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Policy Brief n°4 :

 

Les droits humains dans le Sahel à l’épreuve de la COVID-19

Rapport intégral à  télécharger en fin de texte

(Aperçu analytique de Constance WYBO)

Dans le cadre d’un partenariat entre le Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies - et la Fondation Konrad Adenauer, une recherche documentaire a été effectuée sur six pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) concernant les droits humains à l’épreuve de la Covid-19. Ce rapport se penche sur la gestion et les conséquences des programmes sanitaires instaurés par les gouvernements des pays du Sahel pour répondre à la crise mondiale ainsi que les conséquences de telles dispositions sur le respect des droits humains.

 

La pandémie de Covid-19 a frappé les pays du Sahel, déjà en proie à d’autres crises politiques, sécuritaires, alimentaires et économiques, mais avec des répercussions différentes des prévisions d’experts du continent africain. En mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait annoncé que : « L’Afrique doit se préparer au pire ». Selon Antonio GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies, la COVID-19 est une crise économique, une crise sociale et une crise humaine qui devient rapidement une crise des Droits de l’Homme. C’est sur cette thématique que se concentre cette étude, sur la question du respect des droits fondamentaux, universels, dits humains.

 

Nos équipes de recherche dans les différents pays ont constaté des stratégies transversales dans la lutte contre l’épidémie qui ont parfois enfreint les droits de l’homme pour ralentir la transmission et pour endiguer le virus. Les six pays sahéliens, objets de la présente note d’analyse, ont en effet tous imposé un état d’urgence sanitaire, la fermeture des établissements scolaires et des lieux de culte, un couvre-feu, la fermeture des frontières terrestres et aériennes, l’application de mesures hygiéniques dites « barrières » … En bref, une multitude de mesures avec des conséquences lourdes sur les économies et une pression accrue sur les sociétés locales.

 

La crise de la COVID-19 a aussi révélé de nombreuses vulnérabilités des Etats sahéliens sur la riposte pour son endiguement. En effet, l’« infodémie » et les fake-news ont généralisé un contexte de peur et de stigmatisation auprès des populations, en raison d’une faible implication des médias dans la communication des programmes gouvernementaux. De plus, même si, comparativement à l’Europe, le continent africain fut légèrement épargné en termes de mortalité, les infrastructures sanitaires et les équipements hospitaliers demeurent insuffisants, tout autant que l’approvisionnement en eau et la distribution de services sociaux de « base » pour les populations en zone rurale.

A cet effet, plusieurs solutions s’offrent aux Etats sahéliens comme par exemple, le renforcement des capacités des forces de l’ordre sur les méthodes d’équilibre entre d’une part l’exigence du respect des gestes barrières et d’autre part le respect des droits de l’homme. Néanmoins, ce rapport souligne aussi l’importance de renforcer la démocratie, en veillant à ce que la pandémie ne soit pas un prétexte pour les Etats de restreindre certains droits fondamentaux, vitaux pour la stabilité sociale, la démocratie et l’État de droit.

 

Dès lors, malgré une résilience inattendue des pays sahéliens, quelques recommandations sont à prendre en compte afin de mitiger les risques d’une deuxième vague, à l’heure où l’Europe est à sa troisième vague et où l’Afrique du Sud développe une troisième variante du virus. Ainsi, les gouvernements sahéliens devraient prêter plus d’attention au relâchement par rapport aux mesures barrières, qui ne sont quasiment plus respectées par les populations et devraient penser à organiser des programmes régionaux afin de se préparer à une possible nouvelle vague.

 

Cette note d’analyse a encore révélé le paradoxe de la gestion des urgences qu’elles soient sécuritaires ou sanitaires comme dans le cas de la pandémie de Covid19. Les États sont toujours confrontés à ce dilemme entre devoir de protection et principe de respect des droits humains malgré les pressions. Cette tension permanente indique que le système démocratique de manière général n’est jamais un acquis durable tant que les « garde-fous » ne sont pas négociés et admis dans le cadre de contraintes partagées et guidées par le principe de l’Etat de droit.

L’autre difficulté dans la gestion de cette pandémie aura été la question des fake news et de la désinformation menaçant parfois même la stabilité et la viabilité des États au regard de leur impact sur la conduite des politiques publiques et la crédibilité des institutions de même que de la parole scientifique dans des contextes d’angoisse existentielle comme les pandémies.

 

Aperçu analytique de Constance WYBO, Stagiaire au Timbuktu Institute

 

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Dix ans après la révolution, des jeunes – dont la plupart n’ont pas connu la dictature de Ben Ali, ni participé aux soulèvements qui l’ont fait fuir et ont conduit à la chute de son régime; ils avaient moins de 10 ans, entre 4 et 8 ans – se soulèvent à leur tour avec les mêmes revendications, la même rage, pour les mêmes causes qui n’ont fait que s’aggraver : plus de chômage, plus de précarité, plus de marginalisation, plus d’inégalités, plus d’injustice, plus de désenchantement et de désespoir quant à l’avenir…

