Source : Météo Sahel Septembre 2024

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L’Agenda 2050 vient d’être présenté en grandes pompes par le Premier Ministre Ousmane Sonko en présence du Président Bassirou Diomaye Faye ce 14 octobre 2024 après un mois de septembre fortement marqué par une forte actualité politique et socioéconomique. En effet, le Sénégal fait toujours face à une exacerbation du phénomène de l’immigration irrégulière. Ces dernières semaines, l’actualité est fortement marquée par le naufrage de pirogues transportant des centaines de sénégalais en partance pour l’Europe. En effet, après avoir été informée du chavirement d’une pirogue impliquée dans l’immigration clandestine à Mbour, l’Offshore Patrol Vessel (OPV) Niani de la marine nationale du Sénégal a lancé une recherche, une opération conjointement menée aux larges de Mbour par trois unités navales et un avion de patrouille maritime espagnol. Ces événements se sont déroulés le dimanche 8 septembre. Au total, 26 corps ont été retrouvés dont celui d’une lycéenne de 18 ans. Malgré la vingtaine de survivants secourue, le nombre exact de migrants à bord demeure jusqu’ici inconnu.

L’émigration clandestine mitige les efforts de communication gouvernemlentale

Après les corps repêchés sur la petite côte, une trentaine dans un état de dépravation très avancée a été retrouvée dans une pirogue à 70 km aux larges de Dakar. Le Sénégal fait également face aux inondations en cette période d’hivernage avec d’importants dégâts comme constaté à Touba où les pluies torrentielles du mois de septembre ont créé des dommages matériels incommensurables et la mort de deux personnes. Les fortes pluies ont atteint les 140 mm ; ce qui a entraîné l’évacuation d’une centaine d’habitations inondées, en l’espace de quelques heures, aux alentours de la grande mosquée. Pour venir en aide aux populations de Touba, les dahiras mourides de Dakar ont lancé un appel à l’aide; appel auquel le maire de Dakar Barthélémy Dias a répondu en mobilisant des motos-pompes de grande puissance ainsi qu’une équipe technique qualifiée afin de libérer les populations des eaux stagnantes qui réduisent leurs déplacements.

Dans un autre registre, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé, lors de son discours à la nation du 12 septembre 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est une prérogative que lui confère l’article 87 de la Constitution de pouvoir dissoudre l’Assemblée nationale. Ledit article dispose : “Le Président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du Premier Ministre et celui du Président de l’Assemblée nationale, prononcer, par décret, la dissolution de l’Assemblée nationale. Toutefois, la dissolution ne peut intervenir durant les deux premières années de législature. Le décret de dissolution fixe la date du scrutin pour l’élection des députés. Le scrutin a lieu soixante (60) jours au moins et quatre-vingt dix (90) jours au plus après la date de publication dudit décret… “. Conformément auxdites dispositions, le Président sénégalais a fixé la date des élections législatives prévues le dimanche 17 novembre 2024. Sans surprise, l'opposition qui selon Jean-Baptiste Tine, « n’est pas prête pour affronter les urnes », a très vite réagi d’abord en rechignant la réunion organisée entre le Ministre de l’intérieur et de la sécurité publique et les acteurs politiques dont l’Alliance pour la transparence des Élections Législatives (ATEL), puis en s’organisant en coalition.  

En directions d’élections législatives décisives…. Les déballages de pré-campagne

Ce faisant, l’opposition a annoncé la création de la coalition politique “Samm Sa Kaddu Sauver le Sénégal” avec comme membres des mouvements et des partis comme le Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR), Alliance Républicaine pour la Citoyenneté (l’ARC, Taxawu Sénégal, les Serviteurs, le Parti Républicain pour le Progrès (PRP), Agir et Gueum sa Bopp. Le but de cette coalition serait de porter au niveau de la prochaine législature, les principales préoccupations des Sénégalais face aux nombreuses promesses non tenues par le régime de Bassirou Diomaye Faye qui rend de plus en plus difficile le quotidien face à la hausse des prix des denrées de première nécessité et la hausse du chômage. De plus, Idrissa Seck serait en train de négocier une future coalition avec le PDS et l’APR malgré le départ de plusieurs cadres de son parti. 

