Timbuktu Institute

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Timbuktu Institute – Octobre 2025

L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, se déroule dans un climat politique chargé d’incertitudes. Plus de deux décennies après la crise politico-militaire de 2002 et une autre marquée par une certaine stabilité relative sous la présidence d’Alassane Ouattara, le pays s’interroge : quelle trajectoire pour sa démocratie à l’issue de ce scrutin ? Quelle éventuelle alternance réelle au sommet du pouvoir ? Et comment réconcilier une nation encore fracturée par les blessures du passé ?

La question de la succession et du renouvellement politique

Un non-renouvellement des élites politiques

Depuis la mort de Félix Houphouët‐Boigny en 1993, la scène politique ivoirienne est largement dominée par trois figuresde premier plan : Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Ces trois hommes, anciens acteurs de longue date, ont tour à tour incarné la gouvernance, l’opposition ou le pouvoir ; mais surtout ils ont verrouillé, chacun à leur manière, l’espace politique national.

  • Henri Konan Bédié a succédé à Houphouët-Boigny à la tête de la Côte d’Ivoire à la fin de 1993, en qualité deprésident de l’Assemblée nationale, ce qui fit de lui le successeur institutionnel.1
  • Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir en 2000 après la chute de la junte et une élection controversée ; il représente un tournant dans l’histoire ivoirienne.2
  • Alassane Ouattara, économiste de formation, est devenu président en 2011 après la crise post-électorale de 2010-20113

Le fait est que ces acteurs restent omniprésents, que ce soit directement (candidatures, influence) ou indirectement (réseaux, héritage politique) dans le paysage politique ivoirien.

Faible émergence de la “nouvelle génération” politique

Malgré une population jeune avec 75,6 % des ivoiriens âgés de moins de 35 ans4, la relève institutionnelle reste faible. Plusieurs constats :

  • Les partis historiques comme Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Rassemblement démocratique africain (PDCI‐RDA), Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ou encore Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA‐CI) continuent d’être dominés par des cadres âgés et des alliancesritualisées. Par exemple, l’articulation entre le PDCI et le RHDP a montré les limites du renouvellement : le PDCI finit par quitter la coalition en 2018, montrant que le renouvellement interne est loin d’être acquis.
  • Des figures plus jeunes, pourtant présentes comme Tidjane Thiam dans le PDCI, se heurtent à des blocages institutionnels ou judiciaires qui entravent leur accès au 6
  • Ce décalage entre une population majoritairement jeune et des élites âgées crée un fossé entre attentes citoyennes et offre politique.

Verrouillage des partis historiques

Le paysage politique est « saturé » par les structures anciennes.

  • Le RHDP, parti au pouvoir, s’affirme comme la machine politique dominant les trajectoires électorales, ce qui limite les marges de manœuvre pour de nouveaux 7
  • Le PDCI-RDA, ex-parti hégémonique de l’époque post-Houphouët, peine à se réinventer après sa rupture avec le RHDP ; son influence s’étiole.8
  • Le PPA-CI, fondé en 2021 par Laurent Gbagbo, illustre la difficulté du champ politique ivoirien à se régénérer. Bien qu’il s’agisse d’une nouvelle formation, son orientation, son organisation et sa base militante demeurent largement structurées autour de la figure de Gbagbo, acteur politique central depuis les années 1980. Ce parti apparaît ainsi comme la continuité d’un leadership ancien plutôt que comme l’émergence d’une nouvelle génération politique.9

Ce verrouillage des partis signifie que, même lorsque de nouveaux visages apparaissent, ils se heurtent à un environnement politique déjà structuré autour de réseaux anciens, de clientèles établies, et de leaderships patrimoniaux.

L’enjeu de la transparence et de la crédibilité électorale

Le traumatisme de la crise post-électorale 2010-2011

La présidentielle de novembre 2010 en Côte d'Ivoire, à l’issue de laquelle Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur par la Commission Électorale Indépendante (CEI), tandis que le Conseil constitutionnel avait invalidé certains résultats etproclamé Laurent Gbagbo président, a débouché sur un conflit violent, prolongé d’environ cinq mois.

Le bilan humain reste encore lourd : selon les Nations unies, jusqu’à 3 000 personnes ont péri pendant cette période de violence.10

Cette crise avait marqué un point d’ancrage majeur : elle a gravé dans la mémoire collective l’idée que l’élection présidentielle peut toujours basculer en crise ouverte, et que le bon fonctionnement des institutions électorales reste une condition essentielle de la paix.

Le rôle central des institutions électorales : CEI et Conseil constitutionnel

  • La CEI a pour missions de recenser les électeurs, organiser les élections et référendums, recevoir et valider lescandidatures, garantir la transparence du scrutin, former les bureaux de vote et informer la population.11
  • Le Conseil constitutionnel intervient notamment dans la validation des candidatures et surtout la proclamation des résultats définitifs.12

Leur complémentarité est théorique : la CEI organise, instruit, compile les résultats ; le Conseil constitutionnel tranche les contentieux et garantit la légalité. En pratique cependant, depuis la crise 2010-2011 la répartition de responsabilités suscite débat.

 Les défis qui freinent la confiance dans le processus

La crédibilité d’un scrutin repose notamment sur la fiabilité du fichier électoral : qui est inscrit, comment, avec quelles garanties contre les fraudes ou les exclusions injustifiées. Des critiques portent sur l’absence de mise à jour systématique ou régulière des listes électorales.13

Même si les institutions sont formellement indépendantes, leur impartialité est mise en doute. Les partis d’opposition accusent la CEI ou le Conseil constitutionnel de décisions biaisées.14 De plus qu’il y a un précédent avec la crise post-électorale de 2010-2011. 

Pourquoi la confiance est un enjeu fondamental ?

La confiance dans les institutions électorales a trois effets majeurs :

  • Légitimité du pouvoir : un président élu à la suite d’un scrutin perçu comme transparent dispose d’une base plus solide pour gouverner et rassembler.
  • Prévention des violences post-électorales : une élection contestée dans sa procédure ou ses résultats peut déclencher des réactions violentes, comme la crise de 2010-2011 l’a démontré.
  • Stabilité institutionnelle et attractivité internationale : pour les partenaires étrangers, les investisseurs, et la société civile, la perception de la régularité électorale renforce la confiance dans l’État de droit. 

En somme, la question de la transparence et de la crédibilité électorale va bien au-delà de la simple organisation logistique d’un scrutin. Il s’agit d’un contrat de confiance entre les citoyens, leurs institutions et les acteurs politiques. Sans ce socle, l’élection ne sera pas seulement une compétition politique, mais un risque pour la paix civile. Pour que l’élection soit une marche vers la consolidation démocratique, et non un retour vers la crise, la crédibilité des institutions électorales doit être une priorité réelle et reconnue par tous.

Le poids des enjeux socio-économiques

Attentes concrètes de la population

Au-delà des luttes entre partis et des enjeux institutionnels, de plus en plus d’ivoiriens attendent des réponses tangibles à leurs préoccupations quotidiennes : emploi, coût de la vie, accès à la santé, éducation, logement…

  • Le taux de chômage des jeunes ou d’une sous-utilisation de la main-d’œuvre pèse dans l’électorat. En 2023, plus de 4% de taux de chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans. La Côte d’Ivoire affiche un taux d’inactivité ou de mauvaise insertion élevé.15
  • Le coût de la vie, notamment l’inflation et la hausse des prix alimentaires ou des services de base, est devenueun sujet de préoccupation majeure dans les ménages. Le pays, malgré un taux d’inflation modéré récemment,reste sensible aux fluctuations des prix.16
  • L’accès à des services publics de qualité (santé ; enseignement secondaire et supérieur ; logement décent) demeure inégal, en particulier entre zones urbaines et rurales. Selon les données de 2023, les taux de scolarisation aux niveaux secondaires et tertiaires sont faibles, ce qui traduit un défi majeur pour l’éducation.

 Une croissance forte mais inégalement répartie

La Côte d’Ivoire se distingue depuis plusieurs années par un taux de croissance économique élevé (~6 % ouplus annuellement) : par exemple une croissance estimée à 6,5 % en 2023.

Pourtant, cette croissance ne s’est pas traduite par une amélioration homogène du bien-être pour l’ensemble de la population :

  • Le taux de pauvreté est encore élevé : le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de « revenu inférieur à 3,65 $/jour » était estimé à environ 33 % en 2023.
  • Le secteur informel reste très prépondérant : près de 38 % du PIB est estimé provenir du secteur informel.19
  • Le partage de la richesse, l’accès aux emplois formels, la qualité des infrastructures et la répartition entrerégions urbaines et rurales restent des défis majeurs pour la cohésion sociale.

Le terrain socio-économique constitue aujourd’hui un champ majeur de compétition et de légitimité politique en Côte d’Ivoire. Si les élections peuvent encore se jouer sur la mémoire, les alliances ou les symboles, c’est de plus en plus sur labase des résultats concrets pour la population qu’elles seront jugées. La question n’est plus seulement « qui va diriger ? »mais

« avec quel plan et pour quel impact ? ».

L’unité nationale et la cohésion sociale

Héritage des divisions et question de l’«ivoirité »

La question de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire reste profondément marquée par l’histoire :

  • À la fin des années 1990 et au début des années 2000, l’idéologie de l’“ivoirité” est apparue comme un critère d’accessibilité à la citoyenneté, à certaines fonctions publiques et au droit de vote pour certains Cediscours a creusé une fracture entre régions du Nord et du Sud et entre groupes ethniques.20
  • Vingt ans après les premières grandes crises politico-militaires (2002-2007 et 2010-2011), la Côte d’Ivoire se trouve toujours dans un processus de reconstruction du tissu social, avec l’enjeu de dépasser non seulement lesdivisions politiques, mais aussi les lignes identitaires, régionales ou ethnico-culturelles.21

Quelle cohésion aujourd’hui ?

