Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL.
+221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15
contact@timbuktu-institute.org
Dr Bakary Sambe, président fondateur de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, un think tank et centre d’études stratégiques basé à Dakar, Bamako et Niamey, estime qu’avec les sanctions et l’annonce de l’intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), cette dernière veut redorer son blason.
Depuis le 26 juillet 2023, date du coup d’État intenté au Niger par les hommes du Général Abdourahamane Tchiani contre le Président Mohamed Bazoum, élu en mars 2021, tous les regards sont tournés vers Niamey. Toute la communauté internationale a condamné ce coup d’État. La communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a même annoncé le déploiement de sa force militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel.
À la question de savoir si la Cedeao doit aller au bout de sa logique, Dr Bakary Sambe, président fondateur de Timbuktu Institute, un think tank et centre d’études stratégiques basé à Dakar, Bamako et Niamey, indique qu’on note une énorme rupture dans l’approche de l’organisation régionale qui combine de sévères sanctions diplomatiques à des menaces militaires. Pour lui, cela vise à donner une crédibilité opérationnelle à la mesure prise, l’année dernière, de mettre en place une force en attente chargée de la lutte contre le djihadisme et les coups d’État.
« Mais, pour que la Cedeao menace de la mise en œuvre de mesures coercitives, c’est que cette hypothèse me semble réellement envisagée. Et cela suppose que des consultations préalables aient eu lieu avec des membres du Conseil de sécurité (notamment France et États-Unis) »
Estime celui qui est aussi Professeur au Centre d’études des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Sur ce, Dr Sambe affirme que si le scénario de l’intervention Cedeao-Union africaine (Ua)-puissances occidentales, sous mandat ou non du Conseil de Sécurité, se réalisait, « ce serait une rupture paradigmatique dans l’approche de la sécurité collective en Afrique de l’Ouest ».
Tournant dans la lutte contre le terrorisme
La suite des évènements qui se déroulent au Niger sera aussi importante dans la lutte contre le terrorisme. Avec les soutiens affichés des putschistes du Mali, du Burkina Faso et même de la Guinée à la junte du Niger, Bakary Sambe indique que « cette fois-ci, on dirait qu’on va vers une alliance putschiste kaki -avec le Mali et le Burkina Faso- contre la Cedeao, un point de bascule dans l’histoire de l’organisation ».
Tout cela aura un impact dans la lutte contre le terrorisme au Sahel parce que le Niger occupe une place centrale dans la stratégie antiterroriste globale et les États-Unis en sont conscients, de même que la France.
« On note la volonté de l’Otan (France/États-Unis) de contrecarrer l’avancée russo-wagnérienne dans un pays, partenaire clé dans leur stratégie globale antiterroriste dans le Sahel. Nous sommes sur le cas de figure d’une nouvelle et inédite forme de conflictualité : une guerre interétatique entre une coalition tripartite d’États membres rebelles contre l’organisation sous-régionale qui cherche à redorer son blason »
Souligne le président fondateur de Timbuktu Institute.
La Cedeao, constate-t-il, avait même été relativement dépossédée de la question sécuritaire, au point de l’affaiblir, sans que les partenaires internationaux aient pu apporter toute l’aide nécessaire au G5 Sahel. Le Pr Bakary Sambe fait savoir que ce grand retour de la Cedeao s’effectue dans un moment décisif pour l’organisation, mais aussi pour la paix et la sécurité dans la région.
« La lutte contre le terrorisme souffrirait beaucoup d’un Niger tombé dans l’escarcelle d’un pouvoir kaki. Surtout que, pour l’heure, même après le départ des troupes françaises, jadis décriées, ni le Mali, encore moins le Burkina Faso, n’ont réussi à combattre le terrorisme »,
Affirme-t-il.
« La Russie pas sourde à l’appel de la rue nigérienne »
Il y a quelques jours, les nouveaux hommes forts de Niamey ont dénoncé les accords de coopération militaire avec la France. Même si Paris a ignoré cela et considéré que seules des autorités légitimes issues d’une élection peuvent les remettre en cause, la Russie pourrait profiter de ce sentiment anti-français.
« Il est clair que la Russie n’est pas sourde à l’appel de la rue nigérienne qui, par une simple colère contre la France, en appelle à Moscou sur le mode chiffon rouge et en protestation contre Paris »
Alerte le Professeur au Centre d’étude des religions de l’Ugb.
« La nature ayant peur du vide et les circonstances y aidant, si les militaires s’installent durablement à Niamey, Wagner pourrait saisir une autre chance de s’implanter sur le continent, après la Rca et le Mali, au cœur d’un Sahel aux énormes enjeux géostratégiques »
Prévient Dr Sambe.
Toutefois, il tempère en soutenant que Washington
« ne semble pas vouloir céder ce terrain nigérien en plein Sahel central à la prédation russe qui cherche à accroître son influence dans la région. Et les dernières déclarations de Matt Miller et de Blinken le prouvent à suffisance ».
Source : le Soleil
Beaucoup d’organes de presse relaient depuis hier le rejet de la demande du Président Tinubu pour un déploiement de soldats nigérians au Niger voisin qui traverse une profonde crise politique et sécuritaire depuis le coup d’État renversant le président Mohamed Bazoum démocratiquement élu. Il est vrai que, d’après certains experts, conformément à la Constitution du Nigéria, le déploiement de forces armées pour des missions de combat à l'extérieur des frontières doit être approuvé par le Sénat. Toutefois, des possibilités de dérogation existent par exemple si le Président ne juge que la sécurité nationale est sous forte "menace ou danger imminent*
Selon le Sénat nigérian, l'impasse politique au Niger devrait être abordée politiquement plutôt que par une action militaire. Des acteurs importants de la Société Civile nigériane opposée à une telle intervention s’engouffrent déjà dans cette brèche et lancent ironiquement à Tinubu : « Envoyer des troupes au Niger équivaut à quitter la lèpre pour traiter les teignes »
A l’heure actuelle, on peut dire que le Sénat nigérian est largement contre une intervention militaire. Le fait est que même si Tinubu y dispose d’une majorité, il n’y a pas trop de discipline partisane dans le parlement nigérian qui pourrait être en sa faveur. Il faut savoir qu’au Nigeria, les sénateurs disposent d’une certaine légitimité et d’un ancrage local assez fort leur permettant de se libérer de la pression de l’exécutif.
Toutefois, le Président Tinubu, comme le gouvernement sénégalais, essaie de mettre l’intervention sous le parapluie des obligations communautaires expliquant qu’il s’agit d’une décision de la CEDEAO que le Nigeria doit mettre en œuvre en tant qu’éminent membre.
Mais, les logiques régionales qui se reflètent dans le Sénat vont aussi être déterminantes. La proximité ou même la continuité ethnique et culturelle entre le Nord Nigeria et le Niger a poussé, par exemple, le groupe des Sénateurs du Nord à mettre en garde contre une intervention
Cependant, mis à part tous ces paramètres, ce débat interne au Nigeria ne peut-il pas être une chance de donner encore plus de temps et de chance à la diplomatie et in fine à une solution négociée tant espérée par les acteurs de la société civile dans les différents pays de la région ? Les heures à venir seront cruciales.
