Tchad : Remous internes, déception de Doha et contestation de Paris Spécial

 

Source : Météo Sahel et Afrique de l'Ouest by Timbuktu Institute

Les derniers développements sociopolitiques au Tchad mettent en exergue des défis liés à l’instabilité. En témoigne, à la date du 24 mai, un massacre qui a eu lieu dans un site aurifère à Kouri Bougoudi entre deux communautés tchadiennes. D’après le mouvement rebelle, le Front pour l’alternance et de la concorde du Tchad, le bilan serait de 200 morts et 500 blessés. Ainsi, le gouvernement de transition a envoyé une délégation sur place, afin de mettre en place des moyens de renforcer la sécurité dans cette zone. Ces violences interviennent alors que les acteurs majeurs du pays sont à Doha dans le cadre d’un pré dialogue pour mettre fin au gouvernement de transition et parvenir à la stabilisation du pays. 

L’instabilité dont souffre le Tchad n’est pas un phénomène isolé par rapport à la situation générale au Sahel. La léthargie du G5 Sahel est en partie une conséquence des crises que traversent les pays qui le composent, en plus des défis structurels inhérents à l’organisation. Trois de ces cinq pays sont en transition et les problèmes de politique intérieure semblent prendre le dessus sur la coopération sous régionale. Ainsi, depuis environ un an, à la suite du décès du Président Idriss Déby, son fils, Mahamat Idriss Déby, est au pouvoir au Tchad. Le président de la transition avait alors promis d’établir un dialogue entre la junte, les groupes armées et l’opposition afin d’organiser des élections démocratiques dans un délai de 18 mois. Cependant, cette discussion tarde à se matérialiser. Un tel retard serait la conséquence des prolongations du pré-dialogue organisé à Doha. Le Qatar étant médiateur dans ces négociations, 200 délégués, dont 25 représentants du pouvoir tchadien, et les représentants d’une cinquantaine de groupes politico-militaires, s’y sont rassemblés, depuis désormais deux mois, pour poser les termes d’un dialogue démocratique.

Les différents groupes concernés par les négociations se rejetant réciproquement la responsabilité du retard dans les négociations, les pourparlers semblent être au point mort et la situation de crise s’intensifie en s'inscrivant dans la durée.

En effet, le 14 mai, une manifestation a été organisée à N’Djamena pour exprimer le mécontentement de la population suite au retard pris dans les négociations, accusant la junte de vouloir se maintenir au pouvoir, qui plus est, avec le soutien de la France. D’où la manifestation dénonçant l’influence occidentale et particulièrement la présence de l’armée française dans le cadre de l’opération Barkhane.

Les violences dans les manifestations se multiplient et concernent désormais tous les partis et protagonistes. En effet, pour le Mouvement Patriotique du Salut, elles sont le résultat du mécontentement d’une minorité de la population se sentant exclue des négociations, pendant que d’autres estiment qu’il s’agit uniquement d’un élément révélateur du désarroi de la population face à la politique de la junte qui serait sous forte influence française. 

In fine, une telle situation instable dans le pays constitue un obstacle majeur au déroulement harmonieux des négociations à Doha dont les résultats semblent déjà décevoir.