Parallèlement, le nouveau régime poursuit ses critiques de la gouvernance de Macky Sall surtout concernant l’instrumentalisation de la justice. Déjà, le 04 septembre, le Premier ministre Ousmane Sonko, dans le cadre de « la reddition des comptes » disait : « S’il faut les tirer par les orteils, nous le ferons pour qu’ils reviennent. Dans les jours à venir, c’est par dizaines qu’ils vont rendre compte. » C’est d’ailleurs dans ce sillage que plusieurs ministres de l’ancien régime comme par exemple l’ancien ministre de l’urbanisme M. Abdoulaye Saydou Sow, ont été interdits de sortie du territoire national. De la même manière, Cheikhouna Keïta, l’ancien patron de la Direction de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants a été arrêté à la demande du parquet pour diffusion de fausses nouvelles. 

« Le régime du Président Macky Sall a menti au peuple et aux partenaires en falsifiant les chiffres pour donner une image économique qui n’a rien à voir avec la réalité », a révélé Ousmane Sonko lors de son face à face avec la presse sénégalaise organisé le 26 septembre. L’occasion pour le Premier ministre de faire le bilan de la gestion du pays par Macky Sall et son ancien gouvernement ainsi que ce qu’il appelle le « carnage financier » qu’ils ont laissé au régime de Bassirou Diomaye Faye qui a du fil à retordre. Plus précisément l’objet de la rencontre était de dresser un bilan de la situation actuelle des finances publiques mais aussi de procéder à la reddition des comptes par rapport à la gestion du pays avant l’élection du Président Diomaye Faye. D’où l’urgence de revoir les contrats qui avaient été signés avec les partenaires du Sénégal pour une renégociation au besoin. C’est en tous cas ce que suggère le Président de la République pour être en cohérence avec la promesse de campagne électorale.

Entretien réalisé par Ambre Delcroix

Le 19e Sommet de la Francophonie, prévu en France les 4 et 5 octobre 2024, se tient dans un contexte de tensions croissantes entre Paris et les régimes de certains pays francophones d’Afrique de l’Ouest, singulièrement du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ces tensions sont marquées surtout par des critiques parfois virulentes de la politique française en Afrique. Ce rejet de la politique française sur le continent a été théorisé depuis quelques années par certains comme étant « le sentiment anti-français ». La langue française échappe-t-elle à ce champ ? Est-elle aussi rejetée ou en recul d’utilisation dans les pays d’Afrique de l’Ouest où « le sentiment anti-français » est le plus prégnant ?

À la croisée des chemins entre héritage colonial, outil de modernité, influence politique et diversification linguistique, quel sera l’avenir du français en Afrique francophone ? Docteur Bakary Sambe, Directeur régional de l’institut de recherche Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, également enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis (Sénégal), nous apporte des éléments de réponse éclairés. Grand entretien.

Tama Média : On observe ces dernières années, dans certaines régions d’Afrique francophone, un rejet de la politique étrangère française. Ce qui est considéré par certains et dans les médias comme un « sentiment anti-français » dans les pays africains en crise avec la France. Que traduit réellement ce sentiment qualifié d’anti-français ?

Dr. Bakary Sambe : Le terme « sentiment anti-français » me semble un raccourci, un fourre-tout qui ressemblerait à un exutoire permettant d’échapper à un nécessaire exorcisme collectif constamment refoulé. L’attitude de certains jeunes africains vis-à-vis de la France ou plus précisément de sa politique traduit, à mon sens, une forme de défoulement d’une génération héritière d’un partenariat ou d’un couple traversant, ce que j’appelle souvent une « crise de la soixantaine » (soixante ans après les indépendances).

Cette génération n’est pas dans la haine ou un simple ressentiment. Elle est, en fait, dans une forte demande de renouvellement du paradigme même de la coopération entre la France et les pays africains, un désir de rupture d’avec les pratiques anciennes devenues inacceptables. Une jeunesse hyper-connectée et consciente de sa capacité d’agir sur les perceptions qui structurent la nouvelle mondialisation au moment où la France n’avait pas encore pris toute la mesure des bouleversements et des évolutions imposant un changement de paradigme.

L’utilisation du français a-t-elle souffert de cette conjoncture ou cela concerne davantage les relations diplomatiques et économiques ?

L’utilisation du français n’a pas du tout souffert de cette conjoncture car cette langue n’appartient pas à la France ; elle est la propriété malléable de ses locuteurs qui se trouvent majoritairement en Afrique, qui est le cœur battant de la Francophonie.

