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Timbuktu Institute, septembre 2025

La recrudescence des attaques est loin de connaître un épilogue sur le territoire malien. En effet, les Forces Armées Maliennes (FAMa) font l’objet, depuis plusieurs semaines, d’attaques enchaînées des groupes séparatistes et terroristes dans les différentes régions du pays, pérpétrées notamment par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda et le Front de Libération de l’Azawad (FLA). De la province de Boulikessi située dans le centre du pays, à Tombouctou, en passant par le sud, à Mahou (Sikasso), ou encore dans le Nord, le nombre d'attaques et de victimes ne cesse de croître. Face à cette situation de métastase du péril terroriste, d’enlisement de la situation sécuritaire et au regard des attaques quasi simultanées perpétrées aux quatre coins du Mali, se pose légitimement la question de l'efficacité du déploiement d’Africa Corps après le départ de Wagner du pays. Si certains affirment un statu quo depuis le remplacement de Wagner par Africa Corps en termes de dérives et de violations des droits humains, d’autres plus optimistes soutiennent une amélioration de la situation sur le long terme. Pendant ce temps, le débordement des épicentres fait craindre aux pays limitrophes un effet domino avec des conséquences inquiétantes sur le Sénégal et la Mauritanie voisins. Ainsi, au nom de la lutte anti-terroriste, comment interpréter l’avancée des groupes extrémistes dans la région pendant que le Mali noue des partenariats censés contenir un fléau qui n’a que trop duré ?

L’efficacité du déploiement russe au Mali de plus en plus remise en cause

En mai 2025, le Timbuktu Institute, à travers un rapport publié sur le thème « Menace du JNIM dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal », alertait déjà sur  l’avancée de ce groupe vers les pays voisins du Mali, notamment le Sénégal et la Mauritanie,  sa volonté d’éloigner l’armée malienne des zones proches de Bamako, ainsi que la multiplication des attaques à Kayes près de la frontière avec le Sénégal et de la Mauritanie. De récentes attaques ont été commises dans le sud du pays, non loin  des  frontières sénégalaise et mauritanienne où les combattants du JNIM ont mené sept attaques simultanées précisément à Kayes ville, Nioro du Sahel, en plus de Niono et auraient pris le contrôle de trois casernes et des dizaines de points militaires. Ces combattants du JNIM revendiquent également le bombardement de la caserne de Molodo. 

Pendant ce temps, à Diboli, village malien situé à quelques kilomètres de Bakel située dans la région de Tambacounda du Sénégal, les terroristes ont visé des postes de police et de douane à travers une opération coordonnée avec des véhicules et des Motos incendiées ; de quoi faire peur les transporteurs routiers du Sénégal qui empruntent régulièrement ces routes. D’ailleurs à titre préventif, les armées sénégalaise, malienne et mauritanienne ont mené au mois de mai 2025, une opération conjointe dénommée offensive régionale contre la menace terroriste grandissante. Dans ce contexte assez alarmant, la recrudescence de ces attaques pose la question de l'efficacité des troupes paramilitaires russes déployées au Mali.

En effet, depuis qu’un pouvoir militaire sous la houlette du Général Assimi Goïta dirige le Mali, des critiques étaient constamment formulées sur la présence française. Le désormais président du Mali a, dès son arrivée, décidé de rompre ses relations avec les troupes françaises présentes sur le territoire depuis 2013 dans le cadre des opérations Serval puis de Barkhane. Par conséquent, les relations entre le Mali et la France se sont dégradées au point que l’armée française a quitté le Mali en 2022, mettant ainsi fin à une coopération jusque-là en “bons termes”. “La coopération avec la France ne répondait pas aux aspirations du peuple malien, raison pour laquelle elle a été interrompue.”, déclarait alors Abdoulaye Diop, alors ministre des Affaires Étrangères pour justifier le retrait de la France

Pendant que la coopération franco-malienne est dénoncée, la Russie vient alors comme pour prendre le relais à travers une nouvelle forme de coopération économique, diplomatique, mais également militaire qui serait plus favorable pour le Mali. Grâce à ses positions idéologiques et économiques qui recoupent celles des pays de l’AES -et qui lui valent leur soutien, la Russie réussit à asseoir son ancrage dans nombre de pays de la sous-région avec lesquels elle entretient des relations de coopération.  Pour rappel, le Mali reconnaissait déjà en 1992 la Fédération de la Russie comme héritier de l’Union Soviétique. C’est ainsi qu’après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires qui ont souhaité le départ de la France, que le Mali a enclenché le processus de rapprochement   avec la Russie au point d’en faire son allié qui présente un atout majeur : elle prône des valeurs contraires au “néocolonialisme occidental” assez défendues au Mali. Cette appréciation de la Russie n’aurait pas pu se faire sans l’aide des médias implantés dédiés au relai d’influence et de propagande pro-russe comme l’African Initiative, entre autres.

