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Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Dans un communiqué du ministère de l’intérieur, par ailleurs, en charge des élections, les autorités annoncent la date de la prochaine élection présidentielle fixée au dimanche 25 février 2024. À un an des élections, qui seront les candidats ? C’est la grande question qu’on se pose au Sénégal. Cette question, liée à plusieurs facteurs, pourrait causer le sentiment que l’on s’acheminerait vers des périodes d’instabilité, du moins, de troubles dans le pays. Pour les acteurs de l’opposition et une grande frange de la société civile, évoquant la candidature éventuelle pour un troisième mandat du président Macky Sall, rappelant une disposition constitutionnelle qui dispose que « Nul ne peut exercer plus de deux mandants consécutifs ».
Le camp du Président semble interpréter cette disposition en sa faveur, en évoquant un deuxième quinquennat, selon la nouvelle mouture constitutionnelle, à la place du troisième mandat. « Ni oui, ni non » telle est la réponse de Macky Sall suite à la question sur le troisième mandat. Le Président a ainsi maintenu depuis quelques mois une forme de flou juridico-politique total sur sa candidature, alors que, paradoxalement, il faisait partie de la tête de cortège des manifestants qui s’opposaient au troisième mandat de son prédécesseur Abdoulaye Wade en 2012. L’intention prêtée au président sortant, en fin de second mandat, de briguer un troisième mandat semble être l’option privilégiée. En effet, les opposants Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall qui manquaient les dernières élections présidentielles après leurs condamnations, risquent encore de ne pas se présenter. Le gouvernement semble vouloir privilégier la voie de l’adoption d’une loi d’amnistie à leur profit, pour des raisons politiques. Mais ces derniers disent refuser une telle formule car ils souhaitent prouver leur innocence.
Après avoir affaibli ces derniers, d’après beaucoup d’analystes, Macky Sall devra faire face à Ousmane Sonko, positionné, aujourd’hui, comme le chef de file de l’opposition malgré la contestation de ce statut par Idrissa Seck ; désormais ex-patron, démissionnaire, de la présidence du Conseil Économique et Social. Sonko connait des ennuis judiciaires concernant à la fois une affaire de viol et une autre de diffamation qui pourraient le rendre inéligible, au cas où, dans cette dernière affaire, sa condamnation se corserait suite à l’appel de la partie civile. Beaucoup d’observateurs voient dans ces plaintes, une manœuvre purement politique visant à l’écarter de la course à la présidentielle.
De l’avis de certaines langues, notamment proches du pouvoir, la figure de proue de l’opposition devrait aussi se comporter en justiciable et répondre à l’institution judiciaire comme tout autre citoyen. Le Sénégal est un État stable entouré par certains pays minés par la violence, l’extrémisme, le terrorisme et les coups d’État. Mais son histoire est souvent marquée par des périodes de troubles et de tensions à l’approche des élections. L’inquiétude sur la sécurité du pays monte d’un cran eu égard par exemple les appels incessants à manifester de l’opposition contre une éventuelle troisième candidature du président, les violences verbales ravivées par les réseaux sociaux visant des personnalités comme les acteurs de la société civile, les religieux qui jouent un rôle important pour la stabilité et la paix du Sénégal. De son côté, le chef de l’État promet de mettre le maintien de la paix et de la sécurité du pays au centre de ses préoccupations. L’actualité politique des prochaines semaines sera, sans doute, marquée par l’ouverture d’un processus de dialogue politique auquel le président Sall a appelé le jour de la célébration de la fin du ramadan (Korité) tout en affirmant lui-même que ce dialogue ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Signe qu’après les prédictions alarmistes de ces derniers mois, l’espace politique sénégalais pourrait, contre toute attente évoluer vers une décrispation. La grande inconnue demeure la réaction de la rue, et surtout de la jeunesse si Ousmane Sonko venait à être condamné à une peine qui le rendrait inéligible pour ses deux procès rapprochés du 8 et du 16 mai. Il n'est même pas incongru d'affirmer qu'une bonne partie de l’avenir politique, d’ici la présidentielle de février 2024, se jouera dans cette intervalle lourde de risques et d’incertitudes.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Le 3 mars dernier, cela faisait deux ans jour pour jour que Reckya Madougou, une des principales figures de l’opposition, a été arrêtée à Porto Novo, à la veille de l’élection présidentielle. À cette occasion, ses partisans ont manifesté devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour demander la libération immédiate de leur leader.
