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En collaboration avec le Club de Philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Timbuktu Institute organise la seconde session du « débat participatif estudiantin » sur l’importance de la prévention de l’extrémisme, ce jeudi 20 juillet 2017 à 15 H à la Salle Soweto.

Ce débat participatif sera animé par les représentants des différentes communautés et organisations  religieuses du Campus de l’UCAD, musulmanes et chrétiennes, confrériques et réformistes autour de la thématique « Extrémisme violent : Tous concernés ? Comment agir ? ». Il sera introduit par Dr. Bakary Sambe directeur du Timbuktu Institute, coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) avec un témoignage d’un survivant de l’occupation djihadiste dans le nord du Mali.

Cette activité du programme « Educating for Peace » entre dans le cadre de l’appui aux efforts de l’Etat du Sénégal pour le renforcement de la cohésion sociale et la culture de la paix. Elle vise à mieux responsabiliser les communautés et les leaders religieux dans la prévention de l’extrémisme ainsi que le renforcement de leurs capacités dans la construction des résiliences communautaires.

« Educating for Peace » qui a déjà mené plusieurs actions dans les établissements secondaires en collaboration avec la communauté éducative, est un programme de consolidation de la paix et de la cohésion sociale au Sénégal soutenu par l’Ambassade des Etats Unis à Dakar.

Timbuktu Institute a organisé la 2e session du « débat participatif estudiantin » sur l’importance de la prévention de l’extrémisme En collaboration avec le Club de philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar

pour regarder la vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=klwNaap-nSk&feature=youtu.be

« La Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) appelait déjà à mettre en place des « interventions audacieuses » dans le domaine de la population au vu des sensibilités culturelles et religieuses. C’est du reste pourquoi la CIPD dans ses principes avaient déclaré que « La mise en œuvre des recommandations figurant dans le programme d’action est un droit souverain que chaque pays exerce de manière compatible avec ses lois nationales et ses priorités en matière de développement, en respectant pleinement les diverses religions, les valeurs éthiques et les origines culturelles de son peuple, et en se conformant aux principes des droits de l’homme universellement reconnus[1] »

« L’audace, c’est d’aller vers certains de ces gardiens de religions et cultures, ouvrir des discussions sans complexes et sans préjugés sur la façon de travailler ensemble pour le bien- être des populations. Car comme dit un principe du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), depuis que la culture est mise en exergue : « Nous savons tous que le changement qui contribue à l’universalité des droits de l’homme dans divers contextes culturels ne peut être imposé de l’extérieur ; pour perdurer, il doit venir de l’intérieur. La culture compte parce que les traditions et les croyances culturelles sont souvent plus fortes que les lois… Les institutions religieuses, à travers leurs dirigeants ainsi que les organisations y affiliées, sont les agents importants du changement pour influencer leurs sociétés à réduire les stigmatisations et discriminations, et occasionner le changement qui émane de l’intérieur des communautés elles-mêmes ».

C’est dans ce cadre que doit être envisagé le nouveau paradigme de l’accélération d’une transition démographique pour permettre très rapidement aux pays africains de tirer profit du dividende démographique. Comment faire pour tirer le maximum de profit de ce dividende démographique ? L’UA a adopté  une feuille de route qui met l’accent sur un des éléments clés, la jeunesse avec quatre piliers à mettre en exergue : l’emploi et l’entreprenariat, l’éducation et le développement des compétences, la santé et le bien-être, les droits, la gouvernance et l’autonomisation de la jeunesse.Mais comment mettre en action de façon pratique ce plan tout en impliquant tous les acteurs dans la dynamique d’une participation volontaire, éclairée, multidisciplinaire et sans méfiance aucune ?

Au-delà des techniciens du gouvernement, du personnel des institutions nationales et internationales, des ONG qui vont travailler sur ces différents projets pour mener vers une transition démographique, la participation massive et éclairée des gardiens des traditions, des cultures, et des religions est cruciale comme mentionnée plus haut. Sachant que dans nos sociétés africaines, la religion, les us et coutumes sont au début et à la fin de toutes les décisions et actions des populations, il est donc primordial d’approcher les garants de ces religions et cultures pour les informer et les former sur les questions de population pour qu’ils influent positivement sur les actions des membres de la communauté. Ils peuvent être une courroie de transmission très efficace de la bonne information aux cibles pour amorcer un changement dans le domaine population et développement et dans le domaine du changement social. L’UNFPA a une longue expérience de travail avec les réseaux confessionnels et traditionnels qu’ils soient nationaux, régionaux ou internationaux.

