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Source : Météo Sahel
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Au Niger, la suspension des activités de la Maison de la presse est la résultante du bras de fer entre la junte au pouvoir et l'Association “Maison de la Presse”. Et pour cause, l’Association avait dénoncé l'affaissement de la démocratie et rappelé au régime militaire au pouvoir, l’importance du respect des libertés fondamentales.
Parallèlement, le Niger a pris la décision de suspendre les vols commerciaux depuis ou vers le Nigéria étant donné que le Niger, le Burkina Faso et le Mali se sont retirés de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dirigée par le président nigérian, Bola Tinubu. Or, suite à la demande de levée des sanctions de la CEDEAO, la réouverture des frontières avec le Nigeria marque un tournant dans les relations bilatérales, offrant une perspective de normalisation des échanges entre les deux pays après la période de tensions consécutive au coup d'État. Cette décision pourrait signifier une volonté de réintégration dans le concert régional, même si les défis sécuritaires et diplomatiques demeurent préoccupants pour le Niger.
Cependant, la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin - malgré sa réouverture du côté béninois -, témoigne des tensions persistantes depuis le coup d'État de juillet. Les autorités nigériennes justifient cette mesure par des raisons de sécurité, dans un contexte où la méfiance envers les interventions étrangères persiste, notamment envers la France. Les relations entre le Niger et le Bénin se sont également tendues, les partisans du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) semblant sanctionner le Bénin pour son rôle au sein de la CEDEAO.
Un décret présidentiel, au Niger, abroge les contrôles sur les dépenses liées à la défense, exemptant les achats d’équipements militaires des lois sur les marchés publics et la comptabilité publique. Cette décision, justifiée par l’urgence de renforcer la lutte antiterroriste, suscite des préoccupations quant à l’opacité et au risque de corruption. Certains lient cette mesure au renforcement de la coopération militaire avec la Russie et à une possible implication du groupe Wagner bien que celà ne soit aucunement documenté pour l’instant. Cependant, des spécialistes mettent en garde contre le risque de détournements de fonds, rappelant les scandales de corruption passés dans le secteur de la défense au Niger.
Sur le plan sécuritaire, le Niger a connu une attaque contre un convoi escorté par l'armée près d'Agadez et qui a entraîné des blessures chez huit militaires et un civil. Cette attaque s'inscrit dans un contexte où la région d'Agadez, avec ses sites aurifères, est le théâtre de braquages et d'attaques récurrentes. Ceci est révélateur des nombreux défis auxquels le pays est confronté en matière de sécurité. C’est dans ce cadre que l'armée nigérienne a intensifié ses efforts pour contrer les groupes terroristes opérant dans le pays et a réussi à en neutraliser 60 dans le sud-ouest du pays. Malgré ces efforts, des attaques contre des villages se poursuivent, causant la mort de neuf civils dans la région de Tillabéri.
En outre, l'armée a mené des opérations réussies contre les “bandits armés”, tuant dix d'entre eux et capturant un autre dans le nord du pays. L'arrestation d'un terroriste et de son complice à Niamey, témoigne des efforts déployés par les autorités pour démanteler les réseaux terroristes et assurer la sécurité nationale.
Par ailleurs, le Niger a décidé, comme avec la France, de rompre sa coopération militaire avec les États-Unis, ce qui pourrait ouvrir la porte à de nouveaux partenaires, notamment la Russie. La base militaire d'Agadez, stratégique pour les États-Unis, se retrouve au cœur de ces enjeux géopolitiques avec la Russie qui avance ses pions dans la région, Tchiani s’étant entretenu avec Poutine pour « renforcer » la coopération entre la Russie et le Niger à la fin du mois.
Source : Sahel Weather
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The political crisis that erupted in February 2024, following President Macky Sall's decision to unexpectedly postpone the presidential election, led to a series of demonstrations across the country, with clashes between the forces of law and order and demonstrators in several regions of the country, particularly in Dakar.
Faced with this escalation of social tension, the Constitutional Council decided to invalidate the postponement and, at the same time, ordered President Macky Sall to comply with the original electoral timetable by holding the presidential election as soon as possible. This decision, welcomed by a large part of the opposition and civil society, was seen as a step towards the restoration of democratic order, even if there is some skepticism that the Council did not take the lead by setting a date itself, leaving the reins once again to President Macky Sall, who is accused of stalling.
Indeed, the Head of State continued to maintain uncertainty as to the date on which the election would be held. This ambiguity prompted further criticism from many political and social players, who demanded that the electoral timetable be respected, and that the election be held before the end of his term on April 2.
At the same time, civil society movements such as Aar Sunu Élection (Protect our election, in Wolof) organized a major nationwide demonstration on February 17, with thousands of Senegalese taking to the streets to demand that the electoral timetable be respected.
Against this backdrop of crisis, the Senegalese government adopted a draft "general amnesty law" for acts relating to political demonstrations that took place between 2021 and 2024. This measure was presented as a means of fostering national reconciliation and promoting political stability in the country. Aïssata Tall Sall, Minister of Foreign Affairs, spoke on this subject at the 37th summit of the African Union, stating that 344 detainees had already been released in Dakar, and that 200 were awaiting release.
On February 26 and 27, a national dialogue initiated by Macky Sall was held in Diamniadio. The initiative was far from unanimous, as it was rejected by 16 of the presidential candidates, as well as by the "Aar sunu élection" collective. After the June 2 proposal was rejected by the Constitutional Council, the March 24 proposal was finally validated.
Despite doubts about the actual support of certain members of the presidential party, a meeting confirmed support for Amadou Ba's candidacy. The release of Ousmane Sonko and Bassirou Diomaye Faye sparked celebrations in the streets of Dakar, following the promulgation and application of the amnesty law. In the final days of the election campaign, candidate Habib Sy threw his support behind Bassirou Diomaye Faye, strengthening his position. The final campaign rallies, including the one held in Mbour by the Diomaye 2024 coalition on Friday March 22, marked the end of this intense period.
Bassirou Diomaye Faye's first-round victory in the Senegalese presidential election represents a decisive turning point for democracy. He, who until recently was in prison, embodies a determined opposition and a desire for change that meets the expectations of many Senegalese. In his words: "The Senegalese people have chosen to break with the past". His electoral success is interpreted by many specialists as a break with the old regime and a determination to re-establish national sovereignty, fight corruption and promote a better distribution of wealth. It also represents a democratic renewal in Senegal, where the aspirations of the people and the voices of the opposition seem to have been heard.
