Après le récent rapport sur les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie, l’Observatoire des Radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) de Timbuktu Institute poursuit la cartographie des enjeux sécuritaires dans ces zones aux réalités complexes. Avec l’appui de la Fondation Konrad Adenauer (Dakar) un ambitieux projet de recherche s’intéresse aux régions Sud, notamment Kolda au Sénégal et Labé en Guinée.

Depuis quelques jours, l’équipe de Recherche de Timbuktu Institute séjourne dans ces départements en partant de Vélingara et des localités voisines pour un projet innovant devant être conclu avant le prochain Forum International de Dakar sur la paix et la sécurité, en novembre.

Selon Dr. Seydi Djamil Niane, Chargé de recherches à Timbuktu Institute, « les autorités de même que les acteurs de la société civile surtout juvénile ont hautement apprécié ce projet dont ils attendent les résultats pour une meilleure compréhension des enjeux sécuritaires en lien avec les problématiques de jeunesse dans ces régions. Nos échanges étaient fructueux et nous avons pris bonne note des suggestions et conseils avisés des autorités sénégalaises et guinéennes ».

Dans une démarche inclusive et surtout pour appuyer les efforts des Etats dans leurs politiques de prévention, l’équipe a procédé à la présentation du projet aux autorités administratives, aux forces de sécurité et de défense et à la formation des enquêteurs sur les méthodes quantitatives et qualitatives.

Des entretiens qualitatifs ont aussi été conduits avec des acteurs religieux et de la société civile dans le but d’élargir ces consultatives devant aboutir à des recommandations opérationnelles au service d’une meilleure stabilisation de la région.

Dimanche dernier aux environs de 13 heures dans le secteur Koiratao du quartier Sankoré, deux hommes armés non identifiés sur une moto ont ouvert le feu dans un domicile. Ils ont tiré à bout sur les 7 personnes qui s’y trouvaient. Le bilan est de 5 morts sur place. Les deux blessés ayant été admis à l’hôpital, ont succombé hier. Aussitôt informées, les forces de sécurité ont investi les lieux. La MINUSMA a aussi apporté son concours pour chercher des indices qui faciliteront l’enquête. Mis au courant, le gouverneur est rendu sur place. Il a suivi l’évacuation des blessés à l’hôpital et leur transfert à l’infirmerie de la MINUSMA. Il aussi assisté à l’inhumation des corps.

Il y avait également tous les chefs de la sécurité, de l’Armée, de la garde, de la gendarmerie et du MOC. Tous se sont mobilisés pour soutenir et compatir avec les familles endeuillées. Parmi les victimes se trouvent Sattar Ould Ahmed (un membre très influent du collège transitoire de Taoudénit), Cheickh Ould Rahma, Mohamed Ould Haiby, Tahar Ould Hanni (opérateurs économiques de la place), Jiddou Ould Hinnou, un des chefs du MOC à Gao.
Le même dimanche vers 13h 30, un obus est tombé à quelques encablures du camp de l’unité méhariste de la garde à Gossi et à quelques mètres de la route principale Sévaré-Gao. Les fragments ont touché le véhicule d’un particulier de passage. Bilan : 3 blessés dont une fillette. Les blessés ont été transférés à Gao pour recevoir des soins appropriés.
Pas plus tard qu’hier, des individus armés ont enlevé le véhicule de la station régionale de l’ORTM de Tombouctou aux environs 11 heures 45. Les braqueurs, au nombre de 4, étaient à bord d’un véhicule 4×4. Ils ont débarqué le directeur et le chauffeur, avant de s’éclipser dans la nature en prenant la direction Est de la ville. Ils ont également emporté les téléphones des occupants du véhicule.

M. S.
Source : AMAP-Tombouctou

Pour une meilleure implication des femmes dans la prévention de l’extrémisme violent, Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Nauman, a organisé un atelier de deux jours à l’intention d’une quarantaine de femmes issues de la société civile malienne. L’atelier a été l’occasion pour les participants d’ouvrir les réflexions sur le processus de déradicalisation.  

