La menace terroriste gagne du terrain en Afrique de l’ouest. A partir du Sahel, l’insécurité descends de plus en plus vers le golfe de Guinée, poussant les dirigeants de la région ouest africaine à multiplier les initiatives de mutualisation des efforts pour en venir à bout. Dans cet entretien, Dr. Bakary Sambe, Directeur de Timbuktu Institute livre son regard sur cette situation et se prononce sur la création éventuelle d’une force conjointe Cedeao.

Les chefs d’États-majors de la Cedeao viennent de consacrer, les 5 et 6 mai à Accra, une réunion extraordinaire à la lutte contre le terrorisme dans la région. Quel est votre regard sur ces réunions qui se multiplient sur la question du terrorisme  sur le plan sous-régional.

Dans le principe, c’est une initiative à saluer au regard de la montée des périls dans la sous-région et plus particulièrement au Sahel dont les pays les plus touchés se trouvent dans l’espace communautaire. Il y a urgence dans une région où on note une augmentation de 1000% (mille pour cent) du nombre de morts depuis 2007 alors que le Sahel concentre 43% du nombre total de victimes du terrorisme en Afrique subsaharienne. Selon les organisateurs, cette réunion des 5 et 6 mai 2012 à Accra visait surtout à réfléchir sur comment travailler au renforcement de la coopération entre États afin de lutter contre l’insécurité grandissante en Afrique de l’Ouest au moment où l’Afrique est effectivement devenu le nouveau point chaud du terrorisme international selon les dernières données du Global Terrorism Index qui consacre malheureusement l’Afrique subsaharienne comme le foyer de repli du terrorisme mondial après la déroute de Daech (EI) en Orient et sa perte de vitesse même en Europe où il n’arrive même plus à mobiliser des « loups solitaires ». Il était donc temps que la CEDEAO impulse une nouvelle dynamique à son action anti-terroriste surtout que l’organisation sous-régionale semble avoir été dépossédée de cette question sécuritaire, ces dernières années, au profit du G5 Sahel, partenaire favori des partenaires internationaux.

Selon vous, pourquoi malgré l’existence depuis 2017 de l’initiative d’Accra qui a permis de mettre l’opération « Koundalgou » renforcée plus tard et élargie au Mali, au Niger et à la Côte d’Ivoire, la menace terroriste semble tout de même gagner du terrain dans la région ?

Malheureusement, on ne compte plus les initiatives dans notre région devenue l’espace de redéploiement des groupes et favorable à une nouvelle vie au terrorisme global auquel elle offre une nouvelle opportunité d’expansion. Il est vrai que les États du Golfe de Guinée ont plusieurs fois répondu par des opérations militaires, soit conjointement, soit individuellement. Par exemple en novembre dernier, une opération militaire conjointe entre plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest a pu mobiliser environ 6 000 soldats et aurait même permis l’arrestation de 300 terroristes présumés. Le déploiement militaire, baptisé Opération Koundalgou, s’inscrivait dans le cadre de l’Initiative d’Accra, un concordat signé en 2017 entre le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo pour lutter contre la menace croissante dans la région. Et il faut dire que ce n’est pas le premier cas d’opérations militaires bilatérales contre les groupes déjà actifs dans la région : En 2018, une opération conjointe entre les forces armées du Mali et du Burkina Faso avait permis de démanteler une cellule terroriste présumée à Ouagadougou. Mais à vrai dire, ce ne sont pas les initiatives militaires qui manquent mais une approche globale du phénomène multiforme du terrorisme. L’approche jusqu’ici adoptée n’a pas empêché que l’Afrique subsaharienne concentre la moitié des décès dus au terrorisme en 2021. D’ailleurs, le Général Lassiné Doumbia de la Côte d’Ivoire n’a pas manqué de souligner cette faille en soutenant ouvertement, lors de cette rencontre d’Accra, qu’« indépendamment de l’action militaire, plusieurs autres actions doivent être menées dans ces zones de vulnérabilité, … que ces groupes jihadistes peuvent exploiter pour enrôler les populations locales ». Depuis des années, dans le cadre des travaux et recommandations du Timbuktu Institute, nous appelons une approche différenciée et complémentaire : lutter efficacement contre le terrorisme en gérant les urgences sécuritaires mais ne pas oublier la prévention de l’extrémise violent en s’attaquant aux causes structurelles, souvent instrumentalisées par les groupes terroriste à la recherche d’ancrage sociopolitique et surtout de ce que j’appelle les « couveuses locales ». Hélas, on semble persister dans une approche traitant les symptômes en négligeant les racines du mal déjà profondes.