Pour rappel, l'ancienne garde des sceaux purge une peine de 20 ans après avoir été accusé de tentative de déstabilisation du pays en fournissant des fonds à des personnes qui complotaient pour assassiner des hommes politiques de premier plan. Côté diplomatique, le président Patrice Talon multiplie des rencontres avec des chefs d’État pour renforcer leurs coopérations dans différents domaines, particulièrement la défense et la sécurité, dans un contexte d’insécurité liée à la menace djihadiste qui guette les pays du golfe de Guinée. Ainsi, lors d’une visite de travail en France, le 7 mars, Patrice Talon a abordé avec Emmanuel Macron différents sujets dont la lutte contre le terrorisme dans un but de renforcement de capacités du Bénin en termes d’équipements et de formation. Six jours après s’être rendu en France, Patrice Talon a reçu son homologue du Niger, Mohamed Bazoum pour aborder, notamment, la coopération entre leurs deux armées, dans le but de parer la montée de l’extrémisme violent et de lutter contre le terrorisme.
Les récentes tentatives d’une implication sécuritaire du Rwanda dans le contexte de refonte des services et de la montée du péril terroriste au nord du pays, annoncent une tendance qui confirme les déclarations du président Talon résolument engagé dans la diversification de ses partenariats.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Le 17 mars dernier, l’armée nigérienne a engagé une opération de ratissage près du Mali avec des moyens aériens et terrestres, affirmant avoir tué 79 terroristes. Cet événement est une réplique à une embuscade meurtrière tendue un mois plus tôt par les djihadistes et qui a coûté la vie à 17 soldats nigériens. Ces scènes, qui deviennent récurrentes, mettent manifestement en péril la paix et la sécurité du Niger. Pour combattre les actions terroristes, le Niger coopère avec des partenaires régionaux et internationaux. Considéré comme l’un des plus importants partenaires de la France dans le Sahel, le Niger accueille l’armée française après la fin de leur mission dans un contexte de tensions avec les autorités de la transition du Mali, renforçant ainsi leur coopération. Même si ce redéploiement de la force Barkhane est approuvé en majorité par les députés nigériens, le sujet continue de diviser l’opinion nationale. Ce débat est relancé par le mouvement M62, qui exige le départ des troupes françaises au Niger en annonçant une marche de protestation dans quelques rues de Niamey, ponctuée par des slogans hostiles.
Les États-Unis sont aussi un partenaire de taille pour le Niger dont la présence est contestée même si à moindre échelle, Les Américains disposent à Agadez, dans le nord du pays, d’une base militaire équipée, entre autres, d’une flotte de drones où quelques 800 militaires sont déployés pour des rotations de six mois. Ils forment et équipent les forces spéciales nigériennes depuis des années. Les États-Unis participent également au programme de désarment et de démobilisation d’anciens combattants ayant appartenu à des groupes extrémistes. Le 16 mars dernier, Antony Blinken s’est rendu au Niger, étant le premier secrétaire d’État américain a effectué une visite officielle dans ce pays du Sahel. Mais la grande attention est portée par l’opinion publique sur le fait que le Niger apparaît de plus en plus comme le terrain de redéploiement français après le départ de Barkhane du Mali. Cependant, au sein des experts, la nouvelle forme de coopération militaire française « plus discrète » mettant en avant les forces nigériennes et agissantes en appoint semble apaiser certaines craintes sur des mobilisations populaires contre la présence de l’armée française au Mali.
