Timbuktu Institute

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La Salle des délibérations de la Mairie de Mbour va accueillir ce lundi 2 juillet à 15h la Cérémonie du lancement national du Projet « OSC et associations sportives du Sénégal pour une culture de la paix et contre la violence » en présence des autorités, des élus et des représentants de la Société civile et des Associations sportives et culturelles (ASC) et de l’Ambassade de France. 

Cette initiative entre dans le cadre du dispositif  PISCCA (Projet Innovant des Sociétés Civiles et Coalitions d’Acteurs), un nouveau programme initié par l’Ambassade de France, ayant pour ambition, entre autres, de promouvoir les initiatives citoyennes au Sénégal et en Gambie. 

Timbuktu Institute- African Center for Peace Studies avait présenté un projet qui a été sélectionné et jugé « innovant » en faisant collaborer les organisations sportives (ASC) et de la société civile qui mobilisent leurs Cités dans le domaine de la lutte contre la violence des jeunes et la promotion des valeurs citoyennes dans plusieurs région du Sénégal notamment à Mbour, Saint-Louis, Thiès et Kaolack. 

Pour Dr. Bakary Sambe, Directeur de Timbuktu Institute et professeur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis qui rappelle que « l’objectif général du PISCCA est d’accompagner, le développement des principes de recevabilité et de transparence dans l’action publique, de promotion des droits humains et de plaidoyer pour le climat, l’Institut était déjà sur ce terrain de la promotion des valeurs citoyennes et l’appui de l’Ambassade de France vient en son heure afin d’élargir son rayon d’action et atteindre plus de jeunes à travers le pays ». 

 De plus, avec ce projet qui a été sélectionné, Timbuktu Institute pourra « mieux se déployer notamment dans la sensibilisation des jeunes à la culture citoyenne tout en renforçant les capacités de la société civile et des médias locaux sur les thématiques des Droits humains et des actions de prévention contre la violence ». 

Ce qui, pour Mme Yague Samb, chargée du Pôle « Dialogue politique et résolution des conflits » au sein de Timbuktu Institute « entre en droite ligne dans la logique des composantes 2 et 3 du PISCCA qui est un dispositif innovant et participatif dans le sens de la pleine implication des jeunes eux-mêmes dans le processus ainsi que leur autonomisation et la pérennité des actions implantées ».

On June 25th 2018, an agreement was signed between the Rosa Luxembourg Stiftung and the Timbuktu Institute- African Center for Peace Studies focused in youth and religious problematics based in Dakar.

The Rosa Luxembourd Stiftung, represented by Mrs Maimouna Ndao, on behalf of Dr ; Armin Osmanovic and the African center for peace studies- Timbuktu Institute, directed by Dr. Bakary Sambe agreed on the project entitled « Youth, Political Parties and Political participation. »

Indeed, firstly presented by the Timbuktu Institute, this project is based on research work mainly focused on the role of youth and its involvment in politics.

The project has 2 (two) specific objectives :

  • to provide scientific-based answers to better understand and document disaffection of young people (between 15 and 35) towards political parties in a constructive way ;
  • to mobilize young people regarding both political and electoral participation aspects for them to better express their concerns in a peaceful and constructive way. In other words, the goal is also to develop young people’s critical mind.

 

The agreement between the two institutions relies on a roadmap to include programs and activities which will be conducted within the Timbuktu Institute. It should be implemented from June 1st and will be conducted with different sensitizing activities until next December 31th.

 

With the coming elections to be held in Senegal in February 2019, this partnership is also a way to shed a  light on the political aspirations of the youth and their expectations from the political leaders and parties in the next ten years. A promising experience !

 

By Thaïs Matton, Trainee, (Summer 2018)

Ces derniers jours, circule une information selon laquelle l’État du Sénégal aurait cédé 70000m2 au fondateur de la Faculté africaine des études islamique, considéré comme la figure de proue du salafisme wahhabite au Sénégal, afin qu’il transforme ladite faculté en une plus grande université. C’est Dr. Mohammed Ahmed Lô, fondateur du Dârul Istiqâma, lui-même qui en a fait l’annonce lors d’une intervention à l’Université Islamique de Médine, en Arabie Saoudite, d’après une information rapportée par un site d’information en arabe[1]. Le choix du lieu de l’annonce ainsi que les destinataires du message prouve que le risque est gros de voir ce projet agité depuis des années tomber dans l’escarcelle d’une puissance étrangère, l’Arabie Saoudite, pour une question aussi sérieuse que l’enseignement supérieur dans notre pays tout de même souverain.