Au-delà des opérations militaires conjointes entre ces pays de la Cedeao et de la mutualisation des renseignements, la création d’une force conjointe des pays de la Cedeao serait-elle plus efficace ?

La mise en place d’une telle force qui devrait être la plus inclusive possible n’a jamais été aussi opportune au moment où la problématique de la lutte contre le terrorisme dans la région semble de plus en plus parasitée par les passes d’arme politico-diplomatiques. La Cedeao a pourtant eu, avec le leadership du Nigeria, des expériences à faire valoir comme ECOMOG et ses « casques blancs » mais aussi d’autres formes de synergie et de mécanismes qu’il suffit de réactiver comme c’est déjà le cas pour le renseignement et l’alerte précoce. Toutefois, il faudrait qu’au niveau communautaire, la volonté politique soit non seulement réelle mais accompagnée des efforts financiers nécessaires. Surtout que l’organisation sous-régionale devient de plus en plus sollicitée pour divers partenariats dont la Cedeao aura bien besoin au regard de l’ampleur des interventions nécessaires. Malheureusement la brouille actuelle entre Bamako et Paris, est en train de nuire à l’esprit de sécurité collective. Aujourd’hui, malgré cette situation qu’il faudra vite dépasser, – les deux pays étant deux maillons essentiels de la chaîne de solidarité Sud-Nord- la coopération sécuritaire, même si elle doit être repensée et élargie à tous les acteurs conventionnels, reste une priorité stratégique. La volonté d’européanisation de Takuba, qui était une nécessité, marquait un changement de paradigme. Il faut prendre conscience du fait que l’Afrique, le Sahel en particulier, et l’Europe, qui partagent la même vulnérabilité et font face à des menaces communes, restent intimement liées par la contrainte de la sécurité collective, malgré toutes les conjonctures diplomatiques.

L’échec relatif du G5 Sahel constitue-t-il un frein à la mise en place éventuelle de cette nouvelle force conjointe ?

Il serait excessif de parler d’un échec du G5 Sahel bien qu’il faille reconnaître tous les écueils de cette organisation qui, auparavant, n’a jamais eu les moyens de son ambition alors qu’aujourd’hui elle est rudement affectée par la situation de crise politique que traverse la majorité de ses Etats-membres. Mais, il faudrait faire de cette crise, une nouvelle opportunité de la redresser et de restaurer l’équilibre qui lui faisait défaut dans une complémentarité logique avec la Cedeao vu le partage de priorités stratégiques : 3 de ses cinq membres sont dans la Cedeao qui depuis la conférence de Lomé en juillet 2018 discutait déjà avec la Ceeac dont fait partie le Tchad, de l’impératif d’une coopération interrégionale pour lutter contre le terrorisme qui secoue ces deux régions. On connaît aussi toute la place de la Mauritanie dans ce schéma depuis le processus de Nouakchott. L’heure est aux partenariats qui ne peuvent plus exclure ni le Sénégal et encore moins les pays du Golfe de Guinée partageant les mêmes préoccupations sécuritaires. Vous conviendrez avec moi que la force conjointe initialement pensée devrait s’élargir. Dans ce contexte où s’imposent les synergies, la Cedeao qui doit renforcer sa présence au Mali, peut jouer le rôle de catalyseur qui lui renvient tout en prenant la pleine mesure, avec un nouveau départ, de la nécessité d’urgentes réformes et d’un inéluctable changement de paradigme. L’idéal serait, toutefois, que la Cedeao puisse disposer d’une force d’imposition de la paix aux regards des multiples défis politico-sécuritaires dans la région.

