Timbuktu Institute

Timbuktu Institute

Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL. +221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15

Source : Météo Sahel Juin 2025

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel

 

Avec la multiplication des attaques terroristes aussi bien au Nord qu’au Sud du Mali sans oublier le centre-Mali, les pays frontaliers notamment le Sénégal ne sont finalement pas à l’abri. C’est ce que le Général Meïssa Sellé Ndiaye a annoncé.  « Nous avons tous constaté que notre pays est entouré par un cercle de feu. Une bonne partie des pays frontaliers vivent une grande insécurité. D’ailleurs, certains d’entre eux sont presque détruits. », annonce l’ancien aide de camp du président Macky Sall.  

À cet effet, le Sénégal a mené des opérations de patrouilles avec la Mauritanie et le Mali selon le manuel des armées publié par la DIRPA. Avec les récentes agressions intensifiées notamment du côté de Kayes, très proche du Sénégal, et les attaques dans le reste du Mali, les pays voisins comme le Sénégal prend les devants pour assurer la sécurité de sa population. 

Pourtant, Dr Bakary SAMBE, Directeur régional du Timbuktu Institute avait déjà alerté sur la multiplication des attaques du JNIM et des risques sur le Sénégal voisin du Mali. En effet, il estime que le caractère sophistiqué de la tactique, la robustesse logistique ainsi que la capacité du JNIM à exploiter les dynamiques socio-économiques, témoignent de l’urgence pour le Sénégal par le biais d’une réponse régionale intégrant une coopération transfrontalière, des échanges d’informations ainsi qu’une multiplication des investissements allant dans le sens du renforcement de la résilience socio-économique pour contrer cette menace au caractère multidimensionnel. 

Le Sénégal, dans une logique de renforcement de sa coopération internationale

Dans un autre régistre le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko s’est rendu en Chine dans le cadre du renforcement de la coopération économique entre la Chine et le Sénégal. “La Chine est devenue, en 2024, le premier partenaire économique du Sénégal dont les importations en provenance de l’Empire du milieu ont atteint 842,2 milliards de francs CFA, en hausse de 8,3% par rapport à la même période de l’année précédente”, d’après l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Mamadou Diop Decroix, trouve intéressantes ces visites du Président de la République et du Premier ministre car le Sénégal est à une époque où il doit “repenser sa coopération internationale.”  Cette visite d’Ousmane Sonko en Chine arrive à un moment où on parle d’un surendettement du Sénégal, surendettement que l’économiste Amath Ndiaye, enseignant à la faculté des sciences économiques et de Gestion de l’UCAD réfute. 

Pendant ce temps, la presse sénégalaise souhaite l’ouverture d’un dialogue avec le gouvernement car selon le coordonnateur des associations de Presse du Sénégal Ibrahima Lissa Faye, les réformes entreprises par l’État ne font que fragiliser les groupes de médias. 

 



Source : Météo Sahel Juin 2025

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel

 

Face à la multiplication des offensives djihadistes  de plus en plus organisées, tentant de conquérir encore plus de territoires et soutenues potentiellement par des puissances étrangères, les Forces Armées maliennes tentent de les contrer. C’est ainsi que les FAMa, qui subissent des attaques aux quatre coins du pays, ont stoppé une attaque des membres du JNIM. Dans la localité de Boulikessi, dans le centre du Mali, la prise de contrôle d’une caserne aurait été revendiquée par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans lié à Al Qaïda. Des patrouilles aériennes des FAMa auraient permis de « neutraliser des colonnes de véhicules et de motos » alors que du côté du JNIM, les assaillants auraient résisté et seraient repartis avec « de l’armement et au moins deux otages ». Dans le centre-ville de Tombouctou une tentative d’infiltration du camp  revendiqué par le JNIM aurait été déjouée le 02 juin par les forces armées maliennes qui annoncent au moins 13 morts du côté des assaillants dans un communiqué des autorités militaires. « L’état-major général des armées informe l’opinion que ce lundi 2 juin 2025 aux environs de 10 heures, les Fama ont déjoué une tentative d’infiltration des combattants terroristes au camp de Tombouctou », précisent les forces armées maliennes dans le texte.

Dans le Sud du Mali à Mahou situé à Sikasso, 5 militaires auraient trouvé la mort après avoir été attaqués par des dizaines de djihadistes qui auraient également incendié un véhicule militaire. La source militaire annonce une situation sous contrôle dans la mesure où les assaillants ont été repoussés, ont perdu des hommes et auraient laissé leurs armements et munitions. 

Des affrontements se poursuivent entre les forces armées maliennes contre les indépendantistes du FLA au Nord-Mali. Les événements se seraient produits le 13 juin. Alors que l’armée malienne affirme que la situation est sous contrôle, le porte-parole du FLA Mohamed Elmaouloud annonce : « nos troupes ont mené ce vendredi une action ciblée contre une patrouille de Africa Corps. Nous avons infligé d'importants dégâts matériels et des pertes humaines dans les rangs des ennemis ».

De Wagner à Africa Corps, vers une nouvelle forme de collaboration Mali/Russie

L’armée malienne aidée par la force paramilitaire contrôlée par le Kremlin Africa Corps doit donc faire face au JNIM mais également aux attaques du Front de libération de l’Azawad (FLA). Depuis le litige avec Evgueni Prigojine, patron du groupe Wagner, décédé en 2023, la Russie remplace Wagner par Africa Corps dans tous les pays où des forces paramilitaires russes sont présents sur le continent africain. L’annonce a été faite le 6 juin quant au retrait de Wagner du Mali où Africa Corps tente de convaincre les autorités face à la multiplication des attaques du JNIM d’une part et du FLA d’autre part contre les forces armées maliennes. 

Vladimir Poutine a d’ailleurs reçu le Président malien le Général Assimi Goïta le 23 juin, en visite officielle en Russie. Une visite qui s’inscrit « dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre le Mali et la Russie » , informe la page Facebook de la Présidence malienne qui annonce par ailleurs la signature de plusieurs accords d’intérêt commun entre les deux pays. 