Par Mohamed Chérif Ferjani Timbuktu Institute

  Certains s’entêtent à imputer cela à la révolution elle-même en l’accusant d’être à l’origine de l’aggravation de la situation économique, sociale et politique, à la dégradation des services publics d’éducation, de santé, de transports… allant jusqu’à cultiver la nostalgie du «bon vieux temps» de Ben Ali et Bourguiba. Les tares d’un système corrompu et inéquitable D’autres, tout en se réclamant de la révolution, sans y avoir participé et sans rien faire pour réaliser ses objectifs, font preuve d’un «révolutionnisme» qui cache très mal leur attachement à sauver l’essentiel du système de Ben Ali dont ils ont hérité pour en aggraver toutes les tares : les politiques néolibérales imposées par la Banque Mondiale et le FMI dès le début des années 1980, poursuivies sous le règne de Ben Ali et à l’origine des crises économiques et sociales conduisant à la révolution de 2010-2011, sont restées le seul horizon des politiques de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis dix ans, avec moins de moyens, plus d’incompétence, et sans capacité ou volonté d’imaginer des voies pour en sortir ; la corruption est la chose qui s’est le plus démocratisée au point de gangrener toute la société; son rapport au pouvoir s’est inversée : elle en était l’émanation et sous son contrôle, aujourd’hui, c’est elle qui en détermine la constitution et lui impose sa loi; le chômage en général, et celui des jeunes en particulier, continue à évoluer en sens inverse de tous les indicateurs économiques, atteignant des proportions de plus en plus inquiétantes;

la précarisation des conditions de vie n’épargne aucune couche sociale hormis ceux qui profitent de la corruption et de leur proximité avec les partis au pouvoir, et plus particulièrement avec les islamistes qui sont la seule force qui se retrouve, avec plus ou moins d’influence, dans toutes les coalitions gouvernementales depuis octobre 2011; les inégalités sociales et entre les régions se sont creusées et deviennent de plus en plus insupportables; la dégradation des services publics s’est accélérée au point qu’ils ne sont plus capables d’assumer le minimum de leurs missions, laissant la place à des acteurs privés guidés par l’appât des profits les plus importants dans les temps les plus courts, ou par l’objectif de remettre en question les acquis modernes de la société que ce soit en termes de droits ou en termes de sécularisation et d’autonomisation par rapport au conservatisme religieux et aux structures de domination traditionnelle; des institutions de l’Etat, comme la justice, la police, et l’armée, les douanes, les différentes administrations, infiltrées par les islamistes et les lobbys de la corruption, n’arrivent plus remplir leurs fonctions, notamment pour garantir la sécurité du pays et de la population contre les menaces du terrorisme et des réseaux du crime organisé; le système politique est bloqué par une «partitocratie» d’autant plus impuissante qu’aucun parti n’arrive à échapper aux jeux d’alliances sans foi ni loi et qui n’ont pour enjeux que de se maintenir le plus longtemps au pouvoir pour continuer à s’enrichir indûment, échapper à la justice, se protéger et protéger les siens et ses amis des poursuites qu’impose leur implication dans des malversations et des crimes de toutes sortes.

Ces rapaces qui ont récupéré la révolution

Faut-il pour autant regretter la révolution et la fin de dictature de Ben Ali ? Certainement pas ! Le problème n’est pas la révolution contre cette dictature mais le non accomplissement des objectifs de cette révolution qui a chassé Ben Ali et son entourage, sans réussir à détruire les fondements de son système. Le plus grand acquis de cette révolution ce sont les libertés arrachées avant que les rapaces qui ont récupéré la révolution, sans y avoir participé, n’accèdent au pouvoir pour la détourner de ses objectifs et sauver ce qu’ils peuvent du système, en le détournant à leurs profits, que ce soit pour remettre en cause les acquis modernes de la Tunisie et réaliser leur projet théocratique, ou simplement pour faire fortune et s’emparer de tous les pouvoirs au nom du peuple et de Dieu.

Pire, il suffit que les hommes de Ben Ali fassent allégeance aux nouveaux maîtres pour qu’on leur pardonne tout et qu’on les réhabilite pour profiter de leur expérience dans les manœuvres et les techniques de domination. Ainsi, le dernier secrétaire général du parti de Ben Ali, Mohamed Ghariani, fut appelé, au grand dam de nombreux dirigeants islamistes qui ont claqué la porte de leur mouvement, aux fonctions de conseiller du chef d’Ennahdha et président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi.

Répression, langue de bois et discours démagogiques

Lorsque les jeunes et les populations des quartiers et des régions victimes des injustices, des inégalités, de l’oubli et du mépris des héritiers de Ben Ali, osent manifester leur colère, comme ils peuvent, avec les moyens et la culture dont ils disposent, on leur oppose les mêmes réponses : la répression, certes, faute de moyens, moins violente que celle de la police de Ben Ali, l’appel aux milices islamistes pour soutenir les force de l’ordre comme le faisaient les milices du RCD et celles du parti de Bourguiba, la même langue de bois des discours démagogiques où le «je vous ai compris de Ben Ali» est mimé par «j’ai de la compréhension pour vos revendications» de Méchichi, le louvoiement, etc. L’un des acquis de la révolution est que la population ne se laisse plus intimider et tient tête aux pouvoirs, quels qu’ils soient et quelle que soit leur idéologie; la force de l’insoumission a remplacé «la force de l’obéissance». J’espère que les jeunes d’aujourd’hui et les acteurs des actuels soulèvements sauront préserver leur mouvement des tentatives de récupération et/ou détournement de leurs objectifs. Pour cela, ils doivent occuper la place qui leur revient dans les instances qui auront à décider des réponses à leurs revendications. Il est évident que les représentations en place, à quelque niveau que ce soit, et en premier lieu l’Assemblée qui ne représente que les intérêts des lobbys et des puissances dont dépendent les principaux groupes qui la dominent, ne peuvent apporter des solutions à leurs problèmes et aux problèmes du pays. S’il y a un véritable dialogue national, ils doivent l’investir pour éviter qu’il ne soit une nouvelle occasion de sauver le système et ceux qui en tirent les ficelles et pour faire adopter les mesures économiques et sociales urgentes qu’exigent la situation à l’origine du mouvement social actuel. Ils doivent y occuper la place qui leur revient pour que ce soit l’occasion de refonder le contrat social dans le sens de répondre aux aspirations sociales et démocratiques qui ont porté la révolution de 2010-2011, de réviser la constitution pour au moins mettre fin au système hybride qui paralyse le pays et les autres incohérences, de modifier la loi électorale sans revenir à la majorité absolue à deux tours, de mettre en place la Cour Constitutionnelle, de tirer les conséquences qui s’imposent judiciairement du rapport de la Cours des comptes concernant les dernières élections, etc. Ce sont là les des objectifs à atteindre dans les plus brefs délais, avant l’organisation de nouvelles élections.