Le gouvernement et plusieurs partenaires ont adopté des politiques explicites pour renforcer l’unité nationale :

  • Le plan “Plan de Cohésion Nationale 2024‑2025” vise à « faire de la Côte d’Ivoire unie », en mobilisantl’ensemble des acteurs avant les élections générales à venir.22
  • Le pilier « Côte d’Ivoire, une nation unie dans sa diversité culturelle » figure parmi les axes prioritaires de la vision nationale “Vision Côte d’Ivoire 2040”, ce qui montre que l’unité est inscrite à long terme dans les stratégies de développement.
  • On constate également des initiatives de terrain. Comme en 2023, une « caravane de la paix, de la solidarité et de la cohésion sociale » dans le Nord du pays impliquant autochtones, allogènes, réfugiés.24

Pourquoi c’est un enjeu électoral crucial ?

Dans un scrutin présidentiel, l’unité nationale joue directement sur la légitimité du vainqueur : un président perçucomme représentatif de l’ensemble des Ivoiriens aura plus de chance de rassembler après l’élection. Si des groupes se sentent exclus ou lésés, cela augmente le risque de tensions post-électorales, voire de violence.

L’élection peut être un moment de “test” : si elle se déroule dans un climat de respect mutuel, avec des discours apaisés et inclusifs, elle peut devenir une étape vers une nation plus unie. Si elle relance les divisions, elle risque d’affaiblir la cohésion.

La cohésion sociale et l’unité nationale sont loin d’être des débats secondaires, ils constituent l’un des piliers de la stabilité démocratique en Côte d’Ivoire. Pour que le pays ne soit pas simplement “réconcilié” par la force, mais uni dans le quotidien.

L’environnement régional et international

Le rôle de Côte d’Ivoire ne se limite pas à ses frontières : en tant que puissance économique et diplomatique de l’Afrique de l’Ouest, elle évolue dans un environnement marqué par des dynamiques régionales et internationales qui façonnent ses choix politiques et stratégiques.

Un contexte régional turbulent

La Côte d’Ivoire partage ses frontières avec des pays qui connaissent des situations de forte instabilité : notamment Mali et Burkina Faso au nord. L’instabilité politique, les coups d’État ou la menace djihadiste y sont des réalités marquantes. Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire apparaît comme un point d’ancrage de stabilité dans la région.

Sur le plan sécuritaire, la propagation vers la zone côtière d’activités djihadistes initialement confinées au Sahel inquiète.25

Liens et dépendances économiques-géopolitiques

La Côte d’Ivoire joue un rôle de hub : ses ports, sa position stratégique, ses infrastructures la lient étroitement à la sous-région avec les exportations/importations avec les voisins, les transit, etc.

À l’international, le pays doit naviguer entre plusieurs alliances et influences : il conserve des liens historiques (ex. avecla France) tout en étant confronté à l’émergence de nouveaux partenaires (par exemple l’influence grandissante de Russie en Afrique de l’Ouest) qui modifient les rapports de force.

Quels défis pour la Côte d’Ivoire ?

  • Maintien de la stabilité interne : Étant donné les risques de contagion de l’instabilité régionale (réfugiés, groupes armés, trafics transfrontaliers), la Côte d’Ivoire doit veiller à sécuriser ses frontières et ses zones nord.
  • Indépendance politique et souveraineté : Dans un monde où les puissances étrangères exercent despressions (économiques, militaires, diplomatiques), l’enjeu est de conserver une marge de manœuvre nationale. 
  • Rôle diplomatique et de leadership régional : En tant que pays relativement stable et à forte croissance, laCôte d’Ivoire est attendue pour jouer un rôle de médiation ou de leader dans la sous-région.

L’influence régionale et internationale est loin d’être un second plan pour la Côte d’Ivoire : elle façonne fortement les choix politiques, le contexte électoral et les enjeux à venir. Pour les acteurs de l’élection présidentielle, reconnaître que le pays ne vote pas en vase clos est essentiel.

De l’issue de cette élection et surtout de l’acceptabilité des résultats quel que soit le vainqueur dépendra, en partie, l’avenir proche d’une Côte d’Ivoire, pays-moteur économique et diplomatique de la sous- région ouest africaine en pleine turbulence.

 

 

 

د. بكاري سامب ، رئيس ومؤسس معهد تمبكتو - المركز الأفريقي لدراسات  السلام  

Du 9 au 2025, les événements se dérouleront comme prévu. مناقشات لوقف إطلاق النار. أسفرت الغارة عن مقتل خمسة من أعضاء الحركة، بمن فيهم ابن مفاوض بارز، وضابط أمن قطري، إلى جانب إصابات مدنية. هذا الفعل، الذي يمس سيادة دولة عربية وإسلامية، يثير قلقاً عميقاً بشأن احترام القانون الدولي ويهدد الاستقرار الإقليمي.

إن دولة قطر , كرمز للسلام والحور، أثبتت نفسها كوسيط دولي موثوق. فقد نجحت في التوسط لإبرام اتفاقيات وقف إطلاق النار في غزة مرتين، الأولى عام 2023 والثانية في 2025, بالتعاون مع مصر والولايات المتحدة، مما خفف معاناة الفلسطينيين وساهم في إنقاذ آلاف الأرواح. كما قادت قطر وساطات ناجحة خارج المنطقة، مثل التوسط بين الولايات المتحدة وطالبان في أفغانستان، مما أدى إلى توقيع اتفاق الدوحة عام 2020, الذي مهد لانسحاب القوات الأمريكية. وفي السودان، دعمت قطر مفاوضات السلام بين الحكومة والجماعات المسلحة، مقدمة مساعدات إنسانية كبيرة للمتضررين من النزاعات في اليمن وسوريا. على الصعيد العالمي، استضافت قطر مؤتمرات للحوار بين الأديان، مثل منتدى الدوحة للحوار بين الأديان، الذي يجمع قادة دينيين من مختلف أنحاء العالم لتعزيز التفاهم المتبادل. إضافة إلى ذلك، قامت قطر ريادي في دعم مبادرات التعليم العالمي من خلال مؤسسة قطر، التي تدعم مشاريع تعليمية في مناطق النزاع، ومبادرة "التعليم فوق الجميع" التي تسعى لتوفير التعليم للأطفال في المناطق المنكوبة.

 

هذه الأمثلة تؤكد التزام قطر بتعزيز السلام، مما يجعل الهجوم الإسرائيلي على أراضيها تهديداً مباشراً لجهود الوساطة الدولية. استهداف حي سكني في عاصمة دولة ذات سيادة يعيق مساعي الحوار ويزيد من تعقيد الوضع الإقليمي. نعرب عن استنكارنا لهذا الهجوم، الذي وصفته قطر بالإرهاب الرسمي، ونراه تحدياً لمبادئ السلام والتعاون الدولي.

Il s'est déroulé le 15 janvier 2025 le 15 janvier 2025. تميم بن حمد آل ثاني، عكست تضامناً قوياً مع قطر. شارك قادة من جامعة الدول العربية ومنظمة التعاون الإسلامي، وأصدرت القمة بياناً ختامياً استنكر الهجوم ودعا إلى وقف فوري لإطلاق النار Il s'agit d'une histoire de 1967 dans la ville. كما أكد الأمين العام لمنظمة التعاون الإسلامي، حسين براهم طاه، على أهمية وحدة المواقف العربية والإسلامية، وحث المجتمع الدولي على تعزيز السلام ومحاسبة المسؤولين عن التصعيد.

التضامن الإسلامي والدولي مع قطر واجب أخلاقي. دول مثل باكستان وألمانيا أعربت عن قلقها إزاء الهجوم، مما يبرز الحاجة إلى موقف دولي موحد لدعم الاستقرار. قطر، بتاريخها الحافل في بناء الجسور بين الأطراف المتصارعة، ستبقى رمزاً للسلام. يتعين علينا دعمها لتعزيز الحوار والعدالة، لبناء مستقبل يسوده التعاون والاستقرار، بعيداً عن التصعيد والعنف.

Against a backdrop of growing insecurity in the Sahel and Africa, the Timbuktu Institute has published two recent reports analysing the dynamics of conflict and its cross-border repercussions. Following the first, entitled ‘The JNIM threat in the border areas of Mali, Mauritania and Senegal’ (April 2025), the Institute has published ‘JNIM in Kayes: Economic Fragmentation and Cross-Border Threat’ (September 2025), which highlights the strategic offensive of Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) in the Kayes region, a key economic and migration hub in Mali. This latest report deciphers how JNIM exploits social divisions and targets vital infrastructure to stifle the Malian economy and explores the strategies of armed groups across the Sahel to destabilise states through attempts at economic blockades and the exploitation of community tensions. This interview with Dr. Bakary Sambe, President of the Timbuktu Institute, conducted by Senego, examines the implications of this offensive. How do the economic and security disruptions in Kayes threaten Senegal and Mauritania? What risks of regional contagion emerge from porous borders and cross-border community tensions? What strategies should be adopted to counter this growing threat?

Dr Sambe, thank you for granting us this first interview. The Timbuktu Institute recently published a note on the JNIM offensive in the Kayes region. Can you explain why this region has become a strategic target for this terrorist group ?

