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Facteurs de radicalisation et perception du terrorisme dans les zones frontalières sénégalo-mauritaniennes: Cas de Rosso-Sénégal.
C'est l'intitulé du dernier rapport que vient de publier le Timbuktu Institute, un centre de recherche sur l'extrémisme violent, basé à Dakar
Ce rapport est publié au moment où une trentaine de personnes sont jugées au Sénégal pour apologie du terrorisme.
Le docteur Bakary Sambe est le Directeur de Timbuktu Institute. Il est notre invité et répond aux questions de Samba Dialimpa Badji
« Le terrorisme est une longue chaîne dont chaque maillon pris individuellement peut ne pas être simple » a déclaré Bakary Sambe, directeur de Timbuktu institute et un des réalisateurs d’une enquête au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso sur l’extrémisme violent pour le compte de l’Onudc et le Wacap.
D’après ce spécialiste de questions terroristes, il y a un besoin de synergie entre la Société civile et les acteurs de la chaine pénale.
« Les Etats font face à ce dilemme ou il y a d’un côté l’impératif de justice et de l’autre la nécessité de garantir la sécurité. Entre les deux, il faut un terrain d’entente.
L’étude réfléchit sur les besoins d’harmonisation des législations et préconise une forte mobilisation de la Société civile.
L’enquête appelle à une volonté à coopérer pour l’amélioration des cadres réglementaires et de mieux prendre en compte cette question du terrorisme », indique M. Sambe.
Pour le Ministre de la Justice, la Société civile est « actrice principale dans toute œuvre de sécurité, de paix et de justice ».
Ainsi, souligne le Pr Ismaïla Madior Fall, « le degré d’implication de la Société civile dans les programme gouvernementaux de lutte, outre qu’il constitue un indicateur de conformité des Etats dans le cadre des évaluations relatives à la lutte contre le crime organisé en général et l’extrémisme violent en particulier, participe à la sensibilisation des populations »
Source: www.lequotidien.sn
En février, l’Observatoire des radicalismes et des conflits religieux en Afrique a publié une étude qui alerte sur les discours des prédicateurs salafistes sur Internet et leurs stratégies d’enrôlement.
L’Observatoire des radicalismes et des conflits religieux en Afrique est un instrument de recherche-action du Timbuktu Institute-African Centre for Peace Studies, un centre de recherche qui privilégie des approches transdisciplinaires sur des questions liées au radicalisme religieux. En février, il a publié une étude sur les stratégies salafistes sur Internet au Sénégal.
Dans cette étude, les chercheurs de l’Observatoire se sont intéressés aux vidéos de prédicateurs salafistes diffusés sur les réseaux sociaux. Leur analyse a permis de détecter une stratégie d’enrôlement avec des discours qui, à première vue, peuvent sembler inoffensifs mais qui constituent un terreau fertile pour le radicalisme religieux.
Le Sénégal, dernier bastion en Afrique de l’Ouest contre le terrorisme
Le Sénégal est un pays où 95 % de la population est musulmane. L’islam y est dominé par le soufisme, un courant musulman spiritualiste qui a beaucoup contribué à la stabilité politico-religieuse du pays.
Les musulmans se réclament, pour la plupart, de confréries religieuses dont les plus connues sont la tidjaniya et le mouridisme. Les guides religieux très écoutés et respectés promeuvent un islam tolérant et ouvert. Ces confréries soufies sont considérées par plusieurs spécialistes comme un rempart contre le radicalisme religieux. Ce pays de 15 millions d’habitants est, d’ailleurs, considéré comme le dernier bastion d’Afrique de l’Ouest contre les attaques terroristes
Cependant, depuis quelques années, des observateurs alertent sur la présence de courants salafistes qui se présentent comme une alternative au modèle confrérique traditionnel.
Un discours qui s’adapte au milieu
Selon le professeur Bakary Sambe, enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, fondateur du Timbuktu Institute-African Centre for Peace Studies, « ces courants salafistes concurrencent le modèle traditionnel dans le but de le supplanter ». Pour le chercheur, la stratégie de ces salafistes est d’« utiliser la modernité technologique pour combattre la modernité sociale ». Pour ce faire, les réseaux sociaux sont largement utilisés avec la diffusion de nombreuses vidéos qui ont servi de matière première à l’étude de l’Observatoire. La principale cible de ces courants salafistes est la jeunesse confrontée à des problèmes existentiels, au chômage, à la pauvreté, etc. Les courants salafistes lui proposent un islam plus engagé, plus politique.
A lire <La pauvreté et l’exclusion, terreau favorable de l’extrémisme musulman en Afrique
Le discours s’est adapté au milieu. Il se fait moralisateur, il encadre la pratique cultuelle. La critique de la modernité, de la démocratie et de l’Occident, n’apparaît pas au premier abord. Ce qui est visible, c’est la critique du discours confrérique. Les prédicateurs salafistes se présentent comme des personnes venues purifier l’islam du pays.
