Timbuktu Institute

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La Coalition parlementaire de l'Alliance inclusive - Terra RANKA a signé en fin d'après-midi du jeudi 26 juillet 2023, un accord parlementaire et de gouvernance avec le Parti de la Rénovation Sociale (PRS). 

L'accord parlementaire signé entre le PAI - TERRA RANKA, qui a recueilli 54 sièges au parlement,  et les rénovateurs, qui disposent de 12 sièges, vise, entre autres, à unir leurs forces pour réaliser des réformes structurelles " incontournables ", afin de sortir " définitivement " le pays de la situation de sous-développement chronique dans laquelle il se trouve.  

Les réformes visées par l'accord comprennent la révision constitutionnelle, la restructuration et la réforme au sein du secteur judiciaire, la modernisation de l'administration publique, la lutte contre la corruption, la tenue d'élections municipales, la promotion des autorités locales, la promotion de politiques publiques visant la croissance économique et la réduction de la pauvreté, la valorisation des ressources humaines en mettant l'accent sur une éducation et une santé de qualité, la protection civile et sociale et la préservation de l'environnement. 

L'accord aura une durée de 4 ans, s'il n'est pas dénoncé par les parties. Le document souligne le mécanisme de suivi qui sera assuré, par le biais du mécanisme de dialogue permanent entre les directions politiques des deux partis, ainsi que la mise en place du comité de consultation qui devrait se réunir trois fois par an. 

Les nouveaux députés élus le 4 juin ont prêté serment ce jeudi 27 juillet. La coalition PAI - Terra RANKA dispose de 54 sièges, le MADEM  a recueilli 29 sièges, le PRS  12 sièges, le PTG  6 sièges et l'APU-PDGB un seul siège. 

Après la signature de l'accord, le leader du PAIGC et de la Coalition PAI - Terra RANKA, Domingos Simões Pereira, a appelé les acteurs politiques à se concentrer sur l'essentiel pour ne pas s’attarder sur les querelles politiques ".  

Il a rappelé à cet égard que les querelles politiques sont admissibles pendant les campagnes électorales et qu'une fois que le peuple bissau-guinéen s'est prononcé souverainement, il est temps de construire le pays, de faire les réformes nécessaires, de mettre de côté les ambitions personnelles et privées et de donner la priorité à ce qui unit tout un peuple.  

Pour le leader de la coalition PAI Terra Ranka, la signature de l'accord n'est pas un synonyme de célébration de victoires, mais plutôt un engagement pour l'avenir, pour penser au peuple et améliorer jour après jour ses conditions de vie. 

"A l'annonce des résultats, la coalition PAI a mis en place un comité de dialogue et ce comité a envoyé une lettre à tous les partis qui siègeront dans le prochain parlement. Des contacts ont eu lieu avec tous les partis. Certains de ces contacts aboutissent à des accords concrets et spécifiques, d'autres non. 

Pour sa part, le président du Parti de la rénovation sociale (PRS), Fernando Dias, a justifié la signature de l'accord par la nécessité d'assurer la stabilité politique du pays et de créer les conditions pour lutter contre la faim qui frappe la population guinéenne, ainsi que par le respect du vote des Guinéens en faveur de la coalition PAI Terra Ranka.  

Dans ce sens, Dias a exprimé la détermination du PRS à pouvoir contribuer au bien-être de la population, en espérant que l'accord paraphé aujourd'hui entre les parties sera respecté. 

Par ailleurs, dans l'accord signé, en ce qui concerne la sphère parlementaire, les partis se sont engagés à s'aligner et à se mettre d'accord sur des positions et, dans la mesure du possible, à aligner les votes au Parlement sur des questions clés, à voter en faveur du programme du gouvernement et du budget général de l'État, ainsi qu'à voter en faveur de la motion de confiance en faveur du  gouvernement. 

