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Femmes et extrémisme violent au Sahel : « La déclaration de Bamako est une avancée majeure si elle est opérationnalisée » (Timbuktu Institute)
« La déclaration de Bamako ayant sanctionné les travaux du dialogue politique de haut niveau sur le leadership des femmes dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent dans les pays du G5 Sahel constitue une avancée majeure si elle est suivie d’opérationnalisation ». C’est l’avis de Mme Yague Samb, de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies qui a représenté l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique à cette importante rencontre des 21 et 22 février 2017 à Bamako.
Faisant suite aux différentes initiatives dans le cadre de la promotion du leadership féminin dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, à la réunion de Bruxelles de mai 2013 ainsi qu’au forum régional de Ndjamena de juillet 2015, cette réunion a permis de revisiter des axes importants des Résolution 2250 et 1325 du Conseil de sécurité.
Pour Mme Samb, « le fait que les femmes soient affectées, non seulement comme victimes, mais aussi, de plus en plus comme actrices, est une donne importante dont il faudrait désormais tenir compte dans l’analyse du phénomène de l’extrémisme violent dans le Sahel ». De ce fait, elle soutient qu’il est impératif que « les partenaires techniques et financiers, mais aussi les Etats et l’ensemble de la communauté internationale contribuent davantage au renforcement du rôle des femmes dans la lutte contre l’extrémisme violent ».
A cet effet, Timbuktu Institute, qui travaille beaucoup sur la construction des résiliences communautaires par le dialogue inclusif, soutient et apprécie positivement les recommandations de cette déclaration notamment :
– La mise en place au niveau national et régional des cadres de concertation entre les organisations des femmes et les organisations religieuses
– L’intégration de modules relatifs à la radicalisation et l’extrémisme violent dans les programmes scolaires et universitaires.
Dans le cadre de son Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) et des activités qu’il mène à travers son Programme « Educating for Peace » au sein des établissements scolaires, Timbuktu Institute se propose de participer activement à « la sensibilisation, des femmes, des jeunes, des leaders d’opinion (religieux et chefs coutumiers), la communauté et les médias sur les effets et les conséquences de l’extrémisme violent », conformément à la recommandation numéro 5 de la déclaration de Bamako à laquelle l’institut souscrit pleinement.
A l’issue de sa participation à la rencontre historique de Bamako, Timbuktu Institute a ainsi décidé de proposer sa coopération et son appui à ONUFEMMES, UNOWAS, G5 Sahel et à l’Union africaine (UA) dans le cadre du renforcement des capacités des réseaux de femmes et des jeunes œuvrant sur la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation débouchant sur le terrorisme.
« La fusion des groupes djihadistes est une anticipation du redéploiement de Daech dans le Sahel » (Bakary Sambe, BBC) Trois groupes jihadistes du Sahel ont annoncé la fusion de leurs organisations dans une vidéo diffusée par l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar.
Le groupe est formé d’Ansar Dine, Al-Mourabitoune et l’Emirat du Sahara, une branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. L’alliance sera dirigée par le chef malien Iyad Ag Ghaly, leader d’Ansar Dine. Le nouveau mouvement est baptisé « groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ».
Bakary Samb est le directeur du Timbuktu Institute-African Center for Peace studies.
Raïssa Ioussouf lui a demandé si cette alliance était liée à l’installation des autorités intérimaires dans le nord du Mali.
Pour écouter le son: http://www.bbc.com/afrique/region-39150052
Disparition de Serigne Cheikh Ahmed Tidians Sy: Timbuktu Institute salue la mémoire d’un grand soufi et homme de paix.
« L’implication de la communauté éducative et des leaders religieux, dans le cadre d’une démarche inclusive, est au cœur de notre action de prévention et de consolidation de la cohésion sociale au Sénégal contre toutes formes d’extrémisme et de discours de haine », souligne Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, qui avait initié à Kaolack, le 25 mars 2017, la « Marche pour la Paix » dans le cadre du programme national « Educating for Peace », soutenu par l’Ambassade des Etats-Unis du Sénégal.
