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Dans cette interview exclusive, Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute African Center for Peace Studies (Bamako, Dakar, Niamey) met en exergue la nécessité de dialoguer avec tous les Maliens dans le cadre du dialogue inter-malien initié par le président de la Transition pour une réconciliation nationale entre tous les Maliens. Depuis Dakar, Dr. Bakary Sambe répond à nos questions
Entretien.
Mali Tribune : Que pensez-vous du dialogue inter-malien lancé par le président de la Transition lors de sa présentation des vœux aux Maliens ?
Dr. Bakary Sambe : Il faut d’abord saluer l’appel au dialogue lancé par le président de la Transition. C’est une opportunité pour la sortie de crise au Mali que toutes les parties prenantes doivent saisir. Le Mali a besoin d’une réconciliation sincère et inclusive pour faire face aux innombrables défis dans la concorde et l’unité nationales.
Cet appel relève d’une bonne volonté des autorités de la Transition à aller de l’avant dans le processus de la réconciliation nationale. Mais il faudra absolument veiller à ce que ce dialogue puisse inclure toutes les parties prenantes, y compris les différentes composantes des groupes armés dans leur diversité.
Mali Tribune : Justement les groupes armés de la CMA ont catégoriquement rejeté l’idée de dialoguer avec les autorités de Bamako dans le cadre du processus de paix. Comment rétablir la CMA dans le cadre de ce dialogue ?
Dr. B. S. : Tout est encore possible pour sauver la situation. Lors d’une étude menée par la Timbuktu Institute intitulée “La parole aux Maliens, pour la réconciliation”, la conclusion la plus marquante était la prédisposition quasi-naturelle des Maliens de toutes les couches à savoir dépasser les situations les plus complexes lorsque l’intérêt national était en jeu. Vous savez, déjà pour en arriver aux Accords d’Alger, il a fallu de nombreuses concessions de toutes les parties. C’était inespéré à l’époque.
Qui peut le plus peut bien le moins d’autant plus que le retour de Kidal dans le giron national est une nouvelle phase historique qui s’ouvre vers l’unité des Maliens. Il faut savoir lire les signaux et décrypter les symboles. L’intérêt supérieur du Mali, c’est l’unité nationale et chacun doit y travailler. Je suis persuadé que les autorités, dans leur quête d’une paix durable, sauront apprécier tout effort dans ce sens et pourront privilégier l’esprit du dialogue lorsqu’il s’agit de la concorde nationale.
Mali Tribune : En qualité de directeur régional du Timbuktu Institute, croyez-vous que ce dialogue inter-malien peut favoriser la paix entre les Maliens ?
Dr. B. S. : J’ai foi en la capacité des Maliens à se surpasser pour aller de l’avant ensemble. La grandeur historique d’un pays et d’un peuple reste toujours un crédit pour relever tous les défis. Elle est une force motrice pour les grands sursauts. Il en faut aujourd’hui. Le dialogue est une nécessité mais elle est aussi inscrite dans les pratiques culturelles des Maliens. Nous, au Timbuktu Institute, croyons qu’il faut soutenir ce dialogue et l’encourager car, par-dessus tout et au-delà même de l’impérieuse nécessité de relever les défis pressants dans ce pays, la survie du Mali est celle de notre région. La paix dans ce pays pivot est celle de tout le monde.
Mali Tribune : Ce dialogue inter-malien est-il une stratégie pour désengager la médiation algérienne comme le prétend la CMA ?
Dr. B. S. : Le Mali a besoin de tous ses partenaires. Mais personne ne peut imposer des solutions ou savoir plus que les Maliens ce qui est mieux pour leur avenir ensemble. Dans notre étude, “la parole aux Maliens”, il était ressorti que les Maliens veulent d’abord toujours dialoguer entre eux car, ils ont de par l’histoire et la culture communes des ressorts endogènes pour décrypter ce qui relevait de l’intérêt national et de s’y accorder. Aider le Mali vers la réconciliation, c’est d’abord appuyer le dialogue inter-malien. Il faut soutenir ce dialogue et l’appuyer dans le sens de l’inclusivité, condition sine qua non de sa réussite.
Mali Tribune : D’après des sources diplomatiques, le président de la Transition est attendu à Alger pour une visite. Selon vous, cette visite serait-elle cruciale pour ce dialogue inter-malien vu que la CMA a trouvé refuge à Alger après la reprise de Kidal ?
Dr. B. S. : Je ne suis pas dans le secret, mais cette visite poserait quand même un acte fort d’autant plus que le président de la Transition s’est très rarement déplacé dans la région. De la même manière qu’il a donné un signal fort dans son discours du nouvel an en appelant au dialogue, il est aussi nécessaire de sauvegarder les liens avec tous les voisins du Mali. C’est un enjeu crucial de stabilité pour le Mali mais aussi pour la région. Nous avons vu que même le Maroc et d’autres pays comme le Sénégal tiennent à garder ces bons rapports-là, avec notamment la visite du président Macky Sall très appréciée à l’époque.