Les deux pays deviennent partenaires à travers le déploiement des mercenaires du Groupes Wagner en 2021 pour répondre à la menace  croissante des indépendantistes au Nord, à travers le Front de Libération de l’Azawad (FLA) mais aussi avec le JNIM qui continuent à perpétrer des attaques qui s’étendent désormais jusqu’aux zones frontalières du Sénégal et de Mauritanie. Après près de quatre années de présence sur le terrain qui n’ont pas résolu voire réduit les attaques au Mali, l’efficacité de Wagner qui était plébiscité au départ, est de plus en plus remise en cause. La défaite subie à Tinzawatène à la fin du mois de juillet 2024, coûtant la vie à 84 mercenaires de Wagner a largement contribué à cette dynamique. Ainsi, Avec les lourdes pertes enregistrées face aux groupes armées touaregs et terroristes durant ces dernières années de collaboration entre l’Armée malienne et la société privée de sécurité russe, cette dernière a annoncé le 6 juin 2024 la fin de cette collaboration sur son compte Télégram. Pour la Russie qui assure d’un suivi plus strict, un renouvellement s’impose : le groupe paramilitaire Africa Corps remplace Wagner auprès de l’armée malienne. Toutefois, cette nouvelle collaboration est de plus en plus critiquée notamment avec la multiplication des attaques un peu partout au Mali avec les pertes enregistrées du côté des FAMa.

L’Africa Corps a déjà connu des revers face aux groupes armés. Le 13 juin 2025, lors d’un accrochage avec les forces du FLA près de Kidal, un hélicoptère a été touché et contraint de se replier, plusieurs véhicules détruits ou endommagés et plusieurs combattants russes auraient été tués, selon le FLA. La veille, un camion de l’Africa Corps avait déjà été détruit par un engin explosif improvisé.

D’autre part, au-delà des difficultés rencontrées par les combattants russes dans la confrontation directe avec les groupes armés, des évènements interrogent quant à la qualité des hommes envoyés par Moscou. Ainsi, le 14 juin, moins de deux mois après son déploiement au Mali, un Su-24M, bombardier tactique russe, s’écrase près de la base militaire de Gao. Cette perte s’ajoute à d’autres précédents. En octobre 2022, un crash de Su-25 à Gao avait coûté la vie à l’équipage, sans que les autorités ne fournissent plus de détails. Plus récemment, le 01 août 2025, l’Africa Corps aurait perdu plusieurs soldats au cours d’une embuscade menée par le JNIM à Tenenkou, près de Mopti. La récurrence de ces incidents pose la question du niveau de formation des pilotes envoyés au Mali, alors que Moscou concentre ses efforts sur le front ukrainien.

En outre, une autre raison qui pourrait expliquer le manque d’efficacité des mercenaires russes peut être le manque d’effectifs dû au déploiement russe dans le conflit russo-ukrainien avec comme conséquence immédiate une diminution des effectifs déployés au Mali. A cela, s’ajoute le refus du Gouvernement malien d’entamer une quelconque négociation avec les groupes séparatistes et terroristes comme ce fut le cas en 2015.

Une guerre communicationnelle avant-coureur d’un possible « équilibre de la terreur »

Du côté de l’armée malienne, tout comme chez les terroristes, chacun communique sur une éventuelle victoire sur l’autre, alors que les forces armées maliennes, dans une perspective de faire reculer l’adversaire, développent avec la Russie une nouvelle forme de coopération notamment avec l’arrivée des forces paramilitaires russes Africa Corps. D’ailleurs, ces forces paramilitaires russes qui ont remplacé le groupe Wagner, n’hésitent pas à publier dans leurs chaînes des images de terroristes tués, ainsi que des armes saisies dans le cadre de leurs opérations. Pendant ce temps, certains observateurs restent convaincus que l’arrivée d’Africa Corps ne fera qu’empirer la situation sécuritaire au Mali, d’autant plus que cela n’a pas empêché, jusqu’à tout récemment, les récentes attaques aux mois de juin et juillet 2025. S’agissant des terroristes, l’armée malienne à travers la chaîne de télévision nationale, l’ORTM, annonce également en avoir neutralisé au moins 80, sans précisions sur les localités.

Pendant ce temps, alors que l’armée malienne affirme que la situation est sous contrôle, le porte-parole du FLA Mohamed Elmaouloud annonçait : « nos troupes ont mené ce vendredi une action ciblée contre une patrouille de Africa Corps. Nous avons infligé d'importants dégâts matériels et des pertes humaines dans les rangs des ennemis ». Cette déclaration fait suite aux récentes attaques d’une caserne au centre-ville de Tombouctou. Il semble donc que, selon certains parmi les médias qui relayent les informations, l’armée malienne est mise en difficulté surtout ces dernières semaines où les attaques sont quasi hebdomadaires : attaque d’un poste de sécurité des FAMA à Kouakourou, attaque au mortier de l’aéroport militaire de Gao. Ainsi, l’armée malienne qui, selon certains médias (occidentaux) ne réagit pas à ces accusations qui la déshonorent, assure avoir « vigoureusement réagi à cette attaque perpétrée dans le centre du Mali avant de se replier ».

La quasi simultanéité de ces attaques dans les différentes parties du pays n’est pas fortuite, d’autant plus, que dans les pays de l’AES, les attaques terroristes se multiplient surtout depuis leur retrait de la CEDEAO et le départ des troupes françaises. La similitude de la recrudescence de la situation sécuritaire du Mali par rapport aux autres membres de l’AES a fait naître une pléthore de spéculations que certains ne manquent pas de lier aux choix diplomatiques de ces pays. Toujours dans le registre diplomatique, plus tôt en 2024, sans donner plus de détails, la Direction générale du renseignement ukrainien (GUR), affirmait avoir aidé les Touaregs du nord Mali dans une embuscade qui les opposait aux FAMa et les mercenaires du Groupe Wagner. Le cas échéant, le Sahel et les pays de l’AES seraient-ils le nouveau foyer de confrontation de la rivalité russo-ukrainienne ? En tout état de cause, les indépendantistes, à travers les drapeaux ukrainiens postés sur les réseaux sociaux, sont dans une logique de « guerre existentielle contre la Russie » alliée de l’État central malien. D’ailleurs, les pays de l’AES ont saisi le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour dénoncer l’ingérence de l’Ukraine dans leurs affaires internes. De plus, il se dessine une remise en cause, par les observateurs, de la collaboration entre les FAMa et les forces paramilitaires russes dont l’efficacité reste discutable vu la recrudescence des attaques au Mali.