« Ils s’étaient recroquevillés dans des groupes sur les réseaux sociaux pour se faire oublier au moment où la menace terroriste et les mesures sécuritaires constituaient une épée de Damoclès en atténuant leurs positions sur les confréries pour gagner des alliés circonstanciels. Et il y a eu, ces derniers temps, une forme de mise en confiance qui les a relativement normalisés. J’ai toujours contesté la thèse selon laquelle, ils n’étaient pas pour la violence et soutenu le fait qu’ils n’ont pas encore les moyens de la violence physique. Ils sont tous les jours sur le terrain de la violence symbolique en s’attaquant à la foi des autres, en chassant des Musulmans qui ne leur ressemblent pas des mosquées à Rufisque, de Guédiawaye et sur le campus de Dakar », analyse longuement, le Dr. Bakary Sambe, suite aux sorties des leaders salafistes contre le système confrérique sénégalais, « leur ennemi à abattre pour faciliter la jonction avec les courants extrémistes extérieurs avec des enjeux financiers énormes », rappele t-il.
Les attaques récurrentes, ces derniers temps, contre le mouridisme notamment et les autres confréries de la part de responsables salafistes, relèveraient selon Bakary Sambe, d’ « un agenda global que ces mouvements n’ont jamais abandonné malgré des accommodations et même les tentatives d’infiltration des confréries ».
Il signale que « la déclaration des mouvements et associations mourides arrive à son heure et c’est un signe de prise de conscience d’un danger rampant cherchant à saper notre cohésion sociale et notre modèle religieux garant de la stabilité et de la coexistence entre les communautés de ce pays. Le Sénégal est le hub final visé comme l’ont souligné les dernières menaces d’Iyad Ag Ali. Aujourd’hui, ce sont les confréries, demain ce sera l’État ».
Pour le spécialiste sénégalais du militantisme islamique et des réseaux transnationaux, « le projet n’a jamais changé depuis l’ouvrage Adwa’un Ala Sinighâl (Lumière sur le Sénégal) dans les années 90 où cette tendance expliquait que la réalisation d’une société sénégalaise véritablement islamique ne sera possible qu’après la disparition des confréries et la connexion du Sénégal à l’islamisme mondialisé. »
« En fait, il ne leur reste plus que le Sénégal avec des confréries comme rempart et qui est demeuré, jusqu’ici, un îlot de stabilité dans un océan d’instabilité qu’est notre sous-région. Ils ont semé leurs graines au Mali et le terrorisme y pousse allégrement au Nord comme au centre avec un pays déstabilisé pour encore plusieurs années Le salafisme politique a mis le feu partout où on lui a laissé le terrain libre sans des systèmes de résistance comme nos confréries : Afghanistan, Mali, Nigéria, etc »
D’après Bakary Sambe, « ces mouvements salafistes n’ont jamais abandonné un tel projet ». Il revient à ce propos sur la thèse de Mouhammad Ahmad Lô soutenue en Arabie Saoudite, sur « la sacralisation des personnages dans la pensée soufi », largement diffusée avec des moyens financiers colossaux et qui considérait la majorité des Sénégalais comme des « impies » (kuffâr) en s’attaquant aux confréries qu’il a accusées de « Shirk », d’associationnisme ». Et, on connaît la logique, s’ils vous déclare impie votre sang devient « halal », licite ! (damuhum halal). « Ces théories sont librement enseignées à Dakar et les salafistes sont en train d’élargir leur champ d’action notamment dans la région de Louga avec un appui médiatique et logistique, tel qu’une récente recherche scientifique l’a bien mis en évidence ».
« Les dirigeants salafistes ont profité d’une simple déclaration d’un jeune garçon que tous les responsables mourides ont vigoureusement dénoncée pour s’attaquer au mouridisme avec des accusations de « Shirk », alors que Serigne Touba a consacré pas moins de 19 écrits célèbres au Tawhid. « Ils cherchent toujours la faille pour réaliser leur projet avec des moments de repli et des temps d’action quand ils se sentent en force; c’est ce qui a amené leur chef de file, de manière à peine voilée, à s’engouffrer dans la brèche pour s’attaquer au respectable Serigne Mountakha Mbacké », martèle Bakary Sambe.