« Le discours qui est utilisé pour parler aux populations est très plat en apparence, mais il y a une stratégie de dissimulation du véritable agenda en attendant que le rapport de force soit favorable », analyse Bakary Sambe. Selon le chercheur, cette stratégie fait qu’il est difficile de détecter la dangerosité de ce discours dont le but ultime est de supplanter un ordre religieux pour en implanter un autre. « On ne voit rien au premier abord, mais il y a un travail de conditionnement mental et de préparation psychologique pour que les autres formes de discours plus radicaux puissent passer », prévient-il.
Casa Africa en Las Palmas de Gran Canaria es sede hoy de una jornada sobre el yihadismo en el continente, los radicalismos y su enfoque desde España.
Más cercano al archipiélago la situación en Mali mejora muy lentamente. La amenaza del terrorismo yihadista sigue en la zona y se extiende a otros países donde se diluyen las fronteras. Allí estuvo hasta hace un año el general Alfonso García-Vaquero que dirigió la misión europea de adiestramiento a los soldados malienses. El militar español ahora en la reserva cree que Canarias es un lugar seguro por sus características y por los efectivos que existen, incluso más que otros puntos del estado español
Source: http://cadenaser.com/emisora/2016/06/10/ser_las_palmas/1465556120_373066.html
Entre diplomatie religieuse et conquête économique, le modèle marocain fascine les milieux politiques et économiques et attire l’attention des chercheurs.
La probable adhésion du Maroc à la CEDEAO (et plus globalement sa stratégie africaine) continue d’animer le débat intellectuel en Afrique de l’Ouest. C’est ainsi que le think tank Timbuktu Institute a consacré sa conférence de rentrée, le 5 septembre, à la stratégie africaine des nouveaux acteurs de la coopération, avec un focus sur les cas du Maroc et de l’Inde.
Besoin d’affirmation
Pour Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, le royaume chérifien a réussi à transformer ce qui aurait pu être un handicap (sa géographie) en avantage. «Entre l’Océan Atlantique, la Méditerranée et l’Algérie, sa seule zone de déploiement, c’est l’Afrique subsaharienne», dit-il, citant un discours du roi Hassan II, en 1983, dans lequel il comparait le Maroc à un vieil arbre dont les racines se trouvent en Afrique subsaharienne et les branches et les feuilles dans la Méditerranée. Même si, selon le chercheur, derrière la forte affirmation de l’africanité du Maroc, il y a le besoin d’affirmation de l’africanité du Sahara.
Capital image
Le Maroc a donc capitalisé sur son histoire pour réussir sa «conquête» économique de l’Afrique subsaharienne. En effet, selon Bakary Sambe, l’intelligence des autorités marocaines réside dans le fait qu’elles ont su transformer les ressources symboliques et spirituelles du royaume en «capital image», et celui-ci en «capital économique». Pour cela, en plus de la diplomatie classique, le Maroc n’a pas hésité à mettre à contribution la Tariqa tidjania et les «cheikhs bilatéraux», ce réseau d’oulémas mis en place sous le règne de Hassan II. Un exemple qui devrait inspirer le Sénégal qui peine à sortir sa diplomatie d’une approche normative, alors que le monde est entré dans l’ère de l’influence où les ressources symboliques et culturelles sont devenues de véritables outils diplomatiques. Le Maroc a aussi, il faut le dire, profité du «mauvais calcul» de la France de Charles Pasqua, qui avait restreint l’accueil d’étudiants africains, avec la création de l’Institut d’études de Rabat au service d’une théorie bien ficelée de la coopération Sud-Sud. L’arrivée du roi Mohammed VI a marqué un tournant très important dans la mesure où c’est lui, en personne, qui prend en charge l’expansion économique sur le continent, multipliant les périples avec les chefs d’entreprise. Désormais, estime Bakary Sambe, pour Rabat, le défi réside dans la dialectique du lien (historique avec le continent) et du bien (l’économie). Et comment faire pour que le bien ne détruise pas le lien ? Tout l’enjeu est là !
Bakary Sambe
Directeur du Timbuktu Institute
Nos pays font l'objet de la convoitise des puissances sans développer aucune stratégie, non de résistance, mais d’existence. Comparé au Maroc, avec les mêmes moyens, notre diplomatie pouvait être plus ambitieuse si elle arrivait à gagner en vision et en prospective. Autrement dit, à sortir d’une logique normative pour intégrer les nouvelles réalités. On est sorti de la logique de puissance pour entrer dans l’ère de l’influence, du soft power, ce que le Maroc a très bien compris en faisant de son histoire des ressources symboliques au service de sa diplomatie. Il s’agit d’une véritable conquête économique par l’image et par l’histoire. Concernant une éventuelle adhésion du Maroc à la CEDEAO, nos pays ne doivent pas avoir peur, mais se préparer, définir des politiques claires pour ne pas en subir les effets pervers».