 

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Kayes, Mali's first administrative region created by Law No. 60-3-A.L.R.S of June 7, 1960, occupies a strategic position both geographically and socio-politically. Located in the far west of the country, it is bordered by Senegal to the west, Mauritania to the north, Guinea to the south, and the Koulikoro region to the east. This region remains a strategic economic hub, contributing the second largest share of Mali's GDP after Bamako . Kayes is also a cultural and migratory crossroads in the Sahel sub-region and West Africa. This strategic position, reinforced by its proximity to neighboring countries and its role in cross-border migration dynamics, makes it a key area for Mali's stability and security in the West African region.

However, this position also exposes Kayes to complex challenges, marked by structural and cyclical conflicts that threaten social cohesion and security. These conflictual dynamics in the Kayes region are linked to historical, social, and economic factors, amplified by rapid contemporary developments. Among the structural conflicts, those related to descent-based slavery occupy a central place, particularly in municipalities such as Oussoubidiagna. The recurring tensions between the "lambé" (considered noble and believed to be the first settlers) and the Collectif des Sans-Papiers (CSP) reveal a social divide inherited from ancestral cultural practices and now exacerbated by modern influences, particularly through social media and community groups formed by diaspora communities.

These conflicts, sometimes marked by clashes, land expropriations, and a tendency to detain and use weapons , illustrate the persistence and socio-political and cultural weight of rigid social hierarchies and their negative impact on community peace and cohesion. Furthermore, conflicts between farmers and herders, which are frequent during the rainy season, are exacerbated by demographic pressure, transhumance , and increased competition for natural resources, particularly agricultural and pastoral land. These dynamics are complicated by circumstantial factors, such as the gradual spread of insecurity from northern and central Mali to the south, where the terrorist group JNIM (Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin) could exploit local frustrations to recruit locally and intensify tensions.

This note analyzes how JNIM is gradually weakening the resilience of a region that has long remained relatively outside its sphere of influence by waging a form of  economic "jihad" by targeting vital logistics routes the stated intention to impose blockades while strengthening control over economic flows. Similarly, JNIM's strategy based on a process of gradual destabilization and attacks on foreign economic interests will be reviewed. A final section will analyze the immediate and medium-term implications and consequences of this JNIM offensive on the security of Mali's neighboring countries, mainly Mauritania and Senegal, as well as the threat it poses to regional stability.

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Kayes, première région administrative du Mali créée par la loi n°60-3-A.L.R.S du 7 juin 1960, occupe une position stratégique tant sur le plan géographique que sociopolitique. Située à l’extrême ouest du pays, elle est bordée par le Sénégal à l’ouest, la Mauritanie au nord, la Guinée au sud et la région de Koulikoro à l’Est. Cette région reste un hub économique stratégique avec la deuxième plus importante contribution au PIB malien après Bamako. Kayes constitue, aussi, un carrefour culturel et migratoire dans la sous-région sahélienne et en Afrique de l’Ouest. Cette position stratégique, renforcée par sa proximité avec des pays voisins et son rôle dans les dynamiques migratoires transfrontalières, en fait une zone clé pour la stabilité du Mali et la sécurité dans la région ouest-africaine.

Cependant, cette position expose également Kayes à des défis complexes, marqués par des conflits structurels et conjoncturels qui menacent la cohésion sociale et la sécurité. Ces dynamiques conflictuelles dans la région de Kayes sont liées à des facteurs historiques, sociaux et économiques, amplifiés par les rapides évolutions contemporaines. Parmi les conflits structurels, ceux liés à l’esclavage par ascendance occupent une place centrale, en particulier dans des communes comme Oussoubidiagna. Les tensions récurrentes, opposant les « lambé » (considérés comme nobles et supposés primo-installés) au Collectif des Sans-Papiers (CSP), révèlent une fracture sociale héritée des pratiques culturelles ancestrales et, aujourd’hui, exacerbée par les influences modernes, notamment via les réseaux sociaux et les collectifs associatifs issus des diasporas.

Ces conflits, marqués, quelques fois, par des affrontements, des expropriations de terres et une tendance à la détention et à l’usage d’armes, illustrent la persistance et le poids sociopolitique et culturel de hiérarchies sociales rigides et leur impact négatif sur la paix et la cohésion communautaires. Par ailleurs, les conflits entre agriculteurs et éleveurs, fréquents pendant la saison des pluies, sont aggravés par la pression démographique, la transhumance et la compétition accrue autour des ressources naturelles, notamment les terres agricoles et pastorales. Ces dynamiques sont compliquées par des facteurs conjoncturels, tels que l’extension progressive de l’insécurité du nord et du centre du Mali vers le sud, où le groupe terroriste JNIM (Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin) pourrait exploiter les frustrations locales pour recruter localement et intensifier les tensions.