The provisional official results announced him as the winner with 54.28%. The latter was congratulated by Head of State Macky Sall, who "hails the smooth running of the March 24, 2024 presidential election", which he described as "a victory for Senegalese democracy." In addition, Head of State Macky Sall received his successor Mr. Bassirou Diomaye Face at the palace, accompanied by Ousmane Sonko, to discuss issues of state, as well as the handover and swearing-in ceremony to be held on Tuesday April 02.
Source : Météo Sahel
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La crise politique qui a éclaté en février 2024, suite à la décision du report inattendu de l'élection présidentielle annoncée par le président Macky Sall, a entraîné une série de manifestations à travers le pays, avec des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants dans plusieurs régions du pays particulièrement à Dakar.
Face à cette escalade de la tension sociale, le Conseil constitutionnel a décidé d’invalider ce report et a, par la même occasion, ordonné au président Macky Sall de se conformer au calendrier électoral initial en organisant l’élection présidentielle dans les meilleurs délais. Cette décision, saluée par une grande partie de l'opposition et de la société civile, a été perçue comme un pas vers la restauration de l'ordre démocratique même si il y a un certain scepticisme quant au fait que le Conseil n’ait pris les devants en fixant lui-même une date, laissant à nouveau les rênes au président Macky Sall accusé de faire du dilatoire.
En effet, le chef de l’Etat a continué à entretenir l'incertitude quant à la date de la tenue de l'élection. Cette ambiguïté a suscité des critiques supplémentaires de la part de nombreux acteurs politiques et sociaux exigeant le respect du calendrier électoral pour l’organisation de l'élection avant la fin de son mandat le 2 avril.
Dans le même temps, des mouvements de la société civile, tels que Aar Sunu Élection (Protéger notre élection, en wolof), ont organisé une grande manifestation le 17 février à travers tout le pays avec des milliers de Sénégalais sortis dans les rues pour exiger le respect du calendrier électoral.
C’est dans ce contexte de crise, que le gouvernement sénégalais a adopté un projet de “loi d'amnistie générale” des faits se rapportant aux manifestations politiques survenues entre 2021 et 2024”. Cette mesure a été présentée comme un moyen de favoriser la réconciliation nationale et de promouvoir la stabilité politique dans le pays. Aïssata Tall Sall, ministre des Affaires Etrangères, s’est exprimée à ce sujet lors du 37ème sommet de l’Union Africaine en affirmant que 344 détenus ont déjà été libérés à Dakar, et que 200 sont en attente de libération.
Les 26 et 27 février, un dialogue national à l’initiative de Macky Sall s’est tenu à Diamniadio. Cette initiative était loin de faire l’unanimité dans la mesure où elle a été rejetée à la fois, par 16 parmi les candidats à l’élection présidentielle, mais également par le collectif “Aar sunu élection”. Après la proposition du 2 juin, rejetée par le Conseil Constitutionnel, c’est finalement celle le 24 mars qui a été validée.
Malgré des doutes sur le soutien effectif de certains membres du parti présidentiel, une réunion a confirmé le soutien à la candidature d'Amadou Ba. La libération d'Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye a suscité des célébrations dans les rues de Dakar, après la promulgation et l’application de la loi d’amnistie. Dans les derniers jours de la campagne électorale, le candidat Habib Sy a apporté son soutien au profit de Bassirou Diomaye Faye, renforçant ainsi sa position. Les derniers meetings de campagne, dont celui tenu à Mbour par la coalition Diomaye 2024 le vendredi 22 mars, ont marqué la fin de cette période intense.
Finalement, la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l'élection présidentielle sénégalaise dès le premier tour représente un tournant décisif pour la démocratie. En effet, lui qui était encore récemment en prison, incarne une opposition déterminée et un désir de changement qui répond aux attentes de nombreux Sénégalais. Selon lui : « Le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture ». Son succès électoral est interprété par de nombreux spécialistes comme une rupture avec l'ancien régime et une volonté de rétablir la souveraineté nationale, de lutter contre la corruption et de promouvoir une meilleure répartition des richesses. C’est également un renouveau démocratique au Sénégal, où les aspirations populaires et les voix de l'opposition semblent avoir été entendues.
Les résultats officiels provisoires l’annoncent gagnant avec 54,28%. Ce dernier a été félicité par le chef de l’Etat Macky Sall qui « salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 » qu’il qualifie de « victoire de la démocratie sénégalaise. » D’ailleurs, le chef de l’Etat Macky Sall a reçu au palais son successeur Monsieur Bassirou Diomaye Face accompagné d’Ousmane Sonko, l’occasion d’échanger sur les dossiers de l’État, mais aussi sur la cérémonie de passation de service et de prestation serment qui se tiendra le mardi 02 avril.
L’Alliance panafricaine pour la transparence et la primauté du droit (PATROL-AFRICA), une organisation qui vise à promouvoir la transparence et le respect de l’état de droit et à agir comme un moteur de développement dans les pays africains, félicite chaleureusement Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour son élection à la présidence du Sénégal.
PATROL-Africa souhaite également exprimer sa reconnaissance et ses vœux les plus chaleureux au peuple sénégalais, qui a une fois de plus démontré que le droit de vote – et le fait que son vote soit pris en compte – reste une caractéristique indispensable de la liberté et de la démocratie.
Les élections qui viennent de s’achever soulignent l’importance cruciale d’institutions démocratiques fortes pour préserver l’intégrité et l’équité des processus électoraux. Le Conseil constitutionnel est au premier plan de cet engagement en faveur de la démocratie. Par son contrôle rigoureux et ses décisions impartiales, elle a réaffirmé l’importance d’un pouvoir judiciaire indépendant pour préserver l’État de droit dans une société démocratique. Il a donné l’exemple au continent africain et au monde entier.
Le 29 mars, la plus haute juridiction du Sénégal a réaffirmé la victoire électorale de Bassirou Diomaye Faye. En remportant plus de 54 % des voix au premier tour, M. Faye deviendra, à 44 ans, le plus jeune chef d’État d’Afrique lorsqu’il sera investi le 2 avril 2024 en tant que cinquième président du pays.
PATROL-AFRICA se réjouit qu’aucune objection n’ait été soulevée par d’autres candidats à cet égard. Elle se joint donc au président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat, pour saluer l’acceptation unanime des résultats.
Malgré la période tumultueuse qui a précédé les élections, il est évident qu’il s’agit d’une victoire du peuple sénégalais et des valeurs démocratiques qui lui sont chères. Une fois de plus, le peuple sénégalais et les institutions démocratiques qui sous-tendent l’État de droit dans le pays ont donné un excellent exemple, non seulement pour le continent africain, mais aussi pour les autres pays du monde.
