TOGO : controverses autour de la réforme constitutionnelle et craintes d'un pouvoir concentré Spécial

Au Togo, c’est dans un climat de forte tension que les citoyens sont appelés à voter pour élire leurs députés lors d’une élection législative très attendue et maintes fois reportée pour finalement être reprogrammée le lundi 29 avril. Ce nouveau report fait suite à la demande du président Faure Gnassingbé de réexaminer le texte visant à modifier la Constitution pour faire passer le pays d’un régime présidentiel à un régime dit parlementaire initialement adopté par l’assemblée le 25 mars dernier. Avec une majorité écrasante au parlement c’est sans surprise que les députés ont confirmé l’adoption du texte.

Dorénavant, au Togo, le pouvoir réside entre les mains d’un président du Conseil des ministres, désigné par les députés, chargé des fonctions régaliennes. Son mandat est de six ans, sans qu’il soit précisé s’il sera renouvelable ou non. C’est ce point qui inquiète l’opposition qui craint que l’actuel président, Faure Gnassingbé, ne soit désigné à cette fonction, assurant son maintien au pouvoir pour une durée indéfinie. 

Au lendemain de l’adoption définitive de la nouvelle constitution, l’opposition a déposé un recours devant la Cours de justice de la CEDEAO pour réclamer le retrait de la nouvelle constitution du pays, estiment que la réforme constitutionnelle "a été faite en l'absence d'un débat public préalable et d'un consensus politique", ce qui, d’après les opposants et la société civile, porterait atteinte à "la démocratie et la bonne gouvernance".

Pour certains analystes, muselée par des interdictions de manifester l’opposition s’est concentrée sur les efforts en vue du scrutin fixé au lundi 29, pour sensibiliser sur la manière de voter, afin d’éviter les bulletins nuls. Selon cette même opposition ces législatives sont l’occasion de « rompre les chaînes de l’esclavage » qui entravent le peuple togolais et d’en finir avec la « dynastie » Gnassingbé.

Toujours, selon l’opposition, un manque flagrant de transparence plane sur cette élection avec le refus des autorités d’accréditer une mission d’observateur proposée par la commission justice et paix. Même la CEDEAO qui avait annoncé une mission exploratoirevisant à interagir avec les principales parties prenantes sur les derniers développements dans le pays dans un tweet finira par le modifier dès le lendemain requalifiant simplement la mission « d’informationnel ». C’est, ainsi, dans un climat assez confus que les togolais ont été appelés à voter le lundi 29 avril 2024 avec le résultat qui ouvre une nouvelle ère politique dans ce pays où la scène politique n’a jamais été aussi mouvementée ces dernières années.