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Timbuktu Institute – Septembre 2024
Contrairement à certaines analyses, les jeunes africains qui ont pu acclamer des juntes militaires après les annonces de coups d’État ne rejetaient pas la démocratie en soi. Ils exprimaient une désillusion, des déceptions et frustrations accumulées après des années de lutte, parfois au prix de nombreuses vies, pour justement les droits qu’octroient le régime démocratique. En fait, il ne se pose pas un problème avec la démocratie comme système de gouvernance mais il y a un malentendu sur le narratif démocratique parfois européocentré mais aussi, au fil des décennies, un véritable problème de crédibilité du discours occidental sur la démocratie aux regard des inconséquences, dû, souvent, aux sacrifices répétés du principe démocratique sur l’autel des intérêts dits stratégiques, économiques etc.
De plus, bien avant la vague de « démocratisation » des années 90, mille et une promesses de paix et de développement avaient été faites à nos pays par l’application de la recette des politiques d’ajustement structurel. Plus de trente ans après, ni la paix encore moins le développement ne sont au rendez-vous. Cette désillusion dans un contexte géopolitique en pleine mutation combinée à la mal gouvernance et à l’usure d’une élite politique déconnectée des aspirations d’une jeunesse « hyper-connectée » faisant face aux dures réalités d’une mondialisation néolibérale a alimentée tous les scepticismes sur l’efficience du modèle démocratique.
Pourtant ce dernier n’a jamais été rejeté en soi mais il se trouve qu’il s’exprime un ardent désir de réinvention et surtout d’endogénéisation d’un principe, d’un esprit, certes universel, mais auquel les différentes déclinaisons intelligibles pourraient donner corps et surtout substance.
Le principe démocratique souffrira aussi bien de l’idéalisme européocentré, des travers des démocraties modernes et de la dégradation continue de l’état de la démocratie qui n’a pas épargné le continent africain avec son lot de violation des droits humains, de restriction des libertés etc. C’est dans ce contexte que surgissent des coups d’État militaires et des régimes autocratiques se nourrissant de discours populistes allant jusqu’à vanter des modèles anti-démocratiques dans un environnement international où même les démocraties dites « modernes » ne sont pas épargné par les différents travers du néolibéralisme entre autres maux.
Un début de prise de conscience des obstacles à la démocratie et la reconnaissance des travers de la déclinaison du principe lui-même sont devenus des éléments essentiels dans la réflexion sur la nécessité de promouvoir ce mode de gouvernance malgré les « vents défavorables », les approches culturalistes portées par un vent de populisme balayant tous les continents et ses effets mondialisés.
Sortir de l’idéalisme européo-centré d’une « démocratie représentative occidentale »
Il est vrai que pour donner à la démocratie une « essence occidentale », contraire à sa portée universelle, on établit souvent, à tort, une filiation, une continuité entre la démocratie athénienne et la démocratie moderne en omettant de rappeler que les pères fondateurs de la démocratie moderne étaient opposés à la démocratie, comme Platon, en y voyant une sorte d’ochlocratie, « gouvernement de la foule, de la multitude, de la populace », une sorte de « tyrannie » ou de « dictature » de la majorité : John Adams (vice-président de G. Washington avant de devenir président des Etats-Unis, disait que la démocratie « est un gouvernement arbitraire, tyrannique, sanglant, cruel et intolérable »[1]. De même en France, d’éminents acteurs de la Révolution de 1789 parlaient des « vices », des « folies » de la démocratie associée tantôt à l’anarchie, tantôt au despotisme, en la rejetant avec horreur comme « le plus grand des fléaux »[2]. On retrouve le même rejet chez les penseurs libéraux du début du XIXe s. B. Constant, A. de Tocqueville, et bien d’autres. Ce n’est qu’en inventant, au milieu du XIXe s., la « démocratie représentative », opposée à la démocratie athénienne (gouvernement du peuple, par le peuple lui-même), que les fondateurs de la « démocratie libérale » ont fini par adhérer à l’idée démocratique[3].
Il faut admettre que cela relève d’un certain idéalisme que de parler de continuité entre la « démocratie directe » athénienne et la « démocratie représentative occidentale », comme on se plait à le dire. Cependant, s’il y a continuité, c’est à un autre niveau qui est souvent occulté : celui qui concerne les bénéficiaires et les exclus de la démocratie. Que ce soit dans les antiques expériences de démocratie directe, ou dans les formes modernes et contemporaines, la démocratie est fondée sur la reconnaissance de l’égalité et de la liberté des membres de la société politique qu’Aristote distinguait de la « société domestique » ; celle-ci étant régie par l’inégalité et la soumission des inférieurs aux supérieurs : les esclaves à leurs maîtres, les femmes aux hommes, les petits aux grands, les « barbares » aux « civilisés », etc. De ce point de vue, la société démocratique peut être définie comme une société dont les membres sont libres et égaux. Par conséquent, lui ôter un de ces piliers, ou les deux, c’est la vouer à disparaître en tant que telle.
Le grand problème, c’est qu’elle a été, dans ses formes antiques comme modernes, le privilège d’une minorité – les hommes libres à Athènes, les peuples des métropoles coloniales à l’exclusion des « indigènes » et des « esclaves » avant la reconnaissance formelle des droits civiques et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il est important d’admettre que la démocratie a vu le jour et s’est épanouie, jusqu’ici, dans le cadre de contextes rendant l’aspiration à la liberté, à l’égalité et à l’autodétermination un besoin pour la population d’un pays, ou d’une partie d’entre elle, du fait que ses besoins vitaux étaient satisfaits, sinon par sa propre activité, du moins par l’exploitation d’autres populations qui sont souvent, pour ne pas dire toujours, exclues des bienfaits du vivre ensemble démocratique. C’était le cas à Athènes, dans l’antiquité, où les hommes libres (environ 15% de la population) étaient dégagés des activités nécessaires à satisfaire leurs besoins fondamentaux, par l’exploitation des esclaves, des femmes et des métèques, ou étrangers, travaillant dans l’artisanat et le commerce.