Le thème de l’année 2017 de l’UA : «Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse » donne une occasion de collaborer avec les confessions religieuses et les réseaux confessionnels musulmans existants. En effet,  Les pays du sahel dont la majeure partie de la population est de religion musulmane ont une croissance démographique qui est l’une des plus fortes au monde, avec une population dont les 45 % sont âgés de moins de 15 ans. L’indice synthétique de fécondité varie de 5 à plus de 7 suivant les pays, et leurs faibles taux de prévalence contraceptive sont en deçà de la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui est de 24%. Les raisons de ces faibles prévalences contraceptives les plus évoquées sont les pesanteurs culturelles ou la désapprobation de la communauté qui encourage parfois les femmes à maximiser leur fertilité et à commencer à procréer à un âge précoce, la faible scolarisation des filles et son corollaire le manque d’accès à l’information sur les méthodes contraceptives modernes.  L’âge au premier mariage reste généralement très bas dans la région, Il est inférieur à 18 ans dans presque tous les pays.

Cependant les membres de ces confessions religieuses ont besoin d’être informés et formés sur la problématique de la transition démographique et du dividende démographique pour être mieux armés afin de formuler des messages et les faire passer aux communautés et aux familles. Pour ce faire, l’UNFPA a organisé en juillet 2017 d’un : Symposium  sur Islam, Dividende démographique et bien-être familial.

Les travaux qui sont ouverts ce matin se poursuivent au Palais des congrès de Ndjamena jusqu’au 27 juillet 2017

(Extrait de la note conceptuelle du Symposium)

Etude Timbuktu Institute sur « Religion et religieux dans les élections législatives au Sénégal »

Pour télécharger le PDF: lettre de l’observatoire Législatives Sénégal

Bakary Sambe, enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, est coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique et directeur du think tank Timbuktu. Pour lui, les terroristes ont « la volonté de faire du Burkina Faso un pays carrefour, un espace d’extension des zones d’intervention des groupes jihadistes ».

L’attaque d’un restaurant à Ouagadougou dimanche 13 août, suivie d’une prise d’otages, est-ce que c’est exactement le même scénario qu’il y a un an et demi, le 15 janvier 2016, au café Cappuccino et à l’hôtel Splendid, ou voyez-vous des différences ?

Bakary Sambe : Le modus operandi de la dernière attaque laisse croire quand même à une similitude par rapport aux attaques qu’on a connues avec le Cappuccino et le Splendid. Mais tout de même le Burkina Faso n’a pas cessé d’être attaqué depuis les attentats de 2015 et de 2016.

En novembre 2016, il y avait déjà un double attentat à Soum, à Djibo et à Pétéga, avec des attaques à Ariel. Et en mars 2017, les mêmes attaques à Baraboulé. Et trois autres attaques, en juin, dans la région de Soum.

Donc toutes ces localités – les localités de Titabé, de Sentangué, de Tin-Akof -, ont continué à être la cible des jihadistes, et de manière continuelle. C’est dire que le Burkina Faso, dont le premier attentat marquait la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest, commence malheureusement à s’habituer au phénomène jihadiste. Et ce dans un pays qui a constitué un exemple de stabilité, un modèle de cohabitation et où règne une véritable cohésion sociale.

Pour vous, c’est ce modèle que sont venus attaqués les jihadistes ?

Le Burkina Faso symbolisait un modèle, dans le sens de la cohabitation pacifique entre toutes les communautés religieuses, que le jihadisme veut remettre en cause. Notamment avec l’émergence de jihadisme endogène, avec d’Ibrahim Malam Dicko et son groupe Ansarul Islam qui constitue une nouveauté, si l’on sait que jusqu’ici, c’était plutôt les groupes transnationaux – comme Al-Mourabitoune, al-Qaïda au Magrheb islamique, etc. – qui opéraient dans cette région du Sahel.