Selon le Directeur du Timbuktu Institute, la thèse d’Ahmad Lô, qui a qualifié la Tijaniyya de voie « hérétique », à l’époque décriée par feu Cheikh Tidiane Gaye de Louga, a maintenant fait des émules et que les mouvements salafistes, dans leurs différents courants –frères musulmans dans nos campus comme wahhabites dans la banlieue – sont depuis longtemps dans une stratégie de « Taqiyya » ; cette « ingénieuse manière de dissimuler leur agenda, le temps que le rapport de force leur devienne favorable. C’est ainsi qu’ils essaient d’endormir les autorités politiques en infiltrant même les partis politiques jusqu’à l’Assemblée nationale »
« Ils sont la porte de pénétration de notre pays par des réseaux étrangers hostiles à notre modèle politique démocratique et religieux confrériques. Les signaux et les gages de loyauté sporadiques à l’Etat et à ses autorités ne sont que pure duperie. Leur agenda n’est pas le nôtre, n’est pas dans l’intérêt de la stabilité de notre pays », conclut Bakary Sambe qui appelle à une « prise de responsabilité des autorités » telle qu’y a insisté la déclaration des mouvements et collectifs scientifiques mouride.
En partenariat avec l’Association « Entente Féminine pour le Développement du Sénégal », Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies (Observatoire des Radicalismes et Conflits Religieux en Afrique) de Dakar, organise dans le cadre du programme d’actions pour l’éducation à la paix et le renforcement de la cohésion sociale en appui aux efforts de l’Etat du Sénégal, «Educating for Peace» une conférence de sensibilisation autour du thème : « Contre l’extrémisme violent et pour la paix : Quels rôles pour les femmes leaders du Sénégal ? ».
Ce panel sera animé par Madame Ndèye Sagar TALL et Madame Kiné SOW, Islamologue avec la participation de Imam Pape SAMBE, accompagné de Chérif Ibou Seyni Laye Thiaw et de Cheikh Ahmadou BASS, Taalifkaat (poète en wolof). Ce programme d’éducation et de vulgarisation des messages de paix en milieu scolaire est soutenu par l’Ambassade de Etats-Unis à Dakar.
La conférence aura lieu le Mercredi 19 avril 2017 à 15h à la Grande Place du Terminus Liberté V et sera modérée par Mme Yague Samb, en charge du Pôle Dialogue Politique et Résolution des Conflits de Timbuktu Institute avec la participation des chefs religieux et des associations féminines du Sénégal.
En collaboration avec l’Entente Féminine pour le Développement Sénégal et les responsables religieux, Timbuktu Institute a organisé la grande conférence des femmes leaders, intitulé : « Les femmes leaders du Sénégal s’engagent contre l’extrémisme violent », le mercredi 19 avril 2017 dans le cadre de son programme d’actions pour la paix et la cohésion sociale au Sénégal « Educating for Peace ».
En organisant cet événement populaire, Timbuktu Institute appelle toutes les femmes de tout âge, de toute catégorie socio-professionnelle, de toute religion à s’ériger en tant que remparts contre la radicalisation et l’extrémisme violent, en tant qu’éducatrices et protectrices des valeurs de cohésion sociale et de paix à défendre sans relâche pour le bien de notre monde, de notre pays, de nos communautés, de nos familles et de nos enfants la devise de Mothers for Peace, « Engagées, nous sommes les digues protectrices de la paix ». C’est donc plus qu’un simple concept mais il s’agit avant tout d’une invitation à l’engagement des mères, qui sont au cœur de la cellule familiale au Sénégal, contre les fléaux de la radicalisation des jeunes et de l’extrémisme violent.
