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La Lettre de l'Observatoire du Timbuktu Institute est une publication régulière s'intéressant aux dynamiques régionales. Dans ce numéro du mois de janvier 2023, elle s'intéresse à la situation au Mali dans un contexte lourd d'incertitudes aussi bien politiques que sécuritaires. L'analyse proposée ici, essaye de prendre en compte le climat politique préoccupant tout en intégrant les interactions et évolutions au sein des groupes signataires de l'Accord d'Alger dans un contexte de recomposition des forces au Nord du pays.
L’année 2022 s’est caractérisée par la dégradation accélérée du contexte sociopolitique et sécuritaire au Mali. En plus des tensions avec la France, la CEDEAO, le G5 Sahel, le Niger et, dernièrement, la Côte d’Ivoire, la transition malienne fait face à beaucoup de turbulences internes ces derniers mois. L’inflation et la hausse des prix des produits de première nécessité, le bras de fer avec les mouvements signataires de l’Accord de paix, les tensions avec la MINUSMA témoignent d’une stratégie qui n’aide pas à une normalisation des relations avec les pays de la sous-région et avec la communauté internationale. La récente interdiction des ONG recevant un financement français, le musèlement des hommes politiques et une certaine instrumentalisation de la justice sont, entre autres, des signaux d’un climat tendu ne jouant pas en faveur d’un apaisement du climat sociopolitique.
Les dernières sorties des mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, de l’Imam Dicko dénonçant certaines dérives, de Cherif Madani Haidara, ou encore de l’activiste « pro-junte » Ben le Cerveau de même que l’artiste Rasbath qui vont de mises en garde classiques à des fortes critiques, voire des menaces sont des signaux évidents d’un climat sociopolitique délétère. De même, le retour mouvementé de l’Imam Dicko d’Arabie Saoudite juste après sa désignation comme membre permanent de la Ligue Islamique mondiale et au Comité des Ouléma n’augure pas de meilleures relations avec les autorités actuelles.
Cette étude vient, d’abord, analyser le contexte sociopolitique assez tendu coïncidant avec de nombreux remous au Nord dans un contexte de mutation des mouvements djihadistes et de recomposition des forces.
Elle s’intéressera, ensuite, à la manière dont les compétitions en cours entre mouvements terroristes attisent de nouvelles luttes d’influence rendant encore plus difficile la sécurisation du territoire et la résolution de l’équation Wagner pour les autorités de la transition.
Enfin, il sera question de la complexe recomposition des forces au Nord du Mali et de l’avenir d’un Accord d’Alger dont l’application effective ne semble, paradoxalement, pour l’heure, faire l’affaire d’aucune des parties prenantes.