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Le nouveau positionnement du Sénégal relève d’une parfaite conscience de la transnationalité du phénomène terroriste et du débordement progressif de l’épicentre malien surtout avec l’instabilité politico-institutionnelle qui a occasionné l’abandon de positions stratégiques par les forces spéciales au pouvoir à Bamako. Dans ce contexte marqué par des signaux peu rassurants aux frontières sénégalo-maliennes et mauritaniennes sans parler de la régionalisation effective de la menace terroriste, le Sénégal ne peut perdurer dans la stratégie réactive de construction d’une résilience nationale dans un contexte régional d’instabilité chronique. Il fallait passer au containment proactif des risques et au renforcement des dispositifs d’anticipation parmi lesquels le renseignement extérieur et intérieur qui se modernisent.
Même sans effectivement intégrer le G5 Sahel qui va nécessairement évoluer vers un cadre élargi, le contre-terrorisme sénégalais a bien besoin de toutes les sources et ne peut se passer des cadres régionaux de coopération et de partage d’informations dans le cadre d’une mutualisation qui s’impose. La présence du Président Macky Sall au dernier sommet si décisif de Ndjamena relève d’un certain réalisme et d’une prise de conscience de la nécessité d’une gestion des urgences sécuritaires sans perdre de vue l’enjeu de la prévention face au rapprochement des groupes profitant du vide laissé par des forces spéciales qui faisaient de la région Kayes le dernier verrou vers nos frontières.
Au-delà du soutien financier symbolique aux efforts du G5 Sahel, le Sénégal, déjà assez présent militairement au Mali dans le cadre de la MINUSMA, réaffirme, de fait, un des principes fondateurs de sa diplomatie à savoir la solidarité africaine mais donne aussi un signal fort par ce tournant décisif dans son engagement contre le terrorisme qui n’est plus perçu comme un phénomène lointain mais un danger immédiat.
La « conquête des cœurs » : clé de la « bataille de l’Est » ?
La frontière sénégalo-malienne est une préoccupation désormais assumée de nos forces de sécurité et de défense qui ont, intégré l’idée d’une bataille de l’Est à gagner. C’est un changement de paradigme. Cette affaire d’une cellule terroriste qui serait démantelée ne surprend guère sachant que, début février, un rapport international rendu public faisait état de cette incursion depuis le Mali. Une récente étude du Timbuktu Institute démontre que la région Est bénéficie encore d’une certaine résilience bien que quelques inquiétudes appellent à une approche holistique au-delà du sécuritaire.
Le véritable enjeu pour le Sénégal est d’arriver à empêcher que les groupes qui vont inéluctablement s’approcher ne trouvent pas de couveuses locales auprès des communautés, qu’elles soient l’allié des forces de sécurité et de défense, ne serait-ce que pour le renseignement humain, et non des groupes terroristes qui voudraient en exploiter les frustrations et marginalisations génératrices de radicalisation. Cela nécessitera encore plus d’investissements massifs pour renforcer le sentiment d’appartenance nationale. La bataille de l’Est ne se gagnera pas sans la conquête des cœurs qui me semble plus durable que la soumission des corps et le
tout-sécuritaire qui n’a jamais vaincu le terrorisme ailleurs.
Le Programme #Educating_for_Peace est une idée du Timbuktu Institute qui donne l'opportunité à la
jeunesse de s'exprimer sur des sujets touchant directement la société et l'environnement. En collaboration
avec Polaris Association et avec l'appui de l'Ambassade de Suisse au Sénégal, nous présentons cette petite
vidéo intitulée"Gender Perception"réalisée dans le cadre du programme sur la discrimination et la marginalisation
basées sur le genre.
Le Sommet de Ndjamena a été un moment décisif de sursaut diplomatique marquant un nouvel esprit d’ouverture et d’une prise de conscience de la transnationalité du phénomène terroriste mais aussi de la nécessité d’une approche inclusive.
L’ouverture à certains pays comme le Maroc et le Sénégal prouve une nouvelle volonté d’associer les pays qu’on considérait jusqu’ici comme loin des épicentres du terrorisme au Sahel. Certaines évolutions politiques dans les pays voisins ont fait que l’ostracisme relatif à l’égard du Sénégal s’est atténué et que son éventuel apport et celui de son armée pourraient peser sur le rapport de force face aux groupes terroristes.
Le fait que la France, malgré son statut de puissance partenaire incontournable dans la région cherche de plus en plus l’appui sincère des pairs européens est le signe d’une nouvelle ère qui sera celle des coalitions stratégiques. Ce n’est point, comme certains le pensent un signal d’un début de retrait mais d’un niveau type d’engagement voulant éviter l’image peu avantageuse d’une ex-puissance coloniale malgré les tentatives de rupture introduites par Macron depuis le discours de Ouagadougou. Mais le Sommet de Pau a, tout de même, laissé quelques séquelles et des nuages qui pourraient peut-être se dissiper lors de celui de Montpellier à venir.
Quant à l’intérêt des pays arabes pour le Sahel, ce n’est pas nouveau si l’on sait que les puissances du Golfe se livrent déjà une bataille d’influence même dans le domaine militaire dans la continuité de ce qui se joue actuellement sur le terrain libyen si encore glissant et instable. Il y a déjà des accords militaires entre certains pays comme le Niger avec les Emirats Arabes Unis sans parler de l'intérêt croissant du rival qatari pour la région où l'Arabie Saoudite dispose de fortes alliances.
La France au Sahel : un nouvel engagement réaliste ?
Contrairement à ce qu’on peut croire, le Sahel n’a jamais été une question facile pour la France qui doit constamment y gérer l’urgence et l’histoire en même temps. Je ne suis pas du tout surpris de la réaffirmation d’une présence militaire française au Sahel alors que certains évoquaient un improbable retrait. Malgré un vent de nationalisme et de l’anti-impérialisme qui a soufflé au Sahel le temps d’un coup d’Etat au Mali qui aurait concrétisé le rêve de la fin de « l’emprise française », la réalité malienne, elle, reste inchangée et préoccupante. Elle était noyée dans la brève jubilation suscitée par la chute d’un « bourreau », ébranlé, délégitimé (IBK), tandis qu’était scrutée l’arrivée immédiate mais peut-être improbable de Russes ou d’autres acteurs. La réalité est que la France demeure un acteur incontournable dans le jeu sahélien. C’est bien chez nous qu’on dit que ceux qui ne peuvent se séparer doivent cohabiter.
Autant la France reste une « grande puissance africaine » au regard de son influence et de ses intérêts géostratégiques, les pays de la région – surtout le Mali- ne gagneraient pas en matière de sécurité si cet allié arrivait à se retirer ; ce qui est peu probable, par ailleurs. Emmanuel Macron est, désespérément, en quête d’une pédagogie efficiente sur le Sahel auprès de ses concitoyens français, éloignés des réalités du terrain et qui semblent ne pas se retrouver dans ce choc des principes et la nécessité de conjuguer raisons politiques et moyens diplomatiques.