 

Cet extrait est tiré de l’étude portant sur les Facteurs de radicalisation dans les zones frontalières du Sénégal (Vélingara) et de la République de Guinée (Labé), parue en Novembre 2018 en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer. Ce rapport d’enquête CAP met en exergue les facteurs qui peuvent pousser les jeunes à la radicalisation dans ces zones éloignées des centres de décision : pauvreté, chômage et exclusion sociale essentiellement et dans une moindre mesure, Internet comme canal de radicalisation juvénile.

https://timbuktu-institute.org/media/attachments/2020/10/24/timbuktu-kas-rapport-novembre-2018.pdf

 

PARTIE II : PERCEPTIONS SUR LES FACTEURS DE RADICALISATION : LA PRECARITE REVIENT ET LAISSE PEU DE PLACE A INTERNET

Au-delà de la difficulté que posent les précautions conceptuelles relatives à la distinction entre radicalisation et extrémisme violent, les jeunes pointent du doigt un certain nombre de réalités sociales qui seraient porteuses de germes de radicalisme religieux à long terme. La constance de la trilogie « chômage-pauvreté-exclusion sociale » dans plusieurs travaux s’intéressant aux facteurs de radicalisation, y compris dans celui-ci, est frappante et pose en même temps, le débat sur l’application effective des politiques publiques existantes. En effet, les frustrations socioéconomiques auxquelles font face les jeunesses africaines, participeraient grandement à leur radicalité, laquelle est, dans un premier temps, un moyen de donner sens à une existence peu valorisée par les rouages des systèmes en place avant l’extériorisation de cette frustration par de la violence. Par ailleurs, les progrès que les technologies de l’information et de la communication ont enregistrés ces dernières décennies, notamment internet, ont facilité la propagation des exactions des groupes terroristes sur la toile. Ce qui est dans une moindre mesure un canal de radicalisation, de recrutement de candidats au « djihad » et de terrorisme in fine.

  1. LA PRECARITE COMME FACTEUR DE BASCULEMENT DANS LA RADICALISATION : LE TRIO CHOMAGE, PAUVRETE ET EXCLUSION SOCIALE IDENTIFIE PAR LES JEUNES

De prime abord, la question des facteurs de radicalisation est fondamentale pour mieux comprendre le phénomène. Les organisations internationales, régionales comme sous régionales, de même que les Etats et instituts de recherche l’ont bien comprise et s’intéressent davantage à ces facteurs. Le regard extérieur pourrait trouver comme arguments explicatifs le fanatisme religieux, le manque d’éducation, l’ignorance entre autres sans creuser le questionnement sur le rôle que pourraient jouer les déterminants socioéconomiques. Tel est le cas de ce haut dignitaire religieux vélingarois pour qui « l’ignorant est plus exposé à la radicalisation que les autres », argument réconforté par celui de ce responsable administratif qui fustige l’ignorance comme étant « la cause de la radicalisation et qui en est elle- même l’élément moteur ». Pourtant, à y regarder de plus près, la radicalisation serait, selon une vision introspective des jeunes, un moyen d’expression des frustrations socioéconomiques. Le mal des centres urbains africains (chômage et pauvreté), comme on a pu le relever lors de l’enquête de la banlieue dakaroise, se fait ressentir dans les zones frontalières très éloignées des centres de décision, peu lotis en termes d’infrastructures et difficiles d’accès. C’est du moins ce que les jeunes affirment très souvent lorsqu’on les interpelle sur cette question. Selon un rapport du Bureau Régional de la Planification et du Développement de Labé publié en novembre 2008, intitulé « Monographie de la Région Administrative de Labé », 65% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quant au taux de chômage, il est rare d’obtenir des informations fiables renseignant sur cette réalité sociale. Toutefois, le Questionnaire sur les Indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB) du même rapport indique que 5,4% de la population sont considérés comme chômeurs. De l’autre côté de la frontière, à Vélingara, la deuxième enquête de suivi de la pauvreté, place la région de Kolda à laquelle est rattachée le département de Vélingara au sommet des taux de pauvreté les plus élevés du Sénégal (76,6%). Le taux de chômage, lui, est le 2ème le plus élevé (38,8%) après celui de la région de Matam qui est de 54,2%. Dans les cas spécifiques des deux villes ciblées par cette recherche, la pauvreté et le chômage constituent de véritables difficultés ressenties comme invincibles et exposant les jeunes, au banditisme, à la criminalité, voire au radicalisme. Ainsi, interrogés sur les facteurs motivant la radicalisation chez les jeunes, l’écrasante majorité pointe du doigt le chômage (33,3% à Labé et 34,6% à Vélingara) et la pauvreté (30,4% à Labé et 37,4% à Vélingara). L’exclusion sociale arrive en troisième position avec respectivement 11,2 et 9,8% à Labé et à Vélingara.