Propos recueillis par Mohamed Kenouvi

Cet entretien de Dr. Bakary Sambe, avec Medi1TV  (Hebdo Africain) se focalise sur la nécessité d’accélérer les efforts conjoints pour soutenir l’Afrique qui fait face à une montée de la violence extrémiste sur le continent au moment où, paradoxalement, elle recule en Europe et dans d’autres régions du monde. Le Maroc a accueilli en mai 2022, la réunion ministérielle de la Coalition anti-Etat islamique (EI) au moment les experts africains et observateurs se posent un certain nombre de questions sur l’engagement de la communauté internationale en Afrique même si parmi les objectifs de ce cadre, figure en bonne place celui de «coordonner et poursuivre l'engagement international» contre la menace croissante de l'organisation djihadiste en Afrique et sa résurgence au Moyen-Orient. Pour Dr. Bakary Sambe, «l’Africa Focus Group est, certes, une initiative à saluer vu la montée des périls en Afrique et plus particulièrement au Sahel » même s’il exhorte la communauté internationale à mettre l’accent sur un soutien plus affirmé « de la même ampleur que les efforts conjoints déployés pour combattre conjointement l’EI au Moyen-Orient ». Toutefois, le Directeur du Timbuktu Institute reste convaincu que « la coopération sécuritaire n’a pas jusqu’ici permis de lutter efficacement contre le terrorisme en gérant les urgences sécuritaires sans négliger la prévention de l’extrémise violent » en s’attaquant aux causes structurelles, souvent instrumentalisées par les groupes terroriste à la recherche d’ancrage sociopolitique et surtout de ce qu’il appelle les « couveuses locales ».

 

 

Dr. Bakary Sambe, vous dirigez le Timbuktu Institute,  une des institution africaines leader dans le domaine des études stratégiques et de sécurité avec vos travaux novateurs sur la menace terroriste. Vous considérez la première réunion ministérielle de la coalition mondiale contre Daech en Afrique qui se tient ce matin à Marrakech comme une opportunité pour le Maroc de porter la voix de l'Afrique sur cette question. Depuis le Maroc que doit dire l'Afrique à la communauté internationale ?

 

Le choix du Maroc pour co-présider ce nouveau groupe confirme son rôle important dans la lutte contre le terrorisme. En tant que signal important pour l’Afrique de manière générale, cette idée d’Africa Focus Group est une initiative à saluer vu la montée des périls dans la région et plus particulièrement au Sahel. Il y a urgence dans une région où on note une augmentation de 1000% (mille pour cent) du nombre de morts depuis 2007 alors que le Sahel concentre aujourd’hui 43% des victimes du terrorisme en Afrique subsaharienne. A Marrakech, l’Afrique ne doit pas rater l'occasion de dire à la communauté internationale qu’on n’a pas encore vu sur le continent une mobilisation de la même ampleur que celle opérée lors de la lutte contre Daech au Moyen-Orient. L’Afrique semble à bien des égards abandonnée à elle-même alors qu’au même moment où un note un recul de la nébuleuse Daech au Moyen-Orient et en Europe notre continent est devenu, le nouveau point chaud et foyer de redéploiement du terrorisme international. Il y a un paradoxe assez parlant relevé par un ancien ministre burkinabé : après d’innombrables conférences, la communauté internationale dit chercher en vain 423 millions d’euros pour le G5 Sahel depuis des années alors que pour l’Ukraine 6 milliards d’euros ont été mobilisés en urgence et en une seule conférence.

 

 

On le sait vous êtes assez critique sur l'approche jusqu'ici adoptée dans la lutte contre le terrorisme. Pourquoi pensez-vous  que cette lutte n'a pas produit les résultats escomptés ? 