Quelle que soit la pression de la rue, les élites politiques françaises de tous bords, malgré la démagogie de certains, ont toujours été conscientes de l’importance de l’Afrique pour leur pays, son économie et son influence. Que se passe-t-il donc entre les sociétés civiles africaines et la France ? S’agit-il, alors, vraiment d’un sentiment foncièrement anti-français ou plutôt des maladresses d’une nouvelle classe politique française qui a perdu la connexion avec un terrain qui, pourtant, ne lui était pas forcément défavorable ?
Toutefois, la réponse des groupes terroristes qui n’a pas tardé suite à la déclaration du Président français à l’issue du sommet de Ndjamena n’augure pas d’une stabilisation prochaine de la région si l’on fonçait davantage dans le tout-militaire ayant abouti à l’échec constaté de Barkhane. La force Takuba annoncée et encore loin d’être soutenue par les autres pays européens, connaîtra-t-elle une issue différente ? Rien n’est moins sûr si l’on ne change pas de paradigme.
Dr. Bakary Sambe
Directeur du Timbuktu Institute (Bamako)
Les affrontements se sont en effet multipliés ces dernières années entre les Peuls, et les ethnies bambara et dogon, qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense"en s'appuyant sur les chasseurs traditionnels "dozos", la puissante milice dogon Dan Nan Ambassagou. Cette dernière est officiellement dissoute par le gouvernement malien mais elle reste toujours active. Elle fut, selon les autorités maliennes, responsable du massacre du village de Ogossagou le 23 mars 2019. Dans ce lieu de la région de Mopti au moins 157 civils peuls furent massacrés et le village fut réduit en cendres. Par la suite, l'attaque contre le village dogon de Sobane-Da dans le centre du Mali, le 10 juin 2019, avait fait 35 morts.
Bakary Sambe est universitaire, spécialiste du Sahel et directeur du Timbuktu peace Institute à Dakar au Sénégal. Selon lui, les autorités maliennes sont responsables de ce type de déchainement de violence. « Les Peuls sont des éleveurs et les Dogons sont des agriculteurs, il y a toujours eu des conflits autour de la question de l’eau et des terres entre ces communautés. L’État malien a délégué de fait la gestion de ces conflits à des milices, des groupes d’auto-défense. Même chose au Burkina faso où cela a été encouragé par le gouvernement. La gestion de la question sécuritaire par des communautés a créé un sentiment d’insécurité chez d’autres communautés rivales. Les Peuls ont cherché des protecteurs et ils ont trouvé cette protection notamment chez les groupes armés djihadistes », constate Bakary Sambe.
« Les Peuls sont une population marginalisée et laissée pour compte. Les élites politiques des pays comme le Burkina Faso ou le Mali se sont toujours méfiées de ces populations nomades difficilement contrôlables. Cette méfiance existait déjà chez les Français au moment de la période coloniale et les États centraux ont hérité de cette méfiance. L’État malien est quelques fois rentré dans une logique de dialogue avec les Touaregs. Cela n’a jamais été les cas avec les Peuls », constate l’universitaire. Au Burkina Faso, le gouvernement a encouragé la constitution de ces groupes d'autodéfense face aux groupes armés souvent assimilés à tort aux Peuls.
« Marginalisés, confrontés à l’armement d’autres communautés, le prédicateur peul Amadou Koufa, affilié à Al-Qaïda, a pu facilement et largement recruter au sein de sa communauté au profit de son groupe armé, la Katiba Macina en tenant un discours sur la marginalisation des Peuls », ajoute Bakary Sambé. Et c'est pour cela que, selon le chercheur, la résolution des conflits intercommunautaires dans la région des trois frontières est l'une des conditions de la fin de la violence. « Les groupes djihadistes se greffent sur ces conflits intercommunautaires », constate le chercheur. De fait, Le centre du Mali est pris dans un tourbillon de violences intercommunuataires depuis l'apparition en 2015 de ce groupe armé dans la région de Mopti.
Des accords similaires à ceux de janvier 2021 avaient déjà été signés il y a plus de deux ans mais ils n'avaient pas résisté à la poursuite des violences. Tiendront-ils cette fois-ci ? Pour Bakary Sambé, la fin des violences intercommunautaires passe tout d’abord par une réforme des États malien ou burkinabé.
Selon l’universitaire Bakary Sambé, une partie des fonctionnaires, surtout au Mali, sont notamment perçus comme des prévaricateurs. « Des fonctionnaires et même des retraités de la fonction publique malienne n’hésitent pas à taxer, à extorquer les populations peules pour leur enrichissement personnel. Ce n’est pas pour rien que les Peuls évitent au Mali dans 20 pour cent des cas de faire appel à la justice du pays », décrit le chercheur. « Ces accords ont un aspect dilatoire. On cherche seulement à gagner du temps. On retarde la reprise de la violence », estime Bakary Sambe. La circulation des armes doit cesser et cette responsabilité incombe à l’État selon le chercheur. « Certaines communautés de Dogons parlent le peul et nombre de communautés réglaient leurs différends par des accords entre chefs coutumiers », rappelle l’universitaire Bakary Sambe.
L’exception sénégalaise en termes de stabilité politique n’est plus à démontrer. Toutefois, dans un monde perturbé par la montée de l’extrémisme, Timbuktu Institute a réuni, hier, plusieurs acteurs au fait de la question, autour d’un symposium sur la fraternité humaine. Cette rencontre fait suite à la déclaration d’Abu Dhabi, le 4 février 2020.
En effet, le Pape François et le grand imam d’Al Azhar ont signé le document, lors de la première visite d’un souverain pontife dans la région du Golfe. Alarmés par la montée de la haine et de la division dans le monde, les deux personnalités religieuses se sont unies pour traduire la fraternité humaine en action. Elles ont invité à un engagement à la paix, en appelant toutes les populations du monde à la fraternité humaine.
Au Sénégal, la tolérance entre les différentes religions est de mise. Et selon les chefs religieux, cet aspect constitue un tremplin idéal pour maintenir cette stabilité tant chantée. »˜’Nous, chefs religieux, sommes conscients que nos religions, bien que différentes, ne doivent pas briser l’harmonie et la communion au sein des familles. Que de mariages célébrés entre chrétiens et musulmans, que de familles o๠vivent en parfaite harmonie quotidienne chrétiens et musulmans, que de cimetières mixtes o๠reposent chrétiens et musulmans. Nous sommes convaincus que c’est Dieu lui-même qui nous a fait différents pour nous rendre complémentaires. La liberté religieuse doit être reconnue pour toute croyance et pour toute religion. Il n’y a ni majorité ou minorité, mais une communauté nationale à b'tir, jouissant de la même dignité et des mêmes droits. C’est un fait constant au Sénégal, malgré les difficultés circonstancielles propres à toute cohabitation ».
Par cette déclaration, le président du Comité national du dialogue chrétien, Monseigneur André Guèye, a insisté sur le partage, la solidarité et la fraternité qui règnent entre chrétiens et musulmans, surtout à l’occasion d’événements religieux. Une tradition multiséculaire à transmettre aux générations futures.
