Niger : Conflits émergents, manœuvres politiques et convoitises minières Spécial

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Source : Météo Sahel juin 2024

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En juin 2024, le Niger a fait face à plusieurs attaques. Le 16 Juin un mouvement rebelle nommé Front Patriotique de Libération (FLP) motivé par la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum, attaque l’oléoduc d’Agadem causant ainsi la mort de six soldats nigériens. Cette attaque est à l’origine de lourdes conséquences économiques, compte tenu de la capacité dudit oléoduc d’acheminement du pétrole d'Agadem (nord-est nigérien) vers le port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Un autre groupe politico militaire le Front Populaire pour la Justice (FPJ)  motivée par les mêmes raisons, a marqué son empreinte en enlevant le préfet Bilma situé dans le Nord-est d’Agadez).

Dans la même lancée, la région de Tillabéri située dans la zone “des trois frontières” n’a pas été épargnée. En effet, vingt soldats sont tombés suite à une attaque terroriste perpétrée dans la nuit du 21 au 22 Juin. Grâce à un raid militaire un membre influant de l’État Islamique dénommé Mohamed Souleymane “Idouwal” et neuf terroristes ont été neutralisés, sans compter l’interpellation d’une trentaine d’individus en date du 20 Juin dans la même zone.

Enfin, l’attaque la  moins meurtrière reste celle de Diffa où quatre morts ont été dénombrés dont trois fonctionnaires et un militaire. Ladite attaque a été menée par des terroristes venus du Nigéria. La région de Diffa fait souvent face aux attaques de Boko Haram. En réaction, les autorités ont interdit la circulation des véhicules 4x4 entre les villes de Maïné Sorao et Diffa afin de prévenir ces attaques.

En parallèle, l’ancien président Mohamed Bazoum est encore à l'actualité puisque la justice a ordonné la levée de son immunité. L’ancien chef de l’Etat nigérien est accusé de « crime de trahison », « faits présumés d’apologie du terrorisme » et de « financement du terrorisme ». Depuis le dernier coup d’Etat en date, le Président déchu est retenu dans la résidence présidentielle et craint la levée de son immunité ouvrant ainsi la voie à un possible procès.

Outre les tractations politiques, on relève la colère du RJDH, le Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme, au sujet du  durcissement de la loi par le Général Tiani, chef du régime militaire. Cette loi réprime la diffusion de données numériques au Niger tout en exposant désormais les journalistes à des peines de prison ainsi que des amendes plus élevées. Se pose ainsi la question de savoir si la nouvelle mouture de cette loi ne mettrait pas en péril la liberté de la presse et l’augmentation de l’autocensure chez les journalistes. L’ONG Reporters sans frontières partage cette peur de voir un recul de la liberté de la presse nigérienne.

Toujours soucieux d’affirmer sa souveraineté sur ses ressources minières , le gouvernement nigérien retire le permis d’exploitation de la mine d’Imouraren à la multinationale française ORANO. Cette décision vient s’ajouter à celles prises antérieurement et confirme la volonté du Niger de séparer progressivement de con partenaire traditionnel qu’est la France.

Les questions à fortes retombées économiques ne finissent pas de faire l’actualité, comme on peut le voir avec le blocage du transport de pétrole nigérien vers le port de Sémé ainsi que l'interpellation de cinq agents nigériens de l’entreprise chinoise WAPCO, enlisant de fait les relations déjà difficile entre le Niger et le Bénin. Les autorités nigériennes prennent le Président Talon comme seul responsable et rappellent les trois Accords sur lesquels reposent le transport du pétrole.