Dans le document lu par le vice-président du PAIGC, Kalifa Seidy, les partis ont décidé de former un gouvernement inclusif dirigé par la Plate-forme de l'Alliance inclusive, en fixant le nombre de membres du gouvernement pour chaque parti en fonction de la proportion des mandats au Parlement. 

"Équilibrer la répartition des portefeuilles dans l'administration publique, en respectant les critères de compétence et de parité hommes-femmes. Adopter le programme électoral du PAI comme base du programme de gouvernance et nommer les gouverneurs et les administrateurs en fonction du poids électoral relatif de chaque parti dans les domaines respectifs", peut-on lire dans le document. 

En ce qui concerne l'éthique politique, les partis s'engagent à éviter les attaques réciproques tout au long de la législature, en s'engageant à dialoguer et à recourir à la médiation pour résoudre les différends qui pourraient surgir. 

La coalition PAI TERRA RANKA et le PRS estiment que la fragmentation de l'espace politique national se poursuit, avec des risques sérieux pour la stabilité du gouvernement. Il est donc nécessaire de fournir des garanties pour une solution de gouvernance à long terme qui préserve la paix sociale et la stabilité politique, et ce pour le développement du pays. 

A la veille du deuxième Sommet Russie-Afrique qui a enregistré la présence massive de dirigeants africains et des acteurs de la société civile se réclamant du panafricanisme, Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, a donné cette interview à la chaîne Medi1TV. Il y revient sur ce qu’il appelle le « paradoxe de la russophilie montante » et explique comment dans le fait de brandir les drapeaux russes, il faut lire plus une colère qu’une réjouissance. Il décrypte de manière documentée la manière dont cet engouement vers Moscou cache un réel fossé entre les perceptions et la réalité notamment économique malgré l’influence grandissante de la Russie dans la région

En intégralité les réponses aux questions de Sana Yassari :

La deuxième édition du Sommet Afrique-Russie s’ouvre ce 27 juillet à Saint-Pétersbourg et est principalement dédiée au renforcement des partenariats avec le continent. Vous évoquez, je vous cite, « un grand-messe d’affichage symbolique » aussi bien pour Moscou que pour ses partenaires africains. Cette remarque de votre part est-elle, alors, liée au contexte géopolitique actuel ?

Il est clair que ce sommet sera pour Moscou une belle opportunité de s’afficher en tant que puissance fréquentable après  l’invasion de l'Ukraine, le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Poutine et la rébellion inachevée de Wagner. En fait, ce sommet réinscrit la Russie dans une sorte de normalité au plan international. N’oublions pas aussi que Moscou pourrait en profiter sur un plan communicationnel pour faire le lien même factice entre sanctions international et limitation de l'exportation de céréales et d'engrais russes voire ukrainiens vers l'Afrique, pour mieux culpabiliser ses adversaires de l’OTAN qui, eux, mettent le curseur sur le bombardement par la Russie du port ukrainien d'Odessa qui aura des conséquences incalculables sur l’exportation des céréales notamment vers l’Afrique. Mais ce sommet est aussi celui où la Russie va chercher à démontrer la centralité de l'Afrique dans sa politique étrangère. Les Africains voient en la Russie une alternative à la relation de domination avec l’Occident et il est vrai que l’opinion publique africaine apparaît aujourd’hui comme très favorable à l'engagement russe et peu critique vis-à-vis de Moscou dans le conflit avec l’Ukraine et l’OTAN. Rappelons que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a effectué pas moins de huit visites en Afrique depuis l’invasion de l’Ukraine en mars 2022.

Dr. Bakary Sambe, vous releviez récemment ce que vous appeliez le paradoxe de la russophilie montante, rappelant que malgré la diminution de ses liens économiques avec le continent, l'influence de la Russie en Afrique s'est accrue ces dernières années surtout depuis le premier sommet de Sotchi. Qu’est-ce qui expliquerait alors selon vous un tel engouement ?

