Timbuktu Institute

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Par Hervé BRIAND - Senior Sahel Analyst 

L’opération militaire française "Serval", réclamée par les autorités maliennes en janvier 2013 et jugée « salvatrice », a été un succès incontestable et incontesté, tant sur le plan sécuritaire que sociétal, porteuse alors d’un immense espoir auprès de la population malienne, mais décevant ensuite sur un plan politique.

Mais, l’opération militaire française "Barkhane" qui lui a succédé, si elle a sans doute trop duré sous sa forme actuelle, semble avoir été (injustement) perçue par une partie non négligeable de la population malienne comme une "armée d'occupation". L'erreur serait de ne pas avoir transformé structurellement, dès 2018, "Barkhane" en une nouvelle 3ème opération militaire française, beaucoup plus discrète et axée exclusivement sur un "appui stratégique, technique/logistique et de renseignement militaire" au service des forces armées maliennes.

Mais, il faut, cependant, reconnaître les succès incontestables de l’opération « Barkhane », dont la neutralisation du chef d’AQMI, et rendre hommage aux 59 militaires français morts au Sahel dans la lutte antiterroriste, ce, depuis les neuf ans de présence militaire française.

De nos jours, il est clair qu'à l'heure des réseaux sociaux, très largement relayés au sein des populations sahélo-sahariennes, surtout parmi la jeunesse ouest-africaine, la communication des États concernant leurs activités effectives sur place, notamment celles de la France, est devenue primordiale ! Or, il est souvent perçu par certains locaux que des conceptions occidentales parfois figées, mal adaptées aux réalités locales et souvent déjà trop complexifiées au sein de l'Europe et pour les Européens eux-mêmes, l'étaient bien évidemment encore davantage en terrain difficile qu'est la zone sahélo-saharienne et surtout auprès de ses populations et ses acteurs sécuritaires aux besoins plus immédiats et pragmatiques.

C’est pourquoi, beaucoup d’États africains diversifient aujourd’hui leurs interlocuteurs, leurs conseillers dans les divers domaines jugés sensibles et stratégiques, ainsi que leurs sources d’approvisionnement… S’il ne s'agit pas de se jeter par provocation ou opportunisme dans les bras de la Russie, de nouveaux acteurs apparaissent ou s’affirment désormais : Allemagne, Russie, Turquie, Canada, Chine, Italie, Australie, Belgique…

Dans la zone sahélo-saharienne, il me semble que seuls les trois "pays frères", que sont le Mali et le Niger (avec la problématique Boko Haram/ISWAP en plus), mais aussi le Burkina Faso voisin, ont réellement de nombreux points communs en termes de culture, de langues, d'ethnies et modes de vie, et font face à des conflits de même nature (JNIM/GSIM, EIGS). C'est donc, je pense, une approche sécuritaire, moins globale mais beaucoup plus pragmatique qu'il conviendrait de privilégier aujourd'hui, à savoir une réelle « alliance du Liptako-Gouma », une sorte de "G3 SAHEL", soutenu par un partenariat plus "discret", mieux admise et "intégrée" par les populations locales, sans doute moins coûteux, et finalement plus efficient de l'Occident : cela consisterait en un strict appui discret d'ordres stratégique, technique (formation, renseignement - drones - sources techniques et humaines...), logistique et financier, mais sans présence physique régulière au sol de troupes ou patrouilles militaires occidentales. Les forces armées locales de ce "G3 SAHEL" auraient alors pour vocation d'assurer elles-mêmes les opérations de terrain, en se dotant principalement "d'unités spéciales" très mobiles, composées à la fois de combattants militaires "nomades" locaux aguerris (dont Peulhs et Touaregs...) et de commandos militaires régionaux.

Commandés par des cadres militaires nationaux exclusivement issus des pays du G3, et parfaitement "reconnus" et légitimés par les populations locales concernées, ces "unités nomades G3" pourraient également s'appuyer sur le "Renseignement Nomade" qu'il convient de développer encore davantage, notamment au sein des communautés Peuhles et Touarègues, mais aussi au travers des associations "femmes et enfants" en particulier...

