Dans le cadre de la préparation du Forum Mondial sur le Contre-terrorisme (Global Counterterrorism Forum), Timbuktu Institute a été invité, par le biais de l’Ambassade des Etats-Unis à Dakar, à prendre part au lancement d’une initiative mondiale sur le phénomène du terrorisme d’origine nationale (homegrown terrorism).

Dr. Bakary Sambe a rappelé durant les débats avec des experts et délégations internationales que « la prévention de l’extrémisme violent en amont par l’éducation et la justice sociale est beaucoup plus judicieux que de se lancer dans des surenchères militaires qui seront contre productives à long terme come l’ont montré les expériences d’Afghanistan, de l’Irak ainsi que le peu de succès des opérations militaires en cours dans le Sahel ».

Il s’est prononcé, dans un entretien accordé à notre rédaction, sur les principaux axes du Forum international de Dakar, sur la paix et la Sécurité qui vient de se tenir à Dakar avec, selon lui, « une certaine orientation vers les solutions sécuritaires ».

Durant cette rencontre annuelle qui en est à sa quatrième édition, certains chefs d’Etats ont insisté sur la riposte militaire dans un contexte où le G5 Sahel tend à opérationnaliser sa force régionale.

« Les questions stratégiques doivent être l’objet de débats contradictoires impliquant les chercheurs au-delà des grands-messes diplomatico-protocolaires qui ne libèrent pas la parole et l’autocritique », soutient le directeur du Timbuktu Institute.

Pour Bakary Sambe, « Le G5 Sahel est d’une importance capitale dans la configuration actuelle mais il faut reconnaître l’appui conséquent des Nations Unies aux initiatives régionales malgré les efforts qui restent à faire. Cependant, rappelle t-il,  voir la lutte contre le terrorisme sous le seul angle de la riposte militaire relève d’une absence de vision à long terme ».

« Si j’étais invité au Forum de Dakar, poursuit Sambe, j’aurais fait entendre cette opinion que partagent nombre d’experts parmi ceux présents à cette rencontre de haut niveau qui se tient ici à Malte. Car, le terrorisme du futur impose un changement de paradigmes et les critiques sur les opérations de maintien de la paix et leur caractère inadapté valent aussi pour les approches sécuritaires et militaires que préconisent certains Etats », insiste-t-il.

D’après l’expert sénégalais des questions d’extrémisme violent et des réseaux transnationaux dans le Sahel qui coordonne l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, «  il est grand temps que, dans le cadre de débats contradictoires ouverts aux chercheurs, ce Forum de Dakar se tourne plus vers la réflexion stratégique et surtout la prospective à un moment important où nous ferons de plus en plus face au phénomène du homegrown terrorism »

La thématique du terrorisme d’origine nationale est au cœur de la rencontre regroupant les plus grands experts internationaux qui se déroule présentement à Malte sur initiative des Etats-Unis et du Maroc.

Actuellement, selon Dr. Bakary Sambe, « il faut que les Etats africains et du Sahel s’associent à la réflexion globale sur le terrorisme d’origine nationale ainsi que les facteurs qui conduisent des individus à prendre part à des attaques terroristes où à les soutenir de l’intérieur des pays concernés ».

Cette nouvelle initiative co-présidée par le Maroc et les Etats-Unis, en coordination avec l’Institut International pour la justice et l’Etat de droit (IIJ) cherche à élaborer de nouvelles bonnes pratiques sur la « gestion du défi que pose le traitement du terrorisme d’origine nationale qui seront présentées au Forum Mondial sur le contre-terrorisme (GCTF) pour adoption en septembre 2018.

La Cérémonie de Clôture du Progamme Educating for Peace conduit par Timbuktu Institute avec le Soutien de l’Ambassade des Etats-Unis à Dakar aura lieu le lundi 4 décembre 2017 à 16H à la Maison de la Presse, (sise Corniche Ouest). Ce programme vient en appui aux efforts du Sénégal pour la cohésion sociale et la culture de la paix.

Conscient du rôle primordial de l’éducation dans la préservation de la paix, l’institut avait lancé ce programme il y a un an qui s’est adressé aux jeunes dans les collèges, les lycées et les universités en offrant des espaces de débats, de réflexion et de conscientisation en faveur du renforcement de la cohésion nationale.

Le Programme s’est déroulé avec une série élargie d’interventions sous forme de débats inclusifs sur la tolérance en donnant la parole aux jeunes (collégiens, lycéens, et étudiants) à travers l’organisation de discussions participatives afin de promouvoir et de renforcer la culture de la paix en s’appuyant sur les acquis considérables du Sénégal en termes de résilience communautaire.