Lors de cette manifestation publique, la communauté religieuse, issue des différentes confréries soufies, représentée par Chérif Ibou Seyni Laye Thiaw et Imam Pape Sambe se sont exprimés sur l’importance de la femme et l’éducation des enfants dans la tolérance et le respect. Ensuite, des poèmes (en wolof et en arabe), mettant en valeur les femmes en tant qu’éducatrices et actrices de paix ont été prononcées. Selon Abdoulaye Ndiaye, jeune étudiant en arabe au Lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack, « la mère est en elle-même une patrie car elle est le professeur des professeurs. C’est elle qui a éduqué les professeurs. Elles sont en train de façonner notre monde sans qu’on le sache ».
Enfin, dans la volonté d’étendre cette initiative, Dakar constitue le point de départ de cette plateforme de femmes leaders. Selon Mme Yague Samb, Responsable du Pôle Dialogue Politique et Gestion des Conflits, « cette initiative sera répétée dans d’autres régions du Sénégal et nous avons l’ambition de poursuivre en Afrique à la rencontre d’autres femmes pour les capaciter et promouvoir leur engagement contre la radicalisation et l’extrémisme violent sous toutes ses formes ».
« La grande question pour les Etats laïcs d’aujourd’hui est qu’ils sont, paradoxalement, contraints de gérer et d’interférer dans le religieux face à la montée de l’extrémisme violent et d’autres problématiques liées à ce domaine sensible », remarque Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute- qui organise, jeudi prochain, à Mermoz (Dakar) dans les locaux d’OSIWA à 9h, ce séminaire en collaboration avec l’ISERL, l’Institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité de l’Université Lumière Lyon 2 (France).
Ce séminaire verra la participation de chercheurs belges, français, et sénégalais, canadiens de divers horizons disciplinaires.
Seront traités, sous différents angles, les cas du Mali, du Burkina Faso, de la Belgique, de la France, du Canada et du Sénégal dans le cadre d’un débat visant à faciliter des échanges avec décideurs politiques mais aussi les partenaires internationaux.
Son attendus notamment, les Professeurs Philippe Martin et Jean-Pierre Chantin de France mais aussi l’intervention de spécialistes belges, sénégalais comme Pr. Babacar Samb, Dr. Selly Bâ, Dr.Bakary Sambe, Dr. Seydou Khouma, Dr. Serigne Bamba Gaye de même que des représentants de think tanks et de la société civile, tels que Cheikh Guèye d’Enda Tiers-monde, Yague Samb.
Selon cette dernière,, chargée du Pôle « dialogue politique et de la résolution des conflits » chez Timbuktu Institute, « ce séminaire sera un cadre d’échanges sur les expériences des différents pays faisant face à ce paradoxe afin de dégager des pistes pour une réflexion plus approfondie et inclusive sur cette situation que vivent nos pays notamment dans l’espace francophone ».
La redaction
Timbuktu Institute- African Center for Peace Studies en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann, a mené une étude préliminaire sur les femmes et la prévention de l’extrémisme violent dans le cadre d’un projet test de recherche-action confiné à Bamako et environs qu’il vise à élargir dans les autres régions du Mali. Présenté ce 23 mai l’étude fait ressortir les difficultés que vit cette « matrice faible et en lutte ». Elle met en exergue l’extrême vulnérabilité des femmes, leur engagement rarement mis en valeur dans la prévention, mais aussi le besoin de renforcement des capacités de la société civile de même que la situation alarmante des droits des femmes face à des institutions religieuses très influentes malgré la confiance des femmes vis femmes vis-à-vis de l’Etat. Ce dernier est même plébiscité devant les partenaires internationaux sur fond d’inquiétudes quant à la stabilisation du pays et rôle de la MINUSMA. L’enquête a été menée par deux chercheurs en janvier dernier par Mmes Yague Samb et Yousra Hamdaoui sous la direction scientifique du Timbuktu Institute. Dr. Bakary Sambe, directeur de l’institut et coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, revient, dans cette interview, sur les grandes lignes de cette étude préliminaire et nous en donne un aperçu analytique dans cette interview.
Votre étude préliminaire s’est limitée à Bamako, où sont localisées le gros des organisations de femmes et femmes leaders.
