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Timbuktu Institute, septembre 2025
La recrudescence des attaques est loin de connaître un épilogue sur le territoire malien. En effet, les Forces Armées Maliennes (FAMa) font l’objet, depuis plusieurs semaines, d’attaques enchaînées des groupes séparatistes et terroristes dans les différentes régions du pays, pérpétrées notamment par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda et le Front de Libération de l’Azawad (FLA). De la province de Boulikessi située dans le centre du pays, à Tombouctou, en passant par le sud, à Mahou (Sikasso), ou encore dans le Nord, le nombre d'attaques et de victimes ne cesse de croître. Face à cette situation de métastase du péril terroriste, d’enlisement de la situation sécuritaire et au regard des attaques quasi simultanées perpétrées aux quatre coins du Mali, se pose légitimement la question de l'efficacité du déploiement d’Africa Corps après le départ de Wagner du pays. Si certains affirment un statu quo depuis le remplacement de Wagner par Africa Corps en termes de dérives et de violations des droits humains, d’autres plus optimistes soutiennent une amélioration de la situation sur le long terme. Pendant ce temps, le débordement des épicentres fait craindre aux pays limitrophes un effet domino avec des conséquences inquiétantes sur le Sénégal et la Mauritanie voisins. Ainsi, au nom de la lutte anti-terroriste, comment interpréter l’avancée des groupes extrémistes dans la région pendant que le Mali noue des partenariats censés contenir un fléau qui n’a que trop duré ?
L’efficacité du déploiement russe au Mali de plus en plus remise en cause
En mai 2025, le Timbuktu Institute, à travers un rapport publié sur le thème « Menace du JNIM dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal », alertait déjà sur l’avancée de ce groupe vers les pays voisins du Mali, notamment le Sénégal et la Mauritanie, sa volonté d’éloigner l’armée malienne des zones proches de Bamako, ainsi que la multiplication des attaques à Kayes près de la frontière avec le Sénégal et de la Mauritanie. De récentes attaques ont été commises dans le sud du pays, non loin des frontières sénégalaise et mauritanienne où les combattants du JNIM ont mené sept attaques simultanées précisément à Kayes ville, Nioro du Sahel, en plus de Niono et auraient pris le contrôle de trois casernes et des dizaines de points militaires. Ces combattants du JNIM revendiquent également le bombardement de la caserne de Molodo.
Pendant ce temps, à Diboli, village malien situé à quelques kilomètres de Bakel située dans la région de Tambacounda du Sénégal, les terroristes ont visé des postes de police et de douane à travers une opération coordonnée avec des véhicules et des Motos incendiées ; de quoi faire peur les transporteurs routiers du Sénégal qui empruntent régulièrement ces routes. D’ailleurs à titre préventif, les armées sénégalaise, malienne et mauritanienne ont mené au mois de mai 2025, une opération conjointe dénommée offensive régionale contre la menace terroriste grandissante. Dans ce contexte assez alarmant, la recrudescence de ces attaques pose la question de l'efficacité des troupes paramilitaires russes déployées au Mali.
En effet, depuis qu’un pouvoir militaire sous la houlette du Général Assimi Goïta dirige le Mali, des critiques étaient constamment formulées sur la présence française. Le désormais président du Mali a, dès son arrivée, décidé de rompre ses relations avec les troupes françaises présentes sur le territoire depuis 2013 dans le cadre des opérations Serval puis de Barkhane. Par conséquent, les relations entre le Mali et la France se sont dégradées au point que l’armée française a quitté le Mali en 2022, mettant ainsi fin à une coopération jusque-là en “bons termes”. “La coopération avec la France ne répondait pas aux aspirations du peuple malien, raison pour laquelle elle a été interrompue.”, déclarait alors Abdoulaye Diop, alors ministre des Affaires Étrangères pour justifier le retrait de la France.
Pendant que la coopération franco-malienne est dénoncée, la Russie vient alors comme pour prendre le relais à travers une nouvelle forme de coopération économique, diplomatique, mais également militaire qui serait plus favorable pour le Mali. Grâce à ses positions idéologiques et économiques qui recoupent celles des pays de l’AES -et qui lui valent leur soutien, la Russie réussit à asseoir son ancrage dans nombre de pays de la sous-région avec lesquels elle entretient des relations de coopération. Pour rappel, le Mali reconnaissait déjà en 1992 la Fédération de la Russie comme héritier de l’Union Soviétique. C’est ainsi qu’après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires qui ont souhaité le départ de la France, que le Mali a enclenché le processus de rapprochement avec la Russie au point d’en faire son allié qui présente un atout majeur : elle prône des valeurs contraires au “néocolonialisme occidental” assez défendues au Mali. Cette appréciation de la Russie n’aurait pas pu se faire sans l’aide des médias implantés dédiés au relai d’influence et de propagande pro-russe comme l’African Initiative, entre autres.
Les deux pays deviennent partenaires à travers le déploiement des mercenaires du Groupes Wagner en 2021 pour répondre à la menace croissante des indépendantistes au Nord, à travers le Front de Libération de l’Azawad (FLA) mais aussi avec le JNIM qui continuent à perpétrer des attaques qui s’étendent désormais jusqu’aux zones frontalières du Sénégal et de Mauritanie. Après près de quatre années de présence sur le terrain qui n’ont pas résolu voire réduit les attaques au Mali, l’efficacité de Wagner qui était plébiscité au départ, est de plus en plus remise en cause. La défaite subie à Tinzawatène à la fin du mois de juillet 2024, coûtant la vie à 84 mercenaires de Wagner a largement contribué à cette dynamique. Ainsi, Avec les lourdes pertes enregistrées face aux groupes armées touaregs et terroristes durant ces dernières années de collaboration entre l’Armée malienne et la société privée de sécurité russe, cette dernière a annoncé le 6 juin 2024 la fin de cette collaboration sur son compte Télégram. Pour la Russie qui assure d’un suivi plus strict, un renouvellement s’impose : le groupe paramilitaire Africa Corps remplace Wagner auprès de l’armée malienne. Toutefois, cette nouvelle collaboration est de plus en plus critiquée notamment avec la multiplication des attaques un peu partout au Mali avec les pertes enregistrées du côté des FAMa.
L’Africa Corps a déjà connu des revers face aux groupes armés. Le 13 juin 2025, lors d’un accrochage avec les forces du FLA près de Kidal, un hélicoptère a été touché et contraint de se replier, plusieurs véhicules détruits ou endommagés et plusieurs combattants russes auraient été tués, selon le FLA. La veille, un camion de l’Africa Corps avait déjà été détruit par un engin explosif improvisé.
D’autre part, au-delà des difficultés rencontrées par les combattants russes dans la confrontation directe avec les groupes armés, des évènements interrogent quant à la qualité des hommes envoyés par Moscou. Ainsi, le 14 juin, moins de deux mois après son déploiement au Mali, un Su-24M, bombardier tactique russe, s’écrase près de la base militaire de Gao. Cette perte s’ajoute à d’autres précédents. En octobre 2022, un crash de Su-25 à Gao avait coûté la vie à l’équipage, sans que les autorités ne fournissent plus de détails. Plus récemment, le 01 août 2025, l’Africa Corps aurait perdu plusieurs soldats au cours d’une embuscade menée par le JNIM à Tenenkou, près de Mopti. La récurrence de ces incidents pose la question du niveau de formation des pilotes envoyés au Mali, alors que Moscou concentre ses efforts sur le front ukrainien.
En outre, une autre raison qui pourrait expliquer le manque d’efficacité des mercenaires russes peut être le manque d’effectifs dû au déploiement russe dans le conflit russo-ukrainien avec comme conséquence immédiate une diminution des effectifs déployés au Mali. A cela, s’ajoute le refus du Gouvernement malien d’entamer une quelconque négociation avec les groupes séparatistes et terroristes comme ce fut le cas en 2015.