Si Timbuktu Institute a toujours appelé au respect de la diversité religieuse et de la liberté de culte, de pratique et d’enseignement des religions, il ne pourrait s’empêcher de se questionner sur les dessous d’une telle décision de l’État du Sénégal qui, si elle était avérée, poserait, au moins, trois problèmes :

1_  Bien que fruit des différents efforts d’intégration des « arabisants » du gouvernement, le projet même d’une université arabo-islamique ne fera qu’accentuer la dualité du système éducatif et marginaliser davantage les arabisants comme nous l’avons notifié aux autorités depuis que cette idée a été lancée. A l’ère de la mondialisation et de la globalisation, à l’ère du règne de la technologie et du digital, au moment où notre pays a de plus en plus besoin de personnes formées dans les sciences les plus diverses, allant des mathématiques aux études nucléaires en passant par la chimie et la physique quantique, enfermer les arabisants dans le carcan du théologisme et de la littérature arabe n’est pas le meilleur choix pour réparer l’injustice qui serait faite aux arabisants. Les pays arabes eux-mêmes se sont détournés de cette voie depuis très longtemps. L’État doit, justement, veiller à ce que ces arabisants puissent avoir droit aux mêmes chances que tous les autres sénégalais formés dans le système dit francophone et leur offrir toutes les possibilité de s’ouvrir aux sciences sociales et à l’esprit critique.

2_ La personne à laquelle l’État aurait cédé cette surface étendue de terrain dans la « nouvelle ville » est connue pour avoir été l’un des premiers à planter les germes de la contestation parfois haineuse de l’islam confrérique dans le pays de Cheikh Oumar Foutiyou Tall, de Seydi Elhadji Malick Sy et de Cheikh Afmdou Bamba ne serait-ce que dans son ouvrage connu sous le titre de Taqdîs al-Ashkhâç fil fikr al-Sûfî (Sacralisation des personnages dans la pensée soufie). Ainsi, en lui facilitant l’élaboration d’un tel projet, sans aucun appel d’offre ou manifestation d’intérêt préalable ou même consultation des différentes familles religieuses du pays, on ne fait qu’accentuer l’importation et une plus grande implantation de l’islam salafiste et wahhabite au Sénégal. De ce fait, l’État sénégalais risque de contribuer à la formation de personnes issus des pays de la sous-région dont les discours et idéologies pourraient porter atteinte, de manière irréversible, à la cohésion nationale et au contrat social sénégalais. Cet islam n’a produit qu’extrémisme et violence là où il s’est imposé et l’Arabie Saoudite elle-même tente de s’en débarrasser pour se donner une meilleure image internationale en s’investissant dans la lutte contre l’extrémisme. Les derniers procès de présumés terroristes sénégalais ont bien montré, à travers les aveux des prévenus, que c’est le rejet de cet islam soufi comme élément stabilisateur qui a conduit de manière insoupçonné, de jeunes sénégalais à aller s’inspirer de Boko Haram et de ses thèses au Nigéria.

3 _ Enfin cette décision de l’État du Sénégal, si elle s’était avérée, nous pousse à nous poser la question suivante bien que tous les courants religieux aient droit au libre enseignement de leurs thèses : « le gouvernement est-il en train de livrer le projet de l’université arabo-islamique aux salafistes avec tous les risques que cela comporte pour la stabilité et la sécurité de notre pays ? Ce serait un précédent dangereux et, au regard de l’ambition déclinée par la Faculté africaine d’études islamiques, ferait du Sénégal le nouveau hub universitaire sous-régional du salafisme wahhabite.

Si tel était le cas, un tournant majeur s’annonce pour une irréversible salafisation de l’islam sénégalais. Comment expliquer que notre pays connu pour son islam de paix et de concorde puisse favoriser la fondation d’une université où, tout laisse à croire, qu’on y enseignera la négation de la diversité des réalités islamiques en imposant, à jamais, la doctrine salafiste wahhabite comme seul modèle d’islam ayant droit de cité ?

De plus, comme nous l’avons toujours défendu, si une université arabo-islamique devrait voir le jour, cela devrait être sous le strict contrôle du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche avec un curriculum adapté aux réalités du Sénégal et conçu par nos propres enseignants chercheurs en dehors de toute influence étrangère. L’Université Gaston Berger dispose déjà d’un centre d’étude des religions dans un cadre académique adéquat pour cultiver l’esprit de diversité et de tolérance qui a fait, jusqu’ici, « l’exception sénégalaise ».

Rien que pour la cohésion nationale et la préservation d’un modèle islamique épris de paix, il ne peut être accepté la construction d’une université enseignant à nos enfants que Seydi Elhadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Ibrahima Niass ainsi que les fondateurs des différentes confréries, étaient des « égarés », des « musrikûn », associateurs dont l’œuvre et l’action « impures » seraient aux antipodes de l’islam. Des dérives sont à craindre dans un contexte sous-régional lourd de risques et de menaces diverses.

Si l’information donnée par Dr. Mouhammed Ahmed Lô était confirmée avec l’octroi de cet immense espace par l’Etat du Sénégal, tout porterait à croire que celui-ci, malgré toutes les réserves que nous avions émises quant à l’orientation idéologique, viendrait à abandonner le projet d’Université arabo-islamique et de le livrer aux salafistes et aux missionnaires wahhabites, ce qui serait dommageable pour notre cohésion sociale, notre sécurité et même celles des pays voisins.