Cependant, l’évêque de Thiès appelle à la vigilance : »˜’Restons vigilants pour pérenniser les acquis. Et pour cela, il faut assurer la bonne transmission des valeurs par l’éducation, faire bon usage des réseaux sociaux. Si nous sommes fiers de la belle tradition de dialogue, nous avons le devoir impérieux de la sauvegarder tous, parents, familles et autorités religieuses et étatiques. Nous ne devons pas nous contenter d’une ambiance d’harmonie et d’une paix superficielle. Le dialogue entre personnes différentes n’est pas le fait d’une simple diplomatie. L’objectif du dialogue est réellement l’amitié et l’harmonie. Ne nous contentons pas de discours, mais engageons-nous véritablement sur les chemins de la fraternité. Cela, par la connaissance de sa propre religion et l’effort de connaître la religion de l’autre pour l’apprécier et la respecter. Le danger réel des réseaux sociaux donne l’occasion à certains d’animer l’animosité. Il y a là aussi des efforts à fournir en matière d’éducation et de régulation. »
Selon les panélistes, seul le dialogue permettra de maintenir cette cohésion sociale dont on envie le Sénégal. Il constitue, en outre, »˜’une arme puissante », de l’avis de l’ambassadeur Martin Pascal Tine. »˜’La fraternité invite à accueillir l’autre avec respect. Dans les relations internationales, la fraternité humaine doit s’exprimer par des actes concrets, comme l’initiative de la Maison de la fraternité au Sénégal qui ambitionne de contribuer à la construction de la paix autour de la déclaration d’Abu Dhabi et à promouvoir le vivre ensemble », a déclaré le représentant du ministre des Affaires étrangères.
»Le monde est plongé dans une incertitude… »
Toujours dans l’optique de pérenniser les acquis, certains proposent un retour aux textes des livres saints. La ministre conseillère du président Macky Sall pense que l’hymne à la paix de saint François d’Assise datant du XIIe siècle est un document phare de la fraternité. A cela s’ajoute le verset de la sourate 2 Al Baqara du Coran. Penda Mbow est convaincue que ces écrits ramènent l’humanité à l’essentiel.
»˜’Le monde est plongé dans une incertitude pendant laquelle l’être humain a tendance à se replier sur lui-même, dans une certaine forme d’égoïsme. Et c’est ce qui explique la montée des populistes, mais aussi le rejet de l’autre. Notre pays est perçu comme un pays de dialogue. Mais sur quoi repose la tolérance sénégalaise ? Notre pays a été peuplé par des personnes qui ont fui d’autres contrées et qui sont venus s’installer à la recherche de la liberté. C’est cette recherche de liberté qui est à l’origine de la tolérance au Sénégal. Au XVe siècle, l’islam civil a cohabité pendant très longtemps avec les cultures paà¯ennes. C’était à l’époque de l’empire du Djoloff », détaille la ministre chargée de la Francophonie.
La laïcité, soutient-elle, consacrée par la Constitution sénégalaise, a posé les bases d’une cohabitation entre musulmans et chrétiens. Elle garantit un espace où¹ les religions s’expriment librement. »˜Le Sénégal est un pays très particulier car, à l’intérieur d’une même famille, on peut trouver des musulmans comme des non-musulmans. C’est l’un des rares pays au monde où il y a des cimetières dédiés à des musulmans et des chrétiens. Cette cohabitation entre religions et confréries se reflète dans la gestion de notre Administration et de notre vie politique. Quand le président Abdoulaye Wade est arrivé en 2000 et a voulu enlever le mot laïc de la Constitution sénégalaise, ce sont les chrétiens et les femmes qui se sont retrouvés pour défendre la laïcité, la fraternité, l’égalité et le respect de l’autre. Ces valeurs ne peuvent être une réalité qu’à travers l’espace laà¯c », explique Penda Mbow.
Par ailleurs, l’histoire du Sénégal pourrait également servir de rétroviseur à la fraternité humaine au Sénégal. Selon le Grand Serigne de Dakar, on ne devrait pas parler de tolérance, mais d’union. Abdoulaye Mactar Diop fait savoir que »˜’Dakar s’arrêtait à Sandaga et toutes les églises, y compris la cathédrale, ont été construites en plein cœur du territoire lébou. Nous partageons les mêmes fêtes, parfois les mêmes noms. Nos sociétés sont traversées par des courants extérieurs à nos valeurs fondamentales. C’est important de rappeler l’histoire. A une certaine époque, jamais les portes des concessions n’étaient closes au Sénégal. L’Etat doit contrôler les réseaux sociaux et les médias, pour nous permettre de préserver notre pays, renforcer la solidarité et le respect ».
D’un autre côté, il ne s’agit pas, de l’avis des diplomates, de seulement déterminer un système de sécurité internationale ou de respecter ses obligations pour garantir la paix. Il est également nécessaire de prévenir les causes qui peuvent déclencher un conflit.
Un avis que partage le nonce-apostolique au Sénégal qui estime qu’il faut impérativement placer la personne humaine au centre de tout. »`Comme l’a dit le pape François, tout est lié et la pandémie qui nous a forcés à penser aux êtres humains plutôt qu’aux bénéfices de certains. Il faut donc repenser nos modes de vie, nos relations et l’organisation de nos sociétés, surtout retourner au sens de notre existence », indique Mgr Michael W Banach.
L’occasion est donc donnée à l’humanité, face à la Covid-19, de promouvoir la fraternité.
Contrecarrer les discours de haine
Cette année, le prix Zayed de la fraternité humaine a été attribué au secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres. Un an plus tôt, c’est le pape François qui l’avait reçu à titre honorifique. »˜’Le document sur la fraternité humaine est une bouffée d’oxygène face aux replis identitaires que nous vivons, car il promeut la paix universelle et la coexistence pacifique. Il s’agit, pour nous, de contrer le discours de haine qui se propage à une vitesse inquiétante, notamment avec les réseaux sociaux. Ces dernières années, nous avons été témoins de montée de l’islamophobie, de l’antisémitisme, des attaques contre les minorités chrétiennes, des mosquées, des églises ; des synagogues ont été brà»lées. Aucun pays n’est à l’abri. Nous devons nous mobiliser à chaque fois que le discours de haine se répand et tirer la sonnette d’alarme. Nous devons investir dans l’éducation à la prévention fondée sur le respect de la diversité », défend, pour sa part, l’ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies, Adama Dieng.
Quant au professeur Bakary Sambe, il diagnostique un »˜’défaut de connaissance ou de reconnaissance mutuelle. Les religions qui précèdent, poursuit-il, ont plus de mal à reconnaître celles qui les suivent et les religions qui viennent après ont tendance à considérer qu’elles détiennent le mot de la fin, en accusant celles qui les ont précédées d’avoir subi des altérations ».
Actuellement dans le monde, 65 000 000 de personnes sont des réfugiés dont les 25 000 000 se trouvent en Afrique. A en croire les autorités étatiques, les Maisons de la fraternité, ces espaces d’échange sans aucune distinction dans le respect de la diversité, devraient bientôt voir le jour.