Notons que dans la région de Tillabéri, dans le cadre de l'opération militaire "ALMAHOU", les postes aux frontières bénéficient déjà de cette nouvelle stratégie/approche militaire française et se trouvent ainsi désormais renforcés discrètement au sein de cette zone poreuse dite "des trois frontières" (Niger, Mali, Burkina Faso), avec une rapidité d'intervention sur zone aujourd'hui très largement accrue. Mais, à l’instar des Américains, il s’agirait de faire assurer la sécurité/sûreté sans le clamer haut et fort, mais avec humilité au service des populations et États concernés…

Toutefois aujourd’hui, avec l’officialisation de la « fin de l’opération Barkhane », c’est dorénavant davantage sur le volet du développement économique, social, alimentaire et culturel qu'il conviendrait d'axer prioritairement et avec acharnement la communication des autorités françaises vis à vis de l'ensemble de la zone d'Afrique de l'Ouest (des zones sahélo-sahariennes, des pays du golfe de Guinée jusqu'au Sénégal...).

Les Ambassades, les institutions et les organisations françaises au Sahel devraient se muer en véritable "INDUSTRIE DE LOBBING POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE" décomplexée, en partenariats commerciaux, financiers, en faveur de projets de développements économiques, alimentaires, énergétiques et culturels en tous genres, entre les acteurs français et africains, et ce, avec une couverture médiatique appropriée : presse, télévision, radio et réseaux sociaux... !

Si on ne répond pas aux aspirations concrètes, immédiates et légitimes de la "rue africaine" (Niamey, Bamako, Ouagadougou...), mais aussi celles des diverses communautés sahélo-sahariennes (Touaregs, Peuhls, Toubous...) et également côtières (Sénégal, Côte d'Ivoire, Guinée...), en terme de développement économique et alimentaire, d'indépendance énergétique et sécuritaire, alors il est à craindre qu'un "TSUNAMI MIGRATOIRE" (qui n'a pas encore commencé...) balaiera l'Europe, et la France en particulier, dans les décennies futures...

Par Hervé Briand - Senior Sahel Analys

(IGPSA) - L’IGPSA vise à promouvoir les approches multilatérales sur les enjeux de paix, de sécurité et de développement sur le continent africain. Après une 1ère édition particulièrement réussie, l’IGPSA tiendra son 2ème webinaire le 29 novembre de 11h00 à 12h30 (UTC+1). Ouvert à tous, il permettra de mieux comprendre l’engagement du Japon en Afrique, ses réalisations et ses spécificités.

Organisé en partenariat avec le Timbuktu Institute, il sera ouvert par M. Osamu IZAWA, ambassadeur du Japon au Sénégal, et réunira trois personnalités dont les parcours et expertises promettent des échanges de haut-niveau :

  • Mme. Sayoko UESU, chercheuse associée au National Graduate Institute for Policy Studies (GRIPS) de Tokyo, spécialiste des questions africaines ;

  • M. Bakary SAMBE, Directeur du Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies (Dakar, Niamey) ;

  • M. Giovanni FALEG, responsable de l'analyse et de la recherche sur l'Afrique subsaharienne à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (EUISS)

Les discussions seront animées par M. Oumarou BARRY. Journaliste résidant à Tokyo, il a notamment été rédacteur en chef de deux émissions de télévision panafricaines particulièrement suivies : Business Africa et Initiative Africa.

Après une présentation succincte de la politique africaine du Japon, les intervenants partageront leurs points de vue sur ses réalisations et ses singularités.

Leurs interventions reviendront en particulier sur l’action du Premier ministre Shinzo Abe (2012-2020). Son intérêt pour l’Afrique s’est illustré par la délocalisation pour la première fois de la TICAD (Tokyo International Conference on African Development) sur le continent africain, au Kenya en 2016. Ces dernières années, cette grande rencontre internationale annuelle a été marquée par l’implication croissante du secteur privé japonais.