Une guerre communicationnelle avant-coureur d’un possible « équilibre de la terreur »
Du côté de l’armée malienne, tout comme chez les terroristes, chacun communique sur une éventuelle victoire sur l’autre, alors que les forces armées maliennes, dans une perspective de faire reculer l’adversaire, développent avec la Russie une nouvelle forme de coopération notamment avec l’arrivée des forces paramilitaires russes Africa Corps. D’ailleurs, ces forces paramilitaires russes qui ont remplacé le groupe Wagner, n’hésitent pas à publier dans leurs chaînes des images de terroristes tués, ainsi que des armes saisies dans le cadre de leurs opérations. Pendant ce temps, certains observateurs restent convaincus que l’arrivée d’Africa Corps ne fera qu’empirer la situation sécuritaire au Mali, d’autant plus que cela n’a pas empêché, jusqu’à tout récemment, les récentes attaques aux mois de juin et juillet 2025. S’agissant des terroristes, l’armée malienne à travers la chaîne de télévision nationale, l’ORTM, annonce également en avoir neutralisé au moins 80, sans précisions sur les localités.
Pendant ce temps, alors que l’armée malienne affirme que la situation est sous contrôle, le porte-parole du FLA Mohamed Elmaouloud annonçait : « nos troupes ont mené ce vendredi une action ciblée contre une patrouille de Africa Corps. Nous avons infligé d'importants dégâts matériels et des pertes humaines dans les rangs des ennemis ». Cette déclaration fait suite aux récentes attaques d’une caserne au centre-ville de Tombouctou. Il semble donc que, selon certains parmi les médias qui relayent les informations, l’armée malienne est mise en difficulté surtout ces dernières semaines où les attaques sont quasi hebdomadaires : attaque d’un poste de sécurité des FAMA à Kouakourou, attaque au mortier de l’aéroport militaire de Gao. Ainsi, l’armée malienne qui, selon certains médias (occidentaux) ne réagit pas à ces accusations qui la déshonorent, assure avoir « vigoureusement réagi à cette attaque perpétrée dans le centre du Mali avant de se replier ».
La quasi simultanéité de ces attaques dans les différentes parties du pays n’est pas fortuite, d’autant plus, que dans les pays de l’AES, les attaques terroristes se multiplient surtout depuis leur retrait de la CEDEAO et le départ des troupes françaises. La similitude de la recrudescence de la situation sécuritaire du Mali par rapport aux autres membres de l’AES a fait naître une pléthore de spéculations que certains ne manquent pas de lier aux choix diplomatiques de ces pays. Toujours dans le registre diplomatique, plus tôt en 2024, sans donner plus de détails, la Direction générale du renseignement ukrainien (GUR), affirmait avoir aidé les Touaregs du nord Mali dans une embuscade qui les opposait aux FAMa et les mercenaires du Groupe Wagner. Le cas échéant, le Sahel et les pays de l’AES seraient-ils le nouveau foyer de confrontation de la rivalité russo-ukrainienne ? En tout état de cause, les indépendantistes, à travers les drapeaux ukrainiens postés sur les réseaux sociaux, sont dans une logique de « guerre existentielle contre la Russie » alliée de l’État central malien. D’ailleurs, les pays de l’AES ont saisi le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour dénoncer l’ingérence de l’Ukraine dans leurs affaires internes. De plus, il se dessine une remise en cause, par les observateurs, de la collaboration entre les FAMa et les forces paramilitaires russes dont l’efficacité reste discutable vu la recrudescence des attaques au Mali.
Kayes, Mali's first administrative region created by Law No. 60-3-A.L.R.S of June 7, 1960, occupies a strategic position both geographically and socio-politically. Located in the far west of the country, it is bordered by Senegal to the west, Mauritania to the north, Guinea to the south, and the Koulikoro region to the east. This region remains a strategic economic hub, contributing the second largest share of Mali's GDP after Bamako . Kayes is also a cultural and migratory crossroads in the Sahel sub-region and West Africa. This strategic position, reinforced by its proximity to neighboring countries and its role in cross-border migration dynamics, makes it a key area for Mali's stability and security in the West African region.
However, this position also exposes Kayes to complex challenges, marked by structural and cyclical conflicts that threaten social cohesion and security. These conflictual dynamics in the Kayes region are linked to historical, social, and economic factors, amplified by rapid contemporary developments. Among the structural conflicts, those related to descent-based slavery occupy a central place, particularly in municipalities such as Oussoubidiagna. The recurring tensions between the "lambé" (considered noble and believed to be the first settlers) and the Collectif des Sans-Papiers (CSP) reveal a social divide inherited from ancestral cultural practices and now exacerbated by modern influences, particularly through social media and community groups formed by diaspora communities.
These conflicts, sometimes marked by clashes, land expropriations, and a tendency to detain and use weapons , illustrate the persistence and socio-political and cultural weight of rigid social hierarchies and their negative impact on community peace and cohesion. Furthermore, conflicts between farmers and herders, which are frequent during the rainy season, are exacerbated by demographic pressure, transhumance , and increased competition for natural resources, particularly agricultural and pastoral land. These dynamics are complicated by circumstantial factors, such as the gradual spread of insecurity from northern and central Mali to the south, where the terrorist group JNIM (Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin) could exploit local frustrations to recruit locally and intensify tensions.
This note analyzes how JNIM is gradually weakening the resilience of a region that has long remained relatively outside its sphere of influence by waging a form of economic "jihad" by targeting vital logistics routes the stated intention to impose blockades while strengthening control over economic flows. Similarly, JNIM's strategy based on a process of gradual destabilization and attacks on foreign economic interests will be reviewed. A final section will analyze the immediate and medium-term implications and consequences of this JNIM offensive on the security of Mali's neighboring countries, mainly Mauritania and Senegal, as well as the threat it poses to regional stability.
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Kayes, première région administrative du Mali créée par la loi n°60-3-A.L.R.S du 7 juin 1960, occupe une position stratégique tant sur le plan géographique que sociopolitique. Située à l’extrême ouest du pays, elle est bordée par le Sénégal à l’ouest, la Mauritanie au nord, la Guinée au sud et la région de Koulikoro à l’Est. Cette région reste un hub économique stratégique avec la deuxième plus importante contribution au PIB malien après Bamako. Kayes constitue, aussi, un carrefour culturel et migratoire dans la sous-région sahélienne et en Afrique de l’Ouest. Cette position stratégique, renforcée par sa proximité avec des pays voisins et son rôle dans les dynamiques migratoires transfrontalières, en fait une zone clé pour la stabilité du Mali et la sécurité dans la région ouest-africaine.
Cependant, cette position expose également Kayes à des défis complexes, marqués par des conflits structurels et conjoncturels qui menacent la cohésion sociale et la sécurité. Ces dynamiques conflictuelles dans la région de Kayes sont liées à des facteurs historiques, sociaux et économiques, amplifiés par les rapides évolutions contemporaines. Parmi les conflits structurels, ceux liés à l’esclavage par ascendance occupent une place centrale, en particulier dans des communes comme Oussoubidiagna. Les tensions récurrentes, opposant les « lambé » (considérés comme nobles et supposés primo-installés) au Collectif des Sans-Papiers (CSP), révèlent une fracture sociale héritée des pratiques culturelles ancestrales et, aujourd’hui, exacerbée par les influences modernes, notamment via les réseaux sociaux et les collectifs associatifs issus des diasporas.
Ces conflits, marqués, quelques fois, par des affrontements, des expropriations de terres et une tendance à la détention et à l’usage d’armes, illustrent la persistance et le poids sociopolitique et culturel de hiérarchies sociales rigides et leur impact négatif sur la paix et la cohésion communautaires. Par ailleurs, les conflits entre agriculteurs et éleveurs, fréquents pendant la saison des pluies, sont aggravés par la pression démographique, la transhumance et la compétition accrue autour des ressources naturelles, notamment les terres agricoles et pastorales. Ces dynamiques sont compliquées par des facteurs conjoncturels, tels que l’extension progressive de l’insécurité du nord et du centre du Mali vers le sud, où le groupe terroriste JNIM (Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin) pourrait exploiter les frustrations locales pour recruter localement et intensifier les tensions.
Dans cette note, il s’agit d’analyser la manière dont le JNIM procède à la fragilisation progressive de la résilience d’une région restée longtemps relativement en dehors de son champ d’action en menant une forme de « jihad » économique par le ciblage des axes logistiques vitaux la volonté affirmée de procéder à des blocus tout en renforçant le contrôle les flux économiques. De même, la stratégie du JNIM basée sur un processus de déstabilisation progressive et l’attaque aux intérêts économiques étrangers sera passée en revue. Une dernière partie analysera les implications et les conséquences immédiates et à moyen terme de cette offensive du JNIM sur la sécurité des pays voisins du Mali, principalement, la Mauritanie et le Sénégal de même que la menace qu’elle représente pour la stabilité régionale.