Source Enquête Journal
Par EMMANUELLA MARAME FAYE
Nous publions, in extenso, le texte du « Manifeste pour la refondation du Mali », reçu ce matin de ses proches. Il y fait un constat d’échec de la gouvernance, appelle à l’unité et exprime différents engagement. L’Imam se présente comme un « rassembleur » et lance un appel car pour lui » la situation est périlleuse »
Voici in extenso le texte reçu :
Mon esprit est tourmenté par le sort du Mali et de mes concitoyens. Les sources d’inquiétude s’amoncellent, mon âme affectée finit par déchirer mon cœur. Je ressens une tristesse infinie à la lumière de l’Islam, religion de paix, de tolérance et expression d’une existence hors de modèles imposés par autrui. C’est, baigné dans le riche héritage des traditions savamment préservées au cours des siècles, que j’ai pu grandir et m’élever face à ce que je considère depuis trop longtemps comme une immense injustice, qui a fini par laisser notre pays dans l’impasse. Le Mali est héritier des grands empires du Soudan Occidental.
Nul n’est prophète en son pays. Ma foi profonde en les valeurs d’un islam de tolérance et d’amour patriotique continue de nourrir ma raison de vivre et mon discours public. Cette foi m’oblige à tenir le discours de la vérité. Je suis resté émerveillé par l’acte de dévotion vers l’autre et le courage du plaidoyer pour un Mali renaissant. Aussi, est-ce avec esprit de responsabilité que je considère la légitimité de la dynamique de réveil du Peuple malien à travers les différentes manifestations populaires passées au cours de l’année 2020. C’est aussi avec gravité que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse. Les gouvernants doivent vivre avec l’obsession de l’intérêt général de la lutte contre l’impunité et l’intolérance, en faveur de l’égalité face à la loi et dans l’accès des services publics.
Nul être non plus n’est parfait. Je me suis souvent trompé en soutenant des hommes qui, guidés par des intérêts égoïstes et matérialistes, n’ont pas su incarner le redressement du Mali tant souhaité. J’ai cru, comme en 2013, qu’une participation forte à un projet électoral pourrait, à elle seule, porter l’espoir de résolution de nos problèmes de gouvernance politique et sociale. Je me suis trompé. Je le regrette sincèrement.
Je veux porter ici la voix d’un nouvel élan d’émancipation, d’une urgence à agir, à penser haut et vrai, devant l’histoire pour de nouveaux horizons, avec l’espoir que le génie malien entendra l’écho de cette voix et élèvera à mes côtés, en pèlerin, notre destinée. C’est un acte d’espoir et de paix. Je suis sans agenda caché, ni ambition personnelle ou intérêt partisan, mais je suis inquiet de ce feu qui embrase nos villes et nos campagnes, et qui pourrait, à terme, détruire « le Vivre ensemble » dans cette maison commune qu’est le Mali.
La situation est périlleuse et j’ai conscience que convaincre nos concitoyens demeure aujourd’hui une exigence forte dans un Mali gangrené par la faiblesse de l’éducation, l’absence de perspective pour notre jeunesse, l’incivisme, la corruption endémique, les actes obscurantistes et les vendeurs d’illusions. Le tout sur fond de mal gouvernance.
Depuis le 18 Août 2020, j’ai laissé ma porte grand ouverte. J’ai inlassablement écouté et observé, mais la situation me paraît trop grave pour que je garde silence. Si nous ne réagissons pas maintenant, activement et collectivement, l’État qui nous gouverne n’a plus de sens. Il faut sauver le pays.
Nous devons agir sans relâche avec les forces vives de la Nation pour la restauration de l’autorité de l’Etat.
Pour ce faire, je m’engage, librement, à me rendre partout où je peux être utile, là où nos citoyens se sentent abandonnés.
Je m’engage à favoriser le dialogue entre tous pour nous réconcilier.
Je m’engage à bâtir des passerelles d’échange entre les acteurs civils et armés, pour remettre au cœur des préoccupations, le vivre ensemble et la confiance entre les communautés.
Je m’engage à aller à la rencontre de nos frères et sœurs pour porter la paix dans toutes les régions en fédérant toutes les énergies confessionnelles.
Je m’engage à soutenir toute initiative en faveur du développement en faveur de notre jeunesse.
Je m’engage à contribuer à la construction d’un nouveau pacte républicain entre tous les acteurs maliens.
Il s’agit là d’un appel à un élan de croyance en l’avenir. C’est le chemin que je veux emprunter dorénavant. Je ne souhaite aucun projet de société autre que celui que les maliens veulent pour eux-mêmes. Je suis à vos côtés. « Il ne s’agit pas seulement de parler de paix, il faut y croire. Il ne s’agit pas simplement d’y croire, il faut la construire » (Anna Eleanor Roosevelt).
Ces dernières décennies sont marquées par la recrudescence de la violence que certains veulent justifier ou faire accepter au nom de la religion ou des idéologies extrémistes n’épargnant aucune région du monde. Conscientes de leur responsabilité et de leur rôle légitime de préserver la paix et de promouvoir le dialogue, conformément à l’esprit et l’enseignement de toutes les religions, d’éminentes personnalités et diverses institutions se sont engagées pour apporter une réponse concertée à cette montée des violences et de la haine dans le monde.
C’est dans ce sillage que s’inscrivent les efforts visant à instaurer une culture de la paix, notamment, la signature du Document sur la Fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune. Ce document, communément appelé Déclaration d'Abu Dhabi appelant au dialogue interreligieux, a été conjointement signé par l'imam d'Al-Azhar, Son Eminence Ahmed Al-Tayeb et Sa Sainteté le Pape François, le 4 février 2019. Dans le même esprit et conformément à l’engagement constant du Saint-Siège, l’encyclique Fratelli Tutti, signée le 3 octobre 2020, a été diffusée de manière symbolique, le lendemain, jour de la fête de Saint François d'Assise. Elle résonne, également, comme un rappel à une nécessaire harmonisation des efforts pour un monde plus solidaire, pacifique et fraternel.
Encourageant cette dynamique unitaire mondiale inédite, dans un contexte de conflits et de radicalisation, l’Assemblée générale des Nations Unies, à l’occasion de sa 75ème session, le 22 décembre 2020, a décidé, à l’unanimité, de faire du 4 février, jour anniversaire de la signature du Document pour la Fraternité humaine par le Pape et le Grand Iman d’Al-Azhar, une journée internationale de la Fraternité humaine. Aussi les Etats membres sont-ils invités à inscrire cette célébration dans leur calendrier.
A cette occasion solennelle, le Saint Père, le Secrétaire général de l’ONU et le Grand Imam d’Al-Azhar vont livrer des messages de portée mondiale pour marquer cet événement historique. S’inscrivant dans la même perspective, tout récemment, le Jury du Prix Zayed de la Fraternité humaine s’est réuni à Dubaï, du 20 au 22 janvier 2021, afin de déterminer le lauréat du Prix éponyme pour l’année 2021.