A cette occasion, les intervenants analyseront l’actualité récente de la coopération Japon- Afrique et reviendront sur la TICAD 8, tenue en août 2022 à Tunis, alors que le Sénégal assure la présidence tournante de l’Union Africaine. Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, y a tenu des propos forts, jugeant nécessaire de « remédier à une injustice historique » pour que l'Afrique obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Le même responsable a ajouté que le Japon poussera dans cette direction quand il y sera un membre non permanent en 2023-2024.

S’agissant de la nouvelle coopération du Japon avec l'Afrique, elle s’organise dorénavant autour de trois grands axes qui sont une accélération de la croissance avec des investissements dans l'économie verte et les startups, une économie résiliente avec un soutien à la production de médicaments et vaccins et la sécurité alimentaire et enfin, la paix et la sécurité en soutenant les médiations et la prévention des conflits. Sa mise en œuvre sera soutenue par l’octroi de 30 milliards de dollars de fonds privés et publics à l'Afrique sur trois ans.

Les discussions se clôtureront par une session de questions réponses entre les intervenants et les participants. Ce webinaire est ouvert à tous. L’organisation invite les intéressés à s’inscrire en envoyant un mail avec pour objet « WEBINAIRE IGPSA Japon » à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

A propos de l’IGPSA

L’Initiative Globale pour la Paix et la Sécurité en Afrique (IGPSA) vise à promouvoir les approches multilatérales sur les enjeux de paix, de sécurité et de développement sur le continent africain. Se voulant être un trait d’union entre le continent européen et l’Afrique, l’IGPSA s’inscrit dans la dynamique née de l’édition 2021 du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique et doit permettre de poursuivre et d’approfondir les riches échanges entamés à cette occasion, tant par les responsables politiques que par les experts au profit d’une meilleure compréhension mutuelle.

Tournée vers la jeunesse et les talents, cette Initiative se veut résolument ouverte, inclusive et participative. À travers des publications et des rencontres, l’IGPSA ambitionne d’aborder des sujets stratégiques aussi variés que les questions relatives à l’autonomisation stratégique des pays africains, la consolidation et la coordination des mécanismes de coopération, la promotion des bonnes pratiques en matière de gouvernance et de développement, la lutte contre les nouvelles menaces, notamment la cybercriminalité et la désinformation.

Le lancement de l’Initiative Globale pour la Paix et la Sécurité a été soutenu par l’Union européenne.

Source : Ecofin

 
 
 
The COVID-19 pandemic and its outbreak in Ghana highlighted the multiple roles religious actors can play in crisis management. The pandemic showed that beyond winning souls, shaping morals and preaching the word of God, religious organizations can contribute to policy-decision-making and sensitization to manage life-threatening situations. They exhibited this through collaboration with government and state institutions in planning, sensitizing, and implementing rules and protocols to manage the COVID-19 pandemic in Ghana. Concurrently, the pandemic has demonstrated that religious actors can challenge the authority of governments if their practices contravene established rules and protocols. This policy paper analyzes the specific case of Ghana by drawing future lessons for religious actors, what they can continue to do to further contribute to manage the health crisis, and policy recommendations for government’s action.
 
 
 
 

La scène politique sénégalaise est parfois marquée par des actes de violences qui finissent par poser la question de la liberté d’expression et des opinions, mais également la question du vivre-ensemble dans le cadre d’un engagement citoyen serein.  Ces violences entravent un débat public sain et productif au point de représenter une réelle menace pour le système démocratique. Une situation qui interpelle l’Etat, les acteurs politiques et la société civile sur la nécessité de travailler dans le sens d’une pacification de l’espace politique surtout depuis les émeutes violentes qu’a récemment connues le Sénégal. Des initiatives nationales allant dans ce sens ont été portées par le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal, le clergé catholique mais aussi les légitimités religieuses et traditionnelles en amont des dernières élections locales. Après Mbour et Tambacounda, Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer vient d’organiser de nouvelles sessions de dialogue dans la région de Sédhiou, au sud du Sénégal, ce 9 novembre 2022.