D’ailleurs, et cela pourrait paraître paradoxal, cette jeunesse adresse ses critiques les plus virulentes à la France en langue française dans toutes ses subtilités, parfois dans une satire enrobée d’une frustration rassurante pour la relation si critiquée. Parce que justement, la frustration est encore preuve d’attachement ; l’indifférence serait plus inquiétante car synonyme d’une totale rupture.

Les nouvelles générations, artistes, écrivains ou intellectuels francophones d’Afrique de l’Ouest, comment perçoivent-elles la langue française ? Associent-elles cette langue à un héritage colonial ou à un outil de mobilité et d’opportunités ?

La langue française est d’abord un médium permettant aux intellectuels de se parler et de parler au monde et à la création artistique de voyager à l’intérieur même du continent. Les cinématographies sénégalaise, burkinabè, ivoirienne et congolaise ont pu inonder le continent en empruntant ce médium et parfois même en se l’appropriant et y mettant les marques culturelles endogènes. Un Français a parfois besoin d’être initié à ce français créateur de néologismes et d’expressions pour percer les subtilités d’une langue que les artistes et écrivains du continent se sont approprié pour lui donner vie, substance et une nouvelle respiration. C’est pourquoi, je minimise l’effet de la charge symbolique comme relique coloniale.

En fait, dans un contexte de mondialisation, de pré-pensées McDonnalisées (c’est-à-dire “mondialisées et standardisées”, NDLR), les Africains ne subissent plus passivement une langue française essoufflée par ses archaïsmes et autres rigueurs, ils lui donnent un nouveau souffle tout en lui imposant leurs marques culturelles qui la fécondent. Par leur créativité, ils lui font porter leurs revendications, leurs acerbes critiques vis-à-vis de la France et même leurs espoirs parfois déçus d’une coopération plus conforme à l’esprit d’une francophonie plus solidaire en termes de mobilité.

En même temps, ils en usent comme un moyen facilitant la mobilité à l’intérieur du continent de la même manière que certains ressortissants de pays anglophones apprennent le français pour mieux circuler et s’épanouir professionnellement et s’offrir plus d’opportunités dans l’espace Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, NDLR). Les cadres subsahariens au Maroc y évoluent plus facilement avec plus d’opportunités de carrières grâce à leur maîtrise du français, le temps que ce pays ne parachève son glissement progressif vers l’anglais.

Quel rôle les institutions francophones (comme l’Organisation internationale de la Francophonie OIF) peuvent-elles jouer pour promouvoir la langue française tout en respectant les dynamiques locales, notamment dans des contextes de rejet de l’influence française ?

Il y a un préalable imprescriptible qui est de revenir à un nouvel humanisme francophone sincère, fondé sur l’égalité et le respect mutuel et de la diversité, nous ramenant à l’idée de civilisation de l’universel dont parlait Senghor. Ce ne sera pas par les beaux discours mais en redonnant de la substance au fait d’être francophones et partageant un destin.

Naturellement, la maîtrise de l’anglais, par le jeu d’une mondialisation signifiant l’uniformisation négatrice des diversités, est devenue une nécessité professionnelle et pour s’ouvrir aux autres modes de pensées et philosophies. Si à Sciences Po et HEC (Paris, deux établissements de l’enseignement supérieur français de renommée internationale, NDLR), les filières les plus prometteuses sont en anglais, comment vouloir enfermer les Africains dans l’illusion d’une suffisance linguistique ?

« Si la francophonie renoue avec ses valeurs fondatrices elle retrouvera sa place »

L’autre rôle des institutions francophones est de réinventer un cadre qui vise à promouvoir l’égalité et la diversité enrichissante au lieu de la domination réductrice. Bien qu’on s’achemine vers le bilinguisme , voire le plurilinguisme en plus de la renaissance des langues africaines dans le cadre d’un fort enracinement – pour parler comme (Léopold Sédar) Senghor – qui n’est pas incompatible avec l’ouverture au monde, si la francophonie renoue avec ses valeurs fondatrices elle retrouvera sa place. Ce qui se passe sur le continent, en termes de diversification linguistique, ne relève pas d’un rejet de la francophonie, mais d’un certain utilitarisme bien que le français reste une langue qui véhicule et agite des idées.