Dr Bakary Sambe : Thank you for the opportunity to discuss this. As detailed in our September 2025 report, Kayes is an economic and strategic hub for Mali, contributing significantly to the national GDP, particularly through its gold production, which accounts for around 80% of Mali's gold. Its geographical position in the far west, bordered by Senegal, Mauritania and Guinea, makes it a key commercial and migratory crossroads. For example, National Route 1 (RN1), connecting Bamako to Dakar via Kayes and Diboli, facilitates 30% of Mali's land imports, or 2.7 million tonnes of goods per year, including fuel and cereals. JNIM targets Kayes to disrupt these vital flows, as evidenced by the coordinated attacks on 1 July 2025 against five military positions in Kayes and Diboli, aimed at economically suffocating Bamako. Our second report on this area, which we monitor continuously, highlights that this strategy is part of a broader strategy of regional destabilisation, exploiting social tensions and attacking vital infrastructure as well as foreign interests and investments in order to extend its influence.

The JNIM appears to be waging an ‘economic jihad’ by targeting logistics routes such as the RN1. What are the concrete consequences of this strategy for Mali ?

Dr. Bakary Sambe : Our reports highlight a deliberate strategy by the JNIM to paralyse the Malian economy by targeting vital logistics routes, as I have explained. For example, the sabotage of the RN1 on 31 August 2025, where construction equipment belonging to the Chinese company COVEC was set on fire, disrupted the rehabilitation of this essential road, limiting cross-border trade. Similarly, the attacks on 1 July 2025 in Diboli, 1.3 km from the Senegalese border, targeted security infrastructure, temporarily paralysing traffic. These actions have led to increased food insecurity, affecting 1.52 million people in Ménaka and elsewhere, and a rise in the prices of essential goods. The blockade – real or imagined – announced on 3 September 2025, prohibiting the transport of fuel from Senegal, Mauritania, Côte d'Ivoire and Guinea, is exacerbating this crisis. As our second report indicates, by forcing dependence on secondary roads often under insurgent control, JNIM is strengthening its financial grip through taxes on informal networks, further weakening the Malian state by seeking above all to delegitimise the authorities with the persistence of insecurity.

You mention in your note attacks against foreign economic interests, particularly Chinese ones. What is the JNIM's objective behind these actions ?

Dr. Bakary Sambe : The first report highlights that the JNIM targets foreign economic interests to undermine the Malian state's finances and discourage investment. In July-August 2025, the group attacked seven foreign industrial sites in Kayes, including the Diamond Cement Factory, where three Indians were kidnapped. These raids target key sectors such as the gold mines in Bafoulabé, along the RN22, a vital logistics corridor. By disrupting these activities, JNIM aims to deprive Bamako of essential revenue, as Kayes accounts for 80% of Mali's gold production. These attacks also target partners such as China, which invested £2.5 billion in Mali between 2000 and 2020, according to the American Enterprise Institute. Our second report notes that this strategy aims to undermine the legitimacy of the Malian government, accused of failing to secure its partners, isolating Bamako on the international stage while financing JNIM operations through extortion and control of illicit markets, such as gold and livestock. Despite debates within Katiba Macina, the growing interest of terrorist leader Abu Leith Al-Lîby, known to be one of the leading experts in hostage-taking, is worrying the state and economic actors investing in the area.

JNIM is imposing blockades, such as in Kayes and Nioro-du-Sahel. How could this affect cross-border trade with Senegal ?

Dr Bakary Sambe : Our analyses show that the blockade announced on 3 September 2025 by Abu Houzeifa Al-Bambari, targeting Kayes and Nioro-du-Sahel, is severely disrupting the Bamako-Dakar corridor, which facilitates 70% of Malian imports via the port of Dakar. The ban on fuel transport and the suspension of Diarra Transport's activities, for example, illustrated by the burning of a bus near Karangana on 5 September and three tanker trucks on the Bamako-Kayes road on 5-6 September, have reduced cross-border trade. The Union of Road Transporters of Senegal (UTRS) has reportedly announced the possible suspension of its routes as of 2 July 2025 in response to these threats, increasing the cost of transport and essential goods in Senegal. As already indicated in our first report last April, these disruptions threaten Malian exports, such as gold, livestock and timber, transiting through Dakar, and strengthen the informal networks controlled by JNIM, affecting the Senegalese economy.

The report also mentions the risks of regional contagion, particularly for Senegal and Mauritania. What are the main short-term dangers ?

Dr. Bakary Sambe : Both of our reports highlight porous borders as a major risk factor. In Senegal, incidents near Diboli and Melgué, such as the attacks on 1 July 2025, show a risk of JNIM infiltration into the east of the country. The pressure on Nioro-du-Sahel, where the influential Mauritanian figure Chérif Bouyé Haïdara resides, could exacerbate community tensions, particularly in the Hodhs and Assaba regions. For example, sensing this pressure, Mauritanian internet users have even gone so far as to call for military intervention to protect the Sharif, illustrating the cross-border sensitivity of the issue. The second report warns against trade disruption, such as the blockade of Kayes, which encourages illicit trafficking and smuggling, strengthening criminal networks. Without regional cooperation, these dynamics risk spreading insecurity, putting pressure on Senegal's security capabilities, already mobilised by the deployment of the Garsi in Goudiri.

You refer to this frequently in the report. How does JNIM exploit social tensions in Kayes, such as conflicts related to descent-based slavery, to establish its influence ?

Dr. Bakary Sambe : Our first report detailed how JNIM exploits social divisions in Kayes, particularly conflicts related to descent-based slavery in municipalities such as Oussoubidiagna, where tensions between the ‘lambé’ (considered noble) and the Collectif des Sans-Papiers (Collective of Undocumented Migrants) have created grievances that have been exploited elsewhere. These conflicts, sometimes marked by clashes and land expropriations, are amplified by the circulation of weapons and modern influences via social media and certain diasporas, revolted by still conservative positions. The JNIM would use these divisions to perhaps facilitate local recruitment in the future, although this is limited by the economic resilience guaranteed by migration-related income. However, our second report notes that this strategy is part of a regional logic of exploiting tensions, as in Farabougou, where, after its capture in August 2025, JNIM imposed zakat and strict rules, positioning itself as an alternative authority to gradually weaken community cohesion.

What solutions do you propose to counter this JNIM offensive and limit its regional repercussions ?

Dr. Bakary Sambe : Our reports emphasise the need for enhanced regional cooperation between Mali, Senegal and Mauritania, going beyond a strictly security-based approach and focusing also on intelligence sharing and securing corridors such as the RN1. For example, the deployment of Garsi in the Goudiri area and its surroundings must be accompanied by better social intelligence to integrate local socio-cultural dynamics. In Kayes, endogenous mediation mechanisms, such as those led by village chiefs, neutral families and young community volunteers, need to be strengthened. Despite their effectiveness, these mechanisms are compromised by a certain degree of polarisation, as noted in our first report. Our various studies recommend proactive preventive strategies that address socio-religious and economic grievances in order to counter the JNIM's exploitation of social divisions. Without these measures and cross-border cooperation, growing insecurity, illustrated by the announced takeover of Farabougou or the blockade of Kayes challenged by the authorities, risks isolating Bamako and destabilising the West African sub-region, particularly neighbouring countries. Senegal and its partners should also consider how to further strengthen resilience beyond strictly security-related measures, as we are not dealing with a conventional war but with the complexity of an asymmetric threat.

 

 

Dans un contexte d’insécurité croissante au Sahel et en Afrique, le Timbuktu Institute a publié deux rapports récents analysant les dynamiques conflictuelles et leurs répercussions transfrontalières. Après le premier, intitulé : « La menace du JNIM dans les zones frontalières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal », (Avril 2025), l’Institut publie « Le JNIM à Kayes : Fragilisation économique et menace transfrontalière » (septembre 2025), met en lumière l’offensive stratégique du Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) dans la région de Kayes, un hub économique et migratoire clé au Mali. Ce dernier rapport décrypte comment le JNIM exploite les fractures sociales et cible les infrastructures vitales pour asphyxier l’économie malienne et explore les stratégies des groupes armés à l’échelle sahélienne pour déstabiliser les États via des tentatives de blocus économiques et l’exploitation des tensions communautaires. Cette interview avec Dr. Bakary Sambe, Président du Timbuktu Institute interrogé par Senego, interroge les implications de cette offensive. Comment les perturbations économiques et sécuritaires à Kayes menacent-elles le Sénégal et la Mauritanie ? Quels risques de contagion régionale émergent de la porosité des frontières et des tensions communautaires transfrontalières ? Quelles stratégies adopter pour contrer cette menace grandissante ?

Dr. Sambe, merci de nous réserver ce premier entretien. Le Timbuktu Institute a récemment publié une note sur l’offensive du JNIM dans la région de Kayes. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette région est devenue une cible stratégique pour ce groupe terroriste ?

Dr. Bakary Sambe : Merci pour l’opportunité d’échanges. Comme détaillé dans notre rapport de septembre 2025, Kayes est un hub économique et stratégique pour le Mali, contribuant de manière significative au PIB national, notamment grâce à sa production aurifère, qui représente environ 80 % de l’or malien. Sa position géographique à l’extrême ouest, bordée par le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée, en fait un carrefour commercial et migratoire clé. Par exemple, la Route Nationale 1 (RN1), reliant Bamako à Dakar via Kayes et Diboli, facilite 30 % des importations terrestres du Mali, soit 2,7 millions de tonnes de marchandises par an, incluant carburant et céréales. Le JNIM cible Kayes pour perturber ces flux vitaux, comme en témoignent les attaques coordonnées du 1er juillet 2025 contre cinq positions militaires à Kayes et Diboli, visant à asphyxier économiquement Bamako. Notre second rapport consacrée à cette zone où nous menons une veille continue, souligne que cette stratégie s’inscrit dans une logique plus large de déstabilisation régionale, exploitant les tensions sociales et s’attaquant aux infrastructures vitales en même temps que les intérêts et investissements étrangers, pour étendre son influence.