Un pays ne peut construire une citoyenneté avec un système éducatif dual, à plusieurs vitesses et à destination incertaine. L’école unifiée et unificatrice dans son curriculum malgré la diversité des langues d’enseignement, reste le ciment national indispensable à l’émergence d’une conscience citoyenne. A l’heure des périls et des menaces dans la sous-région, on ne peut se permettre de prendre le risque de livrer l’éducation à l’influence de puissances étrangères - qu’elles soient d’Orient ou d’Occident - avec des agendas qui recoupent rarement nos propres préoccupations.

Dr. Bakary SAMBE, Directeur de Timbuktu Institute

Dr. Seydi Djamil Niane, Chargé de Recherches à Timbuktu Institute

 

[1] La vidéo de sa déclaration, en arabe, pourrait être visualisée sur ce lien https://www.youtube.com/watch?v=hD7dx_3ZNTE [lien consulté le 11/06/18].

Interview with Dr. Bakary Sambe

On December 13th 2017, Saudi Arabia and the United Arab Emirates announced respective disbursements of 100 and 30 million dollars in Saint-Cloud (France) to support the implementation of a multinational force of the G5 Sahel (a coalition of 5 Sahel countries to counter terrorism). What are these monarchies seeking with such a gesture? Is the Sahelien burden suddenly too much for French president Emmanuel Macron to bare?

 

In this exclusive interview granted to Ouestafnews, Dr. Bakary Sambe, Director of the Timbuktu Institute and professor at l’Universite Gaston Berger de Saint Louis (Senegal), and specialist of the Muslim world and transnational Sahel networks, analyses the insertion of Saudi Arabia and the UAE into the realm of the Sahel.

 

Ouestafnews: Why have the monarchies of the gulf just decided to finance military forces in the Sahel at this moment?

 

Bakary Sambe: It’s a sign of the profound mutation of diplomatic coupling and contemporary international relations. The logic of influence has undeniably substituted that of power.  But Donald Trump’s visit to Saudi Arabia and the apparent palatial revolution in Riyadh were not for nothing. That the Saudis are so actively engaging in the war on terror signals a strong will to demonstrate a change in attitude in order to no longer fulfill the idea that Saudi Arabia is a country that exports radical ideologies.

 

The fact that this is occurring in the relative minefield that is the Sahel, also the locale of a geostrategic competition between Western powers in which France promotes the G5 Sahel while the US are well positioned in Agadez and maintain the strength of AFRICOM, reveal a truly calculated move on the part of the Saudis.

 

Above all, it indicates a position that is far from timid, especially when considered within the context of rivalries between Saudi Arabia, Iran and Qatar.

 

O: What are they hoping to gain from this financial contribution?

 

B.S. : In addition to the aforementioned change of image for these countries, these monarchies do not want to miss the opportunity to put themselves on an important playing field and in a competition for control of resources and strategic positions.

 

We already knew about these countries’ interest in viable land for agriculture due to a food crisis that would put both at risk. But they are worried also about diversifying partnerships in an uncertain world, to put their oil dollars to good use in the vast space of investment opportunities far from Western countries that could freeze their assets and investments on the grounds of counterterrorism, like after September 11th.

 

Nevertheless, an important element of this is also the rivalry between these countries that dates back to the Iranian revolution, in which Saudi Arabia hopes to limit and contain the spread and power of Shiism. This concern has been shared by Morocco, a transitory country and intermediary for financial redistribution with its numerous banking institutions in Sub-Saharan Africa.

 

The recent developments between Qatar and Saudi Arabia also indicate that we have not truly left behind a checkbook diplomacy backed by a frenzied quest for influence that is heavily dependent on religious bias.  In this context, a moderate, equidistant position is most prudent for our country.

 

O: Is this a way for Saudi Arabia to try and rid themselves of the image of “promoters of Salafism” that they can’t seem to shake?

 

B.S.: It’s true that Riyadh is in the midst of a campaign to charm and indicate goodwill towards efforts to counter terrorism after years of ambiguity in regard to its religious influence and exportation and promotion of Wahhabism. This gesture towards the G5 countries and Western powers they hope will be sufficient to not only reassure these partners but rally them to Riyadh’s cause against Qatar. 

 

But the bigger question facing Saudi Arabia is more complex: how do the al-Saoud conciliate the will to reform as envisioned by Mohamed Ben Salmane with the imperative of the religious wing, the al-Shaykh, who’s power is derived from the tenants of Wahhabism.

 

All of this depends on this objective alliance and the ingenuity of Ben Salmane to reconcile concern for socio-religious modernization in terms of both politics and appearance. That’s what the near future holds.

 

O: How can we analyze France’s attitude and decision to “share” its sphere of influence with actors from the gulf?

 

B.S.: The clear and explicit allusion to Saudi Arabia as a new partner in the war on terror in Macron’s speech at Ouagadougou insinuates a Franco-Saudi entente without precedent, circumstances notwithstanding. However, France also finds herself confronted with the same dilemma to defend and promote its democratic values, the foundation of its counter-terrorism efforts in the Sahel, and managing a new ally that does not share these same values or even the same suspected economic motivations. 

 

The other question is to determine whether the war on terror should only be limited to military options that the international partners of the Sahelien countries seem to favor.

 

O: Is there another way besides using weapons?

