Timbuktu Institute

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Dans cet extrait d’une Interview accordée au New African Magazine (Mai-juin-juillet) qui offre un espace de débats et d’échanges aux experts et chercheurs du continent sur les grandes problématiques africaines internationales, Dr. Bakary Sambe revient sur la nécessité d’aller au-delà des solutions militaires et insiste sur la nécessité d’un changement de paradigmes dans la lutte contre le terrorisme. Déplorant que dans de nombreux pays du Sahel, il y a encore une grande confusion, dans les politiques publiques de sécurité, entre le contre-terrorisme et prévention et lutte contre l’extrémisme violent, le Directeur de Timbuktu Institute appelle à une approche holistique de la crise sahélienne qui nécessite des stratégies inclusives s’attaquant aux  « racines du mal » au lieu de rester obnubilés par les « symptômes » malgré les urgences sécuritaires. Il accorde aussi une large place à l’autonomisation des jeunes comme des femmes en tant qu’actrices de paix loin des schémas qui les confinent dans la victimisation.

 

Les moyens de la prévention contre le radicalisme extrême risquent d’avoir l’effet d’une épée dans l’eau. Comment faut-il s’attaquer efficacement à cette problématique de fond?

Deux choix s’offrent à nous et à nos Etats : prévenir l’extrémisme violent dès maintenant par l’investissement dans l’éducation et la justice sociale en s’attaquant aux causes structurelles des frustrations qui nourrissent le djihadisme ou attendre les attaques qui n’épargnent personne, ni aucun pays pour intervenir militairement, indéfiniment et inefficacement avec grand risque de reproduire les causes du mal que l’on cherche à combattre. L’Europe et l’Afrique ont un destin commun. Nous sommes devenus une même communauté internationale, celle des vulnérables. De manière égalitaire nous le sommes aussi bien à Gao, dans l’Oudalan burkinabé qu’à Paris, Londres ou Bruxelles. C’est dans ce sens que des stratégies inclusives doivent être conjointement bâties pour une approche holistique du phénomène de l’extrémisme, loin des solutions conjoncturelles et strictement militaires qui ont montré leurs limites en Afghanistan, au Nord Mali comme dans le Bassin du Lac Tchad.

L’approche militaire et sécuritaire semblent l’emporter largement la logique de bon sens. Celle de traiter le mal à la racine: trouver des réponses à la pauvreté, la précarité et l’injustice qui frappent une frange de la population dans les pays du Sahel. Aveuglement, impuissance...?

 Tant que l’arrogance des injustes ne cessera pas, l’ignorance de ceux qui se sentent comme victimes alimentera les rhétoriques les plus violentes pour paraphraser un important leader religieux du Sahel. J’ai coutume de dire que, jamais dans l’histoire, une kalachnikov n’a jamais tué une idéologie. L’approche militaire est, certes, nécessaire pour contenir la menace dans certaines circonstances mais elle ne la fera jamais disparaître ; elle risque même d’être contreproductive. De récentes études au Mali ont mis en exergue la mauvaise perception de la MINUSMA comme de Barkhane au sein de la population et de la classe politique. Le Président Buhari promettait d’en finir avec Boko Haram en décembre 2016, il a été contraint de négocier avec la secte extrémiste. Les conditions socioéconomiques de la marginalisation et de la paupérisation au Nord du Nigeria sont restées intactes. La racine du mal se trouve dans les inconséquences des politiques développées par nos pays ou promues par une communauté internationale négligeant le regard anthropologique et l’autocritique après quarante ans d’absence qui ont profité aux vendeurs d’illusions et au salafisme. Il s’agit moins d’une impuissance que d’une absence de volonté ou du moins de vision prospective. Le phénomène terroriste a inauguré l’ère de l’action sous la pression sans prise en compte de la vision des partenaires du Sud. Sur la question sahélienne, il y a aujourd’hui une faille énorme, un vrai hiatus, entre l’approche internationale et les perceptions locales. Il est temps d’arriver à une coordination des actions des puissances occidentales et, entre-elles et les initiatives locales, pour éviter un futur conflit de perception des conflits au Sahel.