Malgré la sur-communication, les relations économiques russo-africaines sont très modestes. Mais on dirait que le continent, sur un plan diplomatique, offre à la Russie une scène mondiale à partir de laquelle Moscou peut se targuer d’une certaine importance géostratégique. Mais il est une réalité que l'Afrique compte plus pour la Russie que la Russie pour l'Afrique. Il ne faut pas oublier que déjà en 2019 à Sotchi les dirigeants africains espéraient que la Russie devînt une nouvelle niche d'investissement et d’échanges commerciaux. Vladimir Poutine avait même promis de doubler le volume du commerce avec l'Afrique en 5 ans pour le ramener à 40 milliards de dollars. Pourtant, aujourd’hui, on est tout au moins à 14 milliards de dollars avec un certain déséquilibre, la Russie exportant sept fois plus qu'elle n'importe d'Afrique. Certaines sources avancent aussi que 70% de ce commerce est concentré dans quatre pays seulement : l'Égypte, l'Algérie, le Maroc et l'Afrique du Sud alors que les investissements russes représenteraient 1% des investissements directs étrangers (IDE) vers le continent. Et je crois qu’il va être difficile d’envisager une embellie dans le contexte économique actuel de la Russie qui voit son PIB diminuer en valeur, de 2 300 milliards de dollars en 2013 à 1 800 milliards de dollars en 2021 presque comparable à celui du Mexique.

On sait que les problèmes sécuritaires demeurent sur le continent et notamment au Sahel où s’exerce cette influence russe surtout auprès d’une certaine élite montante en quête d’alternatives. Alors, au-delà des perceptions et selon votre appréciation,  la présence russe a-t-elle pu avoir un certain impact dans l’évolution de la situation notamment en termes de stabilité dans la région ?

Les adversaires de la Russie considèrent que son action en Afrique est souvent  déstabilisante pour certains pays. 6 des douze pays où intervient la Russie sont effectivement en conflit alors que par son véto la Russie arrive à influer sur les opérations de l’ONU alors que l'instabilité y gagne du terrain. D’un autre côté, les défenseurs des droits humains notent une recrudescence des atrocités commises par les supplétifs russes et un affaiblissement des systèmes démocratiques sur le continent d’après des publications du Freedom House. Il est vrai aussi que partout où intervient Wagner la sécurité s’est largement détériorée et les armées nationales se gênent mois à commettre des atrocités contre les communautés locales. Tout ceci nous ramène au constat général selon lequel qu’il s’agisse du recours à la coopération sécuritaire avec les pays occidentaux ou la privatisation de la sécurité avec les supplétifs comme ceux de Wagner, l’Afrique ne pourra jamais mieux compter que sur elle-même avec une mutualisation des capacités africaines comme premier grand pas vers l’africanisation des solutions. Ce n’est jamais en remplaçant une domination par une autre que l’on arrivera à s’affranchir des dépendances tant dénoncées par la société civile et les nouvelles générations.

Des échanges historiques, culturels et économiques, ont depuis des siècles, lié l'Afrique subsharienne au Maghreb. C'est fort de cette conscience historique, que le Dr Bakary Sambe, appelle à la consolidation de l'unité africaine, pour éviter entre autres les écueils de la xénophobie

Les autorités ivoiriennes semblent jeter le discrédit sur Laurent Gbagbo depuis son retour en Côte d’Ivoire après son acquittement par la justice internationale. Est-ce pour des raisons politiques ? En tout cas, son image semble entachée par son entourage politique. Dans un communiqué publié le 5 avril, l’Autorité nationale de la presse (ANP) a annoncé la suspension du journal pro-Gbagbo "Le Temps", accusé de porter atteinte au droit à l’image d’un juge d’instruction en publiant sa photo. L’autorité de régulation de la presse a aussi interdit à son directeur de publication, Yacouba Gbane, d’exercer son métier pour une durée de trois mois. Pour rappel, ce journal avait été sanctionné pour des raisons similaires dans le passé.

