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Arabie Saoudite, la guerre d’influence toujours ouverte en Afrique ? L’ouvrage de Dr. Bakary Sambe intitulé « Contestations islamisées : le Sénégal, entre diplomatie d’influence et islam politique » (Editions Afrikana, Montréal, Oct 2018) soulève encore un débat que l’on croyait clos mais sous d’autres aspects, parfois, les moins attendus.
En son temps, la controverse politico-mdiatique sur l’envoi de 2100 soldats sénégalais pour combattre les « rebelles » chiites houthis au Yémen, en appui à la coalition pro-saoudienne, avait défrayé la chronique avec, d’une part une levée de bouclier de la société civile et de l’autre, des personnalités du courant wahhabite qui occupaient les médias pour soutenir une initiative finalement « avortée ».
Après avoir « froidement » analysé ces évènements « avec le recul du temps », l’ouvrage de Bakary Sambe révèle d’autres pans entiers de la « guerre secrète » entre l’Iran et l’Arabie Saoudite en Afrique dont le Sénégal semble être une « pièce maîtresse ».
Des bourses d’études à de jeunes sénégalais pour se spécialiser sur la lutte contre « l’influence iranienne en Afrique » à l’Université du Roi Khaled, des séminaires de formation pour « contrecarrer les alliances entre confréries et chiites », une Université chiite au cœur de Dakar donnant la possibilité d’aller paracherver ses études à Qom en Iran. Rien que ça ?
Pour Bakary Sambe, il est évident que « l’observation ordinaire de la vie diplomatique et l’approche juridico-institutionnelle dominante, négligeant les jeux d’influence, ne pourraient jamais détecter le grand jeu des deux puissances du Golfe sous nos tropiques ».
Dans son nouvel ouvrage, l’enseignant chercheur au Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis lève un bon coin du voile sur une forme d’affrontement «idéologique » par « alliés » interposés. Dans ces « bonnes feuilles » que nous vous livrons, l’auteur révèle des faits assez peu connus sur ce qui se joue derrière le financement des mouvements islamiques et la manière dont les puissances du Golfe usent de leur influence pour peser sur la diplomatie d’un pays « souverain ».
Le contexte historique en est bien campé par Bakary Sambe dans le chapitre où il explique : « l’Arabie Saoudite qui s’était, à peine, débarrassée du concurrent « laïque » égyptien, avec la disparition de Nasser de la scène politique arabe, devait, maintenant, éviter d’être devancée, dans la « conquête » idéologique de l’Afrique, par le nouveau venu qu’était l’Iran ». En plus des « réseaux Hezbollah de la communauté libanaise », assez influents dans l’économie et l’immobilier dans la capitale sénégalaise, « d’autres relais, avec des nationaux sénégalais, servaient la politique iranienne », révèle l’auteur.
Comme si l’Arabie Saoudite, dans les années 80, savait exactement par où « attaquer » dans cette guerre d’influence : « pour contrecarrer cette fascination grandissante du modèle révolutionnaire iranien au sein de l’élite musulmane, il fallait déployer des moyens financiers colossaux et investir les terrains les plus « névralgiques » dans les pays africains à dominante musulmane : l’éducation et le social », rappelle l’auteur des Contestations islamisées.
Pour Bakary Sambe, « il était, surtout, nécessaire (pour l’Arabie Saoudite NDLR) d’encadrer cette politique par des structures imposantes capables de gagner la bataille de la communication ». Il est vrai que Ryad dispose de leviers importants tels que l’OCI et d’autres organisations connexes mais aussi la Ligue islamique mondiale qui « recrute » même au-delà des acteurs wahhabites et, précise Sambe, « mobilise au besoin les personnalités confrériques par pur pragmatisme».
Au-delà de cette confrontation idéologico-politique, l’ouvrage de Bakary Sambe éclaire sur les mutations plus générales d’un contexte international où l’islam, en plus d’un levier diplomatique, devint un « catalyseur » et un moyen de donner du sens à « le semblant de sécularisation et l’absurde règle des intérêts nationaux » au cœur des « révoltes et des luttes ». Comme le soutient ironiquement Sambe, « de nos jours, suite à la disparition des idéologies gauchisantes, l’islam était comme devenu le nouveau syndicat unitaire des nouveaux « damnés de la terre ».
Sur une approche encore plus factuelle, le directeur de Timbuktu Institute parle, dans son nouveau livre, d’une véritable stratégie par alliés interposés : « aujourd’hui, dans le contexte de la lutte d’influence au Moyen-Orient et face aux craintes saoudiennes partagées par le Maroc d’une expansion chiite en Afrique, il y a une véritable politique de sensibilisation face au « danger iranien ».