Dans cette note, il s’agit d’analyser la manière dont le JNIM procède à la fragilisation progressive de la résilience d’une région restée longtemps relativement en dehors de son champ d’action en menant une forme de « jihad » économique par le ciblage des axes logistiques vitaux la volonté affirmée de procéder à des blocus tout en renforçant le contrôle les flux économiques. De même, la stratégie du JNIM basée sur un processus de déstabilisation progressive et l’attaque aux intérêts économiques étrangers sera passée en revue. Une dernière partie analysera les implications et les conséquences immédiates et à moyen terme de cette offensive du JNIM sur la sécurité des pays voisins du Mali, principalement, la Mauritanie et le Sénégal de même que la menace qu’elle représente pour la stabilité régionale.

 

لدكتور بكاري سامب، رئيس معهد تمبكتو - المركز الإفريقي لدراسات السلام، داكار

تشهد العلاقات بين قطر وإفريقيا زخماً اقتصادياً متزايداً، حيث تبرز الدوحة كشريك استراتيجي في القارة، مدعومة برؤية قطر الوطنية 2030 التي تهدف إلى تنويع الاقتصاد وتعزيز التنمية المستدامة. تتجلى هذه الرؤية في الاستثمارات القطرية الاقتصادية والبنية التحتية في إفريقيا، التي تشمل قطاعات حيوية مثل الطاقة، الاتصالات، النقل، والتعدين. في هذا السياق، يمكن للسنغال، بفضل رؤيتها الطموحة 2050 وسياستها لتنويع الشراكات، أن تستفيد من هذا الزخم القطري لدعم تنميتها الاقتصادية والاجتماعية.
تشمل الاستثمارات القطرية في إفريقيا مشاريع رئيسية في عدة دول، حيث بلغت قيمتها مليارات الدولارات. على سبيل المثال، استثمر صندوق قطر للاستثمار 200 مليون دولار في شركة "إيرتل إفريقيا" للاتصالات، التي تخدم أكثر من 94 مليون عميل عبر القارة، كما دعمت قطر مشروع مطار بوجيسرا الدولي في رواندا بقيمة 1.5 مليار دولار، إلى جانب مفاوضات لاقتناء حصة في شركة "رواند إير". وفي جنوب إفريقيا، عززت قطر شراكاتها في قطاعات النفط والبتروكيميائيات بقيمة 13 مليار دولار، مما جعلها الشريك التجاري الخامس لجنوب إفريقيا في الشرق الأوسط بحلول 2022. وفي السودان، قدمت قطر دعماً مالياً عبر صندوق قطر للتنمية لمشاريع إنسانية وتنموية، بما في ذلك 12 مليون دولار لمكافحة الجوع في القرن الإفريقي. هذه المشاريع تُظهر التزام قطر بدعم التنمية الاقتصادية والاجتماعية في إفريقيا، وهي أهداف تتماشى مع رؤية السنغال 2050.
بالنسبة للسنغال، التي تسعى عبر رؤية 2050 إلى تحقيق تنمية شاملة ومستدامة، يمكن أن تكون الاستثمارات القطرية فرصة ذهبية. تسعى السنغال إلى تنويع شراكاتها الدولية لتعزيز التعاون مع دول الخليج، بما في ذلك قطر. يمكن للسنغال الاستفادة من خبرة قطر في قطاع الطاقة، حيث تمتلك الدوحة موارد هيدروكربونية وخبرة متقدمة في التنقيب والاستخراج، لدعم مشاريع الطاقة المتجددة مثل الطاقة الشمسية وطاقة الرياح، مما يلبي الطلب المتزايد على الكهرباء في ظل النمو السكاني والتحضر. كما يمكن للاستثمارات في البنية التحتية، مثل تطوير ميناء داكار أو مطار بليز ديان الدولي، أن تعزز مكانة السنغال كمركز تجاري إقليمي في غرب إفريقيا، على غرار مشاريع النقل في رواندا.
على الصعيد الثقافي والتعليمي، يمكن للسنغال الاستفادة من خبرة قطر في بناء اقتصاد قائم على المعرفة، خاصة في التكنولوجيا والذكاء الاصطناعي، مما يدعم أهداف رؤية 2050 لتطوير رأس المال البشري. كما أن الروابط الروحية التاريخية بين إفريقيا والعالم العربي، التي أبرزها كتاب "الصوفية للشيخ الحاج مالك سي" لبكاري سامبي، توفر أرضية لتعزيز التعاون الثقافي. يمكن للاستثمارات القطرية في التعليم والمراكز الثقافية أن تدعم مؤسسات مثل تيوان، التي شكلت مركزاً للعلم والروحانية في السنغال، مما يعزز الهوية الثقافية والروحية.
في الختام، توفر الاستثمارات القطرية في إفريقيا، كتلك في رواندا وجنوب إفريقيا والسودان، نموذجاً للتعاون الاقتصادي المستدام. يمكن للسنغال أن تستفيد من هذه التجربة لجذب استثمارات في الطاقة، البنية التحتية، والتكنولوجيا، مما يدعم رؤية 2050 وسياسة تنويع الشراكات. التحدي يكمن في صياغة سياسات واضحة لجذب هذه الاستثمارات وضمان استدامتها، مما سيجعل السنغال وجهة جاذبة للاستثمارات القطرية مع الحفاظ على إرثها الثقافي والروحي العريق.

