire de cette année, conformément à la déclaration du chef de l'État, une année électorale”. 

Le respect du calendrier de transition n’est pas la seule inquiétude portée sur le programme de transition démocratique. La suspension temporaire de 28 partis politiques en mars 2025 a également suscité des controverses auprès de l’opposition et de la société civile. Selon plusieurs observateurs, cette succession de suspensions traduirait une volonté de déséquilibrer le jeu électoral au profit du pouvoir en place, en affaiblissant l’opposition à l’approche des échéances électorales. En effet, malgré l’interdiction aux membres de la junte de se présenter aux élections, le colonel Mamadi Doumbouya rassemble bon nombre de soutiens pour sa candidature aux prochaines élections présidentielles et semble ainsi planer le doute autour de sa candidature. Cependant, une révision de la Charte de transition serait nécessaire pour l’autoriser à se présenter. Une décision qui irait à l’encontre des principes démocratiques défendus et voulus par le régime de transition.

Vaste « opération d’assainissement » des mines : l’État reprend le contrôle 

Pendant ce temps, le pays a ordonné le retrait de “ permis de recherche ” et de “permis d’exploitation” à des dizaines de sociétés minières. La liste de ces sociétés a été rendue publique par le ministre de l’Information, Fana Soumah, à la télévision nationale guinéenne le samedi 17 mai au soir. Cette opération s’insère dans le cadre de “la continuité de l’opération d’assainissement du cadastre” initiée par la junte. L’objectif serait de “faire de la place à de potentiels et sérieux investisseurs” a annoncé le directeur exécutif de l’ONG Action Mines Guinée et membre de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) en Guinée. En réalité, il s’agit d’un enjeu clé pour le pays qui ne parvient pas à faire profiter les populations des revenus rapportés par l’exploitation minière et qui continue sa lutte contre la corruption.

Le Sénégal et la Guinée consolident leur partenariat sécuritaire 

La Commission de coopération bilatérale Guinée–Sénégal, tenue les 22 et 23 mai 2025 à Conakry, s’est conclue par la signature de 15 accords de partenariat couvrant des domaines variés : économie, sécurité, justice, culture, agriculture, enseignement supérieur et cinéma. Cette session visait à réactualiser le cadre juridique de coopération et à renforcer les relations stratégiques entre les deux pays. Parmi les textes phares figurent : un accord sur les services aériens, un traité de délimitation des frontières, des conventions en matière de justice et de sécurité, ainsi que des accords de coopération culturelle et cinématographique. Les deux ministres des Affaires étrangères ont salué l’esprit de collaboration et ont insisté sur l’importance de la mise en œuvre effective des accords, via un mécanisme de suivi-évaluation. La prochaine session est prévue pour 2027, avec pour objectif de faire le bilan des avancées concrètes.