PATROL-AFRICA tient à féliciter une fois de plus le Président de la République sortant, S.E. Macky Sall. En respectant la volonté du peuple et l’autorité de la loi suprême du pays; en adressant ses félicitations et ses meilleurs vœux à l’administration entrante de M. Diomaye Faye, M. Macky Sall a finalement agi pour renforcer la démocratie dans le pays, soutenue par une transition pacifique du pouvoir et la stabilité.
PATROL-AFRICA salue tous ceux qui, au Sénégal et à l’étranger, commission électorale et observateurs compris, ont participé à ce processus électoral pacifique qui fait briller l’Afrique à la face du monde, à une époque où les traditions démocratiques sont sérieusement menacées et attaquées.
In Senegal, the start of the presidential election campaign went hand in hand with the unveiling of the candidates' programs. An overview of these social projects quickly revealed a poor relation: defense, security and foreign policy issues. Indeed, the vast majority of candidates seem to have little interest in these issues, despite the country's strategic position in a sub-region beset by instability. With this in mind, Timbuktu Institute, one of the leading think tanks on these issues, organized a virtual meeting of experts on March 19, 2024, on the theme: "Security, defense and foreign policy: what are the candidates proposing?". Moderated by E-Media Managing Director Alassane Samba Diop, the panelists' exchanges agreed that the programs' thinking on these projects is lacking. This is far from beneficial for Senegal, which is increasingly at the heart of a regional and international game in constant flux.
From the outset, Bakary Sambe, Regional Director of the Timbuktu Institute, sets the tone for the panel's discussions, expressing surprise that these issues are "the blind spot" on political agendas. For him, "it's absolutely essential that the contenders for political leadership become increasingly aware of security issues. Sometimes, they don't seem to be aware of the issues and challenges. Post-2024 Senegal will be a country whose geostrategic status is changing, with all the issues surrounding energy resources, but also the inevitable impact of geopolitical developments in the region, in the midst of a cold and information war, with the new Sahelian game already in full swing, amidst a host of covetous and competitive agendas".
General (er) Babacar Faye agrees, deploring: "Of the seventeen of the nineteen candidates competing, the majority of subjects relating to security, defense and foreign policy were treated in a superficial and generic manner, focusing mainly on securing borders, improving the living and working conditions of security forces, clandestine emigration, the fight against drug trafficking, etc.", notes General El Hadji Babacar Faye (er). For him, this lightness is all the more surprising given that the sub-region is in the grip of socio-political upheavals with global repercussions. "Our citizens need to be enlightened about Senegal's cohabitation with neighboring countries," he asserts.
Senior Fellow at the Timbuktu Institute, Babacar Ndiaye makes a similar observation of "the general weakness of proposals", noting at first glance the usual confusion between diplomacy and foreign policy in the French-speaking world. According to Ndiaye, foreign policy covers four essential objectives: maximizing security interests, prosperity and economic development, defending socio-cultural values and international prestige. Since Senghor, he recalls, "Senegalese foreign policy has been based on the theory of regional integration by concentric circles, based on the idea that alliance and security cooperation, as well as African integration, were sources of economic progress". While most of the candidates are moving in this direction, researcher Babacar Ndiaye points to the case of candidate Bassirou Diomaye Faye, who advocates a rupture. "He is calling into question the WAEMU, which is at the heart of Senegal's prosperity, and we must bear in mind that this has enormous implications for the country's regional integration", he notes. Still on the subject of foreign policy, Babacar Ndiaye observes that candidate Khalifa Sall has posed "the problem of the politicization of the Senegalese diplomatic service, which while moving towards its depoliticization must also adapt to new issues such as the energy transition and positioning in the current world order."
"They touched on security and defence issues".
A review of the platforms of the Senegalese presidential candidates reveals that "the seventeen who addressed these subjects devoted no more than a quarter of a page to them. In fact, they skimmed over it, omitting the important aspect of the concept of collaborative, inclusive and participative security, knowing that the all-military approach has already shown its limits", laments Aïdara Ndiaye Adajaratou, Executive Director at Partners West Africa Senegal. As a result, issues linked to "air safety, road safety which costs 2 to 3% of GDP, security challenges linked to fake news with the emergence of artificial intelligence in a context of informational warfare, maritime security with oil/gas exploitation, prevention and forecasting of violent extremism were only skimmed over, if not addressed at all. » Speaking of foreign policy, she adds, "South-South relations are not a priority, bilateral and multilateral relations not being addressed, while the country is moving in a climate of anti-imperialist fever where the future of ECOWAS or the BRICS are current issues. In this respect, only candidate Pape Djibril Fall mentioned geostrategy."
According to Babacar Ndiaye, it's also important to note that political parties only focus on electoral issues and the rules of the democratic game. "On issues as essential as peace and security, which could enable voters to make an informed choice, there is little debate. I also think that electoral logic is not unrelated to the downplaying of these issues," says Babacar Ndiaye.
For international consultant Tidiane Dioh, a former diplomat, taking into account "issues linked to cyberspace is vital insofar as we are living in an era of information warfare where electoral processes can be disrupted even up to polling day". He maintains that candidates would have benefited from emphasizing "military diplomacy, given that Senegal exports many officers to international troops (Kuwait, Liberia), as well as foreign diplomacy, bearing in mind that the country does not only have cordial relations with its immediate neighbors, not forgetting that the Casamance question cannot be buried."
Un déni des questions sécuritaires ?
"Our candidates, like many citizens, are victims of communicational and sometimes political denial on the issue of security threats, due to an angelism or nihilism that projects the image of a Senegal definitively at peace", says Bakary Sambe, Regional Director of the Timbuktu Institute. That's why, he continues, "we mainly talk about securing borders, as if the terrorist threat could only come from abroad. This is also part of a certain populism. For Dr. Sambe, we have to come to terms with the fact that "the Senegal of 2024 is no longer the Senegal of 2012. In other words, it is increasingly situated at the confluence of interests between major powers (China, France, Qatar), which candidates are struggling to fully grasp, due to the gap between their awareness of the stakes and military diplomacy." He recommends that local expertise in diplomacy, generals and think-tanks be put to good use, so that we are no longer simply subject to the international policies of others.