Admettre les travers des démocraties modernes
Il est, aussi, une réalité que certaines démocraties modernes n’ont vu le jour qu’à la faveur des richesses accumulées grâce aux découvertes maritimes, à la pratique à une grande échelle de l’esclavage, à l’extermination ou à la soumission des indo-américains, au pillage des richesses des pays et des continents colonisés et à l’échange inégal avec les pays échappant à la colonisation ou accédant à l’indépendance après des décades et des siècles de domination coloniale par les pays jouissant de la démocratie et la finançant grâce à l’exploitation du plus grand nombre. Les chiffres sont éloquents à ce titre : 85% de la population de l’antique Athènes, près de 90% de la population de la planète exclus de la démocratie et exploités par une minorité de nantis des pays dominants depuis des siècles. Ainsi, de nos jours, selon les rapports publiés tous les deux ans par l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA International), le taux de la population jouissant réellement de la démocratie est inférieur à ce qu’il était à Athènes dans l’antiquité. En 2014, 12,5 % des pays évalués sont des démocraties à part entière, 35,5 % sont des démocraties imparfaites, 14,4 % des régimes hybrides et 37,6 % des régimes autoritaires (Voir la carte ci-dessous).
Une dégradation continue de l’état de la démocratie qui n’a pas épargné l’Afrique
Le rapport IDEA International de l'année 2015, publié le 5 mars 2016, souligne une forte dégradation de l’état de la démocratie dans le monde. La plupart des pays africains font partie des régimes autoritaires ou, au mieux, hybrides. La situation ne va pas en s’améliorant. En 2020, pour la cinquième année consécutive, le nombre de pays évoluant dans le sens de l’autoritarisme a dépassé le nombre de pays en voie de démocratisation. Des pays considérés comme faisant partie des plus grandes démocraties du monde, comme le Brésil et l’Inde, connaissent un recul démocratique inquiétant. Ces régressions de la démocratie affectent des pays comme les États-Unis, la Hongrie, la Pologne et la Slovénie. Même dans les démocraties établies, les pouvoirs issus de véritables élections ont de plus en plus tendance à recourir à des méthodes autoritaires. Souvent, ces reculs de la démocratie rencontrent un certain soutien populaire. Les rapports concernant l’état de la démocratie dans le monde attirent l’attention sur l’évolution alarmante enregistrée en 2020 qui a vu le nombre de pays devenant de plus en plus autocratiques atteindre un niveau jamais connu auparavant.
Dans le cadre de cette évolution générale, l’Afrique compte parmi les continents où ces reculs sont des plus inquiétants ; les progrès enregistrés au cours des trois dernières décennies marquent le pas ou connaissent un net recul. Souvent, les résultats des élections sont contestés, parfois avec violence. Contournement de la règle de limitation du nombre de mandats présidentiels (13 pays africains ont modifié ou supprimé les dispositions constitutionnelles relatives à la limitation du nombre de mandats présidentiels entre 2015 et 2020), résurgence de changements anticonstitutionnels, répression des partis d’opposition et des populations qui les soutiennent, et autres entorses sont des motifs de désenchantement démocratique, notamment parmi les jeunes qui représentent 75% de la population de pays soumis aux caprices de gérontocraties usées par des décennies de pouvoir autocratique, autoritaire, corrompu et sourd aux demandes de la société. Ces évolutions sont à l’origine de la multiplication des interventions militaires, ou s’appuyant sur l’armée, comme en Algérie, en Égypte, au Soudan au Zimbabwe, ou plus récemment au Mali, au Tchad et au Burkina.
Parfois, ces interventions sont soutenues par la population dont les conditions de vie se dégradent de jour en jour : en 2020, 34 pays africains (68 %) font partie du dernier quartile mondial en matière de bien-être élémentaire. L’intervention de l’armée apparait comme un moyen de débloquer des situations d’impasse et sont saluées par une population désespérée et qui ne sait plus à quel saint se vouer. Beaucoup de jeunes pour qui tous les horizons sont bouchés acclament les coups d’Etat militaires et saluent les interventions du groupe Wagner, de la Russie, de la Chine, de la Turquie et d’autres puissances internationales ou régionales pour qui la démocratie est le dernier de leurs soucis. C’est aussi le cas des jeunes qui, n’ayant plus aucun espoir de s’en sortir dans le pays, font tout pour partir y compris en risquant leur vie dans la traversée du Grand Sahara puis, quand ils y arrivent, en tentant de passer vers l’autre rive de la Méditerranée devenue le plus grand cimetière africain, dans l’indifférence des démocraties européennes qui se barricadent ; ou en rejoignant les groupes armés jihadistes pour qui la démocratie et les droits humains ne sont que les « hérésies des temps modernes » qu’ils se proposent d’éradiquer.
Restriction des libertés et violation persistante des droits humains
A l’ombre de ces évolutions, on assiste à la restriction des libertés en général, et de la liberté d’expression en particulier, dans au moins 29 pays. Les violations des droits humains se multiplient. La violence à l’égard des femmes augmente. Les réformes constitutionnelles ont en partie compromis la lutte contre les inégalités entre les genres. La responsabilité de cette situation incombe aux autorités des pays concernés, certes ; mais les grandes puissances ont aussi une grande part de responsabilité que ce soit en raison du passé colonial non encore dépassé, ou du point de vue des politiques néocoloniales s’appuyant sur des régimes autoritaires, voire des dictatures corrompues, et sur les institutions financières et l’OMC pour imposer des politiques néolibérales de réajustement structurel, de libre circulation des capitaux et des marchandises, de désengagement social de l’Etat se traduisant par le recul des services publics dans les domaines de la santé, de l’enseignement, de l’habitat, des transports, de soutien aux plus démunis, etc.
Conscience des obstacles à la démocratie : griefs et reproches au néolibéralisme
Il est difficile de tenir un discours crédible sur la promotion de la démocratie sans s’arrêter sur les effets de la mondialisation néolibérale et ses connivences avec les différentes expressions de la révolution conservatrice qui se développent, sous différentes formes, partout dans le monde : néoconservateurs, Tea Party et autres mouvances suprématistes en Amérique du Nord, mouvements identitaires d’extrême droite en Europe, eurasistes et national-orthodoxes en Russie et dans les pays de l’ex-empire soviétique, hindouisme politique ultra nationaliste et xénophobe en Inde, intégrisme catholique et fondamentalisme évangélique de mèche avec des partis d’extrême droite en Amérique du Sud, extrémisme juif en Israël et dans les diasporas juives, islam politique et mouvements islamo-nationalistes dans les pays musulmans et en Afrique, etc. Partout, c’est « la double impasse des fondamentalismes marchands et religieux à l’assaut de l’universel », selon l’expression de Sophie Bessis[4].