لدكتور بكاري سامب، رئيس معهد تمبكتو - المركز الإفريقي لدراسات السلام، داكار
تشهد العلاقات بين قطر وإفريقيا زخماً اقتصادياً متزايداً، حيث تبرز الدوحة كشريك استراتيجي في القارة، مدعومة برؤية قطر الوطنية 2030 التي تهدف إلى تنويع الاقتصاد وتعزيز التنمية المستدامة. تتجلى هذه الرؤية في الاستثمارات القطرية الاقتصادية والبنية التحتية في إفريقيا، التي تشمل قطاعات حيوية مثل الطاقة، الاتصالات، النقل، والتعدين. في هذا السياق، يمكن للسنغال، بفضل رؤيتها الطموحة 2050 وسياستها لتنويع الشراكات، أن تستفيد من هذا الزخم القطري لدعم تنميتها الاقتصادية والاجتماعية.
تشمل الاستثمارات القطرية في إفريقيا مشاريع رئيسية في عدة دول، حيث بلغت قيمتها مليارات الدولارات. على سبيل المثال، استثمر صندوق قطر للاستثمار 200 مليون دولار في شركة "إيرتل إفريقيا" للاتصالات، التي تخدم أكثر من 94 مليون عميل عبر القارة، كما دعمت قطر مشروع مطار بوجيسرا الدولي في رواندا بقيمة 1.5 مليار دولار، إلى جانب مفاوضات لاقتناء حصة في شركة "رواند إير". وفي جنوب إفريقيا، عززت قطر شراكاتها في قطاعات النفط والبتروكيميائيات بقيمة 13 مليار دولار، مما جعلها الشريك التجاري الخامس لجنوب إفريقيا في الشرق الأوسط بحلول 2022. وفي السودان، قدمت قطر دعماً مالياً عبر صندوق قطر للتنمية لمشاريع إنسانية وتنموية، بما في ذلك 12 مليون دولار لمكافحة الجوع في القرن الإفريقي. هذه المشاريع تُظهر التزام قطر بدعم التنمية الاقتصادية والاجتماعية في إفريقيا، وهي أهداف تتماشى مع رؤية السنغال 2050.
بالنسبة للسنغال، التي تسعى عبر رؤية 2050 إلى تحقيق تنمية شاملة ومستدامة، يمكن أن تكون الاستثمارات القطرية فرصة ذهبية. تسعى السنغال إلى تنويع شراكاتها الدولية لتعزيز التعاون مع دول الخليج، بما في ذلك قطر. يمكن للسنغال الاستفادة من خبرة قطر في قطاع الطاقة، حيث تمتلك الدوحة موارد هيدروكربونية وخبرة متقدمة في التنقيب والاستخراج، لدعم مشاريع الطاقة المتجددة مثل الطاقة الشمسية وطاقة الرياح، مما يلبي الطلب المتزايد على الكهرباء في ظل النمو السكاني والتحضر. كما يمكن للاستثمارات في البنية التحتية، مثل تطوير ميناء داكار أو مطار بليز ديان الدولي، أن تعزز مكانة السنغال كمركز تجاري إقليمي في غرب إفريقيا، على غرار مشاريع النقل في رواندا.
على الصعيد الثقافي والتعليمي، يمكن للسنغال الاستفادة من خبرة قطر في بناء اقتصاد قائم على المعرفة، خاصة في التكنولوجيا والذكاء الاصطناعي، مما يدعم أهداف رؤية 2050 لتطوير رأس المال البشري. كما أن الروابط الروحية التاريخية بين إفريقيا والعالم العربي، التي أبرزها كتاب "الصوفية للشيخ الحاج مالك سي" لبكاري سامبي، توفر أرضية لتعزيز التعاون الثقافي. يمكن للاستثمارات القطرية في التعليم والمراكز الثقافية أن تدعم مؤسسات مثل تيوان، التي شكلت مركزاً للعلم والروحانية في السنغال، مما يعزز الهوية الثقافية والروحية.
في الختام، توفر الاستثمارات القطرية في إفريقيا، كتلك في رواندا وجنوب إفريقيا والسودان، نموذجاً للتعاون الاقتصادي المستدام. يمكن للسنغال أن تستفيد من هذه التجربة لجذب استثمارات في الطاقة، البنية التحتية، والتكنولوجيا، مما يدعم رؤية 2050 وسياسة تنويع الشراكات. التحدي يكمن في صياغة سياسات واضحة لجذب هذه الاستثمارات وضمان استدامتها، مما سيجعل السنغال وجهة جاذبة للاستثمارات القطرية مع الحفاظ على إرثها الثقافي والروحي العريق.
Timbuktu Institute - July 2025
The deployment of Africa Corps marks a strategic shift in Russia's military and geopolitical influence in Africa, particularly in the Sahel, as the successor to the Wagner Group. Following Wagner's withdrawal from Mali on 6 June 2025, Africa Corps, a paramilitary entity directly controlled by the state under the auspices of the Russian Ministry of Defence and linked to the GRU (the Russian military intelligence agency), formalised and expanded Moscow's presence on the continent. This transition reflects the Kremlin's desire to institutionalise its operations, abandoning the denial of the past maintained by Wagner's vague and semi-independent status in favour of an approach and strategy directly controlled by the state. This repositioning consolidates Russian influence in the Sahel, now part of broader strategic objectives in a context of global geopolitical tensions and prolonged conflict with Ukraine.
Africa Corps thus provides an operational framework enabling its effective integration into the security structures of Sahelian states, particularly in Mali, where it operates alongside national forces, co-manages command posts and provides training in weapons handling, intelligence and operational discipline. With renovated Russian bases near Bamako and advanced military equipment such as BTR-82A armoured vehicles, Msta-B howitzers and Su-24M bombers, Africa Corps is strengthening its operational footprint. The Russian structure also provides protection for military leaders in power and key infrastructure, consolidating political support for military regimes without conditions related to democracy, let alone human rights.
With regard to the recruitment of Africa Corps personnel and the continuity of its presence and operations, approximately 70 to 80% of the personnel are former Wagner fighters. This approach ensures continuity in expertise and tactics. As a result, recruitment efforts have intensified since February 2025, targeting economically disadvantaged or peripheral regions of Russia, including certain areas of Tatarstan, with attractive bonuses (up to 2.5 million roubles / 18 million CFA francs). These efforts respond to Russia's recruitment challenges in the midst of its fourth year of war in Ukraine, while strengthening the Africa Corps' presence in the Sahel.
There is indeed a genuine strategy motivated by a clear focus on the entire Sahel region. This Russian strategy in the Sahel via Africa Corps is based on four pillars: protecting military regimes, securing access to natural resources (such as the gold refinery near Bamako), establishing long-term partnerships in infrastructure and energy, and undermining Western influence, particularly that of France, which has historically been dominant. The agreements signed in June 2025 between Russia and Mali on nuclear cooperation and infrastructure illustrate this approach. By positioning itself as a champion in promoting and supporting ‘regional sovereignty,’ Russia also aims to counter Western and Ukrainian diplomatic efforts, particularly the expansion of Ukraine's presence through new embassies and humanitarian aid.
However, despite the change in form, the intervention of the Africa Corps continues to pose a real risk to human rights (massacres, abuses against certain communities, etc.) and is fully in line with the same logic of information warfare.
In reality, Africa Corps inherits Wagner's legacy of human rights violations, including extrajudicial killings and acts of torture, such as during the Moura massacre in 2022. These abuses, often committed with impunity, fuel discontent among certain communities and jihadist recruitment that exploits various grievances. At the same time, Russian influence operations, orchestrated by platforms such as African Initiative, amplify anti-Western narratives and denigrate democracy through local media, cultural events and disinformation campaigns. These efforts portray Russia as a stabilising force while accusing Western powers of developing strategies to destabilise the region.