 

B.S.: Maybe at the next Dakar Forum on Education will pose a debate on diversifying and complementing these approaches, and that will tackle this issue of education and radicalization head on.

We know also that it’s in the universities of those who are injecting billions of dollars into military bidding that these radical ideologies which plague the Sahel are conveyed. Moreover, this last question seemed to be at the heart of Donald Trump’s requests during his fruitful visit to the gulf.

Nul n'ignore le contexte du déclenchement de la rébellion qui ébranla le Nord-Mali, fin 2012, ni la manière dont des Touaregs de la région de Kidal, puis des groupes extrémistes violents et partisans d'un islam rigoriste (Ansar Eddine d'abord, Al-Qaïda au Maghreb islamique et, plus récemment, le Front de libération du Macina) firent trembler Bamako. Nul n'ignore non plus que des régions de Kidal, Tombouctou et Gao ont sombré dans le chaos avant que l'opération Serval conduite par l'armée française à partir de janvier 2013 ne rétablisse un semblant de stabilité et d'accalmie au Mali.

 

Mais bien avant cette intervention, il existait des éléments factuels de nature à alimenter des inquiétudes. On peut citer notamment la présence des narcotrafiquants qui agissaient très souvent avec la complicité de la chefferie locale et d'une certaine hiérarchie militaire. Le septentrion malien constituait depuis longtemps déjà un terreau favorable à la constitution et au développement des groupes terroristes et des bandits armés. Ils y régnaient en maître, mettant en difficulté un Etat par ailleurs miné par la corruption et qui, de ce fait, rencontrait d’énormes difficultés à assurer aux populations locales les services sociaux de base.

 

Mais la présence des armées étrangères sur le territoire malien ne suffit pas à résoudre le problème sécuritaire que pose les groupes armés dans le nord et maintenant le centre du pays. Ceux-ci demeurent très actifs et multiplient les attaques contre les civils et les forces de sécurité. Les milliers d'hommes déployés sous la bannière de Barkhane (qui a pris la suite de Serval en 2014), de la Minusma (la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali) et de la force conjointe du G5 Sahel n'y ont rien fait, ou presque. Aujourd'hui, les populations locales sont désemparées, déboussolées et apeurées, et l'on peut légitimement s'interroger sur la finalité des actions militaires entreprises au Mali aussi bien que sur l'utilité de la présence de toutes ces forces d'intervention qui, de par leur nombre, peuvent donner l’impression d’un chaos généralisé.

 

La communauté internationale mise beaucoup sur la force du G5 Sahel. La France, pour ne citer qu'elle, espère qu'elle lui permettra de se désengager de la sous-région, de contrôler les routes clandestines pour stopper le flux de migrants vers l’Europe et de sécuriser ses intérêts économiques à moindre coût tout en se prémunissant contre de possibles attaques terroristes commanditées depuis les confins du Sahara. Cette force conjointe a déjà mené deux missions expérimentales dans les zones situées à la frontière du Burkina et du Niger : les opérations Hawbi (la « Vache noire » en Songhoï) en novembre 2017, et Pagnali (« le Tonnerre » en Peul), en janvier dernier. Cette dernière a réuni 350 soldats burkinabés, 200 Nigériens, 200 Maliens et 180 éléments de la force Barkhane. 

 

Mais, happé par cette frénésie militaire, on oublie de rappeler que l’insécurité est d'abord nourrie et entretenue par la corruption des élites au pouvoir. C'était le cas avant 2012 et ça l'est encore aujourd'hui. Dans un rapport daté d'octobre 2014 qui avait fait grand bruit, le Bureau du vérificateur général questionnait déjà les modalités d'achat d'un aéronef et de matériel militaire. Trois ans plus tard, il écrit encore que « les défis restent énormes face à la délinquance économique et financière », citant le non-respect des textes législatifs, l'attribution irrégulière de marchés, des dépenses non autorisées, des dépassements budgétaires, l’utilisation irrégulière des ressources financières, etc.

 

L'outil sécuritaire doit se doubler d'une bonne gouvernance et d'une distribution équitable des services sociaux de base. Ajoutons aussi qu'il est inefficace de mettre sous tutelle les forces de défense et de sécurité du Mali : on ne vient pas en aide à une armée souveraine en la laissant sur la touche. Il faut donc renforcer la coopération militaire entre les forces en présence (car qui dit force conjointe ne dit pas réelle coopération) et prendre davantage en compte l’ingénierie locale dans l’élaboration des stratégies militaires, tant il est vrai que, par endroits, hiérarchie sociale et logique militaire sont antinomiques. Ce n'est qu'à ce prix que l'on pourra instaurer une paix durable au Mali.

Par Dr. Aly Tounkara

In this excerpt of an interview accorded to the New African Magazine (May-June-July), which offers a space for debates and exchanges by the continent’s leading researchers and experts regarding international and African affairs, Dr. Bakary Sambe explained the importance of going beyond military solutions and insisting on a change in paradigm when countering violent extremism. Deploring the continued confusion amongst the countries of the Sahel in regards to public security policy as well as the differences between countering violent extremism and counter-terrorism, the Director of the Timbuktu Institute called for a more holistic approach to the Sahel crisis which necessitates inclusive strategies that address the “root of the problem” instead of being preoccupied with the “symptoms”. He also advocated for the empowerment of women and young people, rather than placing them within the confines of victimhood.