Et à travers les pages de ce livre qui n’a pas fini de faire des révélations surprenantes, on voit comment différents acteurs sénégalais entrent dans le jeu des puissances du monde musulman et s’adonnent à une véritable « guerre » de communication.
De temps à autres, de récents événements et décisions politiques sous Macky Sall trouvent une meilleure explication à la lumière de l’analyse de ce spécialiste qui, de l’avis d’un collègue universitaire, a « osé affronter son sujet, sans gants ni langue de bois ».
Tenez vous bien ! le livre nous replonge sur l’affaire de l’envoi des soldats au Yémen et montre comment le débat opposait partisans de l’Arabie Saoudite et de l’Iran : « la décision finalement abandonnée d’envoyer des soldats sénégalais à la rescousse de Ryad dans son aventure yéménite avait ravivé la tension entre partisans de Téhéran et de l’Arabie Saoudite comme Dr. Ahmad Lô dans un contexte d’émergence d’une communauté chiite sénégalaise endogène avec Chérif Mballo et Amadou Badiane comme figures emblématiques ».
La révolution, dit-on souvent, se mène d’abord, dans les périphéries ! Le livre de Bakary Sambe, à travers une explicitation de la stratégie iranienne, semble aller dans le même sens, lorsque l’auteur soutient : « En fait, l’Iran a très tôt compris la difficulté d’exporter sa « révolution » au Sénégal et s’est déployé dans les régions périphériques Sud où l’islam confrérique a moins d’influence ».
L’enjeu de la Casamance ? D’autres révélations avec des détails étonnants sont faites, dans ce livre qui défraye la chronique sur les stratégies d’implantation et de lutte d’influence entre ces deux « ennemis du Golfe » dans la région Sud du pays….
L'Islam a toujours été un levier diplomatique dans le sens où il a été constamment présent sur la scène internationale comme facteur important dont les Etats et autres acteurs se sont servis de différentes manières. Les confréries comme les mouvements islamiques ont été au coeur des interactions entre les pays africains et le monde arabe par exemple. C'est le cas de la Tijaniyya dans les rapports avec le Maroc mais aussi d'autres confréries. Le mouridisme par son expansion à travers la diaspora sénégalaise en Europe et aux Etats-Unis en est même arrivé à une "institutionnalisation" progressive d'une diplomatie religieuse. Serigne Mourtada Mbacké qui sillonnait le monde afin de vulgariser les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba était même considéré comme "l'Ambassadeur du mouridisme". Des mouvements comme Hizbut Tarqiyyah sous l'égide de Serigne Atou Diagne ont une influence telle que les diplomates étrangers visitant Touba font de la visite de leur "daara" une étape incontournable. De même le leader du Dahira Mouqtafina, Serigne Moustapha Sy fils du défunt Khalife Al-Amine de Tivaouane, descendant de Cheikh El Hadji Malick Sy a été parmi les premiers acteurs religieux a prendre part au programme américain des Visiteurs internationaux (IVLP) mais aussi "Egide" son équivalent français.
La nouveauté est que les puissances occidentales se sont saisi de cet outil ou levier diplomatique qu'est l'islam pour en user pleinement dans un contexte sahélien plein d'incertitudes, tel que je le développe dans mon nouvel ouvrage : Contestations islamisées: le Sénégal, entre diplomatie d'influence et islam politique (Octobre 2018)
Il est vrai que depuis plusieurs années maintenant, au Sahel, les logiques d'influence religieuse sont venues mitiger les logiques de puissance traditionnelle, n'en déplaise à ceux qui pensaient que leur supériorité militaire leur garantirait une hégémonie.
Ce constat n'est pas véritablement nouveau. Bien avant l’intensification de la crise sahélienne, à partir de 2012, l’implication des monarchies pétrolières dans le financement des ONG islamiques avait déjà alerté sur l’expansion d’un islam radical et sur les risques induits. Depuis, l’influence de l’Arabie Saoudite et du Qatar ne s’est jamais démentie, même au plus fort de la crise malienne. N'a-t-il pas fallu l’intervention du Croissant rouge qatari pour que les convois humanitaires soient autorisés par les djihadistes à accéder à Tombouctou ?
Aujourd'hui, cette influence saoudienne sur les systèmes éducatifs des pays du Sahel, avec des bourses d’étude et l’implantation des universités de Saï au Niger et du Sahel à Bamako, nuit à la cohésion sociale. Craignant une radicalisation rampante, le Maroc propose son offre de formation des imams maliens, nigériens et tchadiens, promouvant un islam tolérant au Sahel. Alger, qui dispose de plusieurs cartes dans les affaires nord-maliennes, a eu tôt fait de riposter en mettant sur pied une « Ligue des Oulémas du Sahel » recrutant de Dakar à N'Djamena, en passant Nouakchott, Niamey et jusqu’au Nigéria. L'une ou l'autre de ces initiatives a-t-elle permis de contrer l'influence de Riyad ? Difficile à dire. Mais au Sénégal, dans la ville nouvelle de Diamniadio si chère au président Macky Sall, sept hectares de terrain viennent d’être octroyés pour la construction d'une université régionale sous influence saoudienne par l’entremise du mouvement wahhabite, Dârul Istiqâmah.