 

Contrairement aux idées reçues, les pays de la région qui, malheureusement, offrent aujourd’hui une nouvelle opportunité d’expansion à Daech n’ont jamais été inactifs face au terrorisme. Les États du Golfe de Guinée ont plusieurs fois mené des opérations militaires, soit conjointement, soit individuellement. Par exemple, en novembre dernier, une opération militaire conjointe entre plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest a pu mobiliser environ 6 000 soldats avec l'arrestation de 300 terroristes présumés. Il y a aussi l’Opération Goundalgou, dans le cadre de l'Initiative d'Accra, lancée en 2017 par le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Togo. Déjà en 2018, une opération conjointe entre les forces armées du Mali et du Burkina Faso avait permis de démanteler une cellule terroriste présumée à Ouagadougou. En fait, à vrai dire, ce ne sont pas les initiatives militaires qui manquent mais une approche globale du phénomène multiforme du terrorisme. Il faut se l’avouer, l’approche jusqu’ici adoptée n’a pas empêché que l’Afrique subsaharienne concentre la moitié des décès dus au terrorisme en 2021 avec au moins 43% des victimes africaines au Sahel.

 

Alors qu'est-ce que l'Afrique et ses partenaires ont donc raté jusqu'ici et qu'attendre du Maroc plus spécifiquement? Peut-on s'attendre à une nouvelle dynamique avec le focus Africa après Marrakech?

 

La communauté internationale doit avoir à l’esprit que la réunion de Marrakech se déroule à un moment à la fois décisif et critique avec la prolifération des mouvements affiliés à Daech où notre continent se transforme en un havre d’épanouissement de l’Etat islamique. Rien qu’au Niger les décès dus au terrorisme ont doublé. La coopération sécuritaire n’a pas jusqu’ici permis de lutter efficacement contre le terrorisme en gérant les urgences sécuritaires sans négliger la prévention de l’extrémise violent en s’attaquant aux causes structurelles, souvent instrumentalisées par les groupes terroriste à la recherche d’ancrage sociopolitique et surtout de ce que j’appelle les « couveuses locales ». Hélas, on semble persister dans une approche traitant les symptômes en négligeant les racines du mal déjà profondes. Et, aujourd’hui avec la brouille entre Bamako et Paris qui a parasité l’esprit de sécurité collective, Vous conviendrez avec moi que la force conjointe initialement pensée doit s’élargir. La question est de savoir comment le Maroc, en dehors de la formation des imams et autres initiatives, pourrait impulser une nouvelle dynamique en s’appuyant sur ses excellentes relations avec les pays de la région pour porter le plaidoyer afin que la CEDEAO puisse disposer, enfin, d’une force d’imposition de la paix aux regard des multiples défis politico-sécuritaires dans la région tout en encourageant l’activation et le soutien international de la force africaine en attente… depuis maintenant, trop longtemps.

Pourquoi un webinaire régional sur « Jeunes et transitions politiques au Sahel et en Afrique de l’Ouest » au moment où les différentes expériences en cours commencent à interroger les observateurs comme les citoyens des pays respectifs qui traversent cette période décisive et cruciale pour l’avenir de leurs institutions et de manière générale, leur stabilité pour les années à venir ? Comment expliquer l’engouement des jeunes lors des différents coups d'État qui ont réussi dans la région et qui ont débouché sur de « nouvelles pathologies de la démocratie » – qu'elles prennent la forme d'interventions militaires contre le pouvoir civil ou de violations de la Constitution visant à permettre aux dirigeants sortants d'effectuer un mandat supplémentaire ? 

Ces phénomènes récurrents méritent d’être analysés en prenant en compte les perceptions des jeunes qui, à l’origine, étaient aux avant-postes des luttes pour la démocratie et qu’on retrouve, aujourd’hui, en première ligne pour acclamer l’arrivée des militaires au pouvoir.

 

Deux questions centrales se posent avec acuité qui méritent une profonde et sérieuse réflexion : Que s’est-il réellement passé pour que s’impose cette nouvelle dynamique que l’on note aussi bien au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et dans une moindre mesure au Tchad ? En est-on arrivé à une panne du modèle démocratique qui n’aurait tenu ni la promesse du développement ni celle de la sécurité et encore moins celle d’un plein épanouissement d’une jeunesse en pleine « quête de sens et de chance » ?