C’est au regard de l’attachement du Sénégal à la promotion de la fraternité humaine comme en témoignent la cohésion sociale et la paix qui prévalent dans notre pays, au demeurant, pionnier dans le dialogue islamo-chrétien, que des personnalités du monde politique et scientifique, des acteurs engagés dans la défense des droits humains et la promotion du dialogue et la résolutions des conflits veulent marquer cette première journée internationale de la Fraternité humaine, par un symposium en ligne ouvert au monde entier et portant sur le thème : « perspectives africaines de la Fraternité humaine au Sénégal ».
Ce symposium, qui se veut une contribution du Sénégal à ces efforts conjoints, verra la participation de diverses personnalités politiques, diplomatiques, religieuses, du monde universitaire, de la société civile, en plus d’organisations ayant joué un rôle éminent dans la consolidation du dialogue et de la paix au Sénégal, en Afrique et au plan international.
Emanant d’une initiative portée par Monsieur Adama Dieng, membre du Jury du Prix Zayed de la Fraternité humaine/Higher Comittee of Human Fraternity, ancien Secrétaire Général adjoint des Nations-Unies/Conseiller spécial à la prévention du génocide et ancien Greffier-Administrateur du Tribunal international pénal pour le Rwanda, ce symposium sera conjointement organisé, par Timbuktu institute-african Center for Peace Studies de Dakar, en partenariat avec le Comité scientifique pour le dialogue interreligieux de la Fondation Konrad Adenauer, le jeudi 4 février 2021, de 16h à 17h30 GMT.
PROGRAMME
16.00 - 16.05 Diffusion messages de S.e.m. Macky Sall (a confrmer), de Sa Sainteté le Pape François et de S.e.m. Antonio Gutterers
16.05 - 16.10 Adresse de bienvenue par Son Excellence Maître Aïssata Tall Sall, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (a confirmer)
16.10 - 16.20 La déclinaison sénégalaise de la philosophie de l’altérité : Prof. Penda Mbow, Ministre-Conseiller charge de la Francophonie
16.20 - 16.30 Fraternité et Amitié sociale entre Musulmans et Chrétiens au Sénégal : Mgr André Gueye, Evêque de Thiès et Hon. Abdoulaye Mactar Diop, Grand Serigne de Dakar
16.30 - 16.40 La Fraternité humaine dans l’agenda diplomatique international : S.e. Mgr Michael W. Banach, Nonce Apostolique au Sénégal
16.40 - 16.50 Les efforts des Emirats dans le cadre de la promotion des idéaux du dialogue sur la base du Document sur la Fraternité humaine : S.e. Ali Sultan Rashid Alharbi, Ambassadeur des Emirats au Sénégal
16.50 - 17.00 La Fraternité humaine, comme instrument de lutte efficace contre le radicalisme : Prof. Bakary Sambe, Directeur de TIMBUKTU INSTITUTE -Observatoire du radicalisme religieux et des conflits en Afrique
17.00 - 17.20 Discussions (Modération) : Prof. Bouba Diop, Membre du Comité scientifique pour le dialogue interreligieux de la Fondation Konrad Adenauer
17.20 - 17.30 Remarques conclusives et Recommandations : Adama Dieng, Membre du Jury du Prix Zayed de la Fraternité humaine / Higher Comittee for Human Fraternity et ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies
Les inscriptions pour toute participation au présent symposium sont ouvertes sur la plateforme dont le lien suit :
https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_5qH8qy2tQlWYkuNhfF0kIg
Download the full report at the bottom of the article
Within the framework of a partnership between the Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies - and the Konrad Adenauer Foundation, a documentary research was carried out on six Sahelian countries (Burkina Faso, Mali, Mauritania, Niger, Senegal and Chad) concerning human rights in the face of the Covid-19. This report examines the management and consequences of the health programs put in place by the governments of the Sahel countries in response to the global crisis, as well as the consequences of such provisions on the respect of human rights.
The Covid-19 pandemic hit the countries of the Sahel, already plagued by other political, security, food and economic crises, but with repercussions that differed from those predicted by experts on the African continent. In March 2020, the World Health Organization (WHO) announced that: "Africa must prepare for the worst. According to Antonio GUTERRES, Secretary General of the United Nations, COVID-19 is an economic crisis, a social crisis and a human crisis that is rapidly becoming a human rights crisis. It is on this theme that this study focuses, on the question of respect for fundamental, universal, so-called human rights.
Our research teams in the different countries have observed cross-cutting strategies in the fight against the epidemic that have sometimes violated human rights in order to slow down transmission and to contain the virus. The six Sahelian countries that are the subject of this analysis note have all imposed a state of health emergency, the closure of schools and places of worship, a curfew, the closure of land and air borders, the application of hygienic measures known as "barriers" ... In short, a multitude of measures with heavy consequences on economies and increased pressure on local societies.
The COVID-19 crisis also revealed many vulnerabilities of the Sahelian states in the response to containment. Indeed, the "infodemia" and the fake news have generalized a context of fear and stigmatization among the populations, due to a low involvement of the media in the communication of government programs. Moreover, even if, compared to Europe, the African continent was slightly spared in terms of mortality, health infrastructures and hospital equipment remain insufficient, as well as water supply and the distribution of "basic" social services for populations in rural areas.
To this end, several solutions are available to the Sahelian States, such as, for example, strengthening the capacities of law enforcement agencies on methods of balancing the need to respect barrier gestures on the one hand and respect for human rights on the other. Nevertheless, this report also stresses the importance of strengthening democracy, ensuring that the pandemic is not a pretext for States to restrict certain fundamental rights, which are vital for social stability, democracy and the rule of law.
Therefore, despite the unexpected resilience of the Sahelian countries, a few recommendations should be taken into account in order to mitigate the risks of a second wave, at a time when Europe is in its third wave and South Africa is developing a third variant of the virus. Thus, Sahelian governments should pay more attention to loosening up barrier measures, which are almost no longer respected by the population, and should consider organizing regional programs to prepare for a possible new wave.
This analytical note has once again revealed the paradox of emergency management, whether it be safety or health emergencies as in the case of the Covid19 pandemic. States are still faced with this dilemma between the duty to protect and the principle of respect for human rights despite the pressures. This permanent tension indicates that the democratic system in general is never a lasting achievement as long as the "safeguards" are not negotiated and accepted within the framework of shared constraints and guided by the principle of the rule of law.
The other difficulty in the management of this pandemic will have been the question of fake news and disinformation sometimes even threatening the stability and viability of States with regard to their impact on the conduct of public policies and the credibility of institutions, as well as scientific speech in contexts of existential anxiety such as pandemics.
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Ce mercredi 27 janvier, le Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies - organise, en partenariat avec l’Ambassade des Etats-Unis au Sénégal, un webinaire interactif sur le thème de la jeunesse. Conscient que c’est un enjeu primordial pour le continent, notamment dans un contexte où l’extrémisme violent cible principalement cette part majoritaire de la population que sont les jeunes. Animé par Dr. Bakary Sambe, il fera intervenir six personnalités diverses issues des sphères religieuses, de la recherche universitaire, de la société civile et des médias afin de s’adresser directement à ce public et aux acteurs qui souhaitent mobiliser la jeunesse dans la prévention de l’extrême violence et la radicalisation.