Au Sahel désormais, le facteur islamique est devenu un levier de politique étrangère et même les puissances occidentales ont fini par se « convertir » à la diplomatie religieuse. Paris l’a bien compris : en 2017, le président français Emmanuel Macron a « réhabilité » l’Arabie Saoudite sur le terrain sahélien en lui demandant son soutien financier pour le G5 Sahel (Riyad avait alors promis de contribuer à hauteur de 100 millions d'euros). La laïcité en bandoulière, les ambassades de France dans la région organisent désormais des cérémonies de rupture du jeûne du ramadan, pendant que le Quai d’Orsay offre des bourses de théologie aux étudiants accueillies dans les universités françaises.
L’Allemagne, qui a fini par sortir sa timidité sahélienne en déployant plus de 650 soldats sous la bannière de la Minusma, a fait venir des chefs religieux au Bundestag pour parler de paix et de stabilité dès 2013. A Dakar, la mediasphère commente encore cette photo de l’ambassadeur des Etats-Unis et de son « mouton de l’Aïd » à l’approche de la Tabaski. Quant au programme des Visiteurs internationaux du département d’Etat américain (IVLP), il s’ouvre de plus en plus aux responsables islamiques de la région, toutes tendances confondues. Même Israël, afin de contourner l’islamisation du conflit qui l'oppose à la Palestine et au monde arabe, approche des imams et marabouts de la région, et les invite à Jérusalem pour promouvoir le dialogue interreligeux et la paix.
Le cadre sahélien est ainsi marqué par les mutations d’un monde où circulent, sans frontières, des offres culturelles et spirituelles prenant leur revanche sur une sécularisation qui n’a pas affecté de la même manière les peuples du Sud et ceux du Nord. Les migrations et la volatilité des intérêts et des enjeux ont réussi à repositionner le religieux au centre des stratégies et des compétitions dans une région en crise où, en pleine angoisse existentielle, une jeunesse sans horizons est en quête de chance et sens. L’Occident est-il en train d’intégrer ce nouveau paradigme pour relativiser une modernité qui n’est pas forcément synonyme de sortie de la religion ?
Bakary Sambe, Directeur de Timbuktu Institute (Dakar)
Enseignant-Chercheur au Centre d'étude des religions ,Auteur de : Contestations islamisées: le Sénégal, entre diplomatie d'influence et islam politique (Octobre 2018)
En mars 2018, Timbuktu Institute a rendu public son rapport sur Les facteurs de radicalisation dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie, Rosso-Sénégal étant le champ d’investigation.
Dans ce rapport, l’équipe de Timbuktu a tenté d’explorer la possible corrélation éventuelle entre le phénomène de l’extrémisme et le déficit d’éducation qui caractérise souvent ces jeunes des régions périphériques. En ce sens, l’enquête quantitative a constaté que 29% affirment n’avoir pas été scolarisés, et 47,3% le sont dans l’école française dite « occidentale. Enfin, le reste est ventilé entre les écoles coraniques et les autres dites « franco-arabes ».
L’enseignement religieux a un fort ancrage dans cette région, foyer important de la confrérie Tijaniyya et l’une des premières zones de pénétration de l’Islam dans le pays. À la question « Enverrez-vous votre enfant exclusivement à l’école coranique ? », 85% des parents répondent par l’affirmative. 65% y associeront la fréquentation de l’école publique comme c’est le cas, d’ailleurs, pour nombre de familles sénégalaises musulmanes. Ceci peut paraitre paradoxal dans le sens où la perception de l’école publique y reste largement mitigée sachant que seul le tiers des jeunes (33,4%) se dit « très satisfait » de l’enseignement public, et 43,3% d’entre eux se déclarent « moyennement satisfaits ».
Le Burkina, longtemps préservé, est entré dans un cycle de violence jihadiste qui s'accélère avec des attaques incessantes et des zones d'insécurité de plus en plus grandes.
Le Burkina "est en train de perdre le Nord, dans les deux sens du terme", estimait une source occidentale dès le mois d'août. Elle pourrait désormais ajouter l'Est.