Par ailleurs, avec la prolifération des attaques terroristes et des crimes notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger, les ministres de la Justice de l’AES se sont mis d’accord sur la création d’une Cour pénale sahélienne et des droits de l’Homme. Les médias locaux annoncent également une volonté d’harmonisation des législations pénales dans l’espace AES concernant le terrorisme, la cybercriminalité, le blanchiment d’argent,  la traite des êtres humains et les atteintes à la souveraineté de l’État. Les personnes condamnées pour crimes ou fautes graves seront dans un fichier commun pour faciliter la tâche à la future Cour pénale sahélienne. 

Grâce à un projet de loi adopté par le conseil des ministres, le Général Assimi Goïta pourrait être Président de la République sans passer par les urnes. C’est en tout cas ce qui a été annoncé par le conseil des ministres, une loi qui lui conférerait le statut de Président avec un mandat renouvelable de 5 ans. Cette décision survient alors qu’un certain M. Saidou dit Cheikhna Diallo aurait introduit à la Cour Constitutionnelle une demande de destitution du pouvoir exécutif dirigé au Mali par le Général Assimi Goïta, demande déboutée par la haute Cour qui se déclare incompétente. 




Par Abdel Nasser Ould Ethmane Elyessa*

Une série de signes d’évolution, que porte une rumeur persistante à l’été 2025, prêtent, à l’enseigne Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM), l’initiative de se désaffilier de la maison-mère Alqaïda, dont le commandement fonctionne, minima. L’organisation perd de sa centralité organisationnelle, depuis l’élimination de l’Égyptien Ayman Mohammed Rabie al-Zawahiri, le dernier grand collaborateur de Ben Laden. Une frappe de drone américain contre son domicile, le 31 juillet 2022 à Kaboul, aura eu raison de sa singulière longévité si l’on se souvient qu’il participait, en 1979, à l’assassinat du Président Anouar Sadate. À l’inverse, les deux Maliens leaders du Gsim, Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa, disposent, ensemble d’une audience solide auprès des Katibas. Leur prestige se renforce en 2025, marge de manœuvre qui leur confère l’aptitude à changer de cap, nouer des alliances, conclure des accords impliquant des entités impies, égarées voire hostiles à l’évènement d’une cité de Dieu sur terre.

  1. Le désaveu en douceur pourrait reconduire les modalités du cas syrien, cependant à l’avantage du JNIM car les interférences extérieures demeurent de conséquence limitée au Sahel, en comparaison du même processus dans l’Orient arabe. D’expérience, la fission-sécession précitée augure d’une volonté d’exercer le pouvoir en dehors des chemins de l’utopie, donc d’obtenir la légitimité internationale. Les Talibans afghans, partenaires stratégiques d’Alqaïda, tentent d’y parvenir mais le succès de l’essai tarde, notamment à cause de la surenchère avec la coalition rivale, l’Etat islamique. Daesh criminalise la moindre velléité de respecter les droits minimaux de la personne et s’acharne à persécuter les hérétiques, les athées, les polythéistes et surtout les Chiites. Néanmoins, au Sahel, la réalité du rapport de forces éloigne la perspective de tuerie fratricide entre les deux principales obédiences de l’Islam. Les partisans de l’imam Ali, cousin, gendre et 4èmesuccesseur du Prophète, appartiennent à une minorité plutôt en posture défensive, comme le rappellent ses tribulations, quelquefois sanglantes, au Nigeria.
  2. En Syrie, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ex-Front al-Nosra, une branche syrienne d'Al-Qaïda, s'est détachée de sa matrice, à partir de 2016. La dissociation, menée sans polémiques ni affrontements, poursuivait l’objectif de privilégier une insurrection limitée à un pays, d’où la révocation du jihad global, la renonciation aux prises d’otages étrangers et l’abrogation des attentats kamikazes commis par les femmes. Le JNIM engage, désormais, la quête de l’acceptabilité diplomatique. 
  3. Si le JNIM confirme l’acte de séparation, les décideurs politiques, la presse et les chercheurs en sciences sociales se trouveraient dans l’obligation de reconnaître le passage à un niveau significatif de réduction de la violence, indice d’un retour (certes laborieux) à la paix du vainqueur, sous les auspices de la théocratie. Le monde assisterait, alors, à l’éclosion d’une AES de trois projets de Califat, distincts quant à leur mise en œuvre. Par-delà le degré de collusion doctrinale et le potentiel de coopération, la perspective de chacun renvoie à l’exercice national de l’autorité, sur l’espace antérieurement reconnu. Le principe de continuité de l’Etat consolide la contrainte, pour les jihadistes, de devoir gouverner, le Sahel, en vertu de la nécessité, bien à l’abri du pathos et des pièges du lyrisme. Ensuite, ils se confronteront au défi de leurs propres limites en matière de technocratie et de gestion domestique, avant de subir les assauts des franchises atomisées de Daesh. Chez les islamistes, se manifeste toujours plus extrême que soi. Ils s’entretuent au motif de vétilles, de billevesées et d’apories mais jamais ne se lassent. Chaque génération inocule le venin à la suivante. Au bout de leur effort renouvelé, scintille la promesse du Firdaus, le sommet du Paradis. Le JNIM ne sera qu’une séquence brève dans le temps long du fanatisme.

*Abdel Nasser Ould Ethmane Elyessa, universitaire, chercheur en enjeux civils du terrorisme, est associé à Timbuktu Institute. 

 

بقلم الدكتور باكري سامب
مؤسس ومدير معهد تمبكتو - المركز الأفريقي لدراسات السلام

في عالم يشهد تحولات جيوسياسية متنوعة، تبرز السنغال كوجهة استراتيجية للمستثمرين من العالم العربي، وخاصة دول الخليج التي تسعى إلى تنويع استثماراتها بعيدًا عن قطاع النفط. وتمتاز السنغال بكونها دولة صغيرة لكنها تحتل موقعا استراتيجيا بالغ الأهمية، وتتصف بالاستقرار والديناميكية حيث توفر فرصًا اقتصادية وثقافية فريدة، تعكس التوسع الناجح للمغرب في أفريقيا. بفضل ديمقراطيتها الراسخة ورؤية القيادات الثاقبة والتي تتلخص في خطة " السنغال 2050م"، تهدف البلاد إلى أن تصبح مركزًا اقتصاديًا إقليميًا، يجذب المستثمرين العرب بتوفيرهم بيئة أعمال آمنة وناجحة.

