Source : Météo Sahel juin 2024

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Le président de la Mauritanie, malgré la campagne électorale, est très préoccupé par la situation sécuritaire qui prévaut dans la région. Profitant d’un entretien accordé à l’AFP, il a appelé les pays d’Afrique de l’Ouest, à constituer un bloc contre le djihadisme en ces termes : “La région doit dégager une volonté politique commune pour pouvoir lutter contre l'insécurité”. Selon lui, la situation sécuritaire se dégrade de jour en jour, nécessitant ainsi de nouer une alliance pour barrer la route aux terroristes. Convient-il de noter que Ghazouani vient de remporter les élections mauritaniennes avec 56% des voix d’après les résultats provisoires de la CENI. Pour nombre d’observateurs, cette défaite de l’opposition est due à la dispersion des candidatures en leur sein. Ce qui veut dire que les candidats de l’opposition gagneraient à mutualiser leurs forces afin de créditer plus de voix et augmenter leurs chances de gagner. Il est à noter qu’une partie de cette opposition a rejeté ces résultats. 

Lors de la campagne électorale, le président sortant avait axé sa campagne sur la sécurité et l’emploi pour charmer l’électorat jeune et espérer le soutien de la communauté internationale. Pour ce second mandat, il a marqué la campagne sous le saut “Prêt pour votre soutien, en reconnaissance et fidélité” se concentrant ainsi sur la stabilité de la région et la “création d’opportunités pour la jeunesse mauritanienne”.

La Mauritanie se présente comme un pays stable dans cet espace sous-régional instable. Son territoire est le seul des pays de l’ex G5 Sahel à ne pas connaitre de terrorisme majeur ces dernières depuis 2011. Avec la découverte d’importantes quantités de gaz que le pays exploite avec le Sénégal, le pays gagnerait à travailler davantage dans la stabilisation de son espace. A en croire Abdellahi Ewah, professeur à l’université de Nouakchott et souteneur du président sortant, le pays est devenu "très important pour la sécurité énergétique de l'Europe car il va devenir producteur de gaz et est très prometteur en termes d'hydrogène vert, une énergie appelée à remplacer les énergies fossiles". Le défi est de taille et appelle toutes les couches de la société à être conscientes des enjeux du moment.

L’ancien ministre des affaires étrangères mauritanien a prôné pour un “meilleur contrôle des ressources aurifères et une régulation plus transparente du secteur par les États”, incluant toutes les couches de la société pour une approche inclusive et participative. Il a également évoqué la question du lien entre la circulation de l’or et le financement du terrorisme au Sahel.

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In June 2024, Niger faced several attacks. On June 16, a rebel movement called Front Patriotique de Libération (FLP), motivated by the liberation of former president Mohamed Bazoum, attacked the Agadem oil pipeline, causing the death of six Nigerien soldiers. This attack had serious economic consequences, given the capacity of the pipeline to transport oil from Agadem (north-east Niger) to the port of Sèmè-Kpodji in Benin. Another politico-military group, the Front Populaire pour la Justice (FPJ), motivated by the same reasons, made its mark by kidnapping the prefect of Bilma (north-east of Agadez).

In the same vein, the Tillabéri region in the "three borders" zone was not spared. Twenty soldiers were killed in a terrorist attack on the night of June 21-22. Thanks to a military raid, an influential member of the Islamic State named Mohamed Souleymane "Idouwal" and nine terrorists were neutralized, not to mention the arrest of some thirty individuals on June 20 in the same area. 

Lastly, the least deadly attack was in Diffa, where four people were killed, including three civil servants and a soldier. The attack was carried out by terrorists from Nigeria. The Diffa region often faces attacks from Boko Haram. In response, the authorities have banned the circulation of 4x4 vehicles between the towns of Maïné Sorao and Diffa in order to prevent such attacks. 

Meanwhile, former president Mohamed Bazoum is still in the news, as the courts have ordered the lifting of his immunity. The former Nigerien head of state is accused of "treason", "alleged apology for terrorism" and "financing terrorism". Since the latest coup d'état, the deposed President has been held in the presidential residence, fearing that his immunity will be lifted, paving the way for a possible trial.

In addition to political dealings, the RJDH (Réseau des Journalistes pour les Droits de l'Homme - Journalists' Network for Human Rights) is angry about the toughening of the law by General Tiani, head of the military regime. This law represses the dissemination of digital data in Niger, while exposing journalists to prison sentences and higher fines. This raises the question of whether the new version of this law will not jeopardize press freedom and increase self-censorship among journalists. The NGO Reporters Without Borders shares this fear of seeing a decline in press freedom in Niger.

The Nigerien government, ever eager to assert its sovereignty over its mining resources, is withdrawing the mining permit for the Imouraren mine from the French multinational ORANO. This decision comes on top of those taken previously, and confirms Niger's determination to gradually separate itself from its traditional partner, France.