La société burkinabè est-elle perméable aux divisions religieuses ?

Je crois qu’il y a une capacité de résilience au Burkina Faso – on la trouve d’ailleurs en Côte d’Ivoire -, qui fait qu’il sera difficile d’arriver à un jihadisme de masse dans ce pays-là. En tout cas au niveau de la population, qui a encore des capacités de résilience, des capacités de régénérer ses ressources cultuelles, qui ont été à la base de ce modèle tant cité en Afrique de l’Ouest.

Quelles peuvent être les autres raisons qui font du Burkina une cible privilégiée des jihadistes aujourd’hui ?

Il y a aussi la volonté de faire du Burkina Faso un pays carrefour, un espace d’extension des zones d’intervention des groupes jihadistes. Il faut quand même noter que, au Burkina Faso, pas moins de six groupes sont impliqués dans des enlèvements et des attaques : Ansar Dine, le Front de libération du Macina, l’État islamique dans le Grand Sahara, Ansarul Islam d’Ibrahim Malam Dicko. Et tant d’autres.

Si l’on sait que ce pays aujourd’hui est entenaillé avec des plusieurs opérations militaires en même temps : l’opération Celo qui est menée par les forces maliennes dans le nord-ouest, l’opération Tapoa à l’est du pays, et l’opération Segéré au Nord en alliance avec les forces togolaises.

 « On ne peut pas se contenter seulement de solutions sécuritaires. Si les solutions militaires étaient des solutions durables entre le terrorisme ou contre l’extrémisme, il n’y aurait pas encore de talibans en Afghanistan »

Néanmoins, tout semble avoir commencé en 2015 ?

Il y a eu une forme de rupture avec le départ de Blaise Compaoré. Tant que cette forme de… je ne dirais pas de « Gentlemen’s Agreement »… existait, le Burkina était épargné. A partir de la transition et de la fin de la transition, et le départ de personnalités comme Diendéré [lors putsch manqué du général burkinabé Gilbert Diendéré en 2015] ou d’autres, on voit quand même qu’il y a une détérioration du climat sécuritaire.

Bamako au Mali, Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, Ouagadougou : assiste-t-on à une progression inexorable du jihadisme vers le Sud, à partir du Mali ?

Avec les frontières maliennes qui ne sont plus seulement un problème pour le Mali, mais un problème pour tous ses voisins. Rappelons-nous que Grand-Bassam, cela a été effectué à partir des frontières maliennes ; les premières attaques sur le Burkina Faso aussi, c’était aussi à partir de ces mêmes frontières maliennes.

C’est-à-dire avec le phénomène de « ventre mou », on est rentrés dans une généralité de la vulnérabilité de tous ces pays-là, et que les exceptions n’existent plus.

Les chefs d’Etat appellent à renforcer la lutte contre le terrorisme au Sahel. Est-ce que le G5 [Mali, Tchad, Niger, Mauritanie et Burkina Faso] est la solution ?

On ne peut pas se contenter seulement de solutions sécuritaires. Si les solutions militaires étaient des solutions durables entre le terrorisme ou contre l’extrémisme, il n’y aurait pas encore de talibans en Afghanistan malgré une quinzaine d’années de présence américaine ; Il n’y aurait plus le jihadisme au nord du Mali avec Serval et Barkhane.

Mais je crois que les politiques d’ajustement structurels sont venues dans les années 1990 affaiblir nos États, puis complètement le système éducatif, ce qui a donné beaucoup plus de visibilité à ces groupes-là qui se substituent à l’Etat et profitent des vulnérabilités, profitent aussi de la porosité des frontières. A côté, des solutions sécuritaires qui s’imposent pour la gestion des urgences, il faut réfléchir à une véritable stratégie préventive en amont, avec des solutions de développement, l’éducation.

Pour écouter Inviter Afrique: https://www.youtube.com/watch?v=7Pv8R8YOt3E

Plus d’une semaine après, l’attaque terroriste de Ouagadougou n’est toujours pas revendiquée. Cela rompt d’avec les pratiques des groupes terroristes qu’oppose même une certaine concurrence dans la région. Dans cet entretien, le Directeur de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies (Dakar) analyse cette « situation assez singulière ».