يقع ميناء داكار على منعطف الطرق البحرية، ويسهل الوصول إلى المجموعة الاقتصادية لدول غرب أفريقيا (إيكواس) التي هي سوق تضم 424 مليون مستهلك. ويبلغ الناتج المحلي الإجمالي للبلاد 734.8 مليار دولار أمريكي (2023)، مع نمو في التجارة (15% داخل المنطقة في عام 2024، و64 مليار يورو مع الاتحاد الأوروبي). ويبدو أن الإمارات العربية المتحدة تدرك هذا الواقع، ولذلك لقد استثمرت بجدية في مجال تطوير الموانئ.

وتُعدّ الزراعة، التي تُوظّف 70% من السكان، ركيزةً أساسيةً من ركائز الاقتصاد، كما تُوفّر مشاريع - مثل مشروع تطوير المباني السكنية وتعزيز انتقال الأماكن العشوائية إلى الحضر والذي بات معروفا بـ (Promoville2) (بقيمة 55.33 مليون يورو)- ما يبلع 1250 مزرعةً و180 وحدةً للثروة الحيوانية، مما يُتيح لدول الخليج فرصةً لتأمين إمداداتها الغذائية المُستدامة في السنوات القادمة. وتلعب المملكة العربية السعودية، التي تميّزت بدعمها المُستمر للسنغال، لا سيما في مجال بناء البنية التحتية ودعمها المالي المُستمر، دورًا محوريًا في هذا التوجه الجديد لتعزيز التبادلات الاقتصادية بين السنغال والعالم العربي.

وتستفيد دولتنا أيضا من سكانها الشباب والنشطين (60% منهم دون سن 25 عامًا) الذين يمتازون بالتوجه نحو الابتكار: ففي عام 2022، أنشأ 600 شابّ، درّبتهم منظمة الأغذية والزراعة (الفاو)، 138 مشروعًا زراعيًا. وتُعزّز استراتيجية السنغال الرقمية 2025 (بقيمة 1.7 مليار دولار أمريكي) قطاع التكنولوجيا الزراعية والشركات الناشئة، وتتيح فرصةً للاستثمار في قطاعٍ يُمكن لرأس المال الخليجي - المُنخرط في مجال التكنولوجيا - أن يزدهر فيه خلال العقد المُقبل. ويضاف إلى ذلك أنه في ظل التوترات والعراك بين الغرب وروسيا والصين، وانسحاب بعض الدول الأفريقية من المنظمة الإقليمية (إيكواس)، تُرسّخ السنغال مكانتها كشريك استراتيجي موثوق، مُنوّعةً تحالفاتها من خلال منطقة التجارة الحرة القارية الأفريقية، وهذا مع الأخذ في الاعتبار أن أفريقيا، بما تتمتع به من إمكانات نمو، تُقدّم بديلاً استراتيجياً لدول الخليج لتنويع استثماراتها، وتقلل اعتمادها على الهيدروكربونات، والأسواق المتقلبة، والقيود الدولية.
على سبيل المثال، لم يعد يخفى على أحد أن دولة المغرب التي تستثمر حالياً في 40 دولة أفريقية تتبوأ الصدارة في قطاعات المصارف والاتصالات والأسمدة. وتُظهر اتفاقياتها مع السنغال في مجالات الزراعة والتدريب، إمكانات الشراكات العربية الأفريقية التي تُركّز على التنمية المشتركة.

وإذا أردنا مثلا آخر، يمكننا أخذه من الإمارات العربية المتحدة التي نرى أنها مثال يجب أن تحتذي به دول الخليج الأخرى، وذلك لأنها تتمتع بحضور اقتصادي أقوى في القطاعات الاستراتيجية. أما قطر - التي أثبتت بالفعل قدرتها على اختراق أسواق مُعقّدة حول العالم باستثمارات ضخمة في أوروبا والولايات المتحدة، والتي استفادت من دبلوماسيتها المؤثرة - فيمكنها توسيع نطاق هذه التجارب لتشمل أفريقيا، وخاصةً السنغال التي تصطاف كأحد شركائها الاستراتيجيين في القارة.

وإذا أعمقنا النظر، سنكتشف أن دول أفريقيا، وخاصة السنغال التي تعطيها التوقعات نموا قدره 6.1% في عام 2024، تُمثل أمام أنظار دول الخليج فرصةً لتنويع الاستثمارات في الصناعات الزراعية، والطاقة المتجددة، والبنية التحتية. وتُعزز مبادراتٌ مثل الاقتصاد الأخضر في السنغال جاذبية هذه القطاعات، فضلا عن إمكاناتها الزراعية الهائلة، وشبابها المُبدع (138 شركة مُنشأة)، واستقرارها. وعلى ذلك، يجتمع لدينا كل الأدلة لنؤمن بأن السنغال تمثل بوابةً للعالم العربي إلى أفريقيا. ومن خلال اتباع نموذج المغرب، يُمكن لدول الخليج اغتنام هذه الفرصة لتعزيز الروابط الثقافية، ودعم رؤية السنغال 2050 لتحقيق الرخاء المشترك.

الدكتور باكري سامب – مدير معهد تمبكتو لدراسات السلام

يحتل المغرب العربي موقعًا محوريًا في مشروع التكامل الأفريقي الكبير المنشود الذي يشغل بال القادة، حتى وإن كان هناك مفارقة أو تناقضا كبيرا، وذلك لأن المنطقة تتمتع بموارد استراتيجية كبيرة غير أنها ما زالت من بين أقل المناطق تكاملًا وتماسكا في القارة، ولعل السبب يرجع إلى أمور كثيرة من أهمها التوترات المستمرة. لكن أيا كان الأمر، فإن المصالحة الدائمة بين دول المغرب العربي قد تكون الحافز الذي طال انتظاره للوحدة الأفريقية، لأن سكان هذه الدول البالغ عددهم 100 مليون نسمة، والمتمتعة بموارد وفيرة من الطاقة، وموقع جغرافي فريد بين أوروبا وأفريقيا جنوب الصحراء الكبرى، يمتلكون جميع المقومات لتصبح بلادهم مركزًا للاستقرار والنمو. وتُعد بنيته التحتية للموانئ والطرق من بين الأكثر تطورًا في القارة. وتُدرّب جامعاته آلاف المهندسين والمدراء سنويًا، ومع ذلك، لا تُمثل هذه المنطقة سوى 3% من التجارة البينية الأفريقية، وهو رقم ضئيل مقارنةً بإمكانياتها الحيوية لتنمية القارة. ويعود هذا الوضع في المقام الأول إلى الانقسامات السياسية التي تعيق أي تعاون معمق.

