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Entretien réalisé par Ambre Delcroix
Le 19e Sommet de la Francophonie, prévu en France les 4 et 5 octobre 2024, se tient dans un contexte de tensions croissantes entre Paris et les régimes de certains pays francophones d’Afrique de l’Ouest, singulièrement du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ces tensions sont marquées surtout par des critiques parfois virulentes de la politique française en Afrique. Ce rejet de la politique française sur le continent a été théorisé depuis quelques années par certains comme étant « le sentiment anti-français ». La langue française échappe-t-elle à ce champ ? Est-elle aussi rejetée ou en recul d’utilisation dans les pays d’Afrique de l’Ouest où « le sentiment anti-français » est le plus prégnant ?
À la croisée des chemins entre héritage colonial, outil de modernité, influence politique et diversification linguistique, quel sera l’avenir du français en Afrique francophone ? Docteur Bakary Sambe, Directeur régional de l’institut de recherche Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, également enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis (Sénégal), nous apporte des éléments de réponse éclairés. Grand entretien.
Tama Média : On observe ces dernières années, dans certaines régions d’Afrique francophone, un rejet de la politique étrangère française. Ce qui est considéré par certains et dans les médias comme un « sentiment anti-français » dans les pays africains en crise avec la France. Que traduit réellement ce sentiment qualifié d’anti-français ?
Dr. Bakary Sambe : Le terme « sentiment anti-français » me semble un raccourci, un fourre-tout qui ressemblerait à un exutoire permettant d’échapper à un nécessaire exorcisme collectif constamment refoulé. L’attitude de certains jeunes africains vis-à-vis de la France ou plus précisément de sa politique traduit, à mon sens, une forme de défoulement d’une génération héritière d’un partenariat ou d’un couple traversant, ce que j’appelle souvent une « crise de la soixantaine » (soixante ans après les indépendances).
Cette génération n’est pas dans la haine ou un simple ressentiment. Elle est, en fait, dans une forte demande de renouvellement du paradigme même de la coopération entre la France et les pays africains, un désir de rupture d’avec les pratiques anciennes devenues inacceptables. Une jeunesse hyper-connectée et consciente de sa capacité d’agir sur les perceptions qui structurent la nouvelle mondialisation au moment où la France n’avait pas encore pris toute la mesure des bouleversements et des évolutions imposant un changement de paradigme.
L’utilisation du français a-t-elle souffert de cette conjoncture ou cela concerne davantage les relations diplomatiques et économiques ?
L’utilisation du français n’a pas du tout souffert de cette conjoncture car cette langue n’appartient pas à la France ; elle est la propriété malléable de ses locuteurs qui se trouvent majoritairement en Afrique, qui est le cœur battant de la Francophonie.
D’ailleurs, et cela pourrait paraître paradoxal, cette jeunesse adresse ses critiques les plus virulentes à la France en langue française dans toutes ses subtilités, parfois dans une satire enrobée d’une frustration rassurante pour la relation si critiquée. Parce que justement, la frustration est encore preuve d’attachement ; l’indifférence serait plus inquiétante car synonyme d’une totale rupture.
Les nouvelles générations, artistes, écrivains ou intellectuels francophones d’Afrique de l’Ouest, comment perçoivent-elles la langue française ? Associent-elles cette langue à un héritage colonial ou à un outil de mobilité et d’opportunités ?
La langue française est d’abord un médium permettant aux intellectuels de se parler et de parler au monde et à la création artistique de voyager à l’intérieur même du continent. Les cinématographies sénégalaise, burkinabè, ivoirienne et congolaise ont pu inonder le continent en empruntant ce médium et parfois même en se l’appropriant et y mettant les marques culturelles endogènes. Un Français a parfois besoin d’être initié à ce français créateur de néologismes et d’expressions pour percer les subtilités d’une langue que les artistes et écrivains du continent se sont approprié pour lui donner vie, substance et une nouvelle respiration. C’est pourquoi, je minimise l’effet de la charge symbolique comme relique coloniale.