 

« Nécessité de pacifier l’espace politique sénégalais »

Pour le Timbuktu Institute, cette initiative répond à la nécessité de pacification de l’espace publique avec un programme d’actions à multiples composantes pour, à la fois, mener la réflexion stratégique permettant une anticipation sur les risques de violences politiques et l’identification des acteurs pertinents et de leviers, à même d’atteindre l’objectif de non-violence dans l’espace politique.

Ce partenariat a abouti à l’initiative « Engagement citoyen et prévention de la violence politique » qui comporte une recherche-action et des Sessions de dialogue multi acteurs impliquant les femmes et les jeunes des partis politiques, les acteurs de la société civile, les représentants des forces de sécurité et les leaders religieux de toutes confessions.

 

Une initiative chaleureusement accueillie par les acteurs locaux et les autorités

Les autorités étatiques de même que le Commissaire central de Sédhiou, religieuses dont le Curé et l’Imam de Sédhiou et coutumières de Sédhiou, le Conseil communal de la jeunesse de Sédhiou, les jeunes et les femmes des partis politiques, étaient représentés ; ce qui a valu des débats très interactifs et dans le respect des opinions de chacun.

Au sortir de cette journée de dialogue, tous les participants ont formulé des recommandations et se sont engagés à perpétuer de telles initiatives à travers « la Déclaration de Sédhiou ».  Par cette dernière, l’ensemble des acteurs et participants qui sont de véritables relais communautaires, se sont engagés à œuvrer dans le cadre d’initiatives concertées à la prévention et à la lutte contre la violence politique sous toutes ses formes.

Source : Le Soleil

03/11/2022

 

Avec le 31e Sommet de la Ligue des Etats arabes qui s'est tenu les 1er et 2 novembre à Alger, Dr Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute, expert des réseaux transnationaux et spécialiste et observateur averti des relations arabo-africaines, est revenu sur cette organisation. Pour lui, avec l'invitation du Président Macky Sall par la Ligue arabe, on est en train d'assister à un simple retour de l'histoire du Sénégal à sa place et à son leadership historique.

 

 

Alger a accueilli, les 1er et 2 novembre, le 31eSommet de la Ligue des États arabes. Le Chef de l'Etat Macky Sall, Président en exercice de l'Union africaine, a été invité à cette rencontre par son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. Interrogé par “Le Soleil” sur la signification de cette invitation, Dr. Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute, expert des réseaux transnationaux et spécialiste et observateur averti des relations arabo-africaines, explique qu'avec la participation sénégalaise à cette rencontre, « on est en train d'assister à un simple retour de l'histoire et du Sénégal à sa place et à son leadership historique ».

 

Avec ce retour du Sénégal et de l'UA au sommet de la Ligue arabe, Bakary Sambe est d'avis que les choses reviennent à la normale parce qu'en plein cycle de sécheresse au Sahel, alors que les partenaires européens classiques étaient frappés par le choc pétrolier, les pays arabes avaient décidé, au cours du sixième sommet des Chefs d'Etats arabes tenu à Alger (26 au 28 novembre 1973), d'apporter une aide à l'Afrique subsaharienne. Il a mentionné aussi la création de la Badea, du Fonds arabe spécial d'aide à l'Afrique (Fasaa) sans oublier le fait que le conseil de la Ligue arabe de Tunis avait approuvé le principe de la création d'un Fonds arabe d'assistance technique à l'Afrique (Fataa).

 

Bakary Sambe qui a consacré sa thèse de doctorat et quelques ouvrages dont «Islam et diplomatie» (2011), « Contestations islamisées : Le Sénégal entre diplomatie d'influence et islam politique» (2018), aux relations diplomatiques entre le Sénégal et le monde arabe a soutenu que «ce sommet d'Alger a rendu au Sénégal la place qui, historiquement et symboliquement, lui revenait». Il y voit même un symbole parce que suite aux sommets d'Alger et de Tunis, pour la première fois, une conférence ministérielle conjointe arabo-africaine s'était tenue à Dakar du 15 au 22 avril 1976, en vue d'examiner le projet de coopération afro-arabe, son contenu, ses modalités et ses moyens d'action.