« Le terme “sentiment anti-français” (vous) semble un raccourci, un fourre-tout qui ressemblerait à un exutoire permettant d’échapper à un nécessaire exorcisme collectif constamment refoulé. » C’est ce que vous avez tantôt expliqué. À long terme, ce sentiment qualifié d’anti-français pourrait-il favoriser davantage une réorientation vers d’autres alliances linguistiques et culturelles, comme le Commonwealth anglophone ou l’Union Africaine (UA) ?

Ce que certains appellent de manière réductrice le « sentiment anti-français » n’est pas sorti du néant, c’est la résultante d’une accumulation de facteurs. Mais, comment donner une envie de plus de francophonie dans le sens d’une communauté linguistique, de cultures et de valeurs partagées à toute une jeunesse pour qui la Francophonie c’est : « parlez français mais surtout restez chez vous » ? En plus, dans les institutions et programmes francophones, on devrait prêter plus attention à la perception d’un poids politique dominant de ce que j’appelle la « Francophonie du Nord ».

Son poids et son influence sont assez disproportionnés par rapport à leur poids démographique et numérique au sein de l’Organisation. À lui seul, le plus grand pays francophone est la République démocratique du Congo, en superficie (2.345.409 km²) faisant 4 fois la France et 80 fois la Belgique, avec une population qui avoisine les 100 millions (105.625.114 habitants en 2024 selon les données démographiques), largement plus du double de celle du Canada (estimée cette année à 39.107.046, NDLR).

« Les symboles sont aussi importants pour sortir des malentendus historiques »

Ce qui séduit et attire certains pays francophones comme le Gabon ou le Togo (juin 2022) vers le Commonwealth dont ils ne parlent pas la langue, par exemple, c’est le fait d’avoir créé des espaces de coprospérité dans le cadre d’une communauté avec une certaine substance. L’Angleterre n’a-t-elle pas appuyé le processus qui a fait de l’Inde une puissance et donc un partenaire économique et non un simple morceau d’un pré-carré ? Les symboles sont aussi importants pour sortir des malentendus historiques. L’Inde assume plus facilement face à ses jeunes son attachement au Commonwealth, en leur montrant fièrement la statue de Mahatma Gandhi à côté de celle de Winston Churchill (ancien Premier ministre du Royaume-Uni) sur la prestigieuse Parliament Square de Londres.

Il y a certes, l’Université Senghor d’Alexandrie (en Égypte) et des projets comme celui de la Maison des mondes africains à Paris pourraient être un bon stimulant pour plus de symbolisme et surtout de signaux vers une francophonie plus conforme à son esprit de départ. Mais il faut encore des efforts dans ce sens.

Justement. Quel avenir envisagez-vous pour la Francophonie en Afrique de l’Ouest, dans un contexte où la langue française se trouve à la croisée des chemins entre héritage colonial et outil de modernité ?

La Francophonie a autant besoin de se réinventer que de se ressourcer par un retour à ses valeurs de départ. Si, au Niger, dans le pays de Diori Hamani (1916-1989), un des pères fondateurs de la Francophonie, on incendie un Institut français (à Zinder, en janvier 2015), c’est que le fil du dialogue civilisationnel semble rompu. En plus, on devrait prêter la plus grande attention au phénomène de la contestation du statut de la langue française dans l’enseignement et l’usage officiel dans certains pays. C’est une situation complexe dans laquelle se mêlent frustrations accumulées et revendications identitaires.

Beaucoup de nouvelles réalités émergent. À la Francophonie, la réflexion devra prendre en charge des questions comme les revendications des jeunes éduqués en langue arabe au Sénégal, au Mali, au Bénin et d’autres pays, et qui perçoivent que la non maîtrise du français est le frein de leur ascension sociale et de leur insertion professionnelle. Il faut voir cela plus comme un désir voire un besoin de Francophonie qu’un rejet d’une langue dont l’apprentissage leur serait utile.

« Les choses sont beaucoup plus complexes que la dialectique autour de l’héritage colonial et de la modernité. »

De même la dualité des systèmes éducatifs dans de nombreux pays francophones (entre un enseignement en arabe et français) est un sujet important. Les choses sont beaucoup plus complexes que la dialectique autour de l’héritage colonial et de la modernité.