En fait, dans un contexte de mondialisation, de pré-pensées McDonnalisées (c’est-à-dire “mondialisées et standardisées”, NDLR), les Africains ne subissent plus passivement une langue française essoufflée par ses archaïsmes et autres rigueurs, ils lui donnent un nouveau souffle tout en lui imposant leurs marques culturelles qui la fécondent. Par leur créativité, ils lui font porter leurs revendications, leurs acerbes critiques vis-à-vis de la France et même leurs espoirs parfois déçus d’une coopération plus conforme à l’esprit d’une francophonie plus solidaire en termes de mobilité.
En même temps, ils en usent comme un moyen facilitant la mobilité à l’intérieur du continent de la même manière que certains ressortissants de pays anglophones apprennent le français pour mieux circuler et s’épanouir professionnellement et s’offrir plus d’opportunités dans l’espace Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, NDLR). Les cadres subsahariens au Maroc y évoluent plus facilement avec plus d’opportunités de carrières grâce à leur maîtrise du français, le temps que ce pays ne parachève son glissement progressif vers l’anglais.
Quel rôle les institutions francophones (comme l’Organisation internationale de la Francophonie OIF) peuvent-elles jouer pour promouvoir la langue française tout en respectant les dynamiques locales, notamment dans des contextes de rejet de l’influence française ?
Il y a un préalable imprescriptible qui est de revenir à un nouvel humanisme francophone sincère, fondé sur l’égalité et le respect mutuel et de la diversité, nous ramenant à l’idée de civilisation de l’universel dont parlait Senghor. Ce ne sera pas par les beaux discours mais en redonnant de la substance au fait d’être francophones et partageant un destin.
Naturellement, la maîtrise de l’anglais, par le jeu d’une mondialisation signifiant l’uniformisation négatrice des diversités, est devenue une nécessité professionnelle et pour s’ouvrir aux autres modes de pensées et philosophies. Si à Sciences Po et HEC (Paris, deux établissements de l’enseignement supérieur français de renommée internationale, NDLR), les filières les plus prometteuses sont en anglais, comment vouloir enfermer les Africains dans l’illusion d’une suffisance linguistique ?
« Si la francophonie renoue avec ses valeurs fondatrices elle retrouvera sa place »
L’autre rôle des institutions francophones est de réinventer un cadre qui vise à promouvoir l’égalité et la diversité enrichissante au lieu de la domination réductrice. Bien qu’on s’achemine vers le bilinguisme , voire le plurilinguisme en plus de la renaissance des langues africaines dans le cadre d’un fort enracinement – pour parler comme (Léopold Sédar) Senghor – qui n’est pas incompatible avec l’ouverture au monde, si la francophonie renoue avec ses valeurs fondatrices elle retrouvera sa place. Ce qui se passe sur le continent, en termes de diversification linguistique, ne relève pas d’un rejet de la francophonie, mais d’un certain utilitarisme bien que le français reste une langue qui véhicule et agite des idées.
« Le terme “sentiment anti-français” (vous) semble un raccourci, un fourre-tout qui ressemblerait à un exutoire permettant d’échapper à un nécessaire exorcisme collectif constamment refoulé. » C’est ce que vous avez tantôt expliqué. À long terme, ce sentiment qualifié d’anti-français pourrait-il favoriser davantage une réorientation vers d’autres alliances linguistiques et culturelles, comme le Commonwealth anglophone ou l’Union Africaine (UA) ?
Ce que certains appellent de manière réductrice le « sentiment anti-français » n’est pas sorti du néant, c’est la résultante d’une accumulation de facteurs. Mais, comment donner une envie de plus de francophonie dans le sens d’une communauté linguistique, de cultures et de valeurs partagées à toute une jeunesse pour qui la Francophonie c’est : « parlez français mais surtout restez chez vous » ? En plus, dans les institutions et programmes francophones, on devrait prêter plus attention à la perception d’un poids politique dominant de ce que j’appelle la « Francophonie du Nord ».