Timbuktu Institute - July 2025

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The deployment of Africa Corps marks a strategic shift in Russia's military and geopolitical influence in Africa, particularly in the Sahel, as the successor to the Wagner Group. Following Wagner's withdrawal from Mali on 6 June 2025, Africa Corps, a paramilitary entity directly controlled by the state under the auspices of the Russian Ministry of Defence and linked to the GRU (the Russian military intelligence agency), formalised and expanded Moscow's presence on the continent. This transition reflects the Kremlin's desire to institutionalise its operations, abandoning the denial of the past maintained by Wagner's vague and semi-independent status in favour of an approach and strategy directly controlled by the state. This repositioning consolidates Russian influence in the Sahel, now part of broader strategic objectives in a context of global geopolitical tensions and prolonged conflict with Ukraine.

Africa Corps thus provides an operational framework enabling its effective integration into the security structures of Sahelian states, particularly in Mali, where it operates alongside national forces, co-manages command posts and provides training in weapons handling, intelligence and operational discipline. With renovated Russian bases near Bamako and advanced military equipment such as BTR-82A armoured vehicles, Msta-B howitzers and Su-24M bombers, Africa Corps is strengthening its operational footprint. The Russian structure also provides protection for military leaders in power and key infrastructure, consolidating political support for military regimes without conditions related to democracy, let alone human rights.

With regard to the recruitment of Africa Corps personnel and the continuity of its presence and operations, approximately 70 to 80% of the personnel are former Wagner fighters. This approach ensures continuity in expertise and tactics. As a result, recruitment efforts have intensified since February 2025, targeting economically disadvantaged or peripheral regions of Russia, including certain areas of Tatarstan, with attractive bonuses (up to 2.5 million roubles / 18 million CFA francs). These efforts respond to Russia's recruitment challenges in the midst of its fourth year of war in Ukraine, while strengthening the Africa Corps' presence in the Sahel.

There is indeed a genuine strategy motivated by a clear focus on the entire Sahel region. This Russian strategy in the Sahel via Africa Corps is based on four pillars: protecting military regimes, securing access to natural resources (such as the gold refinery near Bamako), establishing long-term partnerships in infrastructure and energy, and undermining Western influence, particularly that of France, which has historically been dominant. The agreements signed in June 2025 between Russia and Mali on nuclear cooperation and infrastructure illustrate this approach. By positioning itself as a champion in promoting and supporting ‘regional sovereignty,’ Russia also aims to counter Western and Ukrainian diplomatic efforts, particularly the expansion of Ukraine's presence through new embassies and humanitarian aid.

However, despite the change in form, the intervention of the Africa Corps continues to pose a real risk to human rights (massacres, abuses against certain communities, etc.) and is fully in line with the same logic of information warfare.

In reality, Africa Corps inherits Wagner's legacy of human rights violations, including extrajudicial killings and acts of torture, such as during the Moura massacre in 2022. These abuses, often committed with impunity, fuel discontent among certain communities and jihadist recruitment that exploits various grievances. At the same time, Russian influence operations, orchestrated by platforms such as African Initiative, amplify anti-Western narratives and denigrate democracy through local media, cultural events and disinformation campaigns. These efforts portray Russia as a stabilising force while accusing Western powers of developing strategies to destabilise the region.

The geopolitical implications of such a strategy of transformation and continuity of Russian influence through Africa Corps are significant. Africa Corps strengthens Russia's ability to project its power in a region undergoing geopolitical reconfiguration. By supporting regimes that have come to power through coups and countering Western influence, Russia's strategy will inevitably lead, if only through a logic of retaliation, to a future intensification of indirect confrontations involving actors such as NATO and Ukraine in the Sahel or their allies. Russia's presence, which is part of a visible and formalised long-term strategy through Africa Corps, combined with sophisticated information warfare, positions Moscow as a key player in the changing balance of power, challenging any notion of Western ‘domination’ while securing lasting economic and diplomatic leverage in Africa.

Timbuktu Institue - Juillet 2025

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Le déploiement d’Africa Corps marque une évolution stratégique de l’influence militaire et géopolitique de la Russie en Afrique, en particulier au Sahel, en tant que successeur du groupe Wagner. Après le retrait de Wagner du Mali le 6 juin 2025, Africa Corps, une entité paramilitaire contrôlée directement par l’État sous l’égide du ministère russe de la Défense et liée au GRU (l'agence de renseignement militaire russe), a formalisé et élargi la présence de Moscou sur le continent. Cette transition reflète la volonté du Kremlin d’institutionnaliser ses opérations, abandonnant le déni d’antan entretenu par le statut flou et semi-indépendant de Wagner pour adopter une approche et une stratégie directement pilotées par l’État. Ce repositionnement consolide l’influence russe au Sahel, s’inscrivant, désormais, dans des objectifs stratégiques plus larges dans un contexte de tensions géopolitiques mondiales et de conflit prolongé avec l’Ukraine. 

Africa Corps s’offre ainsi, un cadre opérationnel permettant son intégration effective aux structures de sécurité des États sahéliens, notamment au Mali, où il opère aux côtés des forces nationales, cogère des postes de commandement et dispense des formations et entraînements sur le maniement des armes, le renseignement et la discipline opérationnelle. Avec des bases russes rénovées près de Bamako et des équipements militaires avancés tels que des véhicules blindés BTR-82A, des obusiers Msta-B et des bombardiers Su-24M, Africa Corps renforce son empreinte opérationnelle. La structure russe assure également la protection des dirigeants militaires au pouvoir et des infrastructures-clés, consolidant le soutien politique aux régimes militaires sans conditions liées à la démocratie, encore moins, aux droits humains.