Yoro Dia
Journaliste, enseignant de relations internationales
L’avantage du Maroc, c’est d’être une monarchie: le temps politique correspond au temps économique. Contrairement à nos pays, le Maroc sait pourquoi il veut adhérer à la CEDEAO. Mais cette éventuelle adhésion mérite un grand débat national qui n’a pas encore eu lieu».
Dans sa stratégie d’expansion africaine, le Maroc a d’abord misé sur la la banque, «un outil performant d’intelligence économique». Le Groupe Attijariwafa bank, présent dans plus de 20 pays, est le symbole de cette pénétration sur le continent. Sans parler des autres têtes de pont (BMCE Bank of Africa, Banque Atlantique, Saham, Maroc Telecom, etc.). Par ailleurs, conscient du rush vers l’Afrique, le Maroc cherche à convaincre les investisseurs étrangers de poser leurs valises à Casablanca pour ensuite les accompagner dans leur pénétration sur le continent, chose dont témoigne la multiplication des forums Chine-Maroc-Afrique ou Inde-Maroc-Afrique. C’est ainsi que Casablanca est devenu un véritable hub économique en Afrique. Un signal bien perçu par les milieux économiques européens. En témoigne la Coface qui, en 2012, avait présenté sa stratégie africaine à… Casablanca. Toutefois, certains redoutent de voir le Maroc devenir un pays de dédouanement de marchandises européennes avec une délocalisation massive des industries européennes sur son sol pour mieux exporter vers les autres pays de la CEDEAO.
Source : http://www.leseco.ma
Dans une récente tribune de Jeune Afrique (n°2979), le Directeur de Timbuktu Institute-African center for Peace Studies, Dr. Bakary Sambe, revient sur une « archéologie de la crise sécuritaire au Sahel » montrant que les racines profondes de la crise sont à trouver dans les inconséquences des politiques imposées aux pays du Sahel dans les années 90 mais aussi d’un retard de 40 ans accusée, depuis les sécheresses des années 70, par la communauté internationale dans son intervention au Sahel. Il appuie l’idée des solutions préventives par l’éducation mais pointe des incohérences qu’il faudrait éviter pour ne pas répéter les erreurs du passé. Voici in extenso cette tribune intitulée « Les kalachnikonvs n’ont jamais vaincu les idéologues »
« Un éminent leader religieux du Sahel me confiait qu’il fallait chercher les causes de la radicalisation dans la combinaison entre « l’arrogance des injustes et l’ignorance de ceux qui se sentent victimes ». De fait, la communauté internationale a quarante ans de retard par rapport aux réseaux qu’elle combat : lors des sécheresses des années 1970, ni l’Europe ni les États-Unis, rudement frappés par la crise pétrolière, ne pouvait nous aider. Ceux qui le pouvaient exportaient du pétrole, des pétrodollars et… des idéologies. Puis la communauté internationale imposa, dans les années 1990, des politiques d’ajustement structurel à des pays sommés d’emprunter le chemin du libéralisme en investissant le moins possible dans l’éducation, la santé et le social… Tandis que les exportateurs d’idéologies construisaient au Sahel des méderssas et y implantaient des ONG dites « islamiques » – lesquelles ont remplacé l’État et délégitimer les nouveaux missionnaires de la démocratie.
Début février, Dakar a accueilli le Partenariat Mondial pour l’Éducation. Mais j’aurais voulu rappeler à Macky Sall, Emmanuel Macron et même à Rihanna que de nombreux pays du Sahel souffrent encore d’une dualité, voire d’un éclatement du système éducatif, avec d’un côté l’école « officielle » francophone et, de l’autre, une multitude d’écoles coraniques. Les États sahéliens ne saisissent pas les enjeux d’une telle dynamique et n’ont jamais intégré cette dimension du choc des modèles religieux et citoyens par le biais de l’éducation dans le cadre global d’une politique de sécurité.
Le terrorisme a surgi au milieu de cet espace après avoir été vu, pendant longtemps, comme un phénomène lointain, et son caractère imprévisible n’a pas laissé de place à des stratégies en amont. Il a imposé une approche réactive. Confrontés à l’urgence, les pays du Sahel et leurs partenaires internationaux n’ont pu répondre que par le sécuritaire comme le fit Serval, dont il faut bien reconnaître qu’elle a stoppé les djihadistes sur leur route de Bamako. Mais en a découlé une conception strictement sécuritaire d’un phénomène nécessitant une approche holistique.