ويجسد إغلاق الحدود البرية بين دول المغرب العربي الرئيسية منذ عام 1994 هذا الوضع، ولا يزال اتحاد المغرب العربي الذي تأسس عام 1989 حبراً على ورق، مشلولاً بالخلافات والصراعات الجيوسياسية. وهذا الوضع لا يحرم شعوب المغرب العربي من آفاق التنمية فحسب، بل يُضعف أيضاً بشكل كبير صوت أفريقيا على الساحة الدولية.

ولهذا نرى أنه ستُسفر المصالحة المغاربية الحقيقية عن آثار إيجابية تتجاوز حدود المنطقة، في مجالات شتى. فمن الناحية الاقتصادية، ستُنشئ سوقاً متكاملة واسعة تُصبح بطبيعة الحال حلقة الوصل بين أفريقيا جنوب الصحراء وأوروبا، وستجد الشركات الأفريقية فيها منصة مثالية للوصول إلى الأسواق الأوروبية، بينما سينجذب المستثمرون الأجانب إلى هذه المنطقة المُستقرة المُتجددة. وعلى الصعيد الأمني، سيُشكل تعزيز التعاون بين أجهزة الاستخبارات والجيوش المغاربية حصناً منيعاً ضد الجماعات الإرهابية والاتجار بجميع أنواعه، كما سيُحسّن الإدارة المشتركة لتدفقات الهجرة مع احترام الحقوق الأساسية.

ولتحقيق هذه المصالحة، لا بد من اتخاذ عدة خطوات: أولاً، بناء الثقة مثل إعادة فتح الحدود تدريجياً، وتطوير التبادل الأكاديمي والثقافي، وثانيًا تنفيذ مشاريع تكامل ملموسة، بما فيها ربط شبكات الكهرباء، وإنشاء ممرات عابرة للمغرب، وتوحيد اللوائح التجارية. وعلى نفس المنوال، يبدو إحياء اتحاد المغرب العربي على أسس جديدة أمرًا بالغ الأهمية، ويمكن لهذه المؤسسة أن تستلهم نموذج الجماعة الاقتصادية لدول غرب أفريقيا في غرب أفريقيا، من خلال تزويد نفسها بآليات وساطة فعالة وتبني نهج عملي قائم على القطاعات.

وللاتّحاد الأفريقي، من جانبه، دورٌ حاسم في دعم عملية المصالحة التي نحن بصددها، وذلك لأنه في الوقت الذي تسعى فيه أفريقيا إلى السيطرة على مصيرها في مواجهة الاضطرابات الجيوسياسية العالمية، لم تعد المصالحة المغاربية خيارًا بل ضرورة تمثل أكثر بكثير من مجرد تطبيع بسيط للعلاقات بين الجيران ، وتظل مُسرّعًا هائلًا للتكامل القاري، ودليلًا على قدرة أفريقيا على تجاوز انقساماتها لبناء مستقبل مشترك.

Timbuktu Institute – Juillet 2025

 

Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute – African center for Peace Studies, un des Think tanks et centre d’études stratégiques leaders sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, est également enseignant chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Dans cette interview au quotidien national sénégalais, Le Soleil, il revient sur les récentes attaques perpétrées par le JNIM dans les régions de Kayes et de Ségou dont une à Diboli, à moins de 2 kilomètres de la ville de Kidira au Sénégal.

 

Comment comprenez-vous les attaques sur la zone frontalière entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie ?

Cela fait plusieurs années que le JNIM s’était déjà inscrit dans une stratégie d’exploitation des faiblesses sécuritaires et de l’isolement géographique de la région de Kayes. Elle est située à l’extrême sud-ouest du Mali, près des frontières avec le Sénégal et la Mauritanie, caractérisée par une faible présence de l’État et une porosité des frontières. Cette situation offre au JNIM des opportunités pour mener des attaques et établir de nombreuses zones de soutien logistique. Les attaques simultanées du 1er juillet 2025, qui ont visé des localités stratégiques comme Kayes, un centre régional majeur, Diboli et Gogui, proches des postes frontaliers, ainsi que Niono et Molodo dans la région centrale de Ségou, démontrent une capacité d’organisation et de coordination sophistiquée. Ces attaques contre des cibles stratégiques, incluant des postes militaires, de douane et des axes logistiques, visent à perturber les lignes de communication et d’approvisionnement de l’armée malienne (FAMa), isolant davantage Bamako. La faible densité de forces de sécurité dans ces zones périphériques au profit de la sécurisation de Bamako, permet forcément au JNIM de frapper rapidement et de se replier, exploitant l’isolement géographique et les défis logistiques de l’armée. En outre, il ne faut pas non plus négliger le fait que le JNIM a déjà opéré une réelle infiltration des réseaux économiques transfrontaliers en tirant une grande partie de son succès de sa capacité à s’infiltrer dans les réseaux de trafics transfrontaliers, comme le vol de bétail, le trafic de bois et diverses contrebandes. Justement dans la région de Kayes, le groupe contrôle en partie des secteurs économiques clés, générant des revenus substantiels.

Le Jnim semble prendre une autre ampleur depuis quelques mois. Pensez-vous que ce groupe a les moyens d’étendre ses actions dans tout le territoire malien ? 