The geopolitical implications of such a strategy of transformation and continuity of Russian influence through Africa Corps are significant. Africa Corps strengthens Russia's ability to project its power in a region undergoing geopolitical reconfiguration. By supporting regimes that have come to power through coups and countering Western influence, Russia's strategy will inevitably lead, if only through a logic of retaliation, to a future intensification of indirect confrontations involving actors such as NATO and Ukraine in the Sahel or their allies. Russia's presence, which is part of a visible and formalised long-term strategy through Africa Corps, combined with sophisticated information warfare, positions Moscow as a key player in the changing balance of power, challenging any notion of Western ‘domination’ while securing lasting economic and diplomatic leverage in Africa.
Timbuktu Institue - Juillet 2025
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Le déploiement d’Africa Corps marque une évolution stratégique de l’influence militaire et géopolitique de la Russie en Afrique, en particulier au Sahel, en tant que successeur du groupe Wagner. Après le retrait de Wagner du Mali le 6 juin 2025, Africa Corps, une entité paramilitaire contrôlée directement par l’État sous l’égide du ministère russe de la Défense et liée au GRU (l'agence de renseignement militaire russe), a formalisé et élargi la présence de Moscou sur le continent. Cette transition reflète la volonté du Kremlin d’institutionnaliser ses opérations, abandonnant le déni d’antan entretenu par le statut flou et semi-indépendant de Wagner pour adopter une approche et une stratégie directement pilotées par l’État. Ce repositionnement consolide l’influence russe au Sahel, s’inscrivant, désormais, dans des objectifs stratégiques plus larges dans un contexte de tensions géopolitiques mondiales et de conflit prolongé avec l’Ukraine.
Africa Corps s’offre ainsi, un cadre opérationnel permettant son intégration effective aux structures de sécurité des États sahéliens, notamment au Mali, où il opère aux côtés des forces nationales, cogère des postes de commandement et dispense des formations et entraînements sur le maniement des armes, le renseignement et la discipline opérationnelle. Avec des bases russes rénovées près de Bamako et des équipements militaires avancés tels que des véhicules blindés BTR-82A, des obusiers Msta-B et des bombardiers Su-24M, Africa Corps renforce son empreinte opérationnelle. La structure russe assure également la protection des dirigeants militaires au pouvoir et des infrastructures-clés, consolidant le soutien politique aux régimes militaires sans conditions liées à la démocratie, encore moins, aux droits humains.
Pour ce qui est du recrutement des éléments d’Africa Corps et de la continuité de sa présence et de ses opérations, environ 70 à 80 % du personnel est composé d’anciens combattants de Wagner. Cette approche lui garantit une continuité dans l’expertise et les tactiques. Ainsi, les efforts de recrutement se sont intensifiés depuis février 2025, ciblant des régions russes économiquement défavorisées ou périphériques, y compris certaines zones du Tatarstan, avec des primes attractives (jusqu’à 2,5 millions de roubles). Ces efforts répondent aux défis de recrutement de la Russie en pleine quatrième année de guerre en Ukraine tout en renforçant la présence d’Africa Corps au Sahel.
Il y a en effet, une véritable stratégie motivée par une claire visée sur l’ensemble du Sahel. Cette stratégie russe au Sahel via Africa Corps repose sur quatre piliers : protéger les régimes militaires, sécuriser l’accès aux ressources naturelles (comme la raffinerie d’or près de Bamako), établir des partenariats à long terme dans les infrastructures et l’énergie, et saper l’influence occidentale, notamment celle de la France, historiquement dominante. Les accords signés en juin 2025 entre la Russie et le Mali, portant sur la coopération nucléaire et les infrastructures, illustrent cette approche. En se positionnant comme un champion dans la promotion et l’appui à la « souveraineté régionale », la Russie vise aussi à contrer les efforts diplomatiques occidentaux et ukrainiens, notamment l’expansion de la présence ukrainienne via de nouvelles ambassades et une aide humanitaire.
Toutefois, malgré le changement de forme, l’intervention d’Africa Corps continue d’être un risque réel pour les Droits humains (massacres, exactions contre certaines communautés) et s’inscrit pleinement dans la même logique de guerre de l’information.
En réalité, Africa Corps hérite du passif de Wagner en matière de violations des droits humains, notamment des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture, comme lors du massacre de Moura en 2022. Ces abus, souvent commis en toute impunité, alimentent le mécontentement de certaines communautés et le recrutement djihadiste instrumentalisant divers griefs. Parallèlement, les opérations d’influence russes, orchestrées par des plateformes comme African Initiative, amplifient les récits anti-occidentaux et dénigrant la démocratie via les médias locaux, des événements culturels et des campagnes de désinformation. Ces efforts présentent la Russie comme une force stabilisatrice tout en accusant les puissances occidentales de développer des stratégies pour déstabiliser la région.
Les implications géopolitiques d’une telle stratégie de mue et de continuité de l’influence russe à travers Africa Corps sont importantes. Africa Corps renforce la capacité de la Russie à projeter sa puissance dans une région en pleine reconfiguration géopolitique. En soutenant les régimes issus de coups d’État et en contrant l’influence occidentale, la stratégie russe entraînera forcément, ne serait-ce que par une logique de riposte, une intensification future des confrontations indirectes impliquant des acteurs tels que l’OTAN et l’Ukraine au Sahel ou leurs alliés.
La présence russe s’inscrivant dans une durabilité visible et formalisée à travers Africa Corps, combinée à une guerre informationnelle sophistiquée, positionne Moscou comme un acteur clé dans l’évolution du rapport de force, défiant toute idée de « domination » occidentale, tout en sécurisant durablement un levier économique et diplomatique en Afrique.
Source : Sahel weather June 2025
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In the north of the country, the terrorist threat is clearly on the rise. Since the beginning of the year, the jihadist incursion has shown an unprecedented regularity, characterized in particular by a tactic of continuous harassment of the Beninese army forces. The first half of June saw two notable new attacks. Firstly, on June 4, an assault was launched on a police station in the village of Tanougou (Tanguiéta commune), during which three soldiers and two policemen were killed, according to a military source. On the other hand, on the night of June 11, the military base in the Basso district (Kalalé commune) was the target of an attack quickly claimed by the JNIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans).
Faced with this setback, Benin immediately launched a vigorous response. On the night of June 18-19, the Beninese armed forces (FAB) carried out a vast operation involving troops and helicopters in Park W. On June 24, a new large-scale operation in the Alibori department led, according to the FAB, to the dismantling of a terrorist base. Six terrorists were neutralized and a large military arsenal was seized after this special operation. Then on June 28, 2025, a new counter-offensive was carried out, resulting in the elimination of several terrorists and the seizure of large quantities of weapons and motorcycles, according to the Beninese army. This muscular counter-offensive sheds light on the immense challenges facing a country beset by security pressures which, for the time being, do not seem to be succeeding in reversing the curve of the growing threat. Earlier this month, the Chief of General Staff announced the appointment of Colonel André Dokoui Fofo as the new head of Operation Mirador.
Friction within the presidential camp?
During a visit to the town of Parakou on June 21, the Minister of Energy, Water and Mines, Paulin Akponna, made a controversial statement, to say the least. Pointing to a mismanagement of public funds involving the embezzlement of several billion CFA francs earmarked for water and electricity projects in the Borgou region, the Minister spoke of "siphoning off the national budget" by "delinquents of the Republic" and "crooked politicians". President Patrice Talon subsequently dismissed him by decree on June 26.
Government spokesman Wilfried Léandre Houngbédji explained: "If the remarks he made do not fall within the logic of a political leadership war, given their seriousness, Mr. Akponna must be released from any obligation of reserve or government solidarity to provide any useful information to the justice system". Following a summons served on him on June 27, Paulin Akponna will appear in court on July 16, following a defamation complaint lodged by his predecessor, Samou Seidou Adambi. In addition, his party, Le Bloc Républicain (a party close to the ruling class), has disassociated itself from his comrade Mr. Akponna, expressing "its total disapproval of this form of communication"
with "remarks that do not reflect any republican spirit" . In a subsequent press release, the now ex-minister acknowledged "the seriousness of these remarks" , pleading a "grave political error" . With the 2026 elections approaching, for which the opposition is busy negotiating, will this episode throw a spanner in the works? For the time being, one thing is certain: President Talon will not be seeking another term in office, as he reiterated on June 13 at a high-level seminar on local governance.