As part of the Timbuktu Institute's weekly column in partnership with Medi1TV, Dr. Bakary Sambe looks back at the stakes involved in what he calls the "great return of ECOWAS" to the international diplomatic stage, and analyzes the risks and implications of a possible military intervention in a Sahelian context undermined by the harsh war of influence and the unprecedented interplay of alliances.
Dr. Sambe, you spoke of a "great return of ECOWAS to the diplomatic stage" after the communiqué issued at the Abuja Extraordinary Summit on Niger, which included heavy sanctions against the military who overthrew President Bazoum. Do you really think that this time, the sub-regional organization will have the means to back up its positions?
The ECOWAS approach, which combines tough diplomatic sanctions with military threats designed to give operational credibility to last year's move to set up a standby force to combat jihadism and coups d'état, represents a huge departure. For ECOWAS to threaten the implementation of coercive measures if its ultimatum is not respected, means that the measure is actually being considered. And this assumes that prior consultations have taken place with members of the Security Council (notably France and the USA). Especially since the communiqué mentions the possible participation of non-ECOWAS states and Western powers (presumably the USA and France). This might raise the question of a Russian veto. But it seems to me that Putin, who so badly needs the diplomatic support of the African bloc in his Ukrainian adventure, will not easily be able to oppose the interests of the African Union and ECOWAS.
In view of the situation and the short deadline of one week for the ultimatum, isn't ECOWAS's credibility at stake here?
If the scenario of an ECOWAS-AU-Western powers intervention, under a Security Council mandate, were to come to fruition, it would represent a paradigm shift in the approach to collective security in West Africa. This would undoubtedly be an indicator of the seriousness of Niger's swing towards Khaki rule (with the military, and possibly into the Russo-Wagnerian fold). This is a turning point/by-product in the fight against terrorism in the Sahel. Given the severity of the diplomatic sanctions imposed by ECOWAS and UEMOA (total embargo and freezing of Niger's financial assets), this poor, landlocked country in the central Sahel will not be able to hold out for long. The recipe for sanctions worked in Mali in 2012, following Captain Sanogo's coup d'état against Amadou Toumani Touré. But this time, it looks like we're heading for a khaki putschist alliance against ECOWAS, a tipping point in the organization's history. It's make or break! Tinubu's Nigeria won't want Wagner and putschist regimes in its backyard. If the Nigerian junta's experiment prospers, all the regimes in the sub-region will be on borrowed time.
Given the way the crisis in Niger is shaping up, and the acceleration in all directions that is being confirmed, could it be said that the stakes in this crisis have already gone beyond Niger, and even the Sahel, with a certain geostrategic dimension?
If sanctions and/or a coercive approach are effective, this could help restore ECOWAS's reputation for promoting governance and preventing coups d'état. A new scourge that is spreading in a worrying and contagious way in French-speaking West Africa. This intervention undoubtedly reflects the desire of NATO (France/USA) to thwart the Russo-Wagnerian advance in a country/partner/key to their global anti-terrorist strategy, in the Sahel. We are witnessing a new and unprecedented form of conflict: an interstate war between a tripartite coalition of rebel member states and the sub-regional organization seeking to restore its image. This crisis, which has only just begun, marks the eventful return to the scene of ECOWAS, which in recent years has been relegated to the background by international partners in favor of the moribund G5 Sahel. The sub-regional organization had even been relatively dispossessed of the security issue, to the point of weakening it without international partners being able to provide all the necessary assistance to the G5 Sahel. ECOWAS's comeback comes at a crucial time for the organization, but also for peace and security in the region.
Dans le cadre de la chronique hebdomadaire du Timbuktu Institute en partenariat avec Medi1TV, Dr. Bakary Sambe revient sur les enjeux de ce qu’il appelle le « grand retour mouvementé de le CEDEAO » sur la scène diplomatique internationale et analyse les risques les contours d’une éventuelle intervention militaire dans un contexte sahélien délétère miné par la rude guerre d’influence et le jeu inédit des alliances.
Dr. Sambe, vous parliez d’un « grand retour de la CEDEAO sur la scène diplomatique » après le communiqué issu du Sommet extraordinaire d’Abuja sur le Niger avec de lourdes sanctions contre les militaires qui ont renversé le président Bazoum, pensez-vous réellement que cette fois, l’organisation sous-régional aura les moyens de ses positions ? »
On note une énorme rupture dans l’approche de la CEDEAO qui combine des sévères sanctions diplomatiques couplées à des menaces militaires destinées à donner une crédibilité opérationnelle à la mesure prise l’année dernière de mettre en place une force en attente chargée de la lutte contre le djihadisme et les coups d'État. Pour que la CEDEAO menace de la mise en œuvre de mesures coercitives si son ultimatum n’est pas respecté, c’est que la mesure est réellement envisagée. Et cela suppose que des consultations préalables ont eu lieu avec des membres du Conseil de Sécurité (notamment France et USA). Surtout que le communiqué mentionne l’éventuelle participation d’État hors CEDEAO et des puissances occidentales (vraisemblablement USA et France). Il se poserait, peut-être, la question d’un éventuel veto russe. Mais il me semble que Poutine, qui a tant besoin du soutien diplomatique du bloc africain dans son aventure ukrainienne, ne pourra pas aisément s’opposer aux intérêts de l’Union Africaine et de la CEDEAO.
Au regard de la situation et le délai assez court d’une semaine d'ultimatum, la CEDEAO ne joue-t- elle pas sa crédibilité dans ce dossier ?
Si le scénario de l’intervention CEDEAO-UA-puissances occidentales, sous mandat du Conseil de Sécurité, se réalisait, ce serait une rupture paradigmatique dans l’approche de la sécurité collective en Afrique de l’Ouest. Ceci serait sans doute l’indicateur de la gravité du basculement du Niger dans le pouvoir kaki (avec des militaires et éventuellement dans le giron Russo-wagnérien). C’est un tournant/un sous-produit dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Vu la sévérité des sanctions diplomatiques, prises par la CEDEAO et l’UEMOA (embargo total et gel d' avoirs financiers du Niger), ce pays pauvre et enclavé du Sahel central, ne pourra pas tenir longtemps. La recette des sanctions avait fonctionné en 2012 au Mali, suite au coup d’État du capitaine Sanogo contre Amadou Toumani Touré. Mais cette fois-ci, on dirait qu’on va vers une alliance putschiste kaki contre la CEDEAO, un point de bascule dans l’histoire de l’Organisation. Cela va passer ou casser ! Le Nigeria de Tinubu ne voudra pas de Wagner et de régimes putschistes dans son arrière-cour. Si l’expérience de la junte nigérienne prospère, tous les régimes de la sous-région seront en sursis.
Avec la tournure que prend la situation dans cette crise au Niger et l’accélération tout azimute qui se confirme, pourrait-on dire que les enjeux de cette crise ont déjà dépassé le cadre du Niger et même du Sahel pourrait-on entrevoir une certaine dimension géostratégique ?