Attaques, enlèvements, explosions... Il ne se passe plus une semaine sans que les jihadistes ne fassent parler la poudre. Mercredi, 8 soldats ont perdu la vie en sautant sur un engin explosif artisanal (IED) dans le nord près de Djibo. Dimanche, trois gendarmes avaient été tués après le rapt d'un Indien, un Sud-Africain et d'un Burkinabè travaillant dans les mines d'or. Une double attaque dans des villages avait fait 9 morts dans l'Est le 15 septembre et la nouvelle explosion d'un IED en coûté la vie à deux soldats le 5.
Le mois d'août avait déjà été sanglant avec 13 personnes tuées par l'explosion de deux IED ainsi que la mort d'un douanier dans une attaque.
L'armée a perdu pied, incapable d'enrayer la spirale malgré des déclarations volontaristes mais sans effet du président Roch Marc Christian Kaboré.
La France, l'ancienne puissance coloniale de ce pays très pauvre, est très inquiète. "Jusqu'à la fin de Blaise Compaoré (président de 1987 à 2014, renversé par la rue) il y avait une garde présidentielle qui était la force armée principale, qui était entièrement dévouée à Compaoré et que Kaboré a sabordé complètement", souligne un haut responsable français.
"Derrière ça, il n'y avait quasiment rien, pas de culture militaire alternative. Il faut qu'ils constituent une armée digne de ce nom et cela prend du temps", ajoute cette source.
En plus de l'armée, Compaoré avait mis en place des réseaux qui étaient en relation avec les groupes jihadistes, ce qui a pu aider à préserver le pays, selon des sources sécuritaires concordantes.
"La situation s’est détériorée lentement. On a fonctionné dans une logique de déni. Comme si cela n’existait pas", estime Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, qui souligne aussi que "l'instabilité politique" entre 2014-2015 (gouvernement de transition) n'a pas aidé alors que le pays avait à cette époque "largement le temps de développer une politique de prévention de l’extrémisme".
Le chercheur souligne "l’absence d’Etat", très peu actif dans le Nord et l'Est qui ne bénéficient que de peu d'infrastructures et services publics, une situation "toujours profitable aux groupes extrémistes".
- Contagion à d'autres pays -
Les groupes jihadistes l'ont très bien compris. "Faire fuir l’Etat fait partie de la stratégie pour que les populations adhèrent. Les populations n’adhèrent pas forcément au niveau idéologique mais elles ont un besoin de protection. Or, c’est un désert sécuritaire", explique M. Sambe.
Les jihadistes ont attaqué des gendarmeries isolées mais aussi des écoles ou des chefs religieux pour fragiliser l'Etat, tout en prêchant un "islam véritable". A l'image d'Ibrahim Malam Dicko, chef jihadiste burkinabè probablement mort en mai 2017 après une opération française, qui avait su s'attirer des sympathies locales auprès des populations les plus démunies.
Les groupes jihadistes se sont aussi adaptés à la surveillance et aux écoutes: "Il n’y a plus la logique de coordination des groupes, plus de commandement centralisé. Il y a une multiplication des fronts (...). Ils ont pour objectif la création de zones d’instabilité", précise M. Sambé.
L'armée n'occupe plus le terrain et cela facilite d'autant plus la pose d'IED. Rendant encore plus difficile les déplacements de soldats. Un cercle vicieux sans fin.
"Les IED vont se généraliser. Malheureusement ca va continuer et ne s'arrêtera plus. C'est facile à faire avec un peu d’explosif et des connaissances vues sur internet. Et, ils peuvent les poser à volonté!", souligne un ancien militaire français, qui prend l'exemple de l'Irak où les engins ont tué plus de soldats américains que les combats.
"Le Burkina est certainement un sujet de préoccupation. C'est une menace à extension régionale, avec des groupes qui franchissent les frontières et vont vers les régions de moindre pression sécuritaire", estime une source proche du gouvernement français
Pour Bakary Sambé, après le Nord, "si l’Est est pris, il y a le risque de débordement vers des pays qui étaient très éloignés de l’épicentre du jihadisme comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire".
"Le Burkina constitue un verrou entre le Sahel et les pays côtiers, dans la lutte contre le terrorisme, s'il saute ces voisins seront atteints" a averti le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry.
En partenariat avec le bureau de la Fondation Kondrad Adenauer à Dakar, Timbuktu Institue a mené une enquête de terrain sur les facteurs de radicalisation dans les zones frontalières du Sénégal (Vélingara) et de la Guinée (Labé), pour un rapport inédit qui sera rendu public avant le prochain Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
Sur place, l’équipe de recherche a pu mener des enquêtes quantitatives et des entretiens qualitatifs. Au moment du dépouillement des questionnaires, deux éléments, déjà constatés dans nos précédents rapports dans d’autres zones, sont souvent revenus. Il s’agit d’un chômage de masse et d’un sentiment, partagé par la quasi-totalité des 400 jeunes enquêtés, d’être abandonné par l’État. A ce propos, rappelons que toutes les études que nous avons jusqu’ici menées ont montré que le chômage de masse était l’un des facteurs les plus importants dans la radicalisation des jeunes.