On pourrait penser qu’au lieu de favoriser la généralisation du progrès économique et social et de la démocratie, comme promis et annoncé par ses « prophètes » et ses promoteurs, le néolibéralisme a contribué, partout, à l’aggravation des inégalités et à la concentration des richesses entre les mains d’un infime minorité (les 1% les plus riches ont vu leur part de la croissance des revenus passer de 16% en 1980 à 27% en 2016, pendant que les revenus des 50% des plus pauvres ont stagné autour de 9%. ; selon le rapport de l’Observatoire des inégalités publié en septembre 2020, les 1% les plus riches détiennent, en 2020, près de la moitié de la richesse mondiale). Sur le plan politique, ces évolutions ont conduit à l’affaiblissement, voire à l’effondrement des Etats-nations les plus fragiles. Là où on attendait le triomphe de la démocratie et de l’Etat de droit, on a assisté aux purifications ethniques, à de nouveaux génocides, au développement des populismes sur fond de guerres des religions ou des cultures, aux replis sur des « identités meurtrières », selon l’expression d’Amine Maalouf, favorisés par la remise en cause des solidarités nécessaires pour faire reculer les inégalités et la « misère du monde » incompatibles avec le vivre ensemble démocratique.
Certains, comme Mohamed-Chérif Ferjani, pensent même que pour occulter la responsabilité de la mondialisation du néolibéralisme dans le recul de la démocratie, on a préféré la recherche de boucs émissaires en parlant de « clash des civilisations » inhérent à l’hostilité de certaines cultures, ou de certains « Etats voyous », à l’égard de la démocratie et de l’Occident. Lors d’un entretien dans le cadre de la préparation de ce rapport il dresse des constats inquiétants. Selon lui, « pour réduire ces menaces, et au nom de la guerre contre le terrorisme, les puissances se présentant comme les champions de la défense de la civilisation contre la barbarie, de la démocratie contre la dictature et le totalitarisme, se sont donné le droit de mener des interventions pour soi-disant instaurer des régimes démocratiques et des Etats de droit et éliminer des dictatures opprimant leurs peuples et menaçant la paix de pays voisins et dans le monde ». Partout, ces interventions ont conduit à l’affaiblissement, voire à l’effondrement, des Etats visés, laissant le terrain libre au chaos et à « la guerre de tous contre tous » avec son lot de violations des droits humains, de misère, de déplacement de millions de personnes fuyant les exactions de groupes terroristes se disputant le pouvoir comme en Irak, en Syrie, en Libye, en Afghanistan, en Somalie, dans de vastes territoires de plusieurs pays africains, etc. Ces interventions et leurs conséquences ne sont pas sans rapports avec le recul de la démocratie dans les régions et les pays concernés.
[1] Lettre datée du 18 août 1807 dans Charles F. Adams (dir.) Correspondances Between John Adams and Mercy Warren, New-York, Arno Press, 1972, p.394.
[2] Voir François Furet et Ran Halévi (dir.), Orateurs de la révolution française, Paris, Gallimard, 1984
[3] Voir Francis Dupuis-Déri, Démocratie, histoire d’un mot aux Etats-Unis et en France, Lux Editeur, Paris 2019.
[4] voir son livre La double impasse, l’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand, Paris, La Découverte, 2014.
On the occasion of the visit of the German Federal Minister of Foreign Affairs to Senegal, Ms. Annalena Baerbock, on July 15 and 16, 2024, a panel discussion was organized in her honor at the Goethe Institut Dakar. The Timbuktu Institute, as a leading regional think tank on peace and security issues, was invited to share its experience on regional stability issues, focusing on the contribution of women and youth in conflict resolution and the preservation of democracy. Yague Samb, Country Director of the Timbuktu Institute Senegal, represented the institute at the event in her capacity as a researcher who has criss-crossed a number of countries in the sub-region, interacting with various women and youth actors in crisis zones. The Country Director focused her presentation first on youth issues, then on women's issues, in relation to the question of regional stability.
First and foremost, she started from the premise that African youth, contrary to theses that confine them to the straitjacket of “burden” or “demographic bomb”, can represent an opportunity if they are well educated and empowered. But, for the researcher, it cannot be denied that these same young people see themselves as vulnerable to radicalization and violent extremism (VE). Indeed, according to many Sahelian populations, such as those in the Zinder region of Niger, where the institute conducted one of the first perception studies on the issue, young people are tempted by violent extremism because of unemployment (according to 43.5%), social insecurity (42.5%) and dropping out of school (13%). In an effort to map vulnerability factors to these phenomena, the trends observed in Niger were confirmed in the greater Dakar suburbs of Senegal (2016), on the border between Senegal and Mauritania, more specifically in the two Rosso areas bordering the two countries (2018), on the Senegalese-Guinean border, in Vélingara and Labé (2021), and in southeastern Senegal, in the Kédougou and Tambacounda regions (2024).
Studies have shown that radicalization is a multi-factorial phenomenon, and that beyond the ideological dimension, socio-economic frustrations are important factors in the radicalization of young people. In other words, the niches of violent radicalization lie in the intersection of factors of fragility that are incentive factors or structural causes (unemployment, inequality, corruption, etc.), attractive factors or motivations of the individual (desire for adventure, the search for an identity, material motivations, fear of repercussions by EV groups, etc.) and what we call process factors or protectors present in a community. In a forward-looking and preventive approach, the Timbutku Institute has gathered from young people, at least in Senegal, as part of the study on radicalization factors and the perception of terrorism among young people in the greater Dakar suburbs, that the main antidote to radicalism leading to EV is to ensure employment. According to the Timbuktu Institute expert, solutions to the vulnerabilities faced by young people include strengthening socio-economic inclusion policies, correcting the social injustices of which they claim to be victims, and focusing on education, while strengthening this human capital.
His speech went on to emphasize women's involvement in conflict resolution. Indeed, the question of women is closely linked to that of children, in the sense that these two groups are naturally considered to be among the most vulnerable. The example of the internally displaced women of Sénou (Bamako), approached by the Timbuktu Institute researchers in 2017 through the study “Femmes, prévention et lutte contre l'EV au Mali” (Women, prevention and the fight against EV in Mali), is clear enough to justify the complexity of the female situation in this crisis context. Indeed, these women who have experienced the conflict in Northern Mali first-hand, regret their lack of involvement in conflict prevention and resolution initiatives. But, above all, women were at the forefront of the fight against extremism, notably in Afghanistan and Algeria in the 90s, but also in Timbuktu. They are predisposed to detecting the signs of radicalism in young people, as in the case of the displaced women of Sénou, 55.6% of whom said they had already seen cases of radicalized young people in their neighborhood or immediate surroundings.
