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Le Niger cherche à consolider ses efforts et mieux « armer » ses forces de défense et de sécurité face à la menace terroriste, notamment dans la zone des trois frontières, entre Burkina Faso, Mali, et le Niger, où les groupes armés, les affrontements communautaires et les violences récurrentes se multiplient. Pour faire face à ces menaces, des opérations militaires sont menées dans la zone frontalière avec le, notamment à l’ouest du pays, proche de la frontière avec le Burkina Faso, où les populations ont dû quitter leurs localités en raison de la menace djihadiste. Dans ce sillage, l'armée a annoncé avoir neutralisé 65 terroristes ainsi que leurs équipements et matériels, et ce dans une perspective de permettre aux nigériens déplacés de pouvoir retrouver leur logement en sécurité. C'est un pays sous pression et sur au moins trois front contre la menace terroriste qui tente, aujourd'hui, sur le plan diplomatique d'occuper la place que lui confère la géographie, l'activité diplomatique d'un président qui veut s'imposer sur l'échiquier régional mais surtout un contexte géopolitique qui l'expose et l'interpelle à la fois.
Dans ce contexte, pour endiguer la menace terroriste, le Niger souhaite mettre en œuvre une coopération internationale, et que les occidentaux cherchent à redéployer.
Le président nigérien, Mohamed Bazoum, semble opter pour une redéfinition plus concertée de la coopération sécuritaire. En effet, le mercredi 18 mai, le Président demande, en plus d’un déploiement de forces européennes plus conséquent, des règles d’engagement différentes et davantage d’équipements militaires. Plus précisément, il affirme ensuite affirmé que les dirigeants européens et français doivent être prêts à prendre plus de risques lors des actions militaires et ne doivent pas être « hantés par les pertes », arguant la nécessité de faire des sacrifices. Cependant, l’opposition nigérienne affirme des positions réfractaires par rapport à cette décision de redéploiement des forces françaises et européennes qui, selon nombre de ses ténors, exposerait davantage le Niger. D’un côté, certains leaders d’opinion y voient un risque d’exacerbation du sentiment anti-français, qui, in fine, aggraverait l’instabilité du pays, à l’instar du Mali. D’autant plus que cette stabilité a pu être remise en question, au vu de la tentative de coup d’Etat au Palais présidentiel, dont trois soldats soupçonnés d’en être à l’origine ont été radiés au mois de mai pour faute grave dans le service et contre la discipline militaire. D’un autre côté, l’opposition pointe du doigt une « inefficacité » et un « opportunisme des forces françaises » au Mali et au Sahel de manière générale.
Dans la même logique d’intensifier la coopération internationale, lors de sa dernière tournée régionale, le nouveau Chancelier Allemand, Olaf Scholz, a rendu visite aux soldats allemands de l’opération Gazelle, mission chargée de former et entraîner les soldats nigériens. Le Niger semble intensifier ses relations avec les pays membres de l’Union européenne et entrer dans les faveurs de la communauté internationale au moment où le chancelier allemand affirme que « la situation ne s’améliorera pas avec la présence de mercenaires russes ». Il confirme ainsi la concurrence diplomatique de plus en plus nette entre la Russie et l’Union européenne sur le sol africain, notamment dans les pays du Sahel.
Ainsi, la question sécuritaire semble inscrite au cœur de l’action du président nigérien qui, dans cette perspective, a reçu le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, lors d’une visite en date du 2 mai. A l’issue de cette rencontre, ce dernier déclare : « la paix, la stabilité et la prospérité du Niger et de l'ensemble du Sahel représentent une priorité absolue pour les Nations Unies » et que l’Organisation des Nations Unis doit aider les populations nigériennes.
A la croisée des chemins et sous les projecteurs internationaux, le Niger s’impose dans le débat régional avec un président dont le style « affirmé » divise au sein même de son pays. Bouclant une année au pouvoir au palais de Niamey, Mohamed Bazoum ne cherche plus ses marques, il semble vouloir les imposer dans le contexte d’un débat tendu sur la sécurité et surtout les rapports avec la France. Un partenaire stratégique historique aujourd'hui bien préoccupé par l'équation d'un difficile redéploiement au Sahel... après Barkhane.
Source : Meteo Sahel -Afrique de l'Ouest
Timbuktu Institute, Juillet 2022