Privilégiant la dimension participative, la cérémonie de clôture sera l’opportunité de présenter le bilan du Programme par les élèves et étudiants qui y ont participé à travers leurs réalisations en termes de messages pour la paix et contre l’extrémisme violent. Dr. Bakary Sambe, le directeur de l’Institut, y présentera une communication sur « Enjeux de la coopération entre le Sénégal et ses partenaires internationaux pour la prévention de l’extrémisme violent : quel rôle pour l’éducation ? ».

Son Excellence, Tulinabo Salama Mushingi, Ambassadeur des Etats-Unis à Dakar y prononcera une allocution en présence des autorités des autorités sénégalaises, des chefs religieux, du monde éducatif et artistique.

Lors de la cérémonie solennelle de Clôture du Programme « Educating for Peace », Tulinabo Salama Mushingi, Ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal a loué « les efforts de l’Institut Timbuktu dans la promotion des valeurs de paix »

Dans son allocution devant les jeunes étudiants sénégalais et les représentants de toutes les confréries religieuses du pays en plus du clergé, le diplomate américain est revenu sur l’action de l’Institut que dirige Dr. Bakary Sambe : « A travers l’organisation de nombreux évènements, dont celui d’aujourd’hui, l’Institut Timbuktu et l’Initiative Educating for Peace ont renforcé la notion selon laquelle l’Islam est une religion de paix ».

Soulignant la démarche novatrice de ce think tank africain, basé à Dakar, l’Ambassadeur des Etats-Unis est revenu sur l’importance du dialogue.

« En mettant l’accent sur le dialogue et l’interaction, une nouvelle génération va comprendre la valeur de l’échange – échange d’idées, de croyances et de pensées. En tant que société, nous devenons plus forts lorsque nous autorisons plusieurs voix », rappelle t-il

 Poursuivant dans le même sens il rappelle en citant le Président Kennedy : « l’un des présidents des États-Unis que je préfère, John F. Kennedy, a dit un jour: « Il nous appartient à tous d’encourager un esprit de tolérance, non seulement de la part du gouvernement, mais également entre les groupes au sein de la communauté».

 Tulinabo S. Mushingi saluant cette initiative qui a été réalisée grâce à l’appui de l’Ambassade des Etats-Unis à Dakar conclut par une analyse de l’action de Timbuktu Institute à travers ce programme : « Je trouve que c’est une description pertinente de l’Initiative Educating for Peace – il ne s’agit pas de changer l’opinion de quelqu’un, mais plutôt de comprendre la perspective d’autrui. Que ce soit à travers une vidéo sur You Tube, une marche avec des inconnus à Kaolack, un jeu avec un ou une camarade de classe à Mbour, ou un débat avec des étudiants qui ont des points de vue différents à Saint-Louis, Educating for Peace  a donné aux jeunes du Sénégal une alternative à l’idéologie extrémiste et au discours de haine ».

 Il a aussi tenu à adresser ses félicitations au Directeur de l’Institut et à ses collaborateurs en ces termes : « Aussi, je voudrais vous remercier, Dr Sambe, ainsi que vos nombreux collaborateurs et les élèves et étudiants eux-mêmes, qui ont été un élément clef de la réussite d’Educating for Peace ».

Timbuku Institute- African Center for Peace Studies et WANEP- Mali ont lancé, ce mardi, le projet de Recherche-Action sur « Contrer les risques de radicalisation violente des jeunes au Mali et au Sénégal ».

Les chercheurs maliens et Sénégalais ont salué l’appui du CRDI et « l’action du Canada en matière d’affaires étrangères et de développement investit dans le savoir, l’innovation et les solutions afin d’améliorer les conditions de vie dans les pays en développement ».

 La Cérémonie de lancement de ce projet de trois ans s’est déroulée en présence des autorités sénégalaises et des partenaires du Projet. Après l’allocution d’ouverture de Monsieur Abdoulaye Khouma représentant le Premier Ministre, Mohammed Boun Abdalla Dionne, Madame Ramata Molo Thioune,  a souligné l’engagement du CRDI à soutenir les recherches qui aident à la décision et qui éclaire les politiques publiques. Les travaux de validation ainsi que les discussions thématiques se poursuivront les 13 et 14 décembre aux Résidences Mamoune (VDN- Dakar).

La cérémonie a été rehaussée par la présence des chefs religieux de toutes confréries auprès du Conseiller technique du Ministre malien des Affaires religieuses et des personnalités de l’Eglise.

Il faut rappeler que, dans le cadre de sa mission, le CRDI apporte son soutien financier et technique à des travaux de recherche dans les pays en voie de développement en vue de « produire un changement réel et durable ». Les  savoirs endogènes ainsi produits peuvent servir d’outil pour résoudre des problèmes conjoncturels comme pour apporter des solutions durables.

