Sénégal : Entre urgences socioéconomiques et procès continu de l’ancien régime Spécial

Source : Météo Sahel Septembre 2024

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L’Agenda 2050 vient d’être présenté en grandes pompes par le Premier Ministre Ousmane Sonko en présence du Président Bassirou Diomaye Faye ce 14 octobre 2024 après un mois de septembre fortement marqué par une forte actualité politique et socioéconomique. En effet, le Sénégal fait toujours face à une exacerbation du phénomène de l’immigration irrégulière. Ces dernières semaines, l’actualité est fortement marquée par le naufrage de pirogues transportant des centaines de sénégalais en partance pour l’Europe. En effet, après avoir été informée du chavirement d’une pirogue impliquée dans l’immigration clandestine à Mbour, l’Offshore Patrol Vessel (OPV) Niani de la marine nationale du Sénégal a lancé une recherche, une opération conjointement menée aux larges de Mbour par trois unités navales et un avion de patrouille maritime espagnol. Ces événements se sont déroulés le dimanche 8 septembre. Au total, 26 corps ont été retrouvés dont celui d’une lycéenne de 18 ans. Malgré la vingtaine de survivants secourue, le nombre exact de migrants à bord demeure jusqu’ici inconnu.

L’émigration clandestine mitige les efforts de communication gouvernemlentale

Après les corps repêchés sur la petite côte, une trentaine dans un état de dépravation très avancée a été retrouvée dans une pirogue à 70 km aux larges de Dakar. Le Sénégal fait également face aux inondations en cette période d’hivernage avec d’importants dégâts comme constaté à Touba où les pluies torrentielles du mois de septembre ont créé des dommages matériels incommensurables et la mort de deux personnes. Les fortes pluies ont atteint les 140 mm ; ce qui a entraîné l’évacuation d’une centaine d’habitations inondées, en l’espace de quelques heures, aux alentours de la grande mosquée. Pour venir en aide aux populations de Touba, les dahiras mourides de Dakar ont lancé un appel à l’aide; appel auquel le maire de Dakar Barthélémy Dias a répondu en mobilisant des motos-pompes de grande puissance ainsi qu’une équipe technique qualifiée afin de libérer les populations des eaux stagnantes qui réduisent leurs déplacements.

Dans un autre registre, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé, lors de son discours à la nation du 12 septembre 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est une prérogative que lui confère l’article 87 de la Constitution de pouvoir dissoudre l’Assemblée nationale. Ledit article dispose : “Le Président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du Premier Ministre et celui du Président de l’Assemblée nationale, prononcer, par décret, la dissolution de l’Assemblée nationale. Toutefois, la dissolution ne peut intervenir durant les deux premières années de législature. Le décret de dissolution fixe la date du scrutin pour l’élection des députés. Le scrutin a lieu soixante (60) jours au moins et quatre-vingt dix (90) jours au plus après la date de publication dudit décret… “. Conformément auxdites dispositions, le Président sénégalais a fixé la date des élections législatives prévues le dimanche 17 novembre 2024. Sans surprise, l'opposition qui selon Jean-Baptiste Tine, « n’est pas prête pour affronter les urnes », a très vite réagi d’abord en rechignant la réunion organisée entre le Ministre de l’intérieur et de la sécurité publique et les acteurs politiques dont l’Alliance pour la transparence des Élections Législatives (ATEL), puis en s’organisant en coalition.  

En directions d’élections législatives décisives…. Les déballages de pré-campagne

Ce faisant, l’opposition a annoncé la création de la coalition politique “Samm Sa Kaddu Sauver le Sénégal” avec comme membres des mouvements et des partis comme le Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR), Alliance Républicaine pour la Citoyenneté (l’ARC, Taxawu Sénégal, les Serviteurs, le Parti Républicain pour le Progrès (PRP), Agir et Gueum sa Bopp. Le but de cette coalition serait de porter au niveau de la prochaine législature, les principales préoccupations des Sénégalais face aux nombreuses promesses non tenues par le régime de Bassirou Diomaye Faye qui rend de plus en plus difficile le quotidien face à la hausse des prix des denrées de première nécessité et la hausse du chômage. De plus, Idrissa Seck serait en train de négocier une future coalition avec le PDS et l’APR malgré le départ de plusieurs cadres de son parti. 

Parallèlement, le nouveau régime poursuit ses critiques de la gouvernance de Macky Sall surtout concernant l’instrumentalisation de la justice. Déjà, le 04 septembre, le Premier ministre Ousmane Sonko, dans le cadre de « la reddition des comptes » disait : « S’il faut les tirer par les orteils, nous le ferons pour qu’ils reviennent. Dans les jours à venir, c’est par dizaines qu’ils vont rendre compte. » C’est d’ailleurs dans ce sillage que plusieurs ministres de l’ancien régime comme par exemple l’ancien ministre de l’urbanisme M. Abdoulaye Saydou Sow, ont été interdits de sortie du territoire national. De la même manière, Cheikhouna Keïta, l’ancien patron de la Direction de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants a été arrêté à la demande du parquet pour diffusion de fausses nouvelles. 

« Le régime du Président Macky Sall a menti au peuple et aux partenaires en falsifiant les chiffres pour donner une image économique qui n’a rien à voir avec la réalité », a révélé Ousmane Sonko lors de son face à face avec la presse sénégalaise organisé le 26 septembre. L’occasion pour le Premier ministre de faire le bilan de la gestion du pays par Macky Sall et son ancien gouvernement ainsi que ce qu’il appelle le « carnage financier » qu’ils ont laissé au régime de Bassirou Diomaye Faye qui a du fil à retordre. Plus précisément l’objet de la rencontre était de dresser un bilan de la situation actuelle des finances publiques mais aussi de procéder à la reddition des comptes par rapport à la gestion du pays avant l’élection du Président Diomaye Faye. D’où l’urgence de revoir les contrats qui avaient été signés avec les partenaires du Sénégal pour une renégociation au besoin. C’est en tous cas ce que suggère le Président de la République pour être en cohérence avec la promesse de campagne électorale.