However, despite this potential, women continue to face numerous challenges that hinder their socio-economic development. With this in mind, the Timbuktu Institute recently conducted a preliminary study on the obstacles and solutions to the socio-economic inclusion of women in the former G5-Sahel countries. The study is the result of meetings with women entrepreneurs from the region, who reflected on the issue of female entrepreneurship and listed a number of obstacles that stand in their way.
The most recent meeting was held in Dakar at the end of June 2024, where it emerged that, over and above their resilience, women face countless socio-cultural barriers that limit their access to land, difficulties in accessing financing, challenges in accessing education and training, etc. This raises the question of whether the battle against extremism in all its forms has been won, given the persistence of obstacles to women's socio-economic inclusion. In any case, insists the expert from the Timbuktu Institute, vigilance must be the order of the day, while capitalizing on women's potential, by putting women at the forefront of initiatives to raise awareness of extremism.
On the occasion of the visit of the German Federal Minister of Foreign Affairs to Senegal, Mrs. Annalena Baerbock, on July 15 and 16, 2024, a panel discussion was organized in her honor at the Goethe Institut Dakar. With relations between Europe and Africa high on the agenda, the Country Director of the Timbuktu Institute, Ms. Yague Samb, highlighted three major challenges that Europe and Africa can meet together.
The first challenge, according to the Timbuktu Institute expert, concerns Africa's position in the energy transition. For her, “we realize that there is a paradox, in that Africa is the continent that pollutes the least but suffers the most from the effects of climate change. So there's a kind of energy double whammy. In the meantime, Africa is being called upon to take its cue from the current energy transition to move towards clean energy, solar power, etc.”, she argues. Hence, in her view, “the question of whether we are taking into account the specificity of a continent where over 600 million people have no access to basic electricity. How, in this context, when we have countries like Senegal and Côte d'Ivoire producing energy, can we forbid them to use fossil fuels and move towards clean energy, without accompanying measures and even some compensation?” asks the Senegal Director of the Timbuktu Institute. For her, “this is a real problem that can be remedied by climate justice in the face of this energy double whammy, by rethinking the conditions for financing renewable energy, but also by transferring technology to avoid any dependence on this transition”.
The second challenge is linked to the geopolitical dimension of the new energy war in the context of the Russian-Ukrainian conflict. “Today, we know that European countries are experiencing difficulties in accessing energy. As a result, many of them are increasingly approaching African countries in search of alternatives. Today, energy production in Senegal, Côte d'Ivoire and the Gulf of Guinea is a major issue for the supply of Western powers. But the fear is that in this new context, Africa will become an adjustment variable where Europe, unsure of its access to Russian gas, will fall back on African countries,” adds Yague Samb. For her, “such a situation could confer another geopolitical status on Africa vis-à-vis Russia, which will begin to view Africa as likely to attenuate its ability to exert pressure on Western powers”. So, she reminds us, it seems important not to focus on cyclical emergencies, but to focus on an Africa of solutions to the energy question.
The third challenge that the Country Director of the Timbuktu Institute identifies is that of collective security, which includes both security cooperation, in terms of tacit equality in the face of vulnerability (terrorism no longer has borders), and the question of migration, where there is an inequality of mobility that is often reduced to the expression “illegal immigration”. On this last point, she wonders how difficult it is for young Africans to accept the mobility of natural resources from the South to the North, while at the same time drastically reducing the opportunities for Africans to travel to Europe. “In the name of what principle can some people move and others not, while their natural resources move and can leave the continent without great constraint”, she wonders, calling for a paradigm shift and a much-needed renewal of the Africa-Europe relationship.
For this reason, she finds “the concept of clandestine migration subjective and one-sided, and instead suggests inequality in mobility, which needs to be redressed if we are to avoid perpetuating a conflictual vision of the Europe-Africa relationship, especially among young people who are connected and highly informed about international dynamics”. For the Senegal director of the Timbuktu Institute, “this situation does not facilitate relations between African youth and Europe. Young Africans who once fought for democracy are now applauding juntas after coups d'état. This is not because they reject democracy, but rather because they doubt the credibility of political discourse, and especially that of the West, on democracy, given the inconsistencies in the appreciation and variable-geometry application of the principle of human rights in the contemporary world”. But for Yague Samb, “it is still possible to renew the thread of dialogue, and even move forward together, within the framework of renewed relations that take into account the evolution of African societies, and above all of a youth that is more demanding of both African governments and their international partners”.
As part of the implementation of its Strategic Plan 2020-2025, and in particular Axis 3 on "Promoting a culture of peace through an educational approach and the enhancement of endogenous resources, cultural heritage and the strengthening of resilience", the Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies is continuing the "Resilience at the borders" initiative launched with the Konrad Adenauer Foundation a few years ago.
The predominantly security-based approach and vulnerabilities in border areas are very often highlighted to the detriment of interactions, which are rarely captured by traditional indicators, research and field studies. The "Living on the border: challenges or opportunities" project, initiated by the Timbuktu Institute with the support of the Konrad Adenauer Foundation, has made it possible, through exchanges with young people, to discover, according to Bakary Sambe, that "some areas that benefit from very few development initiatives are brimming with potential, especially in terms of building and strengthening resilience to conflict and violent extremism".
The discussions and recommendations highlighted a strong demand for capacity-building and the promotion of youth and female leadership, in order to give impetus to a commitment to social cohesion and conflict prevention, especially in these very strategic areas of certain countries in terms of security and stability. All the more so as these areas are often coveted by extremist groups from countries that share a historical and cultural continuum with Senegal's border areas.
As part of Axis 3 of its Strategic Plan 2020-2025 on "Promoting a culture of peace through an educational approach and the enhancement of endogenous resources, cultural heritage and the strengthening of resilience", the Timbuktu Institute -African Center For Peace Studies- is pursuing the "Resilience at the borders" initiative, with Saint-Louis, Matam and Tambacounda chosen as pilot sites. These border areas, known for their sensitivity, should be given priority in peace-building and resilience-building initiatives as part of a preventive approach and to capitalise on the endogenous levers of resilience.
