Timbuktu Institute a procédé à la présentation de l’étude de perception sur les facteurs de radicalisation des jeunes dans les zones frontalières du Sénégal et de la Mauritanie (Rosso). Les résultats ont été présentés en présence des autorités nationales, des organisations internationales et des représentations diplomatiques.

Rappelant qu’il s’agit bien d’une étude de perception pour mieux comprendre le phénomène à partir de la vision des jeunes eux-mêmes, l’Institut a fait appel à la méthodologie de l’enquête CAP (Connaissances, Attitudes et Pratiques). Cette étude a donné des résultants plus rassurants en termes de résilience par rapport à ceux constatés lors du rapport de 2016 dans la banlieue Dakar. Il invite cependant les organes de presse à la vigilance par rapport à certains chiffres avancés et sans fondements dans ce rapport qu’il met à la disposition des chercheurs, des décideurs comme des medias pour une exploitation la plus objective et transparente.

Dans le but d’une meilleure présentation des résultats de l’étude, l’équipe a procédé à leur classification selon trois niveaux de tendances avant de formuler des recommandations opérationnelles pour mieux juguler la menace et renforcer la résilience dans cette région et au Sénégal de manière générale.

Tendances rassurantes

Malgré la transfrontalité et le voisinage immédiat d’avec la Mauritanie, les jeunes de Rosso résistent encore majoritairement à la percée des mouvements développant un discours plus ou moins radical et rejettent les discours appelant à la violence;

Les jeunes de cette localité restent très attachés, à une écrasante majorité, aux confréries soufies qui assurent un travail d’encadrement social à travers les dahiras (cellules confrériques) et autres organisations dépendantes ; ce qui expliquerait la faible présence de mouvements extrémistes;

Il découle de ces deux tendances sus-évoquées que les jeunes ont exprimé un fort rejet de l’éventualité d’un engagement dans des groupes extrémistes violents.

Tendances mitigées

Il y a une vraie méconnaissance du phénomène de l’extrémisme violent chez les jeunes de Rosso. Cela pourrait s’expliquer par un déficit d’information et un accès difficile aux médias ainsi qu’à l’absence d’actions de sensibilisation de la part de l’Etat et de la société civile.

Les mêmes signaux de vulnérabilité économique et de précarité sociale (chômage, pauvreté, exclusion sociale) notés en banlieue dakaroise lors de notre précédente étude, se retrouvent chez ces jeunes d’une localité reculée présentant toutes les caractéristiques d’une marginalisation territoriale.

Tendances préoccupantes

Le phénomène général de dualité du système éducatif sénégalais se retrouve nettement dans cette région. Cette situation fait persister un sentiment d’exclusion et de marginalisation des jeunes scolarisés dans les écoles religieuses et dans le système dit « arabo-islamique ».

Il persiste, au niveau des jeunes, une certaine inquiétude au sujet de la présence quoique timide des tendances rigoristes, de la porosité des frontières avec des passages récurrents et peu surveillés d’individus de différentes nationalités.

RECOMMANDATIONS

Au regard des données recueillies sur le terrain, des observations ainsi que des conclusions ci-dessus, l’équipe de recherche recommande de :

S’attaquer aux causes profondes de la précarité à travers une politique efficiente de promotion de l’emploi des jeunes et lutter contre le chômage en promouvant les activités génératrices de revenus notamment dans le secteur agricole et accélérer la mise sur pied d’une stratégie nationale inclusive de prévention de l’extrémisme violent.

Améliorer les conditions d’accès à l’école publique et mieux prendre en considération les écoles islamiques en y renforçant la formation, notamment, avec un volet professionnel;

Réduire les disparités socioéconomiques, les difficultés d’accès à l’information et aux médias ainsi que les facteurs de marginalisation notamment par une politique réfléchie d’aménagement du territoire prenant en compte la dimension transfrontalière;

Mener des actions de sensibilisation auprès des jeunes sur les enjeux et dangers de l’extrémisme violent et veiller à une meilleure surveillance des prédicateurs venant de pays voisins avec une implication constructive des forces de défense et de sécurité;

Impliquer davantage les chefs religieux confrériques dans le cadre d’une politique inclusive de prévention de l’extrémisme en collaboration avec le Cadre d’Intervention et de Coordination Interministériel des Opérations de lutte anti-terroriste (CICO) et les autres structures aussi bien étatiques que de la société civile.