This position is somewhat counterbalanced by Dr. Aïdara Ndiaye, who notes that "the Senegalese seem to be more directly affected by the institutional crisis, with issues such as justice reform, democracy, the rule of law, education, access to housing, health, agriculture, etc." In this context, she adds, it is understandable that "security, defense and foreign policy issues are not directly perceived as the most vital". In this context, she nuances, it seems understandable that "questions of security, defense and foreign policy are not directly perceived as the most vital." To get citizens more interested in these issues, Tidiane Dioh believes, "the Senegalese social contract needs to be reformed." This could involve, he suggests, "highlighting the Senegalese concept of an army-nation, while training young people in citizenship on the one hand. Not to mention thinking about the country's security from a global perspective, even if possible from the tri-border area."
Dr. Aïdara Ndiaye has a similar view, believing that the denial also stems from "the absence of a sense of social and civic belonging, whereas Senegal has cultural resilience mechanisms such as cousinage à plaisanterie, kersa, soutoura, badiénou gokh", she explains. However, for his part, General Babacar Faye is optimistic. "There are certain elements classified as secret defense that all the candidates cannot have, in order to give a sufficiently informed opinion. With the authority of important international agreements to soak up the reality, the next rulers will have briefings soon enough on the current situation and the reality of our capabilities, by defense and security technicians," he reassures.
Prepared by Ken Akpo, Cellule Veille & Analyse - Timbuktu Institute
Au Sénégal, le début de la campagne pour la présidentielle est allé de pair avec le dévoilement des programmes des candidats en lice. Un tour d’horizon de ces projets de société a fait vite apparaître un parent pauvre : les questions de défense, sécurité et politique étrangère. En effet, les problématiques semblent manifestement peu intéresser la grande majorité des candidats, malgré la place stratégique du pays dans une sous-région en proie à l’instabilité. C’est partant de ce constat que Timbuktu Institute, parmi les think tanks leaders sur ces questions, a organisé le 19 mars 2024, une rencontre virtuelle des experts sur le thème : « Sécurité, défense et politique étrangère : que proposent les candidats ? ». Modérés par le directeur général d’E-Media, Alassane Samba Diop, les échanges des panélistes ont convenu de la réflexion lacunaire des programmes sur ces projets. Ce qui est loin d’être bénéfique pour le Sénégal, de plus en plus au cœur d’un jeu régional et international en constantes mutations.
D’emblée, sur les raisons de la tenue de ce panel, Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, donne le ton et s’étonne que ces questions soient « l’angle mort » des programmes politiques. Pour lui, « il faudra absolument que les prétendants au leadership politique soient de plus en plus sensibilisés sur les enjeux sécuritaires. Ils semblent, quelques fois, ne pas avoir la conscience des enjeux et des défis. Le Sénégal de l’après-2024 sera celui d’un pays qui change de statut géostratégique avec tous les enjeux autour des ressources énergétiques mais aussi de l’incidences inévitable des développements géopolitiques dans la région en pleine guerre froide et informationnelle avec le nouveau grand jeu sahélien qui bat déjà son plein au milieu de multiples convoitises et d’agendas compétitifs. »
Le Général (er) Babacar Faye va dans le même sens en déplorant : « Sur les dix-sept des dix-neuf candidats en compétition, les sujets liés à la sécurité, la défense et la politique étrangère ont été en majorité traités de manière superficielle et générique, se concentrant principalement sur la sécurisation des frontières, l’amélioration des conditions de vie et de travail des forces de sécurité, l’émigration clandestine, la lutte contre le trafic de drogue, etc », constate le général El Hadji Babacar Faye (er). Pour lui, cette légèreté est d’autant plus surprenante que la sous-région est en proie à des soubresauts socio-politiques qui ont des répercussions globales. « Nos citoyens doivent être éclairés sur la cohabitation du Sénégal avec les pays voisins », affirme-t-il.
Senior Fellow au Timbuktu Institute, Babacar Ndiaye dresse le pareil constat de « la faiblesse générale des propositions » en remarquant au prime abord une confusion usuelle entre la diplomatie et la politique étrangère dans le monde francophone. Selon lui, la politique étrangère recouvre vise quatre objectifs essentiels : la maximisation des intérêts sécuritaires, la prospérité et le développement économique, la défense des valeurs socio-culturelles ainsi que le prestige international. Depuis Senghor rappelle-t-il, « la politique étrangère sénégalaise s’est basée sur la théorie d'intégration régionale par cercles concentriques qui s’appuyait sur l’idée que l’alliance et la coopération sécuritaire, ainsi que l’intégration africaine était source de progrès économique ». Si l’essentiel des candidats vont dans ce sens, le chercheur Babacar Ndiaye pointe le cas du candidat Bassirou Diomaye Faye, qui prône une rupture. « Il remet en cause l’UEMOA qui est le cœur de la prospérité du Sénégal, il faut garder à l’esprit que cela a des implications énormes sur l’intégration régionale du pays », note-t-il. Toujours sur le plan de la politique étrangère, Babacar Ndiaye observe que le candidat Khalifa Sall a posé « le problème de la politisation du service diplomatique sénégalais, qui tout en allant vers sa dépolitisation doit aussi s’adapter à de nouvelles questions comme la transition énergétique et le positionnement dans l’actuel ordre mondial. »
« Ils ont effleuré les questions de sécurité et défense »
Le passage en revue des programmes des candidats à la présidentielle sénégalaise laisse déceler que « les dix-sept qui ont abordé ces sujets les ont dédiés au plus sur un quart de page. En fait, ils l’ont effleuré en omettant l’aspect important du concept de sécurité collaborative, inclusive et participative, sachant que le tout-militaire a déjà montré ses limites », déplore Aïdara Ndiaye Adajaratou, directrice exécutive à Partners West Africa Sénégal. Ce qui fait que les questions liées à « la sécurité aérienne, la sécurité routière qui coûte 2 à 3% du PIB, les défis sécuritaires liés aux fake news avec l’apparition de l’intelligence artificielle dans un contexte de guerre informationnelle, la sécurité maritime avec l’exploitation du pétrole/gaz, la prévention et la prospective de l’extrémisme violent n’ont été que survolées, sinon pas abordées. » Parlant de politique étrangère, ajoute-t-elle, « les relations Sud-Sud ne sont pas une priorité, les relations bilatérales et multilatérales n’étant pas traitées alors que le pays se meut dans un climat de fièvre anti-impérialiste où l’avenir de la CEDEAO ou les BRICS sont des questions actuelles. A ce propos, seul le candidat Pape Djibril Fall a évoqué la géostratégie. »
Par ailleurs, il importe aussi de notifier selon Babacar Ndiaye, que les partis politiques ne se focalisent que sur les questions électorales et les règles du jeu démocratique. « Sur des questions aussi essentielles que la paix et la sécurité qui pourraient permettre aux électeurs de se positionner en connaissance de cause, il y a peu de débat. Je pense aussi que les logiques électoralistes ne sont pas étrangères à la minimisation de ces questions », développe Babacar Ndiaye.