Source : Météo Sahel Juin 2025
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Au nord du pays, la progression de la menace terroriste est manifeste. Depuis le début de l’année, l’incursion djihadiste fait montre d’une régularité inédite, notamment caractérisée par une tactique de harcèlement continue des forces de l’armée béninoise. Pendant la première moitié du mois de juin, deux nouvelles attaques notables ont été enregistrées. D’une part, le 4 juin, un assaut a été lancé sur un commissariat du village de Tanougou (commune de Tanguiéta) au cours duquel trois militaires et deux policiers ont été tués, selon une source militaire. D’autre part, dans la nuit du 11 juin, la base militaire de l’arrondissement de Basso (commune de Kalalé) a été la cible d’une attaque rapidement revendiquée par le JNIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans).
Face à ces déconvenues, le Bénin a de suite procédé à une riposte vigoureuse. Dans la nuit du 18 au 19 juin, les forces armées béninoises (FAB) ont mené une vaste opération impliquant troupes et hélicoptères dans le parc W. Le 24 juin, une nouvelle opération d'envergure menée dans le département de l'Alibori a abouti, selon les FAB, au démantèlement d'une base terroriste. Six terroristes ont été neutralisés et un important arsenal militaire a été saisi après cette opération spéciale. Puis le 28 juin 2025, une nouvelle contre-offensive a été menée avec un bilan de plusieurs terroristes éliminés, et d'importantes quantités d'armes et de motos saisies, d’après l’armée béninoise. Cette contre-offensive musclée éclaire dans cette conjoncture les immenses défis du pays en proie à une pression sécuritaire qui ne semble pas pour l’instant, réussir à inverser la courbe de la progression de la menace. Par ailleurs, en début de mois, le chef d’état-major général a annoncé la nomination du colonel André Dokoui Fofo, comme nouveau chef de l’opération Mirador.
Frictions au sein de la mouvance présidentielle ?
Lors d’un déplacement dans la ville de Parakou le 21 juin, le ministre de l’énergie, de l’eau et des mines, Paulin Akponna, a fait une déclaration pour le moins polémique. Pointant une mauvaise gestion des deniers publics portant sur un détournement de plusieurs milliards de francs CFA destinés aux projets d’accès à l’eau et à l’électricité dans le Borgou selon ses dires, le ministre a évoqué « siphonnage du budget national » par des « délinquants de la République » et des « politiciens véreux ». Par la suite, le 26 juin, le président Patrice Talon a procédé à son limogeage par décret. « Si les propos qu’il a tenus ne relèvent pas d’une logique de guerre de leadership politique, compte tenu de leur gravité, M. Akponna doit être délié de toute obligation de réserve ou de solidarité gouvernementale pour apporter toutes informations utiles à la justice », a justifié le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji. En effet, suite à une citation à comparaître qui lui a été signifiée le 27 juin, Paulin Akponna sera devant la justice le 16 juillet prochain suite à une plainte pour diffamation déposée par son prédécesseur, Samou Seidou Adambi.
En outre, son parti Le Bloc Républicain (parti proche de la mouvance) s’est désolidarisé de son camarade M. Akponna, exprimant « sa totale désapprobation à cette forme de communication » avec des « propos qui ne reflètent aucun esprit républicain ». De son côté, le désormais ex-ministre a par la suite, dans un communiqué de presse, reconnu « la gravité de ces propos », plaidant une « faute politique gravissime ». Alors que les échéances électorales de 2026 approchent, pour lesquelles les tractations vont bon train du côté de l’opposition, cet épisode vient-il jeter un grain de sable dans les rouages de la mouvance ? Pour l’heure, une chose est sure : le président Talon ne briguera pas un nouveau mandat, comme il l’a réitéré 13 juin lors d’un séminaire de haut niveau sur la gouvernance locale.
Source : Sahel weather June 2025
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Guinea's political transition is entering a decisive phase, with recent developments suggesting a dynamic more geared towards consolidating military power than towards a genuine return to democracy. Although the transitional authorities have reaffirmed their commitment to respecting the electoral timetable, the events of June 2025 reveal certain contradictions likely to weaken confidence in the ongoing process.
Rewriting constitutional rules
On May 30, the National Transitional Council (CNT), which acts as Guinea's parliament, discreetly adopted - almost unanimously - a draft constitution that could soon become the country's new fundamental law. The text envisages extending the presidential term of office from five to seven years. According to CNT President Dr Dansa Kourouma, who spoke at a press conference in Conakry on June 29, this term is renewable once only. However, many Guineans remain concerned. Some fear that, without proper public debate or institutional opposition, this rule could later be changed to allow a president to remain in power without a clear limit. If the new constitution is approved in the September 21 referendum, General Mamadi Doumbouya, the current head of state, could stand in the December presidential election, even though the current charter prevents him from doing so.
The silence of the main national institutions and the lack of transparency surrounding the draft constitution point to a strategic effort to consolidate power under the guise of legal reform. On June 14, Mamadi Doumbouya announced the creation of the Direction Générale des Elections (DGE). This new body is responsible for organizing both the referendum and the presidential and legislative elections in December.
However, its credibility as an independent and neutral institution is questionable, as it is entirely controlled by the executive, its management being appointed by presidential decree and its activities placed under the authority of a ministry. An institution created to guarantee the fairness of elections is itself subject to the influence of those in power, and risks being used as a tool for consolidating power.
Emerging alliances
At the same time, Guinea is striving to consolidate its regional and international partnerships. Recently, Guinea and Senegal signed a cooperation agreement covering several sectors, from security to culture. On June 17, General Doumbouya travelled to the Republic of Côte d'Ivoire to meet President Alassane Ouattara, notably to discuss regional security issues, in particular the advance of groups such as JNIM and the Islamic State in the Sahel. China also reaffirmed its support at a press conference in Conakry, where Chinese ambassador Huang Wei presented details of his mission to Guinea. New initiatives in the fields of infrastructure, health and public safety, testifying to a growing strategic partnership. Through these diplomatic efforts, Guinea is demonstrating its determination to reassert its sovereignty and consolidate its place in the regional and international arena. In the run-up to the referendum and elections, one crucial question remains: will it be the restoration of democracy in Guinea, or the legalization of an authoritarian regime ?
Source : Météo Sahel Juin 2025
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La transition politique de la Guinée entre dans une phase déterminante, avec des évolutions récentes qui laissent entrevoir une dynamique davantage orientée vers la consolidation du pouvoir militaire que vers un véritable retour à la démocratie. Bien que les autorités de transition réaffirment leur engagement à respecter le calendrier électoral, les événements de juin 2025 révèlent certaines contradictions susceptibles d’affaiblir la confiance dans le processus en cours.
Réécriture des règles constitutionnelles
Le 30 mai, le Conseil national de la transition (CNT), qui fait office de Parlement en Guinée, a discrètement adopté — à la quasi-unanimité — un projet de Constitution qui pourrait devenir bientôt la nouvelle loi fondamentale du pays. Ce texte prévoit d’allonger le mandat présidentiel de cinq à sept ans. D’après le président du CNT, Dr Dansa Kourouma, qui a pris la parole lors d’une conférence de presse le 29 juin à Conakry, ce mandat est renouvelable une seule fois. Cependant, beaucoup de Guinéens restent inquiets. Certains craignent que sans véritables débats publics ni oppositioninstitutionnelle, cette règle puisse être modifiée plus tard pour permettre à un président de rester au pouvoir sans limite claire. Si la nouvelle Constitution est approuvée lors du référendum du 21 septembre, le Général Mamadi Doumbouya, actuel chef de l’État, pourrait ainsi se présenter à l’élection présidentielle de décembre, bien que la charte actuelle l’en empêche.
Le silence des principales institutions nationales et le manque de transparence entourant le projet de constitution indiquent un effort stratégique visant à consolider le pouvoir sous le couvert d'une réforme juridique. Le 14 juin, Mamadi Doumbouya a annoncé la création de la Direction générale des élections (DGE). Ce nouvel organisme est chargé d'organiser à la fois le référendum et les élections présidentielles et législatives de décembre. Cependant, sa crédibilité en tant qu'institution indépendante et neutre est discutable, car il est entièrement contrôlé par l'exécutif, sa direction étant nommée par décret présidentiel et ses activités placées sous l'autorité d'un ministère. Une institution créée pour garantir l'équité des élections est elle-même soumise à l'influence des détenteurs du pouvoir et risque d'être utilisée comme un outil de consolidation du pouvoir.