L’échec des solutions strictement militaires est une réalité irréfutable. Il ne fallait pas s’attendre à voir des kalachnikov défaire une idéologie. Les Américains sont restés plus de quinze ans en Afghanistan et les Talibans y sont encore. Serval a vécu, remplacée par Barkhane, qui est incapable d’en finir avec les terroristes dans le nord du Mali. Les groupes armés y prospèrent et le front s’est élargi vers le centre du pays avec le Front de libération du Macina, débordant jusqu’au Burkina Faso.
Les solutions militaires sont certes un mal nécessaire pour endiguer la menace grandissante, mais elles ne sont ni efficaces ni durables. Elles ont même inspiré les djihadistes ! Plus besoin de stratégies globales et de coordination risquées : il suffit de créer des zones d’instabilité et de mettre une couverture « islamique » sur toutes sortes de conflits pour susciter l’intervention occidentale qui, avec leurs bavures et leurs ratés, nourriront frustrations et révoltes – un terreau idéal pour recruter de nouveaux combattants.
Nous sommes devenus une vraie communauté internationale : pays riches ou pays pauvres, d’Afrique ou d’Europe, nous avons la vulnérabilité en partage. Gao, Maïduguri ou Tazalit sont aussi exposées que Paris, Bruxelles ou Miami. Ce qui se passe sous nos tropiques concerne aussi les puissants membres du Conseil de Sécurité et il est urgent de trouver ses solutions concertées. Or il y a un hiatus entre les approches globales, préconisées par nos partenaires internationaux, et les perceptions locales. Il est temps de donner leur dignité de « solutions » aux possibilités endogènes. Il y a cinq ans, je disais à des responsables de la Commission européenne que dans certains de nos villages l’achat d’un char vieux modèle coûtait plus cher que la construction d’une école. Deux choix s’offrent à nous avec la chance de pouvoir les coupler : prévenir aujourd’hui par l’éducation et la justice sociale ou se préparer, militairement, à intervenir indéfiniment et continuellement, demain, sans gage de réussite et avec le risque de reproduire les causes du mal que l’on cherche à combattre.
(Source Jeune Afrique n° 2979)
Mohamed Maiga est malien de nationalité, historien de formation, auteur de plusieurs communications sur la crise au Mali. Actuellement étudiant-chercheur en fin de deuxième cycle à l’UFR CRAC de l’UGB spécialisation gestion du patrimoine culturel. Par ailleurs, il est membre fondateur du réseau international pour le culte du débat, plusieurs fois champion d’Afrique, collaborateur du Timbuktu institute patrimoine et paix. Dans cet entretien qu’il nous a accordé avec la collaboration de l’Institut Français de Saint-Louis dans le cadre des « Débats d’idées », il revient sur l’ouvrage de Seydi Djamil Niane intitulé « Moi musulman, je n’ai pas à me justifier »
Comment appréciez-vous cet ouvrage ?
En vérité c’est le meilleur ouvrage que j’ai lu en 2018 ; heureusement que nous sommes au mois de février et du coup j’espère que j’aurai l’occasion d’en lire d’autres. On perçoit que Djamil est un citoyen du monde qui a décidé de s’exprimer en tant que citoyen français, musulman d’origine africaine. Il porte sa veste d’universitaire tout en ne prenant pas position, en dehors de son appartenance confrérique qu’il montre dans chaque partie de son ouvrage. En effet on sent qu’il est un fervent disciple de la confrérie Tidianya. On sent qu’il est passé de la Chahada à la Mouchahada à travers cet ouvrage qui doit être lu par tous les français. Je parle surtout de ces français qui pensent comprendre l’islam, de ces français qui ne font pas le distinguo entre l’intégrisme religieux, le terrorisme et la République et surtout le caractère laïc de la République. Donc Djamil s’est présenté comme un citoyen du monde qui vient apporter un message. Don son message on sent son indignation. Djamil est à l’image de ces écrivains qui dénoncent comme Frantz Fanon, Mariama Ba …. Le plus important est qu’il invite les citoyens du monde à ne pas confondre l’extrémisme violent à l’islam.
Quel commentaire faites-vous du titre de l’ouvrage de Djamil?
Le titre est assez provocateur à l’image du livre d’Amadou Krouma » Allah n’est pas obligé ». Il est assez provocateur non seulement pour les musulmans, mais aussi pour les islamophobes, les nérgrophobes et les francophobes, parce qu’en lisant le titre on a l’impression que Djamil veut nous inviter à voir l’islam d’une autre façon. Et pour mieux comprendre le titre il faut forcément lire l’ouvrage. Au tout début, l’auteur du dit » tout a commencé lorsque la question « que penses-tu des attentats? » s’est transformée à « qu’avez-vous fait encore? », après les attaques du Bataclan. On s’en qu’on lui a demandé quelque chose qu’il n’a pas voulu et il dit qu’il n’a pas à se justifier. Le sous-titre « Manifeste pour un islam retrouvé » donne de l’espoir.
