L’après-élection en Guinée-Bissau : Défis de l’Alliance PAI - Terra Ranka

Dans la chronique hebdomadaire du Timbuktu Institute en partenariat avec Medi1Tv consacrée à la situation sociopolitique en Guinée-Bissau, Dr. Bakary Sambe répond aux questions de Sana Yassari

Dr. Bakary Sambe, la Guinée Bissau vient d’organiser des élections législatives qui avaient placé tous les observateurs mais aussi les voisins immédiats de ce pays dans l’expectative. Mais, finalement les élections se sont bien déroulées. Est-ce une surprise pour ce pays qui a connu des instabilités de par le passé ?

Les élections sont généralement justes, libres et transparentes en Guinée-Bissau, et ce depuis l’ouverture démocratique en 1994. Il est vrai que les périodes post-électorales ont toujours été émaillées de soubresauts et de quelques incidents. L’Alliance PAI Terra Ranka constituée par le PAIGC et 18 autres partis politiques de l’opposition a eu la majorité absolue lors des élections législatives du 4 Juin, avec 54 sièges dans un parlement qui dispose de 102 sièges. En vertu de la constitution  bissau-guinéenne, l’Alliance PAI Terra Ranka doit, donc, en principe désigner un Premier Ministre qui va former un nouveau gouvernement. Quant au président Cissoko Embalo, il a, d’ores et déjà,  reconnu sa défaite et promis de cohabiter avec n’importe quel Premier ministre issu de l’opposition parlementaire, désormais majoritaire.  Maintenant, les mois à venir vont nous édifier sur la suite à donner à ces bonnes intentions politiques de la part de l’exécutif.

Mais, Dr. Sambe, après l’épisode des élections, reste la durabilité de l’Alliance PAI Terra Ranka et surtout sa capacité de surmonter les nombreux obstacles devant elle si l’on sait les velléités politiques dans ce pays. De par votre connaissance du contexte de la Guinée Bissau où le Timbuktu Institute mène des activités de consolidation de la paix, pensez-vous que cela va être plus facile cette fois-ci ?

Il est vrai que les bissau-guinéens se posent la question de savoir comment cette alliance va gouverner malgré les multiples défis politiques et sécuritaires que l’on sait. Les partis politiques, la société civile, tous ont déjà été avertis que nul ne saurait diriger la Guinée-Bissau, sans pour autant inclure le PRS (Parti du renouveau social) et peut-être, qui sait ? les militaires. Alors, reste à savoir si Domingos Simoes Pereira du PAIGC va réussir à surmonter la crise politico-institutionnelle à laquelle la Guinée-Bissau est confrontée depuis longtemps. Ce pari, à bien des égards, me semble-t-il, est très difficile à gagner. Et l’un des exemples les plus patents concernant ce que certains observateurs considèrent comme une crise de leadership dans laquelle le pays d’Amilcar Cabral est englué, c’était, récemment, en 2020 lors du second tour des élections présidentielles avec toutes les péripéties notées pendant cette étape difficile de la vie politique bissau-guinéenne.

Alors Bakary Sambe, vous disiez dans un des médias locaux que tout est urgence dans ce pays. Mais quels sont, à votre avis, les défis les plus importants à relever par cette nouvelle alliance qui va désormais gouverner aux côtés du Président Embalo ?

Parmi les lourdes tâches qui attendent le nouveau gouvernement, il ne faut guère perdre de vue les relations de bon voisinage avec les pays de la sous-région, notamment, le Sénégal et la Guinée-Conakry. L’autre problématique non moins importante c’est l’intégration sous-régionale avec la CEDEAO. On sait que le leader du PAIGC, Simoes Pereira, et leader de l’Alliance Terra Ranka devront faire des efforts de rapprochement avec la Commission de la CEDEAO. Il y aura aussi, pour le PAIGC, le défi de la réconciliation avec les voisins immédiats de la Guinée Bissau mais aussi avec la CEDEAO qui sera un allié déterminant dans la recherche de financement pour la mise en œuvre des projets de restructuration et de démobilisation de l’armée, par exemple, de modernisation de l’administration, mais aussi de réhabilitation des secteurs éducatif et sanitaire.  Pour dire que les urgences ne manquent pas et de nombreux défis seront à relever à moyen et long termes.

 Source : Timbuktu institute

Évaluer cet élément
(0 Votes)
Dernière modification le jeudi, 15 juin 2023 11:27
Timbuktu Institute

Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL. +221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15

timbuktu-institute.org

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'entrer toutes les informations requises, indiquées par un astérisque (*). Le code HTML n'est pas autorisé.