Si les sanctions et/ou l’approche coercitive font de l’effet, ceci permettrait de redorer le blason de la CEDEAO dans la promotion de la gouvernance et de la prévention des coups d'État. Un nouveau fléau qui se propage de manière inquiétante et contagieuse en Afrique de l’Ouest francophone. En pointillé de cette intervention se dessine sans doute la volonté de l’OTAN (France/USA) de contrecarrer l’avancée Russo-wagnérienne dans un pays/partenaire/clé dans leur stratégie globale anti-terroriste, dans le Sahel. Nous sommes sur le cas de figure d’une nouvelle et inédite forme de conflictualité : une guerre interétatique entre une coalition tripartite d’Etats-membres rebelles contre l’organisation sous-régionale qui cherche à redorer son blason. Cette crise qui ne fait que commencer signe le retour sur scène mouvementé de la CEDEAO qui a été, ces dernières années, reléguée au second plan par les partenaires internationaux au profit d’un G5 Sahel aujourd’hui moribond. L’organisation sous-régionale avait même été relativement dépossédée de la question sécuritaire au point de l’affaiblir sans que les partenaires internationaux aient pu apporter toute l’aide nécessaire au G5 Sahel. Ce grand retour de la CEDEAO s’effectue dans un moment décisif pour l’organisation mais aussi pour la paix et la sécurité dans la région.
Source : La croix
Bakary Sambe is a teacher-researcher at Gaston Berger University in Saint-Louis (Senegal) and regional director Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, (1). He returns to the role of France and the situation in Niger after the July 26 military coup which saw President Mohamed Bazoum overthrown by a military junta.
The Africa Cross: Like Mali and Burkina Faso now ruled by military juntas, Niger is affected by a coup. Should we make a link between jihadism and the installation of military regimes in these Sahelian countries?
Bakary Sambe: The case of Niger is specific because there was a lot of hope for the stabilization of the country. Niger has, in fact, experienced an experience of democratic political alternation with the end of the mandate of Mahamadou Issoufou and the beginning of that of Mohamed Bazoum in 2022. This election of Bazoum had been considered as a non-negligible advance at the democratic level.
Observers are surprised that the ruling junta cites the security issue as the cause of the coup because Niger had managed to stabilize the situation even slightly. The success of Niger’s strategy was notably due to the mixed approach: military, community with a dialogue within the communities where the jihadists were recruited.
We are in a global regional situation where instability is growing more and more. It is particularly aggravated by the seizure of power by the military after decades when people began to believe that the era of coups was over. In addition, the coup affects a country that was considered the last bastion of international cooperation in the fight against terrorism, but also a pivotal country at the heart of geopolitical realities.
Can the establishment of these military regimes be a bulwark against terrorism or, on the contrary, does it facilitate its installation?
Bakary Sambe: The only real winners from the situation of chaos and instability are the terrorist groups who will be able to continue to carry out their activities in areas such as that of the three borders (Niger, Burkina Faso, Mali) of Liptako Gourma. But also in the face of military regimes which, despite populist discourse on victories against terrorist groups, are struggling to stabilize the situation. I take the example of Mali where the security situation is not stabilized in the north. Worse, central Mali continues to be an epicenter of jihadism.
Despite the triumphalist discourse of Assimi Goïta’s regime, the Katiba Macina, a jihadist group, managed to strike the Kati military camp, which is the strategic heart of the current regime. It is hardly better in Burkina Faso where the experts are unanimous. The coup d’etat was perpetrated in the name of the fight against insecurity, but the current power cannot even control 40% of the territory with the explosion of terrorist attacks which are now almost daily.
One constant after these coups is that anti-French sentiment is very noticeable. How do you analyze this?
Bakary Sambe: The great difficulty for France in the Sahel is that it is forced to manage the emergency and history at the same time. The security emergency is military cooperation which has not worked, with its shortcomings and which has not succeeded in defeating terrorist groups. Operation Serval was relatively successful, but Barkhane was criticized for its repeated failures. In addition, France has a rather delicate position in this region of the Sahel where it has a colonial past. At the same time, we are witnessing the rise of a new generation which rejects, precisely, any form of domination.
But you have to see the situation in a more global way: there is an awareness of a moment when Africa is becoming a nerve center that can change the nature of the balance of power at the international level. We are in a world where the alignments are both multiple and diffuse, a world where the distribution of power is fragmented with the effect of classic powers like France which declines and emerging powers like China, Turkey, Russia who seek to impose themselves.
We are also in a region where, under the effect of a more uninhibited elite and a more demanding population, States are seeking a new type of more egalitarian international relations. Added to this is the fact that security issues are no longer the prerogative of States, rising civil societies with young people and social networks have appropriated them to make them a public debate. We are finally in a context of Russian-Ukrainian conflict where Russia is trying to increase its influence in Africa.
How can instability not contaminate all West African countries?
Bakary Sambe: We should already review the world of security cooperation which, so far, has not yielded the expected results. Today, if these military regimes are allowed to prosper in the sub-region, contagion is inevitable. We also need to reflect on the inconsistencies of governance in our countries. There is all the same a paradox to note that the African youth who fought for democracy in the years 1990-2000, applaud the coups d’etat now. We must rethink democracy in the way it is exercised in our countries. Especially since competing models today oppose democracy and development by promoting more autocratic regimes but which are making economic progress. It will also be necessary to deal with a visible contradiction with a youth which represents 75% of the population but which remains excluded from the field of political decisions.
Interview by Lucie Sarr
(1) Research-action center favoring transdisciplinary approaches on issues related to peace and regional security.
La Croix Africa : Tout comme le Mali et le Burkina Faso maintenant dirigés par des juntes militaires, le Niger est touché par un coup d’Etat. Faut-il faire un lien entre le djihadisme et l’installation de régimes militaires dans ces pays Sahéliens ?
Bakary Sambe : Le cas du Niger est spécifique car il y avait beaucoup d’espoir sur la stabilisation du pays. Le Niger a, en effet connu une expérience d’alternance politique démocratique avec la fin du mandat de Mahamadou Issoufou et le début celui de Mohamed Bazoum en 2022. Cette élection de Bazoum avait été considérée comme une avancée non-négligeable au niveau démocratique.
Les observateurs sont surpris que la junte au pouvoir évoque la question sécuritaire comme cause du coup d’État parce que le Niger avait réussi tant soit peu à stabiliser la situation. Le succès de la stratégie nigérienne était notamment dû à l’approche mixte : militaire, communautaire avec un dialogue au sein des communautés où se recrutaient les djihadistes.
Nous sommes dans une situation régionale globale où l’instabilité prend de plus en plus de l’ampleur. Elle est notamment aggravée par la prise du pouvoir par les militaires après des décennies où l’on commençait à croire que l’ère des coups d’État était révolue. En plus, le coup d’État touche un pays qui était considéré comme le dernier bastion de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme mais également un pays pivot au cœur des réalités géopolitiques.
L’instauration de ces régimes militaires peut-elle être un rempart contre le terrorisme ou au contraire, facilite-t-elle son installation ?
