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Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Au Burkina Faso, le capitaine putschiste Ibrahim Traoré prend les rênes du pays avec des défis sécuritaires et économiques à relever, sur fond de reconquête du territoire national, de la lutte contre le terrorisme, de mal gouvernance et de corruption. Ses premiers jours au pouvoir sont marqués par la rupture de l’accord de coopération autorisant depuis 2018 les membres des forces spéciales françaises à opérer au Burkina Faso dans un contexte tendu entre ces deux pays, alors que la Russie tente d’avancer ses pions. Les autorités de la transition appellent à un sursaut patriotique et comptent sur ses différents alliés pour pallier ce manquement afin de combattre le djihadisme et faire face aux divers problèmes de développement du pays. Depuis la reprise du pouvoir par la junte, les propos incendiaires s’accentuent contre la CEDEAO. Suite aux sanctions imposées au Burkina Faso, les discours "anti-français" surgissent et des manifestations pour réclamer une coopération sécuritaire avec la Russie se multiplient.
Selon certaines analyses encore relativement peu documentées, le profond désaccord avec la France rendrait possible l’arrivée prochaine des mercenaires du groupe Wagner et le renforcement d’un axe Ouagadougou-Moscou. Mais chez les officiels, notamment au sein de la CEDEAO, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a publiquement confirmé que le Burkina Faso a conclu un accord avec le groupe paramilitaire Wagner, dirigé par l'homme d'affaires russe Evgueni Prigojine. La junte en place, rejette cette accusation arguant de son droit à la diversification des partenariats qui indisposent certaines puissances occidentales. La Russie, quant à elle, dément aussi les rumeurs sur la présence de Wagner au Burkina Faso. Néanmoins, le vice-ministre des affaires étrangères russe, Mikhaïl Bogdanov, a fait part de la volonté de Moscou de « participer activement aux efforts collectifs pour la stabilisation » du pays, en proie à des violences djihadistes. Le groupe Wagner est une organisation paramilitaire qui œuvre dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie. Présent un peu partout dans le monde, ce groupe étend ses tentacules en Afrique depuis quelques années, où il est sollicité pour faire face au terrorisme qui y sévit. Ce qui n’est pas du goût de certaines puissances occidentales, qui voient leurs intérêts menacés.
C'est dans ce sillage que le groupe paramilitaire a été désigné récemment comme une organisation terroriste internationale par les États-Unis d’Amérique et a subi des sanctions de l’Union européenne. Cette riposte des Occidentaux est aussi un moyen pour déjouer les enjeux géostratégiques de la Russie qui mène une opération de charme en Afrique pour imposer sa puissance militaire et économique. Lors de la dernière rencontre des envoyés spéciaux de l’Union Européenne au Sahel, il semblerait que le débat fut houleux dans les coulisses sur l’attitude de l’Europe vis-à-vis des autorités de la transition. Le syndrome malien et la hantise d’une perte d’influence de l’Europe face à ses « concurrents » ont semblé lourdement peser sur les débats au point où l’Union européenne ne semble plus fermer plus la porte d’un dialogue et d’une interaction continue avec le nouveau pouvoir. Et ce, malgré les réticences de Paris apparemment isolée dans cette position radicale du rejet des autorités issues d’un second putsch inaugurant une nouvelle ère d’instabilité au Burkina Faso, et peut-être au Sahel.