 

Retombées de la conférence afro-arabe de 1976 à Dakar

Dr Sambe précise que la tenue de cette conférence ministérielle afro-arabe de 1976 à Dakar fut, à l'époque, la résultante, de négociations entre le Sénégal et des pays arabes comme l'Égypte, l'Arabie Saoudite et le Koweït qui reçurent une visite historique du Président Senghor dans ce sillage. "Il ne faut pas oublier qu'à la suite de cette conférence de Dakar de 1976, il y aura le premier Sommet historique afro-arabe de mars 1977. À l'issue de ce sommet, d'importantes décisions furent prises pour augmenter l'aide publique arabe aux pays africains. Et des efforts ont été consentis par les pays arabes exportateurs de pétrole pour assister les pays africains », indique-t-il. Les surplus financiers ont contribué, à l'époque, à la réalisation de projets dans plusieurs pays africains et, notamment, au Sénégal avec la réalisation des barrages de Diama et de Manantali ainsi que le projet des industries chimiques du Sénégal (Ics).

 

Le Sénégal, « trait d'union entre l'Afrique et le monde arabe »

Quant au présent sommet, le spécialiste estime qu'il permettra aussi de booster la coopération entre l'Afrique et le monde arabe qui sont « anciennes ». « Les relations entre l'Afrique et le monde arabe sont historiquement et géographiquement ancrées. N'oublions pas qu'un arabe sur trois est africain et trois quarts de la superficie du monde arabe se trouve sur le continent africain. La réalité géopolitique avec les réseaux transnationaux et les enjeux sécuritaires et de migration continuent de nous rappeler que le Sahara n'a jamais été une barrière infranchissable, mais une véritable mer intérieure qui a toujours invité à passer d'un rivage à un autre », a expliqué Dr Sambe.

Le professeur Sambe renchérit qu'au moment où l'on annonce la zone de libre-échange continentale et qu'aussi bien l'Afrique que le monde arabe sont dans une dynamique inédite et irréversible de diversification de leurs partenariats, une nouvelle chance s'offre pour les deux ensembles géopolitiques complémentaires à tout point de vue.

"L'entrée en jeu d'un Sénégal présidant l'UA et en tant que trait d'union, continuum socio-historique et géographique entretenant les meilleures relations avec ses pairs africains et ses partenaires arabes, pourrait être un avantage considérable pour propulser ces rapports à leur meilleur niveau jamais atteint”, considère le Directeur du Timbuktu Institute.

Le sommet se tient autour de l'enjeu de la réunification du monde arabe et le Sénégal en tant que pays entretenant de bonnes relations avec toutes les parties peut avoir un rôle important à y jouer. « Le monde arabe, comme tous nos pays, est traversé par des contradictions et des différends qui opposent les membres de la Ligue arabe. Je fais partie de ceux qui croient que le Sénégal, entre autres leviers, premier pays ayant accueilli un sommet de l'Organisation de la conférence islamique (Oci) en Afrique sub-saharienne, pourrait avoir un rôle déterminant dans le raffermissement de ces relations. Notre pays est l'un des rares du monde musulman à pouvoir parler à tous les autres ; c'est d'ailleurs cette posture qui a facilité la présence du Sénégal unanimement acceptée à ce sommet », dit l'observateur du monde arabe.

 

Retour du non-alignement ?

Dr Bakary Sambe voit dans la redynamisation de la coopération entre l'Afrique et le monde arabe la relance du non-alignement dans un monde où la division est exacerbée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. « C'est comme si l'ancien concept de non-alignement était en train d'être revitalisé et correspond parfaitement à l'esprit du tiers-mondisme des années 1950, suite à la fameuse conférence de Bandoeng à l'époque des leaders charismatiques du monde arabe et de l'Afrique comme Nasser et Nkrumah.