 Entre terrain et travail de conceptualisation... vous êtes en mesure de nous préciser la « bonne méthode » pour approcher ce sujet crucial pour la stabilité des pays de la région sahélienne...

Le propre du terrorisme est d’être une longue chaîne dont chaque maillon pris individuellement peut ne pas être répréhensible ou punissable par la loi. Nous n’agissons généralement qu’au bout de la chaîne et de manière tardive et inefficace. Nos pays ont légiféré par réaction et agissent sous la pression de la menace. Il est très courant dans le dialogue avec les autorités étatiques qu’elles confondent contre-terrorisme et une véritable stratégie de prévention de l’extrémisme violent qui fait défaut pour l’heure. Face à la complexité d’un phénomène qui n’a même pas de définition consensuelle, nos Etats se complaisent dans la réaction sécuritaire qui donne bonne conscience d’agir et néglige les impératifs de développement équitable et de justice sociale. Le G5 Sahel peut être un outil performant si nous arrivons à lui donner du contenu au-delà du militaire en relevant son niveau de contribution dans le développement et la résilience. Un changement de paradigme et d’approche s’impose. Et ce n’est pas un hasard que la stratégie des Nations Unies soit revue dans son articulation en identifiant des priorités-clés comme la croissance inclusive et équitable ; les services publics, y compris l'accès aux services de base, la gouvernance et la primauté du droit ; le climat et l'énergie ; l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. La seule lueur d’espoir que j’entrevois dans toutes ces initiatives constructives est la grande volonté d’implication des femmes dans la lutte contre l’extrémisme et la réduction de leur vulnérabilité qui passera forcément par leur pleine autonomisation notamment économique.

 

Dr. Bakary Sambe est Directeur du Timbuktu Institute (Dakar) et coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, politologue professeur Centre d’étude des religions de  l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal). Il a accompagné la mise en place de la CellRad au sien du G5 Sahel et suit aujourd’hui les processus de mise en place de stratégies nationales de lutte contre l’extrémisme violent dans le cadre du Projet Partenariats pour la paix de l’USAID (P4P) en Afrique de l’Ouest.

Dans sa lutte contre l’insécurité et le terrorisme, l’Oif a organisé une conférence sur la sécurité humaine à Ottawa. La rencontre qui a regroupé plusieurs acteurs notamment des universitaires et des hommes de média, a été l’occasion pour lever l’équivoque entre les concepts «contre-terrorisme et prévention de l’extrémisme» et de réfléchir sur comment éradiquer ce fléau. 

Pour sa part, le Directeur de Timbuktu Institute et non moins enseignant-chercheur au Centre d'Etudes des Religions à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, a soutenu que «l’approche strictement militaire n’a jamais résolu le problème de l’extrémisme violent». Et, «l’Afghanistan et le Nord du Mali en sont une parfaite illustration», a-t-il rappelé. 
  
 Bakary Sambe est d'avis que «le principal problème dans les pays francophones, est qu’il y a une confusion entre  contre-terrorisme et prévention de l’extrémisme violent  dans l’élaboration des différentes stratégies. Le contre-terrorisme s’attaque aux symptômes et manifestations du phénomène et ne s’intéresse pas aux causes profondes».   

Ne s’en arrêtant pas là, il a exhorté les pays francophones à « ne pas négliger l’approche préventive, moins coûteuse à long terme et s’attaquent aux causes profondes du problème». 

Coordonnateur de l’Observatoire des Radicalismes et Conflits religieux en Afrique (ORCRA), Bakary Sambe a été invité par l'Oif à présenter une communication sur les mesures qui pourraient être prises afin de prévenir la radicalisation au-delà des logiques purement répressives. 

 La conférence a été l’occasion pour le Directeur de Timbuktu Institute d’échanger avec la Secrétaire générale de la francophonie, le  Professeur Jacques Frémont, Président de l’Université d’Ottawa ainsi qu’avec Tidiane Dioh chargé des Médias à l’OIF. 