Pensez-vous que ce manifeste puisse permettre à l’islam de retrouver sa place dans la société occidentale ?
Pour répondre à votre question je vais paraphraser Djamil à la page 117 où il dit : « Mon intime conviction est que la grandeur de l’islam et de la France ne saurait être chantée que si chacun des deux se considère surtout et avant tout comme partie composante de l’humanité ». Voici un message de paix. Ce livre est tellement parlant surtout pour les musulmans de France. Je dirais que ce manifeste va permettre à ceux qui veulent comprendre de comprendre, à tous les musulmans de la France qui n’ont pas à se justifier et même aux musulmans du monde qui n’ont pas à se justifier devant des actes perpétrés ou commandités par des gens qui se réclament d’Allah. Ce livre permettra à l’Islam de retrouver sa place si et seulement si l’occident veut que l’Islam retrouve sa place, parce qu’en lisant Djamil on se rend compte par exemple que dans l’éducation nationale en France, il ya de l’islamophobie. Il ya également une grande ignorance dans les débats autour de l’islam.
L’auteur parle d’humanisme théocentrée. Qu’est-ce que cela suggère pour vous?
D’abord il faudrait rappeler ce que c’est que le théocentrisme. C’est une tendance à considérer Dieu et la religion comme étant la condition sinequano, la clef de la compréhension du monde et de l’histoire de l’humanité. N’oublions pas que l’humanisme est une affaire européenne, particulièrement italienne qui a vu le jour au 15eme siècle. Quand Djamil parle d’humanisme théocentré en précisant que pour que cet humanisme soit une réussite il faut revenir à la conception Soufi de l’unicité. Mais il se trouve que cette humanité est constituée de plusieurs éléments dont le soufisme; alors si vous proposez un humanisme théocentré qui n’a pas pour objectif de diviniser l’homme, mais de considérer Dieu comme étant partout, de considérer que Dieu est en nous, ce serait vraiment des bémols pour l’humanité. Pourquoi? Parce que d’abord vous avez un occident qui se dit civilisateur du monde qui prône le mariage gai, qui pense que la laïcité n’est pas compatible avec l’islam, qui pense que la démocratie et les droits de l’homme doivent prévaloir partout et qui pense que cette démocratie c’est de l’import-export, qui dit aux religieux de ne pas se mêler à la chose publique. Vous conviendrez avec moi alors que cet humanisme sera difficile à théocentrer, mais si on se fie à la conception soufie, c’est réalisable.
« Face à ceux qui déshumanisent la vie, osons chers musulmans, l’humanisme théocentré pour être à la hauteur du message coranique » Quel commentaire vous suggère ce passage?
C’est un message fort, il est tellement fort que je reproche à Djamil de l’avoir adressé seulement aux musulmans. Ce message devrait être adressé à l’humanité, surtout aux puissances occidentales pour qu’ils comprennent que c’est la seule alternative pour éradiquer ceux qui déshumanisent la vie, c’est à dire les groupuscules terroristes. Si on porte les lunettes de Djamil on se rend compte que l’humanisme théocentré qu’il prône est une solution. Il dit lui-même qu’on n’a pas besoin de maitriser le coran ou les hadiths du Prophète (PSL) pour voir les fruits de cet humanisme théocentré. Mais je précise qu’il faut préalable comprendre la conception soufi de l’unicité.
Quelle est la place du dialogue islamo-chrétien dont on parle souvent dans l’ouvrage?
Ce dialogue est au cœur de ce livre. C’est vrai au tout début Djamil critique, accuse et s’indigne mais au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture on note qu’il transmet un message de paix entre musulmans et chrétiens en donnant des exemples d’actes odieux commis par des chrétiens qui n’ont pas à se justifier à cause de leur religiosité. Du côté du monde musulman il cite les pétromonarchies qui essayent de faire rayer le Yémen de la carte du monde devant le silence et la bénédiction des puissances occidentales. Il rajoute que le dialogue est possible et pour le rendre tangible, il donne l’exemple de l’Association Internationale dont il est membre fondateur et qui appelle à la coexistence active. A la page 119, il dit: » mon dernier vœux est qu’ensemble par-delà nos convictions religieuses ou philosophiques, au-delà de nos couleurs de peaux et d’orientation sexuelle, nous nous mobilisons pour rayer le mot désespoir du vocabulaire humain, désespoir qu’il faut rayer et faire appel à la coexistence active.
Que pensez-vous du style d’écriture de Djamil ?