Il en était de même d’une série d’études de perception menée par Timbuktu Institute sur cette même problématique où les populations sondées évoquaient quasi systématiquement ces mêmes causes. À l’aune de ces tendances récurrentes « chômage, pauvreté et exclusion sociale », ce trio commence à s’ériger en principe tellement il devient un réflexe chez la frange jeune. Le croisement entre motifs de radicalisation et activité professionnelle exercée, place les étudiants et élèves comme catégories ciblant plus le chômage. L’endoctrinement, la question de l’interprétation des textes arrivent pratiquement en dernière position puisqu’ils capitalisent 8,5% et 8,6% à Labé et 6,8 et 4,9% à Vélingara. Cette dernière serait, dans le contexte sénégalo-guinéen, marginalement fruit d’un endoctrinement et principalement moyen d’assouvir l’expression des frustrations socioéconomiques auxquelles font face les jeunes. Au-delà des facteurs que l’on pourrait qualifier de vivants, émerge internet qui, bien que virtuel, contribuerait à la radicalisation juvénile.

  1. INTERNET, ARME A DOUBLE TRANCHANT, ENTRE SOURCE DE CONNAISSANCES ET « FACTEUR DE RADICALISATION »

Depuis les années 70, les progrès enregistrés par les technologies de l’information et de la communication ont propulsé au-devant de la scène une palette d’innovations au bénéfice des usagers d’internet. Aujourd’hui, la connexion au « net » - avec la variété d’informations qu’il met à la disposition du public, de contenus, de modes de socialisation entre individus même de continents différents – est devenu un phénomène en vogue auxquelles jeunes se sont conformés aisément.

Cet accès facile au réseau existe même dans les localités les plus reculées des pays en développement. Labé de la Guinée Conakry et Vélingara du Sénégal n’échappent pas à la réalité de la connexion à cet outil virtuel et les jeunes confirment, avec fierté, son utilisation à 81% pour le premier et à 77% pour le second.

L’usage en soi n’inquiète nullement à partir du moment où il rentre dans le cadre de la consommation normale de ce produit de la mondialisation. Il n’est pas curieux de savoir que certains en font même une « référence en matière de connaissance religieuse » (4,5% à Labé et 6% à Vélingara) après avoir désigné l’imam, les maîtres coraniques et les guides religieux. Ces trois figures constituent des références charismatiques chez les populations malgré l’emprise du numérique sur le contact physique (Cf : Graphique sur les références en matière religieuse). Toutefois, en tant qu’outil ayant ses avantages et ses inconvénients, il peut avoir consécutivement une influence remarquable parfois nuisible pour les phénomènes sociaux. C’est en ce sens qu’un maître coranique de Vélingara soutenait que « les réseaux sociaux ont beaucoup façonné le comportement des gens ». À titre d’exemple, nombre d’individus ont vécu à un moment donné de leur vie un sentiment de vexation après lecture d’un article en ligne, le visionnage d’une image sur un sujet déterminé ou même en avoir des échos par le truchement de personnes ayant été en contact direct avec l’information. Transposé sur le terrain de l’extrémisme religieux, le contact intensif avec du contenu radical, véhiculant une idéologie radicale et incitant à la violence, est-il un moyen de fabriquer des terroristes proprement dits ou un simple facilitateur d’extrémisme ? Si certains chercheurs considèrent qu’il en est un élément moteur, thèse à laquelle les populations interrogées adhèrent majoritairement (55% à Labé et 61% à Vélingara), d’autres pensent le contraire en refusant toute idée de « cyber-radicalisation ».

La recherche d’un compromis devient ainsi une nécessité face à l’urgence de la situation. C’est du moins ce que proposait Benjamin Ducol qui blâmait quelque peu la binarité du débat sur le rôle d’internet dans la radicalisation des jeunes en soutenant que : « Internet joue un rôle mais pas toujours prépondérant. Il peut intervenir dès le début du processus de radicalisation, pour des jeunes en quête d’informations, ou dans un deuxième temps, pour confirmer des convictions naissantes ou nouer des contacts ». Ainsi, la cyber-radicalisation est une réalité qui ne peut être niée. Cependant, des programmes d’éducation aux médias méritent d’être mis en place pour une meilleure prévention de ces fléaux sociaux plutôt que d’investir dans des solutions exclusivement militaires.

As part of supporting efforts for a communication strategy and the development of an Action Plan for further civil-military dialogue in areas affected by the Boko Haram abuses, the director of the Timbuktu Institute, Dr. Bakary Sambe, conducted consultations in Diffa (Niger) and MaIduguri in Borno State, (Nigeria).
 
The consultation session in Diffa, whose working language was French, brought together religious and traditional leaders from Cameroon, Niger and Chad from different affected areas. The other session held in Maiduguri in Northeastern Nigeria, again with the support of UNDP, brought together ulemas, Muslim scholars, youth representatives and women's organizations who reiterated their commitment to engage in dialogue and sensitization activities in their communities.

These consultations were part of the implementation of Pillar 8 of the Lake Chad Basin Regional Stabilization Strategy for the Prevention of Violent Extremism supported by the United Nations Development Programme (UNDP). 
 
It should be recalled that in this framework, the UNDP is providing significant support to the Chad Basin Commission (LCBC) and also to the Multi-National Joint Task Force (MNJTF), as well as supporting the African Union in its efforts in the region.

A holistic approach based on the credibility of interlocutors
 
The overall objective of these consultation workshops, facilitated by the director of the Timbuktu institute, was to conduct closed community sessions for the drafting of the civil-military action plan on strategic communication for the prevention of violent extremism. 
 
It was through a dialogue between community representatives from the affected areas discussing, among other things, the role of military actors, exploring possibilities for cooperation through dialogue and sharing experiences in a frank manner, and proposing operational recommendations.  