Vous savez, dans sa stratégie d’avancée vers l’Ouest du Mali, le JNIM a, d’abord, sécurisé des points de ravitaillement. Et ces ressources financent ses opérations et facilitent son expansion vers des pays voisins en s’appuyant sur des réseaux transfrontaliers. Les attaques du 1er juillet, notamment à Diboli, poste frontalier avec le Sénégal et Gogui, proche de la Mauritanie, visaient probablement à consolider le contrôle de ces routes économiques stratégiques. C’est pourquoi, en plus du renforcement des postes militaires, il faudra énormément investir dans la résilience socio-économique pour circonscrire la menace. Le JNIM excelle dans l’exploitation des tensions sociales et économiques pour recruter. En instrumentalisant les griefs locaux, notamment ceux des communautés marginalisées, le groupe attire, encore, des recrues en se présentant comme un « protecteur » face aux « abus des forces de sécurité » ou parfois des milices ethnico-culturelles. C’est d’ailleurs, la Katiba Macina, la branche la plus active du JNIM dans la région de Kayes, avec un effectif estimé à au moins 8 000 combattants qui semble avoir revendiqué les attaques qu’elle qualifie de « coordonnées et réussies » dans le communiqué à travers la chaîne djihadiste Al-Zallaqa dès la matinée du 1er juillet. Il faut voir la sophistication tactique et la coordination des attaques simultanées à Niono, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli, Gogui et Kayes pour se rendre compte de la performance tactique croissante du Groupe. Cette capacité à mener des assauts simultanés sur plusieurs fronts reflète une planification avancée et une logistique robuste, probablement soutenue par les revenus des activités illicites et des couveuses locales. Cette stratégie vise à démontrer sa puissance et à affaiblir les capacités de réponse des FAMa, déjà sous pression dans un contexte de crise sécuritaire.

La coopération militaire entre le Mali et la Russie est dans une nouvelle configuration. Cela permettra-t-il aux FAMAs d’arriver de circonscrire la menace terroriste ?

Il faut comprendre d’abord que le JNIM est en pleine exploitation du vide sécuritaire régional avec retrait des forces internationales, comme la MINUSMA en 2023 et les forces françaises en 2022, qui ont quand même créé un vide sécuritaire malgré les apports de la coopération avec la Russie. Les autorités maliennes, au Burkina Faso et au Niger, réunies dans l’Alliance des États du Sahel (AES), peinent à endiguer la progression du groupe, malgré leur volonté et efforts de priorisation de la sécurité. Les FAMa, bien qu’ayant repoussé certaines attaques, notamment à Niono, où 30 assaillants auraient été tués, ont subi quelques pertes dans la plupart des autres localités visées par ces attaques du 1er juillet. Pour certains analystes, la collaboration avec des acteurs comme le Groupe Wagner, accusé de violations des droits humains, aurait également alimenté les griefs locaux, facilitant les recrutements du JNIM. Ensuite le JNIM a, tout de même, réussi à s’adapter et même profiter des crises environnementales et économiques. Elles ont exacerbé les tensions entre communautés pastorales et agricoles, que le JNIM instrumentalise pour rallier des jeunes désœuvrés, notamment via différentes plateformes des réseaux sociaux. Dans la région de Kayes, l’implication du JNIM dans l’économie du bois et de l’élevage lui permet de se poser en véritable acteur économique alternatif, offrant une forme de stabilité économique à certaines communautés en échange de leur loyauté. Cette dynamique soutient sa capacité à maintenir une présence durable et à financer des opérations complexes comme celles de ce 1er juillet. La coopération avec la Russie, bien qu’elle ait pu offrir des avantages logistiques et l’acquisition de matériel et d’armes n’a pas pu vaincre le terrorisme qui a aussi des soubassements sociopolitiques et culturelles dans cette zone, de la même manière que la stratégie du tout-militaire française avait aussi échoué. L’annonce de la venue de force paramilitaire russe d’Africa Corps et le changement de dispositif devront prendre en compte ces dimensions non forcément militaires du problème, si l’on veut éviter l’enlisement alors que le temps presse face à un groupe devenu de plus en plus offensif.

Quid alors de l’avenir dans cette zone très stratégique pour le Mali et ses voisins ? 

La coopération transfrontalière s’impose davantage avec une mutualisation des capacités mais aussi le partage toujours difficile du renseignement en réactivant les dispositifs existants tout en prenant conscience des vulnérabilités partagées. Mais la communautarisation de la violence extrémiste rend les choses plus complexes pour les pays voisins devant éviter aussi de s’immiscer dans des velléités d’ordre interne. Mais, il est clair que les attaques coordonnées du 1er juillet s’inscrivent dans la stratégie à long terme du JNIM visant à fragiliser le Mali en perturbant le ravitaillement de Bamako mais aussi à étendre son influence vers les pays voisins. En ciblant des villes comme Kayes, Nioro du Sahel et Diboli, le groupe cherche naturellement à contrôler des axes économiques et logistiques clés reliant le Mali au Sénégal et à la Mauritanie. Quant aux attaques à Niono et Molodo, dans la région de Ségou, elles viseraient plutôt à maintenir la pression sur le centre du Mali, où la Katiba Macina est particulièrement active. Il n’empêche que cette offensive simultanée, qui a neutralisé plus de 80 combattants selon l’armée malienne, mais aussi causé des pertes significatives pour les FAMa, illustre clairement la capacité du JNIM à exploiter les faiblesses structurelles de l’État tout en consolidant ses réseaux transfrontaliers.

 

Propos recueillis par Oumar Ndiaye

 

 

Timbuktu Institute – July 2025

 

(Download Full Report here)

After the publication of a first policy paper in 2023 on “Violent Extremism: Why should The Gambia Learn from the Sahel mistakes”, the Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies, presents a rigorous and comprehensive analysis in its 2025 report, titled "Radicalization Factors and Perceptions of Terrorism in The Gambia." This study systematically investigates the multifaceted dynamics of radicalization and violent extremism within The Gambia, a nation that has thus far demonstrated resilience against the escalating terrorist threats observed across West Africa and the Sahel.

Conducted under the scientific coordination of Dr. Bakary Sambe, the research elucidates the socio-economic, cultural, and religious determinants shaping perceptions of terrorism, particularly among Gambian youth. The findings underscore that socio-economic precarity, notably poverty, youth unemployment, and social exclusion, constitutes the primary drivers of radicalization, exacerbated by a constrained labor market and limited economic opportunities. Despite these vulnerabilities, The Gambia’s entrenched cultural and religious tolerance, predominantly rooted in Sufi Islam and reinforced by interfaith harmony, serves as a significant protective factor against extremist ideologies.