 

Les jeunes en sont-ils à une approche « alternative » de la question démocratique parce que le multipartisme qui devait couronner le processus démocratique a, tout au plus, réveillé le spectre de l'ethnicisme et du régionalisme dans les différents pays de la région ? Comment en est-on arrivé à cette situation complexe où à un pluralisme démocratique sain et paisible tant rêvé s’est substitué l’esprit de « népotisme de clans », allumant le feu des crises et conflits intercommunautaires qui font toujours rage sur le continent sur fonds d’une insécurité devenue endémique ? 

 

Aujourd'hui, ces conflits latents ou qui couvent dans nombre de nos pays sont ravivés par les effets du terrorisme et du radicalisme religieux au Sahel et en Afrique de l’Ouest alors que des régimes militaires sont venus sonner le glas de la réelle dynamique de démocratisation des dernières décennies malgré leurs insuffisances. Depuis quelques mois, des transitions politiques sont entamées dans un contexte de vives contestations, d’un vent inédit de « populisme » pour certains et même de surenchères nationalistes voire diplomatiques.

 

Pourtant, le rôle des jeunes dans cette période reste flou oscillant au gré des instrumentalisations politiques et des revendications souverainistes brandies par les gouvernements de transition comme une nouvelle demande sociale qui serait au cœur des priorités et dont ils seraient les nouveaux chantres légitimes voire incontournables.

Depuis le lancement, en octobre 2021, de l’initiative participative « la Parole aux Maliens » et l’étude de perception menée par Timbuktu Institute dans 10 régions du Mali,  il manque une véritable mise à jour sur l’appréciation propre aux jeunes de la conduite des transitions politiques.

 

Mais, ces transitions ont-elles réussi à répondre, concrètement, aux attentes des jeunes ? Les gouvernements de transition respectifs ont-ils, comme promis à leur arrivée, suffisamment impliqué les jeunes dans la gestion des affaires publiques ? Les gouvernements respectifs et les nouvelles autorités ont-ils effectué un travail d’écoute et de recueil des attentes de cette frange qui constitue l’écrasante majorité de la population des différents pays en situation de transition politique ? Enfin, au-delà des manifestations et des diverses mobilisations politiques des jeunes, quelle est l’appréciation de cette catégorie d’acteurs de la conduite même des transitions en termes d’atteinte des objectifs, d’orientations et de prise en compte de la nécessaire consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit ?

 

C’est dans cette perspective que le bureau Mali du Timbuktu Institute qui conduit une veille sur ces différents pays à travers ses chercheurs et grâce aux outils technologiques de son Observatoire des réseaux sociaux, organise ce webinaire participatif à dimension régionale. Cet évènement animé par des chercheurs et acteurs de la société civile du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali, du Sénégal et du Tchad entre dans le cadre du concept « Conversations citoyennes » développé par l’Institut et qui couvrira divers sujets de préoccupation dans les pays de la région avec un focus particulier sur les jeunes et leurs perceptions et visions de la démocratie, de l’Etat de droit, des avancées dans la conduite des transitions politiques mais aussi des rapports entre l’Afrique et le reste du monde.

 

Ce webinaire régional destiné, surtout, à faire entendre la voix de jeunes engagés, aux divers profils ainsi que leur appréciation de la situation verra la participation de : Maix Somé du Burkina Faso, économiste et analyste politique, Nathalie Sidibé du Mali, directrice de Data Tic Consulting, Open Data Activist, Joslain Djeria du Tchad, analyste politique spécialiste des questions de stabilisation, Sally Bilaly Sow de la Guinée, Coordonnateur de l’Association Villageois 2.0 et consultant en CivicTech et de Fanta Diallo du Sénégal, Activiste-féministe et bloggeuse engagée sur les questions de citoyenneté et de participation politique.