 

Source : www.pressafrik.com

As part of IOM's many efforts in producing expertise that can be mobilized by public policies and actors in the international community, an innovative study was conducted on youth violence in the Zinder region in relation to the extremist phenomenon. This new study was led by Timbuktu Institute through its Observatory of Radicals and Religious Brotherhoods in Africa under the direction of Dr. Bakary Sambe 

As the most populated region in Niger, Zinder is facing strong demographic growth and must address the growing needs of a youth representing more than 70 per cent of the population in the region (National Institute of Statistics, 2015). This demography, combined with one of the lowest schooling rates in the country, caused a serious employment crisis and social integration difficulties for a significant number of young adults and teenagers in Zinder. Since 2010, the alternating political power issue in Niger has been widely discussed publicly and raised social claims linked to these issues.

In the city of Zinder, young people created informal groups to compensate for the State and authorities’ lack of social and integration frameworks. These informal youth groups, called fadas or palais, are identified as the main actors responsible for urban violence in Zinder.

These groups sometimes act as gangs, and are often involved in crime, violent protests, drug use and trafficking. Thus, the proximity of Zinder with Northern Nigeria – together with linguistics, family and ethnic ties, and with important flows of people and trade between the two regions – raise the question of the potential influence of the extremist group Boko Haram, present in North Nigeria, on Zinder’s youth. This question is even more important that young people have reported that Boko Haram recruiters have been approaching young people from the fadas and palais since 2012.

In addition, violent religious demonstrations in the city of Zinder recently led to the destruction of public buildings, places of worship and Christian homes, together with attacks against Christians or people perceived as such. The research aims therefore to understand whether there is a correlation between the conventional youth violence and violent extremism based on religious motives or the use of violence motivated by or based on religious grounds. Building from individual interviews with young people from the fadas and palais and members of the local population, this study reveals the influence of the violent extremist ideology on young people from Zinder. They often get a rudimentary or indirect knowledge of Islam, through relatives or the Internet. They are also exposed to radical religious messages that are spread through social networks, traded or sold on CDs and USB drivers on the local market or through informal networks. In addition, charismatic religious leaders are supporting the spread of a rigorist and violent vision of the religion through regional preaching.

The mosques and Koranic schools are playing a key role in the dissemination of these ideas, as the religious speech became tougher, and is now affecting more than just the religious aspect. Thus, the study reveals that these messages and sermons are playing an important role in the knowledge and attraction young people have for actions led by extremist groups like Boko Haram. Furthermore, a significant number of young people have a positive vision of these actions, which they justify as acts of defiance towards a system perceived as unfair, as the State policies are not supporting people’s aspirations and are viewed as inadequate. Violence is perceived as a means of pressure and assertion against a State seen as a repressive entity, while the religion is perceived as the only tool available for social regulation. In Zinder, where there are several religious movements, the study noticed the rise of the izala Salafists, a religious group opposed to the traditional Islam practiced in Niger and close to the Sufis and Malekites.

Furthermore, young people’s interest for these rigorist practices and interpretations of Islam can be explained as a form of self-development, an identity assertion and a quest for meaning for young people facing precariousness, a lack of socioeconomic opportunities and marginalization. Surveyed young people come from neighbourhoods deemed to be violent and stigmatized as such, with lack of basic infrastructure and where marginalized people (such as people with leprosy, disabled, deaf or blind people) have been displaced. Most of them are unemployed, or have seasonal jobs, and depend on the food and financial assistance from their families. The unemployment and precariousness of young people in Zinder’s palais and fadas thus push many away from the traditional patterns of self-fulfilment and social recognition, making them vulnerable to recruitment by extremist groups. Supporting strict religious groups also allows them to define themselves against the religious heritage of their parents and the rest of the society, and thus to build an original personal identity. Finally, these young people often participate in their neighbourhoods’ informal economy, through drug trafficking, prostitution or theft. For some of these young offenders, religious motives tend to socially legitimize violence, an offence punishable under criminal law.