Lors de l’atelier d’harmonisation méthodologique tenant lieu de lancement du Projet appuyé par le CRDI« Contrer la radicalisation violente des jeunes au Mali et au Sénégal », l’experte en Genre et Sécurité, Mme Ndèye Amy Ndiaye, chercheure associée à Timbuktu Institute a insisté sur les aspects méthodologiques et la formulation des questions de recherche.

Pour la chercheure « Étudier les phénomènes de radicalisation violente à travers le prisme du genre, c’est finalement se donner l’occasion de mieux comprendre comment ceux-ci s’implantent dans un monde social qui n’est pas vécu de la même manière par les hommes et les femmes ».

Au Mali comme au Sénégal, les jeunes sont devenus des proies faciles à tous les groupes criminels et terroristes qui s’activent dans le Sahel ces dernières années, insiste t-elle.

Dr. Ndèye Amy Ndiaye rappelle à cet effet que pour le Mali: « l’étude faite sur une population féminine moyennement jeune par Timbuktu révèle les causes principales :   47% des femmes interrogées estiment que la pauvreté alimente la radicalisation, 40% des femmes pensent que les jeunes sévissent dans la radicalisation par manque d’emploi. Le manque d’éducation 6% et l’exclusion sociale 7% viennent en dernière position »

L’experte en questions de sécurité a tenu à souligner que le projet de recherche devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la recherche et les politiques publiques de jeunesse prenant en compte.

« Contrer les risques de radicalisation violente des jeunes au Mali et au Sénégal », c’est autour de ce thème que des spécialistes de la sous-région ont tenté de comprendre les facteurs de vulnérabilité dans les zones frontalières qui poussent les jeunes à s’adonner à la violence. C’était au cours d’un atelier régional organisé par Timbuktu Institute, en partenariat avec le Wanep et le Crdi.

Les risques de radicalisation méritent une recherche anticipée de solutions. C’est dans ce cadre que Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies inscrit sa ligne d’actions. L’échec des systèmes de gouvernance et les résultats mitigés des politiques publiques dans la plupart des pays du Sahel ont donné naissance à des phénomènes de marginalisation et de paupérisation de couches vulnérables parmi lesquelles figurent les jeunes. En réponse à cette problématique, des chercheurs s’engagent avec d’autres partenaires à cerner les facteurs de basculement des jeunes dans le radicalisme.

L’atelier régional de lancement et de validation méthodologique du projet recherche-action ouvert à Dakar entre dans cette perspective. Ledit projet se déroulera sur une période de trois ans. Selon le directeur de Timbuktu Institute, Dr Bakary Sambe, cette recherche s’adresse sur les zones frontalières du Mali et du Sénégal, deux pays qui ont leurs spécificités, un d’entre eux connaît déjà le phénomène de manière très avancée et l’autre étant dans une stratégie de prévention. Pour se placer en amont de l’intervention et des mesures sécuritaires, Timbuktu Institute ou le West african network for peace (Wanep), sous la couverture de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et avec l’appui du Crdi, fait de ce projet de recherche-action un moyen de produire des connaissances mobilisables pour accompagner les politiques publiques, mais surtout de se situer dans l’action de prévention.  « Au-delà des difficultés d’ordre économique et politique qui minent la plupart des pays africains, le continent se trouve aujourd’hui confronté à un nouveau type de menace qu’est la  violence extrémiste », a expliqué le directeur de Timbuktu Institute, qui ajoute que « la porosité des frontières entre pays amplifie cette tendance lourde et fait de ce phénomène un enjeu sous-régional ». D’où l’intérêt de développer des stratégies régionales. A en croire M. Sambe, les attentats au Burkina- Faso à partir des frontières maliennes, celui au Grand-Bassam en Côte-d’Ivoire à travers les mêmes frontières maliennes ont signé la fin des exceptions en Afrique. Cet atelier régional a enregistré la présence du conseiller technique du ministre des Affaires religieuses et du Culte du Mali et du représentant du Premier ministre sénégalais.

Abdoulaye Khouma a tenu, au nom de Mahammed Boune Abdallah Dionne, à rappeler l’intérêt de notre pays pour toutes ces initiatives en faveur de la paix et du maintien du modèle de stabilisation du Sénégal. Quant à la spécialiste de programme principal au Crdi, Ramata Thioune, elle a réitéré l’engagement de son agence à poursuivre son action de soutien pour la recherche dans des domaines stratégiques dans le dessein de comprendre les facteurs de vulnérabilité dans les zones transfrontalières, à travers une approche comparative dans les deux pays concernés.

Source: le Soleil