Les six Guest Speakers sont connus de l’espace public sénégalais pour leur contribution au débat public et religieux. il s’git de Madame Sokhna Maï Mbacké femme engagée au sein des confréries, Dr Seydi Diamil Niane, Islamologue à l’IFAN et auteur du livre Moi, musulman, je n’ai pas à me justifier édité par le Timbuktu Institute ; Madame Fanta Diallo, Directrice des sports, de la jeunesse et de la vie associative ; Monsieur Issa Tine, Journaliste à Walfadjiri ; Madame Fatou Kiné Diop du Forum civil ; et Monsieur Grégoire Sarr de l’Association Jeunesse étudiante catholique au Sénégal.
Le Dr Bakary Sambe modère ce webinaire, dont l’objectif principal est de voir comment co-construire des solutions durables engageant les jeunes autour de la question : « Les jeunes contre l’extrémisme violent : comment construire la résilience ? »
Policy Brief n°4 :
Les droits humains dans le Sahel à l’épreuve de la COVID-19
Rapport intégral à télécharger en fin de texte
(Aperçu analytique de Constance WYBO)
Dans le cadre d’un partenariat entre le Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies - et la Fondation Konrad Adenauer, une recherche documentaire a été effectuée sur six pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) concernant les droits humains à l’épreuve de la Covid-19. Ce rapport se penche sur la gestion et les conséquences des programmes sanitaires instaurés par les gouvernements des pays du Sahel pour répondre à la crise mondiale ainsi que les conséquences de telles dispositions sur le respect des droits humains.
La pandémie de Covid-19 a frappé les pays du Sahel, déjà en proie à d’autres crises politiques, sécuritaires, alimentaires et économiques, mais avec des répercussions différentes des prévisions d’experts du continent africain. En mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait annoncé que : « L’Afrique doit se préparer au pire ». Selon Antonio GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies, la COVID-19 est une crise économique, une crise sociale et une crise humaine qui devient rapidement une crise des Droits de l’Homme. C’est sur cette thématique que se concentre cette étude, sur la question du respect des droits fondamentaux, universels, dits humains.
Nos équipes de recherche dans les différents pays ont constaté des stratégies transversales dans la lutte contre l’épidémie qui ont parfois enfreint les droits de l’homme pour ralentir la transmission et pour endiguer le virus. Les six pays sahéliens, objets de la présente note d’analyse, ont en effet tous imposé un état d’urgence sanitaire, la fermeture des établissements scolaires et des lieux de culte, un couvre-feu, la fermeture des frontières terrestres et aériennes, l’application de mesures hygiéniques dites « barrières » … En bref, une multitude de mesures avec des conséquences lourdes sur les économies et une pression accrue sur les sociétés locales.
La crise de la COVID-19 a aussi révélé de nombreuses vulnérabilités des Etats sahéliens sur la riposte pour son endiguement. En effet, l’« infodémie » et les fake-news ont généralisé un contexte de peur et de stigmatisation auprès des populations, en raison d’une faible implication des médias dans la communication des programmes gouvernementaux. De plus, même si, comparativement à l’Europe, le continent africain fut légèrement épargné en termes de mortalité, les infrastructures sanitaires et les équipements hospitaliers demeurent insuffisants, tout autant que l’approvisionnement en eau et la distribution de services sociaux de « base » pour les populations en zone rurale.
A cet effet, plusieurs solutions s’offrent aux Etats sahéliens comme par exemple, le renforcement des capacités des forces de l’ordre sur les méthodes d’équilibre entre d’une part l’exigence du respect des gestes barrières et d’autre part le respect des droits de l’homme. Néanmoins, ce rapport souligne aussi l’importance de renforcer la démocratie, en veillant à ce que la pandémie ne soit pas un prétexte pour les Etats de restreindre certains droits fondamentaux, vitaux pour la stabilité sociale, la démocratie et l’État de droit.
Dès lors, malgré une résilience inattendue des pays sahéliens, quelques recommandations sont à prendre en compte afin de mitiger les risques d’une deuxième vague, à l’heure où l’Europe est à sa troisième vague et où l’Afrique du Sud développe une troisième variante du virus. Ainsi, les gouvernements sahéliens devraient prêter plus d’attention au relâchement par rapport aux mesures barrières, qui ne sont quasiment plus respectées par les populations et devraient penser à organiser des programmes régionaux afin de se préparer à une possible nouvelle vague.
Cette note d’analyse a encore révélé le paradoxe de la gestion des urgences qu’elles soient sécuritaires ou sanitaires comme dans le cas de la pandémie de Covid19. Les États sont toujours confrontés à ce dilemme entre devoir de protection et principe de respect des droits humains malgré les pressions. Cette tension permanente indique que le système démocratique de manière général n’est jamais un acquis durable tant que les « garde-fous » ne sont pas négociés et admis dans le cadre de contraintes partagées et guidées par le principe de l’Etat de droit.
L’autre difficulté dans la gestion de cette pandémie aura été la question des fake news et de la désinformation menaçant parfois même la stabilité et la viabilité des États au regard de leur impact sur la conduite des politiques publiques et la crédibilité des institutions de même que de la parole scientifique dans des contextes d’angoisse existentielle comme les pandémies.
Aperçu analytique de Constance WYBO, Stagiaire au Timbuktu Institute
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Dix ans après la révolution, des jeunes – dont la plupart n’ont pas connu la dictature de Ben Ali, ni participé aux soulèvements qui l’ont fait fuir et ont conduit à la chute de son régime; ils avaient moins de 10 ans, entre 4 et 8 ans – se soulèvent à leur tour avec les mêmes revendications, la même rage, pour les mêmes causes qui n’ont fait que s’aggraver : plus de chômage, plus de précarité, plus de marginalisation, plus d’inégalités, plus d’injustice, plus de désenchantement et de désespoir quant à l’avenir…
Par Mohamed Chérif Ferjani Timbuktu Institute
Certains s’entêtent à imputer cela à la révolution elle-même en l’accusant d’être à l’origine de l’aggravation de la situation économique, sociale et politique, à la dégradation des services publics d’éducation, de santé, de transports… allant jusqu’à cultiver la nostalgie du «bon vieux temps» de Ben Ali et Bourguiba. Les tares d’un système corrompu et inéquitable D’autres, tout en se réclamant de la révolution, sans y avoir participé et sans rien faire pour réaliser ses objectifs, font preuve d’un «révolutionnisme» qui cache très mal leur attachement à sauver l’essentiel du système de Ben Ali dont ils ont hérité pour en aggraver toutes les tares : les politiques néolibérales imposées par la Banque Mondiale et le FMI dès le début des années 1980, poursuivies sous le règne de Ben Ali et à l’origine des crises économiques et sociales conduisant à la révolution de 2010-2011, sont restées le seul horizon des politiques de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis dix ans, avec moins de moyens, plus d’incompétence, et sans capacité ou volonté d’imaginer des voies pour en sortir ; la corruption est la chose qui s’est le plus démocratisée au point de gangrener toute la société; son rapport au pouvoir s’est inversée : elle en était l’émanation et sous son contrôle, aujourd’hui, c’est elle qui en détermine la constitution et lui impose sa loi; le chômage en général, et celui des jeunes en particulier, continue à évoluer en sens inverse de tous les indicateurs économiques, atteignant des proportions de plus en plus inquiétantes;
la précarisation des conditions de vie n’épargne aucune couche sociale hormis ceux qui profitent de la corruption et de leur proximité avec les partis au pouvoir, et plus particulièrement avec les islamistes qui sont la seule force qui se retrouve, avec plus ou moins d’influence, dans toutes les coalitions gouvernementales depuis octobre 2011; les inégalités sociales et entre les régions se sont creusées et deviennent de plus en plus insupportables; la dégradation des services publics s’est accélérée au point qu’ils ne sont plus capables d’assumer le minimum de leurs missions, laissant la place à des acteurs privés guidés par l’appât des profits les plus importants dans les temps les plus courts, ou par l’objectif de remettre en question les acquis modernes de la société que ce soit en termes de droits ou en termes de sécularisation et d’autonomisation par rapport au conservatisme religieux et aux structures de domination traditionnelle; des institutions de l’Etat, comme la justice, la police, et l’armée, les douanes, les différentes administrations, infiltrées par les islamistes et les lobbys de la corruption, n’arrivent plus remplir leurs fonctions, notamment pour garantir la sécurité du pays et de la population contre les menaces du terrorisme et des réseaux du crime organisé; le système politique est bloqué par une «partitocratie» d’autant plus impuissante qu’aucun parti n’arrive à échapper aux jeux d’alliances sans foi ni loi et qui n’ont pour enjeux que de se maintenir le plus longtemps au pouvoir pour continuer à s’enrichir indûment, échapper à la justice, se protéger et protéger les siens et ses amis des poursuites qu’impose leur implication dans des malversations et des crimes de toutes sortes.