Pour Bakary Sambe, « au début, certains indices comme le retard de la revendication avaient dirigé les analystes vers la piste Etat Islamique qui ne disposerait pas encore d’un appareil de communication huilé dans cette région assez éloignée du centre de commandement, mais aussi en se penchant sur les précédentes attaques attribuées à Abul Walid Al-Sahraoui qui cherche un territoire de déploiement dans la région ».

Mais, soutient le spécialiste des réseaux transnationaux,  « de plus en plus, on pourrait penser que  le fait que l’attentat ait touché des victimes qui comptent parmi les plus grands prédicateurs salafistes comme les deux koweïtiens et le Cheikh Tano, a dû mettre les commanditaires dans un certain embarras, ne pouvant pas justifier au niveau de leur base affective de s’en prendre à des personnalités jugées proches idéologiquement. »

« Ils ne peuvent pas facilement admettre d’avoir commis un attentat qui a coûté la vie à des acteurs salafistes aussi importants comme Cheikh Walid El Aly et Cheikh Fahd Al-Housseiny, proches de la mouvance d’Ihyâ Turâth qui répand l’idéologie wahhabite dans le monde et dans la région avec plusieurs voyages déjà effectués en Guinée, Gambie mais aussi des liens avec des groupes salafistes sénégalais identifiés », explique le coordinateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique. « Pour toutes ces raisons, il faut absolument redoubler de vigilance », insiste-t-il.

« On dirait même que cette dernière attaque de Ouagadougou semble avoir plus touché les mouvances radicales africaines qui ont beaucoup communiqué à travers des condamnations aussi claires comme jamais auparavant », souligne le directeur de Timbuktu Institute.

Et cela « expliquerait aussi, d’après lui, que des communiqués aient émané de différents mouvements islamistes qui n’ont jamais réagi officiellement de la sorte ces dernières années ni contre les exactions récurrentes de Boko Haram, d’Aqmi au Mali et encore moins les attentats de Bassam ou la destruction des mausolées de Tombouctou bien avant ».

Selon toujours Bakary Sambe, « il faudrait déplorer le fait que dans le communiqué des acteurs proches de la mouvance wahhabite, de la Ligue des anciens étudiants sénégalais d’Arabie Saoudite dirigée par Mohamed Ahmad Lô et d’autres mouvements islamiques sénégalais, on puisse noter une hiérarchie des indignations contre cette horrible attaque, différenciant, de manière indécente, entre musulmans et non musulmans mais aussi qualifiant, arbitrairement, certains de victimes et d’autres de martyrs selon leurs obédiences ».

« Cette pratique qui en dit long sur une certaine proximité idéologique a, d’ailleurs, beaucoup choqué au Burkina Faso, un pays africain frère, où la population a encore une fois montré son unité conformément à l’harmonieuse tradition de cohabitation religieuse que les djihadistes essaient, d’ailleurs, de détruire », conclut Dr. Bakary Sambe.

Le Pôle « Intelligence stratégique et Alerte Précoce » de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies de Dakar,  organise, le Mardi 5 septembre à 15h à la Maison de la Presse (sis Corniche), sa conférence de rentrée sur : «La stratégie africaine des nouveaux acteurs de la coopération : Cas et typologies de l’Inde et du Maroc ».

La conférence-débat sera co-animée par Alioune Ndiaye, de l’Université de Sherbrooke (Canada) auteur de « L’Afrique dans la politique étrangère indienne : les nouvelles ambitions africaines de New Delhi » et Dr. Bakary Sambe auteur de « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc ». Elle sera modérée par le journaliste politologue Yoro Dia.

Seront abordées lors de cette conférence ouverte au monde de la recherche et aux décideurs, les sous-thèmes suivants : « L’Inde comme puissance émergente : quelles implications sur la politique africaine » et « Le Maroc en Afrique : entre diplomatie religieuse et conquête économique ».

Cette conférence de rentrée qui entre dans le cadre des études stratégiques de l’Institut est organisée en partenariat avec IntellAfrica active dans l’intelligence économique et les Relations publiques, d’Oméga Finance, du Centre d’études sur le partenariat Indo-africain et Eclore-France.