By becoming “defenders” of the values and religious causes, they gain some social recognition. Overall, surveyed young people think that the factors explaining violent extremism are poverty, social exclusion and injustice, but they also argue that political and religious leaders play an important role in the indoctrination and manipulation of the youth, including through financial incentives. They also point out the role of the preaching centres and Koranic schools for spreading extremist and violent ideologies. Despite the distrust expressed towards the State, the majority of young people think that the State is the stakeholder that is most likely to prevent violent extremism, along with religious leaders. The authors made the following main recommendations:

  • Promoting local dialogue frameworks, especially for intergenerational dialogue;
  • Re-engaging the State in the most deprived neighbourhoods;
  • Implementing a mediation policy with the assistance of religious leaders;
  • Adding the prevention of violent extremism in advocacy policies;
  • Promoting the rehabilitating and reintegrating process of former violent perpetrators;
  • Developing policies for combating young people’s precarious conditions and poverty, in particular through implementing training centres and supporting entrepreneurship;
  • Implementing a conflict management system at the neighbourhood level; and • Creating recreational centres and youth development frameworks.

 Download the Full report here :http://timbuktu-institute.org/images/youth_violence_extremism_zinder_niger.pdf

L’Institut Timbuktu a décidemment fait de la lutte contre le terrorisme sienne. En effet, dans ce même cadre, l’institut a entrepris de former l’ensemble des professionnels de la presse locale et des radios communautaires du département de Mbour sur le thème central « Médias, sécurité et cohésion sociale : entre libertés, déontologie et responsabilité ».

Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les autorité de l’Institut ont indiqué l’objectif de cette formation organisée « en coopération entre Timbuktu Institute et la Fondation Konrad Adenauer est, notamment, d’offrir aux journalistes et reporters des radios communautaires les pré-requis de la notion de terrorisme, les exigences du traitement de l’information liée à l’extrémisme violent ainsi que les outils de renforcement de la paix et de la cohésion sociale dans une sous-région en pleine mutation géopolitique ».

Dans la foulée, la même source informe que cette session de formation qui aura lieu le mercredi 02 mai 2018 à 10H à l’hôtel Coco Beach de Mbour, en présence du représentant résident de la fondation Konrad Adenauer au Sénégal et nos invités sera l’occasion d'échanger sur les enjeux sécuritaires du Sahel et le traitement de l’information sur les questions de paix et de sécurité afin de contribuer à une meilleure cohésion sociale dans notre pays.

Source : www.mbour.info

​Le rapport 2018, de Timbuktu Institute classe à trois niveau les facteurs de la radicalisation des jeunes dans les zones frontalières sénégalo-mauritaniennes à savoir les tendances rassurantes, mitigées et préoccupantes.

Les résultats sur l'étude de perception pour mieux comprendre le phénomène sur les facteurs de radicalisation des jeunes dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie (Rosso) ont été présentés vendredi. Et, pour une meilleure présentation des résultats de l’étude, Timbuktu Institute a procédé à une classification des tendances.  

Sur les tendances rassurantes, le document stipule que «les jeunes de Rosso résistent encore majoritairement à la percée des mouvements développant un discours plus ou moins radical et rejettent les discours appelant à la violence». Et, «les jeunes de cette localité restent très attachés, à une écrasante majorité, aux confréries soufies qui assurent un travail d’encadrement social à travers les dahiras (cellules confrériques) et autres organisations dépendantes ; ce qui expliquerait la faible présence de mouvements extrémistes», révèle-t-il. 

En ce qui concerne les tendances mitigées, Timbuktu Institute qui a fait appel à la méthodologie de l’enquête CAP (Connaissances, Attitudes et Pratiques), informe qu’ «il y a une vraie méconnaissance du phénomène de l’extrémisme violent chez les jeunes de Rosso. Cela pourrait s’expliquer par un déficit d’information et un accès difficile aux médias ainsi qu’à l’absence d’actions de sensibilisation de la part de l’Etat et de la société civile». 

Poursuivant, elle souligne que : «les mêmes signaux de vulnérabilité économique et de précarité sociale (chômage, pauvreté, exclusion sociale) notés en banlieue dakaroise lors de notre précédente étude, se retrouvent chez ces jeunes d’une localité reculée présentant toutes les caractéristiques d’une marginalisation territoriale».  

Pour la troisième catégorie de cette classification, à savoir les «tendances préoccupantes»,  l’Institut renseigne que : «le phénomène général de dualité du système éducatif sénégalais se retrouve nettement dans cette région. Cette situation fait persister un sentiment d’exclusion et de marginalisation des jeunes scolarisés dans les écoles religieuses et dans le système dit « arabo-islamique». 