Pour ce qui est du recrutement des éléments d’Africa Corps et de la continuité de sa présence et de ses opérations, environ 70 à 80 % du personnel est composé d’anciens combattants de Wagner. Cette approche lui garantit une continuité dans l’expertise et les tactiques. Ainsi, les efforts de recrutement se sont intensifiés depuis février 2025, ciblant des régions russes économiquement défavorisées ou périphériques, y compris certaines zones du Tatarstan, avec des primes attractives (jusqu’à 2,5 millions de roubles). Ces efforts répondent aux défis de recrutement de la Russie en pleine quatrième année de guerre en Ukraine tout en renforçant la présence d’Africa Corps au Sahel.

Il y a en effet, une véritable stratégie motivée par une claire visée sur l’ensemble du Sahel. Cette stratégie russe au Sahel via Africa Corps repose sur quatre piliers : protéger les régimes militaires, sécuriser l’accès aux ressources naturelles (comme la raffinerie d’or près de Bamako), établir des partenariats à long terme dans les infrastructures et l’énergie, et saper l’influence occidentale, notamment celle de la France, historiquement dominante. Les accords signés en juin 2025 entre la Russie et le Mali, portant sur la coopération nucléaire et les infrastructures, illustrent cette approche. En se positionnant comme un champion dans la promotion et l’appui à la « souveraineté régionale », la Russie vise aussi à contrer les efforts diplomatiques occidentaux et ukrainiens, notamment l’expansion de la présence ukrainienne via de nouvelles ambassades et une aide humanitaire.

Toutefois, malgré le changement de forme, l’intervention d’Africa Corps continue d’être un risque réel pour les Droits humains (massacres, exactions contre certaines communautés) et s’inscrit pleinement dans la même logique de guerre de l’information. 

En réalité, Africa Corps hérite du passif de Wagner en matière de violations des droits humains, notamment des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture, comme lors du massacre de Moura en 2022. Ces abus, souvent commis en toute impunité, alimentent le mécontentement de certaines communautés et le recrutement djihadiste instrumentalisant divers griefs. Parallèlement, les opérations d’influence russes, orchestrées par des plateformes comme African Initiative, amplifient les récits anti-occidentaux et dénigrant la démocratie via les médias locaux, des événements culturels et des campagnes de désinformation. Ces efforts présentent la Russie comme une force stabilisatrice tout en accusant les puissances occidentales de développer des stratégies pour déstabiliser la région.

Les implications géopolitiques d’une telle stratégie de mue et de continuité de l’influence russe à travers Africa Corps sont importantes. Africa Corps renforce la capacité de la Russie à projeter sa puissance dans une région en pleine reconfiguration géopolitique. En soutenant les régimes issus de coups d’État et en contrant l’influence occidentale, la stratégie russe entraînera forcément, ne serait-ce que par une logique de riposte, une intensification future des confrontations indirectes impliquant des acteurs tels que l’OTAN et l’Ukraine au Sahel ou leurs alliés.  

La présence russe s’inscrivant dans une durabilité visible et formalisée à travers Africa Corps, combinée à une guerre informationnelle sophistiquée, positionne Moscou comme un acteur clé dans l’évolution du rapport de force, défiant toute idée de « domination » occidentale, tout en sécurisant durablement un levier économique et diplomatique en Afrique.







Source : Sahel weather June 2025

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In the north of the country, the terrorist threat is clearly on the rise. Since the beginning of the year, the jihadist incursion has shown an unprecedented regularity, characterized in particular by a tactic of continuous harassment of the Beninese army forces. The first half of June saw two notable new attacks. Firstly, on June 4, an assault was launched on a police station in the village of Tanougou (Tanguiéta commune), during which three soldiers and two policemen were killed, according to a military source. On the other hand, on the night of June 11, the military base in the Basso district (Kalalé commune) was the target of an attack quickly claimed by the JNIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans).

Faced with this setback, Benin immediately launched a vigorous response. On the night of June 18-19, the Beninese armed forces (FAB) carried out a vast operation involving troops and helicopters in Park W. On June 24, a new large-scale operation in the Alibori department led, according to the FAB, to the dismantling of a terrorist base. Six terrorists were neutralized and a large military arsenal was seized after this special operation. Then on June 28, 2025, a new counter-offensive was carried out, resulting in the elimination of several terrorists and the seizure of large quantities of weapons and motorcycles, according to the Beninese army. This muscular counter-offensive sheds light on the immense challenges facing a country beset by security pressures which, for the time being, do not seem to be succeeding in reversing the curve of the growing threat. Earlier this month, the Chief of General Staff announced the appointment of Colonel André Dokoui Fofo as the new head of Operation Mirador.

Friction within the presidential camp?

During a visit to the town of Parakou on June 21, the Minister of Energy, Water and Mines, Paulin Akponna, made a controversial statement, to say the least. Pointing to a mismanagement of public funds involving the embezzlement of several billion CFA francs earmarked for water and electricity projects in the Borgou region, the Minister spoke of "siphoning off the national budget" by "delinquents of the Republic" and "crooked politicians". President Patrice Talon subsequently dismissed him by decree on June 26.