Le triste anniversaire des attentats du 11 septembre coïncide, cette année, avec un contexte où l’idée d’un retour en force en Afghanistan agitée par l’Administration Trump, « préoccupe tous  les partisans de la paix et d’une meilleure solidarité entre les peuples surtout à l’ère des menaces transnationales », déclare le Dr. Bakary Sambe enseignant-Chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, joint par la rédaction à cette occasion. Il rappelle que « des soldats américains s’y trouvent encore et qu’on espérait plutôt une désescalade ».
« Le monde se souviendra toujours avec tristesse et émotion de cet attentat meurtrier et barbare qui a changé la nature même du terrorisme ; ce mal du siècle qui instaure la vulnérabilité en partage au sein de la communauté internationale », soutient Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies.
Sambe rappelle que «pour rendre hommage aux victimes de tous les pays, aux Etats-Unis comme quotidiennement au Sahel, le monde entier doit, aussi, se mobiliser davantage contre le terrorisme qui n’épargne plus aucun territoire, une mobilisation qui doit contribuer à la promotion de la culture de la paix »
Rappelant que « les jeunes nés en 2001 sont ceux-là mêmes qui sont dans les collèges et lycées du Sénégal que nous parcourons, aujourd’hui, dans le cadre du Programme  « Educating for Peace » ; ils ont plus besoin d’une culture de la paix que de discours de guerre. Ils nous expriment plus l’envie d’un monde sans violence faisant bloc contre tous les extrémismes politique comme religieux »

Pour le coordonnateur de l’Observatoire des Radicalismes et Conflits religieux en Afrique (ORCRA), « le discours belliciste de Donald Trump ne rassure guère ». Il affirme que « Barack Obama avait pourtant fait des pas appréciables dans la pacification de la narrative américaine envers le monde musulman lors du discours historique du Caire dans l’enceinte même de l’Université d’Al-Azhar  et qui signait un nouveau départ allant jusqu’à la nomination d’une envoyée Spécial au monde musulman, Mme Sarah Pandith, à l’époque».

« Nous devons nous évertuer à ce que les tristes leçons du passé puissent servir dans le cadre de la construction et de la consolidation de la paix et il ne faudrait pas opposer le peuple américain au monde musulman. Ils gagneraient à mieux se connaître et à se respecter. Lors d’un voyage d’étude aux Etats-Unis (IVLP 2008), je m’étais rendu compte que l’urgence était plus de combattre ensemble une méconnaissance mutuelle par le dialogue et le respect. Une kalachnikov n’a jamais défait une idéologie; il faut plus d’écoles que de chars », rappelle Dr. Sambe.

Exprimant son inquiétude, il conclut que « toute surenchère militaire rappelant de mauvais souvenirs de l’ère Bush serait dommageable pour les relations et la coopération nécessaire entre les Etats-Unis et le monde musulman qui sont, tous les deux, aussi interpellés par le même défi du terrorisme ».

Source: dakaractu.com

En un peu plus d’une décennie, le Mali comme le Sahel, est devenu l’un des points les plus chauds des conflits armés en Afrique et fait l’expérience, de façon inédite, du terrorisme, qui gagne du terrain. Les pays du G5 Sahel tentent de répondre à ces menaces en mettant sur pied une force commune pour combattre les groupes djihadistes, qui utilisent notamment le Nord Mali comme base de repli. Alors que cette force est en passe de devenir opérationnelle, des voix s’élèvent contre cette énième réponse sécuritaire et plaident pour une analyse plus profonde des causes des conflits qui ne soit pas uniquement axée sur le tout sécuritaire.