De ce fait les facteurs pauvreté et marginalisation se sont toujours greffés aux dimensions idéologiques du problème qu’il ne faudrait pas non plus négliger dans l’approche du phénomène de la radicalisation.
Rappelons qu’Omar Yaffa et Ibrahima Mballo, tous les deux, aujourd’hui, condamnés pour terrorisme et apologie de terrorisme, dans le procès Imam Ndao, viennent de Vélingara.
Dans le cadre des entretiens avec divers interlocuteurs, d’autres évoquent la question de l’insécurité dans une zone frontalière où le mouvement des hommes est difficilement contrôlable. En ce sens, le marché de Diaobé, un carrefour stratégique facilitant la circulation et la diffusion d’idées de la part de populations venant du Mali, de la Guinée et d’autres pays de la sous-région est un exemple des défis que pose la transfrontalité. Un administrateur de la ville, très préoccupé par cette situation ira même jusqu’à affirmer que cette zone marginalisée pouvait être considéré comme « une bombe à retardement ».
Un autre élément que le rapport permettra de constater est tout aussi inquiétant : c’est le choc des modèles religieux entre les chiites et les salafistes mais aussi, et surtout, entre salafistes et tidjanes qui peuvent parfois donner lieu à des confrontations.
Dans le cadre du dispositif PISCCA et l’initiative de prévention de la violence par l'éducation aux valeurs citoyennes, Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies qui développe actuellement des initiatives en direction des jeunes dans plusieurs villes du Sénégal a reçu la visite d’une délégation Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères venu, s’enquérir de l’avancement du projet. Cette délégation était composée de M. Emmanuel Puisais-Jauvin, directeur général adjoint de la Mondialisation et de Madame Hélène Ferrer, rédactrice éducation, formation professionnel et jeunesse à la même direction au Quai d'Orsay.
Monsieur Laurent Perez-Vidal, Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle) et Mme Coralie Nkuka, Chargée de mission Société civile et Volontariat au Pôle de la Coopération Non Gouvernementale de l’Ambassade de France à Dakar ont également pris part à cette rencontre d’échanges sur les actions de l’Institut au Sénégal et en Afrique, de manière générale mais, aussi, plus spécifiquement, les différents volets du Projet PISCCA.
Comme l'a rappelé le directeur de l'Institut, l’un des objectifs généraux du PISCCA est d’accompagner, le développement des principes de redevabilité et de transparence dans l’action publique, de promotion des droits humains et de plaidoyer pour le climat. Au Sénégal 15 projets ont été soutenus, par l’Ambassade de France, dans le cadre de ce dispositif qui motive surtout les initiatives innovantes des sociétés civiles et des coalitions d'acteurs.
Lors des échanges avec la délégation française, Timbuktu Institute a présenté la bande dessinée éducative qu'elle a conçue à destination des jeunes pour la prévention de la violence dans le sport et la promotion des valeurs citoyennes par l’implication de la société civile, des médias locaux et l’accompagnement des efforts de l’Etat dans ce sens.
Le lancement officiel de cette bande dessinée se fera à l’occasion de l’ouverture des Sessions de formation, prévues par le PISCCA, sur la promotion de la citoyenneté et de la culture de la paix en présence des autorités sénégalaises. Selon le Directeur de Timbuktu Institute, « ce sera l’occasion de renforcer l’implication des autorités et des acteurs de la société civile pour mieux accompagner les initiatives citoyennes portées par les jeunes eux-mêmes ».
La délégation française s’est félicitée de toutes ces initiatives et a salué les efforts de l’Institut dans le cadre de ce « partenariat constructif » autour d’actions et d’initiatives « innovantes » rendues possibles grâce au PISCCA.
Bakary Sambe a, dans le même sens, appelé à ce que « ces initiatives soient une opportunité d’un renforcement des relations d’échanges entre l’Institut et des acteurs et structures partageant les mêmes objectifs en France notamment dans le domaine de la prévention de la violence des jeunes qui n’épargne, aujourd’hui, aucune société et qui nécessite une coopération de plus en plus décentralisée rappelant que plusieurs membres de l'Institut ont déjà participé à des rencontres à Lyon, Biarritz et Paris pour partager leurs expériences avec des acteurs et organisations français travaillant sur ces mêmes questions
Investi dans sa mission de veiller sur la hadra et son patrimoine matériel comme immatériel depuis l’âge de 17 ans, celui que tous, à la suite de son homonyme, Cheikh El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh, finirent par appeler « le digne de confiance », Al-Amine, est l’une de ces rares personnalités qui ne se contentent pas de marquer seulement leur époque. Ils la façonnent !