The dialogue sessions will begin with speeches by the Regional Director of the Timbuktu Institute and the Representative of the Konrad Adenauer Foundation. After the official opening by the Governor of the region or his representative, there will be an inaugural session on the "Regional security situation and the challenges of strengthening community resilience: complementary roles of the State and local populations", by Dr. Bakary Sambe. This will be followed by a series of presentations on topics such as "Women and conflict, the role of women in Senegalese culture" and "Young people and radicalisation in border areas: risks and resilience factors".
Perceptions of the conflict and of the relationship between the Defence and Security Forces and the population will be discussed at length during the group work, and the strategic recommendations formulated will be presented before the debriefing and closure of the Session.
The recommendations will be shared with the national authorities as part of the contribution to the development and improvement of the frameworks for action adopted by the State of Senegal and its partners.
Dans le cadre de la mise en œuvre de son Plan stratégique 2020-2025, et notamment l’Axe 3 portant « Promotion de la culture de la paix par l’approche éducative et la valorisation des ressources endogènes, du patrimoine culturel et le renforcement de la résilience », Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, poursuit l’initiative « Résiliences aux frontières », lancée avec la Fondation Konrad Adenauer il y a maintenant quelques années.
L’approche à dominante sécuritaire et les vulnérabilités dans les zones frontalières sont très souvent mises en avant au détriment d’interactions, rarement captées par les indicateurs classiques, les recherches et études sur le terrain. Le Projet « Habiter, la frontière : défis ou opportunités », initié par le Timbuktu Institute avec le soutien de la Fondation Konrad Adenauer, a permis, grâce aux échanges avec des jeunes de découvrir, selon Bakary Sambe que « certaines zones bénéficiant de très peu d’initiatives de développement, débordent de potentiels surtout en termes de construction et de renforcement de la résilience aux conflits et à l’extrémisme violent ».
Les discussions et recommandations ont fait ressortir une forte demande en termes de capacitation et de promotion du leadership juvénile et féminin pour, ainsi, impulser une dynamique d’engagement en matière de cohésion sociale et de prévention des conflits surtout dans ces zones très stratégiques de certains pays pour la sécurité et la stabilité. D’autant plus que ces dernières sont souvent convoitées par des groupes extrémistes à partir de pays partageant un continuum historico-culturel avec les espaces frontaliers du Sénégal.
Ce faisant, dans le cadre l’Axe 3 de son Plan stratégique 2020-2025 portant « Promotion de la culture de la paix par l’approche éducative et la valorisation des ressources endogènes, du patrimoine culturel et le renforcement de la résilience », le Timbuktu Institute -African Center For Peace Studies- poursuit l’initiative « Résilience aux frontières » avec un choix porté à titre de pilotes sur Saint-Louis, Matam et Tambacounda. En effet, ces zones frontalières connues pour leur sensibilité, doivent être privilégiées dans les initiatives de consolidation de la paix et de renforcement de la résilience dans le cadre d’une approche préventive et de capitalisation sur les leviers endogènes de résilience.
Les sessions de dialogues commenceront d’abord par les interventions du Directeur régional du Timbuktu Institute et du Représentant de la Fondation Konrad Adenauer. Après l’ouverture officielle par le Gouverneur de la région ou son représentant, place à la Session inaugurale sur la « Situation sécuritaire régionale et les enjeux du renforcement de la résilience communautaire : Rôles complémentaires Etat/populations locales », par Dr. Bakary Sambe. Puis, différentes présentations vont suivre sur des thématiques comme « Femmes et conflits, quelles places de la femme dans la culture sénégalaise » ou encore « Jeunes et radicalisation dans les zones frontalières : risques et facteurs de résilience ».
Les perceptions du conflit et des rapports entre les Forces de Défense et de Sécurité et les populations seront largement discutées lors des travaux de groupe, dont les recommandations stratégiques formulées seront restituées avant le bilan et la clôture de la Session.
Les recommandations seront partagées avec les autorités nationales dans le cadre de la contribution à l’élaboration et à l’amélioration des cadres d’action adoptés par l’État du Sénégal et ses partenaires.
A l’occasion de la visite de la Ministre fédérale Allemande des Affaires étrangères au Sénégal, Mme. Annalena Baerbock, les 15 et 16 juillet 2024, un panel a été organisé en l’honneur à cette dernière au Goethe Institut Dakar. Au menu des échanges, figuraient, en bonne place, les relations entre l’Europe et l’Afrique, la Directrice-pays du Timbuktu Institute, Mme. Yague Samb, a tenu à insister sur trois défis majeurs que l’Europe et l’Afrique peuvent relever ensemble.
Le premier défi, selon l’experte du Timbuktu Institute, est relatif au positionnement de l’Afrique face à la transition énergétique. Pour elle, « on se rend compte qu’il y a un paradoxe, en ce sens que l’Afrique est le continent qui pollue le moins mais qui subit le plus les effets du changement climatique. Donc il y a une forme de double peine énergétique. Pendant ce temps, il est demandé à l’Afrique de s’arrimer sur la situation actuelle de la transition énergétique pour aller vers l’énergie propre, solaire, etc. », avance-t-elle. D’où, selon elle, « la question de savoir si l’on prend en compte la spécificité d’un continent où plus de 600 millions de personnes n’auraient pas accès à l’électricité basique . Comment dans ce contexte-là, où nous allons avoir des pays qui vont produire de l’énergie comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, leur interdire de se servir de l’énergie fossile en allant vers l’énergie propre sans des mesures d’accompagnement et même certaines compensations ? » se demande la directrice Sénégal du Timbuktu Institute. Pour elle, « ceci constitue un véritable problème auquel on peut remédier par une justice climatique face à cette double peine énergétique en repensant les conditions de financement de l’énergie renouvelable, mais aussi procéder à un transfert de technologie en évitant ainsi toute dépendance relative à cette transition » .
