«Daech n’a jamais voulu de Shekau. Abu Musab Al-Barnawi est un nom de guerre », selon Bakary Sambe (Timbuktu Institute)

Pour Bakary Sambe qui avait annoncé dans un numéro de la Lettre de l’Observatoire des radicalismes (Mai 2016), le changement de leadership qui se préparait à la tête de Bonko Haram, « lorsque Abubakar Shekau, en 2014, avait fait allégeance à l’Etat islamique, cette allégeance n’a jamais été officiellement acceptée par la nébuleuse Daech et son khalife Al-Baghdâdî ».

Pour Sambe, « il y avait un problème de casting et d’image qui se posait ; le profil de Shekau n’ayant jamais séduit Daech qui joue sur la modernité du discours et la finesse communicationnelle, ce qui ne collait pas du tout avec Abubakar Shekau ».

D’ailleurs, ajoute Bakary Sambe « Shekau qui n’avait pas donné signe de vie depuis l’été 2015 serait surpris –si la déclaration est authentifiée- par la désignation du nouveau chef, désigné par l’Etat islamique, Al-Barnâwî ».

L’Institut se dit prudent l’identité d’Abu Musab Al-Barnâwî qui est un simple nom de guerre comme cela se fait dans les milieux djihadistes.« On ne sait pas qui il est réellement, ce nom ne dit rien sur sa vraie identité »

Pour l’expert sénégalais « Il y a dans cette annonce la symbolique de la reprise du nom d’Abu Musab Al-Zarqawi, le terroriste jordanien mais aussi la référence à l’origine bornouane de Boko Haram ; al-Barnâwî signifiant tout simplement être du Borno, l’Etat du Nord nigéria qui a vu émerger la secte fondée par Mohammed Yusuf en 2002 ».

Le Directeur de Timbuktu Institute conclut que « l’on va vers une situation qui va entériner l’éclatement du mouvement, entre une cellule originelle de la Yusufiyya nigériane, affaiblie, acculée par l’offensive militaire  et des factions évoluant dans l’économie criminelle ayant comme fief le pourtour et les îles du Lac Tchad »