Bakary Sambe : Les seuls vrais gagnants de la situation de chaos et d’instabilité, ce sont les groupes terroristes qui pourront continuer à mener leurs activités dans des zones comme celle des trois frontières (Niger, Burkina Faso, Mali) du Liptako Gourma. Mais aussi en face de régimes militaires qui, malgré les discours populistes sur des victoires contre des groupes terroristes peinent à stabiliser la situation. Je prends l’exemple du Mali où la situation sécuritaire n’est pas stabilisée dans le nord. Pire, le centre du Mali continue d’être un épicentre du djihadisme.
Malgré le discours triomphaliste du régime d’Assimi Goïta, la Katiba Macina, un groupe djihadiste, a réussi à frapper le camp militaire de Kati, qui est le cœur stratégique du régime actuel. Ce n’est guère mieux au Burkina Faso où les experts sont unanimes. Le coup d’État a été perpétré au nom de la lutte contre l’insécurité mais le pouvoir actuel n’arrive même pas à contrôler 40 % du territoire avec l’explosion des attaques terroristes qui sont désormais quasi quotidiennes.
Une constante après ces coups d’État est que le sentiment antifrançais est très perceptible. Comment analysez-vous cela ?
Bakary Sambe : La grande difficulté pour la France au Sahel, c’est qu’elle est contrainte de gérer l’urgence et l’histoire en même temps. L’urgence sécuritaire, c’est la coopération militaire qui n’a pas fonctionné, avec ses insuffisances et qui n’a pas réussi à vaincre les groupes terroristes. L’opération Serval a eu un relatif succès, mais Barkhane a été critiquée à cause de ses échecs répétitifs. En outre, la France a une position assez délicate dans cette région du Sahel où elle, un passé colonial. En même temps, l’on assiste à la montée d’une nouvelle génération qui rejette, justement, toute forme de domination.
Mais il faut voir la situation de manière plus globale : il y a une prise de conscience d’un moment où l’Afrique devient un centre névralgique qui peut faire basculer la nature des rapports de force au plan international. Nous sommes dans un monde où les alignements sont à la fois multiples et diffus, un monde où la distribution de la puissance est fragmentée avec, l’effet de puissances classiques comme la France qui décline et des puissances émergentes comme la Chine, la Turquie, la Russie qui cherchent à s’imposer.
Nous sommes également dans une région où, sous l’effet d’une élite plus décomplexée et d’une population plus exigeante, des États cherchent un nouveau type de relations internationales plus égalitaires. S’y ajoute le fait que les questions sécuritaires ne sont plus l’apanage des États, les sociétés civiles montantes avec les jeunes et les réseaux sociaux s’en sont approprié pour en faire un débat public. Nous sommes enfin dans un contexte de conflit russo-ukrainien où la Russie essaie d’accroître son influence en Afrique.
Comment faire pour que l’instabilité ne contamine pas tous le pays ouest-africains ?
Bakary Sambe : Il faudrait déjà revoir le monde de coopération sécuritaire qui, jusqu’ici, n’a pas donné les résultats escomptés. Aujourd’hui, si on laisse prospérer ces régimes militaires dans la sous-région, la contagion est inéluctable. Il faut aussi une réflexion sur les incohérences de la gouvernance dans nos pays. Il y a tout de même un paradoxe à constater que la jeunesse africaine qui luttait pour démocratie dans les années 1990-2000, applaudit les coups d’État maintenant. Il faut repenser la démocratie dans la manière dont elle s’exerce dans nos pays. D’autant plus que des modèles concurrents, aujourd’hui opposent démocratie et développement en promouvant des régimes plus autocratiques mais qui font des progrès économiques. Il faudra aussi traiter une contradiction visible avec une jeunesse qui représente 75 % de la population mais qui reste exclue du champ des décisions politiques.
Propos recueillis par Lucie Sarr
(1) Centre de recherche-action privilégiant des approches transdisciplinaires sur des questions liées à la paix et à la sécurité régionale.
La Coalition parlementaire de l'Alliance inclusive - Terra RANKA a signé en fin d'après-midi du jeudi 26 juillet 2023, un accord parlementaire et de gouvernance avec le Parti de la Rénovation Sociale (PRS).
L'accord parlementaire signé entre le PAI - TERRA RANKA, qui a recueilli 54 sièges au parlement, et les rénovateurs, qui disposent de 12 sièges, vise, entre autres, à unir leurs forces pour réaliser des réformes structurelles " incontournables ", afin de sortir " définitivement " le pays de la situation de sous-développement chronique dans laquelle il se trouve.
Les réformes visées par l'accord comprennent la révision constitutionnelle, la restructuration et la réforme au sein du secteur judiciaire, la modernisation de l'administration publique, la lutte contre la corruption, la tenue d'élections municipales, la promotion des autorités locales, la promotion de politiques publiques visant la croissance économique et la réduction de la pauvreté, la valorisation des ressources humaines en mettant l'accent sur une éducation et une santé de qualité, la protection civile et sociale et la préservation de l'environnement.
L'accord aura une durée de 4 ans, s'il n'est pas dénoncé par les parties. Le document souligne le mécanisme de suivi qui sera assuré, par le biais du mécanisme de dialogue permanent entre les directions politiques des deux partis, ainsi que la mise en place du comité de consultation qui devrait se réunir trois fois par an.
Les nouveaux députés élus le 4 juin ont prêté serment ce jeudi 27 juillet. La coalition PAI - Terra RANKA dispose de 54 sièges, le MADEM a recueilli 29 sièges, le PRS 12 sièges, le PTG 6 sièges et l'APU-PDGB un seul siège.
Après la signature de l'accord, le leader du PAIGC et de la Coalition PAI - Terra RANKA, Domingos Simões Pereira, a appelé les acteurs politiques à se concentrer sur l'essentiel pour ne pas s’attarder sur les querelles politiques ".
Il a rappelé à cet égard que les querelles politiques sont admissibles pendant les campagnes électorales et qu'une fois que le peuple bissau-guinéen s'est prononcé souverainement, il est temps de construire le pays, de faire les réformes nécessaires, de mettre de côté les ambitions personnelles et privées et de donner la priorité à ce qui unit tout un peuple.
Pour le leader de la coalition PAI Terra Ranka, la signature de l'accord n'est pas un synonyme de célébration de victoires, mais plutôt un engagement pour l'avenir, pour penser au peuple et améliorer jour après jour ses conditions de vie.
"A l'annonce des résultats, la coalition PAI a mis en place un comité de dialogue et ce comité a envoyé une lettre à tous les partis qui siègeront dans le prochain parlement. Des contacts ont eu lieu avec tous les partis. Certains de ces contacts aboutissent à des accords concrets et spécifiques, d'autres non.
Pour sa part, le président du Parti de la rénovation sociale (PRS), Fernando Dias, a justifié la signature de l'accord par la nécessité d'assurer la stabilité politique du pays et de créer les conditions pour lutter contre la faim qui frappe la population guinéenne, ainsi que par le respect du vote des Guinéens en faveur de la coalition PAI Terra Ranka.
Dans ce sens, Dias a exprimé la détermination du PRS à pouvoir contribuer au bien-être de la population, en espérant que l'accord paraphé aujourd'hui entre les parties sera respecté.