Le second défi est lié à la dimension géopolitique de la nouvelle guerre de l’énergie en contexte de conflit russo-ukrainien. « Aujourd’hui, on sait que les pays européens rencontrent des difficultés pour accéder à l’énergie. Ce qui a fait que beaucoup se rapprochent de plus en plus de pays africains pour chercher des alternatives. Aujourd’hui, la question de la production énergétique aussi bien au Sénégal, en Côte d’ivoire que dans le Golfe de Guinée, est un enjeu majeur pour l’approvisionnement des puissances occidentales. Mais la crainte c’est que l’Afrique va être dans ce nouveau contexte, une variable d’ajustement où l’Europe, peu sûr d’avoir accès au gaz russe, va se rabattre sur les pays africains, renchérit Yague Samb. Pour elle, « une telle situation pourrait conférer un autre statut géopolitique à l’Afrique vis-à-vis de la Russie qui va commencer à regarder l’Afrique comme susceptible d’atténuer sa capacité d’exercer de la pression sur les puissances occidentales ». Ainsi, rappelle-t-elle, il semble important de ne pas mettre l’accent sur les urgences conjoncturelles, mais se focaliser sur une Afrique des solutions relativement à la question énergétique.
Le troisième défi que la Directrice-pays du Timbuktu Institute identifie est et celui de la sécurité collective qui comprend aussi bien la coopération sécuritaire, en termes d’égalité tacite face à la vulnérabilité (le terrorisme n’a plus de frontière), que la question migratoire sur laquelle il y a une inégalité de mobilité que l’on réduit souvent dans l’expression « immigration clandestine ». Pour ce dernier point, elle s’interroge sur la difficulté d’acceptation, par les jeunes africains, d’une mobilité des ressources naturelles du sud vers le nord et qu’en revanche, il y ait une réduction drastique des possibilités, pour les Africains, de voyager vers l’Europe. « Au nom de quel principe certains peuvent bouger et que d’autres non, alors que leurs ressources naturelles bougent et peuvent quitter le continent sans grande contrainte », se demande-t-elle en interpellant sur la nécessité de changement de paradigme et d’un indispensable renouveau de la relation Afrique-Europe.
C’est pourquoi, elle trouve « subjectif et unilatéral le concept de migration clandestine, à la place duquel elle suggère l’inégalité en mobilité qui devrait être réparée si l’on ne veut pas perdurer dans une vision conflictuelle de la relation Europe-Afrique surtout chez les jeunes connectées et très informées des dynamiques internationales ». Pour la directrice Sénégal du Timbuktu Institute, « cette situation ne facilite pas les relations entre la jeunesse africaine et l’Europe. Car les jeunes africains qui, naguère, luttaient pour la démocratie, applaudissent aujourd’hui des juntes après les coups d’état. Ce n’est pas parce qu’ils rejettent la démocratie, mais plutôt doutent surtout de la crédibilité du discours politique et surtout de celui de l’Occident sur la démocratie si l’on sait les inconséquences dans l’appréciation et l’application à géométrie variable du principe des droits humains dans le monde contemporain ». Mais pour Yague Samb, « il est encore possible de renouer le fil du dialogue, voire aller de l’avant, ensemble, dans le cadre de relations renouvelées prenant en compte l’évolution des sociétés africaines et surtout d’une jeunesse plus exigeante aussi bien vis-à-vis des gouvernants africains que de leurs partenaires internationaux ».
A l’occasion de la visite de la Ministre fédérale Allemande des Affaires étrangères au Sénégal, Mme. Annalena Baerbock, les 15 et 16 juillet 2024, un panel a été organisé en l’honneur à cette dernière au Goethe Institut Dakar. Le Timbuktu Institute, en tant que think tank régional, leader sur les questions de paix et sécurité, a été invité à partager son expérience sur les problématiques de stabilité régionale, en mettant l’accent sur la contribution des femmes et des jeunes dans la résolution des conflits et la préservation de la démocratie. C’est la Directrice-pays du Timbuktu Institute Sénégal, Mme. Yague Samb, qui a représenté l’institut à cet évènement en sa qualité de chercheure ayant sillonné nombre de pays dans la sous-région et interagi avec divers acteurs féminins et des jeunes dans les zones de crise. La directrice-pays a axé sa présentation d’abord sur la question juvénile, puis sur celle féminine, relativement à la question de la stabilité régionale.
Tout d’abord, elle est partie du postulat que la jeunesse africaine, contrairement aux thèses qui la cantonnent dans un carcan de « fardeau » ou de « bombe démographique », peut représenter une chance si elle est bien éduquée et capacitée. Mais, pour la chercheure, il ne peut être nié le fait que cette même jeunesse se considère elle-même comme vulnérable par rapport à la radicalisation et à l’extrémisme violent (EV). En effet, selon nombre de populations sahéliennes, à l’image de celle de la région de Zinder au Niger où l’institut a conduit l’une des premières études de perception sur la question, les jeunes seraient tentés par l’extrémisme violent en raison de leur situation de chômage (selon 43,5%), de précarité sociale (42,5%) et d’abandon scolaire (13%). Dans une démarche visant à cartographier les facteurs de vulnérabilité à ces phénomènes, les tendances observées au Niger se sont confirmées au niveau de la Grande banlieue de Dakar au Sénégal (2016), à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, plus précisément dans les deux Rosso qui jouxtent les deux pays (2018), dans la frontière sénégalo-guinéenne, en l’occurrence à Vélingara et Labé (2021), dans le Sud-est du Sénégal, autrement dit dans les régions de Kédougou et de Tambacounda (2024).
Les études ont montré que la radicalisation est un phénomène multifactoriel et qu’au-delà de la dimension idéologique, les frustrations socioéconomiques sont des facteurs importants de radicalisation des jeunes. Autrement dit, les niches de radicalisation violente se trouvent dans l’intersection de facteurs de fragilités que sont les facteurs incitatifs ou causes structurelles (chômage, inégalité, corruption, etc.), les facteurs attractifs ou motivations de l’individu (désir d’aventure, la recherche d’une identité, des motivations matérielles, la peur des répercussions par des groupes d’EV, etc.) et ce que l’on appelle les facteurs de processus ou protecteurs présents dans une communauté. Dans une démarche prospective et préventive, l’institut Timbutku a recueilli de la jeunesse, du moins sénégalaise, dans le cadre de l’étude sur les facteurs de radicalisation et la perception du terrorisme chez les jeunes dans la grande banlieue de Dakar, que le principal antidote à la radicalité menant à l’EV est de lui assurer un emploi. Ainsi, au titre des solutions face aux vulnérabilités dont les jeunes font face, il semble important, selon l’experte du Timbuktu Institute, de renforcer les politiques d’inclusion socioéconomique, corriger les injustices sociales dont ils se disent victimes, miser sur l’éducation, tout en renforçant ce capital humain.