Government spokesman Wilfried Léandre Houngbédji explained: "If the remarks he made do not fall within the logic of a political leadership war, given their seriousness, Mr. Akponna must be released from any obligation of reserve or government solidarity to provide any useful information to the justice system". Following a summons served on him on June 27, Paulin Akponna will appear in court on July 16, following a defamation complaint lodged by his predecessor, Samou Seidou Adambi. In addition, his party, Le Bloc Républicain (a party close to the ruling class), has disassociated itself from his comrade Mr. Akponna, expressing "its total disapproval of this form of communication"

with "remarks that do not reflect any republican spirit" . In a subsequent press release, the now ex-minister acknowledged "the seriousness of these remarks" , pleading a "grave political error" . With the 2026 elections approaching, for which the opposition is busy negotiating, will this episode throw a spanner in the works? For the time being, one thing is certain: President Talon will not be seeking another term in office, as he reiterated on June 13 at a high-level seminar on local governance.

Source : Météo Sahel Juin 2025

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Au nord du pays, la progression de la menace terroriste est manifeste. Depuis le début de l’année, l’incursion djihadiste fait montre d’une régularité inédite, notamment caractérisée par une tactique de harcèlement continue des forces de l’armée béninoise. Pendant la première moitié du mois de juin, deux nouvelles attaques notables ont été enregistrées. D’une part, le 4 juin, un assaut a été lancé sur un commissariat du village de Tanougou (commune de Tanguiéta) au cours duquel trois militaires et deux policiers ont été tués, selon une source militaire. D’autre part, dans la nuit du 11 juin, la base militaire de l’arrondissement de Basso (commune de Kalalé) a été la cible d’une attaque rapidement revendiquée par le JNIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans).

Face à ces déconvenues, le Bénin a de suite procédé à une riposte vigoureuse. Dans la nuit du 18 au 19 juin, les forces armées béninoises (FAB) ont mené une vaste opération impliquant troupes et hélicoptères dans le parc W. Le 24 juin, une nouvelle opération d'envergure menée dans le département de l'Alibori a abouti, selon les FAB, au démantèlement d'une base terroriste. Six terroristes ont été neutralisés et un important arsenal militaire a été saisi après cette opération spéciale. Puis le 28 juin 2025, une nouvelle contre-offensive a été menée avec un bilan de plusieurs terroristes éliminés, et d'importantes quantités d'armes et de motos saisies, d’après l’armée béninoise. Cette contre-offensive musclée éclaire dans cette conjoncture les immenses défis du pays en proie à une pression sécuritaire qui ne semble pas pour l’instant, réussir à inverser la courbe de la progression de la menace. Par ailleurs, en début de mois, le chef d’état-major général a annoncé la nomination du colonel André Dokoui Fofo, comme nouveau chef de l’opération Mirador.

Frictions au sein de la mouvance présidentielle ?

Lors d’un déplacement dans la ville de Parakou le 21 juin, le ministre de l’énergie, de l’eau et des mines, Paulin Akponna, a fait une déclaration pour le moins polémique. Pointant une mauvaise gestion des deniers publics portant sur un détournement de plusieurs milliards de francs CFA destinés aux projets d’accès à l’eau et à l’électricité dans le Borgou selon ses dires, le ministre a évoqué « siphonnage du budget national » par des « délinquants de la République » et des « politiciens véreux ». Par la suite, le 26 juin, le président Patrice Talon a procédé à son limogeage par décret. « Si les propos qu’il a tenus ne relèvent pas d’une logique de guerre de leadership politique, compte tenu de leur gravité, M. Akponna doit être délié de toute obligation de réserve ou de solidarité gouvernementale pour apporter toutes informations utiles à la justice », a justifié le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji. En effet, suite à une citation à comparaître qui lui a été signifiée le 27 juin, Paulin Akponna sera devant la justice le 16 juillet prochain suite à une plainte pour diffamation déposée par son prédécesseur, Samou Seidou Adambi.

En outre, son parti Le Bloc Républicain (parti proche de la mouvance) s’est désolidarisé de son camarade M. Akponna, exprimant « sa totale désapprobation à cette forme de communication » avec des « propos qui ne reflètent aucun esprit républicain ». De son côté, le désormais ex-ministre a par la suite, dans un communiqué de presse, reconnu « la gravité de ces propos », plaidant une « faute politique gravissime ». Alors que les échéances électorales de 2026 approchent, pour lesquelles les tractations vont bon train du côté de l’opposition, cet épisode vient-il jeter un grain de sable dans les rouages de la mouvance ? Pour l’heure, une chose est sure : le président Talon ne briguera pas un nouveau mandat, comme il l’a réitéré 13 juin lors d’un séminaire de haut niveau sur la gouvernance locale.

 

Source : Sahel weather June 2025

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Guinea's political transition is entering a decisive phase, with recent developments suggesting a dynamic more geared towards consolidating military power than towards a genuine return to democracy. Although the transitional authorities have reaffirmed their commitment to respecting the electoral timetable, the events of June 2025 reveal certain contradictions likely to weaken confidence in the ongoing process.