Aujourd'hui, c'est une Afrique nouvelle qui rencontre un monde arabe qui s'interroge au moment où la présidence sénégalaise sous l'égide de Macky Sall est en train de réussir le positionnement de l'UA, comme une réalité géopolitique affirmée priorisant les intérêts stratégiques du continent et la diversification des partenariats comme réaffirmé lors du récent Forum de Dakar sur la paix et la sécurité », a souligné Dr Bakary Sambe.

 

 

Oumar KANDE

 

With the 31st summit of the League of Arab States held on November 1 and 2 in Algiers, Dr. Bakary Sambe, Director of the Timbuktu Institute, expert in transnational networks and a specialist and informed observer of Arab-African relations, returned to this organization. For him, with the invitation of President Macky Sall by the Arab League, we are witnessing a simple return of the history of Senegal to its place and its historical leadership.

 

Algiers hosted the 31st Summit of the League of Arab States on November 1 and 2. The Head of State Macky Sall, current Chairman of the African Union, was invited to this meeting by his Algerian counterpart, Abdelmadjid Tebboune. When asked by "Le Soleil" about the significance of this invitation, Dr. Bakary Sambe, Director of the Timbuktu Institute, an expert on transnational networks and an informed observer of Arab-African relations, explained that with Senegal's participation in this meeting, "we are witnessing a simple return of history and Senegal to its place and its historical leadership.

With the return of Senegal and the AU to the Arab League summit, Bakary Sambe believes that things are returning to normal because in the midst of the drought cycle in the Sahel, while the traditional European partners were hit by the oil crisis, the Arab countries had decided, during the sixth summit of Arab Heads of State held in Algiers (26 to 28 November 1973), to provide assistance to sub-Saharan Africa. He also mentioned the creation of Badea, the Special Arab Fund for Aid to Africa (Fasaa) without forgetting the fact that the Council of the Arab League in Tunis had approved the principle of creating an Arab Fund for Technical Assistance to Africa (Fataa).

 

Bakary Sambe, who devoted his doctoral thesis and several books including "Islam and diplomacy" (2011), "Contestations islamisées : Le Sénégal entre diplomatie d'influence et islam politique" (2018), to diplomatic relations between Senegal and the Arab world argued that "this Algiers summit has returned to Senegal the place that historically and symbolically belonged to him." He even sees a symbol because following the summits of Algiers and Tunis, for the first time, a joint Arab-African ministerial conference was held in Dakar from 15 to 22 April 1976, to examine the project of Afro-Arab cooperation, its content, its modalities and its means of action.

 

Impact of the 1976 Afro-Arab Conference in Dakar

Dr. Sambe explains that the holding of this 1976 Afro-Arab ministerial conference in Dakar was, at the time, the result of negotiations between Senegal and Arab countries such as Egypt, Saudi Arabia and Kuwait, which received a historic visit from President Senghor in its wake. "We must not forget that following this Dakar conference of 1976, there will be the first historic Afro-Arab Summit of March 1977. At the end of this summit, important decisions were taken to increase Arab public aid to African countries. And efforts were made by Arab oil-exporting countries to assist African countries," he says. The financial surpluses contributed, at the time, to the realization of projects in several African countries and, in particular, in Senegal with the realization of the dams of Diama and Manantali as well as the project of chemical industries of Senegal (Ics).

 

Senegal, a “link between Africa and the Arab world”

As for this summit, the specialist believes that it will also boost cooperation between Africa and the Arab world which are "old". "The relations between Africa and the Arab world are historically and geographically rooted. Let us not forget that one in three Arabs is African and three quarters of the surface area of the Arab world is on the African continent. The geopolitical reality with transnational networks and security and migration issues continue to remind us that the Sahara has never been an impassable barrier, but a real inland sea that has always invited people to move from one shore to another," explained Dr. Sambe.