Pour le consultant international Tidiane Dioh par ailleurs ancien diplomate, prendre en compte les « problématiques liées au cyberespace est capital dans la mesure où nous vivons dans une ère de guerre informationnelle où les processus électoraux peuvent être perturbés même jusqu’au jour du scrutin. » Il soutient que les candidats auraient gagné à mettre l’accent sur « la diplomatie militaire étant donné que le Sénégal exporte beaucoup d’officiers dans les troupes internationales (Koweït, Libéria), ainsi que la diplomatie étrangère sachant que le pays n'a pas que des relations cordiales avec ses voisins immédiats, sans oublier que la question casamançaise ne saurait être enterrée. »
Un déni des questions sécuritaires ?
« Nos candidats à l’instar de nombre de citoyens sont victimes du déni communicationnel et parfois politique sur les questions de menaces sécuritaires, dû à un angélisme ou nihilisme qui projette l’image d’un Sénégal définitivement en paix », estime Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute. Raison pour laquelle, poursuit-il, « nous parlons essentiellement de sécurisation des frontières, comme si la menace terroriste ne pouvait venir que de l’étranger. Cela participe aussi d’un certain populisme. » Pour Dr Sambe, il faut se faire à l’idée que « le Sénégal de 2024 n’est plus celui de 2012. C’est-à-dire qu’il se situe de plus en plus à la confluence d’intérêts entre grandes puissances (Chine, France, Qatar), dont les candidats peinent à prendre la pleine mesure, en raison du hiatus entre leur conscience des enjeux et la diplomatie militaire. » Il préconise que l’expertise locale de la diplomatie, des généraux, des think thank soit mise à profit, afin de ne plus uniquement subir les politiques internationales des autres.
Cette position est toutefois un peu contrebalancée par Dr. Aïdara Ndiaye qui remarque justement que « les Sénégalais semblent plus être directement affectés par la crise institutionnelle avec les problématiques de la réforme de la justice, la démocratie, l’Etat de droit, l’éducation, l’accès au logement, la santé, l’agriculture, etc. » Dans ce contexte, nuance-t-elle, il apparaît compréhensible que « les questions de sécurité, défense et politique étrangère ne soient pas directement perçues comme les plus vitales. » Pour mieux intéresser les citoyens à ces problématiques, juge Tidiane Dioh, « il faut réformer le contrat social sénégalais. » Cela pourrait passer, suggère-t-il, par « la mise en relief du concept sénégalais d’armée-nation tout en formant la jeunesse à la citoyenneté d’une part. Sans oublier de penser la sécurité du pays dans une perspective globale, ce même si possible depuis la zone des trois frontières. »
Son de cloche similaire chez Dr. Aïdara Ndiaye, qui estime que le déni évoqué fleurit aussi sur « l’absence du sentiment d’appartenance social et civique et civique alors que le Sénégal dispose de mécanismes culturels de résilience à l’instar du cousinage à plaisanterie, du kersa, du soutoura, des badiénou gokh », explique-t-elle. Toutefois, pour sa part, le général Babacar Faye se veut optimiste. « Il y a certains éléments classés secret défense dont l’ensemble des candidats ne peut pas disposer, afin de donner un avis suffisamment informé. Avec l’autorité des accords internationaux importants pour s’imprégner de la réalité, les prochains gouvernants auront assez tôt des briefings sur la situation actuelle et la réalité de nos capacités, par les techniciens de la défense et la sécurité », rassure-t-il.
Préparé par Ken Akpo, Cellule Veille & Analyse - Timbuktu Institute
Le Sénégal s’achemine vers une élection présidentielle cruciale prévue pour le 24 mars. Cette élection survient dans le sillage d'une crise électorale qui a menacé de compromettre l’image de la démocratie sénégalaise longtemps vue comme un exemple et un modèle en Afrique. Cependant, ce scrutin se déroule dans un contexte régional marqué par des tensions persistantes où le Sénégal a toujours été décrit comme un lieu de stabilité dans un « océan d’instabilité » avec les crises environnantes.
De plus, la sous-région est confrontée à de multiples crises et à des défis internationaux accrus, notamment avec le conflit en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient dont les conséquences n’ont pas épargné les différents pays. Le Sénégal, plus particulièrement, se trouve dans un tournant historique avec une nouvelle géopolitique induite par l’imminence de l’exploitation d’importantes réserves énergétiques dans un contexte d’une sérieuse compétition internationale due à d’énormes enjeux géostratégiques.
Le Timbuktu Institute a observé un manque de couverture médiatique et d'analyse approfondie concernant les enjeux de défense, de sécurité et de politique étrangère en cette période de campagne, malgré la publication des programmes des candidats à l’élection présidentielle. Certains ne semblent pas accorder de priorité à ces questions, tout comme elles ne semblent pas être au premier plan des préoccupations des citoyens.
Certes, il demeure compréhensible que l’attention des candidats et des populations semble être davantage dirigée vers des questions immédiates telles que le chômage, la santé, l’accès à l’eau, à l’électricité, mais surtout vers les mobilisations autour de la définition des règles du jeu électoral. Mais, les problématiques de défense et de politique étrangère sont scrutées avec une certaine attention par tous les partenaires internationaux de ce pays, toujours considéré malgré certaines préoccupations comme un véritable pôle de stabilité et un État pivot dans la région.
Dans ce contexte, le Timbuktu Institute, Think tank leader sur les questions de paix et sécurité au Sahel, dans les pays côtiers et de manière générale dans la sous-région ouest-africaine, prend l'initiative d'organiser un débat participatif avec des experts et acteurs concernés, dans l’objectif de susciter une prise de conscience de l'importance primordiale de ces enjeux de politique publique et de leur nécessaire prise en compte dans le débat démocratique, aussi bien par les candidats que les citoyens.
En effet, ce webinaire vise à analyser en profondeur la manière dont ces sujets sont abordés dans les programmes, à identifier les priorités des candidats et surtout à comprendre ce que cela révèle sur les orientations politiques et les visions de chacun en matière de paix et de sécurité.
L’objectif général de ce webinaire est de créer un cadre d’échanges pour exposer et comprendre les positions et engagements des candidats en lice sur les questions de sécurité, de défense et de politique étrangère face aux défis sécuritaires et mutations géopolitiques dans le Sahel et en Afrique de l’ouest en général.