 

Counter-radicalization methods risk being ineffective; how should one effectively combat such a profound issue?

 

Our states are offered two choices: prevent violent extremism immediately by investing in education and social justice and addressing the structural frustrations that fuel jihadism, or waiting for an attack to come to fruition and -to no one’s benefit- intervene militarily for an undetermined amount of time, inefficiently, and with great risk of recreating the phenomena which we seek to combat. Europe and Africa have a common destiny. We are one, vulnerable, international community. We are equally at risk in Gao and the Burkinabe Oudalan as we are in Paris or London. It’s for this reason that inclusive strategies must be jointly constructed for a holistic approach to the phenomenon of extremism, as opposed to the cyclical military strategies that have shown their limits in Afghanistan, Mali, and the Lake Chad Basin.

 

In the Sahel, the military approach seems to far outweigh the common sense option- that of treating the problem. Finding answers to the poverty, precariousness and injustice which strike the populations of the Sahel for example. Why is that?

 

As long as the arrogance of injustice continues, the ignorance of those who feel victimized will continue to fuel violent rhetoric- to paraphrase an important religious leader in the Sahel. I’ve said before that a kalachnikov never vanquished an ideology. It is true that a military response is necessary to contain the threat in certain circumstances, but it will never make it disappear. It even poses the risk of being counterproductive. Recent studies in Mali highlight the poor perception of MINUSMA and Barkhane in the general population and also the political class. President Buhari promised an end to Boko Haram in December 2016, and has been resigned to negotiating with the extremist group. The socioeconomic conditions of marginalization and pauperization in Northern Nigeria are still intact. The root of the problem lies with inconsistencies in policies developed by our countries, or by the international community who neglects the necessary anthropological aspects and self criticism after a 40 year absence in the region which benefitted the peddlers of illusions and Salafism. It’s less about a lack of power than it is about a lack of will or prospective vision. Terrorism enacted an era of action under pressure, without taking into account the visions of partners in the global South.  In terms of the Sahel question, there is an enormous gap between the international approach and local perceptions. It’s time for a coordination of actions taken by Western powers and local initiatives, to avoid future conflicts of perception in the region.

 

 

Between fieldwork and conceptualization, you are trying to specify the “correct ways” in which to approach this subject, which is critical to stability in the Sahel…

 

The essence of terrorism is to be a long chain whose individual links may not be punishable by the law. Generally, we react only at the end of this chain, too late and inefficiently. Our state’s legislate retroactively and under pressure of an ongoing threat. In exchanges between State authorities, counter-terrorism is often conflated with a viable strategy to prevent violent extremism though the two are not the same. Faced with a complex phenomenon that does not even have a consensual definition, States remain complacent in their security based reaction and neglect the importance of equitable development and social justice. The G5 Sahel can be a useful tool if it is accorded more than military based content, and if it increases its presence in development and resilience. There must be a shift in paradigm and approach. It’s no coincidence that the United Nations strategy was reviewed in the articulation and identification of its priority axes, including inclusive and equitable growth, access to basic social services, climate and energy, and empowerment of women. What gives me the most hope amongst these initiatives is the will to involve women in countering violent extremism and to reduce their vulnerability, which will most likely happen through their economic empowerment.

 

Dr. Bakary Sambe is the Director of the Timbuktu Institute (Dakar), coordinator of the Observatory on radicalization and religious conflict in Africa, and political science professor with the Center for religious studies at the University of Gaston Berger of Saint Louis (Senegal). He accompanied the CellRad eatableishment within the G5 Sahel, and is currently implementing national strategies to counter violent extremism as part of the USAID Partner Projects for Peace (P4P) in West Africa.

 

Dans le cadre l’étude perception menée par Timbuktu Institute dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie un fait essentiel a été le rejet des prêches « virulents » mais aussi l’attachement au système laïc. Ce dernier point semble très important car il dénote un certain hiatus, une véritable rupture entre les orientations du débat intellectuel et la perception des jeunes.

Extraits du rapport (données et graphiques) :

Face à un prêche « virulent » ou « extrémiste » d’un Imam, les avis des jeunes de Rosso divergent. En cas d’un prêche jugé « violent » ou « extrémiste » de son Imam, plus d’un tiers, 33,7% ne diraient rien tandis que 33,4% préfèrent en parler à des amis ou à des autorités au moment où 6,4% jugeraient que l’autorité religieuse a forcément raison.

Cette résistance à des sermons extrémistes peut être vue, à priori, comme une attitude positive. Mais, il est aussi important de noter une certaine réticence à combattre et dénoncer plus activement ces narratives extrémistes, en particulier quand elles viennent d’une figure religieuse comme l’imam.

Graphique 10 : Attitude face à un prêche virulent

 

Attachement à la religion et à la laïcité : des jeunes en quête de modèles ?