Professor Sambe added that at a time when the continental free trade area is announced and that both Africa and the Arab world are in an unprecedented and irreversible diversification of their partnerships, a new opportunity is available for the two geopolitical sets complementary in every respect.

"The entry into play of a Senegal presiding over the AU and as a hyphen, socio-historical and geographical continuum maintaining the best relations with its African peers and its Arab partners, could be a considerable advantage to propel these relations to their best level ever," considers the Director of the Timbuktu Institute.

The summit is being held around the issue of reunification of the Arab world and Senegal as a country with good relations with all parties can have an important role to play. "The Arab world, like all our countries, is riddled with contradictions and differences among the members of the Arab League. I am among those who believe that Senegal, among other levers, the first country to host a summit of the Organization of the Islamic Conference (OIC) in sub-Saharan Africa, could have a decisive role in strengthening these relations. Our country is one of the few in the Muslim world to be able to talk to all the others; it is this position that facilitated the presence of Senegal unanimously accepted at this summit," says the observer of the Arab world.

 

Return of non-alignment?

Dr. Bakary Sambe sees in the revitalization of cooperation between Africa and the Arab world the revival of non-alignment in a world where division is exacerbated by the conflict between Russia and Ukraine. "It is as if the old concept of non-alignment is being revitalized and corresponds perfectly to the spirit of Third Worldism of the 1950s, following the famous Bandoeng conference at the time of charismatic leaders of the Arab world and Africa like Nasser and Nkrumah.

Today, it is a new Africa that meets an Arab world that is questioning itself at a time when the Senegalese presidency under the aegis of Macky Sall is succeeding in positioning the AU as a geopolitical reality that prioritizes the strategic interests of the continent and the diversification of partnerships as reaffirmed at the recent Dakar Forum on Peace and Security," said Dr. Bakary Sambe.

 

 

Oumar KANDE (Translated from French)

source : Le Soleil

La commission de la CEDEAO et la République togolaise ont porté leur choix sur Serigne Babacar Sy Mansour entre autres trois éminentes personnalités africaines pour le parrainage du 3e Forum sur l’éducation à la culture de la paix, à travers le dialogue intra et inter religieux, la commission de la CEDEAO qui portait sur le thème : «Communautés, extrémisme violent et cohésion sociale en Afrique de l’Ouest». Dr. Bakary Sambe qui y participait en tant que Directeur régional du Timbuktu Institute voit dans ce choix « une consécration du modèle sénégalais mais aussi une reconnaissance hautement symbolique de l’action et des enseignements de Serigne Babacar Sy Mansour en cette année de commémoration du centenaire de Cheikh El Hadji Malick Sy ». Pour le spécialiste des dynamiques régionales et enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « ce choix devrait inciter les chercheurs africains et la communauté internationale à une meilleure exploration des possibilités qu’offrent la place et l’influence des leaders religieux dans la consolidation de la paix en Afrique »

La chronique « Hebdo Africain » du Timbuktu Institute en partenariat avec Medi1TV est consacrée cette semaine à cet « évènement de haute portée »

Médi1TV : La Commission de la CEDEAO et le Togo ont co-organisé un Forum Régional sur la paix dont l'un des parrains à été son Éminence le Khalife Général de la Tijaniyya Cheikh Serigne Babacar Sy Mansour aux côtés de son Excellence Monseigneur Edward Tamba CHARLES, Archevêque de Freetown et de Son Altesse Nana Kobina Nketsia V,  Chef suprême de la région traditionnelle d'Essikado, sur le  Thème : « Communautés, extrémisme violent et cohésion sociale en Afrique de l'ouest. Vous y voyez une consécration du modèle sénégalais et une certaine reconnaissance du rôle de Serigne Babacar Sy Mansour dans la recherche et la consolidation de la paix. Pouvez-vous revenir sur la portée d'une telle initiative ?