Rewriting constitutional rules

On May 30, the National Transitional Council (CNT), which acts as Guinea's parliament, discreetly adopted - almost unanimously - a draft constitution that could soon become the country's new fundamental law. The text envisages extending the presidential term of office from five to seven years. According to CNT President Dr Dansa Kourouma, who spoke at a press conference in Conakry on June 29, this term is renewable once only. However, many Guineans remain concerned. Some fear that, without proper public debate or institutional opposition, this rule could later be changed to allow a president to remain in power without a clear limit. If the new constitution is approved in the September 21 referendum, General Mamadi Doumbouya, the current head of state, could stand in the December presidential election, even though the current charter prevents him from doing so.

The silence of the main national institutions and the lack of transparency surrounding the draft constitution point to a strategic effort to consolidate power under the guise of legal reform. On June 14, Mamadi Doumbouya announced the creation of the Direction Générale des Elections (DGE). This new body is responsible for organizing both the referendum and the presidential and legislative elections in December. 

However, its credibility as an independent and neutral institution is questionable, as it is entirely controlled by the executive, its management being appointed by presidential decree and its activities placed under the authority of a ministry. An institution created to guarantee the fairness of elections is itself subject to the influence of those in power, and risks being used as a tool for consolidating power.

Emerging alliances

At the same time, Guinea is striving to consolidate its regional and international partnerships. Recently, Guinea and Senegal signed a cooperation agreement covering several sectors, from security to culture. On June 17, General Doumbouya travelled to the Republic of Côte d'Ivoire to meet President Alassane Ouattara, notably to discuss regional security issues, in particular the advance of groups such as JNIM and the Islamic State in the Sahel. China also reaffirmed its support at a press conference in Conakry, where Chinese ambassador Huang Wei presented details of his mission to Guinea. New initiatives in the fields of infrastructure, health and public safety, testifying to a growing strategic partnership. Through these diplomatic efforts, Guinea is demonstrating its determination to reassert its sovereignty and consolidate its place in the regional and international arena. In the run-up to the referendum and elections, one crucial question remains: will it be the restoration of democracy in Guinea, or the legalization of an authoritarian regime ?

Source : Météo Sahel Juin 2025

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La transition politique de la Guinée entre dans une phase déterminante, avec des évolutions récentes qui laissent entrevoir une dynamique davantage orientée vers la consolidation du pouvoir militaire que vers un véritable retour à la démocratie. Bien que les autorités de transition réaffirment leur engagement à respecter le calendrier électoral, les événements de juin 2025 révèlent certaines contradictions susceptibles d’affaiblir la confiance dans le processus en cours. 

Réécriture des règles constitutionnelles 

Le 30 mai, le Conseil national de la transition (CNT), qui fait office de Parlement en Guinée, a discrètement adopté — à la quasi-unanimité — un projet de Constitution qui pourrait devenir bientôt la nouvelle loi fondamentale du pays. Ce texte prévoit d’allonger le mandat présidentiel de cinq à sept ans. D’après le président du CNT, Dr Dansa Kourouma, qui a pris la parole lors d’une conférence de presse le 29 juin à Conakry, ce mandat est renouvelable une seule fois. Cependant, beaucoup de Guinéens restent inquiets. Certains craignent que sans véritables débats publics ni oppositioninstitutionnelle, cette règle puisse être modifiée plus tard pour permettre à un président de rester au pouvoir sans limite claire. Si la nouvelle Constitution est approuvée lors du référendum du 21 septembre, le Général Mamadi Doumbouya, actuel chef de l’État, pourrait ainsi se présenter à l’élection présidentielle de décembre, bien que la charte actuelle l’en empêche.

Le silence des principales institutions nationales et le manque de transparence entourant le projet de constitution indiquent un effort stratégique visant à consolider le pouvoir sous le couvert d'une réforme juridique. Le 14 juin, Mamadi Doumbouya a annoncé la création de la Direction générale des élections (DGE). Ce nouvel organisme est chargé d'organiser à la fois le référendum et les élections présidentielles et législatives de décembre. Cependant, sa crédibilité en tant qu'institution indépendante et neutre est discutable, car il est entièrement contrôlé par l'exécutif, sa direction étant nommée par décret présidentiel et ses activités placées sous l'autorité d'un ministère. Une institution créée pour garantir l'équité des élections est elle-même soumise à l'influence des détenteurs du pouvoir et risque d'être utilisée comme un outil de consolidation du pouvoir. 

Alliances émergentes 

Parallèlement, la Guinée s’efforce de consolider ses partenariats régionaux et internationaux. Récemment, la Guinée et le Sénégal ont signé un accord de coopération couvrant plusieurs secteurs, allant de la sécurité à la culture. Le 17 juin, leGénéral Doumbouya s’est rendu en République de Côte d'Ivoire pour rencontrer le Président Alassane Ouattara, notamment afin d’échanger sur les enjeux sécuritaires régionaux, en particulier la progression de groupes tels que le JNIM et l’État islamique au Sahel. La Chine a également réaffirmé son soutien lors d’une conférence de presse à Conakry, au cours de laquelle l'ambassadeur chinois Huang Wei a présenté les détails de sa mission en Guinée. Desnouvelles initiatives dans les domaines des infrastructures, de la santé et de la sécurité publique, témoignant d’un partenariat stratégique qui se renforce. À travers ces efforts diplomatiques, la Guinée manifeste sa volonté de réaffirmer sa souveraineté et de consolider sa place au sein de l’espace régional et international. À l’approche du référendum et des élections, une question cruciale demeure : s’agira-t-il du rétablissement de la démocratie en Guinée ou de la légalisation d’un régime autoritaire ?

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