La spécificité de la personnalité de Cheikh Abdoul Aziz Sy Al-Amine est que chacun croit mieux le connaître que tout le monde, tellement il savait personnaliser les relations qu’il entretenait avec les gens au point d’induire certains vers l’impression de le posséder totalement alors qu’il était le patrimoine de tous.
C’est Sahykh Ahmad Sukayrij qui parlait de Cheikh El Hadji malick Sy en le définissant comme le « legs béni des anciennes aux futures générations » (Barakatu Salafi fil Khalaf) dans son célèbre ouvrage sous le titre de (Jinâyatul ). Serigne Abdou semble s’inscrire dans cette même tradition de perpétuation et surtout de sauvegarde du patrimoine dont il faisait finalement partie, au point que le Pr. Mbaye Thiam de l’EBAD, l’appelait « le gardien du temple ». C’était en ces moments forts de la vie d’une hadra où l’on attendait la consigne libératrice après tant d’heures de réflexion et de concertation de la part de celui qui, par sa lucidité, pointait le doigt de la guidance vers la meilleure solution. Meilleure parce que toujours juste, réfléchie, et en toute connaissance de cause mais surtout conforme à l’héritage auquel il était si « jalousement » attaché ! Mais c’était une fidélité au message parfaitement inscrite dans l’action et le « mouvement » comme dirait un certain Mohammed Iqbâl.
Al-Amine aura été le guide qui, à un moment où la vieille tradition pouvait éloigner les jeunes de la totale implication dans la vie confrérique exotérique comme ésotérique, a eu l’idée d’en rajeunir les structures et de mettre la jeunesse au cœur la Tarîqa.
C’est cet élan de rénovation fidèle à l’essentiel qui a donné naissance à une « jeunesse malikite », au mouvement « Mouqtafîna » et bien avant, l’esprit qui généra tant d’autres organisations comme la Dahiratoul Moustarchdina Wal Moustarchidaty et la Cellule Zawiya Tijaniyya etc.. Décidément, Al-Muharram finit par être son mois pendant lequel le plus grand regroupement de la jeunesse s’est toujours effectué. Même en son « absence », ce sera toujours son inspiration qui devrait nourrir les ambitions d’une jeunesse devant d’énormes défis et responsabilités.
S’entretenir avec Al-Amine, après de longs moments de recherche de solutions et d’initiatives dans tous les sens finissait par être un court instant de bonheur partagé pour l’éternité; tellement les vérités les plus sincères et les critiques les plus constructives étaient formulées, de sa part, dans un style et un langage, certes, pleins de franchise mais aussi, toujours, d’affection paternelle.
C’est Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al-Maktoum qui enseignait que « les confréries sont des clubs mystiques où se forment continuellement les athlètes de la religion ». En revisitant, Al-Fayyâdh, l’ouvrage d’Al-Amine regroupant ses différents discours et conférences tenues à travers le monde, on peut dire que Serigne Abdoul Aziz Sy a su, par une pédagogie différenciée, didactiser cet enseignement en leçons de vie, en éternel viatique pour donner corps à l’esprit de la Himma (volonté d’action), plier essentiel de la Tarbiyya Tijaniyya.
On se souvient, lors de nos Ziara dans le fameux « salon » qu’il nous disait « ne me présentez plus de projets, venez avec des bilans et des résultats » !
En fait, l’homme qui a parcouru le monde musulman, l’Europe et l’Amérique au service de sa mission qui n’a jamais varié, avait senti qu’il fallait booster une jeunesse qui le prenait pour modèle et à laquelle il fallait, vite, transmettre l’esprit de l’action comme philosophie de vie menant à la réalisation spirituelle. Une méthode collant parfaitement à la démarche de la Tijâniyya exigeant, bien que Tarîqatu Shukr, une double excellence spirituelle et temporelle afin que la « reconnaissance des faveurs » rime avec mérite dans l’humilité.
Le souvenir est encore vivace des moments décisifs de la mise ne place du Forum national de la Tijaniyya en France ou encore du Symposium du Mawlid, du regroupement annuel de la jeunesse tidiane malikite, des diverses actions du COSKAS et tant d’autres instants qui ont façonné le tournant décisif qu’Al-Amine a su donner à la vie de la Hadra. Il est sûr qu’en procédant à l’inauguration de la Zawiya Tijaniyya de New York, tous les esprits se tourneront vers cet infatiguable bâtisseur, cet éducateur indulgent et rigoureux à la fois. On ne saurait comment !
La personnalité de cet « absent » le plus présent dans l’esprit des jeunes de la Hadra était multidimensionnelle au point que tous se le disputaient alors qu’il savait recevoir chacun et lui parler dans le langage qui sied. Serigne Abdou savait « rester digne en étant populaire » mais surtout, il était capable de « rester peuple en conseillant les rois », si on en était arrivé à paraphraser R. Kipling pour illustrer ce témoignage.