These consultations, conducted in an inclusive manner, presented the experiences and direct knowledge of the affected regions on the challenges and opportunities for collaboration with military and law enforcement actors to combat violent extremism in the Lake Chad Basin.

The open dialogue and inclusive discussions identified important avenues for revitalizing and strengthening networks of local chiefs and traditional leaders in the affected regions for effective communication and information sharing to prevent violent extremism through effective communication with communities against extremist and violent ideologies.

"This initiative is a real innovation in terms of community involvement and the valorization of endogenous strategies"
Bakary Sambe, director of the Timbuktu Institute, which has developed several counter-narrative strategies and initiatives to prevent violent extremism in both the Sahel and the Lake Chad Basin, said the UNDP approach could inspire some Sahelian countries. 
 
According to him, "the originality of this innovative approach through UNDP's mobilization and engagement with states and communities was to leverage the input, contributions and social legitimacy of community leaders in the prevention of violent extremism. This approach, which should enable significant progress in the medium term, was above all based on a methodology that takes full account of endogenous cultural resources in order to facilitate their subsequent appropriation and acceptance by the communities".
 
 

Il y a quelques semaines, l’Ambassadeur des Emirats Arabes Unis a été accueilli dans les locaux du Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies, en présence du Ministre Conseiller du Président de la République, Abdoul Aziz Mbaye, deux représentants des Forces de défense et de sécurité.

Cette visite a été l’occasion, pour son Excellence Al Harbi, d’évoquer l'expérience émiratie dans la lutte contre le terrorisme, mettant l'accent sur le rôle pionnier joué par le Centre Hedaya d'Abu Dhabi dans ce domaine mais aussi d'autres structures telles que le Sawab Center. Il était longuement revenu sur la qualité des relations de coopération entre la République du Sénégal et les Émirats Arabes Unis dans ce domaine et d'autres. 

Ce jeudi 14 janvier, une délégation du Timbuktu Institute s’est rendue en visite officielle à l’Ambassade des Émirats Arabes Unis, pour une visite auprès de Son Excellence Monsieur Ali ALHARBI.  A l’occasion de cette nouvelle année 2021, le Docteur Bakary Sambe a tenu à saisir l'opportunité pour réitérer la volonté du Timbuktu Institute de travailler en étroite collaboration avec les Emirats arabes unis. Le directeur de l’institut a rappelé les axes de son organisation, notamment la promotion de la culture de la paix et la prévention des conflits.

 

A cet effet, la visite à l’Ambassade des Émirats Arabes Unies fut un moment privilégié de pouvoir cerner tous les enjeux et les dynamiques régionales ainsi que plusieurs autres questions d’intérêt commun.

 

(compte rendu de Constance WYBO, stagiaire Stratégie et sécurité internationale)

Entre le « vent de sable » sahélien et la tempête de mer à venir sur les côtes ouest-africaines, on voit déjà se dessiner le débordement des épicentres et une conquête acharnée de nouveaux territoires insoupçonnés du Djihadisme aussi bien dans les grands lacs qu’au Mozambique Le vent de sable sahélien ne doit pas fermer les yeux sur le mal de mer à venir. Va-t-on vers des liaisons dangereuses plus affirmées entre crime organisé et terrorisme sur les côtes ouest-africaines avec le glissement des théâtres d’opération dans un contexte où l’Est du continent connaît une montée inattendue du djihadisme? 

Des pays comme le Bénin, le Togo voire le Ghana sont déjà conscients de l’ampleur grandissante du terrorisme qui, en réalité, a déjà traversé leurs frontières. Même si la menace d'une radicalisation locale est pour l’heure limitée, les recrutements de terroristes se multiplient avec des jeunes Ghanéens ayant rejoint Daech dès 2015. Les récents conflits armés dans lé région (Sierra Leone, Libéria) facilitent la circulation des armes dans un contexte de porosité des frontières et des arsenaux encore intacts aux mains d’acteurs transnationaux jamais aussi mobiles. Rien qu’à partir du Ghana, plus de 80 points d’incursions hors contrôle le long des frontières du Togo, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire font, aujourd’hui, de l’accès des groupes terroristes à la mer une réalité probante. Le spectaculaire incident d'enlèvement d’étrangers en 2019 au Bénin devient aujourd’hui anecdotique avec la récurrence d’arrestations d’individus armés en provenance du Burkina Faso au Togo de même que le démantèlement de cellules terroristes dans ce pays. La connexion entre réseaux terroristes et criminels depuis les couloirs sahéliens avec les cartels sud-américains fait planer le risque d’une aggravation de l’insécurité. D’ailleurs, aussi bien les Etats-Unis que l’Union européenne se sont déjà ouvertement engagés dans la prévention d’une telle situation tandis que ces mêmes pays côtiers sollicitent l’appui des instances internationales de lutte contre le terrorisme pour parer à toute éventualité. Si ce n’est déjà un peu tard !

La conquête de l’Afrique ou le retour de l’Histoire ?

