Timbuktu Institute

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Source :  (APS) - Le Directeur régional de Timbuktu Institute, Bakary Sambe, a insisté, mardi, à Dakar, sur l’importance de pacifier l’espace politique sénégalais.

’’Nous sommes dans un pays où tout le monde a intérêt à participer à la pacification de l’espace politique. Ce qui s’y passe du point de vue médiatique et particulièrement sur les réseaux sociaux n’est pas du tout rassurant’’, a-t-il déclaré.

Dr Sambe intervenait à l’occasion de la restitution d’une étude consacrée à ’’la crise sahélienne et aux nouvelles dynamiques socio-religieuses dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal’’.

Le chercheur rappelle que le pays s’achemine vers des échéances électorales majeures que sont les législatives en juillet et la présidentielle en 2024, sans oublier l’exploitation des ressources pétrolières et gazières.

Insistant sur le fait que le pays allait faire l’objet d’un plus grand intérêt en raison de ses ressources naturelles, Sambe a invité les acteurs politiques à faire preuve de retenue.

Il a estimé que cet appel allait en direction aussi bien aussi du pouvoir, appelé à donner des gages d’une organisation d’élections crédibles, transparentes, démocratiques, que l’opposition invitée à être davantage responsable.

Le Sénégal, comme aucun autre pays au monde, ne pourra supporter les trois chocs concomitants que sont celui politique, économique et les menaces frontalières, a averti le directeur de Timbuktu Institute.

Il a ainsi évoqué la nécessité de détecter les différents signaux pouvant impacter la stabilité du pays afin d’oeuvrer à la préservation de la paix sociale.

La Moyenne-vallée du fleuve Sénégal n’échappe pas aux nouvelles dynamiques socio-religieuses qui traversent les sociétés sahéliennes. Avec la montée en puissance de nouveaux courants religieux en plus de divers signaux faibles, la région semble évoluer au rythme des mêmes tendances qui interrogent.  C’est dans ce contexte que s’inscrit l’étude du Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer intitulée “Crise sahélienne et nouvelles dynamiques socioreligieuses dans la Moyenne-vallée du fleuve Sénégal”. Cette recherche vise à appréhender ces dynamiques d’une part et d’autre part, mesurer les perceptions des populations locales sur l’évolution socioreligieuse marquée par une crise politico-sécuritaire dans cette partie du Sénégal. 

 

Pourtant, berceau des premières confréries - Tijaniyya et Qadiriyya - du pays, la moyenne-vallée est confrontée depuis quelques temps à la percée de nouveaux courants religieux qui ont commencé à gagner du terrain dans d’autres pays sahéliens. Cette étude s’est construite autour de quatre thématiques. D’abord, elle s’est intéressée aux différents canaux par lesquels les populations de la Moyenne-Vallée s’informent. Ensuite, l’analyse des vulnérabilités socioéconomiques ont pris une place de choix dans cette étude, si on sait qu’elles forment avec l’exclusion sociale la sève nourricière de l’extrémisme violent.

En outre, le Sahel est en pleine effervescence depuis la crise libyenne et les conséquences engendrées par l’incursion ou le réveil de la violence, la montée du radicalisme religieux, la circulation d’armes légères, la prolifération de groupes armés non-étatiques et les massacres communautaires entre autres instrumentalisation de la religion à des fins d’activités répréhensives.

 

Les dynamiques socioreligieuses dans un contexte régional en mutation ne pouvaient pas être ignorées dans ce travail de terrain. Enfin, le dernier volet de cette étude porte sur les défis sécuritaires en zone frontalière en l'occurrence à Matam et à Tambacounda. La crainte de la contagion djihadiste a conduit à la riposte des autorités étatiques et les efforts focalisés sur la zone de Kédougou.        

 

Les résultats de cette étude seront présentés le mardi 12 avril 2022 à la Maison de la presse sise sur la Corniche Ouest de Dakar. L’objectif de cette cérémonie, outre la présentation des grandes tendances de l’étude, est de recueillir des points de vue de personnalités avisées sur la question afin d’exposer au public une analyse holistique de la question des dynamiques socio-religieuses.

 

Par Babacar Diop, Stagiaire de recherche- Timbuktu Institute

Par Yague Samb, Directrice Bureau de Dakar- Timbuktu Institute

 

La question lancinante du terrorisme, notamment son traitement médiatique, fait parfois reléguer au second plan les autres formes de crises qui sévissent en Afrique. C’est le cas du phénomène transnational des conflits entre pasteurs (nomades) et agriculteurs relativement sédentaires.  Du Centre du Mali, au Sahel burkinabé jusqu’au Bassin du Lac Tchad, les tensions se multiplient entre ces groupes socioprofessionnels avec leur lot de conséquences économiques, sociales, sans compter leur impact sur la spirale de violence qui affecte la région.

 

Le constat est que la majorité des conflits opposant ces groupes, en dehors de l’instrumentalisation par certains groupes armés, renferme une dimension agro-sylvo-pastorale et concerne très souvent le foncier. Autrement dit, c’est généralement autour du contrôle des ressources que naissent ces types de tensions dont les acteurs du monde extérieur ne saisissent pas nécessairement tous les contours. Ce qui soulève un élément important dans la compréhension de cette situation à savoir la gouvernance des ressources.