 

La question de la laïcité est d’une grande importance dans le contexte des débats entretenus par des franges intellectuelles parmi l’élite du pays aussi bien dans les cercles académiques qu’au sein de la société civile. Il y a un paradoxe qui a fait que la question a toujours été débattue sous l’angle de la contestation de l’héritage institutionnel façonné par la colonisation.

 

Il y a eu, ainsi, deux positions l’une aussi floue que l’autre : celle des intellectuels pensant que la laïcité notamment « à la française » serait inadaptée à une société fortement religieuse et l’autre – notamment défendue par les organisations islamiques – prônant une abrogation pure et simple d’une disposition entravant l’entrée de la religion en politique. S’y ajoute une autre couche : celles des activistes dont le rejet du modèle occidental et libéral dominant a poussé vers une position « réservée » par rapport au principe laïc au point de trouver, dans le cadre d’une alliance « objective » contre le « système », des accointances avec les militants de l’islam politique.

 

Mais, contrairement à la perception des chercheurs et intellectuels débattant du sujet, il s’est révélé, aussi bien dans l’enquête menée en 2016 en banlieue dakaroise que lors de cette étude à Rosso, que les jeunes interrogés tiennent à la laïcité de l’Etat et n’en ont pas la même compréhension négative véhiculée par les élites politiques, intellectuelles et religieuses.

Pour la grande majorité des jeunes de Rosso (71,4%), la laïcité demeure une « très bonne chose » ; seule une toute petite minorité, 10.7%, estime que c’est « une donnée à changer ».

 

L’écrasante majorité (87,2%), s’est prononcée favorablement pour la conservation du système laïc sénégalais.

Graphique 11 : attitudes face à la laïcité

 

Cependant, il serait aussi important d’essayer de comprendre ce que le concept de laïcité peut réellement signifier pour ces jeunes, afin de mieux évaluer les incidences d’une telle opinion dans un contexte de risque de radicalisation et de menace terroriste au niveau régional.

 

Une telle étude serait nécessaire pour mieux cerner cette perception dominante aussi bien dans l’enquête menée dans la banlieue dakaroise que dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie. Pour rappel cette étude a été menée grâce au soutien du Bureau de Dakar Fondation Rosa Luxembourg.

Dans cet extrait d’une Interview accordée au New African Magazine (Mai-juin-juillet) qui offre un espace de débats et d’échanges aux experts et chercheurs du continent sur les grandes problématiques africaines internationales, Dr. Bakary Sambe revient sur la nécessité d’aller au-delà des solutions militaires et insiste sur la nécessité d’un changement de paradigmes dans la lutte contre le terrorisme. Déplorant que dans de nombreux pays du Sahel, il y a encore une grande confusion, dans les politiques publiques de sécurité, entre le contre-terrorisme et prévention et lutte contre l’extrémisme violent, le Directeur de Timbuktu Institute appelle à une approche holistique de la crise sahélienne qui nécessite des stratégies inclusives s’attaquant aux  « racines du mal » au lieu de rester obnubilés par les « symptômes » malgré les urgences sécuritaires. Il accorde aussi une large place à l’autonomisation des jeunes comme des femmes en tant qu’actrices de paix loin des schémas qui les confinent dans la victimisation.

 

Les moyens de la prévention contre le radicalisme extrême risquent d’avoir l’effet d’une épée dans l’eau. Comment faut-il s’attaquer efficacement à cette problématique de fond?

Deux choix s’offrent à nous et à nos Etats : prévenir l’extrémisme violent dès maintenant par l’investissement dans l’éducation et la justice sociale en s’attaquant aux causes structurelles des frustrations qui nourrissent le djihadisme ou attendre les attaques qui n’épargnent personne, ni aucun pays pour intervenir militairement, indéfiniment et inefficacement avec grand risque de reproduire les causes du mal que l’on cherche à combattre. L’Europe et l’Afrique ont un destin commun. Nous sommes devenus une même communauté internationale, celle des vulnérables. De manière égalitaire nous le sommes aussi bien à Gao, dans l’Oudalan burkinabé qu’à Paris, Londres ou Bruxelles. C’est dans ce sens que des stratégies inclusives doivent être conjointement bâties pour une approche holistique du phénomène de l’extrémisme, loin des solutions conjoncturelles et strictement militaires qui ont montré leurs limites en Afghanistan, au Nord Mali comme dans le Bassin du Lac Tchad.

L’approche militaire et sécuritaire semblent l’emporter largement la logique de bon sens. Celle de traiter le mal à la racine: trouver des réponses à la pauvreté, la précarité et l’injustice qui frappent une frange de la population dans les pays du Sahel. Aveuglement, impuissance...?