En dehors des accords bilatéraux signés entre la Russie et le Mali, ce dernier qui s’en défend, ferait recours aussi au groupe Wagner, l’organisation paramilitaire. Ceux qui en accusent Bamako arguent aussi que ce groupe privé russe œuvre dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie. La présence des mercenaires du groupe Wagner est souvent pointée du doigt par de nombreux observateurs alors que la situation sécuritaire ne semble guère s’améliorer. Selon les données de l’organisation de cartographie des crises ACLED, les pertes civiles dues à la violence ont plus que doublé l’année dernière. Les forces du groupe Wagner se sont aussi régulièrement livrées à des attaques opportunistes contre les populations civiles, notamment des violences sexuelles et des vols, ainsi que le pillage de maisons, de magasins, de mines et de marchés. L’ONU, quant à elle, accuse les mercenaires russes de « terroriser » la population malienne. Le groupe Wagner rétorque en parlant de « fake news ». Mais tout porte à croire que Wagner est très loin de faire mieux que les autres forces qui sont intervenues face à la menace djihadiste qui sévit depuis une décennie.
Par ailleurs, les autorités de la transition ont annoncé le report du référendum constitutionnel prévu le 19 mars. Les raisons évoquées par le gouvernement de transition sont le manque de temps nécessaire pour favoriser la campagne de vulgarisation du projet de Constitution et pour l'installation des représentations de l'organe de gestion des élections dans toutes les régions du pays. Ce référendum est censé entériner le retour d’un président civil au pouvoir pour les élections prévues en février 2024. Il doit permettre à la population du Mali de se prononcer sur un projet de révision de la Constitution visant à davantage de décentralisation, dans le cadre des accords de paix au Mali. Selon plusieurs représentants de la société civile, le report de ce scrutin pourrait être lourd de conséquences pour le processus de retour à l’ordre constitutionnel laissant planer le doute d’une volonté des autorités de se maintenir au pouvoir.
Même si les dirigeants se targuent de respecter toujours les accords conclus avec la CEDEAO pour la tenue des élections en février 2024, avec ce report, ils manquent à la première échéance du calendrier de consultations et de réformes qu'ils ont eux-mêmes communiqué. Toutefois, le débat persiste au Mali sur l’ordre des priorités entre le retour à l’ordre constitutionnel, la nécessité de prendre le temps nécessaire pour aboutir à des réformes durables et la gestion des urgences sécuritaires.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Plusieurs éléments marquent l’actualité internationale au Togo en ce début d’année. C’est d’abord une instruction contre le milliardaire français Vincent Bolloré, menée par la justice française pour, dit la justice, acquisition frauduleuse de la gestion du port de Lomé. Cette offensive de la justice française traduit une reconfiguration des enjeux commerciaux dans cette partie du golfe de Guinée. Sur un plan différent, mais qui concerne aussi la présence de puissances occidentales dans la région, on note la visite, au Ghana voisin, de la vice-présidente américaine Kamala Harris – dans le cadre d’une tournée continentale plus vaste, incluant la Tanzanie et la Zambie.
À cette occasion, Harris a promis une enveloppe budgétaire de 100 millions de dollars pour le Ghana, le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Togo dans leur lutte contre le terrorisme. Cette aide financière est à mettre en lien avec la coopération militaire et notamment l’exercice militaire annuel américain ‘Flintlock’ qui s’est achevé à la mi-mars à Abidjan et qui a regroupé une quinzaine de pays dont le Togo.
Au niveau régional, la recrudescence d’attaques terroristes à la frontière nord du Togo côté burkinabé mais aussi côté ghanéen, fait craindre une extension du terrorisme islamiste venu du Sahel. Sur le plan national, alors que les élections législatives doivent se tenir avant la fin de l’année, et la présidentielle en 2025, plusieurs meetings ont commencé à avoir lieu. Cela notamment a pu être l’occasion pour Jean-Pierre Fabre et l’Alliance nationale pour le changement (ANC) d’évoquer la gestion des fonds Covid-19. Alors que près de 165 millions d’euros ont été octroyés par les partenaires extérieurs, des irrégularités ont été constatées.