Face au fort afflux de réfugiés burkinabè sur le territoire ivoirien dû à l’insécurité liée à la violence djihadiste, il est nécessaire que cette situation humanitaire puisse être prise en charge. Dans ce contexte, les efforts du gouvernement ivoirien ne manquent pas. Deux sites provisoires de recasement dans les départements de Ouangolodougou (nord) et de Bouna (nord-est) qui pourraient accueillir 18 846 réfugiés, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, sont en cours de construction. Cette décision a été prise le 12 avril, lors du Conseil national de sécurité ivoirien, présidé par le président Alassane Ouattara. L’Église ivoirienne soutient également les réfugiés burkinabè. Les fidèles chrétiens, à l’image de ceux de la paroisse Cœur Immaculé de Marie de Tougbô, mènent des actions de solidarité comme des visites à des familles de réfugiés et la facilitation à l’approvisionnement en eau potable. Le diocèse de Bondoukou est également venu en aide à des réfugiés précaires, leur donnant vivres, vêtements et médicaments.

 

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

Trois jours après la tentative de mercenaires, dirigés par le versatile Evguéni Prigojine, visant à marcher vers Moscou, la capitale de la Russie, les pays africains comme la Centrafrique et le Mali où Wagner s’est déployé gardent le silence. Pour autant, il sera de plus en plus « difficile d’imaginer » la poursuite de ces relations d’après Docteur Bakary Sambe, Directeur régional de Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies et enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dans le Nord du Sénégal.

En Afrique, le groupe Wagner peut-il survivre à sa mutinerie contre la Russie interrompue le 24 juin dernier ?
La présence du groupe paramilitaire en Afrique va être beaucoup plus difficile à imaginer. Surtout si les dissensions avec la Russie persistent. Étant donné que la couverture étatique n’est plus sûre, ou en tout cas ne sera plus ce qu’elle était, les pays africains n’opteront pas facilement pour ce type de coopérations. Le Mali et d’autres pays, liés avec ces éléments non étatiques, sont désormais entre le marteau de Wagner et l’enclume de Moscou. Si on regarde du côté des mouvements jihadistes, une alliance avec Wagner ne peut porter que sur des intérêts convergents. Car il y a un fossé idéologique qui les sépare. La criminalité transnationale, par exemple, est susceptible de faire naître une entente circonstancielle.
De toute façon, dans la région du Sahel, tout peut arriver. On voit aujourd’hui un accord improbable entre la junte burkinabè et des mouvements salafistes dans le but de combattre la présence française.

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a assuré que Wagner allait continuer ses opérations au Mali et en Centrafrique. Comment analysez-vous cette déclaration ?
Elle est pour le moins surprenante. Jusque-là Moscou niait tout rapport institutionnel avec Wagner. De leur côté, les pays africains ayant accueilli des mercenaires du groupe paramilitaire préféraient parler de coopération avec des instructeurs russes. Le discours du chef de la diplomatie russe montre à la face du monde qu’il y avait bel et bien un lien entre la milice et le Kremlin. S’il n’y a pas de subordination, il ne peut y avoir de rébellion. C’est un état de fait.
Au-delà de cet aspect, la déclaration de Sergueï Lavrov a toute son importance en Afrique. Elle ne remet pas en cause le déploiement de Wagner sur le continent noir. La Russie et l’Afrique ont un long passé de coopération militaire. De plus, il fut un temps où les intellectuels de la gauche africaine étaient formés à l’Université Patrice Lumumba de Moscou.

Toutefois, en matière diplomatique, la Russie manque encore d’agilité dans sa lutte avec les puissances occidentales sur le continent noir. Sous ce rapport, Wagner facilite son ancrage en Afrique sans engagement officiel de l’armée. Le recours à des combattants, fonctionnant sur un mode souple, est moins lourd en termes de logistique que l’envoi de militaires.

L’attitude d’Evguéni Prigojine vis-à-vis de Vladimir Poutine soulève la question de la fiabilité de Wagner en tant que partenaire. Les pays africains où les mercenaires russes sont actifs courent-ils un risque ?
Chez nous, on dit souvent que l’éleveur du bélier reçoit les premiers coups de cornes. Wagner montrait tous les signaux d’une autonomisation.  Et l’Afrique n’a pas autant de forces que la Russie pour contenir la menace. 