 Tant que l’arrogance des injustes ne cessera pas, l’ignorance de ceux qui se sentent comme victimes alimentera les rhétoriques les plus violentes pour paraphraser un important leader religieux du Sahel. J’ai coutume de dire que, jamais dans l’histoire, une kalachnikov n’a jamais tué une idéologie. L’approche militaire est, certes, nécessaire pour contenir la menace dans certaines circonstances mais elle ne la fera jamais disparaître ; elle risque même d’être contreproductive. De récentes études au Mali ont mis en exergue la mauvaise perception de la MINUSMA comme de Barkhane au sein de la population et de la classe politique. Le Président Buhari promettait d’en finir avec Boko Haram en décembre 2016, il a été contraint de négocier avec la secte extrémiste. Les conditions socioéconomiques de la marginalisation et de la paupérisation au Nord du Nigeria sont restées intactes. La racine du mal se trouve dans les inconséquences des politiques développées par nos pays ou promues par une communauté internationale négligeant le regard anthropologique et l’autocritique après quarante ans d’absence qui ont profité aux vendeurs d’illusions et au salafisme. Il s’agit moins d’une impuissance que d’une absence de volonté ou du moins de vision prospective. Le phénomène terroriste a inauguré l’ère de l’action sous la pression sans prise en compte de la vision des partenaires du Sud. Sur la question sahélienne, il y a aujourd’hui une faille énorme, un vrai hiatus, entre l’approche internationale et les perceptions locales. Il est temps d’arriver à une coordination des actions des puissances occidentales et, entre-elles et les initiatives locales, pour éviter un futur conflit de perception des conflits au Sahel.


 Entre terrain et travail de conceptualisation... vous êtes en mesure de nous préciser la « bonne méthode » pour approcher ce sujet crucial pour la stabilité des pays de la région sahélienne...

Le propre du terrorisme est d’être une longue chaîne dont chaque maillon pris individuellement peut ne pas être répréhensible ou punissable par la loi. Nous n’agissons généralement qu’au bout de la chaîne et de manière tardive et inefficace. Nos pays ont légiféré par réaction et agissent sous la pression de la menace. Il est très courant dans le dialogue avec les autorités étatiques qu’elles confondent contre-terrorisme et une véritable stratégie de prévention de l’extrémisme violent qui fait défaut pour l’heure. Face à la complexité d’un phénomène qui n’a même pas de définition consensuelle, nos Etats se complaisent dans la réaction sécuritaire qui donne bonne conscience d’agir et néglige les impératifs de développement équitable et de justice sociale. Le G5 Sahel peut être un outil performant si nous arrivons à lui donner du contenu au-delà du militaire en relevant son niveau de contribution dans le développement et la résilience. Un changement de paradigme et d’approche s’impose. Et ce n’est pas un hasard que la stratégie des Nations Unies soit revue dans son articulation en identifiant des priorités-clés comme la croissance inclusive et équitable ; les services publics, y compris l'accès aux services de base, la gouvernance et la primauté du droit ; le climat et l'énergie ; l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. La seule lueur d’espoir que j’entrevois dans toutes ces initiatives constructives est la grande volonté d’implication des femmes dans la lutte contre l’extrémisme et la réduction de leur vulnérabilité qui passera forcément par leur pleine autonomisation notamment économique.

 

Dr. Bakary Sambe est Directeur du Timbuktu Institute (Dakar) et coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, politologue professeur Centre d’étude des religions de  l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal). Il a accompagné la mise en place de la CellRad au sien du G5 Sahel et suit aujourd’hui les processus de mise en place de stratégies nationales de lutte contre l’extrémisme violent dans le cadre du Projet Partenariats pour la paix de l’USAID (P4P) en Afrique de l’Ouest.

Dans sa lutte contre l’insécurité et le terrorisme, l’Oif a organisé une conférence sur la sécurité humaine à Ottawa. La rencontre qui a regroupé plusieurs acteurs notamment des universitaires et des hommes de média, a été l’occasion pour lever l’équivoque entre les concepts «contre-terrorisme et prévention de l’extrémisme» et de réfléchir sur comment éradiquer ce fléau. 

Pour sa part, le Directeur de Timbuktu Institute et non moins enseignant-chercheur au Centre d'Etudes des Religions à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, a soutenu que «l’approche strictement militaire n’a jamais résolu le problème de l’extrémisme violent». Et, «l’Afghanistan et le Nord du Mali en sont une parfaite illustration», a-t-il rappelé. 
  
 Bakary Sambe est d'avis que «le principal problème dans les pays francophones, est qu’il y a une confusion entre  contre-terrorisme et prévention de l’extrémisme violent  dans l’élaboration des différentes stratégies. Le contre-terrorisme s’attaque aux symptômes et manifestations du phénomène et ne s’intéresse pas aux causes profondes».   

Ne s’en arrêtant pas là, il a exhorté les pays francophones à « ne pas négliger l’approche préventive, moins coûteuse à long terme et s’attaquent aux causes profondes du problème». 

Coordonnateur de l’Observatoire des Radicalismes et Conflits religieux en Afrique (ORCRA), Bakary Sambe a été invité par l'Oif à présenter une communication sur les mesures qui pourraient être prises afin de prévenir la radicalisation au-delà des logiques purement répressives. 

 La conférence a été l’occasion pour le Directeur de Timbuktu Institute d’échanger avec la Secrétaire générale de la francophonie, le  Professeur Jacques Frémont, Président de l’Université d’Ottawa ainsi qu’avec Tidiane Dioh chargé des Médias à l’OIF. 