Alliances émergentes
Parallèlement, la Guinée s’efforce de consolider ses partenariats régionaux et internationaux. Récemment, la Guinée et le Sénégal ont signé un accord de coopération couvrant plusieurs secteurs, allant de la sécurité à la culture. Le 17 juin, leGénéral Doumbouya s’est rendu en République de Côte d'Ivoire pour rencontrer le Président Alassane Ouattara, notamment afin d’échanger sur les enjeux sécuritaires régionaux, en particulier la progression de groupes tels que le JNIM et l’État islamique au Sahel. La Chine a également réaffirmé son soutien lors d’une conférence de presse à Conakry, au cours de laquelle l'ambassadeur chinois Huang Wei a présenté les détails de sa mission en Guinée. Desnouvelles initiatives dans les domaines des infrastructures, de la santé et de la sécurité publique, témoignant d’un partenariat stratégique qui se renforce. À travers ces efforts diplomatiques, la Guinée manifeste sa volonté de réaffirmer sa souveraineté et de consolider sa place au sein de l’espace régional et international. À l’approche du référendum et des élections, une question cruciale demeure : s’agira-t-il du rétablissement de la démocratie en Guinée ou de la légalisation d’un régime autoritaire ?
Source : Météo Sahel Juin 2025
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Alassane Ouattara's "neither yes nor no" regarding his 4th candidacy continues to fuel fears of a political crisis in the country. In Côte d'Ivoire, the population is still holding its breath over the candidacy of the current President of the Republic. Chosen with great fanfare by his peers and supporters, ADO has yet to give his approval. He has released a message that still plunges Ivorians into uncertainty as to his participation in the October 2025 presidential election: "I have heard you". Taking part in his party's major congress on June 21 and 22 at the Ebimpé stadium, in front of a huge crowd that had come to invest him as a candidate, he announced that he would make a decision in the coming days concerning a fourth attempt. "I thank you for your confidence. In the coming days, after careful consideration, I will make a decision in my soul and conscience", declared the Ivorian president to supporters determined to see him return to the helm of the country. ADO (84) is still keeping things vague. In recent weeks, however, his support has been growing among influential political figures.
Such is the case of Sidi Touré, executive vice-president of International Libéra and the Alliance of Liberal Parliamentarians, who is lending his support in the face of public opinion. In a motion approved unanimously, these supporters of Alassane Ouattara say: "We recognize in his candidacy the continuity of an enlightened leadership, faithful to liberal principles, guarantor of peace, progress and national unity". To justify their choice, they point to the economic results achieved by the current regime, notably in terms of growth, progress, modern infrastructure and stability. However, it remains to be seen whether or not he will stand for election to preside over the destinies of the Ivorian people for the next five years. This congress of the Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) takes place in a tense pre-electoral context marked by the withdrawal from the presidential race of some of Côte d'Ivoire's leading political figures, such as Thiam, Gbagbo, Soro and Blé Goudé.
Opposition unites to face down the government
For their part, the opposition parties are organizing to resist and stand up to the RHDP, which is reportedly seeking to prevent some of its leading figures from taking part in the next presidential election. They have joined forces to form the Coalition pour une alternance pacifique en Côte d'Ivoire (Coalition for a peaceful changeover in Côte d'Ivoire), coordinated by the PDCI leader from Europe, where he is currently based. Together with Laurent Gbagbo, he has set up a joint PPA-CI-PDCI front to confront the RHDP. The two leading opposition figures who have left their mark on Ivorian political life have decided to pool their forces and coordinate their actions in an agreement made public on June 19. The joint communiqué signed by Sébastien Dano Djédjé, executive chairman of the PPA-CI, and Noël Akossi Bendjo, vice-president and general coordinator of the PDCI-RDA, states that the two parties have decided to create a common front "aware of the need to pool their forces to meet the challenges linked to the electoral process".
Their main demands include the reinstatement of rejected candidates on the electoral roll, the revision of the electoral roll for the year 2025, and the urgent opening of a political dialogue including all political forces and civil society, among others, in order to organize "democratic, peaceful and credible" elections. According to them, "The PPA-CI and PDCI have decided to join forces to ensure that the government heeds the message of Ivorians, at a time when the future of our country is truly at stake".
At the beginning of this month, the Independent Electoral Commission (CEI) officially published the final list of candidates, thereby eliminating the AS square from the Ivorian political scene: Thiam, Gbagbo, Blé Goudé and Soro. This decision was criticized by the political class and important figures from civil society. According to Tidjane Thiam, it is "indicative of Côte d'Ivoire's abandonment of democracy". There is every reason to believe that the country is heading for elections without a representative opposition.
To guarantee inclusive elections, the government makes promises and threats
On the government side, pledges of inclusive elections have been made, but with eligible candidates for the next presidential election. This was revealed by the government spokesman at the "Rendez-vous du RHDP" on June 18 in Cocody, specifying that "no one is going to exclude anyone". According to Kobenan Kouassi Adjoumani, who made some threatening remarks: "Those who are not eligible and who want to force the issue, should abstain, because it won't work." He also took the opportunity to remind all stakeholders of the need to organize elections calmly, as the country's stability depends on it. Côte d'Ivoire, which has experienced painful electoral periods in the past, now finds itself at a crossroads.
At the same time, former minister Jean-Louis Billon shows no signs of letting up. Although he has declared his candidacy for the presidential elections, despite his party's instructions, he has embarked on a major mobilization tour to collect the sponsorships needed to validate his candidacy. On June 28, he visited the towns of Tanda, Kouassi-Datékro and Sandégué, where he repeated his key message: economic nationalism and improved living conditions for his fellow citizens, once elected. Taking the floor, he delivered a message full of hope and commitment. "I know your expectations, I see your suffering. Tomorrow, when I am elected, I will be the president of all Ivorians, without exception. I can assure you that no one will lose their job...", he insisted. Another candidate has been declared in recent days: that of Diaby Amadou, nicknamed by many the "Ivorian Macron". At a press conference in Cocody on Friday June 27, the leader of the Association pour la Promotion des Actions de Développement (APAD) argued for the need to create sufficient wealth to meet the challengescountry's current and future . The economist's ambition is to facilitate access to financing and combat youth unemployment, which accounts for over three-quarters of the population.
Doumbouya in Abidjan: behind the scenes of a state visit
On the diplomatic front, the president of Guinea's transitional government arrived in Côte d'Ivoire on June 18 for a two-day state visit. The visit marked a decisive turning point in the consolidation of bilateral relations between the two countries. After Rwanda, Gabon and Senegal, the President of Guinea's transitional government came to Côte d'Ivoire to give concrete expression to his pro-African commitment at the United Nations in New York: "We are pro-Africa". This friendly working visit between Conakry and Abidjan was an opportunity for the two men to discuss the economic, political and security situation in their respective countries and in the Sahel region. The Ivorian President expressed his deep conviction to his Guinean counterpart that political stability is the key to sustainable development. He affirmed that Côte d'Ivoire was following the situation in Guinea with great interest, and expressed his "wish to see Guinea regain its former luxury and continue its march towards economic and social progress". Turning to security, Colonel Doumbouya took stock of the worrying situation and the threat to coastal countries. Reiterating his unwavering commitment, he assured us that he was more than ever "determined to continue providing assistance to enable the countries of the Sahel to meet their humanitarian and security needs".
Source : Météo Sahel Juin 2025
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Le “ni oui ni non” d’Alassane Ouattara à propos de sa 4ème candidature en vue continue d’alimenter les craintes d’une crise politique dans le pays. En Côte d’Ivoire, la population retient encore son souffle à propos de la candidature de l'actuel Président de la République. Choisi en grande pompe par ses pairs et ses sympathisants, ADO n’a pas encore donné son accord. Il a lâché un message qui plonge encore les Ivoiriens dans l'incertitude quant à sa participation à la présidentielle d’octobre 2025 : “Je vous ai entendus”. Participant au grand congrès de son parti les 21 et 22 juin derniers au stade d’Ebimpé, devant une foule immense venue l’investir en tant que candidat, il a annoncé qu’il prendrait une décision dans les jours à venirconcernant une quatrième tentative. “Je vous remercie pour votre confiance. Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion, une décision en mon âme et conscience”, déclare le président ivoirien devant des militants déterminés à le faire rempiler à la tête du pays. ADO (84 ans) entretient toujours le flou. Pourtant, ces dernières semaines, ses soutiens se sont multipliés parmi des acteurs politiques influents.