Par ailleurs, dans l'accord signé, en ce qui concerne la sphère parlementaire, les partis se sont engagés à s'aligner et à se mettre d'accord sur des positions et, dans la mesure du possible, à aligner les votes au Parlement sur des questions clés, à voter en faveur du programme du gouvernement et du budget général de l'État, ainsi qu'à voter en faveur de la motion de confiance en faveur du gouvernement.
Dans le document lu par le vice-président du PAIGC, Kalifa Seidy, les partis ont décidé de former un gouvernement inclusif dirigé par la Plate-forme de l'Alliance inclusive, en fixant le nombre de membres du gouvernement pour chaque parti en fonction de la proportion des mandats au Parlement.
"Équilibrer la répartition des portefeuilles dans l'administration publique, en respectant les critères de compétence et de parité hommes-femmes. Adopter le programme électoral du PAI comme base du programme de gouvernance et nommer les gouverneurs et les administrateurs en fonction du poids électoral relatif de chaque parti dans les domaines respectifs", peut-on lire dans le document.
En ce qui concerne l'éthique politique, les partis s'engagent à éviter les attaques réciproques tout au long de la législature, en s'engageant à dialoguer et à recourir à la médiation pour résoudre les différends qui pourraient surgir.
La coalition PAI TERRA RANKA et le PRS estiment que la fragmentation de l'espace politique national se poursuit, avec des risques sérieux pour la stabilité du gouvernement. Il est donc nécessaire de fournir des garanties pour une solution de gouvernance à long terme qui préserve la paix sociale et la stabilité politique, et ce pour le développement du pays.
A la veille du deuxième Sommet Russie-Afrique qui a enregistré la présence massive de dirigeants africains et des acteurs de la société civile se réclamant du panafricanisme, Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, a donné cette interview à la chaîne Medi1TV. Il y revient sur ce qu’il appelle le « paradoxe de la russophilie montante » et explique comment dans le fait de brandir les drapeaux russes, il faut lire plus une colère qu’une réjouissance. Il décrypte de manière documentée la manière dont cet engouement vers Moscou cache un réel fossé entre les perceptions et la réalité notamment économique malgré l’influence grandissante de la Russie dans la région
En intégralité les réponses aux questions de Sana Yassari :
La deuxième édition du Sommet Afrique-Russie s’ouvre ce 27 juillet à Saint-Pétersbourg et est principalement dédiée au renforcement des partenariats avec le continent. Vous évoquez, je vous cite, « un grand-messe d’affichage symbolique » aussi bien pour Moscou que pour ses partenaires africains. Cette remarque de votre part est-elle, alors, liée au contexte géopolitique actuel ?
Il est clair que ce sommet sera pour Moscou une belle opportunité de s’afficher en tant que puissance fréquentable après l’invasion de l'Ukraine, le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Poutine et la rébellion inachevée de Wagner. En fait, ce sommet réinscrit la Russie dans une sorte de normalité au plan international. N’oublions pas aussi que Moscou pourrait en profiter sur un plan communicationnel pour faire le lien même factice entre sanctions international et limitation de l'exportation de céréales et d'engrais russes voire ukrainiens vers l'Afrique, pour mieux culpabiliser ses adversaires de l’OTAN qui, eux, mettent le curseur sur le bombardement par la Russie du port ukrainien d'Odessa qui aura des conséquences incalculables sur l’exportation des céréales notamment vers l’Afrique. Mais ce sommet est aussi celui où la Russie va chercher à démontrer la centralité de l'Afrique dans sa politique étrangère. Les Africains voient en la Russie une alternative à la relation de domination avec l’Occident et il est vrai que l’opinion publique africaine apparaît aujourd’hui comme très favorable à l'engagement russe et peu critique vis-à-vis de Moscou dans le conflit avec l’Ukraine et l’OTAN. Rappelons que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a effectué pas moins de huit visites en Afrique depuis l’invasion de l’Ukraine en mars 2022.
Dr. Bakary Sambe, vous releviez récemment ce que vous appeliez le paradoxe de la russophilie montante, rappelant que malgré la diminution de ses liens économiques avec le continent, l'influence de la Russie en Afrique s'est accrue ces dernières années surtout depuis le premier sommet de Sotchi. Qu’est-ce qui expliquerait alors selon vous un tel engouement ?
Malgré la sur-communication, les relations économiques russo-africaines sont très modestes. Mais on dirait que le continent, sur un plan diplomatique, offre à la Russie une scène mondiale à partir de laquelle Moscou peut se targuer d’une certaine importance géostratégique. Mais il est une réalité que l'Afrique compte plus pour la Russie que la Russie pour l'Afrique. Il ne faut pas oublier que déjà en 2019 à Sotchi les dirigeants africains espéraient que la Russie devînt une nouvelle niche d'investissement et d’échanges commerciaux. Vladimir Poutine avait même promis de doubler le volume du commerce avec l'Afrique en 5 ans pour le ramener à 40 milliards de dollars. Pourtant, aujourd’hui, on est tout au moins à 14 milliards de dollars avec un certain déséquilibre, la Russie exportant sept fois plus qu'elle n'importe d'Afrique. Certaines sources avancent aussi que 70% de ce commerce est concentré dans quatre pays seulement : l'Égypte, l'Algérie, le Maroc et l'Afrique du Sud alors que les investissements russes représenteraient 1% des investissements directs étrangers (IDE) vers le continent. Et je crois qu’il va être difficile d’envisager une embellie dans le contexte économique actuel de la Russie qui voit son PIB diminuer en valeur, de 2 300 milliards de dollars en 2013 à 1 800 milliards de dollars en 2021 presque comparable à celui du Mexique.
On sait que les problèmes sécuritaires demeurent sur le continent et notamment au Sahel où s’exerce cette influence russe surtout auprès d’une certaine élite montante en quête d’alternatives. Alors, au-delà des perceptions et selon votre appréciation, la présence russe a-t-elle pu avoir un certain impact dans l’évolution de la situation notamment en termes de stabilité dans la région ?
Les adversaires de la Russie considèrent que son action en Afrique est souvent déstabilisante pour certains pays. 6 des douze pays où intervient la Russie sont effectivement en conflit alors que par son véto la Russie arrive à influer sur les opérations de l’ONU alors que l'instabilité y gagne du terrain. D’un autre côté, les défenseurs des droits humains notent une recrudescence des atrocités commises par les supplétifs russes et un affaiblissement des systèmes démocratiques sur le continent d’après des publications du Freedom House. Il est vrai aussi que partout où intervient Wagner la sécurité s’est largement détériorée et les armées nationales se gênent mois à commettre des atrocités contre les communautés locales. Tout ceci nous ramène au constat général selon lequel qu’il s’agisse du recours à la coopération sécuritaire avec les pays occidentaux ou la privatisation de la sécurité avec les supplétifs comme ceux de Wagner, l’Afrique ne pourra jamais mieux compter que sur elle-même avec une mutualisation des capacités africaines comme premier grand pas vers l’africanisation des solutions. Ce n’est jamais en remplaçant une domination par une autre que l’on arrivera à s’affranchir des dépendances tant dénoncées par la société civile et les nouvelles générations.