Plus spécifiquement, il s’agira de :
- discuter autour des axes thématiques des programmes des candidats en matière sécuritaire et de diplomatie internationale ;
- contribuer au débat national sur les enjeux géopolitiques et géostratégiques en cette veille de joutes électorales dans un environnement régional instable.
Résultats attendus :
- Une compréhension des positions et des engagements spécifiques de chaque candidat concernant les questions de paix et de sécurité et de diplomatie ;
- La prise de conscience de l'importance des enjeux géopolitiques et géostratégiques pour le Sénégal et la région, en soulignant l'impact des décisions politiques futures sur la stabilité régionale.
Format
Ce panel facilité par Alassane Samba Diop, journaliste et Directeur Général du Groupe de presse Emedia, réunira des chercheurs, d'anciens diplomates, des militaires de carrière et d'autres acteurs pertinents afin d'examiner les programmes publiés par les candidats. En favorisant une approche pluridisciplinaire, le webinaire consistera en une série de communications faite par ces expertssuivies de discussions avec les participants.
- Dr. Adjaratou Wakha Ndiaye, Directrice Exécutive, Partners West Africa
- Tidiane Dioh, Consultant International
- Dr. Bakary Sambe, Directeur Régional du Timbuktu Institute
- Général Babacar Faye (ER), Expert en Paix, Sécurité et Stabilisation
- Babacar Ndiaye, Senior fellow Timbuktu Institute.
Date et lieu
Le webinaire aura lieu le mardi 19 mars sur Zoom de 11h à 12H30
In Africa, and more particularly in the Sahel, election periods are times of general tension and tension building, and in a context of disinformation, the risks are heightened. This was the theme of a seminar organized by the Timbuktu Institute in partnership with Meta, on February 27 in Dakar, on "The stakes of disinformation and the challenges of social cohesion and democracy in the Sahel". Moderated by CESTI Director Mamadou Ndiaye, the discussions highlighted the threats to stability posed by misinformation, and stressed the need to promote fact-checking and media education. In short, greater responsibility on the part of the media and citizens, who are becoming both consumers and producers of information in the age of social networks.
The sub-region is experiencing a "paradox", says Bakary Sambe, Director of the Timbuktu Institute. Observing that young people in the 90s who fought for democratization are today in the crowds welcoming as heroes the new players who come to power by force, he wonders "whether a democratic disenchantment cannot explain the fact that ex-freedom fighters today give a standing ovation to those who come to power undemocratically." In his book "Ill Winds", American political scientist Larry Diamond offers a diagnosis of what he sees as the unfavorable winds for democracy, including "american recklessness", "russian anger" and "chinese ambition". However, for the director of the Timbuktu Institute, a fourth parameter needs to be added: "the inconsistencies of Western powers, but also of local authorities, which have led democracy astray".
Among other things, he regrets that this misuse of democracy "has transformed elections, which were supposed to be moments of celebration and democratic festivity, into moments of anxiety and risk". As a result, in these tense moments marked by a competitive context, "a digital jungle is emerging, where those who master the technicalities can have the upper hand over those who live by the rules of ethics, and the manipulation of information is becoming a crucial issue where digital armies produce disinformation campaigns, even harassment of political figures", he adds. Between 2002 and 2014 in sub-Saharan Africa, he warns, "more than 5,000 people died during election periods. In other words, they are just as critical as new border or environmental threats." Faced with an unprecedented flow of information that makes discernment difficult and has led to "infobesity", the new informational cold war in the sub-region is amplifying the conspiracy theories that are now proliferating, all the more so as "it is certain States themselves that sometimes indulge in disinformation, and also, political socialization is also taking place via the Internet, with a leader's political status or popularity becoming a matter of the number of clicks and followers", he points out.
Disinformation and information warfare, the new Pandora's box?
For Abdourahamane Dicko, lecturer and researcher at the University of Zinder (Niger), "we have to start from the principle that the issue of disinformation must be analyzed in its multidimensional character. Insofar as, he believes, "the Nigerien state has failed by creating a collective fear around freedom of expression. Today, not only is political socialization based on ethnolinguistic affiliation, but some communities - in this case the Peul - are labelled as sympathizers of the jihadists". This situation, exacerbated by widespread misinformation, he warns, "is fertile ground for the proliferation of inter-community conflicts in the Sahel. Pointing out that it is important to contextualize the phenomenon of disinformation, the Nigerian, associate researcher at the Timbuktu Institute, proposes the term "coaching politics in a situation where disinformation is knowingly manufactured and disseminated, the state participates in its popularization."
Faced with this disruption of the information field, beninese investigative journalist Ignace Sossou recommends observing "an ethic of use of social networks", which is both attentive to the opportunities and to the shortcomings of these platforms. According to him, in a context of "liberalization of the media space, with the proliferation of private media and influencers who are antechambers of disinformation, the journalist's duty is to systematically go further in his or her approach." In other words, armed with ethics and deontology, the journalist must be able to separate the wheat from the chaff of the networks, while maintaining a reflex: that of fact-checking. "It should no longer be seen as a tool reserved for the media world, but should be taught to everyone, especially young people, so as to cultivate their critical faculties", recommends the fact-checking trainer.
Given that misinformation is a sprawling challenge, Tidiani Togola, Civic-Tech specialist in Mali, believes that "a strategy built around media education and digital literacy" is needed. This strategy should be part of a "holistic approach that takes into account researchers, governments, civil society and users, with the aim of engaging platforms to better identify local contexts". In his view, given that the Sahel is "plagued by social tensions and the industrialization of disinformation", it would be wise for platforms to "engage in local partnerships, to support initiatives to combat and research disinformation, not only by promoting fact-checking in school curricula, but also through awareness-raising campaigns in local languages". All this could make a lasting contribution to cleaning up the social networking environment in the Sahel.
Media literacy: a compass for greater stability?
"Media and information literacy is both a supply and a demand" says Yacine Diagne, a teacher-researcher at CESTI. Unfortunately, however, "the overcrowded school system doesn't lend itself to it, especially as education in Africa is overwhelmed and teachers can't keep up with the demands placed on them." Because worse than misinformation, she observes an "information disorder insidiously mixing misinformation-malinformation-misinformation where we can't expect public authorities, who repress, to promote media education." To achieve this, the media specialist suggests "African-style education, via local communities, at grassroots level".
Bakary Sambe agrees, reminding us that "education is a weapon for the massive construction of citizenship." He continues: "The democratization of access to and dissemination of information requires a new type of education. Today, everyone is both a sender and a consumer of information. That's why we need to return to more democratic ethics in the use of the media, without forgetting the role of governments, because it's sometimes the absence of democracy that fertilizes the breeding ground for disinformation.”