Il sera, par exemple, surprenant de rappeler que le français, au-delà même de l’Afrique et en dépit d’un certain laïcisme, est aujourd’hui une des langues de l’islam par laquelle plus de 285 millions de musulmans (Rachid Id Yassine Décembre 2015 in ResearchGate) accèdent à une bonne partie du savoir religieux y compris en Europe et au Canada. D’ailleurs, un célèbre prédicateur suisse (d’origine égyptienne Tariq Ramadan, NDLR), jadis très influent en Europe, avait bien compris l’enjeu d’une telle réalité linguistique et sociologique en initiant, dans les années 2010, le Colloque international des musulmans de l’espace francophone (Cimef) appuyé par une institution basée au Qatar.

Sans aucune fuite en avant, c’est à l’ensemble de ces nouvelles réalités que la Francophonie devrait faire face tout en assumant son destin de creuset.


Note de la Rédaction de Tama Média : la population francophone mondiale est estimée à 327 millions à la date du 15 mars 2023, dont 52.532 francophones (51,37%) en République démocratique du Congo (RDC), 13.481 (35,63%) au Maroc, 5.684 (24,45%) au Burkina Faso, 4.669 (26,29%) au Sénégal, 4.619 (33,68%) au Bénin, 4.016 (17,24%) au Mali, 3.707 (40,94%) au Togo, 3.507 (12,89%) au Niger et 1.588 francophones (65,17%) au Gabon, pour ne citer que les pays africains mentionnés dans cet entretien. Source : ce sont les données les plus récentes de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF) de l’Université Laval et de l’Observatoire de la langue française de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), compulsées via Francoscope (une plateforme Web dynamique qui, selon sa description, diffuse des mises à jour périodiques d’effectifs mondiaux de francophones grâce aux travaux de ces deux  observatoires spécialisés). Pour obtenir des renseignements détaillés sur les méthodes de calcul, vous pouvez consulter ce document (Richard MARCOUX, Laurent RICHARD et Alexandre WOLFF (2022). Estimation des populations francophones dans le monde en 2022. Sources et démarches méthodologiques. Québec, Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone, Université Laval, Note de recherche de l’ODSEF, 177 p.).

Source : Sahel weather July & august 2024 

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After many years of legal wrangling, the families of the forty or so migrants massacred on Gambian soil in 2005 have regained hope with the decision by ECOWAS to require the Ghanaian authorities to disclose all information relating to the massacre of these migrants, who were on their way to Europe and landed in Gambia before being arrested and then executed by the security forces of former President Yahya Jammeh. An investigation was launched at the time, but the findings have remained secret to this day. It is therefore with great hope that the families of the victims have welcomed the decision. 

At the same time, authorities at the highest levels of the state are not immune from justice. The case of the arrest of a former general, alleged member of the death squad nicknamed "Jungler", a paramilitary unit responsible for carrying out illegal assassinations to intimidate the population and repress the opposition under Yahya Jammeh, is a clear example. This ex-general of the Bora Colley brigade had fled after the fall of President Jammeh in 2017. A communiqué from the Gambian army informs us that the accused turned himself in to the military police. He has since been arrested and appears to be cooperating with the military police in investigations concerning him.

Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024

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Après de nombreuses années de tiraillements judiciaires, les familles de la quarantaine de migrants massacrés en 2005 sur le sol gambien, reprennent espoir  avec  la décision de la CEDEAO qui somme les autorités ghanéennes de divulguer toutes les informations relatives à ce massacre de ces migrants qui étaient en route pour l’Europe et qui ont accosté en Gambie avant d'être arrêtés puis exécutés par les force de sécurité de l’ancien Président Yahya Jammeh. A l'époque une enquête avait été ouverte ; mais les conclusions sont restées secrètes jusqu'à aujourd’hui. C'est donc avec beaucoup d’espoir que les familles des victimes ont accueilli la décision.  

Dans le même temps, des autorités, au plus haut sommet de l’État, n’échappent pas à la justice. Le cas de l’arrestation d’un ancien général, membre présumé de l'escadron de la mort surnommée « Jungler », une unité paramilitaire chargée d’exécuter des assassinats illégaux pour intimider la population et réprimer l’opposition sous Yahya Jammeh est un exemple patent. Cet ex-général de la brigade Bora Colley avait pris la fuite après la chute du Président Jammeh en 2017. Un communiqué de l'armée gambienne nous informe que le prévenu s'est rendu lui-même à la police militaire. Il a depuis été arrêté et semble coopérer avec la police militaire dans les enquêtes le concernant.

Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024

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Au Cameroun, le groupe terroriste Boko Haram perd du terrain ces dernières semaines avec la reddition de près de 300 combattants qui ont déposé les armes et se sont rendus à la Force multinationale mixte (FMM). Malgré cette dynamique positive, les affrontements n’ont pas cessé pour autant comme dans la localité de Dzamadzaf proche de la frontière avec le Nigeria ou l’on dénombre 2 morts à la suite de l’attaque meurtrière perpétrée par des éléments du groupe armé Boko Haram qui ont ensuite pris la fuite au Nigeria voisin après leur exaction. 

Pendant ce temps, un conflit intercommunautaire dans l'extrême nord du pays opposant les habitants de Doré Cissou, appartenant majoritairement à l'ethnie Massa et les habitants de Dama composés principalement par l'ethnie Mousgoum, a causé la mort de deux personnes et d’une quinzaine de blessés dans un affrontement d’une extrême violence.

Au-delà de la question terroriste et des velléités intercommunautaires, on note de grandes difficultés pour l’opposition après l'approbation des législateurs pour repousser les élections législatives et locales jusqu’en 2026. En effet, cette décision aura un impact significatif sur l'élection présidentielle de 2025, car le code électoral du pays dispose qu'un candidat à la présidentielle doit être désigné par un parti politique représenté à l'Assemblée nationale, au Sénat, au Conseil régional ou municipal, ou obtenir la recommandation d'au moins 300 personnalités.  Maurice Kamto, principal challenger de Biya en 2018, ne semble pas satisfait de ces conditions, vu que son parti avait boycotté les dernières élections municipales et législatives faute de réformes électorales. Avec cette adversaire de taille en moins, il semblerait que la voie est toute tracée pour le Président nonagénaire.

De plus, un arrêté préfectoral signé par le Préfet du Département du Mfoundi, suscite une vive controverse et soulève des inquiétudes majeures concernant les droits et libertés des citoyens Camerounais. Ce document, portant interdiction de séjour temporaire dans le Département du Mfoundi pour toute personne appelant au soulèvement contre les institutions de la République ou outrageant dangereusement celles-ci, a été perçu par l’opposition camerounaise comme une dérive autoritaire inquiétante. Cette perception serait-elle partagée par le Chef des droits de l’homme de l’ONU en visite au Cameroun  qui a particulièrement mis l’accent sur la lutte contre l'impunité dans ce pays et affirme qu’elle est « absolument essentielle » pour renforcer la confiance entre les citoyens et l’Etat.

 

Source : Sahel weather July & august 2024 

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In Cameroon, the Boko Haram terrorist group has been losing ground in recent weeks, with the surrender of almost 300 fighters who have laid down their arms and surrendered to the Mixed Multinational Force (MMF). Despite this positive momentum, clashes have not ceased, as in the locality of Dzamadzaf, close to the border with Nigeria, where 2 people were killed following a deadly attack by elements of the Boko Haram armed group, who then fled to neighboring Nigeria after their exaction.

Meanwhile, an inter-community conflict in the far north of the country between the inhabitants of Doré Cissou, mainly of the Massa ethnic group, and the inhabitants of Dama, mainly of the Mousgoum ethnic group, resulted in the death of two people and the wounding of some fifteen others in an extremely violent confrontation. 

Beyond the terrorist issue and inter-community tensions, the opposition is facing major difficulties after legislators approved the postponement of legislative and local elections until 2026. Indeed, this decision will have a significant impact on the 2025 presidential election, as the country's electoral code stipulates that a presidential candidate must be nominated by a political party represented in the National Assembly, Senate, Regional or Municipal Council, or obtain the recommendation of at least 300 personalities.  Maurice Kamto, Biya's main challenger in 2018, does not seem to be satisfied with these conditions, given that his party boycotted the last municipal and legislative elections for lack of electoral reforms. With this major adversary out of the way, it would seem that the way is clear for the nonagenarian President.

In addition, a prefectoral decree signed by the Prefect of the Mfoundi Department has sparked considerable controversy and raised major concerns about the rights and freedoms of Cameroonian citizens. The document, which prohibits temporary residence in the Mfoundi department for anyone calling for an uprising against the institutions of the Republic or dangerously insulting them, has been perceived by the Cameroonian opposition as a worrying authoritarian drift. This perception is shared by the UN's Chief Human Rights Officer, who is visiting Cameroon and has placed particular emphasis on the fight against impunity in this country, stating that it is "absolutely essential" to strengthen trust between citizens and the State.