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(Niamey et les 2 jours) - A l'issue d'une manifestation qui a mobilisé une foule immense dans les rues de Bamako et au Palais de la Culture Amadou Hampathé Bah, le samedi 29 février, "l'Imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut-Conseil islamique du Mali a voulu prouver qu'il était incontournable dans le jeu politique malien" souligne Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute. Pour ce dernier, "en mobilisant plus que que tout autre homme politique, cette personnalité parfois controversée, qui avait aussi participé au triomphe d'IBK, veut désormais ajouter à sa légitimité religieuse celle politique, à un moment de discrédit du leadership actuel".
"C'est une opération de récupération des frustrations et des contestations avec un nouveau discours, dépouillé de références religieuses afin de s'inscrire dans une forme de normalité politique loin de l'étiquette islamiste qui pourrait lui desservir".
Au moment où le Mali traverse une crise sécuritaire sur fond de contestations politiques, les autorités ont lancé un processus de dialogue « national inclusif » qui n'exclut même pas les deux principaux groupes terroristes dirigés pas Iyad Ag Aly et Amadoun Khouffa. Mais, cet "appel à l'insurrection" donnant un ultimatum au gouvernement est un nouveau jalon posé par Imam Mahmoud Dicko défiant aussi bien les autorités politiques, mais aussi les partenaires internationaux du Mali.
"Les termes utilisés par Dicko parlent d'eux mêmes. Lorsqu'il dit vouloir mettre fin à la "corruption" et à la "soumission", il adresse un message clair au pouvoir de Bamako et à la communauté internationale sur son intention de devenir le maître du jeu politique", analyse Bakary Sambe, qui rappelle que "toutefois, Dicko n'appelle pas à la cessation des attaques mais à une trêve, ce qui lui permet de maintenir la pression sur Bamako et de s'imposer comme le médiateur par excellence".
Selon le directeur de Timbuktu Institute, "ce discours est le prototype même de celui d'un acteur religieux surfant sur l'échec du politique pour s'imposer en porte-voix de populations en quête de repères, face au désaveu et au discrédit du leadership actuel. Mais le fait d'appeler les chefs terroristes à la trêve, notamment Iyad et Khouffa qu'il qualifie de "frère", illustre bien son poids et son influence dans ces milieux."
En termes de positionnement politique, le timing est bien choisi par cet "imam tribun" qui avait fait reculer ATT pour la promulgation du Code de la famille en 2009 et qui, avec le mouvement Sebati 2012, avait largement contribué à l'arrivée au pouvoir d'IBK. "Reste à savoir, quelle sera, d'ici vendredi, la réponse du palais de Koulouba face à cet imam aux grandes capacités de mobilisation, sachant profiter des moments toujours propices à la contestation du pouvoir », conclut Bakary Sambe.