According to Valdez Onanina, editor-in-chief of Africa Check, "fact-checking is actually consubstantial with the work of journalism. The fact is, if there's so much talk about it nowadays, it's because journalistic work is poorly done." To a participant who feels that social networks have become "public dumps", he finds that such an attitude of mind could be counterproductive thinking. "We have to accept the fact that social networks occupy a considerable amount of public space. It would be playing against ourselves to distance ourselves from them, since we're already behind the times in terms of digitalization, and what's more, disinformation now serves ideological and economic purposes, as we saw with the Story Killers", he explains.
Meta's engagement in the fight against disinformation in the Sahel
Meta's Public Policy Manager for French-speaking Africa, Olivia Tchamba, recalled their approach to the fight against misinformation, stressing the existence of community standards for the use of Meta platforms to better demonstrate the authenticity of content. False, viral information likely to cause physical or other damage is therefore not authorized by the platform.
So, in a more inclusive approach and with the aim of striking the right balance between the issue of freedom of expression and the ability to give users the freedom to create communities and exchange on what interests them, Meta is partnering with a category of players who have the ability to verify content. These include collaboration with journalists through the "NoFalseNewsZone" fact-checking incubation and mentoring program, running in five countries: Côte d'Ivoire, Cameroon, Mali, Burkina Faso and Niger, which aims to support local media in the fight against misinformation, but also, in a more holistic approach, Digital Literacy to help users understand how to take advantage of all the benefits that digital offers.
In general, Olivia Tchamba recalled that Meta had set up a number of programs in Senegal, Côte d'Ivoire and other Sahelian countries, notably the digital literacy caravan through the "Mon univers digital" program, which aims to help users gain a better understanding of how to search for and critically analyze information, for a more judicious and responsible use of the platform. In addition, Meta has launched "an awareness campaign on social networks and radio, on disinformation and the fight against online hate speech, in the context of the presidential election. The main objective is to show the merits and interest of young people's participation in the electoral process", Olivia Tchamba says.
Source: Timbuktu Institute - March 2024
En Afrique et plus particulièrement au Sahel, les périodes électorales sont des moments de tensions et de crispations généralisées ,et ce, dans un contexte de désinformation, les risques s’avèrent accrus. C’est le sens de ce séminaire organisé par le Timbuktu Institute en partenariat avec Meta, le 27 février dernier à Dakar, sur le thème : « Enjeux de la désinformation et défis de la cohésion sociale et de la démocratie au Sahel ». Modérés par le directeur du CESTI, Mamadou Ndiaye, les échanges ont permis d’une part, de mettre l’accent sur les menaces de la désinformation sur la stabilité, et d’insister sur la nécessité d’une promotion du fact-checking et de l’éducation aux médias d’autre part. Bref une plus grande responsabilisation des médias et des citoyens qui deviennent à la fois consommateurs et producteurs d’informations à l’heure des réseaux sociaux.
La sous-région vit un « paradoxe », estime d’emblée le directeur du Timbuktu Institute, Bakary Sambe. Observant que les jeunes dans les années 90 qui se battaient pour la démocratisation sont aujourd’hui dans les foules accueillant en héros les nouveaux acteurs qui arrivent au pouvoir par la force, il se demande « si un désenchantement démocratique ne peut pas expliquer le fait que les ex-combattants de la liberté ovationnent aujourd’hui ceux qui arrivent au pouvoir de manière non-démocratique. » Dans son ouvrage « Ill Winds », le politologue américain Larry Diamond propose un diagnostic de ce qu’il conçoit comme les vents défavorables à la démocratie au nombre desquels : « l’insouciance américaine », la « colère russe » et « l’ambition chinoise ». Toutefois pour le directeur du Timbuktu Institute, il faudrait ajouter un quatrième paramètre, qui concerne « les inconséquences des puissances occidentales mais aussi des pouvoir locaux qui ont dévoyé la démocratie ».
Ce dévoiement de la démocratie, entre autres regrette-t-il, « a transformé les élections censées être des moments de célébration et de fête démocratique, en des moments d’angoisse et de risque ». Conséquence, dans ces moments de crispation marqués par un contexte concurrentiel, « apparaît une jungle numérique, où ceux qui maîtrisent la technicité peuvent avoir le dessus sur ceux qui s’accommodent des règles de l’éthique, la manipulation de l’information devient un enjeu crucial où des armées numériques produisent des campagnes de désinformation, voire d’harcèlement à l’endroit de personnages politiques », ajoute-t-il. Entre 2002 et 2014 en Afrique subsaharienne, alerte-t-il, « les périodes électorales ont fait plus de 5000 morts. C’est-à-dire donc qu’elles sont aussi critiques que les nouvelles menaces frontalières ou environnementales.» Face à un flux inédit d’informations rendant difficile le discernement ayant conduit à une « infobésité », la nouvelle guerre froide informationnelle dans la sous-région amplifie les théories du complot qui pullulent désormais, d’autant plus que « ce sont certains Etats eux-mêmes qui s’adonnent parfois à la désinformation et aussi, la socialisation politique se fait aussi par Internet, le statut politique ou la popularité d’un leader devenant une affaire de nombre clics et de followers », pointe-t-il.
Désinformation et guerre informationnelle, nouvelle boîte de Pandore ?
Pour Abdourahamane Dicko, enseignant-chercheur à l'Université de Zinder (Niger), « il faut partir du principe que la question de la désinformation doit être analysée à travers son caractère multidimensionnel. » Dans la mesure où, estime-t-il, « l’Etat nigérien a failli en créant une peur collective autour de la liberté d’expression. Désormais, non seulement la socialisation politique se fait sous le prisme de l’appartenance ethnolinguistique, des communautés – en l’occurrence peule – sont étiquetées comme sympathisantes des djihadistes ». Cette situation exacerbée par une désinformation généralisée, alerte-t-il, constitue un terreau fertile pour la prolifération des conflits intercommunautaires au Sahel. Précisant qu’il importe de contextualiser le phénomène de la désinformation, le nigérien, chercheur associé au Timbuktu Institute propose le terme de « coaching politics dans une situation où la désinformation est sciemment fabriquée et diffusée, l’Etat participe à sa vulgarisation. »
Face à ce trouble du champ informationnel, le journaliste d’investigation béninois Ignace Sossou, préconise d’observer « une éthique d’utilisation des réseaux sociaux », qui est à la fois attentive aux opportunités et aux tares de ces plateformes. Selon lui, dans un contexte « de libéralisation de l’espace médiatique avec la prolifération des médias privés et influenceurs qui sont des antichambres de la désinformation, le devoir du journaliste est de systématiquement aller plus loin dans sa démarche. » En d’autres termes, s’armant d’éthique et de déontologie, le journaliste doit pouvoir ressortir le bon grain de l’ivraie des réseaux, tout en gardant un réflexe : celui du fact-checking. « Il urge d’aller vers la démocratisation du fact-checking, qui ne doit plus être considéré comme un outil réservé au monde des médias, mais enseignable à tout le monde et en particulier aux jeunes, de manière à cultiver leur esprit critique », recommande le formateur en fact-checking.