Enfin, la situation de la liberté de la presse demeure un sujet de préoccupation, deux journalistes ayant été lourdement condamnés, notamment pour outrage à l’autorité. A l’instar de nombreux pays de la région, le Togo s’inscrit aussi dans le processus de diversification de ses partenariats avec les grandes puissances notamment par une certaine activité diplomatique symbolisée par le Ministre des affaires étrangères Robert Dussey qui multiplie les visites de travail dans les grandes capitales. Dans ce même esprit, le Togo a rejoint le Commonwealth et entretient d’étroites relations avec Israël mais également avec la Chine.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Le président Embalo Sissoco est toujours président en exercice de la CEDEAO et continue de voyager. Au début du mois de mars, il s’est rendu en Tunisie pour une rencontre avec le président Kaïs Saïed afin que ce dernier s’explique au sujet des propos tenus sur les migrants subsahariens considérés comme des hordes, des déclarations qui ont eu un retentissement dans toute la région ouest-africaine et même au-delà. En janvier, Embalo Sissoco s’était aussi rendu au Burkina-Faso pour affirmer son soutien face à la dégradation de la situation sécuritaire mais cela n’a pas empêché la CEDEAO de confirmer ses sanctions contre les militaires à la tête du Burkina-Faso, comme ceux de la Guinée et du Mali.
La Guinée-Bissau a aussi accueilli l’ancien président centrafricain, François Bozizé, alors que sa présence au Tchad n’était plus souhaitée. Sur le plan intérieur, le parlement a été dissous l’an dernier et des élections prévues en décembre, ont été finalement repoussées pour juin prochain. Alors que le pays a connu une tentative de coup d’Etat en janvier 2022, les relations entre différents acteurs politiques restent tendues. De même, des attaques contre la liberté de presse n'ont fait que renforcer le climat délétère qui prévaut entre le pouvoir et les et les journalistes. Par ailleurs, les prochaines élections législatives de juin sont d’un grand enjeu pour l’avenir politique de l’actuel président, dans la mesure où l’élection d’un premier ministre issu de l’opposition pourrait rendre plus ardue sa tâche de réformer l’administration et l’armée. Les velléités ethniques, la montée de l’insécurité aggravée par l’économie criminelle, la circulation des armes et le vol de bétail notamment dans les zones frontalières du Sénégal sont autant de signaux des moins rassurants.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Depuis l’attentat de Grand-Bassam en 2016, l’attaque de Kafolo en juin 2020 puis en mars 2021, le gouvernement ivoirien a multiplié les stratégies de sécurisation pour faire face à la menace djihadiste qui s’étend désormais dans les pays du Golfe de Guinée. Début mars, l’armée ivoirienne a bénéficié d’une formation de deux semaines à travers des exercices militaires annuels « Flintlock », visant à renforcer les capacités opérationnelles des armées africaines dans la lutte antidjihadiste, Ce programme est organisé depuis 2005 par le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom). « Flintlock » se concentre notamment sur l’entraînement de troupes alliées, notamment au Sahel miné par les violences djihadistes depuis plus de dix ans.
Dans le cadre de la réconciliation nationale engagée par Alassane Ouattara, une cinquantaine de corps de victimes de la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 ont été restitués à leurs proches le 8 mars 2023. Ce geste d’apaisement est l’une des initiatives prises par le président ivoirien, tout comme l’amnistie de centaines personnes impliquées dans la crise, le dédommagement des victimes de la crise, la facilitation du retour de Laurent Gbagbo, après son acquittement par la Cour pénale internationale. Mais cette réconciliation tarde à se concrétiser. Le camp de l’ancien président Gbagbo parle de paradoxe en accusant le régime de Ouattara de poursuivre certains de ses membres en justice tout en appelant au dialogue national. Quant aux familles des victimes, elles réclament toujours la vérité et la justice pour faire la lumière sur les 3000 morts de la crise politico-militaire de 2010.