Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL.
+221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15
contact@timbuktu-institute.org
Les dernières attaques au Niger contre la prison de haute sécurité de Koutoukalé et l’embuscade de Tongo Tongo, dans l’ouest du Niger, seraient le signe d’une « réelle volonté d’implantation à long terme au Sahel de l’État islamique au Grand Sahara ». Telle est l’analyse du Dr. Bakary Sambe qui pense qu’Al-Sahraoui s’y préparait depuis la fin de l’opération Serval bien avant même la défaite de Daech sur les fronts syrien et irakien.
« Les cibles ont une valeur symbolique et le choix de Tongo Tongo n’est pas neutre, qui est comme une piqûre de rappel au même endroit où quatre soldats américains et cinq militaires nigériens étaient déjà tombés dans une embuscade en 2017 », souligne le Dr. Bakary Sambe.
Pour lui, « Abul Walid avait donné le ton depuis la fin de l’opération Serval et semble jouer actuellement sur deux tableaux : créer des zones d’instabilité en attisant les heurts inter communautaires et garder le flambeau du djihadisme qui semblait perdre de sa vigueur face à la mutation des conflits au Sahel suite au transfert de la violence sur les conflits locaux et à dimension communautaire », explique toujours le directeur de Timbuktu Institute.
Malgré les différentes positions des experts sur un « Sud libyen sanctuaire du djihadisme », selon Bakary Sambe, « la défection de Daech en Syrie et en Irak impose incontestablement un redéploiement et de nouvelles zones de convergence des groupes».
Soutenant que « pour l’heure, il est tout à fait exclu toute idée un repli dans le Sud algérien, territoire bien marqué des hommes de Belmokhtar », le spécialiste des réseaux transnationaux dans le Sahel est d’avis que « le Sahel à partir du Kawar nigérien avec ses grandes étendues difficilement maîtrisables, est comme le nouvel espace visé par Abul Walid Al-Sahraoui ».
Solon le directeur de Timbuktu Institute, ces attaques ont lieu à un moment assez « critique » où « les stratégies de la communauté internationale en matière de lutte contre le terrorisme semblent battre de l’aile et installer le doute surtout chez les populations locales des zones frontalières qui subissent les contrecoups des mesures sécuritaires draconiennes tout en vivant dans l’insécurité ».
« Au moment où les attaques au Burkina Faso restent souvent sans revendication, celles de Koutoukalé et de Tongo Tongo au Niger ont été vite brandies comme un signal fort de l’EIGS d’un retour vers les actions de grande envergure », explique Bakary Sambe.