Je voudrais d’abord dire que Seydi Djamil Niane est un intellectuel qui a beaucoup lu. Il ya chez lui plusieurs influences notamment celles de Frantz Fanon, Éric Geoffroy, Bakary Samb, Krumah, Amadou Ampaté Ba. Ce livre est du genre lettre ouverte qui s’adresse à l’humanité tout entière.
Entretien réalisé par Momar Alice NIANG
Source : http://ndarmag.com
On Friday, the 16th of February, the Timbuktu Institute African Center for Peace Studies welcomed Ambassador Stephan Röken of Germany.
His Excellency expressed an interest in the Institute after having read the director BakarySambe’s column in JeuneAfrique, “Les Kalashnikovs n’ontjamaisvaincu les ideologues.” Agreeing that education and other preventative measures are the solution to growing violent extremism across the Sahel, Ambassador Röken sought to learn more about the mission of the Timbuktu Institute; the promotion of African cultural resources in order to resolve and prevent conflict in all forms.
In particular, Sambe and Röken discussed the current educational divide in Senegal. Like many other countries in the Sahel, Senegalese students are split between an ‘official’, French, and secular education, and Koranic schools. Sambe sees this a divide with great potential for danger, as the political elite have all been products of the French system since independence. The lack of valorization of the Koranic schools and those who hold an Arabic baccalaureate could lead to more than political ramifications.
In turn, Ambassador Röken spoke of Germany’s future role in conflict prevention. He noted that Germany has a growing interest in Sahel security due to domestic politics surrounding migration. He praised the work produced by the Timbuktu institute through partnerships with German institutions like the Konrad Adenauer Foundation, and Rosa Luxembourg.
His excellency expressed his hope that such partnerships would continue, that other German institutions would become involved, and noted that he looked forward to potential future partnerships between the Timbuktu Institute and the German Embassy.
In this Lettre de l’Observatoire des Radicalismes, the Timbuktu Institute seeks to “document a theme largely debated beyond suppositions and hypotheses, specifically on Salafism’s force and real impact amongst young people.”
“The analysis of online messaging from this sect’s principal predicators has been particularly instructive regarding the dangers or lack thereof surrounding these discourses which, contrary to popular belief, are as varied as they are contradictory,” emphasized Bakary Sambe.
Considering the prevalence of internet and social media use by extremist groups to recruit members, the Timbuktu Institute seeks to add to the debate surrounding online recruitment with this case study, based on months of following Salafist Youtube personalities.
The study is particularly interested in Salafist digital strategies in regards to messaging content, chosen targets, and opposition to Sufi brotherhoods as part of wider recruitment tactics.
The director of the Institute specified “the methodology adopted for the study necessitated analysis by researchers who are not familiar with Senegalese Salafist discourse, in order to avoid any and all forms of bias. The study was performed by our American research assistant Stephanie L. Schmitt, allowing for a new perspective from a curious and driven member of the team. A French version of the article will soon be available.”
The report Salafist Online Messaging and Digital Strategies in Senegal can be read via the attached link, or under the ‘Publications’ section of our website.
Download the report by clicking on the following link Salafist Online Messaging and Digital strategies in Senegal
On Monday, director of the Timbuktu Institute Bakary Sambe invited authorities to put in place an “inclusive national strategy” to prevent and counter violent extremism.
“This is a solemn call to the Senegalese government to institute an inclusive national strategy to prevent and counter violent extremism,” he declared.
Dr. Sambe’s remarks were part of a speech given at the closing ceremony of the Institute’s “Educating for Peace” program, which was conducted with the support of the American embassy.
For him, it is urgent to develop such a strategy “considering the constant mutation of the terrorism phenomenon.” He elaborated the Senegalese plan should be “part of a broader sub regional network,” and that authorities should not “neglect to integrate regional systems of cooperation” into the plan.
Dr. Sambe also indicated that the creation of the strategy should involve religious and civil society leaders as well as researchers, and should use education as a central policy pillar.
“The Institute implores Senegalese authorities to work with their African and International partners to put in place and operationalize a collaborative platform to anticipate risks,” said Sambe.
Specifically, Sambe cited homegrown terrorism, a risk all countries in the region are working to counter and prevent.
Tulinabo Salama Mushingi, United States Ambassador to Senegal, “by emphasizing dialogue and interaction, a new generation will understand the value of of the exchange of beliefs, thoughts, and ideas.”
His Excellency continued, “tolerance does not imply a lack of engagement in regards to the beliefs of others, rather, it condemns the oppression and persecution of other’s beliefs.”
He concluded “in this program [Educating for Peace], it is not a question of changing another’s opinion. Instead, it seeks to understand the perspectives of others in order to live peacefully.”