Le Mali, dont une partie importante du territoire échappe au contrôle de l’État, est une zone durement touchée par la crise sécuritaire sahélienne, où les conflits armés à grande échelle sont récurrents et la violence très répandue. Le principal facteur responsable de cette situation préoccupante serait, selon certains observateurs, si on devait le résumer en un seul mot, « l’injustice », rendue permanente ou persistante par son corollaire politique : État en déficit, mal gouvernance, corruption, crises alimentaires successives, frustrations accumulées. « Il y a une grande masse de la population qui est là, dans une situation désastreuse. D’année en année, les choses s’aggravent. Donc, à mesure que l’injustice grandit, il y a des réactions violentes et différentes forces qui essaient de tirer profit de cela », explique Moussa Tchangari, Secrétaire général d’Alternative Espaces Citoyens, à Niamey et membre de la Fondation Frantz Fanon. Les djihadistes profitent de ce « terreau favorable » créé par ces injustices pour islamiser le conflit, utiliser les frustrations pour recruter indéfiniment et attirer l’Occident dans le piège de l’intervention. « Les terroristes sont aussi des gens révoltés, qui pensent avec leurs actions pouvoir apporter un changement qui aille dans le sens de leur propre agenda politique», poursuit le chercheur.

Erreurs et stratégies Cette situation, qui échappe au contrôle de l’État, est gérée par les forces étrangères de la communauté internationale, installées dans le pays, qui doivent aider à trouver une solution. « Dans cette crise, la communauté internationale a au moins 40 ans de retard », lance le Dr Bakary Sambé, enseignant-chercheur, coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique et directeur du think tank Timbuktu. « Dans les années 70, elle n’avait pas les moyens de fournir de l’aide à l’Afrique, frappée par la sécheresse, à cause du choc pétrolier qui touchait l’Europe et les États-Unis. Les pays vendeurs de pétrole ont utilisé la prédication et l’humanitaire pour s’implanter au Sahel. Puis, dans les années 80, la communauté internationale a commis une deuxième erreur, d’appréciation. Elle a imposé aux pays des politiques d’ajustements structurels, qui voulaient dire en quelque sorte : investissez le moins possible dans l’éducation, la santé, etc. et les puissances dites islamistes sont venues carrément occuper le terrain, via des centres culturels, des écoles, des services sociaux de base, pendant que l’État tentait de faire face au défi du déficit d’État. 40 ans après, la communauté internationale élabore des stratégies Sahel pour combattre les terrorismes, alors qu’ils sont là depuis 40 ans. La situation conflictuelle est en partie due à ces deux erreurs », affirme l’enseignant-chercheur.

Armes contre idéologie Toujours est-il que pour faire face à la situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel, les pays du G5 (Mauritanie, Tchad, Mali, Niger et Burkina Faso), soutenus par la France, se sont « unis face au terrorisme » et tentent de mettre sur pied une force régionale conjointe, qui comptera 5 000 militaires des cinq pays. Son centre de commandement a été inauguré le samedi 9 septembre, à Sévaré, par le chef de l’État malien, mais son financement, 450 millions d’euros annuels, peine toujours à être bouclé. Le premier bataillon de cette force dite du G5 devrait être opérationnel dès le mois de septembre et les premières opérations militaires transfrontalières menées dès le mois d’octobre. Pour autant, l’efficacité de cette énième force censée combattre le terrorisme au Sahel est loin de convaincre. « La façon dont on pose le problème n’est pas la bonne. On pense qu’on le résoudra avec une force militaire qui aura des moyens. Nos pays font fausse route. Il y a beaucoup de choses à destination de la population qui ne coûtent pas autant d’argent et qu’il faut faire. Il faut commencer par tout ce qui dépend de nous, ce pour quoi on a déjà les moyens, qui ne coûte pas d’argent mais demande de la volonté. Pourquoi ne commence-t-on pas d’abord par ça, au lieu de s’épuiser à obtenir le soutien de la communauté internationale quand on n’a pas celui de son peuple ? Ça montre vraiment le décalage », observe Moussa Tchangari. Pour le Dr Bakary Sambé, il faut privilégier les approches multiples et non seulement se concentrer sur le recours à la force pour résoudre un problème aux racines profondes. « Si la solution militaire était une solution pour combattre le terrorisme, il n’y aurait plus de Talibans en Afghanistan, alors que Trump veut y retourner. Il n’y aurait plus de djihadistes au Nord du Mali. Vous savez, je n’ai jamais vu une idéologie défaite par les kalachnikovs », conclut, sceptique, l’enseignant-chercheur.

source: www.journaldumali.com