Ces rapaces qui ont récupéré la révolution
Faut-il pour autant regretter la révolution et la fin de dictature de Ben Ali ? Certainement pas ! Le problème n’est pas la révolution contre cette dictature mais le non accomplissement des objectifs de cette révolution qui a chassé Ben Ali et son entourage, sans réussir à détruire les fondements de son système. Le plus grand acquis de cette révolution ce sont les libertés arrachées avant que les rapaces qui ont récupéré la révolution, sans y avoir participé, n’accèdent au pouvoir pour la détourner de ses objectifs et sauver ce qu’ils peuvent du système, en le détournant à leurs profits, que ce soit pour remettre en cause les acquis modernes de la Tunisie et réaliser leur projet théocratique, ou simplement pour faire fortune et s’emparer de tous les pouvoirs au nom du peuple et de Dieu.
Pire, il suffit que les hommes de Ben Ali fassent allégeance aux nouveaux maîtres pour qu’on leur pardonne tout et qu’on les réhabilite pour profiter de leur expérience dans les manœuvres et les techniques de domination. Ainsi, le dernier secrétaire général du parti de Ben Ali, Mohamed Ghariani, fut appelé, au grand dam de nombreux dirigeants islamistes qui ont claqué la porte de leur mouvement, aux fonctions de conseiller du chef d’Ennahdha et président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi.
Répression, langue de bois et discours démagogiques
Lorsque les jeunes et les populations des quartiers et des régions victimes des injustices, des inégalités, de l’oubli et du mépris des héritiers de Ben Ali, osent manifester leur colère, comme ils peuvent, avec les moyens et la culture dont ils disposent, on leur oppose les mêmes réponses : la répression, certes, faute de moyens, moins violente que celle de la police de Ben Ali, l’appel aux milices islamistes pour soutenir les force de l’ordre comme le faisaient les milices du RCD et celles du parti de Bourguiba, la même langue de bois des discours démagogiques où le «je vous ai compris de Ben Ali» est mimé par «j’ai de la compréhension pour vos revendications» de Méchichi, le louvoiement, etc. L’un des acquis de la révolution est que la population ne se laisse plus intimider et tient tête aux pouvoirs, quels qu’ils soient et quelle que soit leur idéologie; la force de l’insoumission a remplacé «la force de l’obéissance». J’espère que les jeunes d’aujourd’hui et les acteurs des actuels soulèvements sauront préserver leur mouvement des tentatives de récupération et/ou détournement de leurs objectifs. Pour cela, ils doivent occuper la place qui leur revient dans les instances qui auront à décider des réponses à leurs revendications. Il est évident que les représentations en place, à quelque niveau que ce soit, et en premier lieu l’Assemblée qui ne représente que les intérêts des lobbys et des puissances dont dépendent les principaux groupes qui la dominent, ne peuvent apporter des solutions à leurs problèmes et aux problèmes du pays. S’il y a un véritable dialogue national, ils doivent l’investir pour éviter qu’il ne soit une nouvelle occasion de sauver le système et ceux qui en tirent les ficelles et pour faire adopter les mesures économiques et sociales urgentes qu’exigent la situation à l’origine du mouvement social actuel. Ils doivent y occuper la place qui leur revient pour que ce soit l’occasion de refonder le contrat social dans le sens de répondre aux aspirations sociales et démocratiques qui ont porté la révolution de 2010-2011, de réviser la constitution pour au moins mettre fin au système hybride qui paralyse le pays et les autres incohérences, de modifier la loi électorale sans revenir à la majorité absolue à deux tours, de mettre en place la Cour Constitutionnelle, de tirer les conséquences qui s’imposent judiciairement du rapport de la Cours des comptes concernant les dernières élections, etc. Ce sont là les des objectifs à atteindre dans les plus brefs délais, avant l’organisation de nouvelles élections.
Cet extrait est tiré de l’étude portant sur les Facteurs de radicalisation dans les zones frontalières du Sénégal (Vélingara) et de la République de Guinée (Labé), parue en Novembre 2018 en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer. Ce rapport d’enquête CAP met en exergue les facteurs qui peuvent pousser les jeunes à la radicalisation dans ces zones éloignées des centres de décision : pauvreté, chômage et exclusion sociale essentiellement et dans une moindre mesure, Internet comme canal de radicalisation juvénile.
https://timbuktu-institute.org/media/attachments/2020/10/24/timbuktu-kas-rapport-novembre-2018.pdf
PARTIE II : PERCEPTIONS SUR LES FACTEURS DE RADICALISATION : LA PRECARITE REVIENT ET LAISSE PEU DE PLACE A INTERNET
Au-delà de la difficulté que posent les précautions conceptuelles relatives à la distinction entre radicalisation et extrémisme violent, les jeunes pointent du doigt un certain nombre de réalités sociales qui seraient porteuses de germes de radicalisme religieux à long terme. La constance de la trilogie « chômage-pauvreté-exclusion sociale » dans plusieurs travaux s’intéressant aux facteurs de radicalisation, y compris dans celui-ci, est frappante et pose en même temps, le débat sur l’application effective des politiques publiques existantes. En effet, les frustrations socioéconomiques auxquelles font face les jeunesses africaines, participeraient grandement à leur radicalité, laquelle est, dans un premier temps, un moyen de donner sens à une existence peu valorisée par les rouages des systèmes en place avant l’extériorisation de cette frustration par de la violence. Par ailleurs, les progrès que les technologies de l’information et de la communication ont enregistrés ces dernières décennies, notamment internet, ont facilité la propagation des exactions des groupes terroristes sur la toile. Ce qui est dans une moindre mesure un canal de radicalisation, de recrutement de candidats au « djihad » et de terrorisme in fine.