Written in the style of an open letter from one global citizen to another, « Moi, musulman, je n’ai pas à me justifier » by Seydi Diamil Niane seeks to steer the confusing and politically charged conversation about Muslims and their relation to violent extremism away from the damaging blame game towards a call for a spiritual Islam compatible with humanist values. Moreover, while Diamil Niane’s condemnation of extremism is absolute, he rejects the notion that he or any other Muslim ought to apologize or distinguish him or herself as one of the ‘good guys’ in the wake of a terrorist incident. On page 35, Diamil Niane writes: “If I decide to take up the pen to denounce the violent extremism of certain groups claiming to share in my own religion, then it is by personal choice and not by obligation.”
More interesting still, is Diamil Niane’s rationale for refusing to give in to the pressure to defend one’s religion every time these heinous acts perpetrated by a tiny minority – who disproportionately kill other Muslims - are brought up. Logically, it makes sense that one person cannot be held in any way responsible for an act they did not commit themselves. However, today’s media climate reflects a double standard whereby Muslims are expected to justify their faith after terrorist attacks when the same courtesy does not apply to other groups, religious or otherwise. For example, Christians are hardly ever called upon to excuse themselves for the war in Iraq, even though George Bush identified as a Christian. In a similar vein, media pundits do not demand that every French citizen beg for forgiveness for the atrocities committed by their government during the colonial period.
Given the book’s target audience of “global citizens”, Diamil Niane does a commendable job of linking Islamophobia, that is, a prejudice against Muslims which is completely separate from justified criticisms of Islamic thought and practice, to other forms of racisms that persist in 21st century in France. By so doing, the book is able to connect to a larger audience by drawing the connection between Islamophobia and other social justice issues such as the French strain of anti-Semitism that has placed Jews under the microscope for centuries as easy scapegoats (case in point, the Dreyfus Affair) and led to the characterization of an entire religious community as somehow less trustworthy than other French citizens.
Indeed, for me the book’s most touching moment came early on in the dedication page. In addition to two tributes to the author’s mother and a former teacher, the book is dedicated to Rosa Parks, or, in the author’s own words, “She who refused to explain herself.” This tribute reminded me that whether a people are fighting for justice on the basis of religion or race, it is never up to society at large to dictate the terms of their so-called equal treatment. Muslims do not have to apologize profusely for practicing their faith to make non-Muslims feel safer, nor should Americans to dictate what black Americans can or cannot speak out against because their “Black Lives Matter” protests make parts of white America uneasy.
Yet, the book’s title begs the question, if Muslims are not obligated to constantly explain or justify their faith, then what can they do to fight back against the tide of criticisms against their religion? For the author, the answer to this question is to show the beauty of Islam through their exemplary behavior and acts of kindness. Dialogue, particularly interfaith dialogue, is also stressed as essential to promoting understanding and counteracting intolerance against a religion that is so deeply misunderstood by many, particularly in the West. And while I wholeheartedly agree that interfaith dialogue is necessary to counteract Islamophobia, I worry that this sort of interpersonal connection is not always possible.
Granted, my perception is a little skewed. I live in a country with a population of 323 million of which an estimated 3.5 million individuals identify as Muslim. It is not uncommon, especially in rural areas, for a fully mature adult to not know a single Muslim person. Speaking from personal experience, before attending university I knew only a handful of Muslim families in my small town which was mostly made up of the descendants of Irish or Italian immigrants. Still, after every incident of radical Islamic terrorism the same scenario plays out on U.S. television screens. A so-called “expert” on Islam gets on a national news network such as Fox News to denounce Islam as inherently violent. Oftentimes, they produce one verse of the Qur’an that alludes to physical retaliation of some sort, completely isolated from both its historical context and its surrounding verses of course, and wave it around to evoke fear and suspicion of Muslims residing in the U.S. My point is, that it is much easier to fear and otherize Islam when you have no personal experience whatsoever interacting with Muslims. Moreover, in the same way that it is unreasonable to ask a Muslim to justify their faith after a terrorist incident, we cannot burden the relatively small number of Muslim-Americans with the task of educating the masses of non-Muslims whose knowledge of Islamic is next to nothing. This presents quite the dilemma for countries without a sizable Muslim minority such as the United States. Although the book provides fascinating insights for Muslims on how to internalize the core values of their faith and walk along the path of Sufism, I was left wondering what the author’s recommendations for non-Muslims to promote tolerance and interreligious understanding would be.