Dakar, le 4 mai 2018

Source: xalimasn.com

Facteurs de radicalisation et perception du terrorisme dans les zones frontalières sénégalo-mauritaniennes: Cas de Rosso-Sénégal.

C'est l'intitulé du dernier rapport que vient de publier le Timbuktu Institute, un centre de recherche sur l'extrémisme violent, basé à Dakar

Ce rapport est publié au moment où une trentaine de personnes sont jugées au Sénégal pour apologie du terrorisme.

Le docteur Bakary Sambe est le Directeur de Timbuktu Institute. Il est notre invité et répond aux questions de Samba Dialimpa Badji

http://www.bbc.com/afrique/media-44026358

« Le terrorisme est une longue chaîne dont chaque maillon pris individuellement peut ne pas être simple » a déclaré Bakary Sambe, directeur de Timbuktu institute et un des réalisateurs d’une enquête au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso sur l’extrémisme violent pour le compte de l’Onudc et le Wacap.

 D’après ce spécialiste de questions terroristes, il y a un besoin de synergie entre la Société civile et les acteurs   de la chaine pénale.

« Les Etats font face à ce dilemme ou il y a d’un côté l’impératif de justice et de l’autre la nécessité de garantir la sécurité. Entre les deux, il faut un terrain d’entente.

L’étude réfléchit sur les besoins d’harmonisation des législations et préconise une forte mobilisation de la Société civile.

L’enquête appelle à une volonté à coopérer pour l’amélioration des cadres réglementaires et de mieux prendre en compte cette question du terrorisme », indique M. Sambe.

Pour le Ministre de la Justice, la Société civile est « actrice principale dans toute œuvre de sécurité, de paix et de justice ».

Ainsi, souligne le Pr Ismaïla Madior Fall, « le degré d’implication  de la Société civile dans les programme gouvernementaux de lutte, outre qu’il constitue un indicateur de conformité des Etats dans le cadre des évaluations relatives à la lutte contre le crime organisé en général et l’extrémisme violent en particulier, participe à la sensibilisation des populations »  

 

Source: www.lequotidien.sn

En février, l’Observatoire des radicalismes et des conflits religieux en Afrique a publié une étude qui alerte sur les discours des prédicateurs salafistes sur Internet et leurs stratégies d’enrôlement.

L’Observatoire des radicalismes et des conflits religieux en Afrique est un instrument de recherche-action du Timbuktu Institute-African Centre for Peace Studies, un centre de recherche qui privilégie des approches transdisciplinaires sur des questions liées au radicalisme religieux. En février, il a publié une étude sur les stratégies salafistes sur Internet au Sénégal.

Dans cette étude, les chercheurs de l’Observatoire se sont intéressés aux vidéos de prédicateurs salafistes diffusés sur les réseaux sociaux. Leur analyse a permis de détecter une stratégie d’enrôlement avec des discours qui, à première vue, peuvent sembler inoffensifs mais qui constituent un terreau fertile pour le radicalisme religieux.

Le Sénégal, dernier bastion en Afrique de l’Ouest contre le terrorisme

Le Sénégal est un pays où 95 % de la population est musulmane. L’islam y est dominé par le soufisme, un courant musulman spiritualiste qui a beaucoup contribué à la stabilité politico-religieuse du pays.

Les musulmans se réclament, pour la plupart, de confréries religieuses dont les plus connues sont la tidjaniya et le mouridisme. Les guides religieux très écoutés et respectés promeuvent un islam tolérant et ouvert. Ces confréries soufies sont considérées par plusieurs spécialistes comme un rempart contre le radicalisme religieux. Ce pays de 15 millions d’habitants est, d’ailleurs, considéré comme le dernier bastion d’Afrique de l’Ouest contre les attaques terroristes

Cependant, depuis quelques années, des observateurs alertent sur la présence de courants salafistes qui se présentent comme une alternative au modèle confrérique traditionnel.