Dans ce rapport, Timbuktu Institute à formuler des recommandations pour lutter contre ces menaces. Pour elle, il faut entre autres «s’attaquer aux causes profondes de la précarité à travers une politique efficiente de promotion de l’emploi des jeunes". Elle signale par ailleurs, que : «cette étude a donné des résultants plus rassurants en termes de résilience par rapport à ceux constatés lors du rapport de 2016 dans la banlieue Dakar».  

Timbuktu Institute a invité «les organes de presse à la vigilance par rapport à certains chiffres avancés et sans fondements dans ce rapport qu’il met à la disposition des chercheurs, des décideurs comme des médias pour une exploitation la plus objective et transparente». 

 

Source : www.pressafrik.com

Bakary Sambe, le directeur exécutif du ‘’Timbuktu Institute’’, un centre dédié à la ‘’lutte contre l’extrémisme‘’, a appelé, vendredi, à Dakar, à ‘’une réflexion nationale sérieuse‘’ sur la qualité du ‘’leadership religieux‘’ et le basculement de certains jeunes dans l’‘’extrémisme violent‘’.
 
‘’Après le procès que nous sommes en train de vivre au Sénégal, il faudra une réflexion nationale sérieuse sur deux questions importantes, pour savoir ce que le leadership religieux n’a pas fait pour que les jeunes disent qu’ils vont aller apprendre l’islam au Nigeria ou chez Aboubakar Shekau (le leader du groupe djihadiste Boko Haram, Ndlr)’’, a dit M. Sambe.

Le second volet de cette ‘’réflexion nationale’’ doit porter sur les causes du ‘’désespoir’’ poussant des jeunes à ‘’basculer dans l’extrémisme violent’’, selon cet enseignant-chercheur de l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis. 

Bakary Sambe s’exprimait en marge d’un atelier de restitution des résultats d’une étude du ‘’Timbuktu Institute’’ sur ‘’les facteurs de radicalisation et la perception du terrorisme chez les jeunes dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie’’.
 
Il faut trouver des réponses à ces ‘’questions’’, avec ‘’une politique éducative cohérente, un système de production d’emplois pour les jeunes et la prise en compte des [questions religieuses]’’, a-t-il ajouté.
 
‘’Les résultats de cette étude ont été beaucoup plus rassurants que ceux qui avaient été obtenus dans la banlieue dakaroise il y a deux ans. Mais ils posent un certain nombre de questions, parmi lesquelles le niveau d’information très insuffisant des jeunes sur ce phénomène (les facteurs de radicalisation)’’, a souligné M. Sambe. 

Il estime que l’Etat du Sénégal doit ‘’aller vers la sensibilisation’’ des jeunes, ‘’pour qu’ils ne soient pas la proie des recruteurs’’ des filières djihadistes.
 
Source: aps.sn

Timbuktu Institute a procédé à la présentation de l’étude de perception sur les facteurs de radicalisation des jeunes dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie (Rosso). Les résultats ont été présentés en présence des autorités nationales, des organisations internationales et des représentations diplomatiques.

Rappelant qu’il s’agit bien d’une étude de perception pour mieux comprendre le phénomène à partir de la vision des jeunes eux-mêmes, l’Institut a fait appel à la méthodologie de l’enquête CAP (Connaissances, Attitudes et Pratiques). Cette étude a donné des résultants plus rassurants en termes de résilience par rapport à ceux constatés lors du rapport de 2016 dans la banlieue Dakar. Il invite cependant les organes de presse à la vigilance par rapport à certains chiffres avancés et sans fondements dans ce rapport qu’il met à la disposition des chercheurs, des décideurs comme des medias pour une exploitation la plus objective et transparente.

Dans le but d’une meilleure présentation des résultats de l’étude, l’équipe a procédé à leur classification selon trois niveaux de tendances avant de formuler des recommandations opérationnelles pour mieux juguler la menace et renforcer la résilience dans cette région et au Sénégal de manière générale.