« Pour une famille équilibrée, il est indispensable que la femme soit dotée d’une éducation de base bien solide pour lui permettre d’être à la hauteur de ses tâches. Cela va lui permettre d’élever ses enfants, de stabiliser son foyer et de consolider la paix au sein de la famille, mais aussi de toute la nation ». Fort de ce principe, Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Nauman a décidé de mieux outiller les femmes maliennes dans la prévention de l’extrémisme violent, mais aussi de les impliquer dans ce combat.

Durant deux jours, un atelier s’est donc déroulé à Bamako autour des thèmes comme les fondamentaux de l’extrémisme violent, le processus de radicalisation, la question du genre, la question du déradicalisation et le rôle éventuel des femmes et des familles dans ce processus.

Selon Dr Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute, cet atelier s’inscrit dans une optique d’opérationnalisation des recommandations d’une étude menée en 2017 par son institut avec l’appui de la Fondation Nauman. Il rappelle que cette recherche, ayant porté sur « Femmes, prévention et lutte contre l’extrémisme violent au Mali », avait identifié les facteurs menant à la radicalisation, les besoins de renforcement des capacités des femmes en matière de prévention de l’extrémisme, etc.

« C’est pourquoi la Fondation Nauman de Dakar a proposé ce séminaire de formation des femmes de Bamako en faisant appel à notre expertise pour en assurer l’exécution. Cette activité est donc une suite logique de cette recherche dans la mesure où celle-ci était une étape préliminaire qui demandait à être renforcée par des cations encore plus concrètes », ajoute l’expert Dr Sambe, également coordinateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique.

L’un des points essentiels du menu de cette session portait sur le processus de réintégration des ex-radicalisés. Dr Sambe, après avoir souhaité une meilleure implication des femmes à ce niveau, a indiqué que celles-ci auront un rôle prépondérant au moment où le Mali se penchera sur cette question. « Devant un enjeu aussi important que l’extrémisme violent, les femmes doivent continuer à se battre, à mieux s’impliquer comme elles ont toujours fait ».

En plus, le séminaire a été l’occasion pour les participants d’échanger avec des experts comme Dr Aly Tounkara, enseignant à l’Université du Mali, l’experte des questions genre Mme Nana Alassane Touré et Mme Yague Samb, chargée du pôle dialogue politique et du Programme du Mali au sien de Timbuktu Institute.

Timbuktu Institute est un think-tank mise en place par des intellectuels, universitaires, acteurs de la société civile, autorités politiques et diplomatiques déterminés à réduire progressivement le fossé séparant le continent des autres régions du monde dans la construction des concepts dominants qui façonneront l’avenir de l’humanité de demain. Basé à Dakar, l’institut est engagé dans la prévention de l’extrémisme violent de toutes origines, facteurs de guerres et de terrorisme dévastateurs et dans la promotion de la culture de l’ouverture et de la paix par une valorisation des ressources culturelles africaines en termes de socialisation, de médiation des conflits et de construction des sociétés ouvertes. Son partenaire dans l’organisation de cet atelier la Fondation Nauman, est une fondation allemande en faveur des politiques libérales, liée au Parti libéral-démocrate.

Sory I. Konaté

30minutes.net

6 juillet 2018

Penda Mbow

Professeur d’Histoire du Moyen âge musulman et Occidental
à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Cette réflexion m’a été inspirée par deux faits. Le premier est relatif aux nombreuses réactions notées au Sénégal- et nulle part ailleurs- après la publication de l’ouvrage de Hela Ouardi[1],et le second plus récent est relatif au débat suscité par les propos d’Idrissa Seck sur Bakka, Makka et Jérusalem, d’une part et d’autre part aux relations entre les Juifs et les Arabes.

Mon objectif dans ce cadre, reste modeste. Il s’agit de proposer une mise en perspective historique pour mieux éclairer certains faits évoqués dans les deux cas. Cependant pour éviter certains malentendus, il est nécessaire d’évoquer quelques préalables :

-Tout d’abord personne ne peut perdre de vue que la société arabe du VIIe siècle qui a vu naitre le Prophète Muhammed (PSL) évidemment ne connaissait pas le degré de sophistication des sociétés contemporaines. En outre, dans l’Arabie antéislamique le mariage obéissait à des normes et valeurs différentes de celles caractéristiques d’une société islamisée.