Qu’est ce qui en ressort sur la perception des femmes du radicalisme et de l’extrémisme violent ?
Cette étude a surtout alerté sur la grande vulnérabilité socioéconomique des femmes. C’est une étude de perception qui s’est servie de la méthode CAP (connaissance, attitude et pratiques) pour mieux comprendre comment les acteurs eux-mêmes voient et analysent les phénomènes. Les femmes maliennes ainsi que les organisations féminines interrogées dans le cadre d’un questionnaire et de focus groupes à Bamako et Senou avec une présence importante de réfugiées, estiment que les deux facteurs les plus importantes de l’extrémisme violent restent la pauvreté (47%) et pour 40% ce serait le chômage. Cela prouve encore cette vulnérabilité qui nécessite des solutions urgentes aussi bien de la part de l’Etat que des partenaires internationaux du Mali.
Quel rôle les femmes peuvent-elles jouer contre le phénomène de l’extrémisme violent ?
Vous savez, les femmes ont une prédisposition dans la lutte contre l’extrémisme. Il est vrai qu’on les présente surtout comme les premières victimes de l’extrémisme violent mais on insiste rarement sur leur capacité à faire face à ce phénomène. Il faut rappeler que les femmes et les organisations féminines étaient presque seules à faire face à l’extrémisme religieux lorsqu’il menaçait leurs droits dans les années 1990s. Les hommes et surtout les hommes politiques ont attendu que le radicalisme devienne un enjeu sécuritaire pour le prendre au sérieux. Les femmes interrogées mettent à nu deux « grandes failles» dans les dispositifs nationaux et internationaux de lutte contre l’extrémisme : pour 63% d’entre-elles la société civile n’est pas assez outillée pour jouer pleinement son rôle contre ce phénomène, elles pensent aussi à 52% que les femmes ne sont pas assez impliquée dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent. Pourtant différentes expériences montrent que les femmes sont capables de développer des formes de résilience communautaire méritant d’être prises en compte dans les différentes stratégies. Il suffit que leur rôle soit mieux valorisé notamment en ce qui est de la prévention auprès des plus jeunes.
En quelles institutions les femmes ont-elles confiance pour lutter efficacement contre l’extrémisme violent ?
Malgré des critiques assez sévères contre les institutions politiques, les femmes placent l’Etat en tête des acteurs capables de lutter contre l’extrémisme (28%). Viennent ensuite les Nations Unies (13%), puis la CEDEAO (12,5 %), la MINUSMA (11,5%) ou encore la France (8,5%). Il est intéressant de voir qu’elles dissocient les Nations Unies en général comme système de la MINUSMA en tant que mission de stabilisation dont la présence et l’action divisent les personnes interrogées dans le cadre de l’étude et qu’elles spécifient le rôle de la France avec un taux de confiance de 8.5% bien qu’elle soit est un acteur important de la lutte contre le terrorisme au Mali et au Sahel.
Dans le projet test, il est aussi question des droits des femmes, un sujet qui divise au Mali. Qu’en dit l’étude?
La situation des droits des femmes telle qu’analysée par les femmes et les organisations féminines maliennes n’est pas rassurante. Les femmes s’alarment de l’absence de « courage politique » mais aussi une forme d’inertie de la communauté internationale ou en tout cas l’absence de pression sur les autorités politiques. L’étude dénote ce grand paradoxe sur la position des femmes vis-à-vis de l’institution étatique. Cette percée de l’Etat comme acteur le mieux placé pour la lutte contre l’extrémisme dans un contexte où l’on assiste à un recul notoire des droits des femmes est très surprenante d’autant plus que pour beaucoup de femmes leaders, les autorités politiques n’ont jamais su tenir leurs positions face aux pressantes manifestations des associations religieuses contre la promulgation du fameux code de la famille et de la personne. Dans la perception de femmes et des organisations les représentant, la situation semble perdurer aujourd’hui, suite au « soutien décisif des associations islamiques à l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités issues des élections de 2012 ».