Son poids et son influence sont assez disproportionnés par rapport à leur poids démographique et numérique au sein de l’Organisation. À lui seul, le plus grand pays francophone est la République démocratique du Congo, en superficie (2.345.409 km²) faisant 4 fois la France et 80 fois la Belgique, avec une population qui avoisine les 100 millions (105.625.114 habitants en 2024 selon les données démographiques), largement plus du double de celle du Canada (estimée cette année à 39.107.046, NDLR).
« Les symboles sont aussi importants pour sortir des malentendus historiques »
Ce qui séduit et attire certains pays francophones comme le Gabon ou le Togo (juin 2022) vers le Commonwealth dont ils ne parlent pas la langue, par exemple, c’est le fait d’avoir créé des espaces de coprospérité dans le cadre d’une communauté avec une certaine substance. L’Angleterre n’a-t-elle pas appuyé le processus qui a fait de l’Inde une puissance et donc un partenaire économique et non un simple morceau d’un pré-carré ? Les symboles sont aussi importants pour sortir des malentendus historiques. L’Inde assume plus facilement face à ses jeunes son attachement au Commonwealth, en leur montrant fièrement la statue de Mahatma Gandhi à côté de celle de Winston Churchill (ancien Premier ministre du Royaume-Uni) sur la prestigieuse Parliament Square de Londres.
Il y a certes, l’Université Senghor d’Alexandrie (en Égypte) et des projets comme celui de la Maison des mondes africains à Paris pourraient être un bon stimulant pour plus de symbolisme et surtout de signaux vers une francophonie plus conforme à son esprit de départ. Mais il faut encore des efforts dans ce sens.
Justement. Quel avenir envisagez-vous pour la Francophonie en Afrique de l’Ouest, dans un contexte où la langue française se trouve à la croisée des chemins entre héritage colonial et outil de modernité ?
La Francophonie a autant besoin de se réinventer que de se ressourcer par un retour à ses valeurs de départ. Si, au Niger, dans le pays de Diori Hamani (1916-1989), un des pères fondateurs de la Francophonie, on incendie un Institut français (à Zinder, en janvier 2015), c’est que le fil du dialogue civilisationnel semble rompu. En plus, on devrait prêter la plus grande attention au phénomène de la contestation du statut de la langue française dans l’enseignement et l’usage officiel dans certains pays. C’est une situation complexe dans laquelle se mêlent frustrations accumulées et revendications identitaires.
Beaucoup de nouvelles réalités émergent. À la Francophonie, la réflexion devra prendre en charge des questions comme les revendications des jeunes éduqués en langue arabe au Sénégal, au Mali, au Bénin et d’autres pays, et qui perçoivent que la non maîtrise du français est le frein de leur ascension sociale et de leur insertion professionnelle. Il faut voir cela plus comme un désir voire un besoin de Francophonie qu’un rejet d’une langue dont l’apprentissage leur serait utile.
« Les choses sont beaucoup plus complexes que la dialectique autour de l’héritage colonial et de la modernité. »
De même la dualité des systèmes éducatifs dans de nombreux pays francophones (entre un enseignement en arabe et français) est un sujet important. Les choses sont beaucoup plus complexes que la dialectique autour de l’héritage colonial et de la modernité.
Il sera, par exemple, surprenant de rappeler que le français, au-delà même de l’Afrique et en dépit d’un certain laïcisme, est aujourd’hui une des langues de l’islam par laquelle plus de 285 millions de musulmans (Rachid Id Yassine Décembre 2015 in ResearchGate) accèdent à une bonne partie du savoir religieux y compris en Europe et au Canada. D’ailleurs, un célèbre prédicateur suisse (d’origine égyptienne Tariq Ramadan, NDLR), jadis très influent en Europe, avait bien compris l’enjeu d’une telle réalité linguistique et sociologique en initiant, dans les années 2010, le Colloque international des musulmans de l’espace francophone (Cimef) appuyé par une institution basée au Qatar.
Sans aucune fuite en avant, c’est à l’ensemble de ces nouvelles réalités que la Francophonie devrait faire face tout en assumant son destin de creuset.