Je crois qu’elle ne peut pas mieux résister à la puissance de ce groupe qui n’est pas lié par les conventions internationales et les pratiques conventionnelles. En outre, le système de Wagner est basé sur un mercenariat avec l’exploitation des ressources du pays d’accueil pour s’autopayer.

Pour toutes ces raisons, j’estime qu’il est temps de se ressaisir.  Une coopération sécuritaire doit se nouer avec des États et non avec des organisations privées. Nous avons vu les conséquences de la privatisation de la sécurité au Centre du Mali. Il y a eu des exactions, des violations des droits de l’Homme et surtout l’exacerbation des conflits avec certaines communautés.

La principale leçon de la rébellion de Wagner est sa non fiabilité. L’extrême privatisation de la sécurité expose à des risques surtout quand on s’engage dans une aventure avec une milice qui échappe à tout contrôle. Les récents évènements montrent le danger que représente un tel choix.

Il faut savoir que les États africains collaborant avec Wagner se sont mis à dos une partie de la communauté internationale. L’Occident en particulier. Je ne sais pas si ces pays auront la latitude pour se débarrasser d’un groupe dont les méthodes sortent de l’ordinaire. Même Moscou ne maîtrise pas tout à fait Wagner.

Est-ce que ça veut dire que le mythe de la superpuissance de la Russie s’est effondré en Afrique ?
Sur notre continent, j’inscris le recours à la Russie comme une manifestation de colère à l’encontre de la France. En réalité, c’est un moyen de révolte, de contestation. Je sais que le Mali, tout comme d’autres nations, a bénéficié de matériels militaires russes. Néanmoins, les États africains devraient arrêter de penser qu’ils sont obligés de sous-traiter leur sécurité. Cette stratégie n’est pas viable.
À défaut d’une mutualisation des forces, il nous faut bâtir des armées nationales fortes, républicaines et procéder à une profonde réforme du système de sécurité dans nos pays. Nous devons également réfléchir à l’opérationnalisation des forces dites en attente. On gagnerait à étendre la coopération interétatique. L’intégration régionale au plan sécuritaire doit être une réalité. Mais ça ne sera pas facile à mettre en œuvre.

Pour moi, les solutions intermédiaires que constituent la privatisation et la sous-traitance de la sécurité nationale ne sont pas compatibles avec la souveraineté que l’on veut affirmer vis-à-vis de la France, de la Russie ou d’une autre puissance étrangère.

L’Afrique est en train de subir ce qu’on appelle l’offshore balancing. C’est un mécanisme par lequel des États, sur un territoire tiers, cherchent à se mesurer. Ici, l’enjeu est que le basculement géostratégique du continent noir ne se fasse pas à leur détriment. L’Afrique fait donc l’objet de nombreuses convoitises parce qu’elle peut changer le rapport de forces sur la scène internationale.

Source : Tamamedia

Ces dernières semaines sont marquées par la montée d’une extrême violence des djihadistes au Burkina Faso avec un bilan humain très lourd aussi bien bien pour les civils que pour les militaires. Les attaques de Kourakou et de Tondobi, deux villages proches de la frontière nigérienne, survenues le 7 avril, ont occasionné 44 décès civils et des blessés. Les 15, 16 et 18 avril, eurent lieu 4 attaques dont une double dans la journée du 18, tuant respectivement 6 soldats et 34 Volontaires pour la défense de la partie (VDP) supplétifs civils, dans la région du nord, près du village d’Aorema puis deux militaires du détachement militaire de Kongoussi, dans le centre-nord et au moins 24 personnes, dont 20 supplétifs civils de l’armée, dans la localité de Zekézé, au centre-est du Burkina.