C’est le cas de Sidi Touré, vice-président exécutif de l'International Libéra et de l'Alliance des Parlementaires Libéraux, qui apporte son soutien face à l’opinion publique. Dans une motion approuvée à l’unanimité, ces soutiens d’Alassane Ouattara s’expriment en ces termes : « Nous reconnaissons dans sa candidature la continuité d'un leadership éclairé, fidèle aux principes libéraux, garant de la paix, du progrès et de l'unité nationale ». Pour justifier leur choix, ils s'appuient sur les résultats économiques obtenus par l'actuel régime, notamment en termes de croissance, de progrès, de réalisation d’infrastructures modernes et de stabilité. Cependant, on ne sait toujours pas s’il briguera ou non les suffrages pour présider aux destinées du peuple ivoirien pour les cinq années à venir. Ce congrès du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) intervient dans un contexte pré-électoral tendu marqué par le retrait de grands ténors de la sphère politique ivoirienne de la course à la présidentielle, à l’instar de Thiam, Gbagbo, Soro et Blé Goudé.
Unisson autour de l’opposition pour mieux faire face au pouvoir
De leur côté, les partis d'opposition s’organisent pour résister et faire face au RHDP qui, chercherait à empêcher certains de ses ténors de participer à la prochaine présidentielle. Ils se sont regroupés autour de la Coalition pour une alternance pacifique en Côte d’Ivoire, coordonnée par le leader du PDCI depuis l’Europe où il se trouve actuellement. Ce dernier a mis sur pied un front commun PPA-CI–PDCI avec Laurent Gbagbo pour faire face au RHDP. Les deux principales figures emblématiques de l’opposition qui ont marqué la vie politique ivoirienne ont décidé de mutualiser les forces et de coordonner les actions dans un accord rendu public le 19 juin dernier. Le communiqué conjoint signé par Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, et Noël Akossi Bendjo, vice-président et coordonnateur général du PDCI-RDA, indique que les deux partis ont décidé de créer un front commun “conscients de la nécessité de mutualiser leurs forces pour relever les défis liés au processus électoral”.
Parmi leurs revendications majeures, ils exigent leur la réinscription sur la liste électorale des candidats recalés, la révision de la liste électorale pour l'année 2025, l’ouverture urgente d’un dialogue politique incluant l’ensemble des forces politiques et la société civile, entre autres, pour parvenir à l'organisation d’élections “démocratiques, apaisées et crédibles”. Selon eux, “Le PPA-CI et le PDCI ont décidé d’unir leurs forces pour que le gouvernement entende le message des Ivoiriens, à une heure où se joue véritablement l’avenir de notre pays”.
Au début de ce mois, la Commission électorale indépendante (CEI) a officiellement publié la liste définitive des candidats retenus, écartant du même coup le carré d’AS de l’échiquier politique ivoirien : Thiam, Gbagbo, Blé Goudé et Soro. Cette décision a été décriée par la classe politique et d’importantes figures de la société civile. Selon Tidjane Thiam, c’est “révélateur de l'abandon de la démocratie par la Côte d'Ivoire”. Tout porte à croire que le pays se dirige vers des élections sans l'opposition représentative.
Pour garantir des élections inclusives, le pouvoir fait des promesses et menace
Du côté du pouvoir, les gages d’élections inclusives ont été assurés, mais avec des candidats admissibles à la prochaine présidentielle. C’est ce qu’a révélé le porte-parole du gouvernement à l’occasion des « Rendez-vous du RHDP » le 18 juin dernier à Cocody, précisant que « personne ne va exclure personne ». Selon Kobenan Kouassi Adjoumani qui a tenu des propos menaçants : « Que ceux qui ne sont pas éligibles et qui veulent faire un forcing, s’abstiennent, parce que cela ne marchera pas. » Il a également profité de l’occasion pour rappeler à tous les acteurs la nécessité d’organiser des élections dans le calme, car la stabilité du pays en dépend. La Côte d’Ivoire, qui a vécu des périodes électorales douloureuses par le passé, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
Au même moment, l’ex-ministre Jean-Louis Billon ne semble pas vouloir lâcher du lest. Bien qu'il soit candidat déclaré à la présidentielle malgré les consignes de son parti, il a entamé une grande tournée de mobilisation afin de recueillir les parrainages nécessaires à la validation de sa candidature. Ce 28 juin dernier, il était de passage dans les localités de Tanda, Kouassi-Datékro et Sandégué, où il a répété son message-clé : le nationalisme économique et l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens, une fois élu. Prenant la parole, il a tenu à livrer un message plein d’espoir et d’engagement. “Je connais vos attentes, je vois votre souffrance. Demain, quand je serai élu, je serai le président de tous les Ivoiriens, sans exception. Je peux vous rassurer que personne ne perdra son emploi…”, a-t-il martelé. Une autre candidature a été déclarée ces derniers jours : celle de Diaby Amadou, que beaucoup surnomment le “Macron ivoirien”. Lors d'une conférence de presse donnée ce vendredi 27 juin à Cocody, le leader de l’Association pour la Promotion des Actions de Développement (APAD) a plaidé pour la nécessité de créer suffisamment de richesses afin de répondre aux défis actuels et futurs du pays. L’économiste a ainsi l’ambition de faciliter l’accès au financement et de lutter contre le chômage des jeunes qui représentent plus des trois quarts de la population.
Doumbouya à Abidjan : les dessous d’une visite d’État
Sous le registre diplomatique, le président de la transition guinéenne a foulé le sol ivoirien le 18 juin dernier pour une visite d’État de deux jours. Ce déplacement marque en effet un tournant décisif dans la consolidation des relations bilatérales entre les deux pays. Après le Rwanda, le Gabon et le Sénégal, le président de la transition guinéenne s'est rendu en Côte d’Ivoire afin de concrétiser son engagement pro-africain à la tribune des Nations unies à New York : “Nous sommes pro-Africains”. Cette visite d’amitié et de travail entre Conakry et Abidjan a été l’occasion pour les deux hommes d'évoquer la situation économique, politico-sécuritaire de leurs pays respectifs et du Sahel. Le président ivoirien a fait part à son homologue guinéen de sa profonde conviction que la stabilité politique est la clé de tout développement durable. Il a affirmé que la Côte d’Ivoire suit avec beaucoup d’intérêt la situation en Guinée et n’a pas manqué d’exprimer son “vœu de voir la Guinée retrouver son luxe d’antan et poursuivre sa marche vers le progrès économique et social”. Abordant le volet sécuritaire, le colonel Doumbouya mesure à sa juste valeur la situation préoccupante et la menace qui pèsent sur les pays côtiers. Réitérant son engagement sans faille, il a assuré être plus que jamais “décidé à continuer d’apporter une assistance pour permettre aux pays du Sahel de faire face aux besoins humanitaires et sécuritaires”.
Source : Sahel weather June 2025
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After a period of hesitation, the 92-year-old president finally cleared the air on Saturday June 28 by announcing his candidacy for the October 2025 presidential elections. With Cameroon's elections fast approaching, current president Paul Biya seemed to have been preparing for a new term for some time. On Tuesday June 24, the president in office since 1982 declared: "Let us together make Cameroon a land of great opportunities for economic and social development, in peace and unity".
In addition, questions about his ability to lead the country have been raised by several civil society players. They question not only his ability to lead the country, given his advanced age, but also his legal legitimacy to stand for election.
Indeed, on June 18, Léon Theiller Onana, an activist and town councillor for the Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), declared that he had initiated procedures to request the holding of a ruling party congress before the October polls. He believes that the President's candidacy would be "legally inadmissible", going so far as to demonstrate that "any candidacy emanating from within the ranks of the RDPC would be vitiated", due to the party's statutory irregularity. Indeed, the ruling party's last congress dates back to 2011, which would legally prevent its participation in the elections.