 

Ce forum tenu à un moment symbolique où l’on commémore le Centenaire de la disparition de Cheikh El Hadji Malick Sy, co-organisé par l’Etat du Togo et la CEDEAO est une reconnaissance de l’aptitude des religions à contribuer à l’éducation à la culture de la paix à travers le dialogue inter et intra-religieux et de l’influence des chefs religieux et traditionnels en tant que leaders d’opinion dans la promotion de la paix, de la tolérance aux niveaux régional et local. En fait, l’action et les discours de Serigne Babacar Sy Mansour appelant constamment à la paix et au vivre ensemble même dans les moments les plus critiques de l’histoire contemporaine du Sénégal ont été inspirants au point que la CEDEAO le choisisse parmi les parrains de cette importante rencontre régionale. Cette démarche a été tellement pertinente que dans la déclaration finale du Forum, dite Déclaration de Lomé, il a été fortement recommandé de maintenir la dynamique biennale de ce Forum et de mettre en place un mécanisme régional de suivi des recommandations. Le message du Khalife général des Tidianes lors de cette rencontre a été hautement salué et a fortement inspiré les réflexions qui ont suivi lors des différents panels donnant ainsi au Forum une certaine dimension et davantage de légitimité.

 

Medi1Tv : Le Timbuktu Institute par votre participation a été impliqué au panel sur la résilience. Pouvez-vous revenir sur le rôle stabilisateur de ces légitimités religieuses et traditionnelles dans le contexte régional actuel?

 

L’émergence de cette thématique et son inscription progressive dans l’agenda de la recherche de la paix et de la promotion du dialogue ont été favorisées par la conjonction d’au moins trois facteurs essentiels : il y a rôle croissant des légitimités traditionnelles et religieuses dans les sociétés sahéliennes et ouest-africaines. Ensuite, ils assurent une fonction régulatrice socialement et culturellement instituée et communément admises par les communautés locales. Ces leaders ont, enfin, une implication constructive de plus en plus reconnue en contexte de crise en tant que premiers interlocuteurs et souvent derniers remparts. Les dirigeants de la région semblent, progressivement saisir cette dynamique en mettant en place plusieurs structures visant à valoriser et à institutionnaliser ce rôle capital des acteurs religieux dans la consolidation de la paix. Reste encore une fois telle que nous ne cessons de le plaider que la communauté internationale reconnaisse la dignité de solutions à nos stratégies endogènes.

Medi1TV :  Justement dans ce cadre avec ce que vous appelez les "énormes ressources sympathiques que partagent le Maroc et l'Afrique subsaharienne" dans quelle mesure l'échange de bonnes pratiques entre le Sénégal et le Maroc plus particulièrement pourrait être bénéfique à la recherche de la paix dans la région et au-delà?

 

Les ressources symboliques que les deux pays partagent en tant qu’éléments constitutifs d’un modèle religieux en commun à savoir le rite malikite, le dogme ash’arite et le soufisme comme la confrérie Tijaniyya devraient inspirer plus de synergie d’actions. Les efforts du Maroc dans la formation des imams et la déconstruction du discours extrémiste à travers la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains ainsi que les initiatives menées au Sénégal dans le même sens à Tivaouane où dès 2014 un Symposium co-présidé par Serigne Abdoul Aziz Sy Al-Amine et le président Macky Sall fut consacré à des réponses doctrinales face aux radicalismes sont autant d’éléments confortant la pertinence d’un axe Dakar-Rabat sur ce terrain de la prévention et de la lutte contre les extrémismes dévastateurs qui compromettent la paix et la stabilité de la région.

The subject of religion and the behavior of religious actors in the COVID-19 crisis appear at first glance to establish either just marginal issues or factors which have a tendency to to be negative. On the other hand, there is far less public discussion on the strategic role played by religious communities as civil society partners of governments or the World Health Organization, as agencies providing charitable and pastoral assistance, and as a resource for hope and emergency management so as to successfully cope with the pandemic. This study analyzed the ambivalent role of actors in the COVID-19 pandemic in Nigeria within the framework of a theory-based empirical analysis, presents the most important developments, learning effects and problem areas yet to be addressed and finally, based on this, draws up policy recommendations for action.