Trois jours après la tentative de mercenaires, dirigés par le versatile Evguéni Prigojine, visant à marcher vers Moscou, la capitale de la Russie, les pays africains comme la Centrafrique et le Mali où Wagner s’est déployé gardent le silence. Pour autant, il sera de plus en plus « difficile d’imaginer » la poursuite de ces relations d’après Docteur Bakary Sambe, Directeur régional de Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies et enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dans le Nord du Sénégal.
En Afrique, le groupe Wagner peut-il survivre à sa mutinerie contre la Russie interrompue le 24 juin dernier ?
La présence du groupe paramilitaire en Afrique va être beaucoup plus difficile à imaginer. Surtout si les dissensions avec la Russie persistent. Étant donné que la couverture étatique n’est plus sûre, ou en tout cas ne sera plus ce qu’elle était, les pays africains n’opteront pas facilement pour ce type de coopérations. Le Mali et d’autres pays, liés avec ces éléments non étatiques, sont désormais entre le marteau de Wagner et l’enclume de Moscou. Si on regarde du côté des mouvements jihadistes, une alliance avec Wagner ne peut porter que sur des intérêts convergents. Car il y a un fossé idéologique qui les sépare. La criminalité transnationale, par exemple, est susceptible de faire naître une entente circonstancielle.
De toute façon, dans la région du Sahel, tout peut arriver. On voit aujourd’hui un accord improbable entre la junte burkinabè et des mouvements salafistes dans le but de combattre la présence française.
Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a assuré que Wagner allait continuer ses opérations au Mali et en Centrafrique. Comment analysez-vous cette déclaration ?
Elle est pour le moins surprenante. Jusque-là Moscou niait tout rapport institutionnel avec Wagner. De leur côté, les pays africains ayant accueilli des mercenaires du groupe paramilitaire préféraient parler de coopération avec des instructeurs russes. Le discours du chef de la diplomatie russe montre à la face du monde qu’il y avait bel et bien un lien entre la milice et le Kremlin. S’il n’y a pas de subordination, il ne peut y avoir de rébellion. C’est un état de fait.
Au-delà de cet aspect, la déclaration de Sergueï Lavrov a toute son importance en Afrique. Elle ne remet pas en cause le déploiement de Wagner sur le continent noir. La Russie et l’Afrique ont un long passé de coopération militaire. De plus, il fut un temps où les intellectuels de la gauche africaine étaient formés à l’Université Patrice Lumumba de Moscou.
Toutefois, en matière diplomatique, la Russie manque encore d’agilité dans sa lutte avec les puissances occidentales sur le continent noir. Sous ce rapport, Wagner facilite son ancrage en Afrique sans engagement officiel de l’armée. Le recours à des combattants, fonctionnant sur un mode souple, est moins lourd en termes de logistique que l’envoi de militaires.
L’attitude d’Evguéni Prigojine vis-à-vis de Vladimir Poutine soulève la question de la fiabilité de Wagner en tant que partenaire. Les pays africains où les mercenaires russes sont actifs courent-ils un risque ?
Chez nous, on dit souvent que l’éleveur du bélier reçoit les premiers coups de cornes. Wagner montrait tous les signaux d’une autonomisation. Et l’Afrique n’a pas autant de forces que la Russie pour contenir la menace.
Je crois qu’elle ne peut pas mieux résister à la puissance de ce groupe qui n’est pas lié par les conventions internationales et les pratiques conventionnelles. En outre, le système de Wagner est basé sur un mercenariat avec l’exploitation des ressources du pays d’accueil pour s’autopayer.
Pour toutes ces raisons, j’estime qu’il est temps de se ressaisir. Une coopération sécuritaire doit se nouer avec des États et non avec des organisations privées. Nous avons vu les conséquences de la privatisation de la sécurité au Centre du Mali. Il y a eu des exactions, des violations des droits de l’Homme et surtout l’exacerbation des conflits avec certaines communautés.
La principale leçon de la rébellion de Wagner est sa non fiabilité. L’extrême privatisation de la sécurité expose à des risques surtout quand on s’engage dans une aventure avec une milice qui échappe à tout contrôle. Les récents évènements montrent le danger que représente un tel choix.
Il faut savoir que les États africains collaborant avec Wagner se sont mis à dos une partie de la communauté internationale. L’Occident en particulier. Je ne sais pas si ces pays auront la latitude pour se débarrasser d’un groupe dont les méthodes sortent de l’ordinaire. Même Moscou ne maîtrise pas tout à fait Wagner.
Est-ce que ça veut dire que le mythe de la superpuissance de la Russie s’est effondré en Afrique ?
Sur notre continent, j’inscris le recours à la Russie comme une manifestation de colère à l’encontre de la France. En réalité, c’est un moyen de révolte, de contestation. Je sais que le Mali, tout comme d’autres nations, a bénéficié de matériels militaires russes. Néanmoins, les États africains devraient arrêter de penser qu’ils sont obligés de sous-traiter leur sécurité. Cette stratégie n’est pas viable.
À défaut d’une mutualisation des forces, il nous faut bâtir des armées nationales fortes, républicaines et procéder à une profonde réforme du système de sécurité dans nos pays. Nous devons également réfléchir à l’opérationnalisation des forces dites en attente. On gagnerait à étendre la coopération interétatique. L’intégration régionale au plan sécuritaire doit être une réalité. Mais ça ne sera pas facile à mettre en œuvre.
Pour moi, les solutions intermédiaires que constituent la privatisation et la sous-traitance de la sécurité nationale ne sont pas compatibles avec la souveraineté que l’on veut affirmer vis-à-vis de la France, de la Russie ou d’une autre puissance étrangère.
L’Afrique est en train de subir ce qu’on appelle l’offshore balancing. C’est un mécanisme par lequel des États, sur un territoire tiers, cherchent à se mesurer. Ici, l’enjeu est que le basculement géostratégique du continent noir ne se fasse pas à leur détriment. L’Afrique fait donc l’objet de nombreuses convoitises parce qu’elle peut changer le rapport de forces sur la scène internationale.
Source : Tamamedia
Timbuktu Institute
Timbuktu Institute a procédé ce jeudi 16 juin à la restitution d'une étude régionale sur "Islam et islamisme en Afrique de l'Ouest" en partenariat avec l'Académie Internationale de Lutte contre le terrorisme (AILCT) basée à Abidjan.
Si un tel sujet pourrait paraître rébarbatif pour certains, l'étude s'inscrit dans une logique de sortie d'une vision sécuritaire obnubilée par l'immédiat et la gestion des urgences pour inviter à une réflexion sur le temps long. L'étude avait pour but tout d'abord de faire la différence entre une religion souvent stigmatisée à tort et la "manipulation des symboles religieux pour des motifs politiques et idéologiques qui est le fait d'une infime minorité cherchant à justifier leurs discours de violence que la majorité des musulmans rejettent et en sont même victimes" explique Dr. Bakary Sambe qui a coordonné l'étude avec Dr. Lassina Diarra.
Il est vrai que terrorisme est devenu ces dernières décennies une menace sécuritaire régionale. Il opère souvent par une radicalisation « par le bas » qui détourne l’attention des décideurs et des experts de sa méthode de pénétration et de conquêtes par le haut.