However, the study identifies emerging risks, including intra-Islamic tensions that could be exploited by radical actors. A gender-sensitive analysis highlights the critical role of women in countering radicalization, advocating for their inclusion in national strategies, consistent with UN Security Council Resolution 1325. A striking 99% of respondents reported no awareness of governmental or civil society initiatives to combat extremism, revealing a critical gap in public engagement and counter-terrorism efforts. Furthermore, the research documents strong public support for regional security cooperation, particularly with Senegal and the Economic Community of West African States (ECOWAS), reflecting historical and ongoing collaborations.

Methodologically, the study adopts a mixed-methods approach, integrating quantitative data from a stratified random sample of respondents across The Gambia’s eight administrative regions with qualitative insights derived from 30-40 semi-structured interviews with key stakeholders, including religious leaders, youth, women, and civil society representatives. The use of stratified sampling and the snowball method ensures a robust and representative dataset, minimizing biases and capturing nuanced perspectives. The analysis is structured around key themes: the conceptualization of radicalization and violent extremism, the identification of causal factors and actors, the gender dimension, resilience factors, and strategic recommendations for prevention. The report proposes evidence-based recommendations to mitigate radicalization risks in the Gambia and reinforce resilience.

While The Gambia has not experienced the scale of violent extremism observed in the Sahel, the study warns of latent risks stemming from youth marginalization, governance deficits, and religious tensions, necessitating proactive and holistic interventions. This report serves as an essential resource for policymakers, researchers, and practitioners engaged in peacebuilding and counter-terrorism efforts.

 

الدكتور باكري سامب، رئيس معهد تمبكتو لدراسات السلام

يتميز الصراع بين إيران وإسرائيل - الذي أوشك أن يتحول إلى حرب إقليمية في يونيو 2025م - بالهجمات الإسرائيلية على المواقع النووية الإيرانية في فوردو، ونطنز، وأصفهان، والقصف الأميركي بعملية "مطرقة منتصف الليل"، والانتقام الإيراني ضد القاعدة الأميركية في " العديد " بدولة قطر.

وبفضل الوساطة القطرية، أعلن الرئيس دونالد ترامب في 23 يونيو عن وقف إطلاق النار، مما يوحي بأنه ليس هناك أي مصلحة ولا لأي طرف، سواء أكان إيران، أو إسرائيل، أو دول الخليج، أو الولايات المتحدة في اندلاع حرب في الشرق الأوسط. ولعل الوعي المشترك بهذه الحقيقة هو الذي أملى باتفاقية إنهاء الحرب الذي وافق عليها كل إيران وإسرائيل بقيادة الرئيس الأميركي دونالد ترامب. لكن مجرد الإعلان عن الوقف لا يكفي، بل لا بد أن تتبع التصريحات بأعمال ملموس، علما بأنه إذا استمرت الهجمات من قبل إسرائيل أو إيران بعد هذه الهدنة، فقد يستأنف الصراع، مما يهدد المنطقة التي تقف بالفعل على شفا حريق هائل.

ومما لا يتناطح فيه كبشان أن إيران التي أضعفتها الضربات الموجهة إلى قدراتها الباليستية والنووية، لا تستطيع أن تخاطر بحرب شاملة، ونقول ذلك نظرا لضعف وكلائها من حزب الله والحوثيين اليمنيين والميليشيات العراقية، كما أن حليفيها من روسيا والصين لم يقدما سوى دعم محدود منذ بداية الصراع. إن أي هجوم إيراني جديد، و محاولة إغلاق مضيق هرمز، قد يؤدي إلى تفاقم الأزمة الاقتصادية الداخلية، ويهدد بانهيار النظام المتنازع عليه بالفعل. كما أن استئنافها للأعمال العدائية سيكون بمثابة انتحار لإيران و للممالك الخليجية التي سوف تتأثر تأثرا اقتصاديا سيئا وقويا.

يتعين على إسرائيل، على الرغم من نجاحاتها الاستراتيجية النسبية، أن تتجنب هي أيضا الهجوم على إيران. إن الخسائر المسجلة في صفوف المدنيين في تل أبيب ورامات جان، إلى جانب الصورة المشوهة لدى المجتمع الدولي نتيجة أعمالها الجرائم المقترفة في غزة، تشارك في إضعاف مكانتها لدى دول العالم التي بدأ بعضها يرفض تماما الحرب ويدعو إلى محاكمة سلطاتها. إن التصعيد المطول من شأنه أن يهدد الاتفاقيات الإبراهيمية مع الإمارات وحتى البحرين، وقد يثبط عزيمة حلفاء إسرائيل الغربيين، بما في ذلك الولايات المتحدة، حيث يعارض 60% من الجمهوريين التدخل العسكري الخارجي، كما أن من شأنه أن يعرض إنجازاتها للخطر، إضافة إلى تحقيق مكاسب دبلوماسية كبيرة.

وإذا تأملنا إلى المصالح الاقتصادية والاستراتيجية المباشرة، نرى أن دول الخليج مثل قطر والمملكة العربية السعودية وسلطنة عمان تعطي الأولوية للاستقرار في المنطقة؛ شرطًا أساسيًا لنجاح مشاريعهم الاقتصادية الحيوية. إن إغلاق مضيق هرمز، بسبب هجوم إيراني جديد، سيكون كارثيا بالنسبة لاقتصادات الدول المعتمدة على النفط، ولكن أيضا لجميع البلدان التي ستتضرر بشدة من ارتفاع أسعار النفط الخام. إن القواعد الأميركية في دول الخليج، مثل العديد، ستتعرض لهجومات ، لأن إيران ستحاول الانتقام بضربها، مما يؤدي إلى فتح مزيد من الجبهات في المنطقة، وهذا بغض النظر عن المشاريع الاقتصادية الأمريكية والخليجية الضخمة التي ستتعرض للخطر. ومنذ الاتفاق السعودي الإيراني عام 2023، اعتمدت هذه الدول بشكل متزايد على الدبلوماسية لتجنب التصعيد في المنطقة.