Tendances rassurantes

Malgré la transfrontalité et le voisinage immédiat d’avec la Mauritanie, les jeunes de Rosso résistent encore majoritairement à la percée des mouvements développant un discours plus ou moins radical et rejettent les discours appelant à la violence;

Les jeunes de cette localité restent très attachés, à une écrasante majorité, aux confréries soufies qui assurent un travail d’encadrement social à travers les dahiras (cellules confrériques) et autres organisations dépendantes ; ce qui expliquerait la faible présence de mouvements extrémistes;

Il découle de ces deux tendances sus-évoquées que les jeunes ont exprimé un fort rejet de l’éventualité d’un engagement dans des groupes extrémistes violents.

Tendances mitigées

Il y a une vraie méconnaissance du phénomène de l’extrémisme violent chez les jeunes de Rosso. Cela pourrait s’expliquer par un déficit d’information et un accès difficile aux médias ainsi qu’à l’absence d’actions de sensibilisation de la part de l’Etat et de la société civile.

Les mêmes signaux de vulnérabilité économique et de précarité sociale (chômage, pauvreté, exclusion sociale) notés en banlieue dakaroise lors de notre précédente étude, se retrouvent chez ces jeunes d’une localité reculée présentant toutes les caractéristiques d’une marginalisation territoriale.

Tendances préoccupantes

Le phénomène général de dualité du système éducatif sénégalais se retrouve nettement dans cette région. Cette situation fait persister un sentiment d’exclusion et de marginalisation des jeunes scolarisés dans les écoles religieuses et dans le système dit « arabo-islamique ».

Il persiste, au niveau des jeunes, une certaine inquiétude au sujet de la présence quoique timide des tendances rigoristes, de la porosité des frontières avec des passages récurrents et peu surveillés d’individus de différentes nationalités.

RECOMMANDATIONS

Au regard des données recueillies sur le terrain, des observations ainsi que des conclusions ci-dessus, l’équipe de recherche recommande de :

S’attaquer aux causes profondes de la précarité à travers une politique efficiente de promotion de l’emploi des jeunes et lutter contre le chômage en promouvant les activités génératrices de revenus notamment dans le secteur agricole et accélérer la mise sur pied d’une stratégie nationale inclusive de prévention de l’extrémisme violent.

Améliorer les conditions d’accès à l’école publique et mieux prendre en considération les écoles islamiques en y renforçant la formation, notamment, avec un volet professionnel;

Réduire les disparités socioéconomiques, les difficultés d’accès à l’information et aux médias ainsi que les facteurs de marginalisation notamment par une politique réfléchie d’aménagement du territoire prenant en compte la dimension transfrontalière;

Mener des actions de sensibilisation auprès des jeunes sur les enjeux et dangers de l’extrémisme violent et veiller à une meilleure surveillance des prédicateurs venant de pays voisins avec une implication constructive des forces de défense et de sécurité;

Impliquer davantage les chefs religieux confrériques dans le cadre d’une politique inclusive de prévention de l’extrémisme en collaboration avec le Cadre d’Intervention et de Coordination Interministériel des Opérations de lutte anti-terroriste (CICO) et les autres structures aussi bien étatiques que de la société civile.

Dakar, le 4 mai 2018

Source: xalimasn.com

Facteurs de radicalisation et perception du terrorisme dans les zones frontalières sénégalo-mauritaniennes: Cas de Rosso-Sénégal.

C'est l'intitulé du dernier rapport que vient de publier le Timbuktu Institute, un centre de recherche sur l'extrémisme violent, basé à Dakar

Ce rapport est publié au moment où une trentaine de personnes sont jugées au Sénégal pour apologie du terrorisme.

Le docteur Bakary Sambe est le Directeur de Timbuktu Institute. Il est notre invité et répond aux questions de Samba Dialimpa Badji

http://www.bbc.com/afrique/media-44026358

Radicalisation zones frontalières : Conclusions et recommandations du nouveau rapport de Timbuktu Institute

Timbuktu Institute a procédé à la présentation de l’étude de perception sur les facteurs de radicalisation des jeunes dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie (Rosso). Les résultats ont été présentés en présence des autorités nationales, des organisations internationales et des représentations diplomatiques.