Issues with strong economic repercussions continue to make the news, as can be seen from the blocking of the transport of Nigerien oil to the port of Sémé and the arrest of five Nigerien agents of the Chinese company WAPCO, effectively bogging down the already difficult relations between Niger and Benin. The Nigerien authorities hold President Talon solely responsible, and recall the three agreements on which oil transport is based.

 

Source : Météo Sahel juin 2024

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En juin 2024, le Niger a fait face à plusieurs attaques. Le 16 Juin un mouvement rebelle nommé Front Patriotique de Libération (FLP) motivé par la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum, attaque l’oléoduc d’Agadem causant ainsi la mort de six soldats nigériens. Cette attaque est à l’origine de lourdes conséquences économiques, compte tenu de la capacité dudit oléoduc d’acheminement du pétrole d'Agadem (nord-est nigérien) vers le port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Un autre groupe politico militaire le Front Populaire pour la Justice (FPJ)  motivée par les mêmes raisons, a marqué son empreinte en enlevant le préfet Bilma situé dans le Nord-est d’Agadez).

Dans la même lancée, la région de Tillabéri située dans la zone “des trois frontières” n’a pas été épargnée. En effet, vingt soldats sont tombés suite à une attaque terroriste perpétrée dans la nuit du 21 au 22 Juin. Grâce à un raid militaire un membre influant de l’État Islamique dénommé Mohamed Souleymane “Idouwal” et neuf terroristes ont été neutralisés, sans compter l’interpellation d’une trentaine d’individus en date du 20 Juin dans la même zone.

Enfin, l’attaque la  moins meurtrière reste celle de Diffa où quatre morts ont été dénombrés dont trois fonctionnaires et un militaire. Ladite attaque a été menée par des terroristes venus du Nigéria. La région de Diffa fait souvent face aux attaques de Boko Haram. En réaction, les autorités ont interdit la circulation des véhicules 4x4 entre les villes de Maïné Sorao et Diffa afin de prévenir ces attaques.

En parallèle, l’ancien président Mohamed Bazoum est encore à l'actualité puisque la justice a ordonné la levée de son immunité. L’ancien chef de l’Etat nigérien est accusé de « crime de trahison », « faits présumés d’apologie du terrorisme » et de « financement du terrorisme ». Depuis le dernier coup d’Etat en date, le Président déchu est retenu dans la résidence présidentielle et craint la levée de son immunité ouvrant ainsi la voie à un possible procès.

Outre les tractations politiques, on relève la colère du RJDH, le Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme, au sujet du  durcissement de la loi par le Général Tiani, chef du régime militaire. Cette loi réprime la diffusion de données numériques au Niger tout en exposant désormais les journalistes à des peines de prison ainsi que des amendes plus élevées. Se pose ainsi la question de savoir si la nouvelle mouture de cette loi ne mettrait pas en péril la liberté de la presse et l’augmentation de l’autocensure chez les journalistes. L’ONG Reporters sans frontières partage cette peur de voir un recul de la liberté de la presse nigérienne.

Toujours soucieux d’affirmer sa souveraineté sur ses ressources minières , le gouvernement nigérien retire le permis d’exploitation de la mine d’Imouraren à la multinationale française ORANO. Cette décision vient s’ajouter à celles prises antérieurement et confirme la volonté du Niger de séparer progressivement de con partenaire traditionnel qu’est la France.

Les questions à fortes retombées économiques ne finissent pas de faire l’actualité, comme on peut le voir avec le blocage du transport de pétrole nigérien vers le port de Sémé ainsi que l'interpellation de cinq agents nigériens de l’entreprise chinoise WAPCO, enlisant de fait les relations déjà difficile entre le Niger et le Bénin. Les autorités nigériennes prennent le Président Talon comme seul responsable et rappellent les trois Accords sur lesquels reposent le transport du pétrole.

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The news in Nigeria during the month of June 2024 was marked by the many economic challenges facing the federal state, which in particular prompted several trade union organizations to observe a general strike. First of all, the country's two largest unions, after announcing a walkout due to a disagreement with the authorities over the minimum wage of sixty thousand naira that they were proposing and should be revised upwards, announced an indefinite strike from Monday June 03. The Nigerian Minister of National Information described the strike as not the solution to the current negotiations, given that the interests of the masses should take precedence over everything else.

The strike, which began on June 03, has had a major impact on key sectors in Nigeria, such as the supply of electricity to ports, universities, hospitals and inland air transport, which are all at a standstill. This testifies to the great mobilization of the strikers, who should push the State to take urgent measures, at the risk of seeing its economy collapse. In fact, during the celebration of Democracy Day, Nigerian President Bola Tinubu spoke of the decades-long need to reform Nigeria's economy, which he considers too dependent on oil revenues. "Our economy has been in desperate need of reform for decades. It is unbalanced because it was built on the flawed foundation of over-reliance on oil revenues," argues Tinubu. Added to this is inflation, with prices for transport, rent and healthcare rising exponentially over the months. Prices of certain foodstuffs, such as fish and cereals, have risen by over 40%.

