Mauritanie : Élections et tensions politiques passent et les problèmes demeurent entiers Spécial

Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel

 

La réélection du Président Ghazouani est passée sans surprise devant une opposition dispersée. Alors que les manifestations populaires de rejet des résultats des élections se poursuivaient, le communiqué de la Commission de l’Union africaine du 02 juillet, félicitant le président sortant Mohamed Cheikh El Ghazouani pour sa réélection, témoigne de la validation « internationale » des résultats de cette présidentielle par l’Union Africaine. Parmi les enjeux de cette élection, la présidence de l’Union Africaine était de taille. Le président mauritanien, candidat pour sa réélection dans son pays, qui occupe le poste de président de l’Union africaine aurait entraîné dans sa défaite, un chamboulement certain à la tête de cette organisation africaine.

Comme le redoutaient les observateurs, des violences politiques ont éclaté dans plusieurs villes dont Kaédi, Rosso Zoueirat et Boghé, des bastions de l’opposition.  C’est à la suite de l’appel à manifestations et rassemblements pacifiques du principal opposant, Biram Dah Abeid qui a rejeté les résultats de l’élection présidentielle en accusant de corruption les autorités et la Commission électorale, lors d’un  point de presse le 02 juillet. Ces violences post électorales ont causé la mort de trois individus, plusieurs blessés et de nombreuses arrestations. Néanmoins, dans son communiqué du 09 juillet, le ministère mauritanien de l’intérieur avait assuré que tous les manifestants nationaux ayant participé aux violences post électorales étaient libérés et que ceux étrangers ont été placés en détention « en attendant l’achèvement des procédures légales applicables ».

Après la ré-investiture du Président Ghazouani, la nomination de Mokhtar Ould Diay au poste de Premier Ministredu nouveau Gouvernement est acté le 2 août pour ce désormais ancien ministre chargé du Cabinet présidentiel et Coordinateur de campagne lors des élections législatives 2023. Cette nomination est également lue comme une « rupture avec l’administration précédente ». Expert en finances publiques, le nouveau premier ministre est surtout attendu sur les réformes économiques profondes à entreprendre. Pour y arriver et relever les nombreux défis, la formation du Gouvernement, le 06 août, serait fondée sur les compétences, l’expertise et l’expérience des vingt-neuf ministres nommés, non sans la promotion de jeunes.

Par ailleurs, l’état de santé de l’ancien Président, Mouhamed Ould Abdel Aziz, est jugé critique par ses avocats. Ces derniers dénoncent la situation « d’isolement complet » dont est victime leur client qui est détenu dans des conditions indignes. En outre, la demande de mise en liberté introduite par les avocats de l’ancien Président pour raisons sanitaires est rejetée. Lors de la conférence de presse qu’ils ont tenue le 17 août, Me Clédor Sène et ses collègues ont déploré le silence de la communauté internationale et des ONG de défense des droits de l’homme.

Le 16 août, Réuni lors d’une session extraordinaire, le parti au pouvoir, INSAF, a élu son nouveau Président. Ainsi, Sid Ahmed Ould Mohamed succède à Melaïnine Ould Eyih. Cet ancien ministre du logement estime que l’une des urgences est « la construction d’un Etat de droit et d’institutions efficaces ».

Par ailleurs, la migration continue de poser de véritables problèmes à la République Islamique. En effet, en mer, la lutte contre le phénomène migratoire clandestin demeure une préoccupation majeure pour les pays européens et une question centrale dans les relations internationales. C’est dans cette logique que s’inscrit la tournée africaine du Premier ministre espagnol dont les étapes furent la Mauritanie, la Gambie et le Sénégal. Pédro Sànchez et son Gouvernement invitent leurs partenaires à davantage s’investir pour limiter les départs. En effet,  La Mauritanie est devenue le principal point de transit des candidats à l’immigration vers l’Europe. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, le nombre des arrivants en Espagne, par les voies maritime et aérienne, est de 31155 migrants jusqu’à la mi-août 2024, soit une hausse de 66% par rapport à l’année dernière, à la même période. L’article de CRIDEM du 06 août nous apprend également que « cette année, 13000 migrants ont embarqué depuis les côtes mauritaniennes en direction des îles Canaries ». Dès lors, le mémorandum signé par les deux pays le 28 août dans le cadre de la visite du Premier ministre espagnol, vise à réguler le phénomène migratoire en offrant un cadre de coopération pour traiter les questions d’intérêt commun concernant la migration.