Note de la Rédaction de Tama Média : la population francophone mondiale est estimée à 327 millions à la date du 15 mars 2023, dont 52.532 francophones (51,37%) en République démocratique du Congo (RDC), 13.481 (35,63%) au Maroc, 5.684 (24,45%) au Burkina Faso, 4.669 (26,29%) au Sénégal, 4.619 (33,68%) au Bénin, 4.016 (17,24%) au Mali, 3.707 (40,94%) au Togo, 3.507 (12,89%) au Niger et 1.588 francophones (65,17%) au Gabon, pour ne citer que les pays africains mentionnés dans cet entretien. Source : ce sont les données les plus récentes de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF) de l’Université Laval et de l’Observatoire de la langue française de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), compulsées via Francoscope (une plateforme Web dynamique qui, selon sa description, diffuse des mises à jour périodiques d’effectifs mondiaux de francophones grâce aux travaux de ces deux observatoires spécialisés). Pour obtenir des renseignements détaillés sur les méthodes de calcul, vous pouvez consulter ce document (Richard MARCOUX, Laurent RICHARD et Alexandre WOLFF (2022). Estimation des populations francophones dans le monde en 2022. Sources et démarches méthodologiques. Québec, Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone, Université Laval, Note de recherche de l’ODSEF, 177 p.).
Source : Sahel weather July & august 2024
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After many years of legal wrangling, the families of the forty or so migrants massacred on Gambian soil in 2005 have regained hope with the decision by ECOWAS to require the Ghanaian authorities to disclose all information relating to the massacre of these migrants, who were on their way to Europe and landed in Gambia before being arrested and then executed by the security forces of former President Yahya Jammeh. An investigation was launched at the time, but the findings have remained secret to this day. It is therefore with great hope that the families of the victims have welcomed the decision.
At the same time, authorities at the highest levels of the state are not immune from justice. The case of the arrest of a former general, alleged member of the death squad nicknamed "Jungler", a paramilitary unit responsible for carrying out illegal assassinations to intimidate the population and repress the opposition under Yahya Jammeh, is a clear example. This ex-general of the Bora Colley brigade had fled after the fall of President Jammeh in 2017. A communiqué from the Gambian army informs us that the accused turned himself in to the military police. He has since been arrested and appears to be cooperating with the military police in investigations concerning him.
Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024
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Après de nombreuses années de tiraillements judiciaires, les familles de la quarantaine de migrants massacrés en 2005 sur le sol gambien, reprennent espoir avec la décision de la CEDEAO qui somme les autorités ghanéennes de divulguer toutes les informations relatives à ce massacre de ces migrants qui étaient en route pour l’Europe et qui ont accosté en Gambie avant d'être arrêtés puis exécutés par les force de sécurité de l’ancien Président Yahya Jammeh. A l'époque une enquête avait été ouverte ; mais les conclusions sont restées secrètes jusqu'à aujourd’hui. C'est donc avec beaucoup d’espoir que les familles des victimes ont accueilli la décision.
Dans le même temps, des autorités, au plus haut sommet de l’État, n’échappent pas à la justice. Le cas de l’arrestation d’un ancien général, membre présumé de l'escadron de la mort surnommée « Jungler », une unité paramilitaire chargée d’exécuter des assassinats illégaux pour intimider la population et réprimer l’opposition sous Yahya Jammeh est un exemple patent. Cet ex-général de la brigade Bora Colley avait pris la fuite après la chute du Président Jammeh en 2017. Un communiqué de l'armée gambienne nous informe que le prévenu s'est rendu lui-même à la police militaire. Il a depuis été arrêté et semble coopérer avec la police militaire dans les enquêtes le concernant.
Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024
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Au Cameroun, le groupe terroriste Boko Haram perd du terrain ces dernières semaines avec la reddition de près de 300 combattants qui ont déposé les armes et se sont rendus à la Force multinationale mixte (FMM). Malgré cette dynamique positive, les affrontements n’ont pas cessé pour autant comme dans la localité de Dzamadzaf proche de la frontière avec le Nigeria ou l’on dénombre 2 morts à la suite de l’attaque meurtrière perpétrée par des éléments du groupe armé Boko Haram qui ont ensuite pris la fuite au Nigeria voisin après leur exaction.
Pendant ce temps, un conflit intercommunautaire dans l'extrême nord du pays opposant les habitants de Doré Cissou, appartenant majoritairement à l'ethnie Massa et les habitants de Dama composés principalement par l'ethnie Mousgoum, a causé la mort de deux personnes et d’une quinzaine de blessés dans un affrontement d’une extrême violence.
Au-delà de la question terroriste et des velléités intercommunautaires, on note de grandes difficultés pour l’opposition après l'approbation des législateurs pour repousser les élections législatives et locales jusqu’en 2026. En effet, cette décision aura un impact significatif sur l'élection présidentielle de 2025, car le code électoral du pays dispose qu'un candidat à la présidentielle doit être désigné par un parti politique représenté à l'Assemblée nationale, au Sénat, au Conseil régional ou municipal, ou obtenir la recommandation d'au moins 300 personnalités. Maurice Kamto, principal challenger de Biya en 2018, ne semble pas satisfait de ces conditions, vu que son parti avait boycotté les dernières élections municipales et législatives faute de réformes électorales. Avec cette adversaire de taille en moins, il semblerait que la voie est toute tracée pour le Président nonagénaire.
De plus, un arrêté préfectoral signé par le Préfet du Département du Mfoundi, suscite une vive controverse et soulève des inquiétudes majeures concernant les droits et libertés des citoyens Camerounais. Ce document, portant interdiction de séjour temporaire dans le Département du Mfoundi pour toute personne appelant au soulèvement contre les institutions de la République ou outrageant dangereusement celles-ci, a été perçu par l’opposition camerounaise comme une dérive autoritaire inquiétante. Cette perception serait-elle partagée par le Chef des droits de l’homme de l’ONU en visite au Cameroun qui a particulièrement mis l’accent sur la lutte contre l'impunité dans ce pays et affirme qu’elle est « absolument essentielle » pour renforcer la confiance entre les citoyens et l’Etat.
Source : Sahel weather July & august 2024
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In Cameroon, the Boko Haram terrorist group has been losing ground in recent weeks, with the surrender of almost 300 fighters who have laid down their arms and surrendered to the Mixed Multinational Force (MMF). Despite this positive momentum, clashes have not ceased, as in the locality of Dzamadzaf, close to the border with Nigeria, where 2 people were killed following a deadly attack by elements of the Boko Haram armed group, who then fled to neighboring Nigeria after their exaction.
Meanwhile, an inter-community conflict in the far north of the country between the inhabitants of Doré Cissou, mainly of the Massa ethnic group, and the inhabitants of Dama, mainly of the Mousgoum ethnic group, resulted in the death of two people and the wounding of some fifteen others in an extremely violent confrontation.
Beyond the terrorist issue and inter-community tensions, the opposition is facing major difficulties after legislators approved the postponement of legislative and local elections until 2026. Indeed, this decision will have a significant impact on the 2025 presidential election, as the country's electoral code stipulates that a presidential candidate must be nominated by a political party represented in the National Assembly, Senate, Regional or Municipal Council, or obtain the recommendation of at least 300 personalities. Maurice Kamto, Biya's main challenger in 2018, does not seem to be satisfied with these conditions, given that his party boycotted the last municipal and legislative elections for lack of electoral reforms. With this major adversary out of the way, it would seem that the way is clear for the nonagenarian President.
In addition, a prefectoral decree signed by the Prefect of the Mfoundi Department has sparked considerable controversy and raised major concerns about the rights and freedoms of Cameroonian citizens. The document, which prohibits temporary residence in the Mfoundi department for anyone calling for an uprising against the institutions of the Republic or dangerously insulting them, has been perceived by the Cameroonian opposition as a worrying authoritarian drift. This perception is shared by the UN's Chief Human Rights Officer, who is visiting Cameroon and has placed particular emphasis on the fight against impunity in this country, stating that it is "absolutely essential" to strengthen trust between citizens and the State.