Dans un bus vers l’Aéroport de Casablanca, la radio nationale du Maroc annonce une audience solennelle entre le Roi du Maroc et Cheikh Abdoul Aziz Sy Al-Amine, représentant de la famille d’El Hadji Malick Sy dans les dorures du palais qui ne l’impressionnaient pas; car une semaine après, on pourrait le retrouver, dans son humilité et sesn du devoir, à Yeumbeul, Kaolack, Mbour, ou « simplement » assis, au milieu de centaines de jeunes, dans un stade de la banlieue dakaroise pour une wazifa. Acte symbolique de la Tarîqa qu’il a complètement vulgarisé dans le sens d’une sage expansion des enseignements !
Les critiques littéraires arabes parlent souvent de « Sahl al Mumtani’ » pour vanter la beauté d’une sublime prose, en apparence facile d’accès, mais difficile à cerner. On pourrait appliquer un tel paradigme dans l’approche que tout analyste aurait eu de la vie et de l’œuvre d’Al-Amine.
L’actualité brûlante est aussi pleine de moments qui nous font penser à ses déclarations et appels à la retenue lorsque le pays se trouvait dans des contextes plus ou moins critiques. En plus de son rôle de « régulateur social » qu’il jouait lors des grandes crises politiques, Serigne Abdoul Aziz Sy Al-Amine, alors khalife général des Tidianes, et même bien avant, arrivait à saisir les opportunités et les moments de grande écoute pour développer un discours relevant plutôt de l’avertissement ou de « l’alerte précoce » à la manière des prospectivistes « profanes ».
Sa profonde connaissance du milieu et de la classe politiques lui permettait de s’adresser aux différents acteurs de l’opposition comme du pouvoir en toute liberté de ton. Au cours d’une entrevue avec lui, à Tivaouane, après nous avoir demandé quelle était notre spécialisation (la science politique), il nous dit en des termes assez sérieux : « nul ne connaît la politique sénégalaise mieux que moi ». Il faut dire qu’il a été impliqué dans nombre de réconciliations et de négociations à chaque fois qu’une crise majeure risquait de mettre à mal le fameux « contrat social sénégalais ».
Lors des obsèques à la suite de la disparition de Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al-Maktoum à laquelle toute la classe politique ainsi que les représentants des partis avaient assisté, il leur lança : « Si vous n’arrêtez pas vos querelles, le pays basculera dans la guerre civile. (…) Ce que je vois venir n’augure rien de bon. Et vous n’aurez plus de temps pour vos partis politiques. Car, celui qui vous tuera sera à vos côtés. Mieux vaut donc arrêter vos querelles, sans quoi notre pays en sera détruit.» (cf. Journal, l’Observateur n°4046 du lundi 20 mars 2017 pp. 1 et 5)
Ces propos prononcés dans le contexte d’un climat politique tendu prenaient tout leur sens dans un contexte où il appelait à l’apaisement et à la sérénité. Le style d’un tel discours rappelle, sur nombre de ses aspects, un appel à la « raison » et à l’apaisement du climat politique par des directives pour plus de concorde et de cohésion. D’ailleurs, Serigne Abdoul Sy Al-Amine et Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, défunt Khalife général des Mourides ont marqué le champ sociopolitique sénégalais par leurs appels à « l’unité » et à la « concorde » au point que leur khalifat a symbolisé un esprit de « cohésion » jamais retrouvé depuis celui de Cheikh Abdoul Aziz Dabakh, décédé en 1997.
C’est dans ce sens qu’un hommage Al-Amine, par les temps qui courent, ne peut pas omettre le sentiment profond de regret d’un homme de paix, de conciliation et de concorde.
Bakary Sambe
Membre de la Cellule Zwiya Tijaniyya
Co-Fondateur du Forum National sur la Tijaniyya en France
Sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohamed VI et en perspective du dixième sommet de la Francophonie, la ville sainte de Fès a abrité les 10, 11 et 12 septembre une prestigieuse conférence sur le dialogue des religions et des cultures.
Organisée par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en partenariat avec l’Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture (ISESCO) et l’Université Euro-méditerranéenne de Fès, la conférence a été ouverte par la lecture du message de Sa Majesté le Roi Mohamed VI saluant l’initiative et appelant toutes les forces vives du Maroc et des pays du monde à œuvrer pour un dialogue durable des cultures et des religions.
Représenté par Dr Seydi Diamil Niane, Timbuktu Institute a participé aux travaux de la conférence notamment à l’atelier consacré à la médiation et à la médiatisation dans la lutte contre les discours de haine.
