Les populations sahéliennes ne respectent pas souvent les mesures de protection contre le virus. Ce qui rend les campagnes de communication contre la COVID-19, pour la plupart, poussives. Ce non-respect se ressent plus dans les zones urbaines pour certains pays. Telle est la conclusion d’une étude du Timbuktu Institute et de Sayara International menée en décembre 2020 dans le but de mesurer scientifiquement et statistiquement l’ampleur de la désinformation et la circulation des fausses informations sur la COVID-19 dans huit pays du Sahel. 

Cette étude de perception menée dans huit pays du Sahel à savoir le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Soudan et le Tchad, - 80 enquêteurs ont mené plus de 4000 sondages et plus de 30 entretiens qualitatifs - révèle que les Sahéliens sont majoritairement conscients de la dangerosité de la COVID-19. Cette majorité pense qu’il est grandement important de prendre des mesures contre la propagation de la pandémie. Parmi les pays étudiés, c’est au Mali et au Niger que l’on a le plus pris conscience du degré de gravité de la maladie. En effet, plus de 80% des Maliens en ont pris conscience. Et c’est au Cameroun que cette prise de conscience est la plus faible : seuls 58% des Camerounais pensent que la COVID-19 est un danger pour leur communauté. Pourtant, le Cameroun est l’un des pays qui a le plus de cas de contamination au Sahel. 

C’est dans les zones rurales que les populations sont le moins informées sur le sérieux de la pandémie. En effet, 60% des populations vivant dans les zones rurales sont conscientes des risques de la maladie, alors qu'elles sont 70% en milieu urbain. Les différences de niveaux d’instruction des populations entre zones urbaines et zones rurales, ainsi que l’accès à la « bonne » information pourraient, en partie, expliquer cet écart. 

Le respect des mesures barrières, un défi

Par ailleurs, nombre de Sahéliens ne respectent pas les mesures barrières pour faire barrière à la propagation de la COVID-19. Environ 27% des Sahéliens se disent rarement capables de rester à au moins un mètre de distance d’une personne qui ne fait pas partie de leur foyer. Les Tchadiens sont les plus respectueux de la distanciation physique. Seulement 6% des Tchadiens ne sont jamais capables de respecter la distanciation sociale. C’est en Mauritanie que cette mesure est la moins respectée : 48% des Mauritaniens sont rarement capables d’observer cette mesure. Au Sénégal, les populations des zones rurales respectent davantage la distanciation sociale que les populations des zones urbaines. Cela est dû au fait que les zones urbaines sont plus peuplées, et notamment à l’usage massif des transports en communs. 

A l’inverse,  au Burkina Faso, ce sont dans les zones urbaines que l’on respecte le plus les mesures de prévention. De fait, les Burkinabè qui résident dans les zones urbaines sont mieux informés des dangers de la COVID-19 et la manière de s’en protéger. Les Sahéliens sont certes majoritairement conscients du sérieux de la pandémie de COVID-19. Toutefois, parmi eux, certains continuent de faire fi de certaines mesures de protection contre la maladie.

Suzanne Batista

Le Timbuktu Institute, le CESTI et Sayara International ont mis en place une veille de l'opinion publique digitale concernant la pandémie de la COVID-19. Grâce à notre plateforme de veille, nous analysons des milliers de publications qui émanent des réseaux sociaux, des sites d'information et des blogs, et qui, chaque jour, sont diffusées dans 8 pays du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Soudan).

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Au Sahel, la bataille de la prévention contre la COVID-19 est encore loin d’être gagnée. Selon une enquête de Timbuktu Institute et Sayara International, les Sahéliens sont une minorité à respecter scrupuleusement les mesures barrières, même si la majorité s’accorde sur l’efficacité de ces mesures pour enrayer la propagation du virus. L’objectif de cette enquête, est d’analyser les perceptions des populations du Sahel à propos des informations sur la COVID-19.

Cette enquête est réalisée en décembre 2020 dans huit pays: Burkina-Faso, Cameroun, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Soudan et Tchad. Avec un échantillon hautement représentatif de plus de 4000 répondants sur les données quantitatives (KAP) et plus de 30 entretiens qualitatifs (KIIs), elle est menée par 80 enquêteurs et 7 superviseurs locaux. L’échantillonnage probabiliste et aléatoire permet à chaque individu de la population cible d’avoir la chance d’être interrogé. Quatre strates homogènes (l’âge, le sexe, le niveau d’éducation et le milieu de résidence [rural/urbain]) ont permis de mieux atteindre la cible. Évaluer leurs pratiques par rapport à la COVID-19 est l’un des buts visés.