Source : Sahel weather July & august 2024
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Togo is at a crossroads between the fight against terrorism and political reform. Security pressure due to the advance of terrorist groups from the Sahel towards coastal countries has exposed the country to jihadist attacks. The north, bordering Benin and Burkina Faso, is paying the price of extremist violence orchestrated by fighters from the Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) and the Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans (GSIM). In the face of rising jihadist fury, the Togolese government is taking a resilient stance in the fight against violent extremism by adopting a mixed approach.
To respond to this crisis, it combines a military approach with human security strategies. The latter took shape with the adoption, in 2022, of the emergency program for the Savanes region. The aim of this program is to reduce social inequalities between major cities and border regions, in order to combat the marginalization that leads to extremism. In addition, local authorities have incorporated extremism prevention into their communal development plans, with the aim of integrating "security aspects into development projects to better protect local populations and guarantee sustainable development in a context of heightened vulnerability", according to Lieutenant-Colonel Yanani Tiekabe.
Despite the efforts made in the fight against terrorism in the north of the country, Togo suffered another attack in August; although the Togolese army has relied heavily on anticipation, using human intelligence to thwart the planned attacks by extremist groups. However, sustainable development approaches are relevant in the fight against violent extremism when used as a preventive means to prevent jihadist groups from finding fertile ground for their development within local communities. Jihadist groups often take advantage of tense political contexts, when public opinion is preoccupied with other imperatives, to advance discreetly.
Public opinion in Togo is polarized by the political reforms between a new Constitution, the country's integration into the Commonwealth, the resignation of the government and the appointment of a new transitional government team for the full establishment of the 5th Republic. Faced with these reforms and the uncertainties that accompany them, periods of transition can lead to political unrest. The new Constitution, which marks the end of presidential rule in favor of a parliamentary system, was adopted by parliamentary vote, in a "monocolored" national assembly following the boycott of legislative elections by the Togolese opposition in 2018. Indeed, the boycott of these elections by the main opposition parties seems to have created a gulf between voters and political organizations, which have since struggled to mobilize the popular masses in the face of what they describe as a "constitutional coup d'état" by those in power.
Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024
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Le Togo est à la croisée des chemins entre lutte contre le terrorisme et réformes politiques. La pression sécuritaire due à l’avancée des groupes terroristes du Sahel vers les pays côtiers a exposé le pays aux attaques djihadistes. Le nord, frontalier au Bénin et au Burkina Faso, paye le tribut de la violence extrémiste orchestrée par les combattants de l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) et ceux du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM). Face à la montée de la furie djihadiste, le gouvernement togolais se veut résilient dans la lutte contre l’extrémisme violent en adoptant une approche mixte.
Ainsi, pour répondre à cette crise, il allie l’approche militaire avec les stratégies de sécurité humaine. Cette dernière s’est matérialisée par l’adoption, en 2022, du programme d’urgence pour la région des Savanes. Celui-ci vise à réduire les inégalités sociales entre les grandes villes et les régions frontalières dans le but de lutter contre la marginalisation qui mène vers l’extrémisme. En plus, les autorités locales ont intégré dans leurs plans de développement communaux, la prévention de l’extrémisme qui vise à intégrer « les aspects sécuritaires dans les projets de développement pour mieux protéger les populations locales et garantir un développement durable dans un contexte de vulnérabilité accrue », selon le lieutenant-colonel Yanani Tiekabe.
Malgré les efforts déployés dans la lutte contre le terrorisme dans le nord du pays, le Togo a subi une nouvelle attaque au courant du mois d’août ; bien que l’armée togolaise ait beaucoup misé sur l’anticipation en utilisant du renseignement humain pour déjouer les projets d’attentats des groupes extrémistes. Cependant, les approches de développement durable sont pertinentes dans la lutte contre l’extrémisme violent dès lors qu’elles sont utilisées comme moyens préventifs, afin que les groupes djihadistes ne trouvent, au sein des communautés locales, un terreau fertile pour leur développement. Les groupes djihadistes profitent souvent des contextes politiques tendus où les opinions publiques sont préoccupées par d’autres impératifs pour avancer discrètement.