De la même manière qu’une approche géopolitique occidentale dominante dans les années 80 avait induit vers l’erreur d’une dissociation paradigmatique entre espaces subsahariens et le Nord du Sahara au prix d’une surprise sécuritaire dont on n’est toujours pas sorti, l’on a semblé négliger le fait que l’Afrique de l’Est et du Sud étaient depuis le Moyen-Age, la terre de prédilection des conquêtes et des incursions musulmanes. On s’étonne de voir la province du Cabo Del Gado devenir un nouveau théâtre d’une insurrection qui n’est qu’à ses débuts en oubliant que déjà à l’époque de Vasco de Gama, un certain souverain Musa Bin Bique avait donné son nom à ce sultanat musulman de l’île de Mozambique puis à ce pays bien avant l’établissement tardif des Portugais en 1544. Nul ne sait autant que les théoriciens de Daech jouer des symboles ou des narratives de conquête. L’organe de propagande de l’Etat islamique, Al-Naba, fait état, dans ces récentes parutions essentiellement consacrées à l’Afrique, de l’insurrection au Cabo del Gado comme nouveau refuge des groupes terroristes vaincus ou affaiblis au Levant. Ni le Mozambique ni la communauté internationale n’avait prévu une telle insurrection avec une charge religieuse catalysant revendications et frustrations de divers ordres. Devant l’ampleur du phénomène les analystes divergent sur l’origine d’une telle situation en évoquant, pour certains, des Chebabs sanctuarisés en RDC recrutant au Burundi, au Rwanda et en Ouganda tandis que d’autres y signalent l’afflux d’ouest-africains de pays majoritairement musulmans et de la diaspora. Ils se seraient radicalisés à partir de divers terrains du djihadisme en Afrique mais aussi en Europe.

La situation si floue au Mozambique risque de devenir encore plus complexe avec une dimension transnationale mobilisant de fortes minorités musulmanes dans les Grands Lacs et profitant, de plus en plus, de la multiplication des zones d’instabilité, attirant les éléments des anciennes rébellions dont ceux de Hussein Rajabou au Burundi aux insurgés en Républque Démocratique du Congo.

Conquistadors et Eldorado : l’Afrique ; une plateforme multifonctionnelle du terrorisme mondial

Dans ce contexte où l’Etat islamique cherche un plus solide ancrage territorial et des alliances au sein de la population du Cabo Del Gado, les théoriciens de Daech continueront de surfer sur la rhétorique de communautés musulmanes qui seraient « opprimées » dans des pays de forte « culture chrétienne » comme le Mozambique. Des éléments originaires de divers pays d’Afrique de l’Est et même de l’Ouest s’y étaient déjà improvisés en filiale de Daech en 2017. Des pays comme la Tanzanie ayant connu, bien avant le Mozambique, des attentats et des incursions périodiques des Shebabs semblent sont aujourd’hui, certes, préoccupés par cette situation sécuritaire tout en évitant de devenir un front ou un sanctuaire en cas d’intervention régionale ou internationale

Les Grands Lacs ne sont pas en reste avec des incidents récurrents ; signe de la montée du péril djihadiste dans cette région déjà en proie à d’interminables conflits. A partir des attaques d’avril 2018 ayant coûté la vie à plus de 8 militaires et d’autres civiles dans la zone de Kamango au Nord Kivu près de la frontière congolo-ougandaise et incursions contre la base de Bovata, Daech y avait déjà annoncé la naissance de la « Province d’Afrique centrale ». Depuis, les Forces démocratique Alliées (FDA), au Congo, revendiquent le statut de faction de l’Etat islamique qui compte, ainsi, s’étaler de la Somalie au Mali après avoir été filiale d’Al-Qaida dans la région. L’arrestation en 2018 de Walid Zein et de Halima Adan qui ont établi, à partir de la région, un vaste réseau complexe de facilitation financière de l’Etat islamique couvrant l'Europe, le Moyen-Orient, les Amériques et l'Afrique de l'Est est un des signes d’un nouveau statut multifonctionnel de l’Afrique comme plateforme incontournable dans l’attelage du terrorisme international.

Cette dynamique sans commune mesure inaugure une nouvelle ère : la transformation progressive des zones de conflits d’Afrique centrale riches en minerais et politiquement instables en véritable eldorado du financement du terrorisme mondial. Une africanisation du Djihad à l’heure d’une mondialisation des vulnérabilités dans un contexte post-covid19 avec son lot de populisme et de surenchères identitaires qui n’augurent en rien d’une stabilité régionale encore moins d’une hypothétique victoire contre le terrorisme international.

Dr. Bakary SAMBE

Directeur du Timbuktu institute-African Center for Peace studies - Dakar

Dans une récente interview avec « Philosophie magazine », l'historien et penseur français Marcel Gauchet déconstruit l'idée communément admise de « l'exception arabe » dans le processus de sécularisation planétaire.  

Pour Gauchet, le monde arabe est traversé  par les mêmes dynamiques de modernisation culturelle et sociale qui ont marqué le parcours des sociétés occidentales. La rationalité scientifique, la gouvernance techno- économique, le positivisme juridique sont les points saillants de cette évolution constante vers le mode de sécularisation portée par le mouvement de la mondialisation. 

La remarque de Gauchet s'inscrit dans le débat passionné qui agite actuellement les milieux intellectuels et politiques français. 

L'idée en vogue dans ces milieux est celle de la consubstantialité du religieux, du juridique et du politique en islam, ce qui entraverait objectivement les opportunités de modernisation séculière dans les sociétés arabes à majorité musulmane. 

Deux versions de cette assertion sont à distinguer ici : une version savante qui puise sa teneur argumentative du corpus doctrinal islamique classique appréhendé à l'aune des systèmes juridiques formels contemporains, et une version idéologique qui met l'accent sur les déboires de l'islamisme radical considéré comme la quintessence même de l'islam comme religion et structure dogmatique. 

Pour les tenants de la version savante, la spécificité de l'islam dans la tradition monothéiste relève de son fondement normatif juridique qui détermine même sa configuration théologique : Dieu est avant tout le souverain suprême qui impose sa volonté absolue par ses prescriptions sacrées à ses créatures serviles. L'islam, selon cette approche, serait une orthopraxie axée sur des pratiques régulées et non une théologie ou une éthique humaniste. 