 

S’inscrire sur ce lien : https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_Y1bb5WInTW6E4MIkHNrz0A

 

Les élections électorales sont souvent un prétexte, pour la classe politique, de verser dans la violence. Des comportements qui n’honorent pas la démocratie sénégalaise. Pour mettre fin à ces pratiques, Timbuktu institute, en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer, a procédé hier, à Mbour, au lancement national de la première session de dialogue sur l’engagement citoyen et la prévention de la violence politique. Après Mbour, ce projet compte aller dans d’autres régions du pays.

Par Alioune Badara CISS (Correspondant) – Les élections politiques sont, depuis un certain temps, considérées comme des moments d’anxiété à cause de la violence qui les émaille. Ainsi, en prélude aux élections législatives du 31 juillet 2022, Timbuktu institute, en partenariat avec la fondation allemande Konrad Adenauer, sensibilise les jeunes issus de différents partis politiques, de la Société civile et de la presse pour diagnostiquer la violence politique et l’engagement citoyen à la veille des élections législatives.
Selon Dr Bakary Samb, Directeur régional de Timbuktu institute, cette anticipation se fait par la mobilisation de divers acteurs. «Nous avons convié surtout les jeunes représentants des partis politiques présents au Sénégal, les leaders religieux, les acteurs de la presse, la Société civile et les Forces de sécurité et de défense, pour que nous voyions comment dans notre pays, nous pourrions faire des élections des moments apaisés», a déclaré Dr Samb.
Il souhaite que le Sénégal arrive à avoir cette maturité d’être une démocratie apaisée, en organisant des élections sans violence et transparentes. Mais pour en arriver à ce résultat, il rappelle les préalables : «Il faut deux types de responsabilités, d’abord celle des autorités publiques, de l’Etat, des partis au pouvoir, qui doivent assurer des élections inclusives et transparentes, démocratiques et crédibles. Mais aussi celle de l’opposition, qui doit jouer son rôle de veille, mais également assumer toute sa responsabilité de composante qui doit contribuer à la démocratie, mais aussi à la consolidation de nos acquis», a énuméré le Directeur régional de Timbuktu institute.
Malgré ces pistes pour sortir de cette spirale de violence notée depuis un certain temps dans l’espace politique, Dr Bakary Samb reconnaît que la nature de la violence politique a changé : «Cette violence continue à être une réalité. Nous avons vu maintenant des modes d’engagement politique et des modes d’engagement citoyen qui ne reflètent pas l’esprit démocratique, dans le sens où, traditionnellement, les partis politiques donnaient une certaine importance à la formation dans les écoles de partis, à la culture de l’esprit citoyen et celle du débat démocratique. Mais aujourd’hui, avec la démocratisation de l’accès à l’outil numérique, on assiste à la manifestation d’un nouveau type de violence, qui peut détruire des familles et des réputations. Cela n’honore pas notre démocratie.»
Il a donc invité tous les acteurs à matérialiser cette démocratie par la participation active de tous dans leur rôle de régulation.
Interpellé sur le  pouvoir qui ne respecterait pas les règles du jeu démocratique en voulant instaurer le parrainage malgré l’arrêté de la Cedeao,  le spécialiste des questions politiques pense que les ressorts de cette violence politique sont à chercher dans «l’absence de transparence dans le processus électoral, l’absence d’exclusivité par des mesures qui peuvent être des obstacles à la pleine participation, et une participation inclusive de toutes les sensibilités. Il y a également l’attitude sélective que nous avons par rapport aux décisions de la Cedeao, lorsque ces dispositifs arrangent et lorsqu’elles dérangent. La crédibilité d’un système démocratique voudrait qu’on ait la même attitude sur le respect de la loi, sur la transparence, sur les principes démocratiques, y compris tous les instruments nationaux comme régionaux, tel que l’arrêté de la Cedeao».
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Source :  (APS) - Le Directeur régional de Timbuktu Institute, Bakary Sambe, a insisté, mardi, à Dakar, sur l’importance de pacifier l’espace politique sénégalais.