Ensuite, son intervention a mis l’accent sur l’implication des femmes dans la résolution des conflits. En effet, la question féminine est intimement liée à celle juvénile, en ce sens que ces deux couches sont naturellement considérées comme faisant partie des plus vulnérables. L’exemple des déplacées internes de Sénou (Bamako), approchées par les chercheures du Timbuktu Institute, dès 2017, à travers l’étude « Femmes, prévention et lutte contre l’EV au Mali » est assez patent pour justifier la complexité de la situation féminine dans ce contexte de crise. En effet, ces femmes ayant vécu dans leur chair le conflit du Nord Mali, regrettent leur défaut d’implication dans les initiatives de prévention et de résolution des conflits. Mais, par-dessus tout, les femmes étaient aux avant-gardes de la lutte contre l’extrémisme, notamment en Afghanistan, en Algérie dans les années 90, mais aussi à Tombouctou. Elles disposent de prédispositions à détecter les signaux de radicalité des jeunes, à l’image des femmes déplacées de Sénou qui ont soutenu à 55,6% avoir déjà vu des cas de jeunes radicalisés dans leur quartier ou dans leur entourage immédiat.
Cependant, bien que fortes de ces potentiels, les femmes continuent de rencontrer de nombreux défis qui entravent leur épanouissement socioéconomique. Dans ce sillage, le Timbuktu Institute a conduit, récemment, une étude préliminaire sur les obstacles et solutions à l’inclusion socio-économique des femmes des pays de l’ex G5-Sahel. Cette étude est sanctionnée de rencontres avec des entrepreneures de la région qui ont réfléchi sur la question de l’entreprenariat féminin et listé un certain nombre d’obstacles qui se dressent contre elles.
La toute dernière rencontre s’est tenue à Dakar fin juin 2024, où il est ressorti qu’au-delà de leur capacité de résilience, les femmes font face à d’innombrables barrières socioculturelles qui limitent leur accès à la terre, les difficultés d’accès au financement, les défis d’accès à l’éducation et à la formation, etc. Se pose ainsi la question de savoir si la bataille de la lutte contre l’extrémisme sous toutes ses formes est gagnée au regard de la persistance d’obstacles à l’inclusion socioéconomique des femmes ? Dans tous les cas, insiste l’experte du Timbuktu Institute, la vigilance doit être de mise, tout en capitalisant le potentiel féminin, en mettant en avant les femmes dans les initiatives de sensibilisation à l’extrémisme.
Jukumu muhimu linalofanywa na wanawake katika amani na maendeleo endelevu ya jamii za Kiafrika bila shaka ni wazi kabisa. Kinachobaki kufanywa, hata hivyo, ni kukuza na kuimarisha juhudi hii, ambayo wakati mwingine huwa inadhoofishwa au kupuuzwa. Hii ni msingi wa mradi wa “Wito wa Wanawake wa Kiafrika kwa Ajili ya Amani”. Ikiendana na Malengo ya Maendeleo Endelevu, Ajenda ya Umoja wa Afrika 2063 na Azimio la Umoja wa Mataifa 1325, mpango huu unalenga kuongeza uwezo wa wanawake wa Kiafrika kuendeleza amani na kukuza shughuli endelevu barani kote.
Sambamba na kuundwa kwa Siku ya Wanawake wa Afrika Umajumui katika Mkutano wa Wanawake wa Afrika uliofanyika jijini Dar Es Salaam tarehe 31 Julai 1962, lengo la mpango wa “Wito wa Wanawake wa Afrika kwa Ajili ya Amani” ni kwa mara tatu. Kwanza, kuimarisha jukumu la wanawake kwa kuonyesha na kuunga mkono majukumu yao ya kijamii katika michakato ya amani na maendeleo. Pili, kukuza shughuli endelevu kwa kuhamasisha mipango inayochangia uendelevu wa mazingira, kiuchumi na kijamii. Hatimaye, kuunda athari nzuri ya kiwimbi, kuhamasisha wanawake kuanzisha mabadiliko mazuri kupitia ushirikiano. Kwa kuhamasisha wanawake kupitia warsha, kampeni za uhamasishaji na mafunzo, "Wito wa Wanawake wa Kiafrika kwa Ajili ya Amani" inalenga kuunda jukwaa la umoja ambapo sauti za wanawake zinasikika na kuthaminiwa. Hii ni: 1) kuongeza ushiriki wa wanawake katika miradi ya jamii na michakato ya kufanya maamuzi, 2) kujenga uwezo wa wanawake kwa kuunda vikundi vya wanawake waliofunzwa na kuwezeshwa kuongoza amani na mipango endelevu ya maendeleo, 3) kuongeza athari za jamii kwa jamii zenye nguvu zaidi zilizojiandaa vizuri kukabiliana na changamoto za baadaye.
Ili kufanikisha hili, mpango huo unakusudia kuendelea kupitia mipango kadhaa. Kwa upande mmoja, kuunda muundo rasmi wa kuendelea shughuli kwa pamoja, kuhamasisha idadi kubwa ya wanawake kusaidia kazi ya amani, kuhakikisha mwendelezo na uendelevu wa hatua zilizofanywa, kupanua shughuli kwa nchi zote za 54 barani, kufafanua mipango ya maendeleo iliyobadilishwa na hali halisi ya ndani, na kuunda ushirikiano kati ya vyama vya wanawake ili kuongeza athari za mipango. Kwa upande mwingine, kuanzisha mipango ya ushauri na msaada wa masomo kwa mabinti, kuanzisha mipango ya kulinda na kuwawezesha wanawake na watoto katika maeneo ya migogoro, kuendeleza mipango ya kuwapotosha mabinti (na wanaume?) kujaribiwa na uhamiaji, kukuza upatanishi wa wanawake katika migogoro ya kijamii na kisiasa, kurekebisha mipango ya elimu kwa hali halisi ya kijamii na kiuchumi na kitamaduni, na kuhusisha sekta binafsi katika kusaidia mipango.
Tarehe 23 Julai 2024, ilani ya amani barani Afrika itachapishwa. Halafu tarehe 31 Julai, kampeni ya amani itazinduliwa. Kanuni ni rahisi lakini ya kiishara: vaa skafu nyeupe au vazi nyingine nyeupe tofauti na sambaza ujumbe mfupi au video kwenye mtandao wa kijamii. Lengo ni kuonyesha mshikamano na kujitolea kwa amani barani Afrika.