 Le JNIM semble mener un « jihad économique » en ciblant les axes logistiques comme la RN1. Quelles sont les conséquences concrètes de cette stratégie pour le Mali ?

Dr. Bakary Sambe : Nos rapports mettent en évidence une stratégie délibérée du JNIM pour paralyser l’économie malienne en ciblant des axes logistiques vitaux comme j’ai eu à l’expliquer. Par exemple, le sabotage de la RN1 le 31 août 2025, où des engins de chantier de l’entreprise chinoise COVEC ont été incendiés, a perturbé la réhabilitation de cette route essentielle, limitant les échanges commerciaux transfrontaliers. De même, les attaques du 1er juillet 2025 à Diboli, à 1,3 km de la frontière sénégalaise, ont visé des infrastructures sécuritaires, paralysant temporairement le trafic. Ces actions ont provoqué une insécurité alimentaire accrue, touchant 1,52 million de personnes à Ménaka et ailleurs, et une hausse des prix des biens essentiels. Le blocus – réel ou supposé - annoncé le 3 septembre 2025, interdisant l’acheminement de carburant depuis le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d’Ivoire et la Guinée, accentue cette crise. Comme notre second rapport l’indique, en forçant une dépendance sur des routes secondaires souvent sous contrôle insurgé, le JNIM renforce son emprise financière via des taxes sur les réseaux informels, affaiblissant davantage l’État malien en cherchant surtout à en délégitimer les autorités avec la persistance de l’insécurité.

 Vous mentionnez dans votre note des attaques contre des intérêts économiques étrangers, notamment chinois. Quel est l’objectif du JNIM derrière ces actions ?

Dr. Bakary Sambe : Le premier rapport souligne que le JNIM cible les intérêts économiques étrangers pour saper les finances de l’État malien et décourager les investissements. En juillet-août 2025, le groupe a attaqué sept sites industriels étrangers à Kayes, dont la Diamond Cement Factory, où trois Indiens ont été kidnappés. Ces raids visent des secteurs clés comme les mines d’or à Bafoulabé, le long de la RN22, un corridor logistique vital. En perturbant ces activités, le JNIM vise à priver Bamako de revenus essentiels, car Kayes représente 80 % de la production aurifère malienne. Ces attaques ciblent aussi des partenaires comme la Chine, qui a investi 2,5 milliards USD au Mali entre 2000 et 2020, selon l’American Enterprise Institute. Notre second rapport note que cette stratégie vise à miner la légitimité du gouvernement malien, accusé de ne pas sécuriser ses partenaires, isolant Bamako sur la scène internationale tout en finançant les opérations du JNIM via l’extorsion et le contrôle des marchés illicites, comme l’or et le bétail. Malgré les débats au sein de la Katiba Macina, l’intérêt croissant du chef terroriste, Abou Leith Al-Lîby pour la région connu pour être un des plus grands experts en matière de prise d’otages, inquiète l’État et les acteurs économiques investissant dans la zone.

Le JNIM impose des blocus, comme à Kayes et Nioro-du-Sahel. Comment cela pourrait-il affecter le commerce transfrontalier avec le Sénégal ? 

Dr. Bakary Sambe : Nos analyses montrent que le blocus annoncé le 3 septembre 2025 par Abou Houzeifa Al-Bambari, ciblant Kayes et Nioro-du-Sahel, perturbe gravement le corridor Bamako-Dakar, qui facilite 70 % des importations maliennes via le port de Dakar. L’interdiction d’acheminement de carburant et la suspension des activités de Diarra Transport, par exemple, illustrée par l’incendie d’un bus près de Karangana le 5 septembre et de trois camions-citernes sur la route Bamako-Kayes les 5-6 septembre, ont réduit les échanges transfrontaliers. L’Union des transporteurs routiers du Sénégal (UTRS) aurait d’ailleurs annoncé la possible suspension de ses trajets dès le 2 juillet 2025 en réponse à ces menaces, augmentant les coûts de transport et des biens essentiels au Sénégal. Comme, déjà, indiqué dans notre premier rapport en avril dernier, ces perturbations menacent les exportations maliennes, comme l’or, le bétail et le bois, transitant par Dakar, et renforcent les réseaux informels contrôlés par le JNIM, affectant l’économie sénégalaise.

 Le rapport évoque, aussi, des risques de contagion régionale, notamment pour le Sénégal et la Mauritanie. Quels sont les principaux dangers à court terme ?

Dr. Bakary Sambe : Nos deux rapports soulignent la porosité des frontières comme un facteur de risque majeur. Au Sénégal, les incidents près de Diboli et Melgué, comme les attaques du 1er juillet 2025, montrent un risque d’infiltration du JNIM vers l’Est du pays. La pression sur Nioro-du-Sahel, où réside le Chérif Bouyé Haïdara, influent en Mauritanie, pourrait envenimer les tensions communautaires, notamment dans les régions des Hodhs et de l’Assaba. Par exemple, sentant cette pression, des internautes mauritaniens sont même allés jusqu’à appeler à une intervention militaire pour protéger le Chérif, illustrant la sensibilité transfrontalière. Le second rapport met en garde contre la perturbation du commerce, comme le blocus de Kayes, qui favorise les trafics illicites et la contrebande, renforçant les réseaux criminels. Sans coopération régionale, ces dynamiques risquent une contagion de l’insécurité, mettant sous pression les capacités sécuritaires du Sénégal, déjà mobilisées par le déploiement du Garsi à Goudiri.

Vous y faites souvent allusions dans le rapport. Comment le JNIM exploite-t-il, alors, les tensions sociales à Kayes, comme les conflits liés à l’esclavage par ascendance, pour asseoir son influence ?

Dr. Bakary Sambe : Notre premier rapport avait pu détailler comment le JNIM exploite les fractures sociales à Kayes, notamment les conflits liés à l’esclavage par ascendance dans des communes comme Oussoubidiagna, où les tensions entre les « lambé » (considérés comme nobles) et le Collectif des Sans-Papiers ont pu créer des griefs qui ont été exploitables ailleurs. Ces conflits, parfois marqués par des affrontements et des expropriations de terres, sont amplifiés par la circulation d’armes et les influences modernes via les réseaux sociaux et certaines diasporas, révoltées par des positions encore conservatrices. Le JNIM utiliserait ces divisions pour pouvoir, peut-être, dans le futur, faciliter le recrutement local, bien que celui-ci soit limité par la résilience économique garantie par les revenus liés à la migration. Mais, notre second rapport note que cette stratégie s’inscrit dans une logique régionale d’exploitation des tensions, comme à Farabougou, où, après sa prise en août 2025, le JNIM a imposé la zakat et des règles strictes, se positionnant comme une autorité alternative pour affaiblir, progressivement, la cohésion communautaire.

 Quelles solutions proposez-vous pour contrer cette offensive du JNIM et limiter ses répercussions régionales ?

Dr. Bakary Sambe : Nos rapports insistent sur la nécessité d’une coopération régionale renforcée, allant au-delà de la seule approche strictement sécuritaire, entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, mais axée aussi sur le partage de renseignement et la sécurisation des corridors comme la RN1. Par exemple, le déploiement du Garsi dans la zone de Goudiri et environs doit s’accompagner d’une meilleure intelligence sociale pour intégrer les dynamiques socioculturelles locales. À Kayes, il faut renforcer les mécanismes endogènes de médiation, comme ceux portés par les chefs de village, les familles neutres et les jeunes volontaires communautaires, qui, malgré leur efficacité, sont compromis par une certaine polarisation, comme noté dans notre premier rapport. Nos différentes études recommandent des stratégies préventives assumées intégrant les griefs socioreligieux et économiques pour contrer l’exploitation des fractures sociales par le JNIM. Sans ces mesures et une coopération transfrontalière, l’insécurité croissante, illustrée par la prise annoncée de Farabougou ou le blocus de Kayes remis en question par les autorités, risque d’isoler Bamako et de déstabiliser la sous-région ouest-africaine, plus particulièrement les pays voisins. Le Sénégal et ses partenaires devraient d’ailleurs voir dans quelle mesure travailler davantage sur le renforcement de la résilience au-delà des mesures strictement sécuritaires car nous ne sommes pas dans le schéma d’une guerre classique mais, mais qu’on fait face à la complexité d’une menace asymétrique.

 

Timbuktu Institute, September 2025

The resurgence of attacks is far from over in Mali. For several weeks now, the Malian Armed Forces (FAMa) have been the target of repeated attacks by separatist and terrorist groups in various regions of the country, perpetrated in particular by the Group for the Support of Islam and Muslims (JNIM), affiliated with Al-Qaeda, and the Azawad Liberation Front (FLA). From the province of Boulikessi in the centre of the country to Timbuktu, via the south to Mahou (Sikasso) and the north, the number of attacks and victims continues to rise. Faced with this situation of spreading terrorist danger, a stalemate in the security situation and almost simultaneous attacks perpetrated across Mali, the question of the effectiveness of the Africa Corps deployment after Wagner's departure from the country is a legitimate one. While some claim that there has been a status quo since Wagner was replaced by Africa Corps in terms of abuses and human rights violations, others are more optimistic and argue that the situation will improve in the long term. Meanwhile, the spillover from the epicentres is causing neighbouring countries to fear a domino effect with worrying consequences for neighbouring Senegal and Mauritania. So, in the name of the fight against terrorism, how should we interpret the advance of extremist groups in the region while Mali forges partnerships intended to contain a scourge that has lasted too long?

The effectiveness of Russia's deployment in Mali increasingly called into question

In May 2025, the Timbuktu Institute, in a report published on the theme of ‘The threat of JNIM in the tri-border area of Mali, Mauritania and Senegal’, was already warning of the advance of this group towards Mali's neighbouring countries, particularly Senegal and Mauritania, its desire to drive the Malian army away from areas close to Bamako, and the increase in attacks in Kayes near the border with Senegal and Mauritania. Recent attacks have been carried out in the south of the country, not far from the Senegalese and Mauritanian borders, where JNIM fighters carried out seven simultaneous attacks in Kayes city, Nioro du Sahel, and Niono, and reportedly took control of three barracks and dozens of military posts. These JNIM fighters also claimed responsibility for the bombing of the Molodo barracks.

Meanwhile, in Diboli, a Malian village located a few kilometres from Bakel in the Tambacounda region of Senegal, terrorists targeted police and customs posts in a coordinated operation involving vehicles and motorcycles set on fire, which has frightened Senegalese road transporters who regularly use these roads. As a preventive measure, the Senegalese, Malian and Mauritanian armies carried out a joint operation in May 2025, known as a regional offensive against the growing terrorist threat. In this rather alarming context, the resurgence of these attacks raises questions about the effectiveness of the Russian paramilitary troops deployed in Mali.

Indeed, since a military government led by General Assimi Goïta took power in Mali, there has been constant criticism of the French presence. The now President of Malidecided, upon his arrival, to sever relations with the French troops that had been present in the country since 2013 as part of the Serval and Barkhane operations. As a result, relations between Mali and France deteriorated to such an extent that the French army left Mali in 2022, bringing an end to what had until then been a ‘good’ cooperation. ‘Cooperation with France did not meet the aspirations of the Malian people, which is why it was discontinued,’ said Abdoulaye Diop, then Minister of Foreign Affairs, to justify France's withdrawal.

While Franco-Malian cooperation is being denounced, Russia is stepping in to take over with a new form of economic, diplomatic and military cooperation that would be more favourable to Mali. Thanks to its ideological and economic positions, which overlap with those of the AES countries – and which have earned it their support – Russia has succeeded in establishing a foothold in a number of countries in the sub-region with which it maintains cooperative relations. It should be remembered that Mali already recognised the Russian Federation as the successor to the Soviet Union in 1992. Thus, after the overthrow of Ibrahim Boubacar Keïta by the military, who wanted France to leave, Mali began the process of rapprochement with Russia to the point of making it its ally, which presents a major advantage: it advocates values contrary to ‘Western neo-colonialism’, which are widely defended in Mali. This appreciation of Russia would not have been possible without the help of media outlets dedicated to spreading pro-Russian influence and propaganda, such as the African Initiative, among others.

The two countries became partners through the deployment of Wagner Group mercenaries in 2021 to respond to the growing threat of separatists in the north, through the Azawad Liberation Front (FLA) and the JNIM, which continue to carry out attacks that now extend to the border areas of Senegal and Mauritania. After nearly four years of presence on the ground, which has not resolved or even reduced the attacks in Mali, the effectiveness of Wagner, which was initially widely praised, is increasingly being called into question. The defeat suffered in Tinzawatène at the end of July 2024, costing the lives of 84 Wagner mercenaries, has contributed significantly to this dynamic. Thus, with the heavy losses suffered against Tuareg armed groups and terrorists during the last few years of collaboration between the Malian army and the Russian private security company, the latter announced on 6 June 2024 the end of this collaboration on its Telegram account. For Russia, which is ensuring stricter monitoring, a renewal is necessary: the paramilitary group Africa Corps is replacing Wagner with the Malian army. However, this new collaboration is increasingly criticised, particularly with the proliferation of attacks throughout Mali and the losses recorded by the FAMa.

Africa Corps has already suffered setbacks against armed groups. On 13 June 2025, during a skirmish with FLA forces near Kidal, a helicopter was hit and forced to retreat, while several vehicles were destroyed or damaged and several Russian fighters were reportedly killed, according to the FLA. The day before, an Africa Corps truck had already been destroyed by an improvised explosive device.

Furthermore, beyond the difficulties encountered by Russian fighters in direct confrontation with armed groups, certain events raise questions about the quality of the men sent by Moscow. On 14 June, less than two months after its deployment in Mali, a Su-24M Russian tactical bomber crashed near the military base in Gao. This loss adds to other previous incidents. In October 2022, a Su-25 crash in Gao claimed the lives of the crew, with no further details provided by the authorities. More recently, on 1 August 2025, the Africa Corps reportedly lost several soldiers in an ambush carried out by JNIM in Tenenkou, near Mopti. The recurrence of these incidents raises questions about the level of training of the pilots sent to Mali, at a time when Moscow is focusing its efforts on the Ukrainian front.

In addition, another reason that could explain the lack of effectiveness of Russian mercenaries may be the lack of manpower due to Russia's deployment in the Russian-Ukrainian conflict, with the immediate consequence of a reduction in the number of personnel deployed in Mali. Added to this is the Malian government's refusal to enter into any negotiations with separatist and terrorist groups, as was the case in 2015.

A communications war heralding a possible ‘balance of terror’

On the Malian army side, as on the terrorist side, each side is communicating about a possible victory over the other, while the Malian armed forces, with a view to pushing back the enemy, are developing a new form of cooperation with Russia, notably with the arrival of the Russian paramilitary forces Africa Corps. Moreover, these Russian paramilitary forces, which have replaced the Wagner Group, do not hesitate to publish images of terrorists killed and weapons seized during their operations on their channels. Meanwhile, some observers remain convinced that the arrival of Africa Corps will only worsen the security situation in Mali, especially since it has not prevented the recent attacks in June and July 2025. With regard to the terrorists, the Malian army, through the national television channel ORTM, also announced that it had neutralised at least 80, without specifying the locations.

Meanwhile, while the Malian army claims that the situation is under control, FLA spokesman Mohamed Elmaouloud announced: ‘Our troops carried out a targeted action against an Africa Corps patrol on Friday. We inflicted significant material damage and human losses on the enemy's ranks.’ This statement follows recent attacks on a barracks in downtown Timbuktu. It therefore seems that, according to some media outlets reporting on the situation, the Malian army has been in difficulty, especially in recent weeks, with attacks occurring almost weekly: attack on a FAMA security post in Kouakourou, mortar attack on the military airport in Gao. Thus, the Malian army, which, according to some (Western) media outlets, is not responding to these accusations that dishonour it, claims to have ‘responded vigorously to this attack perpetrated in central Mali before retreating’.

The near simultaneity of these attacks in different parts of the country is no coincidence, especially since terrorist attacks have been on the rise in AES countries, particularly since their withdrawal from ECOWAS and the departure of French troops. The similarity between the deterioration of the security situation in Mali and that in other AES member states has given rise to a plethora of speculation, which some are quick to link to the diplomatic choices made by these countries. Still on the diplomatic front, earlier in 2024, without giving further details, the Ukrainian General Intelligence Directorate (GUR) claimed to have helped the Tuaregs of northern Mali in an ambush against the FAMa and Wagner Group mercenaries. If so, could the Sahel and the AES countries be the new hotbed of confrontation between Russia and Ukraine? In any case, the separatists, through the Ukrainian flags posted on social media, are engaged in an ‘existential war against Russia’, an ally of the Malian central government. Moreover, the AES countries have referred the matter to the United Nations Security Council to denounce Ukraine's interference in their internal affairs. In addition, observers are beginning to question the collaboration between the FAMa and Russian paramilitary forces, whose effectiveness remains questionable given the resurgence of attacks in Mali.

 

Timbuktu Institute, September 2025

The resurgence of attacks is far from over in Mali. For several weeks now, the Malian Armed Forces (FAMa) have been the target of repeated attacks by separatist and terrorist groups in various regions of the country, perpetrated in particular by the Group for the Support of Islam and Muslims (JNIM), affiliated with Al-Qaeda, and the Azawad Liberation Front (FLA). From the province of Boulikessi in the centre of the country to Timbuktu, via the south to Mahou (Sikasso) and the north, the number of attacks and victims continues to rise. Faced with this situation of spreading terrorist danger, a stalemate in the security situation and almost simultaneous attacks perpetrated across Mali, the question of the effectiveness of the Africa Corps deployment after Wagner's departure from the country is a legitimate one. While some claim that there has been a status quo since Wagner was replaced by Africa Corps in terms of abuses and human rights violations, others are more optimistic and argue that the situation will improve in the long term. Meanwhile, the spillover from the epicentres is causing neighbouring countries to fear a domino effect with worrying consequences for neighbouring Senegal and Mauritania. So, in the name of the fight against terrorism, how should we interpret the advance of extremist groups in the region while Mali forges partnerships intended to contain a scourge that has lasted too long?

The effectiveness of Russia's deployment in Mali increasingly called into question

In May 2025, the Timbuktu Institute, in a report published on the theme of ‘The threat of JNIM in the tri-border area of Mali, Mauritania and Senegal’, was already warning of the advance of this group towards Mali's neighbouring countries, particularly Senegal and Mauritania, its desire to drive the Malian army away from areas close to Bamako, and the increase in attacks in Kayes near the border with Senegal and Mauritania. Recent attacks have been carried out in the south of the country, not far from the Senegalese and Mauritanian borders, where JNIM fighters carried out seven simultaneous attacks in Kayes city, Nioro du Sahel, and Niono, and reportedly took control of three barracks and dozens of military posts. These JNIM fighters also claimed responsibility for the bombing of the Molodo barracks.

Meanwhile, in Diboli, a Malian village located a few kilometres from Bakel in the Tambacounda region of Senegal, terrorists targeted police and customs posts in a coordinated operation involving vehicles and motorcycles set on fire, which has frightened Senegalese road transporters who regularly use these roads. As a preventive measure, the Senegalese, Malian and Mauritanian armies carried out a joint operation in May 2025, known as a regional offensive against the growing terrorist threat. In this rather alarming context, the resurgence of these attacks raises questions about the effectiveness of the Russian paramilitary troops deployed in Mali.

Indeed, since a military government led by General Assimi Goïta took power in Mali, there has been constant criticism of the French presence. The now President of Mali decided, upon his arrival, to sever relations with the French troops that had been present in the country since 2013 as part of the Serval and Barkhane operations. As a result, relations between Mali and France deteriorated to such an extent that the French army left Mali in 2022, bringing an end to what had until then been a ‘good’ cooperation. ‘Cooperation with France did not meet the aspirations of the Malian people, which is why it was discontinued,’ said Abdoulaye Diop, then Minister of Foreign Affairs, to justify France's withdrawal.

While Franco-Malian cooperation is being denounced, Russia is stepping in to take over with a new form of economic, diplomatic and military cooperation that would be more favourable to Mali. Thanks to its ideological and economic positions, which overlap with those of the AES countries – and which have earned it their support – Russia has succeeded in establishing a foothold in a number of countries in the sub-region with which it maintains cooperative relations. It should be remembered that Mali already recognised the Russian Federation as the successor to the Soviet Union in 1992. Thus, after the overthrow of Ibrahim Boubacar Keïta by the military, who wanted France to leave, Mali began the process of rapprochement with Russia to the point of making it its ally, which presents a major advantage: it advocates values contrary to ‘Western neo-colonialism’, which are widely defended in Mali. This appreciation of Russia would not have been possible without the help of media outlets dedicated to spreading pro-Russian influence and propaganda, such as the African Initiative, among others.

The two countries became partners through the deployment of Wagner Group mercenaries in 2021 to respond to the growing threat of separatists in the north, through the Azawad Liberation Front (FLA) and the JNIM, which continue to carry out attacks that now extend to the border areas of Senegal and Mauritania. After nearly four years of presence on the ground, which has not resolved or even reduced the attacks in Mali, the effectiveness of Wagner, which was initially widely praised, is increasingly being called into question. The defeat suffered in Tinzawatène at the end of July 2024, costing the lives of 84 Wagner mercenaries, has contributed significantly to this dynamic. Thus, with the heavy losses suffered against Tuareg armed groups and terrorists during the last few years of collaboration between the Malian army and the Russian private security company, the latter announced on 6 June 2024 the end of this collaboration on its Telegram account. For Russia, which is ensuring stricter monitoring, a renewal is necessary: the paramilitary group Africa Corps is replacing Wagner with the Malian army. However, this new collaboration is increasingly criticised, particularly with the proliferation of attacks throughout Mali and the losses recorded by the FAMa.

Africa Corps has already suffered setbacks against armed groups. On 13 June 2025, during a skirmish with FLA forces near Kidal, a helicopter was hit and forced to retreat, while several vehicles were destroyed or damaged and several Russian fighters were reportedly killed, according to the FLA. The day before, an Africa Corps truck had already been destroyed by an improvised explosive device.

Furthermore, beyond the difficulties encountered by Russian fighters in direct confrontation with armed groups, certain events raise questions about the quality of the men sent by Moscow. On 14 June, less than two months after its deployment in Mali, a Su-24M Russian tactical bomber crashed near the military base in Gao. This loss adds to other previous incidents. In October 2022, a Su-25 crash in Gao claimed the lives of the crew, with no further details provided by the authorities. More recently, on 1 August 2025, the Africa Corps reportedly lost several soldiers in an ambush carried out by JNIM in Tenenkou, near Mopti. The recurrence of these incidents raises questions about the level of training of the pilots sent to Mali, at a time when Moscow is focusing its efforts on the Ukrainian front.

In addition, another reason that could explain the lack of effectiveness of Russian mercenaries may be the lack of manpower due to Russia's deployment in the Russian-Ukrainian conflict, with the immediate consequence of a reduction in the number of personnel deployed in Mali. Added to this is the Malian government's refusal to enter into any negotiations with separatist and terrorist groups, as was the case in 2015.

A communications war heralding a possible ‘balance of terror’

On the Malian army side, as on the terrorist side, each side is communicating about a possible victory over the other, while the Malian armed forces, with a view to pushing back the enemy, are developing a new form of cooperation with Russia, notably with the arrival of the Russian paramilitary forces Africa Corps. Moreover, these Russian paramilitary forces, which have replaced the Wagner Group, do not hesitate to publish images of terrorists killed and weapons seized during their operations on their channels. Meanwhile, some observers remain convinced that the arrival of Africa Corps will only worsen the security situation in Mali, especially since it has not prevented the recent attacks in June and July 2025. With regard to the terrorists, the Malian army, through the national television channel ORTM, also announced that it had neutralised at least 80, without specifying the locations.

Meanwhile, while the Malian army claims that the situation is under control, FLA spokesman Mohamed Elmaouloud announced: ‘Our troops carried out a targeted action against an Africa Corps patrol on Friday. We inflicted significant material damage and human losses on the enemy's ranks.’ This statement follows recent attacks on a barracks in downtown Timbuktu. It therefore seems that, according to some media outlets reporting on the situation, the Malian army has been in difficulty, especially in recent weeks, with attacks occurring almost weekly: attack on a FAMA security post in Kouakourou, mortar attack on the military airport in Gao. Thus, the Malian army, which, according to some (Western) media outlets, is not responding to these accusations that dishonour it, claims to have ‘responded vigorously to this attack perpetrated in central Mali before retreating’.

The near simultaneity of these attacks in different parts of the country is no coincidence, especially since terrorist attacks have been on the rise in AES countries, particularly since their withdrawal from ECOWAS and the departure of French troops. The similarity between the deterioration of the security situation in Mali and that in other AES member states has given rise to a plethora of speculation, which some are quick to link to the diplomatic choices made by these countries. Still on the diplomatic front, earlier in 2024, without giving further details, the Ukrainian General Intelligence Directorate (GUR) claimed to have helped the Tuaregs of northern Mali in an ambush against the FAMa and Wagner Group mercenaries. If so, could the Sahel and the AES countries be the new hotbed of confrontation between Russia and Ukraine? In any case, the separatists, through the Ukrainian flags posted on social media, are engaged in an ‘existential war against Russia’, an ally of the Malian central government. Moreover, the AES countries have referred the matter to the United Nations Security Council to denounce Ukraine's interference in their internal affairs. In addition, observers are beginning to question the collaboration between the FAMa and Russian paramilitary forces, whose effectiveness remains questionable given the resurgence of attacks in Mali.

 

 

Timbuktu Institute, septembre 2025

La recrudescence des attaques est loin de connaître un épilogue sur le territoire malien. En effet, les Forces Armées Maliennes (FAMa) font l’objet, depuis plusieurs semaines, d’attaques enchaînées des groupes séparatistes et terroristes dans les différentes régions du pays, pérpétrées notamment par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda et le Front de Libération de l’Azawad (FLA). De la province de Boulikessi située dans le centre du pays, à Tombouctou, en passant par le sud, à Mahou (Sikasso), ou encore dans le Nord, le nombre d'attaques et de victimes ne cesse de croître. Face à cette situation de métastase du péril terroriste, d’enlisement de la situation sécuritaire et au regard des attaques quasi simultanées perpétrées aux quatre coins du Mali, se pose légitimement la question de l'efficacité du déploiement d’Africa Corps après le départ de Wagner du pays. Si certains affirment un statu quo depuis le remplacement de Wagner par Africa Corps en termes de dérives et de violations des droits humains, d’autres plus optimistes soutiennent une amélioration de la situation sur le long terme. Pendant ce temps, le débordement des épicentres fait craindre aux pays limitrophes un effet domino avec des conséquences inquiétantes sur le Sénégal et la Mauritanie voisins. Ainsi, au nom de la lutte anti-terroriste, comment interpréter l’avancée des groupes extrémistes dans la région pendant que le Mali noue des partenariats censés contenir un fléau qui n’a que trop duré ?

L’efficacité du déploiement russe au Mali de plus en plus remise en cause

En mai 2025, le Timbuktu Institute, à travers un rapport publié sur le thème « Menace du JNIM dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal », alertait déjà sur  l’avancée de ce groupe vers les pays voisins du Mali, notamment le Sénégal et la Mauritanie,  sa volonté d’éloigner l’armée malienne des zones proches de Bamako, ainsi que la multiplication des attaques à Kayes près de la frontière avec le Sénégal et de la Mauritanie. De récentes attaques ont été commises dans le sud du pays, non loin  des  frontières sénégalaise et mauritanienne où les combattants du JNIM ont mené sept attaques simultanées précisément à Kayes ville, Nioro du Sahel, en plus de Niono et auraient pris le contrôle de trois casernes et des dizaines de points militaires. Ces combattants du JNIM revendiquent également le bombardement de la caserne de Molodo. 

Pendant ce temps, à Diboli, village malien situé à quelques kilomètres de Bakel située dans la région de Tambacounda du Sénégal, les terroristes ont visé des postes de police et de douane à travers une opération coordonnée avec des véhicules et des Motos incendiées ; de quoi faire peur les transporteurs routiers du Sénégal qui empruntent régulièrement ces routes. D’ailleurs à titre préventif, les armées sénégalaise, malienne et mauritanienne ont mené au mois de mai 2025, une opération conjointe dénommée offensive régionale contre la menace terroriste grandissante. Dans ce contexte assez alarmant, la recrudescence de ces attaques pose la question de l'efficacité des troupes paramilitaires russes déployées au Mali.

En effet, depuis qu’un pouvoir militaire sous la houlette du Général Assimi Goïta dirige le Mali, des critiques étaient constamment formulées sur la présence française. Le désormais président du Mali a, dès son arrivée, décidé de rompre ses relations avec les troupes françaises présentes sur le territoire depuis 2013 dans le cadre des opérations Serval puis de Barkhane. Par conséquent, les relations entre le Mali et la France se sont dégradées au point que l’armée française a quitté le Mali en 2022, mettant ainsi fin à une coopération jusque-là en “bons termes”. “La coopération avec la France ne répondait pas aux aspirations du peuple malien, raison pour laquelle elle a été interrompue.”, déclarait alors Abdoulaye Diop, alors ministre des Affaires Étrangères pour justifier le retrait de la France

Pendant que la coopération franco-malienne est dénoncée, la Russie vient alors comme pour prendre le relais à travers une nouvelle forme de coopération économique, diplomatique, mais également militaire qui serait plus favorable pour le Mali. Grâce à ses positions idéologiques et économiques qui recoupent celles des pays de l’AES -et qui lui valent leur soutien, la Russie réussit à asseoir son ancrage dans nombre de pays de la sous-région avec lesquels elle entretient des relations de coopération.  Pour rappel, le Mali reconnaissait déjà en 1992 la Fédération de la Russie comme héritier de l’Union Soviétique. C’est ainsi qu’après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires qui ont souhaité le départ de la France, que le Mali a enclenché le processus de rapprochement   avec la Russie au point d’en faire son allié qui présente un atout majeur : elle prône des valeurs contraires au “néocolonialisme occidental” assez défendues au Mali. Cette appréciation de la Russie n’aurait pas pu se faire sans l’aide des médias implantés dédiés au relai d’influence et de propagande pro-russe comme l’African Initiative, entre autres.

Les deux pays deviennent partenaires à travers le déploiement des mercenaires du Groupes Wagner en 2021 pour répondre à la menace  croissante des indépendantistes au Nord, à travers le Front de Libération de l’Azawad (FLA) mais aussi avec le JNIM qui continuent à perpétrer des attaques qui s’étendent désormais jusqu’aux zones frontalières du Sénégal et de Mauritanie. Après près de quatre années de présence sur le terrain qui n’ont pas résolu voire réduit les attaques au Mali, l’efficacité de Wagner qui était plébiscité au départ, est de plus en plus remise en cause. La défaite subie à Tinzawatène à la fin du mois de juillet 2024, coûtant la vie à 84 mercenaires de Wagner a largement contribué à cette dynamique. Ainsi, Avec les lourdes pertes enregistrées face aux groupes armées touaregs et terroristes durant ces dernières années de collaboration entre l’Armée malienne et la société privée de sécurité russe, cette dernière a annoncé le 6 juin 2024 la fin de cette collaboration sur son compte Télégram. Pour la Russie qui assure d’un suivi plus strict, un renouvellement s’impose : le groupe paramilitaire Africa Corps remplace Wagner auprès de l’armée malienne. Toutefois, cette nouvelle collaboration est de plus en plus critiquée notamment avec la multiplication des attaques un peu partout au Mali avec les pertes enregistrées du côté des FAMa.

L’Africa Corps a déjà connu des revers face aux groupes armés. Le 13 juin 2025, lors d’un accrochage avec les forces du FLA près de Kidal, un hélicoptère a été touché et contraint de se replier, plusieurs véhicules détruits ou endommagés et plusieurs combattants russes auraient été tués, selon le FLA. La veille, un camion de l’Africa Corps avait déjà été détruit par un engin explosif improvisé.

D’autre part, au-delà des difficultés rencontrées par les combattants russes dans la confrontation directe avec les groupes armés, des évènements interrogent quant à la qualité des hommes envoyés par Moscou. Ainsi, le 14 juin, moins de deux mois après son déploiement au Mali, un Su-24M, bombardier tactique russe, s’écrase près de la base militaire de Gao. Cette perte s’ajoute à d’autres précédents. En octobre 2022, un crash de Su-25 à Gao avait coûté la vie à l’équipage, sans que les autorités ne fournissent plus de détails. Plus récemment, le 01 août 2025, l’Africa Corps aurait perdu plusieurs soldats au cours d’une embuscade menée par le JNIM à Tenenkou, près de Mopti. La récurrence de ces incidents pose la question du niveau de formation des pilotes envoyés au Mali, alors que Moscou concentre ses efforts sur le front ukrainien.

En outre, une autre raison qui pourrait expliquer le manque d’efficacité des mercenaires russes peut être le manque d’effectifs dû au déploiement russe dans le conflit russo-ukrainien avec comme conséquence immédiate une diminution des effectifs déployés au Mali. A cela, s’ajoute le refus du Gouvernement malien d’entamer une quelconque négociation avec les groupes séparatistes et terroristes comme ce fut le cas en 2015.

Une guerre communicationnelle avant-coureur d’un possible « équilibre de la terreur »

Du côté de l’armée malienne, tout comme chez les terroristes, chacun communique sur une éventuelle victoire sur l’autre, alors que les forces armées maliennes, dans une perspective de faire reculer l’adversaire, développent avec la Russie une nouvelle forme de coopération notamment avec l’arrivée des forces paramilitaires russes Africa Corps. D’ailleurs, ces forces paramilitaires russes qui ont remplacé le groupe Wagner, n’hésitent pas à publier dans leurs chaînes des images de terroristes tués, ainsi que des armes saisies dans le cadre de leurs opérations. Pendant ce temps, certains observateurs restent convaincus que l’arrivée d’Africa Corps ne fera qu’empirer la situation sécuritaire au Mali, d’autant plus que cela n’a pas empêché, jusqu’à tout récemment, les récentes attaques aux mois de juin et juillet 2025. S’agissant des terroristes, l’armée malienne à travers la chaîne de télévision nationale, l’ORTM, annonce également en avoir neutralisé au moins 80, sans précisions sur les localités.

Pendant ce temps, alors que l’armée malienne affirme que la situation est sous contrôle, le porte-parole du FLA Mohamed Elmaouloud annonçait : « nos troupes ont mené ce vendredi une action ciblée contre une patrouille de Africa Corps. Nous avons infligé d'importants dégâts matériels et des pertes humaines dans les rangs des ennemis ». Cette déclaration fait suite aux récentes attaques d’une caserne au centre-ville de Tombouctou. Il semble donc que, selon certains parmi les médias qui relayent les informations, l’armée malienne est mise en difficulté surtout ces dernières semaines où les attaques sont quasi hebdomadaires : attaque d’un poste de sécurité des FAMA à Kouakourou, attaque au mortier de l’aéroport militaire de Gao. Ainsi, l’armée malienne qui, selon certains médias (occidentaux) ne réagit pas à ces accusations qui la déshonorent, assure avoir « vigoureusement réagi à cette attaque perpétrée dans le centre du Mali avant de se replier ».

La quasi simultanéité de ces attaques dans les différentes parties du pays n’est pas fortuite, d’autant plus, que dans les pays de l’AES, les attaques terroristes se multiplient surtout depuis leur retrait de la CEDEAO et le départ des troupes françaises. La similitude de la recrudescence de la situation sécuritaire du Mali par rapport aux autres membres de l’AES a fait naître une pléthore de spéculations que certains ne manquent pas de lier aux choix diplomatiques de ces pays. Toujours dans le registre diplomatique, plus tôt en 2024, sans donner plus de détails, la Direction générale du renseignement ukrainien (GUR), affirmait avoir aidé les Touaregs du nord Mali dans une embuscade qui les opposait aux FAMa et les mercenaires du Groupe Wagner. Le cas échéant, le Sahel et les pays de l’AES seraient-ils le nouveau foyer de confrontation de la rivalité russo-ukrainienne ? En tout état de cause, les indépendantistes, à travers les drapeaux ukrainiens postés sur les réseaux sociaux, sont dans une logique de « guerre existentielle contre la Russie » alliée de l’État central malien. D’ailleurs, les pays de l’AES ont saisi le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour dénoncer l’ingérence de l’Ukraine dans leurs affaires internes. De plus, il se dessine une remise en cause, par les observateurs, de la collaboration entre les FAMa et les forces paramilitaires russes dont l’efficacité reste discutable vu la recrudescence des attaques au Mali.

 

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Kayes, Mali's first administrative region created by Law No. 60-3-A.L.R.S of June 7, 1960, occupies a strategic position both geographically and socio-politically. Located in the far west of the country, it is bordered by Senegal to the west, Mauritania to the north, Guinea to the south, and the Koulikoro region to the east. This region remains a strategic economic hub, contributing the second largest share of Mali's GDP after Bamako . Kayes is also a cultural and migratory crossroads in the Sahel sub-region and West Africa. This strategic position, reinforced by its proximity to neighboring countries and its role in cross-border migration dynamics, makes it a key area for Mali's stability and security in the West African region.

However, this position also exposes Kayes to complex challenges, marked by structural and cyclical conflicts that threaten social cohesion and security. These conflictual dynamics in the Kayes region are linked to historical, social, and economic factors, amplified by rapid contemporary developments. Among the structural conflicts, those related to descent-based slavery occupy a central place, particularly in municipalities such as Oussoubidiagna. The recurring tensions between the "lambé" (considered noble and believed to be the first settlers) and the Collectif des Sans-Papiers (CSP) reveal a social divide inherited from ancestral cultural practices and now exacerbated by modern influences, particularly through social media and community groups formed by diaspora communities.

These conflicts, sometimes marked by clashes, land expropriations, and a tendency to detain and use weapons , illustrate the persistence and socio-political and cultural weight of rigid social hierarchies and their negative impact on community peace and cohesion. Furthermore, conflicts between farmers and herders, which are frequent during the rainy season, are exacerbated by demographic pressure, transhumance , and increased competition for natural resources, particularly agricultural and pastoral land. These dynamics are complicated by circumstantial factors, such as the gradual spread of insecurity from northern and central Mali to the south, where the terrorist group JNIM (Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin) could exploit local frustrations to recruit locally and intensify tensions.

This note analyzes how JNIM is gradually weakening the resilience of a region that has long remained relatively outside its sphere of influence by waging a form of  economic "jihad" by targeting vital logistics routes the stated intention to impose blockades while strengthening control over economic flows. Similarly, JNIM's strategy based on a process of gradual destabilization and attacks on foreign economic interests will be reviewed. A final section will analyze the immediate and medium-term implications and consequences of this JNIM offensive on the security of Mali's neighboring countries, mainly Mauritania and Senegal, as well as the threat it poses to regional stability.

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Kayes, première région administrative du Mali créée par la loi n°60-3-A.L.R.S du 7 juin 1960, occupe une position stratégique tant sur le plan géographique que sociopolitique. Située à l’extrême ouest du pays, elle est bordée par le Sénégal à l’ouest, la Mauritanie au nord, la Guinée au sud et la région de Koulikoro à l’Est. Cette région reste un hub économique stratégique avec la deuxième plus importante contribution au PIB malien après Bamako. Kayes constitue, aussi, un carrefour culturel et migratoire dans la sous-région sahélienne et en Afrique de l’Ouest. Cette position stratégique, renforcée par sa proximité avec des pays voisins et son rôle dans les dynamiques migratoires transfrontalières, en fait une zone clé pour la stabilité du Mali et la sécurité dans la région ouest-africaine.

Cependant, cette position expose également Kayes à des défis complexes, marqués par des conflits structurels et conjoncturels qui menacent la cohésion sociale et la sécurité. Ces dynamiques conflictuelles dans la région de Kayes sont liées à des facteurs historiques, sociaux et économiques, amplifiés par les rapides évolutions contemporaines. Parmi les conflits structurels, ceux liés à l’esclavage par ascendance occupent une place centrale, en particulier dans des communes comme Oussoubidiagna. Les tensions récurrentes, opposant les « lambé » (considérés comme nobles et supposés primo-installés) au Collectif des Sans-Papiers (CSP), révèlent une fracture sociale héritée des pratiques culturelles ancestrales et, aujourd’hui, exacerbée par les influences modernes, notamment via les réseaux sociaux et les collectifs associatifs issus des diasporas.

Ces conflits, marqués, quelques fois, par des affrontements, des expropriations de terres et une tendance à la détention et à l’usage d’armes, illustrent la persistance et le poids sociopolitique et culturel de hiérarchies sociales rigides et leur impact négatif sur la paix et la cohésion communautaires. Par ailleurs, les conflits entre agriculteurs et éleveurs, fréquents pendant la saison des pluies, sont aggravés par la pression démographique, la transhumance et la compétition accrue autour des ressources naturelles, notamment les terres agricoles et pastorales. Ces dynamiques sont compliquées par des facteurs conjoncturels, tels que l’extension progressive de l’insécurité du nord et du centre du Mali vers le sud, où le groupe terroriste JNIM (Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin) pourrait exploiter les frustrations locales pour recruter localement et intensifier les tensions.

Dans cette note, il s’agit d’analyser la manière dont le JNIM procède à la fragilisation progressive de la résilience d’une région restée longtemps relativement en dehors de son champ d’action en menant une forme de « jihad » économique par le ciblage des axes logistiques vitaux la volonté affirmée de procéder à des blocus tout en renforçant le contrôle les flux économiques. De même, la stratégie du JNIM basée sur un processus de déstabilisation progressive et l’attaque aux intérêts économiques étrangers sera passée en revue. Une dernière partie analysera les implications et les conséquences immédiates et à moyen terme de cette offensive du JNIM sur la sécurité des pays voisins du Mali, principalement, la Mauritanie et le Sénégal de même que la menace qu’elle représente pour la stabilité régionale.

 

لدكتور بكاري سامب، رئيس معهد تمبكتو - المركز الإفريقي لدراسات السلام، داكار

تشهد العلاقات بين قطر وإفريقيا زخماً اقتصادياً متزايداً، حيث تبرز الدوحة كشريك استراتيجي في القارة، مدعومة برؤية قطر الوطنية 2030 التي تهدف إلى تنويع الاقتصاد وتعزيز التنمية المستدامة. تتجلى هذه الرؤية في الاستثمارات القطرية الاقتصادية والبنية التحتية في إفريقيا، التي تشمل قطاعات حيوية مثل الطاقة، الاتصالات، النقل، والتعدين. في هذا السياق، يمكن للسنغال، بفضل رؤيتها الطموحة 2050 وسياستها لتنويع الشراكات، أن تستفيد من هذا الزخم القطري لدعم تنميتها الاقتصادية والاجتماعية.
تشمل الاستثمارات القطرية في إفريقيا مشاريع رئيسية في عدة دول، حيث بلغت قيمتها مليارات الدولارات. على سبيل المثال، استثمر صندوق قطر للاستثمار 200 مليون دولار في شركة "إيرتل إفريقيا" للاتصالات، التي تخدم أكثر من 94 مليون عميل عبر القارة، كما دعمت قطر مشروع مطار بوجيسرا الدولي في رواندا بقيمة 1.5 مليار دولار، إلى جانب مفاوضات لاقتناء حصة في شركة "رواند إير". وفي جنوب إفريقيا، عززت قطر شراكاتها في قطاعات النفط والبتروكيميائيات بقيمة 13 مليار دولار، مما جعلها الشريك التجاري الخامس لجنوب إفريقيا في الشرق الأوسط بحلول 2022. وفي السودان، قدمت قطر دعماً مالياً عبر صندوق قطر للتنمية لمشاريع إنسانية وتنموية، بما في ذلك 12 مليون دولار لمكافحة الجوع في القرن الإفريقي. هذه المشاريع تُظهر التزام قطر بدعم التنمية الاقتصادية والاجتماعية في إفريقيا، وهي أهداف تتماشى مع رؤية السنغال 2050.
بالنسبة للسنغال، التي تسعى عبر رؤية 2050 إلى تحقيق تنمية شاملة ومستدامة، يمكن أن تكون الاستثمارات القطرية فرصة ذهبية. تسعى السنغال إلى تنويع شراكاتها الدولية لتعزيز التعاون مع دول الخليج، بما في ذلك قطر. يمكن للسنغال الاستفادة من خبرة قطر في قطاع الطاقة، حيث تمتلك الدوحة موارد هيدروكربونية وخبرة متقدمة في التنقيب والاستخراج، لدعم مشاريع الطاقة المتجددة مثل الطاقة الشمسية وطاقة الرياح، مما يلبي الطلب المتزايد على الكهرباء في ظل النمو السكاني والتحضر. كما يمكن للاستثمارات في البنية التحتية، مثل تطوير ميناء داكار أو مطار بليز ديان الدولي، أن تعزز مكانة السنغال كمركز تجاري إقليمي في غرب إفريقيا، على غرار مشاريع النقل في رواندا.
على الصعيد الثقافي والتعليمي، يمكن للسنغال الاستفادة من خبرة قطر في بناء اقتصاد قائم على المعرفة، خاصة في التكنولوجيا والذكاء الاصطناعي، مما يدعم أهداف رؤية 2050 لتطوير رأس المال البشري. كما أن الروابط الروحية التاريخية بين إفريقيا والعالم العربي، التي أبرزها كتاب "الصوفية للشيخ الحاج مالك سي" لبكاري سامبي، توفر أرضية لتعزيز التعاون الثقافي. يمكن للاستثمارات القطرية في التعليم والمراكز الثقافية أن تدعم مؤسسات مثل تيوان، التي شكلت مركزاً للعلم والروحانية في السنغال، مما يعزز الهوية الثقافية والروحية.
في الختام، توفر الاستثمارات القطرية في إفريقيا، كتلك في رواندا وجنوب إفريقيا والسودان، نموذجاً للتعاون الاقتصادي المستدام. يمكن للسنغال أن تستفيد من هذه التجربة لجذب استثمارات في الطاقة، البنية التحتية، والتكنولوجيا، مما يدعم رؤية 2050 وسياسة تنويع الشراكات. التحدي يكمن في صياغة سياسات واضحة لجذب هذه الاستثمارات وضمان استدامتها، مما سيجعل السنغال وجهة جاذبة للاستثمارات القطرية مع الحفاظ على إرثها الثقافي والروحي العريق.

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