’’Nous sommes dans un pays où tout le monde a intérêt à participer à la pacification de l’espace politique. Ce qui s’y passe du point de vue médiatique et particulièrement sur les réseaux sociaux n’est pas du tout rassurant’’, a-t-il déclaré.

Dr Sambe intervenait à l’occasion de la restitution d’une étude consacrée à ’’la crise sahélienne et aux nouvelles dynamiques socio-religieuses dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal’’.

Le chercheur rappelle que le pays s’achemine vers des échéances électorales majeures que sont les législatives en juillet et la présidentielle en 2024, sans oublier l’exploitation des ressources pétrolières et gazières.

Insistant sur le fait que le pays allait faire l’objet d’un plus grand intérêt en raison de ses ressources naturelles, Sambe a invité les acteurs politiques à faire preuve de retenue.

Il a estimé que cet appel allait en direction aussi bien aussi du pouvoir, appelé à donner des gages d’une organisation d’élections crédibles, transparentes, démocratiques, que l’opposition invitée à être davantage responsable.

Le Sénégal, comme aucun autre pays au monde, ne pourra supporter les trois chocs concomitants que sont celui politique, économique et les menaces frontalières, a averti le directeur de Timbuktu Institute.

Il a ainsi évoqué la nécessité de détecter les différents signaux pouvant impacter la stabilité du pays afin d’oeuvrer à la préservation de la paix sociale.

La Moyenne-vallée du fleuve Sénégal n’échappe pas aux nouvelles dynamiques socio-religieuses qui traversent les sociétés sahéliennes. Avec la montée en puissance de nouveaux courants religieux en plus de divers signaux faibles, la région semble évoluer au rythme des mêmes tendances qui interrogent.  C’est dans ce contexte que s’inscrit l’étude du Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer intitulée “Crise sahélienne et nouvelles dynamiques socioreligieuses dans la Moyenne-vallée du fleuve Sénégal”. Cette recherche vise à appréhender ces dynamiques d’une part et d’autre part, mesurer les perceptions des populations locales sur l’évolution socioreligieuse marquée par une crise politico-sécuritaire dans cette partie du Sénégal. 

 

Pourtant, berceau des premières confréries - Tijaniyya et Qadiriyya - du pays, la moyenne-vallée est confrontée depuis quelques temps à la percée de nouveaux courants religieux qui ont commencé à gagner du terrain dans d’autres pays sahéliens. Cette étude s’est construite autour de quatre thématiques. D’abord, elle s’est intéressée aux différents canaux par lesquels les populations de la Moyenne-Vallée s’informent. Ensuite, l’analyse des vulnérabilités socioéconomiques ont pris une place de choix dans cette étude, si on sait qu’elles forment avec l’exclusion sociale la sève nourricière de l’extrémisme violent.

En outre, le Sahel est en pleine effervescence depuis la crise libyenne et les conséquences engendrées par l’incursion ou le réveil de la violence, la montée du radicalisme religieux, la circulation d’armes légères, la prolifération de groupes armés non-étatiques et les massacres communautaires entre autres instrumentalisation de la religion à des fins d’activités répréhensives.

 

Les dynamiques socioreligieuses dans un contexte régional en mutation ne pouvaient pas être ignorées dans ce travail de terrain. Enfin, le dernier volet de cette étude porte sur les défis sécuritaires en zone frontalière en l'occurrence à Matam et à Tambacounda. La crainte de la contagion djihadiste a conduit à la riposte des autorités étatiques et les efforts focalisés sur la zone de Kédougou.        

 

Les résultats de cette étude seront présentés le mardi 12 avril 2022 à la Maison de la presse sise sur la Corniche Ouest de Dakar. L’objectif de cette cérémonie, outre la présentation des grandes tendances de l’étude, est de recueillir des points de vue de personnalités avisées sur la question afin d’exposer au public une analyse holistique de la question des dynamiques socio-religieuses.

 

Par Babacar Diop, Stagiaire de recherche- Timbuktu Institute