Kwa mpango huo, Bw. Laure Olga Gondjout
Ili kujiandikisha kwa wavuti, unaweza kubofya kiungo hiki :
https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_C8HGEO8YQyujNjQxbJIK_Q
The active and decisive role played by women in the peace and sustainable development of African societies certainly needs no further demonstration. What remains to be done, however, is to promote and strengthen this effort, which sometimes tends to be downplayed or invisible. This is the background to the “Appel à la Paix des Femmes d'Afrique” project. Aligned with the Sustainable Development Goals, the African Union's Agenda 2063 and United Nations Resolution 1325, this initiative aims to harness the potential of African women to foster peace and promote sustainable activities across the continent. The event, which will launch a continental initiative to increase women's commitment to peace, security and sustainable development, is also supported by the Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies.
In line with the creation of Pan-African Women's Day at the African Women's Conference held in Dar Es Salaam on 31 July 1962, the aim of the “African Women's Call for Peace” initiative is threefold. Firstly, to strengthen the role of women by highlighting and supporting their societal roles in peace and development processes. Secondly, to promote sustainable activities by encouraging initiatives that contribute to environmental, economic and social sustainability. Lastly, to create a positive ripple effect, mobilizing women to initiate positive change through collaborations and partnerships. By mobilizing women through workshops, awareness campaigns and training, “African Women's Call for Peace” aims to create an inclusive platform where women's voices are heard and valued. This is to: 1) increase the participation of women in community projects and decision-making processes, 2) build women's capacities by creating groups of women trained and equipped to lead peace and sustainable development initiatives, 3) increase community impact for more resilient communities better prepared to face future challenges.
To achieve this, the initiative intends to develop through a number of initiatives. On the one hand, to create a formal structure to deploy activities in a coherent manner, to mobilize a large number of women to support the cause of peace, to ensure the continuity and sustainability of actions undertaken, to extend activities to all 54 countries on the continent, to elaborate development programs adapted to local realities, and to create synergies between women's associations to maximize the impact of initiatives. On the other hand, to establish mentoring and scholarship programs for young women, to set up programs to protect and empower women and children in conflict zones, to develop initiatives to dissuade young women and men tempted by emigration, to promote women's mediation in socio-political crises, to adapt educational programs to local socio-economic and cultural realities, and to involve the private sector in supporting initiatives.
July 31 also marks the start of a campaign in favor of peace. The principle is simple, but symbolic: wear a white scarf or any other distinctive white sign, and share a brief message or video on social networks. The aim is to show solidarity and commitment to peace in Africa. A manifesto of women's actions for peace in Africa will then be published.
For the initiative, Mrs Laure Olga Gondjout.
To register for the webinar, click here :
https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_C8HGEO8YQyujNjQxbJIK_Q
La participation active et déterminante des femmes dans la paix et le développement durable dans les sociétés africaines, n’est certainement plus à démontrer. Il reste, tout au plus, à promouvoir et renforcer cet effort, qui tend parfois à être minimisé ou invisibilisé. C’est dans ce sillage que se place le projet « Appel à la Paix des Femmes d’Afrique ». Alignée sur les Objectifs de Développement Durable, l'Agenda 2063 de l’Union Africaine et la Résolution 1325 des Nations Unies, cette initiative vise à valoriser le potentiel des femmes africaines, pour favoriser la paix et promouvoir des activités durables à travers le Continent. Cet événement qui sera l’occasion de lancer une initiative continentale pour plus d’engagement des femmes pour la paix, la sécurité et le développement durable est aussi soutenue par Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies.
Dans la droite ligne de la création de la Journée panafricaine de la Femme, lors de la Conférence de la Femme Africaine, organisée à Dar Es Salam le 31 juillet 1962, l’objectif de l’initiative « Appel à la Paix des Femmes d’Afrique », se décline suivant trois axes principaux. D’abord, renforcer le rôle des femmes en mettant en avant et en soutenant leurs rôles sociétaux dans les processus de paix et de développement. Ensuite, promouvoir des activités durables en encourageant des initiatives qui contribuent à la durabilité environnementale, économique et sociale. Enfin, créer un effet d’entraînement positif, en mobilisant les femmes pour initier des changements positifs à travers des collaborations et des partenariats. En mobilisant des femmes à travers des ateliers, des campagnes de sensibilisation et des formations, « Appel à la Paix des Femmes d’Afrique », veut créer une plateforme inclusive où les voix des femmes sont entendues et valorisées. Ceci pour : 1) augmenter la participation des femmes engagées dans des projets communautaires et processus décisionnels, 2) renforcer les capacités des femmes en constituant des groupes de femmes formées et équipées pour mener des initiatives de paix et de développement durable, 3) accroître l’impact communautaire pour des communautés plus résilientes et mieux préparées à affronter les défis futurs.
Pour ce faire, l’initiative compte se développer par le biais de plusieurs leviers. Il s’agit d’une part de créer une structure formelle pour déployer les activités de manière cohérente, de mobiliser un grand nombre de femmes pour soutenir la cause de la paix, d’assurer la continuité et la durabilité des actions entreprises, d’étendre les activités sur les 54 pays du continent, d’élaborer des programmes de développement adaptés aux réalités locales, et de créer des synergies entre les associations féminines pour maximiser l’impact des initiatives. D’autre part, il sera question d’établir des programmes de mentorat et de bourses pour les jeunes femmes, de mettre en place des programmes pour protéger et autonomiser les femmes et les enfants dans les zones de conflits, de développer des initiatives pour dissuader les jeunes femmes et les jeunes gens tentés par l’émigration, de promouvoir la médiation des femmes dans les crises socio-politiques, d’adapter les programmes éducatifs aux réalités socio-économiques et culturelles locales, et d’impliquer le secteur privé pour soutenir les initiatives.
Par ailleurs, à la date du 31 juillet, démarrera une campagne en faveur de la paix. Le principe est simple, mais symbolique : porter un foulard blanc ou tout autre signe distinctif de couleur blanche et partager un bref message ou une vidéo sur les réseaux sociaux. Le but, montrer solidarité et engagement en faveur de la paix en Afrique. Puis, par la suite, paraîtra un manifeste des actions des Femmes pour la paix en Afrique.
Pour l’initiative, M. Laure Olga Gondjout.
Pour s'inscrire au webinaire, vous pouvez cliquer sur ce lien :
https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_C8HGEO8YQyujNjQxbJIK_Q