Aoife Croucher
Research Intern at Timbuktu Institute –African Center for Peace Studies
Timbuktu institute est en train de mettre en place des stratégies de formation au profit des jeunes sénégalais, notamment leur autonomisation. Cela, quelle que soit la couche sociale à laquelle ils appartiennent, a signalé son directeur, le Dr Bakary Sambe, enseignant-chercheur au Centre d’études des religions (Cer) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
En partenariat avec le centre marocain Annajah (réussite en arabe), une formation a été organisée pour inciter les jeunes à être capables de se prendre en charge et à être responsables dans le cadre de l’entreprenariat et de l’auto-emploi, les problèmes les plus cruciaux auxquels les Etats de l’Afrique de l’Ouest font face. « Aujourd’hui, nous formons des jeunes issus de toutes les couches sociales, des universités, des lycées, des porteurs de projets, entre autres, pour leur faire bénéficier d’une prise de conscience de leurs capacités à s’approprier les dispositifs que l’Etat sénégalais a mis en place comme l’Anpej, le Fongip, etc. », a déclaré Bakary Sambe, enseignant-chercheur au Centre d’études des religions (Cer) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
L’idée, selon le directeur de Timbuktu institute, c’est de faire en sorte que les jeunes puissent prendre conscience de leur potentiel en présentant des projets viables et à être autonomes. Il a relevé que le Sénégal, tout comme les autres pays du continent, pourrait bénéficier du dividende démographique si les jeunes sont formés. En plus des jeunes scolarisés en français, la formation est également destinée à ceux formés en langue arabe qui, parfois, se retrouvent sans offre d’emploi.
Pour l’adjoint au préfet du département de Mbour, Alseyni Bangoura, qui a assisté au démarrage de cette formation, « depuis 2012, le président de la République, Macky Sall, a fait des efforts en créant le Baccalauréat arabe permettant aux bacheliers en arabe d’accéder aux universités et en ouvrant une section qui leur est dédiée à l’Ecole nationale d’administration (Ena) ». Dr Bakary Sambe a ajouté : « Nous voulons, dans le cadre de cette initiative, renforcer cela, pour que les arabisants puissent trouver leur place sur l’échiquier politique, économique et social ».
Justifiant leur présence à Mbour, il a souligné qu’elle entre dans une perspective de décentralisation. « Après deux sessions de formation qui se sont tenues respectivement à Dakar et Tivaouane, nous avons voulu faire dans la décentralisation en venant à Mbour qui se trouve être un endroit réputé pour ses activités touristiques, avec beaucoup d’incitations et de risques, mais aussi pour une meilleure insertion des cadres arabophones », a dit M. Sambe. Il a fait part d’un projet en gestation à Mbour en partenariat avec l’ambassade de France au Sénégal, le Conseil départemental de Mbour et les organisations sportives et de jeunes.
« Partout où nous avons organisé des formations, les jeunes ne sont plus les mêmes au niveau de leur mentalité et de leur possibilité de se prendre en charge, mais aussi d’une responsabilisation et de s’engager en tant que citoyens modèles qui se demandent certes qu’est-ce que l’Etat peut faire pour eux, mais aussi ce qu’ils pourraient faire pour l’Etat et pour leur pays », a ajouté Bakary Sambe.
L’adjoint au préfet du département de Mbour a déclaré que cette formation dont les bénéficiaires sont constitués majoritairement de jeunes est « une initiative capitale et sûre » en phase avec la politique du gouvernement du Sénégal qui ne saurait prospérer sans une bonne formation des jeunes.
Source : .lesoleil.sn
ADE/ASB
En choisissant de consacrer à cette thématique, la Lettre de l’Observatoire des Radicalismes, Timbuktu Institute a voulu « documenter une problématique largement débattue au-delà des suppositions et des hypothèses sur la force et l’impact réel de ce courant sur les jeunes notamment ».
« L’étude basée sur l’examen du discours des principaux prédicateurs appartenant à ce courant s’est révélée instructive notamment sur la dangerosité ou non du discours salafiste qui, au-delà des suppositions, est aussi varié que contradictoire », souligne Bakary sambe.
A l’heure du débat sur la radicalisation via Internet et l’effet des réseaux sociaux sur les sujets potentiellement sensibles aux discours extrémistes, Timbuktu Institute a voulu questionner cette problématique et réaliser une étude basée sur de longs mois de veille et de suivi du discours des personnalités salafistes à travers YouTube.
L’étude s’est intéressée aux stratégies digitales des salafistes tout en donnant une grande importance à l’analyse des contenus, aux cibles mais aussi à la question de l’opposition aux confréries comme stratégies de recrutement.
Le directeur de Timbuktu Institute précise que « la méthodologie adoptée a voulu mettre en avant dans cette étude des chercheurs qui ne sont pas familiers du discours salafiste sénégalais afin d’éviter les biais et toute forme de parti pris. Elle a été confiée à notre chercheure assistante américaine Stephanie L Schmitt ; ce qui a permis d’avoir un regard neuf, serein et curieux. Une version française sera bientôt disponible ».
La lettre est disponible en téléchargement direct sur ce lien Salafist online Messaging and Digital Strategies in Senegal ou dans la partie Publications dans le site officiel de Timbuktu Institute.