إن الولايات المتحدة في عهد ترامب تتجنب التدخل العسكري الأجنبي المكلف وغير الشعبي (53% من الجمهوريين يعارض التدخل). إن الحرب إذا استمرت سترتفع أسعار النفط وخسائر عسكرية محتملة في القواعد الأميركية الموجودة في دول الخليج، في الوقت الذي تتضرر أصلا بسبب منافستها مع الصين، والتي أصبحت واحدة من أهم التحديات الجيوسياسية بالنسبة لواشنطن.

إن وقف إطلاق النار الذي تمليه الواقعية المشتركة يظل هشًا ويجب على جميع الأطراف المعنية أن يحافظ على استمراره، لأن المزيد من الهجمات التي تشنها إسرائيل أو إيران ــ سواء كانت ضربات على مواقع استراتيجية أو استفزازات لفظية ــ قد يؤدي إلى تحطيم هذه الهدنة - الهشة - وإدخال المنطقة في الفوضى. ويجب على الأطراف الفاعلة إعطاء الأولوية للدبلوماسية، بدعم من وسطاء مثل قطر وعمان، لتعزيز السلام في هذه المنطقة حيث أن اندلاع حرب جديدة سيكون كارثيا على الشرق الأوسط والسلام العالمي.

Par Dr. Bakary Sambe

Président, Timbuktu Institute - Centre africain d'études sur la paix

Fin avril 2025, Timbuktu Institute a publié un rapport intitulé « La menace du JNIM dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal ». Cette publication scientifique, la première du genre et qui fait suite à plusieurs enquêtes de terrain menées dans l'est du Sénégal par les chercheurs de ce think tank de référence sur les questions de sécurité régionale, a suscité de nombreux débats sur les enjeux qu'elle soulève. La couverture médiatique du rapport s'était jusqu'à présent concentrée sur la vulnérabilité du Sénégal face à l'avancée des groupes terroristes en provenance de l'ouest du Mali. Dans cet article, le Dr Bakary Sambe, président de Timbuktu Institute, revient sur les facteurs de résilience qu'il suggère aux autorités sénégalaises et à leurs partenaires de renforcer dans un contexte régional volatile et plein de risques.

La région des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal est devenue un point névralgique stratégique pour le Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), un groupe terroriste qui cherche à étendre son influence au-delà du Mali. Bien que le Sénégal soit confronté à des vulnérabilités telles que des frontières poreuses, des défis socio-économiques et la propagation du salafisme, le pays possède des facteurs de résilience solides qui ont jusqu'à présent limité l'infiltration du JNIM. Il s'agit notamment d'une forte cohésion sociale, d'une modération religieuse largement répandue et de forces de sécurité compétentes. En renforçant ces atouts grâce à des politiques ciblées, le Sénégal peut consolider ses défenses contre l'expansion du JNIM, comme le souligne un récent rapport du Timbuktu Institute.

Les facteurs de résilience du Sénégal

  • La cohésion sociale comme bouclier culturel

Les diverses communautés ethniques et religieuses du Sénégal font preuve d'une cohésion sociale remarquable, qui constitue un rempart contre les tactiques de division du JNIM. Selon une enquête de l'Institut de Tombouctou réalisée en 2024, 75 % des habitants de la région de Kédougou attribuent la paix sociale du Sénégal à ses traditions culturelles, et seulement 13 % d'entre eux pensent que les tensions intercommunautaires pourraient pousser les individus à l'extrémisme violent. Les mariages mixtes et le respect mutuel entre des groupes tels que les Bassari, les Bédik et les Peul créent un bouclier culturel, reconnu par la désignation par l'UNESCO de certaines parties de Kédougou comme site du patrimoine mondial pour son modèle de coexistence pacifique. Contrairement au Mali et au Burkina Faso, où le JNIM a exploité les tensions entre les éleveurs et les groupes sédentaires, les relations intercommunautaires harmonieuses du Sénégal font qu'il est difficile pour le groupe de gagner du terrain.

 

  • Modération religieuse généralisée

L'adhésion du Sénégal aux enseignements islamiques modérés, en particulier ceux des confréries soufies, contrecarre l'idéologie salafiste radicale du JNIM. La majorité des Sénégalais, y compris ceux des régions frontalières comme Kédougou, Matam et Tambacounda, suivent des pratiques religieuses axées sur la communauté qui mettent l'accent sur l'amélioration de soi plutôt que sur des idéologies qui divisent. Seuls 4 % des habitants de ces régions connaissent quelqu'un qui partage les opinions extrémistes du JNIM, et les chefs religieux sont considérés comme des acteurs clés dans la prévention de la radicalisation, juste après le gouvernement. Bien que l'influence des soufis soit moins prononcée dans les zones frontalières orientales, l'absence de radicalisation généralisée et les efforts de collaboration des chefs religieux avec le gouvernement et les personnalités de la communauté renforcent la résilience.

 

  • Des forces de sécurité compétentes et professionnelles

Les forces de sécurité sénégalaises sont la pierre angulaire de la résilience du pays et se distinguent par leur professionnalisme, leur taille et leur expérience en matière de lutte contre l'insurrection. D'une taille comparable à celle des forces maliennes et nigériennes malgré une population et un territoire plus petits, elles bénéficient d'une formation spécialisée et d'une solide réputation de non-ingérence dans la vie politique. Leur expérience du conflit casamançais et des missions de maintien de la paix des Nations unies leur permet de contrer efficacement des menaces telles que le JNIM. Les relations positives entre civils et militaires renforcent encore leur efficacité, 55 % des habitants de la frontière orientale étant prêts à partager avec les forces de sécurité des informations sur les activités extrémistes. Des efforts récents, tels que l'établissement d'une base permanente à Goudiry et des patrouilles conjointes avec le Mali et la Mauritanie, témoignent d'un engagement proactif.

