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Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024
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A l’issue du conseil des ministres du 21 août 2024, le gouvernement de transition a décidé de retourner à la devise du pays du temps de Thomas Sankara : “La patrie ou la mort, nous vaincrons”. Cela témoigne de la vision souverainiste du capitaine Traoré et ses souteneurs qui manifestent le besoin de “renforcer le sentiment patriotique” mais également de “faire revivre la flamme de l’engagement citoyen”.
Pendant ce temps, les groupes extrémistes continuent de semer la terreur. Le 24 août dernier, environ 300 personnes sont mortes dans la province de Sanmatenga, perçu comme la “plus cinglante attaque terroriste, jamais perpétrée au Burkina Faso. En effet, cette attaque ô combien meurtrière a plongé la zone dans un désarroi profond, aggravant ainsi les inquiétudes des populations quant à la menace djihadiste. Le Conseil de sécurité de l’ONU a, pour sa part, tenu à condamner cette attaque revendiquée par le JNIM, une aile de Al-Qaïda présente dans la zone du Liptako-Gourma et qui tente de conquérir de plus en plus de territoires.
Avant cet événement, un autre attentat terroriste a été enregistré à l’est du pays le 8 août dernier vers Diapaga. Il s’agit d’une embuscade qui a fait au moins 100 morts du côté des soldats. Ces attaques répétitives appellent à un sursaut, aussi bien au niveau de l’État qu’au niveau des populations locales. Le gouvernement, quant à lui, semble être depuis quelque temps dans une posture de crever l’abcès. Le ministre de la défense a affirmé que l’État est désormais au contrôle de 69% du territoire burkinabè, ce qui constitue un grand bond en avant par rapport à 2022 ou 60% du territoire était sous contrôle des groupes djihadistes.
En même temps, le régime prend une tournure autoritaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, d’autant plus qu’un fait inédit a eu lieu au pays des hommes intègres. Il a été rapporté que des magistrats ont été réquisitionnés par l’armée afin de combattre le terrorisme qui est en train de déstabiliser le Burkina Faso. Cependant, cette décision n’est pas bien accueillie par bon nombre d’observateurs et d’acteurs de la société civile, qui y voient une atteinte grave à l’indépendance de dame justice. A titre illustratif, le mouvement « Servir et Non se Servir » a tenu à dénoncer ce qu’il qualifie d’enrôlement forcé de nature arbitraire et punitive qui constitue un précédent dangereux pour le pays. Dans la même veine, les membres du syndicat des magistrats du pays dénoncent cet acte qui constitue à la fois une humiliation et une intimidation et s’inquiètent par la même occasion de l’avenir de la justice avec le régime actuel.
De l’autre côté, les supputations vont de plus belle sur la durée de la transition. Pour beaucoup d’observateurs, l’heure n’est pas encore à l’organisation d’élections pour remettre le pouvoir aux civils. A l’issue des conclusions des Assises nationales de Ouagadougou boycottées par la plupart des partis de l’opposition, le chef de la transition dirigera encore le pays pour 5 années supplémentaires à compter du 2 juillet 2024. Cette prolongation a créé une polémique au sein de la classe politique et de l’opinion qui continuent de croire que le capitaine Traoré est dans une posture de vouloir rester au pouvoir malgré les directives de la Charte de la transition. Les autorités de la junte sont accusées par une certaine société civile d’avoir prorogé la transition sans, au préalable, l’avoir évaluée.