Dans la mesure où la désinformation est un défi tentaculaire, Tidiani Togola, spécialiste Civic-Tech au Mali, estime qu’il faudrait mettre sur pied « une stratégie bâtie autour de l’éducation aux médias et la littératie numérique ». Cette stratégie doit participer d’une « approche holistique prenant en compte chercheurs, gouvernements, société civile, utilisateurs, dans le but d’engager les plateformes à mieux identifier les contextes locaux. ». Pour lui, étant donné que le Sahel est « gangrené par des tensions sociales où l’on assiste à une industrialisation de la désinformation, » il serait judicieux pour les plateformes de « s’engager dans des partenariats locaux, pour accompagner les initiatives de lutte et de recherches sur la désinformation non seulement par la promotion du fact-checking et ce même dans les programmes scolaires, mais aussi par des campagnes de sensibilisation en langues locales ». Tout ceci, pourrait participer de manière durable, à assainir l’environnement des réseaux sociaux au Sahel.
L’éducation aux médias, une boussole vers plus de stabilité ?
« L’éducation aux médias et à l’information est une offre mais aussi une demande », affirme Yacine Diagne, enseignante-chercheuse au CESTI. Mais malheureusement déplore-t-elle, « le système scolaire engorgé ne s’y prête pas, d’autant plus qu’en Afrique, l’éducation est submergée et les enseignants ne peuvent pas répondre aux missions qu’on leur demande. » Parce que pire que la désinformation, elle observe un « désordre informationnel mêlant insidieusement désinformation-malinformation-mésinformation où on ne peut pas attendre des pouvoirs publics qui répriment, qu’ils fassent la promotion de l’éducation aux médias. » Pour ce faire, la spécialiste des médias suggère une « éducation à l’africaine, en passant par les communautés locales, à la base ».
Bakary Sambe abonde dans le même sens, en rappelant que « l’éducation est une arme de construction massive de citoyenneté. » Il poursuit : « La démocratisation de l’accès à l’information et sa diffusion nous impose un nouveau type d’éducation. Aujourd’hui chacun est à la fois émetteur et consommateur d’informations. C’est pour cela qu’il faut revenir à plus d’éthique démocratique dans l’utilisation des médias, sans oublier la part des Etats, car c’est parfois l’absence de démocratie qui fertilise le terreau à la désinformation. »
Selon Valdez Onanina, rédacteur en chef d’Africa Check, le « fact-checking est en réalité consubstantiel au travail de journaliste. Le fait est que, si aujourd’hui l’on en parle autant, c’est que le travail journalistique est mal fait. » À un participant qui juge que les réseaux sociaux sont devenus des « décharges publiques », il trouve qu’une telle attitude d’esprit pourrait s’agir d’une réflexion contre-productive. « Il faut accepter le fait que les réseaux sociaux occupent considérablement l’espace public. Ce serait donc jouer contre nous même que de s’en éloigner, déjà qu’on est en retard sur la digitalisation et en plus la désinformation sert maintenant desidéologiques et économiques, on a pu le voir avec le Story Killers », explique-t'il.
L’engagement de Meta dans la lutte contre la désinformation au Sahel
La Responsable des politiques publiques de Meta pour l'Afrique francophone, Olivia Tchamba, a rappelé leur approche en matière de lutte contre la désinformation en insistant sur l’existence des standards de la communauté dans le cadre de l’utilisation des plateformes chez Meta pour mieux démontrer l’authenticité des contenus. Les fausses informations virales, susceptibles de causer des dommages physiques ou autres ne sont donc pas autorisées par la plateforme.
C’est ainsi que, dans une approche plus inclusive et dans le but de trouver un juste équilibre entre la question de la liberté d’expression et la capacité à donner aux utilisateurs la liberté de créer des communautés et d’échanger sur ce qui les intéressent, Meta s’associe à une catégorie d’acteurs qui ont la capacité à vérifier un contenu. Il s’agit entre autres de la collaboration avec des journalistes à travers le programme d’incubation et de mentorat de vérification des faits «NoFalseNewsZone», déroulé dans cinq pays : Côte d’Ivoire, Cameroun, Mali, Burkina Faso et Niger, qui vise à soutenir les médias locaux dans la lutte contre la désinformation, mais également, dans une démarche plus holistique, de l’Alphabétisation numérique pour aider les utilisateurs à comprendre comment tirer parti de tous les avantages qu’offre le numérique.
De manière générale, Olivia Tchamba a rappelé la mise en place par Meta d’un certain nombre de Programmes au Sénégal, en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays du Sahel notamment la caravane d’alphabétisation numérique à travers le programme « Mon univers digital » dont le but est d’aider l’utilisateur à avoir une meilleure connaissance en matière de recherche, d’analyse critique de l’information pour une utilisation plus judicieuse et responsable de la plateforme. En outre, Meta a lancé « une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux et à la radio, sur la désinformation et la lutte contre les discours haineux en ligne, dans le cadre de l’élection présidentielle. L’objectif principal étant de montrer le bien-fondé et l’intérêt de la participation des jeunes au processus électoral », espère Olivia Tchamba.
Source : Timbuktu Institute – Mars 2024
Source : Météo Sahel
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Ousman Sonko, a 55-year-old former Gambian minister, is on trial in Switzerland from January 8, 2024 for crimes against humanity. He was Minister of the Interior for 10 years under President Yaya Jammeh, who ruled the country in an authoritarian fashion for 22 years. Sonko faces life imprisonment. A former Inspector General of Police, he was sacked in 2016 and has sought asylum in Switzerland. The NGO Trial International filed a complaint against him for crimes against humanity, which led to his arrest in January 2017 and his provisional detention since then. He is accused of participating in, ordering or failing to prevent murder, torture, rape and illegal detention between 2000 and 2016. The trial is expected to last around a month, with a verdict expected in March.