 

Source : www.pressafrik.com

As part of IOM's many efforts in producing expertise that can be mobilized by public policies and actors in the international community, an innovative study was conducted on youth violence in the Zinder region in relation to the extremist phenomenon. This new study was led by Timbuktu Institute through its Observatory of Radicals and Religious Brotherhoods in Africa under the direction of Dr. Bakary Sambe 

As the most populated region in Niger, Zinder is facing strong demographic growth and must address the growing needs of a youth representing more than 70 per cent of the population in the region (National Institute of Statistics, 2015). This demography, combined with one of the lowest schooling rates in the country, caused a serious employment crisis and social integration difficulties for a significant number of young adults and teenagers in Zinder. Since 2010, the alternating political power issue in Niger has been widely discussed publicly and raised social claims linked to these issues.

In the city of Zinder, young people created informal groups to compensate for the State and authorities’ lack of social and integration frameworks. These informal youth groups, called fadas or palais, are identified as the main actors responsible for urban violence in Zinder.

These groups sometimes act as gangs, and are often involved in crime, violent protests, drug use and trafficking. Thus, the proximity of Zinder with Northern Nigeria – together with linguistics, family and ethnic ties, and with important flows of people and trade between the two regions – raise the question of the potential influence of the extremist group Boko Haram, present in North Nigeria, on Zinder’s youth. This question is even more important that young people have reported that Boko Haram recruiters have been approaching young people from the fadas and palais since 2012.

In addition, violent religious demonstrations in the city of Zinder recently led to the destruction of public buildings, places of worship and Christian homes, together with attacks against Christians or people perceived as such. The research aims therefore to understand whether there is a correlation between the conventional youth violence and violent extremism based on religious motives or the use of violence motivated by or based on religious grounds. Building from individual interviews with young people from the fadas and palais and members of the local population, this study reveals the influence of the violent extremist ideology on young people from Zinder. They often get a rudimentary or indirect knowledge of Islam, through relatives or the Internet. They are also exposed to radical religious messages that are spread through social networks, traded or sold on CDs and USB drivers on the local market or through informal networks. In addition, charismatic religious leaders are supporting the spread of a rigorist and violent vision of the religion through regional preaching.

The mosques and Koranic schools are playing a key role in the dissemination of these ideas, as the religious speech became tougher, and is now affecting more than just the religious aspect. Thus, the study reveals that these messages and sermons are playing an important role in the knowledge and attraction young people have for actions led by extremist groups like Boko Haram. Furthermore, a significant number of young people have a positive vision of these actions, which they justify as acts of defiance towards a system perceived as unfair, as the State policies are not supporting people’s aspirations and are viewed as inadequate. Violence is perceived as a means of pressure and assertion against a State seen as a repressive entity, while the religion is perceived as the only tool available for social regulation. In Zinder, where there are several religious movements, the study noticed the rise of the izala Salafists, a religious group opposed to the traditional Islam practiced in Niger and close to the Sufis and Malekites.

Furthermore, young people’s interest for these rigorist practices and interpretations of Islam can be explained as a form of self-development, an identity assertion and a quest for meaning for young people facing precariousness, a lack of socioeconomic opportunities and marginalization. Surveyed young people come from neighbourhoods deemed to be violent and stigmatized as such, with lack of basic infrastructure and where marginalized people (such as people with leprosy, disabled, deaf or blind people) have been displaced. Most of them are unemployed, or have seasonal jobs, and depend on the food and financial assistance from their families. The unemployment and precariousness of young people in Zinder’s palais and fadas thus push many away from the traditional patterns of self-fulfilment and social recognition, making them vulnerable to recruitment by extremist groups. Supporting strict religious groups also allows them to define themselves against the religious heritage of their parents and the rest of the society, and thus to build an original personal identity. Finally, these young people often participate in their neighbourhoods’ informal economy, through drug trafficking, prostitution or theft. For some of these young offenders, religious motives tend to socially legitimize violence, an offence punishable under criminal law.

By becoming “defenders” of the values and religious causes, they gain some social recognition. Overall, surveyed young people think that the factors explaining violent extremism are poverty, social exclusion and injustice, but they also argue that political and religious leaders play an important role in the indoctrination and manipulation of the youth, including through financial incentives. They also point out the role of the preaching centres and Koranic schools for spreading extremist and violent ideologies. Despite the distrust expressed towards the State, the majority of young people think that the State is the stakeholder that is most likely to prevent violent extremism, along with religious leaders. The authors made the following main recommendations:

  • Promoting local dialogue frameworks, especially for intergenerational dialogue;
  • Re-engaging the State in the most deprived neighbourhoods;
  • Implementing a mediation policy with the assistance of religious leaders;
  • Adding the prevention of violent extremism in advocacy policies;
  • Promoting the rehabilitating and reintegrating process of former violent perpetrators;
  • Developing policies for combating young people’s precarious conditions and poverty, in particular through implementing training centres and supporting entrepreneurship;
  • Implementing a conflict management system at the neighbourhood level; and • Creating recreational centres and youth development frameworks.

 Download the Full report here :http://timbuktu-institute.org/images/youth_violence_extremism_zinder_niger.pdf