La rationalité scientifique, la gouvernance techno- économique, le positivisme juridique sont les points saillants de cette évolution constante vers le mode de sécularisation portée par le mouvement de la mondialisation

Cette conception du juridico - politique en islam est une construction théorique tardive, influencée par la vision moderne du droit positif comme émanation d'un pouvoir souverain (en l'occurrence l'Etat-  Nation). Les études monumentales de Wael Hallaq sur l'histoire du Fiqh islamique ont mis en évidence que le système normatif islamique classique ne répond nullement aux critères du droit moderne, on peut même le concevoir comme un anti-juridisme dans la mesure où la souveraineté divine ne peut-être objectivée dans des lois formelles ou positives. Le normatif dans l'islam classique est plus une visée éthique, des impératifs absolus à traduire dans l'économie de la praxis  humaine, qu'un corpus réglementaire ou un code juridique. De ce fait, Hallaq parlait à propos de ce qu'on nomme habituellement  « l'état islamique » d'un « impossible state ». 

La version idéologique de la théorie du caractère juridico- politique de l'islam est le point de jonction entre les courants d'islam politique et la nouvelle islamophobie raciste qui réduit l'islam à ses pires et plus radicales déviances. 

Le nœud conceptuel des tendances d'islam politique pourrait être résumé par la célèbre formule de Hassan Al- Banna, fondateur du mouvement des frères musulmans, pour qui « l'islam est à la fois une religion et un état, un livre révélé et un sabre ». Cette formule réélaborée et réinvestie en théorie de légitimité politique est la source profonde et ultime des sectarismes radicaux qui ont dévasté le monde arabe ces dernières décennies. Bien qu'elle fût dénoncée et récusée par la majorité absolue des grands érudits et spécialistes de l'islam dès sa première énonciation, cette formule continue à être la pièce maîtresse du discours  haineux sur l'islam . 

De par sa profession de foi idéologique même, l'islamisme radical est une illustration claire de l'effet de sécularisation sur le champ religieux, il traduit le phénomène moderne  de privatisation, d'individualisation, bien qu'il soit une tentative de transfert de la spiritualité islamique en idéologie de  combat ou de pouvoir. 

La résurgence du religieux dans ses formes multiples actuelles (communautaire ou identitaire, radical ou violent ...) n'est pas spécifique aux sociétés arabo - islamiques, bien que les crises structurelles dont souffrent ces sociétés se traduisent souvent dans le champ religieux. Les enquêtes et recherches anthropologiques ont largement démontré que le transcendant, le sacré, la communion ne sont pas l'apanage exclusif des religions ; ils sont les racines même du lien social et peuvent être malléables et manipulables dans diverses directions. 

Dans la dynamique de mondialisation actuelle, les formes ravivées du religieux sont à cerner comme l'autre face de la logique d'uniformisation, de globalisation planétaire qui nourrit et attise les demandes identitaires comme blocs de subjectivité différenciée. 

Le radicalisme religieux dans le contexte arabo-musulman ne résulte donc ni d'une tradition scripturaire ou normative originelle, ni d'un imaginaire culturel initial, elle est plutôt l'effet  d'une conscience malheureuse en rupture avec les fonds spirituels et éthiques de l'islam classique. C'est dans ce sens qu'il est une consécration notoire de la dynamique même de sécularisation dans sa face sombre.  

Seyid Ould Abah est professeur de philosophie et sciences sociales à l'université de Nouakchott, Mauritanie, et chroniqueur dans plusieurs médias. Il est l'auteur de plusieurs livres de philosophie et pensée politique et stratégique.

 

Seyid Ould Abah est professeur de philosophie et sciences sociales à l'université de Nouakchott, Mauritanie, et chroniqueur dans plusieurs médias. Il est l'auteur de plusieurs livres de philosophie et pensée politique et stratégique.

Docteur Bacary Sambe, le directeur de Timbuktu Institute, a porté à Mbour, pendant week-end, le plaidoyer de la valorisation des écrits des intellectuels et écrivains sénégalais en langue arabe. Il a en plus demandé au Chef de l’Etat la réouverture de la section de l’école nationale d’administration pour les arabisants. Son vœu a été fait lors de la cérémonie de dédicace du livre titré ‘’Laxas’ ’en wolof et écrit par l’imam Maodo Malick Fall de la zawiya El Hadji Malick Sy de Mbour.

L’ouvrage retrace son itinéraire du Sénégal en Egypte en passant par le Niger, le Burkina-Faso et la Tunisie. Cette volonté a abouti en Egypte où il a parfait ses études à Al Azhar. Le directeur de Timbuktu Institute a facilité l’édition de cet ouvrage à Timbuktu Institute et au Caire.

A l’en croire, cela participe à la valorisation du patrimoine et des intellectuels de langue arabe. Par la même occasion il y voit une magnification de la culture. Revenant sur l’essence de la publication dite ‘’ Laxas’’, Docteur Sambe dira :’’l’ouvrage vient expliquer le sacrifice d’un fils de Mbour, qui, à l’absence d’une bourse d’études, a migré par voie terrestre traversant le désert du Sahara et plusieurs pays pour aller à la découverte et à la quête du savoir.’’ Aujourd’hui, les données sont autres. De nombreux jeunes ouest-africains font des odyssées macabres pour des raisons économiques à travers l’émigration clandestine vers l’Europe .