 

Stratégies de renforcement de la résilience

Pour contrer l'expansion du JNIM, le Sénégal doit s'appuyer sur ces facteurs de résilience grâce à des mesures stratégiques qui renforcent la sécurité, la sensibilisation des communautés et l'inclusion socio-économique. Le rapport du Timbuktu Institute propose plusieurs recommandations pour y parvenir :

  • Augmenter la présence sécuritaire dans les régions frontalières

Il est essentiel de renforcer la présence permanente des forces de sécurité le long de la Falémé et des principales routes transfrontalières, telles que celles près de Bakel et de Saraya. Si la base de Goudiry constitue un pas en avant, les opérations temporaires telles que Niokolo et Nawetan n'ont pas amélioré de manière significative la perception locale de la sécurité. Des bases permanentes permettraient le déploiement rapide d'unités spécialisées dans la lutte contre la contrebande et les économies illicites, qui sont les principales sources de financement du JNIM. Une présence accrue favoriserait également une meilleure collecte de renseignements grâce à des liens plus étroits avec les communautés locales, qui sont disposées à signaler les activités suspectes. Par exemple, les habitants de Guémédié se sont déclarés prêts à partager des informations sur des infiltrations potentielles, une opportunité que les forces de sécurité peuvent exploiter.

  • Renforcer la coopération transfrontalière

L'institutionnalisation de la coopération avec le Mali et la Mauritanie est essentielle pour perturber les réseaux transfrontaliers du JNIM. Le rapport met en évidence les bases logistiques du JNIM dans la région de Kayes au Mali et les points de passage non officiels le long de la Falémé, soulignant la nécessité de coordonner les efforts. Le Sénégal devrait développer les initiatives récentes, telles que les accords de coopération militaire de février 2025 avec le Mali et les patrouilles fluviales conjointes avec la Mauritanie, en créant des forces opérationnelles binationales et trinationales. Celles-ci devraient intégrer les capacités de l'armée, de la police et des services de renseignement afin de cibler les points d'approvisionnement et les réseaux de transport du JNIM. L'établissement de contacts et de processus désignés pour l'échange de renseignements permettra de réagir rapidement aux mouvements suspects, ce qui renforcera la sécurité de la région des trois frontières.

  • Mener des campagnes de sensibilisation avec les leaders communautaires

La sensibilisation à la menace du JNIM est cruciale, car un tiers des habitants de Kédougou, Matam et Tambacounda ne sont pas conscients de son impact potentiel, selon l'enquête de 2024 de Timbuktu Institute. Le gouvernement devrait s'associer aux chefs religieux, aux chefs traditionnels et aux autorités locales pour mener des campagnes mettant en évidence les tactiques violentes et l'intolérance du JNIM, en les opposant aux valeurs de tolérance et de cohésion du Sénégal. Dans les régions où l'influence des soufis est limitée, comme dans certaines parties de Kédougou et de Tambacounda, les chefs traditionnels et les acteurs réformistes peuvent jouer un rôle central. La formation de ces leaders aux stratégies de communication amplifiera la légitimité et la portée du gouvernement, favorisant une réponse collective de la communauté aux tentatives d'infiltration du JNIM.

  • Renforcer les programmes d'intégration socio-économique

Il est essentiel de s'attaquer aux vulnérabilités socio-économiques, en particulier au chômage et à la marginalisation, pour réduire l'attrait du JNIM. L'enquête du 2024 Timbuktu Institute identifie le chômage comme la principale raison (85%) pour laquelle des individus pourraient rejoindre des groupes extrémistes dans les régions frontalières. Le gouvernement devrait étendre des programmes tels que le PUMA et le PUDC afin d'améliorer l'infrastructure routière et de réduire l'isolement géographique à Kédougou et à Tambacounda. La formation professionnelle dans le domaine de l'agriculture durable et les programmes de microcrédit, tels que ceux de la Délégation générale à l'Entreprenariat Rapide (DER), peuvent permettre aux jeunes et aux femmes de s'émanciper, des groupes démographiques clés vulnérables au recrutement par le JNIM. En outre, la réglementation du secteur minier visant à garantir un accès équitable aux ressources permettra de répondre aux griefs formulés à l'encontre des entreprises étrangères, réduisant ainsi le risque de voir la JNIM exploiter le mécontentement local.

 

La résistance du Sénégal à l'expansion du JNIM repose sur sa forte cohésion sociale, sa modération religieuse et ses forces de sécurité professionnelles. En renforçant ces atouts par une présence sécuritaire accrue, une coopération transfrontalière renforcée, des campagnes de sensibilisation des communautés et des programmes d'intégration socio-économique, le Sénégal peut limiter davantage la capacité du JNIM à s'infiltrer sur son territoire. Ces mesures permettront non seulement de protéger la sécurité nationale, mais aussi de préserver le modèle d'harmonie culturelle et religieuse du pays, en veillant à ce que les tactiques de division du JNIM ne trouvent aucun point d'ancrage dans les régions frontalières du Sénégal.

 

 

Since the publication of the study ‘Menace du JNIM dans le zone de trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal’ (Threat of JNIM in the tri-border area of Mali, Mauritania and Senegal), several people defending descent-based slavery or wishing to justify it on certain ‘cultural’ grounds have contacted us to ask that the part of the document referring to this practice from another era be removed from the document or put into perspective.

After these numerous unsuccessful attempts and pressures, the same people wanted to use the short interview given on Rfi in an unethical manner as so-called proof that the Gambana movement was linked to extremist movements, by trying to attribute such a thesis to this scientific report. This is both short-sighted and an attempt to combat and stigmatise, as in the recent past, a movement that courageously defends human dignity and human rights.

The Timbuktu Institute study in no way maintains that the Gambana movement is in any way linked to religious extremist movements, and we refute any allegations to that effect.

In order to continue to justify a practice as despicable as descent-based slavery, these feudal currents are seeking, through various manipulations of our report, to undermine the Timbuktu Institute and Gambana, whose credo it shares of guaranteeing human dignity and rejecting all practices that run counter to it.

After exchanges of clarification on the real content of the report with Gambana officials and supporters who fight daily for the noble cause of abolition, Timbuktu Institute also wishes to apologise for any misunderstanding that these anti-abolitionists and conservatives want to maintain and who seek to exploit our research aimed simply at exposing a practice that is reprehensible from every point of view and produces injustices and frustrations that are harmful to living together and social cohesion.

In order to raise awareness of this scourge, the Institute will be taking a closer interest in the issue of descent-based slavery through research and future scientific publications designed to alert decision-makers in the region and the international community to the danger posed by this practice and those who seek to justify or perpetuate it.