Rapporté par le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) qui est une organisation de défense des droits de l’homme burkinabè, une attaque meurtrière est survenue à Karma, un village du nord du Burkina Faso tuant 136 civils dont 50 femmes et 21 enfants, le 20 Avril. Cependant, les auteurs du massacre restent encore officiellement inconnus. Même si les autorités burkinabè ont tenté d’imputer cette attaque à des groupes djihadistes, les rescapés de la tuerie, pointent du doigt l’armée burkinabé et demandent à l’Etat de reconnaître sa responsabilité dans ce massacre. Certains exigent non seulement des excuses mais aussi des réparations.

Dans la matinée du jeudi 27 avril 2023, une attaque attribuée à des djihadistes lourdement armés sur un détachement militaire d’Ougarou, dans l’est du Burkina Faso, a occasionné le mort de 33 soldats et 12 blessés. Selon le communiqué de l’armée burkinabè, les soldats ont réussi à neutraliser au moins quarante terroristes "face à un ennemi venu en très grand nombre".

D’autres opérations de l’armée ont permis de neutraliser plus de 150 terroristes informait la télévision nationale le lundi 8 Mai avant que n’intervienne une nouvelle attaque terroriste dans le village de Youlou causant 33 morts. Entre temps, Dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision publique burkinabè, le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, avait exclu toute possibilité de négociation avec les groupes armés terroristes, privilégiant l’option militaire: "La guerre n’a pas encore commencé : Nous sommes d’abord à l’introduction, des phases intenses suivront", a insisté le capitaine Traoré, tout en faisant cas d’acquisition d’armes de guerre pour mieux équiper les soldats et leurs supplétifs.

 

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

Dans une logique de consolidation du régime en place, le président de la transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby, continue de prendre des mesures pour apaiser le climat sociopolitique. A cet effet, 380 rebelles du Front pour l’Alternance au Tchad (FACT), condamnés en premier ressort à perpétuité au mois de mars, ont été libérés le 5 avril par grâce présidentielle. Cette grâce survient sept mois après la remise en liberté d’une dizaine d’opposants ayant participé aux manifestations d’octobre 2022 contre le régime en place.

Par ailleurs, selon certains indices, le torchon semble brûler entre N’Djamena et Berlin. En effet, l’ambassadeur d'Allemagne au Tchad, Jean-Christian Gordon Kricke, a été sommé de quitter le territoire tchadien sous 48h dans un communiqué datant du 7 avril pour "attitude discourtoise" et "non-respect des usages diplomatiques".

En réalité, l’ambassadeur allemand est accusé d’ingérence dans les affaires intérieures du pays, en évoquant la lenteur du régime militaire à organiser des élections qui redonnent le pouvoir aux civils et en critiquant l’impunité dont jouit les autorités de transition à la suite des manifestations meurtrières de l’opposition en 2022 qui avaient fait plus d’une centaine de victimes. Par mesure de réciprocité, et n’ayant pas d’explications sur les faits reprochés, le ministère allemand a notifié dans un tweet avoir convoqué et prié l’ambassadrice tchadienne à Berlin, Mariam Ali Moussa, de quitter l’Allemagne. La tension n’est pas prête de redescendre même si les autorités tchadiennes tentent d’assurer que les relations entre les deux pays restent intactes.

Pendant ce temps, l’administration, les ONG et les journalistes intervenant dans la région du Lac, précisément dans le sud-ouest sont formels sur le fait que Boko Haram a changé de mode opératoire. Les combattants opéreraient la nuit en petits groupes afin d’éviter l’armée tchadienne. Ils auraient même changé de cibles : "Boko Haram a changé ses méthodes d'action". Ils ont commencé par "enlever les personnels de l'État ou des ONG pour les échanger contre des rançons", nous informe Adoum Mahamat Mbomi, préfet de Fouli, département situé dans la province du lac Tchad, "(...) Des jeunes garçons et des jeunes filles aussi. Parfois, ils s'échappent à Boko Haram. D'autres sont échangés contre rançons, et il y en a qui sont gardés comme combattants", poursuit-il.