Selon lui, l’auteur, au prix de mille sacrifices, a enduré beaucoup de difficultés et peines. Il a invité les jeunes à apprendre de son expérience et à en faire un gouvernail. Son périple des années 1970-1980 n’a pas été facile car à l’époque, traverser les frontières et braver certains défis n’étaient pas faciles à faire. Sur un autre registre, Bacary Samb a fait une demande au Chef de l’Etat et aux autorités sénégalaises du pays pour la réouverture de la section des arabisants à l’Ecole nationale d’administration. Cela, pour lui, est une opportunité et va participer à la formation des diplomates en langue arabe et d’une représentation dans le monde arabe. Mouhamed Bachir Fall, fils de l’auteur de ‘’Laxas ‘’ a insisté sur l’itinéraire de son père revenu au Sénégal en 1985 pour exercer les fonctions d’imam et d’éducateur jusqu’à nos jours à la zawiya El Hadji Malick Sy de Mbour.

Le retour d’Egypte a été activé par des raisons de santé .L’ouvrage ‘’Laxas a attendu avant d’être publié car était écrit en arabe. La première mouture du manuscrit est faite en arabe pour être traduite en français et éditée par le concours de Bacary Sambe avec Timbuktu Editions au Caire (Egypte).

Source: Sud Quotidien

MEDI1TV et Radio Méditerranée Internationale (Medi1 radio), dans un communiqué parvenu ce mercredi à APA, annoncent avoir noué un partenariat avec Timbuktu Institute pour valoriser l’expertise africaine dans l’analyse de l’actualité continentale et internationale.Ce partenariat se matérialisera par la contribution des chercheurs du Timbuktu Institute dans les carrefours d’information des antennes de Medi1 (radio et télévision), ainsi que sur l’ensemble de ses plateformes digitales, informe le document.

À cet effet, souligne la note, le canal MEDI1TV Afrique, la chaine panafricaine disponible sur le satellite et le bouquet Canal+ Afrique, lance un nouveau rendez-vous dénommé « l’Hebdo Africain ». Le Directeur du Timbuktu Institute, Dr Bakary Sambe, y exposera, chaque mercredi, les perspectives d’une thématique d’actualité sur le continent lors d’un entretien hebdomadaire.

Medi1 radio et Medi1TV feront aussi régulièrement appel à l’ensemble des chercheurs du Timbuktu Institute, basés dans les capitales d’Afrique de l’Ouest, afin de mieux appréhender les questions économiques, politiques et sociales d’un continent en pleine croissance et transformation, ajoute le communiqué.

Pour Bakary Sambe, cité dans le communiqué, « cette coopération interafricaine marque une reprise de parole de l’Afrique sur elle-même et en dialogue avec les autres, elle donnera une forte visibilité à nos travaux et nos chercheurs pour un débat encore plus profond dans l’espace public ».

« Assumant pleinement leur vocation africaine, Medi1 radio et MEDI1TV ouvrent de nouvelles perspectives de coopération, mutuellement bénéfiques avec les acteurs majeurs de la recherche africaine, qui marquent un intérêt continu et une implication substantielle en faveur du progrès de notre continent, au bénéfice de nos auditeurs en Afrique et ailleurs », a déclaré de son côté le Président Directeur Général de Medi1 radio et de MEDI1TV, Hassan Khiyar.

 

Convaincu de la densité des échanges culturels entre la France et les pays Sahel, Timbuktu Institute et Polaris Asso, deux organisations africaines oeuvrant pour la promotion de la culture de la paix et l’autonomisation des jeunes, se sont alliés avec l’association française Article 1 pour célébrer chaque année la Journée Mondiale de l’Égalité des Chances - JMEC - depuis 2019.

Après une première édition réussie en 2019, à Dakar, Timbuktu Institute et Polaris Asso étendent le périmètre d’action à Bamako, avec le soutien de l’Ambassade de France au Mali par le biais de son service de Coopération et d’Action culturelle. 

Cette première édition de la Journée Mondiale de l'Égalité des Chances s’est tenue au Centre Culturel BlonBa, en la présence de SEM le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Mossa Ag Attaher, de Monsieur Didier Maze, 1er Conseiller à l’Ambassade de France au Mali et du Docteur Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute.

Un accompagnement de 12 mois offert aux lauréats

En marge de la Journée Mondiale de l'Égalité des Chances, 20 jeunes leaders associatifs de Bamako ont été sélectionnés sur plus de 240 candidatures. Ces derniers vont bénéficier, sur une période de 12 mois, d’un programme de renforcement de capacités. Cet accompagnement va mixer des enseignements en ligne et physique et portera sur des modules relatifs à l’entrepreneuriat, à la construction de la paix, aux soft skills, à la communication numérique, au leadership, etc.

Pour Ousseynou Gueye, responsable des programmes jeunesse de Timbuktu Institute et animateur de cette cohorte de jeunes leaders, l’objectif est qu’à la fin de ce programme de formation, les jeunes soient davantage outillés pour faire passer à l’échelle leur projet entrepreneurial et ainsi avoir plus d’impact au sein de leur communauté.

Un plaidoyer impulsé à l’échelle mondiale par l’association française Article 1

La Journée Mondiale de l'Égalité des Chances qui en est à sa 6ème édition est une initiative de l’association française porté au sein de son programme Different Leaders. Cette année, elle a été célébrée dans plus de 50 villes et une dizaine de pays à travers le monde.

Faciliter la réussite académique ou professionnelle des jeunes de milieux modestes ; interpeller les décisionnaires des secteurs public et privé sur leur responsabilité en la matière ; se former ; s’engager … voilà, entre autres, les objectifs assignés à cette journée qui chaque année, conquiert de nouveaux pays et villes.

Timbuktu Institute et Polaris Association se sont engagés à faire passer l’initiative, progressivement, à l’échelle régionale du Sahel.