Un discours qui s’adapte au milieu

Selon le professeur Bakary Sambe, enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, fondateur du Timbuktu Institute-African Centre for Peace Studies, « ces courants salafistes concurrencent le modèle traditionnel dans le but de le supplanter ». Pour le chercheur, la stratégie de ces salafistes est d’« utiliser la modernité technologique pour combattre la modernité sociale ». Pour ce faire, les réseaux sociaux sont largement utilisés avec la diffusion de nombreuses vidéos qui ont servi de matière première à l’étude de l’Observatoire. La principale cible de ces courants salafistes est la jeunesse confrontée à des problèmes existentiels, au chômage, à la pauvreté, etc. Les courants salafistes lui proposent un islam plus engagé, plus politique.

A lire <La pauvreté et l’exclusion, terreau favorable de l’extrémisme musulman en Afrique

Le discours s’est adapté au milieu. Il se fait moralisateur, il encadre la pratique cultuelle. La critique de la modernité, de la démocratie et de l’Occident, n’apparaît pas au premier abord. Ce qui est visible, c’est la critique du discours confrérique. Les prédicateurs salafistes se présentent comme des personnes venues purifier l’islam du pays.

« Le discours qui est utilisé pour parler aux populations est très plat en apparence, mais il y a une stratégie de dissimulation du véritable agenda en attendant que le rapport de force soit favorable », analyse Bakary Sambe. Selon le chercheur, cette stratégie fait qu’il est difficile de détecter la dangerosité de ce discours dont le but ultime est de supplanter un ordre religieux pour en implanter un autre. « On ne voit rien au premier abord, mais il y a un travail de conditionnement mental et de préparation psychologique pour que les autres formes de discours plus radicaux puissent passer », prévient-il.

 

Bakary Sambe pide soluciones integrales en los países africanos y opina que el Islam está canalizando el descontento de jóvenes de todo el mundo con el sistema capitalista

Casa Africa en Las Palmas de Gran Canaria es sede hoy de una jornada sobre el yihadismo en el continente, los radicalismos y su enfoque desde España. 

Más cercano al archipiélago la situación en Mali mejora muy lentamente. La amenaza del terrorismo yihadista sigue en la zona y se extiende a otros países donde se diluyen las fronteras. Allí estuvo hasta hace un año el general Alfonso García-Vaquero que dirigió la misión europea de adiestramiento a los soldados malienses. El militar español ahora en la reserva cree que Canarias es un lugar seguro por sus características y por los efectivos que existen, incluso más que otros puntos del estado español

Source: http://cadenaser.com/emisora/2016/06/10/ser_las_palmas/1465556120_373066.html

Entre diplomatie religieuse et conquête économique, le modèle marocain fascine les milieux politiques et économiques et attire l’attention des chercheurs.

La probable adhésion du Maroc à la CEDEAO (et plus globalement sa stratégie africaine) continue d’animer le débat intellectuel en Afrique de l’Ouest. C’est ainsi que le think tank Timbuktu Institute a consacré sa conférence de rentrée, le 5 septembre, à la stratégie africaine des nouveaux acteurs de la coopération, avec un focus sur les cas du Maroc et de l’Inde.

Besoin d’affirmation
Pour Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, le royaume chérifien a réussi à transformer ce qui aurait pu être un handicap (sa géographie) en avantage. «Entre l’Océan Atlantique, la Méditerranée et l’Algérie, sa seule zone de déploiement, c’est l’Afrique subsaharienne», dit-il, citant un discours du roi Hassan II, en 1983, dans lequel il comparait le Maroc à un vieil arbre dont les racines se trouvent en Afrique subsaharienne et les branches et les feuilles dans la Méditerranée. Même si, selon le chercheur, derrière la forte affirmation de l’africanité du Maroc, il y a le besoin d’affirmation de l’africanité du Sahara.