De prime abord, la question des facteurs de radicalisation est fondamentale pour mieux comprendre le phénomène. Les organisations internationales, régionales comme sous régionales, de même que les Etats et instituts de recherche l’ont bien comprise et s’intéressent davantage à ces facteurs. Le regard extérieur pourrait trouver comme arguments explicatifs le fanatisme religieux, le manque d’éducation, l’ignorance entre autres sans creuser le questionnement sur le rôle que pourraient jouer les déterminants socioéconomiques. Tel est le cas de ce haut dignitaire religieux vélingarois pour qui « l’ignorant est plus exposé à la radicalisation que les autres », argument réconforté par celui de ce responsable administratif qui fustige l’ignorance comme étant « la cause de la radicalisation et qui en est elle- même l’élément moteur ». Pourtant, à y regarder de plus près, la radicalisation serait, selon une vision introspective des jeunes, un moyen d’expression des frustrations socioéconomiques. Le mal des centres urbains africains (chômage et pauvreté), comme on a pu le relever lors de l’enquête de la banlieue dakaroise, se fait ressentir dans les zones frontalières très éloignées des centres de décision, peu lotis en termes d’infrastructures et difficiles d’accès. C’est du moins ce que les jeunes affirment très souvent lorsqu’on les interpelle sur cette question. Selon un rapport du Bureau Régional de la Planification et du Développement de Labé publié en novembre 2008, intitulé « Monographie de la Région Administrative de Labé », 65% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quant au taux de chômage, il est rare d’obtenir des informations fiables renseignant sur cette réalité sociale. Toutefois, le Questionnaire sur les Indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB) du même rapport indique que 5,4% de la population sont considérés comme chômeurs. De l’autre côté de la frontière, à Vélingara, la deuxième enquête de suivi de la pauvreté, place la région de Kolda à laquelle est rattachée le département de Vélingara au sommet des taux de pauvreté les plus élevés du Sénégal (76,6%). Le taux de chômage, lui, est le 2ème le plus élevé (38,8%) après celui de la région de Matam qui est de 54,2%. Dans les cas spécifiques des deux villes ciblées par cette recherche, la pauvreté et le chômage constituent de véritables difficultés ressenties comme invincibles et exposant les jeunes, au banditisme, à la criminalité, voire au radicalisme. Ainsi, interrogés sur les facteurs motivant la radicalisation chez les jeunes, l’écrasante majorité pointe du doigt le chômage (33,3% à Labé et 34,6% à Vélingara) et la pauvreté (30,4% à Labé et 37,4% à Vélingara). L’exclusion sociale arrive en troisième position avec respectivement 11,2 et 9,8% à Labé et à Vélingara.
Il en était de même d’une série d’études de perception menée par Timbuktu Institute sur cette même problématique où les populations sondées évoquaient quasi systématiquement ces mêmes causes. À l’aune de ces tendances récurrentes « chômage, pauvreté et exclusion sociale », ce trio commence à s’ériger en principe tellement il devient un réflexe chez la frange jeune. Le croisement entre motifs de radicalisation et activité professionnelle exercée, place les étudiants et élèves comme catégories ciblant plus le chômage. L’endoctrinement, la question de l’interprétation des textes arrivent pratiquement en dernière position puisqu’ils capitalisent 8,5% et 8,6% à Labé et 6,8 et 4,9% à Vélingara. Cette dernière serait, dans le contexte sénégalo-guinéen, marginalement fruit d’un endoctrinement et principalement moyen d’assouvir l’expression des frustrations socioéconomiques auxquelles font face les jeunes. Au-delà des facteurs que l’on pourrait qualifier de vivants, émerge internet qui, bien que virtuel, contribuerait à la radicalisation juvénile.
Depuis les années 70, les progrès enregistrés par les technologies de l’information et de la communication ont propulsé au-devant de la scène une palette d’innovations au bénéfice des usagers d’internet. Aujourd’hui, la connexion au « net » - avec la variété d’informations qu’il met à la disposition du public, de contenus, de modes de socialisation entre individus même de continents différents – est devenu un phénomène en vogue auxquelles jeunes se sont conformés aisément.
Cet accès facile au réseau existe même dans les localités les plus reculées des pays en développement. Labé de la Guinée Conakry et Vélingara du Sénégal n’échappent pas à la réalité de la connexion à cet outil virtuel et les jeunes confirment, avec fierté, son utilisation à 81% pour le premier et à 77% pour le second.
L’usage en soi n’inquiète nullement à partir du moment où il rentre dans le cadre de la consommation normale de ce produit de la mondialisation. Il n’est pas curieux de savoir que certains en font même une « référence en matière de connaissance religieuse » (4,5% à Labé et 6% à Vélingara) après avoir désigné l’imam, les maîtres coraniques et les guides religieux. Ces trois figures constituent des références charismatiques chez les populations malgré l’emprise du numérique sur le contact physique (Cf : Graphique sur les références en matière religieuse). Toutefois, en tant qu’outil ayant ses avantages et ses inconvénients, il peut avoir consécutivement une influence remarquable parfois nuisible pour les phénomènes sociaux. C’est en ce sens qu’un maître coranique de Vélingara soutenait que « les réseaux sociaux ont beaucoup façonné le comportement des gens ». À titre d’exemple, nombre d’individus ont vécu à un moment donné de leur vie un sentiment de vexation après lecture d’un article en ligne, le visionnage d’une image sur un sujet déterminé ou même en avoir des échos par le truchement de personnes ayant été en contact direct avec l’information. Transposé sur le terrain de l’extrémisme religieux, le contact intensif avec du contenu radical, véhiculant une idéologie radicale et incitant à la violence, est-il un moyen de fabriquer des terroristes proprement dits ou un simple facilitateur d’extrémisme ? Si certains chercheurs considèrent qu’il en est un élément moteur, thèse à laquelle les populations interrogées adhèrent majoritairement (55% à Labé et 61% à Vélingara), d’autres pensent le contraire en refusant toute idée de « cyber-radicalisation ».
La recherche d’un compromis devient ainsi une nécessité face à l’urgence de la situation. C’est du moins ce que proposait Benjamin Ducol qui blâmait quelque peu la binarité du débat sur le rôle d’internet dans la radicalisation des jeunes en soutenant que : « Internet joue un rôle mais pas toujours prépondérant. Il peut intervenir dès le début du processus de radicalisation, pour des jeunes en quête d’informations, ou dans un deuxième temps, pour confirmer des convictions naissantes ou nouer des contacts ». Ainsi, la cyber-radicalisation est une réalité qui ne peut être niée. Cependant, des programmes d’éducation aux médias méritent d’être mis en place pour une meilleure prévention de ces fléaux sociaux plutôt que d’investir dans des solutions exclusivement militaires.