Rappelant qu’il s’agit bien d’une étude de perception pour mieux comprendre le phénomène à partir de la vision des jeunes eux-mêmes, l’Institut a fait appel à la méthodologie de l’enquête CAP (Connaissances, Attitudes et Pratiques). Cette étude a donné des résultants plus rassurants en termes de résilience par rapport à ceux constatés lors du rapport de 2016 dans la banlieue Dakar. Il invite cependant les organes de presse à la vigilance par rapport à certains chiffres avancés et sans fondements dans ce rapport qu’il met à la disposition des chercheurs, des décideurs comme des médias pour une exploitation la plus objective et transparente.

Dans le but d’une meilleure présentation des résultats de l’étude, l’équipe a procédé à leur classification selon trois niveaux de tendances avant de formuler des recommandations opérationnelles pour mieux juguler la menace et renforcer la résilience dans cette région et au Sénégal de manière générale.

Tendances rassurantes

  • Malgré la transfrontalité et le voisinage immédiat d’avec la Mauritanie, les jeunes de Rosso résistent encore majoritairement à la percée des mouvements développant un discours plus ou moins radical et rejettent les discours appelant à la violence;
  • Les jeunes de cette localité restent très attachés, à une écrasante majorité, aux confréries soufies qui assurent un travail d’encadrement social à travers les dahiras (cellules confrériques) et autres organisations dépendantes ; ce qui expliquerait la faible présence de mouvements extrémistes;
  • Il découle de ces deux tendances sus-évoquées que les jeunes ont exprimé un fort rejet de l’éventualité d’un engagement dans des groupes extrémistes violents.

Tendances mitigées

  • Il y a une vraie méconnaissance du phénomène de l’extrémisme violent chez les jeunes de Rosso. Cela pourrait s’expliquer par un déficit d’information et un accès difficile aux médias ainsi qu’à l’absence d’actions de sensibilisation de la part de l’Etat et de la société civile.
  • Les mêmes signaux de vulnérabilité économique et de précarité sociale (chômage, pauvreté, exclusion sociale) notés en banlieue dakaroise lors de notre précédente étude, se retrouvent chez ces jeunes d’une localité reculée présentant toutes les caractéristiques d’une marginalisation territoriale.

Tendances préoccupantes

  • Le phénomène général de dualité du système éducatif sénégalais se retrouve nettement dans cette région. Cette situation fait persister un sentiment d’exclusion et de marginalisation des jeunes scolarisés dans les écoles religieuses et dans le système dit « arabo-islamique ».
  • Il persiste, au niveau des jeunes, une certaine inquiétude au sujet de la présence quoique timide des tendances rigoristes, de la porosité des frontières avec des passages récurrents et peu surveillés d’individus de différentes nationalités.

RECOMMANDATIONS

Au regard des données recueillies sur le terrain, des observations ainsi que des conclusions ci-dessus, l’équipe de recherche recommande de :

  • S’attaquer aux causes profondes de la précarité à travers une politique efficiente de promotion de l’emploi des jeunes et lutter contre le chômage en promouvant les activités génératrices de revenus notamment dans le secteur agricole et accélérer la mise sur pied d’une stratégie nationale inclusive de prévention de l’extrémisme violent.
  • Améliorer les conditions d’accès à l’école publique et mieux prendre en considération les écoles islamiques en y renforçant la formation, notamment, avec un volet professionnel;
  • Réduire les disparités socioéconomiques, les difficultés d’accès à l’information et aux médias ainsi que les facteurs de marginalisation notamment par une politique réfléchie d’aménagement du territoire prenant en compte la dimension transfrontalière;
  • Mener des actions de sensibilisation auprès des jeunes sur les enjeux et dangers de l’extrémisme violent et veiller à une meilleure surveillance des prédicateurs venant de pays voisins avec une implication constructive des forces de défense et de sécurité;
  • Impliquer davantage les chefs religieux confrériques dans le cadre d’une politique inclusive de prévention de l’extrémisme en collaboration avec le Cadre d’Intervention et de Coordination Interministériel des Opérations de lutte anti-terroriste (CICO) et les autres structures aussi bien étatiques que de la société civile.

Dakar, le 4 mai 2018 - Timbuktu Institute

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