Capital image
Le Maroc a donc capitalisé sur son histoire pour réussir sa «conquête» économique de l’Afrique subsaharienne. En effet, selon Bakary Sambe, l’intelligence des autorités marocaines réside dans le fait qu’elles ont su transformer les ressources symboliques et spirituelles du royaume en «capital image», et celui-ci en «capital économique». Pour cela, en plus de la diplomatie classique, le Maroc n’a pas hésité à mettre à contribution la Tariqa tidjania et les «cheikhs bilatéraux», ce réseau d’oulémas mis en place sous le règne de Hassan II. Un exemple qui devrait inspirer le Sénégal qui peine à sortir sa diplomatie d’une approche normative, alors que le monde est entré dans l’ère de l’influence où les ressources symboliques et culturelles sont devenues de véritables outils diplomatiques. Le Maroc a aussi, il faut le dire, profité du «mauvais calcul» de la France de Charles Pasqua, qui avait restreint l’accueil d’étudiants africains, avec la création de l’Institut d’études de Rabat au service d’une théorie bien ficelée de la coopération Sud-Sud. L’arrivée du roi Mohammed VI a marqué un tournant très important dans la mesure où c’est lui, en personne, qui prend en charge l’expansion économique sur le continent, multipliant les périples avec les chefs d’entreprise. Désormais, estime Bakary Sambe, pour Rabat, le défi réside dans la dialectique du lien (historique avec le continent) et du bien (l’économie). Et comment faire pour que le bien ne détruise pas le lien ? Tout l’enjeu est là !


Bakary Sambe
Directeur du Timbuktu Institute

Nos pays font l'objet de la convoitise des puissances sans développer aucune stratégie, non de résistance, mais d’existence. Comparé au Maroc, avec les mêmes moyens, notre diplomatie pouvait être plus ambitieuse si elle arrivait à gagner en vision et en prospective. Autrement dit, à sortir d’une logique normative pour intégrer les nouvelles réalités. On est sorti de la logique de puissance pour entrer dans l’ère de l’influence, du soft power, ce que le Maroc a très bien compris en faisant de son histoire des ressources symboliques au service de sa diplomatie. Il s’agit d’une véritable conquête économique par l’image et par l’histoire. Concernant une éventuelle adhésion du Maroc à la CEDEAO, nos pays ne doivent pas avoir peur, mais se préparer, définir des politiques claires pour ne pas en subir les effets pervers».

Yoro Dia
Journaliste, enseignant de relations internationales

L’avantage du Maroc, c’est d’être une monarchie: le temps politique correspond au temps économique. Contrairement à nos pays, le Maroc sait pourquoi il veut adhérer à la CEDEAO. Mais cette éventuelle adhésion mérite un grand débat national qui n’a pas encore eu lieu». 


Hub africain

Dans sa stratégie d’expansion africaine, le Maroc a d’abord misé sur la la banque, «un outil performant d’intelligence économique». Le Groupe Attijariwafa bank, présent dans plus de 20 pays, est le symbole de cette pénétration sur le continent. Sans parler des autres têtes de pont (BMCE Bank of Africa, Banque Atlantique, Saham, Maroc Telecom, etc.). Par ailleurs, conscient du rush vers l’Afrique, le Maroc cherche à convaincre les investisseurs étrangers de poser leurs valises à Casablanca pour ensuite les accompagner dans leur pénétration sur le continent, chose dont témoigne la multiplication des forums Chine-Maroc-Afrique ou Inde-Maroc-Afrique. C’est ainsi que Casablanca est devenu un véritable hub économique en Afrique. Un signal bien perçu par les milieux économiques européens. En témoigne la Coface qui, en 2012, avait présenté sa stratégie africaine à… Casablanca. Toutefois, certains redoutent de voir le Maroc devenir un pays de dédouanement de marchandises européennes avec une délocalisation massive des industries européennes sur son sol pour mieux exporter vers les autres pays de la CEDEAO.

Source : http://www.leseco.ma