Les opinions publiques au Togo sont polarisées avec les réformes politiques entre une nouvelle Constitution, l’intégration du pays au Commonwealth, la démission du gouvernement et la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale de transition pour l’instauration complète de la 5ème République. Face à ces réformes et les incertitudes qui l’accompagnent, les périodes de transition peuvent conduire à des troubles politiques. La nouvelle Constitution, qui marque la fin du régime présidentiel vers un régime parlementaire, a été adoptée par voie parlementaire, dans une assemblée nationale « monocolore » à la suite du boycott des élections législatives par l’opposition togolaise en 2018. D’ailleurs, le boycott de ces élections par les principaux partis d’opposition, semble créer un fossé entre les électeurs et les organisations politiques qui peinent depuis lors à mobiliser les masses populaires face à ce qu’elle qualifie « de coup d’État constitutionnel » de la part du pouvoir.
Source : Sahel weather July & august 2024
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Almost three (03) years after the coup d'état in Guinea, the ruling military is still keeping a lid on the transition and the return of civilians to power. The military regime has agreed with ECOWAS to a 24-month transition period ending in December 2024, but is struggling to meet its commitments. Indeed, with a timetable of ten (10) points to be respected as a prerequisite for the return of civilians to power, by putting in place reforms for the country's stability and laying the foundations for a new social contract, so far only one point has been respected, namely "the drafting of a new constitution".
No sooner had the first draft of the new Constitution been published than the political class was divided by it. While the government defends a Constitution for "posterity", the opposition denounces a text "tailor-made" for the head of the junta, which could enable him to run for the supreme magistracy. These suspicions are in line with a series of concordant clues observed on the Guinean political scene for some time. These clues include the absence of transitional provisions, notably relating to article 46 of the transitional charter, in the draft constitution. This article stipulates that "the President and members of the National Committee of the Rally for Development (CNRD) may not stand as candidates in either the national or local elections that will be organized to mark the end of the Transition", before adding that "the aforementioned provision is not subject to any revision".
In addition, there is a desire to weaken the main opposition parties, which have bitterly competed with the former ruling party in all elections over the last ten years. Most of these political parties face "judicial persecution" or have seen their leaders forced into exile. Added to this is the restriction of freedom, enforced disappearances and arbitrary arrests of any dissenting voices who venture to criticize the management of public affairs by the transitional authorities. What's more, the large-scale infrastructure projects whose completion deadlines are tied to the end of the transition period - which some interpret as a way for the junta authorities to capitalize on a material balance sheet - are seen as a springboard for competing for the Guinean people's vote. Although the draft constitution introduces a number of new features, such as limiting presidential terms to two, and establishing a new parliament with two chambers (the National Assembly and the Senate), it has not aroused much enthusiasm.
The debate is polarized around the possible candidacy of Mamadou Doumbouya, head of the military junta and President of the transition. It is against this backdrop that the main opposition parties and civil society organizations, grouped within the Forces Vives de Guinée (FVG), are calling for the resumption of demonstrations to "protest against the junta, accused of wanting to seize power". To counter these demonstrations, the junta has taken new restrictive measures that are likely to prolong the tug-of-war between the government and the opposition.
Following a historic trial, the Guinean courts have just handed down a verdict that will be echoed across the continent, hailed by all human rights organizations. The court tried and convicted political leaders accused of "crimes against humanity" following the events of September 28, 2009. These crimes were perpetrated by the security forces to suppress a political demonstration organized by the opposition in Conakry, against the desire of the then head of the military junta to run in the presidential election. This repression marked a dark page in Guinea's modern history, but with this trial, the courts have delivered "a historic verdict", as Human Rights Watch put it.