On the other hand, the opposition candidate Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) Maurice Kamto warns of the early signs of a refusal of democratic alternation. In an alarmist statement published on Facebook on June 17, he denounced a "military coup project announced" by the current government. It considers that the refusal to publish the electoral lists by ELECAM, the independent body responsible for organizing, managing and supervising the entire electoral process, is the first proof of a democratic failure. What's more, he goes so far as to warn France and the UN about their position. In his view, the decision to support the current government could call them into question if they were forced to remain in power.
The masks come off: two ministers resign and announce their candidacy in the presidential elections
Less than 24 hours after stepping down as Minister of Employment and breaking with President Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary sprang a surprise by announcing his candidacy for the presidential elections. In a "Letter to Cameroonians", he outlined the main points of his future political program. Then it was the turn of the Minister of Tourism and Leisure, Bello Bouba Maïgari. Without having declared his resignation, the Minister and President of the National Union for Democracy and Progress (UNDP) broke with his 30-year alliance with Paul Biya's party (RDPC) by announcing his candidacy. This decision comes after much pressure from UNDP supporters. They want the party to present a presidential candidate, while denouncing the "poor governance" and "corruption" they blame on the current government. There seems to be a desire for change in Cameroon.
Kamikaze drones and separatist conflicts: evidence of persistent insecurity?
In parallel with the climate of political tension in Yaoundé, the country's security situation remains unstable, particularly in the Far North, North-West and South-West regions. On June 9, the Boko Haram terrorist group carried out a kamikaze drone attack on a Cameroonian military camp. This was the terrorist group's third consecutive drone attack since the end of March 2025. No casualties have been reported for this latest attack. In parallel, on June 24 and 25, a brigade and a health center were set on firein Sagmé, in the country's Far North, . The attack was carried out by suspected Boko Haram terrorists, and resulted in no fatalities. Meanwhile, the deadly conflict between separatist Anglophone groups and the forces of law and order has continued to rage severely since 2016, leaving the population in a climate of fear. Since the beginning of the crisis, 6,000 people have reportedly lost their lives and hundreds of thousands have had to flee their homes.
This insecurity is compounded by a fragile socio-economic context: up to 74% of young people are affected by unemployment, according to the chairman of the National Assembly's Education Committee.
In addition, insecurity is at the root of massive population displacements which, according to a new report by the Norwegian Refugee Council (NRC), are vastly underestimated in Cameroon. Indeed, the country tops the list of the world's most neglected crises in terms of the number of people displaced. In 2023, there will be 1.1 million internally displaced persons, in addition to hundreds of refugees from Central Africa. This instability could have significant repercussions on voting and voter registration.
Cameroon is living through a key moment in its history. The time for political change seems to be upon President Paul Byia, in the face of a population eager to exercise its right to vote. Pre-electoral agitation cannot overshadow the social, economic and security issues that remain, above all, at the heart of Cameroonians' concerns. The next few weeks will be crucial in ensuring that the democratic electoral process runs smoothly and without interference.
Source : Météo Sahel Juin 2025
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Après une période de flottement, le président de 92 ans a finalement levé le doute ce samedi 28 juin en annonçant sa candidature aux élections présidentielles d’octobre 2025. Alors que les élections camerounaises approchent à grands pas, l’actuel président Paul Biya semblait se préparer pour un nouveau mandat depuis un bout de temps. Le mardi 24 juin, le président en poste depuis 1982 avait déclaré : « Faisons ensemble du Cameroun une terre de grandes opportunités de développement économique et social, dans la paix et l’unité ».
En outre, des questionnements sur sa capacité à diriger le pays ont été soulevés par plusieurs acteurs de la société civile. Sont remis en question non seulement sa capacité du fait de son âge avancé, mais aussi sa légitimité juridique à candidater.
En effet, ce 18 juin, Léon Theiller Onana, militant et conseiller municipal du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a déclaré avoir entamé les procédures pour demander la tenue d’un congrès du parti au pouvoir avant le scrutin d’octobre. Il estime que la candidature du président serait « juridiquement irrecevable », allant même jusqu’à démontrer que « toute candidature émanant du rang du RDPC serait entachée de vice », en raison de l’irrégularité statutaire du parti. En effet, le dernier congrès du parti au pouvoir remonte à 2011, ce qui empêcherait, selon la loi, sa participation aux élections.
De l’autre côté, le candidat de l’opposition Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) Maurice Kamto met en garde sur les signes avant-coureurs d’un refus de l’alternance démocratique. Dans un communiqué alarmiste publié sur Facebook le 17 juin, il dénonce un « projet de coup d’État militaire annoncé » par l’actuel gouvernement. Il estime que le refus de la publication des listes électorales par l’ELECAM, l’organisme indépendant chargé de l'organisation, de la gestion et de la supervision de l'ensemble du processus électoral, est la première preuve d’un manquement démocratique. De surcroît, il va jusqu’à mettre en garde la France et l’ONU dans leur position. Selon lui, le choix de soutenir l’actuel gouvernement pourrait les mettre en cause en cas d’un maintien forcé au pouvoir.
Les masques tombent : deux ministres démissionnent et annoncent leur candidature aux élections présidentielles
Coup de théâtre par Issa Tchiroma Bakary qui, moins de 24 heures après avoir quitté son poste de ministre de l’Emploi et rompu avec le président Paul Biya, crée la surprise en se lançant dans la course à la présidentielle. C’est à travers une « Lettre aux Camerounais » qu’il a choisi de dessiner les principaux volets de son futur programme politique. Ensuite, c’est au tour du ministre du Tourisme et des Loisirs, Bello Bouba Maïgari. Sans avoir déclaré sa démission, le ministre et président de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) rompt ses 30 ans d’alliance avec le parti de Paul Biya (RDPC) à travers l’annonce de sa candidature. Cette décision intervient après de multiples pressions de la part des sympathisants de l’UNDP. Ils souhaitent la présentation par le parti d’un candidat à la présidentielle, tout en dénonçant la « mal-gouvernance » et la « corruption » qu’ils imputent à l’actuel gouvernement. Une volonté de changement semble souffler sur le Cameroun.
Drones kamikazes et conflits séparatistes : preuves d’une insécurité persistante ?
En parallèle du climat de tensions politiques qui s’installe à Yaoundé, la situation sécuritaire du pays demeure instable, principalement dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le 9 juin a eu lieu une attaque par drone kamikaze du groupe terroriste Boko Haram contre un camp militaire camerounais. Ce mode opératoire est utilisé pour la troisième fois consécutive par le groupe terroriste depuis fin mars 2025. Aucun bilan humain n’a été communiqué par les autorités pour cette dernière attaque. En parallèle, les 24 et 25 juin ont été incendiés une brigade et un centre de santé à Sagmé, à l’Extrême-Nord du pays. Cette attaque a été perpétrée par des présumés terroristes de Boko Haram et n’a enregistré aucun mort. Par ailleurs, le conflit meurtrier entre les groupes anglophones séparatistes et les forces de l’ordre continue de sévir gravement depuis 2016, et laisse la population dans un climat de peur. Depuis le début de la crise, 6 000 personnes auraient perdu la vie et des centaines de milliers ont dû fuir leur foyer.
Cette insécurité s’additionne au contexte socio-économique fragile : jusqu’à 74 % des jeunes sont touchés par le chômage, selon le président de la commission de l’Éducation à l’Assemblée nationale.
De plus, l’insécurité est à la base des déplacements massifs de populations qui, selon un nouveau rapport du Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), sont d’une importance largement sous-estimée au Cameroun. En effet, le pays arrive en tête dans le classement des crises ayant enregistré des déplacements importants les plus négligées de la planète. En 2023, on a dénombré 1,1 millions déplacés à l’intérieur du pays, en plus des centaines de réfugiés venus de Centre Afrique. Cette instabilité pourrait avoir des répercussions non négligeables sur les votes et inscription aux listes électorales.
Le Cameroun vit aujourd’hui un moment clef de son histoire. L’heure du changement politique semble sonner pour le président Paul Byia, face à une population désireuse de faire jouer son droit de vote. L’agitation pré-électorale ne saurait effacer les enjeux sociaux, économiques et sécuritaires qui restent avant toute chose au coeur des préoccupations des camerounais et camerounaises. Les prochaines semaines seront fatidiques pour garantir le déroulement sans embûches et sans ingérances du processus électoral démocratique.