Pourtant l’objectif reste le même : la destruction de l’entité étatique par la violence terroriste ou sa déstructuration progressive en sapant, par la délégitimation, les fondements démocratiques et républicains des fragiles États de la région. Pour le cas de l’Afrique de l’Ouest, celles-ci ont d’abord évolué sur l’usage des idéologies extrémistes issues de l’islam politique, incarnées par le salafisme ou le wahhabisme et sur d’autres pathologies sociales. Jusqu’à une période récente, la perception dominante d’un islam subsaharien en dehors des influences du monde arabo-musulman avait conduit à foncer les traits de sa spécificité au point de l’isoler des évolutions qui affectent d’autres sociétés.
De la même manière que l’expansion du terrorisme en Afrique du Nord n’avait pas assez alerté sur la nécessité de prévenir le débordement de l’épicentre vers le Sahel, les États ouest africains sont restés longtemps sur une dichotomie entre les espaces subsaharien et maghrébin, négligeant le poids des interactions entre espaces et acteurs religieux de plus en plus transnationaux. Longtemps enfermés dans le paradigme « algérien » d’une parenté idéologique entre djihadisme, il y a eu, pour les décideurs, peu d’intérêt pour l’expression politique de l’instrumentalisation du religieux dans le cadre de projets dont l’objectif est, entre autres, de remettre en cause la forme républicaine de l’État moderne dans cette région du continent.
Manipulation des symboles religieux et islamo-nationalisme
L'étude a tenté de montrer qu’au-delà l’expression violente, à travers le terrorisme, qui focalise aujourd’hui l’attention, l’islam politique se fixe in fine les mêmes objectifs de procéder au contrôle de la société, de déstructurer l’État, à travers une méthode lente mais réfléchie d’en saper les fondements et la légitimité. Les longues années de désengagement de l’État depuis les ajustements structurels ont favorisé la montée en puissance d’organisations religieuses se substituant progressivement à l’État pour finir par le concurrencer dans des secteurs névralgiques comme l’éducation, le travail social et les politiques de jeunesse. Des États font face à des dualités imposées dans des domaines régaliens, souffrant d’un déficit souvent comblé par des mouvements islamistes. L’islam politique, traversant courants salafistes et traditionnels dans une moindre mesure devient un enjeu sociopolitique dans le sens où il s’appuie sur la manipulation des symboles religieux et des formes de contestation de la politique étatique surtout avec le net recul des idéologies de gauche. Investissant centres urbains, zones rurales et même les campus universitaires, l’islamisme se nourrit, aujourd’hui, aussi bien de l’instrumentalisation du religieux comme levier efficace de mobilisation mais aussi de la contestation de « l’hégémonie occidentale » au point de s’allier avec les tendances anciennement révolutionnaires devenues nationalistes
Une constestation de l'ordre sociopolitique
Pour mieux saisir cette évolution, à travers le cas des pays d’Afrique de l’Ouest, l’étude retrace l’itinéraire de l’islamisme, de ses courants de ses stratégies d’expansion et surtout de conquête des élites y compris politiques en montrant comment les États de la région peinent à saisir cette dynamique moins visible que le phénomène terroriste. La recherche s’est aussi intéressée sur les stratégies de contestation de l’ordre socio-politique sans négliger la variable explicative de la fabrique idéologique des groupes terroristes ouest africains que beaucoup d’experts de l’extrémisme tentent de remettre en cause, souvent, par simple défaut de grilles d’analyse.
En s’intéressant aux nouvelles tendances régionales et perspectives de l’islamisme en Afrique de l’Ouest, une place importante a été réservée au phénomène d’émergence d’espaces de socialisation concurrents à la puissance publique pouvant aboutir à une montée de conflictualités du type religieux ou instrumentalisant les appartenances confessionnelles comme le choc aujourd’hui, redouté entre islamisme radical et certains courants évangéliques. Il en est de même du lien entre montée en puissance des tendances salafistes conquérantes et les risques de tensions ethnico-religieuses dans certains pays mais aussi des tendances à une « normalisation » progressive du salafisme, loin de la perception que les analystes « occidentaux » peuvent en avoir.
Stratégie de délégitimation des États ouest-africains :
Les courants salafistes arrivent, de plus en plus, à se départir de leur caractère « importés », malgré l’action des pays du Golfe, et s’imposent de plus en plus comme une réalité « endogène » s’inscrivant aussi dans la problématique politiquement porteuse de contestation de l’Occident et de la défense des « valeurs sociétales ». A cela s’ajoute, aujourd’hui, une certaine revendication de plus en plus en plus prononcée d’une plus importante représentation des élites et valeurs religieuses dans la gestion de l’État et des affaires publiques promouvant une certaine « morale islamique » qui, de leur point de vue, pourrait voler au secours d’une gouvernance sécularisée jugée en déconnexion avec les réalités locales. Un processus continu de délégitimation de l’État devant attirer plus d’attention et d’intérêt pour la recherche.
Cette prise de conscience de la nécessité d’un changement de paradigme s’impose surtout dans un contexte régional marqué par une certaine fragilité des institutions et des équilibres sociaux où tous les États font face aux défiS complexeS de devoir construire une résilience nationale dans un environnement régional de plus en plus instable.
Timbuktu Institute
Pour Bakary Sambe, Directeur régional du Timbuktu institute, cette demande de départ « sans délai » s’inscrit dans la logique de la communication des autorités de la transition depuis leur arrivée au pouvoir : « les autorités de la transition sont dans la même logique depuis leur arrivée au pouvoir. C’est un marqueur assez important de leur communication de toujours montrer qu’il y a des acteurs et des organisations qui seraient contre les intérêts du Mali. Après la France, pendant l’opération Barkhane, ce fut le tour de la CEDEAO. Je pense que l’axe majeur de cette communication est finalement de trouver, à chaque fois, des « ennemis du Mali ».
Selon cet observateur de la scène politique malienne depuis plus d’une vingtaine d’années, « Ce discours populiste fonctionne très bien au sein de la population en pleine crise économique et sécuritaire. Donc, après la France, la CEDEAO, ensuite les soldats ivoiriens c’est le tour de la Minusma. C’est un schéma binaire qui veut, toujours, qu’il y ait le Mali qu’on oppose aux autres.
Le contexte politique serait même pour beaucoup dans cette prise de position qui n’a pas surpris certains observateurs : « En plus, nous sommes actuellement dans une période cruciale où se discute la Constitution, les futures échéances électorales, le référendum du dimanche 18 juin. Les autorités avaient donc besoin d’aborder la question de façon incisive. Le but est de flatter la fierté malienne et de brandir le souverainisme », rappelle Bakary Sambe.
Une sstratégie de communication politique de la part de Bamako ?
