Niger : Entre élans souverainistes et défis sécuritaires Spécial

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Source : Météo Sahel Octobre 2024

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Les relations bilatérales entre le Niger et la France sont entrées dans un cycle de détérioration progressive depuis le coup d’État militaire du 26 juillet. Après le départ des forces françaises et l’expulsion de l’ambassadeur français du territoire nigérien, le Gouvernement de transition est passé à la débaptisation de lieux emblématiques de Niamey qui portaient des noms français. Pour le Colonel-major Abdourahmane Amadou, Ministre de la Jeunesse et porte-parole du régime en place, ces noms liés à la France replongent le peuple dans le souvenir douloureux des souffrances et des brimades de la colonisation. De ce fait, désormais, l’avenue Charles de Gaulle porte le nom de Djibo Bakary, une figure politique qui a grandement contribué à l’indépendance du Niger, et une plaque à l’effigie de Thomas Sankara remplace le portrait de Parfait-Louis Monteil qui était un explorateur et commandant français. La démarcation avec l’héritage français est perceptible aussi dans le changement de l’hymne national, le chant « Lan Nigérienne » composé par le français Maurice Albert Thiriet cède la place à « Pour l’honneur de la patrie ».

Cependant, sur le plan sécuritaire, le Gouvernement de transition rencontre encore des difficultés sur le terrain où les attaques contre les populations et les forces de défense et de sécurité ne cessent de faire l’actualité.. En effet, situé à 245 Km d’Arlit, la localité frontalière d’Assamaka et des endroits environnants ont été pris pour cible par les groupes terroristes JNIM et FAL (Forces Armées Libres) le 19 octobre. Le bilan faisait état de six militaires et un civil tués. Par ailleurs, les FAL seraient dirigées par l’ancien ministre d’État, Risa Ag Bola, qui est en asile en France. Ce qui, pour certains, corrobore les suspicions de soutien de la France aux groupes armés avec l’objectif d’arrêter la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel, de quoi détériorer davantage les relations entre le Niger et la France.

Par ailleurs, sous le motif d’accusations de complot contre l’État et la transition, ce 10 octobre, le Général Tiani a signé un décret controversé pour déchoir temporairement neuf personnalités. En effet, ces derniers, non moins proches de l’ancien Président de la république, privés de leur nationalité et en exil depuis le coup d’État, sont connus pour avoir remis en cause la légitimité du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Cette décision se base sur le fichier national adopté au mois de septembre en vue de lister d’éventuelles personnes en lien avec des actes de terrorisme et d’atteinte aux intérêts de l’Etat. Ces neufs déchus « considérés comme en fuite » par les autorités nigériennes, seraient victimes d’ « une procédure irrégulière » selon l’ONG Human Rights qui voit dans ce décret, une entrave aux droits fondamentaux.