-C’est dans la péninsule arabique, triangle dont les sommets sont La Mecque, Ta’if et Médine, l’ancienne Yatrib qu’est né l’islam. En raison de la géographie particulière de l’Arabie, les grands peuples conquérants de l’Antiquité ( Egyptiens, Mésopotamiens, Romains) n’ont pas exercé une influence sociale décisive sur elle.

-Dans une perspective historique, la religion préislamique correspond dans l’évolution des religions au stade polythéiste et pandémonique. La sacralité de la Mecque antérieure à l’Islam, repose sur l’existence de trois bétyles, la Pierre noire, ou Kaaba, le Maqqam Ibrahima et le puits Zam-Zam. Ces lieux sont devenus des éléments essentiels du pèlerinage musulman.

-Tout le monde sait aussi que l’Islam ne connait pas l’excommunication. Par contre l’apostasie y fait débat. Les sources disponibles indiquent bien qu’il en était question d ‘abord dans l’Islam des origines. Après la mort du Prophète (PSL), certains avaient pensé puisqu’étant mortel, il n’était pas un vrai envoyé de Dieu. Le phénomène de la ridda ou apostasie et le retour aux croyances anciennes furent farouchement combattus par le khalife Abu Bakr (632-634). Le deuxième moment à partir duquel, l’apostasie est redevenue un important thème de discussion dans le monde musulman a coïncidé avec la Révolution iranienne de 1979 et la montée de l’Islam politique. C’est ainsi que dans plusieurs pays musulmans, furent accusés d’apostasie des intellectuels devenus « gênants » surtout des philosophes, des politiques et des récalcitrants. Certains furent exécutés, d’autres exilés. Cette répression visait à circonscrire toute velléité d’ijtihadj ( effort d’interprétation) et à freiner notamment le développement de la pensée rationalisante, etc. Et pourtant entre le VIIIe et le XIIIe siècle, le monde musulman s’est singularisé par le développement d’une pensée exceptionnelle par sa fécondité, sa puissance et son originalité.

-Dans nos analyses, nous devons éviter l’anachronisme. Il convient surtout de nous éloigner de toute tentative à interpréter des faits qui se sont déroulés depuis plusieurs siècles avec des codes et des registres du XXIe siècle. Par exemple concernant le livre de Hela Ouardi qui a été discuté sans excès ou déferlement de passions dans son propre pays, les seules questions pertinentes me semblent être les suivantes : s’est elle fondée sur des sources ? Si oui, ses sources sont-elles fiables? A t- elle usé d’un esprit critique suffisant? Je soutiens qu’il est impossible de répondre à ces questions de manière conforme à nos traditions universitaires, sans avoir lu le livre. Il faut, au préalable, un examen attentif de ses sources pour, ensuite, les comparer avec celles d’autres auteurs. comme Tabari, Ahmed Amine, Hamidoullah, etc.

-Je vais terminer par le monde de la Prophétie, Judaisme et Christianisme avant l’Islam et avec l’islam, ce qu’on appelle les traditions abrahamiques. il est extrêmement difficile de dissocier ces trois religions qui appartiennent à la même culture. Je vous renvoie aux Sourates du Coran : La Vache (2) et Al Imran (3). Je me souviens encore de ma première leçon de grammaire arabe, en 6e au lycée où mon professeur m’enseignait que la langue arabe est née après une longue histoire de l’Hébreu, de l’Araméen, etc. En plus Moussa, Moise est le Prophète le plus cité dans le Coran. Par ailleurs personne ne peut nier le rôle eschatologique de Jérusalem dans la pensée islamique, même si cette ville n’est pas le lieu de pèlerinage pour les Musulmans, néanmoins le Prophète Muhammad (PSL) y a vécu le Mira’aj ou l’ascension vers Dieu. En outre, ce qu’on appelle les isra’iliyat, les récits d’origine juive ou chrétienne ou en rapport avec les enfants d’Israel ont fait l’objet de discussions dans la pensée musulmane des origines.

Historiquement l’Islam est une religion monothéiste à vision cosmique, concevant un Dieu radicalement Un et transcendant qui dès le début s’est révélé aux hommes par le truchement de La Parole. Avant, la Loi juive et l’Evangile chrétien avaient soutenu les mêmes vues

Ce dévoilement de Dieu par la Parole se produisit dans un cadre géopolitique dénommé depuis toujours, le « monde de la prophétie » s’étendant à peu près de l’Indus au Nil et du Caucase au Golfe persique.

Je pense objectivement que la paix au Proche Orient ne pourra se construire que par le truchement de la culture et le rapprochement des religions . La Sourate sur les Prophètes ( Sourate 2, verset 285) y invite.

Source: xalima.com

Ces derniers jours, circule une information selon laquelle l’État du Sénégal aurait cédé 70000m2 au fondateur de la Faculté africaine des études islamique, considéré comme la figure de proue du salafisme wahhabite au Sénégal, afin qu’il transforme ladite faculté en une plus grande université. C’est Dr. Mohammed Ahmed Lô, fondateur du Dârul Istiqâma, lui-même qui en a fait l’annonce lors d’une intervention à l’Université Islamique de Médine, en Arabie Saoudite, d’après une information rapportée par un site d’information en arabe[1]. Le choix du lieu de l’annonce ainsi que les destinataires du message prouve que le risque est gros de voir ce projet agité depuis des années tomber dans l’escarcelle d’une puissance étrangère, l’Arabie Saoudite, pour une question aussi sérieuse que l’enseignement supérieur dans notre pays tout de même souverain.

Si Timbuktu Institute a toujours appelé au respect de la diversité religieuse et de la liberté de culte, de pratique et d’enseignement des religions, il ne pourrait s’empêcher de se questionner sur les dessous d’une telle décision de l’État du Sénégal qui, si elle était avérée, poserait, au moins, trois problèmes :

1_  Bien que fruit des différents efforts d’intégration des « arabisants » du gouvernement, le projet même d’une université arabo-islamique ne fera qu’accentuer la dualité du système éducatif et marginaliser davantage les arabisants comme nous l’avons notifié aux autorités depuis que cette idée a été lancée. A l’ère de la mondialisation et de la globalisation, à l’ère du règne de la technologie et du digital, au moment où notre pays a de plus en plus besoin de personnes formées dans les sciences les plus diverses, allant des mathématiques aux études nucléaires en passant par la chimie et la physique quantique, enfermer les arabisants dans le carcan du théologisme et de la littérature arabe n’est pas le meilleur choix pour réparer l’injustice qui serait faite aux arabisants. Les pays arabes eux-mêmes se sont détournés de cette voie depuis très longtemps. L’État doit, justement, veiller à ce que ces arabisants puissent avoir droit aux mêmes chances que tous les autres sénégalais formés dans le système dit francophone et leur offrir toutes les possibilité de s’ouvrir aux sciences sociales et à l’esprit critique.

2_ La personne à laquelle l’État aurait cédé cette surface étendue de terrain dans la « nouvelle ville » est connue pour avoir été l’un des premiers à planter les germes de la contestation parfois haineuse de l’islam confrérique dans le pays de Cheikh Oumar Foutiyou Tall, de Seydi Elhadji Malick Sy et de Cheikh Afmdou Bamba ne serait-ce que dans son ouvrage connu sous le titre de Taqdîs al-Ashkhâç fil fikr al-Sûfî (Sacralisation des personnages dans la pensée soufie). Ainsi, en lui facilitant l’élaboration d’un tel projet, sans aucun appel d’offre ou manifestation d’intérêt préalable ou même consultation des différentes familles religieuses du pays, on ne fait qu’accentuer l’importation et une plus grande implantation de l’islam salafiste et wahhabite au Sénégal. De ce fait, l’État sénégalais risque de contribuer à la formation de personnes issus des pays de la sous-région dont les discours et idéologies pourraient porter atteinte, de manière irréversible, à la cohésion nationale et au contrat social sénégalais. Cet islam n’a produit qu’extrémisme et violence là où il s’est imposé et l’Arabie Saoudite elle-même tente de s’en débarrasser pour se donner une meilleure image internationale en s’investissant dans la lutte contre l’extrémisme. Les derniers procès de présumés terroristes sénégalais ont bien montré, à travers les aveux des prévenus, que c’est le rejet de cet islam soufi comme élément stabilisateur qui a conduit de manière insoupçonné, de jeunes sénégalais à aller s’inspirer de Boko Haram et de ses thèses au Nigéria.

3 _ Enfin cette décision de l’État du Sénégal, si elle s’était avérée, nous pousse à nous poser la question suivante bien que tous les courants religieux aient droit au libre enseignement de leurs thèses : « le gouvernement est-il en train de livrer le projet de l’université arabo-islamique aux salafistes avec tous les risques que cela comporte pour la stabilité et la sécurité de notre pays ? Ce serait un précédent dangereux et, au regard de l’ambition déclinée par la Faculté africaine d’études islamiques, ferait du Sénégal le nouveau hub universitaire sous-régional du salafisme wahhabite.

Si tel était le cas, un tournant majeur s’annonce pour une irréversible salafisation de l’islam sénégalais. Comment expliquer que notre pays connu pour son islam de paix et de concorde puisse favoriser la fondation d’une université où, tout laisse à croire, qu’on y enseignera la négation de la diversité des réalités islamiques en imposant, à jamais, la doctrine salafiste wahhabite comme seul modèle d’islam ayant droit de cité ?

De plus, comme nous l’avons toujours défendu, si une université arabo-islamique devrait voir le jour, cela devrait être sous le strict contrôle du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche avec un curriculum adapté aux réalités du Sénégal et conçu par nos propres enseignants chercheurs en dehors de toute influence étrangère. L’Université Gaston Berger dispose déjà d’un centre d’étude des religions dans un cadre académique adéquat pour cultiver l’esprit de diversité et de tolérance qui a fait, jusqu’ici, « l’exception sénégalaise ».

Rien que pour la cohésion nationale et la préservation d’un modèle islamique épris de paix, il ne peut être accepté la construction d’une université enseignant à nos enfants que Seydi Elhadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Ibrahima Niass ainsi que les fondateurs des différentes confréries, étaient des « égarés », des « musrikûn », associateurs dont l’œuvre et l’action « impures » seraient aux antipodes de l’islam. Des dérives sont à craindre dans un contexte sous-régional lourd de risques et de menaces diverses.

Si l’information donnée par Dr. Mouhammed Ahmed Lô était confirmée avec l’octroi de cet immense espace par l’Etat du Sénégal, tout porterait à croire que celui-ci, malgré toutes les réserves que nous avions émises quant à l’orientation idéologique, viendrait à abandonner le projet d’Université arabo-islamique et de le livrer aux salafistes et aux missionnaires wahhabites, ce qui serait dommageable pour notre cohésion sociale, notre sécurité et même celles des pays voisins.

Un pays ne peut construire une citoyenneté avec un système éducatif dual, à plusieurs vitesses et à destination incertaine. L’école unifiée et unificatrice dans son curriculum malgré la diversité des langues d’enseignement, reste le ciment national indispensable à l’émergence d’une conscience citoyenne. A l’heure des périls et des menaces dans la sous-région, on ne peut se permettre de prendre le risque de livrer l’éducation à l’influence de puissances étrangères - qu’elles soient d’Orient ou d’Occident - avec des agendas qui recoupent rarement nos propres préoccupations.

Dr. Bakary SAMBE, Directeur de Timbuktu Institute

Dr. Seydi Djamil Niane, Chargé de Recherches à Timbuktu Institute

 

[1] La vidéo de sa déclaration, en arabe, pourrait être visualisée sur ce lien https://www.youtube.com/watch?v=hD7dx_3ZNTE [lien consulté le 11/06/18].

In this excerpt of an interview accorded to the New African Magazine (May-June-July), which offers a space for debates and exchanges by the continent’s leading researchers and experts regarding international and African affairs, Dr. Bakary Sambe explained the importance of going beyond military solutions and insisting on a change in paradigm when countering violent extremism. Deploring the continued confusion amongst the countries of the Sahel in regards to public security policy as well as the differences between countering violent extremism and counter-terrorism, the Director of the Timbuktu Institute called for a more holistic approach to the Sahel crisis which necessitates inclusive strategies that address the “root of the problem” instead of being preoccupied with the “symptoms”. He also advocated for the empowerment of women and young people, rather than placing them within the confines of victimhood.

 

Counter-radicalization methods risk being ineffective; how should one effectively combat such a profound issue?

 

Our states are offered two choices: prevent violent extremism immediately by investing in education and social justice and addressing the structural frustrations that fuel jihadism, or waiting for an attack to come to fruition and -to no one’s benefit- intervene militarily for an undetermined amount of time, inefficiently, and with great risk of recreating the phenomena which we seek to combat. Europe and Africa have a common destiny. We are one, vulnerable, international community. We are equally at risk in Gao and the Burkinabe Oudalan as we are in Paris or London. It’s for this reason that inclusive strategies must be jointly constructed for a holistic approach to the phenomenon of extremism, as opposed to the cyclical military strategies that have shown their limits in Afghanistan, Mali, and the Lake Chad Basin.

 

In the Sahel, the military approach seems to far outweigh the common sense option- that of treating the problem. Finding answers to the poverty, precariousness and injustice which strike the populations of the Sahel for example. Why is that?

 

As long as the arrogance of injustice continues, the ignorance of those who feel victimized will continue to fuel violent rhetoric- to paraphrase an important religious leader in the Sahel. I’ve said before that a kalachnikov never vanquished an ideology. It is true that a military response is necessary to contain the threat in certain circumstances, but it will never make it disappear. It even poses the risk of being counterproductive. Recent studies in Mali highlight the poor perception of MINUSMA and Barkhane in the general population and also the political class. President Buhari promised an end to Boko Haram in December 2016, and has been resigned to negotiating with the extremist group. The socioeconomic conditions of marginalization and pauperization in Northern Nigeria are still intact. The root of the problem lies with inconsistencies in policies developed by our countries, or by the international community who neglects the necessary anthropological aspects and self criticism after a 40 year absence in the region which benefitted the peddlers of illusions and Salafism. It’s less about a lack of power than it is about a lack of will or prospective vision. Terrorism enacted an era of action under pressure, without taking into account the visions of partners in the global South.  In terms of the Sahel question, there is an enormous gap between the international approach and local perceptions. It’s time for a coordination of actions taken by Western powers and local initiatives, to avoid future conflicts of perception in the region.

 

 

Between fieldwork and conceptualization, you are trying to specify the “correct ways” in which to approach this subject, which is critical to stability in the Sahel…

 

The essence of terrorism is to be a long chain whose individual links may not be punishable by the law. Generally, we react only at the end of this chain, too late and inefficiently. Our state’s legislate retroactively and under pressure of an ongoing threat. In exchanges between State authorities, counter-terrorism is often conflated with a viable strategy to prevent violent extremism though the two are not the same. Faced with a complex phenomenon that does not even have a consensual definition, States remain complacent in their security based reaction and neglect the importance of equitable development and social justice. The G5 Sahel can be a useful tool if it is accorded more than military based content, and if it increases its presence in development and resilience. There must be a shift in paradigm and approach. It’s no coincidence that the United Nations strategy was reviewed in the articulation and identification of its priority axes, including inclusive and equitable growth, access to basic social services, climate and energy, and empowerment of women. What gives me the most hope amongst these initiatives is the will to involve women in countering violent extremism and to reduce their vulnerability, which will most likely happen through their economic empowerment.

 

Dr. Bakary Sambe is the Director of the Timbuktu Institute (Dakar), coordinator of the Observatory on radicalization and religious conflict in Africa, and political science professor with the Center for religious studies at the University of Gaston Berger of Saint Louis (Senegal). He accompanied the CellRad eatableishment within the G5 Sahel, and is currently implementing national strategies to counter violent extremism as part of the USAID Partner Projects for Peace (P4P) in West Africa.