Pour lui, « les autorités étant dans un contexte très avancé du processus de transition, il fallait donc affronter les vraies questions, telles que les réformes institutionnelles promises de longue date. C’est pour cela qu’il est très opportun de leur part d’agiter le chiffon rouge du départ de la Minusma, une mission devenue une cible facile. D’ailleurs, l’utilisation de « départ sans délai » a été bien choisie, pour envoyer un message à la population dont on veut fouetter l’orgueil, même s’il paraît quasi impossible de voir de tels effectifs quitter le pays aussi rapidement. »
Malgré l’unanimité de façade, sous l’effet des réseaux sociaux, le directeur régional du Timbuktu Institute explique même qu’il y aurait deux visions qui s’opposent au Mali sur la question de la coopération sécuritaire, « il y a toujours eu une nette différence de discours entre, d’un côté, Bamako, ses citadins jeunes, présents sur les réseaux sociaux, et de l’autre, les gens qui vivent l’insécurité au quotidien comme à Ménaka, à Gao ou encore à Tombouctou. La perception de la coopération est totalement différente, mais finalement, le discours le plus audible est celui des personnes qui sont le moins concernées par l’insécurité mais inondant les réseaux sociaux ».
Sambe pense qu’il y a « une confusion volontaire » voulant « masquer l’échec sur le plan sécuritaire ». Pour lui, « les récents événements de Moura ont été l’illustration de l’échec en termes de sécurité. On l’oublie très souvent, mais les deux missions prioritaires de la Minusma c’est l’appui à la mise en pratique de l’accord de paix et la réalisation de la transition, puis l’appui au rétablissement et la stabilisation dans le centre du pays. Ça n’était donc pas un mandat qui visait à combattre le terrorisme de façon classique, mais plutôt une consolidation de la paix. Faire le lien avec l’échec sur le plan sécuritaire est donc une belle subterfuge destinée à la consommation locale et populaire »
Pourquoi la fixation sur la MINUSMA ?
« En réalité, la Minusma est un symbole dans le discours. Le symbole d’un corps étranger, de l’acteur extérieur, qui ne laisse pas les coudées franches aux autorités de la transition, pour garantir la sécurité. C’est cette logique qui est présentée à la population. On a vu la même chose avec Barkhane malgré toutes ses tares », explique Dr. Bakary Sambe
Mais le chercheur ne cache pas son scepticisme sur la durabilité des missions de maintien de la paix si elles persistent dans leur forme actuelle : « Plus on avance dans la durée, plus les missions de consolidation de la paix perdent de leur crédibilité. Elles deviennent donc la cible idéale de critique en termes de non efficience. Il faut clairement revoir le format de ces missions. Dans la durée, elles ont, partout, montré leurs limites »
Il persiste, cependant, pour Bakary Sambe, le risque d’une détérioration des conditions sécuritaires au Mali et même dans la région : « Aujourd’hui, quand le Mali peine même à sécuriser les alentours de Bamako - comme l’a montré l’attaque de Kati, cœur stratégique du régime- et même si la Minusma avait un rôle mineur en la matière, ce départ exigé constituerait une menace réelle pour la région. Je ne suis pas sûr de la capacité de ceux qui demandent un tel départ à pouvoir sécuriser les vastes étendues du Mali, frontalières d’autres pays sous pression sécuritaire »
Après la MINUSMA, quid de Wagner ?
« Je ne crois pas que Wagner pourra jouer ce rôle de stabilisateur », avertit le chercheur. « On a vu leurs bavures et exactions contre les populations civiles. Le problème du Mali, surtout au Centre, est d’ordre communautaire. Ni les FAMAs, ni Wagner ne pourront le régler s’ils persistent dans la stratégie actuelle qui fait le jeu des groupes terroristes se présentant comme protecteurs des communautés ostracisées. La fameuse montée en puissance des FAMAs avec l'appui de Wagner s'est faite contre les communautés et a peu affecté la capacité de nuisance des groupes terroristes ».
Et Sambe d’insister sur la nécessité de changement de stratégie de la part de Bamako et de ses partenaires. Selon lui, « l’Etat malien a besoin de dialoguer avec tous les enfants du Mali comme il en réclamait légitimement le droit, de cesser la stigmatisation de certaines communautés et amorcer la réconciliation. Mais on semble si loin du compte », conclut-il.
Timbuktu Institute
NB : (certains extraits sont issus de l’interview avec TV5 Monde)
In the Timbuktu Institute's weekly column in partnership with Medi1Tv on the socio-political situation in Guinea-Bissau, Dr Bakary Sambe answers questions from Sana Yassari.
Dr. Bakary Sambe, Guinea-Bissau has just held legislative elections, which left all observers and the country's immediate neighbours in a state of anticipation. But in the end, the elections went well. Is this a surprise for a country that has experienced instability in the past?
Elections are generally fair, free and transparent in Guinea-Bissau, and have been since the opening up of democracy in 1994. It is true that post-election periods have always been marred by upheavals and a few incidents. The PAI Terra Ranka Alliance, made up of the PAIGC and 18 other opposition political parties, won an absolute majority in the legislative elections held on 4 June, with 54 seats in a 102-seat parliament. Under Guinea-Bissau's constitution, the PAI Terra Ranka Alliance must therefore, in principle, appoint a Prime Minister who will form a new government. As for President Cissoko Embalo, he has already acknowledged his defeat and promised to cohabit with any Prime Minister from the parliamentary opposition, which now has a majority. The coming months will tell us how the executive will follow up these good political intentions.
But, Dr Sambe, after the election episode, the question remains of the durability of the PAI Terra Ranka Alliance, and above all its ability to overcome the many obstacles in its path, given the country's political inclinations. Given your knowledge of the context in Guinea Bissau, where the Timbuktu Institute is carrying out peace-building activities, do you think it will be easier this time?
It's true that the people of Guinea-Bissau are wondering how this alliance is going to govern, despite the many political and security challenges we know about. Political parties and civil society have already been warned that no one can lead Guinea-Bissau without including the PRS (Social Renewal Party) and perhaps, who knows? the military. So it remains to be seen whether Domingos Simoes Pereira of the PAIGC will succeed in overcoming the political and institutional crisis that Guinea-Bissau has been facing for a long time. In many respects, it seems to me, this is a very difficult gamble to win. One of the most obvious examples of what some observers consider to be a leadership crisis in which Amilcar Cabral's country is mired was recently in 2020, during the second round of the presidential elections, with all the ups and downs that occurred during this difficult stage in Guinea-Bissau's political life.
Bakary Sambe, you said in one of the local media that everything is urgent in this country. But what do you think are the biggest challenges facing the new alliance that will now govern alongside President Embalo?
Among the heavy tasks awaiting the new government, we must not lose sight of good neighbourly relations with the countries of the sub-region, in particular Senegal and Guinea-Conakry. Another no less important issue is sub-regional integration with ECOWAS. We know that the leader of the PAIGC, Simoes Pereira, and the leader of the Terra Ranka Alliance will have to make efforts to forge closer ties with the ECOWAS Commission. For the PAIGC, there will also be the challenge of reconciliation with Guinea Bissau's immediate neighbours, as well as with ECOWAS, which will be a key ally in the search for funding to implement projects to restructure and demobilise the army, for example, modernise the administration, and rehabilitate the education and health sectors. In other words, there is no shortage of urgent matters to deal with, and many challenges lie ahead in the medium and long term.
Source : Timbuktu Institute