 

Du fait que les communautés en conflit appartiennent, à des religions différentes mais aussi à des groupes ethniques toutes aussi différentes, des amalgames et stigmatisations peuvent surgir et compromettre la paix sociale. Les massacres que certaines communautés subissent, témoignent de la complexité de la situation et appellent à une réflexion poussée et pluridisciplinaire.

 

Dans ce contexte et suite à une étude menée au Burkina Faso sur « Pastoralisme et conflits fonciers au Burkina Faso » par la GIZ, le Timbuktu Institute, en partenariat avec cette dernière, organise le mardi 12 avril 2022 à partir de 15h30 une réunion virtuelle sur le pastoralisme et les conflits fonciers entre agriculteurs et éleveurs au Burkina Faso.

 

Cette rencontre à visée régionale invite autour de la question des experts du Burkina Faso, du Mali et du Tchad afin de diversifier les angles de traitement et voir les possibilités de dégager des ponts et des espaces de convergence au-delà des frontières et des cloisons disciplinaires.

 

Le webinaire sera l’occasion de présenter les résultats de l’étude, de débattre de la diversité des conflits fonciers, des modes et pistes de prévention et de gestion des conflits mais aussi d’identifier les canaux et outils de communication novateurs de résolution desdits conflits.

 

In fine, cette rencontre se veut un cadre de dialogue et de partage d’expériences et de bonnes pratiques où émergeront des pistes de solutions afin que pasteurs et éleveurs vivent en parfaite symbiose et respectueux de la propriété de l’autre. 

 

Par Yague Samb, Directrice du bureau de Dakar et coordinatrice des programmes régionaux du Timbuktu Institute

Le Directeur régional du Timbuktu Institute, Dr. Bakary Sambe, a pris part au Colloque international de Lomé, les 5 et 6 mars 2022, sur « les transitions politiques et lutte contre l’extrémisme violent en Afrique », il a servi de cadre de réflexion sur la situation socio-politique en Afrique subsaharienne. Il était invité parmi d’autres experts de la région par le Ministre des Affaires Étrangères du Togo, S.E.M Robert Dussey. Il revient ici, lors d’une interview de la chaîne marocaine Medi1TV sur la portée d’une telle initiative qu’il salue et qui selon lui s’inscrit dans le cadre d’une diplomatie préventive

 

Bakary Sambe, vous êtes le directeur régional du Timbuktu Institute et parmi les experts invités par le Ministère togolais des affaires étrangères la semaine dernière à prendre part au Colloque international sur la gestion des transitions politiques et le renforcement de la résilience face aux extrémismes. Quelle est la portée d'une telle initiative dans le contexte sous régional actuel ?

 

L’initiative à laquelle Timbuktu Institute a été associée, par le ministères des affaires étrangères, s’inscrit dans le cadre de la Stratégie sous-régionale et interrégionale du Togo de lutte contre le terrorisme et de préservation de la paix au Sahel. Vous savez au moment où on assiste à des transitions politiques difficiles dans la région en plus du contexte d’insécurité dans un espace structurellement sous menace, cette initiative du Togo de solliciter le parrainage des Nations Unies pour une conférence nourrie en amont de réflexions endogènes et de l’expertise africaine est, à mon sens, un jalon important dans la consolidation d’une prospective africaine sur les questions qui, en premier lieu, concernent d’abord et avant tout, notre continent 

Dans une récente interview avec nos confrères togolais voud parliez d'une réelle vision prospective de la diplomatie togolais. En quoi cette vision pourrait être constructive pour une bonne conduite des transitions politiques dans la sous-région?

 

Une telle vision pose les bases et les conditions permettant de réfléchir sur les réformes possibles des mandats et actions des opérations de maintien de la paix ou de lutte contre le terrorisme pour mieux les adapter aux besoins réels de nos populations et aux défis sécuritaires de la région en proie à de nombreuses instabilités. Aujourd’hui cette vision basée sur la prospective et l’implication des experts africains donne une nouvelle opportunité de définir des actions pouvant apaiser et impacter positivement la vie des populations et des communautés locales des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Je pense que ce sera le début  d’une synergie inédite des partenaires africains et internationaux autour de la grande préoccupation actuelle qui est de garantir la sécurité durable dans notre région. 

 

D'après Robert Dussey Ministre des Affaires étrangères du Togo ce colloque était une phase préparatoire de la conférence internationale de Lomé en avril prochain. Que peut-on attendre d'une telle rencontre?

 

Cette prochaine conférence dans laquelle le Togo cherche à associer les Nations unies et les partenaires internationaux sera d’un grand apport pour deux raisons : premièrement elle permettra d’examiner, ensemble et de manière sereine et constructive les tendances et développements dans notre région rudement affectée par l’extrémisme violent et le terrorisme. 

Deuxièmement, cette conférence pourra être une avancée significative si elle arrive à dégager des pistes sérieuses et concertées pour contenir la dissémination de la menace terroriste et à mobiliser davantage tous les acteurs pertinents dans ce sens. 

Mais, à vrai dire, le défi majeur à relever reste celui de la volonté politique des chefs d’Etats pour opérationnaliser ces réflexions et ces stratégies. Comme j’ai eu à le réitérer lors de ce colloque, au regard de la situation actuelle, le temps est à l’action et il est vraiment urgent d’agir.

 

Source : Medi1TV

 

 

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