La rencontre fut une précieuse occasion, pour Timbuktu Institute, de revenir sur les actions qu’il mène ces dernières années pour la promotion de la paix et la lutte contre tout discours de haine. En ce sens, Dr Seydi Diamil Niane est revenu, durant la rencontre, sur le Programme Educating for Peace, porté par Timbuktu Institute, en mettant l’accent sur la création de la Chaine Youtube dont le but était de promouvoir la paix et de faire face aux discours de haine.
Beaucoup de recommandations, qui seront présentées au prochain sommet de la Francophonie, sont ressorties de la conférence. Timbuktu Institute encourage l’État du Sénégal à se saisir de toutes les recommandations et d’appuyer toutes les initiatives locales et nationales qui luttent contre l’extrémisme religieux, la discrimination et les discours de haine, et ce, pour un dialogue durable des cultures et des religions.
KANO, NIGERIA —
British Prime Minister Theresa May got plenty of attention for her trip to Africa last week. Videos of her dancing — one with secondary students who greeted her in South Africa and another with her dancing with young scouts in Kenya — went viral.
But May's dance-floor diplomacy didn't overshadow her larger mission in Africa, which was to forge business ties for a post-Brexit Britain. In Cape Town, she pledged more than $5 billion to support African markets and also promised that her country would overtake the United States to become the biggest investor in Africa out of the G-7 countries.
Cheta Nwanze, an analyst at the Lagos-based research firm SBM Intelligence says Britain is desperately trying to find new trade partners. "Because Brexit isn't working out as it had expected," he said. "Brexit is seven or eight months away now and they're so many contentious issues that will need to be resolved."
Playing catch up to China
German Chancellor Angela Merkel made her own recent foray to Africa, visiting Senegal, Nigeria and Ghana, also seeking economic benefit. China has played the role of Africa's largest trading partner for the past nine consecutive years, and both Britain and Germany have a lot of catching up to do.
According to British government figures, the country's total trade with Nigeria, South Africa and Kenya — the countries May visited — amounted to $16.9 billion in 2016. That's less than 2.5 percent of the $712 billion in goods and services that Britain exchanged with the European Union in the same year, Reuters reported.
Meanwhile, Germany declared 2017 a key year for its Africa policy and hosted African presidents in Berlin at a G-20 summit to boost private investment. However, to date, Germany only has about 1,000 companies that are active in Africa.
In comparison, China has 10,000 firms in Africa. It has financed more than 3,000 infrastructure projects on the continent, building thousands of kilometers of highways, generating thousands of megawatts of electricity and creating thousands of jobs across the continent.
"China is challenging all the Western countries, even the United States. China has no historical background of colonialism [in Africa] so many Africans prefer working with China," said Bakary Sambe, a development and peace studies analyst in Senegal.
This week, several African presidents are in China for the 2018 Forum for Africa-China Cooperation, which China's Foreign Minister Wang Li described as the biggest summit of all time.
But, Nii Akuetteh, a prominent independent Ghanaian policy analyst based in Washington, D.C., recommends African politicians, businesses and civil society members be wary of both the West and the East.
"If I had my way, they would be far more vigilant and tougher against Merkel, against May, and even against the Chinese, because all these global powers are rushing to Africa now and they all claim that they love Africa and they want to help. Well, we all heard that before and it led to slavery and it led to colonialism," he said.
Stopping migration
Akuetteh said May and Merkel are motivated in part by a desire to stop the waves of African migrants showing up on Europe's shores.
"They are doing this because their populace don't like Africans. Merkel is very clear, that's why she's doing this — we want to create jobs in Africa so you all don't come to Europe," he said.
Merkel said she wants to work with these governments to tackle issues the three countries are struggling with, such as the Boko Haram insurgency and widespread unemployment.
One of the agreement she said was an MOU signed between German automaker Volkswagen and partners in Ghana and Nigeria. Volkswagen announced last week it would assemble cars in Ghana and make Nigeria an automotive hub.
Ayisha Osori, the head of the Open Society Initiative for West Africa, commends this effort and says African leaders need to acknowledge the reasons why citizens are risking their lives to flee.
"It's a good deal to create more jobs to keep people away from migrating, coming over to Europe in less numbers. Looking at the people who try to cross the desert, that go by sea or by boat, what are they running away from? What is it about their lives that is making them to take such dangerous journeys?" Osori asks.
U.S. role?
In this scramble for Africa, the United States looms in the background, contributing mostly military support. The Brookings Institution says U.S.-Africa relations will not reach their potential if the executive office fails to provide diplomatic and policy leadership.
But U.S. President Donald Trump has shown little interest in the continent and angered many Africans with offensive remarks.
Though Trump has no announced plans of going to Africa, first lady Melania Trump announced in August that she will visit — without the president.