Further north, the challenge is security. In a village in northern Nigeria, 26 people, including four policemen, were killed by armed men belonging to criminal gangs. At the same time, a dozen other people were kidnapped during an assault on a village in the north-west. This is indicative of the insecurity in Nigeria, which has intensified in Katsina and Zamfara states, and which President Tinubu promised to resolve a year ago when he was elected.

In addition, the thorny issue of reintegrating Boko Haram survivors remains unresolved. The latter, having escaped years of aggression and abuse of all kinds, are said to be the target of violence by the Nigerian authorities, who should assist them at the risk of seeing them rejoin the Boko Haram movement.

Finally, Nigeria, which has over 300 ethnic groups, still faces the major challenge of resolving inter-community conflicts, mainly between farmers and herders, as is the case in other countries in the sub-region. In Nigeria alone, clashes between herders and farmers have claimed 7,000 lives, according to a report published this year by the NGO Mercy Corps.



 Source : Météo Sahel juin 2024

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L’actualité au Nigéria a été marquée durant le mois de juin 2024 par les nombreux défis d’ordre économique auxquels l’Etat fédéral est confronté, notamment qui ont poussé plusieurs organisations syndicales à observer une grève générale. D’abord, les deux syndicats les plus importants du pays, après avoir annoncé un débrayage à cause d’une mésentente avec les autorités sur le salaire minimum de soixante mille nairas qu’elles proposent et devrait être revu à hausse, ils ont annoncé une grève illimitée à partir du lundi 03 juin. Le ministre nigérian de l’information nationale qualifie cette grève qui ne semble pas être la solution aux négociations en cours, étant donné que l’intérêt de la masse devrait primer sur tout le reste.

 En effet, cette grève observée depuis le 03 juin, a largement impacté les secteurs clés au Nigéria, comme la fourniture d’électricité dans les ports, les universités, les hôpitaux et les transports aériens à l’intérieur qui sont au ralenti. Cela témoigne de la grande mobilisation des grévistes qui devraient pousser l’État à prendre des mesures urgentes au risque de voir son économie s’effondrer. D’ailleurs, lors de la célébration de la journée de la démocratie, le président nigérian Bola Tinubu a évoqué la nécessité depuis plusieurs décennies de réformer l’économie du Nigéria qu’il juge trop dépendante des revenus de l’exploitation pétrolière. « Notre économie a désespérément besoin de réformes depuis des décennies. Elle est déséquilibrée car elle a été construite sur la base défectueuse de la dépendance excessive aux revenus de l'exploitation du pétrole », argue Tinubu. Vient s’ajouter l’inflation avec une hausse exponentielle, au cours des mois, des prix des transports, des loyers, de même que les frais de santé. Alors que les prix de certaines denrées alimentaires comme le poisson et les céréales ont subi une hausse  de plus de 40%.

Plus haut, vers le Nord, le défi est d’ordre sécuritaire. Dans un village au Nord du Nigéria, 26 personnes dont quatre policiers, ont été tuées par des hommes armés faisant partie de gangs criminels. Parallèlement, une dizaine d’autres personnes ont été kidnappées lors d’un assaut dans un village du nord-ouest. Ceci est révélateur de l’insécurité qui sévit au Nigéria, et qui s’est intensifiée dans les États de Katsina et de Zamfara, et dont le président Tinubu a promis de trouver une solution il y a un an, lors de son élection.

De plus, l’épineuse question de la réintégration des rescapés de Boko Haram demeure en suspens. Ces derniers, après avoir échappé à des années d’agressions et d’abus de toutes sortes, seraient la cible de violences de la part des autorités nigérianes qui devraient les assister au risque de les voir rejoindre à nouveau le mouvement Boko Haram.

Enfin le Nigéria qui compte plus de 300 groupes ethniques reste confronté au défi majeur de la résolution des conflits intercommunautaires, principalement entre agriculteurs et éleveurs, comme c’est le cas dans d’autres pays de la sous-région. Seulement au Nigéria, des affrontements entre éleveurs et agriculteurs ont fait 7.000 morts selon un rapport publié cette année par l’ONG Mercy Corps.

Babacar Ndiaye, chercheur au Timbuktu Institute, était l'invité de l'émission "Objection" du dimanche 14 juillet, de la radio SUD FM.

Une heure d’échanges instructifs avec le directeur général Baye Oumar Gueye sur les 100 premiers jours du président Bassirou Diomaye Faye, la diplomatie sénégalaise, les dynamiques sécuritaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest, l’avenir de la CEDEAO et de l’AES, la place du Sénégal et de l’Afrique dans le nouveau jeu international, etc.