Face à cette situation d’insécurité, combinée aux inondations qui ont frappé toute cette région et devant l’impossibilité de prendre en charge les 45000 personnes déplacées, les forces vives de la région du lac Tchad se sont réunies autour d’ "un Forum contre la nébuleuse Boko Haram", demandant au gouvernement de multiplier les bases et patrouilles militaires et d’armer les chasseurs du coin.

Plus loin dans le centre du pays, un conflit intercommunautaire fait 14 morts. Les faits se sont déroulés dans la localité de Mangalmé, Province de Guera dans le centre du Tchad. Un vol de bétail est à l’origine de ces violences. Le Gouverneur de la Province et les forces de défense et de sécurité ont réussi à appréhender les voleurs présumés. L’Action Humanitaire Africaine (AHA), ONG militant pour la défense des droits humains, demande une réponse du gouvernement tchadien face à ces tensions récurrentes. D’autant plus que, 11 personnes ont également été tuées suite à un autre vol de bétail, cette fois-ci dans le village de Mankadé situé dans la sous-préfecture de Laramanaye et 17 autres personnes tuées dans la zone de Logone orientale, dans un village. Sur le banc des accusés, figure des Tchadiens venus de Centrafrique.

Avec la coopération signalée des soldats centrafricains suite à la mise en place de "l’action militaire conjointe" par les états-majors des deux pays, une opération militaire inédite a été lancée par l’armée tchadienne qui a réussi à tuer une dizaine de voleurs. Le général assure que les soldats tchadiens sont rentrés au Tchad avec 30 prisonniers et 130 bœufs volés. Les présidents Faustin Archange Touadéra et son homologue Mahamat Idriss Déby "ont pris cette décision ensemble pour éradiquer les banditisme de chaque côté de la frontière", assure Bangui Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain à l’AFP.

Malgré "l’opération conjointe", une nouvelle attaque qualifiée de "massacre d’une grande cruauté" s’est produite le 17 mai au matin et a fait 26 victimes et plusieurs blessés tout près de la frontière centrafricaine et ce, sur le dos de l’armée tchadienne. Une opération militaire conjointe lancée par les militaires tchadiens et centrafricains contre des bases de ces "bandits" a permis de ramener les bœufs volés, et occasionné des blessés et des morts. Le ministre tchadien de la défense rassure que les populations vont enfin souffler grâce à cette opération militaire conjointe. Ses propos ont également été confirmés par le président centrafricain à Radio France International (RFI).

 

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

 

Il est vrai que la crise politique actuelle au Sénégal a beaucoup attiré l’attention des médias internationaux alors que les impératifs de sécurité, notamment aux frontières, occupent aussi l’agenda institutionnel.

Dans un contexte d’insécurité dans la sous-région, liée à l’extrémisme violent et au djihadisme, le Sénégal continue de sécuriser ses frontières pour empêcher l’intrusion de djihadistes sur son sol. Le président Macky Sall l’a rappelé ce 22 avril dans une interview accordée au Groupe Futurs Médias (GFM).

Affirmant que l’armée sénégalaise ne ménage pas ses efforts pour assurer la sécurité du pays non seulement à l’intérieur, mais aussi au niveau des frontières en déployant de gros moyens et en multipliant l’implantation des postes de contrôle sur les frontières dont les plus sensibles sont celles de la Mauritanie et du Mali touchés par l’insécurité.

Dans la foulée, non loin de ces pays frontaliers, à Matam, une alerte a été lancée par un vigile sur la présence de 18 terroristes à la frontière. D’après ses explications, il aurait vu des hommes armés et encagoulés. Cette annonce a créé une peur au niveau des populations de Matam et de ses environs.

Depuis cette alerte, les forces de défense et de sécurité disent être à pied d’œuvre pour élucider la présence de ces hommes armés. Dans le même temps, des doutes émergent sur la véracité de l’information donnée par le vigile. Néanmoins, l’armée sénégalaise reste engagée à assurer la sécurité du pays.

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute