Du 30 novembre au 1er décembre, le prestigieux Centre Arabe des Recherches et de l’Étude des Politiques a organisé un colloque académique international consacré aux thématiques si actuelles, sensibles mais aussi complexes, « de la réforme religieuse, de la démocratie chrétienne et de l’islam politique ».
Réunissant une vingtaine d’universitaires venus du monde entier, le colloque, qui s’est tenu à Hammamet à 60 kilomètres de l’aéroport Tunis Carthage, fut une belle occasion de réfléchir sur les mécanismes faisant que certains pays de tradition chrétienne aient eu à embrasser l’idée démocratique plus que d’autres nations arabo-musulmanes où des lectures littérales et politiques de la religion empêchent toute sécularisation et acceptation de l’idée démocratique dans un moment où l’islam politique résiste encore.
Timbuktu Institute, représenté par Dr Seydi Diamil Niane, a pris part aux travaux. Dans son intervention, intitulée « réformisme islamique, radicalisme religieux et contestations de l’islam confrérique au Sénégal », Dr Niane a pris soin de revenir sur l’utilisation même du terme réformisme, largement analysé par Dr Bakary Sambe dans son dernier livre, qui peut avoir plusieurs manifestations concrètes d’une société religieuse à l’autre.
En revenant sur l’ancrage de l’islam confrérique et en faisant une cartographie des autres mouvements non confrériques que d’aucuns qualifient de réformistes, Seydi Diamil Niane a pu démontrer comment la contestation de l’islam confrérique, notamment par les adeptes du salafisme wahhabite, peut être une source non négligeable de ce qui est désormais connu sous le nom de radicalisme et d’extrémisme religieux.
Le colloque était une belle opportunité, que Dr Niane a bien saisie, pour exposer les travaux de Timbuktu Institute en matière de prévention de l’extrémisme et de promotion de la paix.

Avec son légendaire franc-parlé, le directeur de Timbuktu institute a condamné les investissements massifs dans l’armement au détriment de l’éducation. « Nous savons bien que les kalachnikovs n’ont jamais vaincu les idéologies. Mais on s’obstine encore à n’investir que sur le sécuritaire dans des régions du Sahel où l’achat d’un char de combat de seconde main coûte beaucoup plus cher que la construction d’une école moderne et équipée, flambant neuve », déplore t-il.

Face aux radicalismes et  la menace terroriste, il a rappelé que nul n’est à l’abri et qu’il urge  d’engager dans un élan de solidarité, un dialogue franc et sincère. « Nous sommes devenus la communauté internationale des vulnérables; vulnérables aussi bien à Gao, Tombouctou au Mali, Gueskérou, Diffa au bord du Lac Tchad qu’à Paris, Berlin ou encore New York. Nous partageons ce nouveau destin qui nous rappelle notre devoir de solidarité, notre vocation à dialoguer et à se parler. Mais franchement et sincèrement », a-t-il martelé.

Parlant de la vision qu’a parfois l’Europe de l’islam, Bakary SAMBE a rappelé une partie des propos qu’il a tenu aux étudiants de sciences politiques de l’Université de Kemnitz, ancienne Karl Marxville, en ex-Allemagne de l’Est et qu’il a redit à la chancelière Angela Merkel lors de sa visite au Sénégal. « L’Allemagne a réussi la prouesse de faire chuter le mur de Berlin, symbole de velléités qui avaient plombé la marche de l’Europe, il reste aujourd’hui à ce continent de faire tomber avec courage et ouverture, ce mur qui reste et perdure : celui de l’incompréhension avec l’Islam. Et les Musulmans, comme leurs sœurs et frères chrétiens, sauront répondre à l’appel au dialogue » fait-il remarqué.

Il faut rappeler que cette année, c’est l’édition jubilaire (10 ans) du colloque plaidoyer pour le dialogue inter-religieux organisé par la fondation Konrad Adenauer. Le thème retenu pour cette 10ème édition est : religion laïcités et contrat social : fondement, bilan et perspectives. Les travaux sont prévu pour durer 2 jours.

Source : www.senenews.com

Pour chauffer l’ambiance de la salle, rien de plus simple que de crier « yali yé ». Tous ensemble, et d’une seule voix, ils font vibrer la salle par un puissant « yali ya ».  Les 12 et 15 novembre 2018, Timbuktu Institute a eu à vivre cette expérience avec les bénéficiers du programme d’échange Young African Leaders Initiative (YALI) Afrique de l’Ouest.

C’est au siège du programme, au Centre Africain d’Études Supérieures en Gestion (CESAG) à Dakar, juste en face de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise ( RTS 1) que deux chercheurs de Timbuktu Institute, en l’occurrence Mlle Yague Sambe et Dr Seydi Diamil Niane, ont rencontré, le 12 novembre, ces jeunes venus d’une vingtaine de pays ouest-africains et en présence de quelques prestigieux ambassadeurs de la sous-région.

La Rencontre des Ambassadeurs, qui a duré deux heures, portait sur la responsabilité qui incombe aux jeunes, d’être de vrais ambassadeurs de la paix dans leurs pays respectifs.

Dans un dialogue passionnant, critique et parfois dialectique, avec les jeunes Yalis, les chercheurs de Timbuktu Institute ont eu l’occasion de présenter les études et actions que mène l’institut dans différents pays ouest africains, mais aussi de donner des pistes de réflexion aux jeunes pour qu’ils soient mieux outillés en matière de lutte contre la radicalisation et favoriser leur sens de résilience pour bâtir une Afrique forte, plus pacifique, une Afrique qui se parle, qui parle à ses jeunes et dialogue avec le reste du monde.

La réflexion enclenchée à la Rencontre des Ambassadeurs a été poursuivie le 15 novembre au siège du Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité (CHEDS) à Dakar. Autour d’un panel Les jeunes, la Paix et la Sécurité, Mlle Samb a eu l’occasion de faire une communication sur « Les femmes actrices de paix : rôles et initiatives dans le cadre de la prévention et de lutte contre l’extrémisme violent au Sahel » aux cotés des représentantes d’ONU Femmes et du UNOWAS et du Général de Brigade Paul Ndiaye. La rencontre, qui a essentiellement concerné les jeunes femmes du YALI, a été le moment, pour la représentante de l’Institut Timbuktu, de revisiter les paradigmes (à travers les différentes casquettes de victimes, d’actrices à part entière ou de solutions à l’extrémisme violent), de présenter les résultats de divers diagnostics obtenus au cours de recherches de terrain et enfin partager les actions qui ont été exécutées en la matière dans différents pays. C’est parce la jeunesse est incontournable et que la femme représente un pilier dans la résolution des conflits qu’il faut impérativement les impliquer dans les programmes de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent conformément aux résolutions 1325 et 2419 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

La discussion, que même un buffet convivial n’a su interrompe, a été une belle occasion de nouer des liens avec les jeunes bénéficiaires, pour la plupart porteurs de projets, réunis pour une seule cause : faire de l’Afrique, non pas le continent du futur, mais celui du présent.

En tant que Centre de recherches africain, Timbuktu Institute salue ce type d’initiatives et se met à la disponibilité de toute structure d’échanges qui s’intéresse à ses actions et qui aspire à outiller davantage les jeunes du continent pour la promotion de la paix et la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

Dans un contexte marqué par une porosité généralisée des frontières et une intense circulation des hommes et des biens, travailler sur la question si sensible et actuelle de la radicalisation en zones frontalières relève d’une utilité hautement scientifique mais aussi politique. C’est ainsi que, en partenariat avec le bureau dakarois de la Fondation Konrad Adenauer, Timbuktu Institute a réalisé une étude, qui sera bientôt rendue public, sur les facteurs de radicalisation et perception du terrorisme chez les jeunes des zones frontalières du Sénégal et de la Guinée. Côté sénégalais, l’enquête a été menée à Vélingara. Pour ce qui est de la république de Guinée, Labé a été choisi.

S’arrêter sur la question des facteurs de radicalisation est fondamental pour mieux comprendre le phénomène. Les organisations internationales, régionales comme sous régionales, de même que les Etats et instituts de recherche l’ont bien comprise et s’intéressent davantage à ces facteurs. Le regard extérieur pourrait trouver comme arguments explicatifs le fanatisme religieux, le manque d’éducation, l’ignorance entre autres sans creuser le questionnement sur le rôle que pourraient jouer les déterminants socioéconomiques. Tel est le cas de ce haut dignitaire religieux vélingarois pour qui « l’ignorant est plus exposé à la radicalisation que les autres », argument réconforté par celui de ce responsable administratif qui fustige l’ignorance comme étant « la cause de la radicalisation et qui en est elle- même l’élément moteur ».

Pourtant, à y regarder de plus près, la radicalisation serait, selon une vision introspective des jeunes, un moyen d’expression des frustrations socioéconomiques. Le mal des centres urbains africains (chômage et pauvreté), comme on a pu le relever lors de l’enquête de la banlieue dakaroise, se fait ressentir dans les zones frontalières très éloignées des centres de décision,peu lotis en termes d’infrastructures et difficile d’accès. C’est du moins ce que les jeunes affirment très souvent lorsqu’on les interpelle sur cette question.

Selon un rapport du Bureau Régional de la Planification et du Développement de Labé publié en novembre 2008, intitulé « Monographie de la Région Administrative de Labé », 65% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quant au taux de chômage, il est rare d’obtenir des informations fiables renseignant sur cette réalité sociale. Toutefois, le Questionnaire sur les Indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB) du même rapport indique que 5,4% de la population sont considérés comme chômeurs.

De l’autre côté de la frontière, à Vélingara, la deuxième enquête de suivi de la pauvreté, place la région de Kolda à laquelle est rattachée le département de Vélingara au sommet des taux de pauvreté les plus élevés du Sénégal (76,6%). Le taux de chômage, lui, est le 2ème le plus élevé (38,8%) après celui de la région de Matam qui est de 54,2%.

Dans les cas spécifiques des deux villes ciblées par cette recherche, la pauvreté et le chômage constituent de véritables difficultés ressenties comme invincibles et exposant les jeunes, au banditisme, à la criminalité, voire au radicalisme. Ainsi, interrogés sur les facteurs motivant la radicalisation chez les jeunes, l’écrasante majorité pointe du doigt le chômage (33,3% à Labéet 34,6% à Vélingara) et la pauvreté (30,4 à Labé et 37,4% à Vélingara). L’exclusion sociale arrive en troisième position avec respectivement 11,2 et 9,8% à Labé et à Vélingara.

Il en était de même d’une série d’études de perception menée par Timbuktu Institute sur cette même problématique où les populations sondées évoquaient quasi systématiquement ces mêmes causes. À l’aune de ces tendances récurrentes « chômage, pauvreté et exclusion sociale », ce trio commence à s’ériger en principe tellement il devient un réflexe chez la frange jeune. Le croisement entre motifs de radicalisation et activité professionnelle exercée, place les étudiants et élèves comme catégories ciblant plus le chômage.

L’endoctrinement, la question de l’interprétation des textes arrivent pratiquement en dernière position puisqu’ils capitalisent 8,5% et 8,6% à Labé et 6,8 et 4,9% à Vélingara. Cette dernière serait, dans le contexte sénégalo-guinéen, marginalement fruit d’un endoctrinement et principalement moyen d’assouvir l’expression des frustrations socioéconomiques auxquelles font face les jeunes.

 

Mercredi, 7 novembre, 2018 à 13:35 Dakar – La main tendue du Maroc à l’Algérie pour sortir de la situation du blocage sur le dossier du Sahara marocain offre une réelle opportunité pour l’Afrique, a assuré le directeur du think tank africain “Timbuktu Institute”, Bakary Sambe. “Voir le Maroc et l’Algérie cheminer ensemble pour sortir de ce blocage est une réelle opportunité pour l’Afrique qui traverse des crises devant mobiliser toutes les énergies”, a-t-il déclaré à la MAP-Dakar, en réaction au discours royal adressé mardi soir à la Nation à l’occasion de la célébration du 43è anniversaire de la Marche Verte. Selon M. Sambe, le mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation que propose le Souverain peut être “une nouvelle chance pour l’unité africaine”, préoccupation constante du Royaume qui y a joué un rôle historique avec le fameux groupe de Casablanca. L’appel de SM le Roi procède d’une réelle volonté de paix des braves et est conforme à l’esprit d’ouverture d’un pays qui incarne un leadership incontesté sur les grands dossiers diplomatiques du continent, a-t-il ajouté. Dans le contexte actuel de la crise au Sahel et dans d’autres régions, a-t-il poursuivi, toute l’Afrique gagnerait dans cette synergie en tirant profit de l’influence de l’Algérie et du leadership et de la vitalité de la diplomatie marocaine sous l’égide de SM le Roi Mohammed VI, assurant que “notre continent a plus besoin de synergie que de divisions qui dispersent les efforts de développement”. “Cet appel s’inscrit dans la continuité et la constance des efforts du Maroc en faveur de la paix et du développement du continent dans un esprit d’un partenariat Sud-Sud renforcé. Il redonne l’espoir d’une renaissance d’un Maghreb désormais tourné vers l’avenir en parfaite conscience de ses liens indéfectibles avec la rive Sud du Sahara”, a-t-il conclu

Des centaines de milliers de pèlerins sont réunis dans la ville sainte de Touba, pour participer au grand Magal. Ce rassemblement annuel de la confrérie mouride, très influente dans le pays, célèbre le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme. Au-delà des moments de communion au cours desquels les pèlerins assistent à des récitations du coran, Touba devient pendant deux jours, un lieu de rencontres entre politiques et religieux. Bakary Sambe, chercheur, auteur du Sénégal entre diplomatie d’influence et islam politique, répond à Bineta Diagne.

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