 Près de 53 % des Sahéliens suivent les mesures barrières

Il y a un grand fossé entre la perception des mesures préventives et la mise en pratique de ces dernières afin d’enrayer la chaîne de contamination de la COVID-19 au Sahel. Près de 53 % des Sahéliens prennent au sérieux les mesures barrières préconisées pour lutter contre la propagation de la COVID-19. Les campagnes de sensibilisation sur la dangerosité du virus ont clairement impacté une majorité relative des populations interrogées. Aussi, plus de 30% constatent que les membres de leur communauté accordent de l’importance aux mesures barrières.

En revanche, le respect de la distanciation sociale n’est pas systématique. Seulement 25% de la population, soit une personne sur quatre, pensent rester « souvent » à un mètre de distance au moins des personnes qui ne font pas partie de leur foyer. Ils sont 25% à affirmer y rester « parfois ». Une minorité de 20% pense qu’un nombre suffisamment bas de 10 personnes sur 100 dans leur communauté portent un masque ou se couvrent le visage pour se rendre en public. Les résultats de cette étude montrent le degré d’ancrage des populations dans la lutte contre la maladie.

Max BILL

Le Timbuktu Institute, le CESTI et Sayara International ont mis en place une veille de l'opinion publique digitale concernant la pandémie de la COVID-19. Grâce à notre plateforme de veille, nous analysons des milliers de publications qui émanent des réseaux sociaux, des sites d'information et des blogs, et qui, chaque jour, sont diffusées dans 8 pays du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Soudan).

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Même si des réticences existent, les Sahéliens croient globalement en la capacité de leurs pays respectifs à gérer convenablement la pandémie de la COVID-19. Ce sont les conclusions d’une étude menée en décembre 2020, par Sayara International et le Timbuktu Institute, dans le but d’analyser les perceptions des populations du Sahel à propos des informations sur la Covid-19.

Avec un échantillon aléatoire comportant plus de 4000 répondants (KAP), 80 enquêteurs, 7 superviseurs locaux, plus de 30 entretiens qualitatifs (KIIs) et 95% de représentativité, cette étude se délimite au Sahel et plus précisément au Burkina-Faso, au Cameroun, en Mauritanie, au Mali, au Niger, au Sénégal, au Soudan et au Tchad. L'échantillon est divisé en strates homogènes réparties selon les critères de l’âge, du sexe, du niveau d’éducation et du milieu de résidence (rural ou urbain).

Au Sahel, 80% des populations ont confiance ou ont une certaine confiance dans les responsables gouvernementaux en charge de la santé pour gérer la pandémie. Seuls 11% ne leur font pas confiance. Aussi, 78% font confiance ou ont une certaine confiance dans les chefs religieux ou communautaires pour informer sur la pandémie. Et seulement 9% ne leur font pas confiance.

La moitié des répondants est disposée à se faire vacciner

Concernant le traitement des informations relatives à la COVID-19, 38% des populations sahéliennes font confiance aux journalistes, 75% leur font une certaine confiance et seulement 11% des populations ne leur font pas confiance. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a, quant à elle, réussi à engranger la confiance de 45% des interrogés. Pour finir, même si la question du vaccin fait grincer des dents sur le continent africain, 50% des répondants disent être prêts à se faire vacciner une fois qu’un vaccin anti-COVID-19 est disponible. En somme, au-delà d’une relative méfiance, les Sahéliens font tant bien que mal confiance à leurs autorités, en ce qui concerne la gestion de la pandémie.

Kensio Akpo

Le Timbuktu Institute, le CESTI et Sayara International ont mis en place une veille de l'opinion publique digitale concernant la pandémie de la COVID-19. Grâce à notre plateforme de veille, nous analysons des milliers de publications qui émanent des réseaux sociaux, des sites d'information et des blogs, et qui, chaque jour, sont diffusées dans 8 pays du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Soudan).

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Malgré un climat général de suspicion, l’écrasante majorité des Sahéliens est consciente de la gravité de la COVID-19 d’après l’étude sur les populations sahéliennes réalisée, en plein COVID, par Sayara International et le Timbuktu Institute. Cependant, même faible, une certaine proportion des populations ne respecte toujours pas les mesures de prévention. 
 
Selon les résultats de cette étude réalisée dans l’objectif d’analyser les perceptions des populations du Sahel à propos des informations sur la COVID-19, les Sahéliens sont très majoritairement conscients de la dangerosité de la pandémie. Avec un échantillon aléatoire - comportant plus de 4000 répondants (KAP), 80 enquêteurs, 7 superviseurs locaux, plus de 30 entretiens qualitatifs (KIIs) et 95% de représentativité -, près de 80% croient que le risque de COVID-19 est un danger pour leur communauté.

Ce sont dans les zones rurales que les populations prennent moins la mesure du sérieux de cette pandémie. Les populations urbaines sont, elles, plus conscientes des dangers de la COVID-19. En effet, si près de 60% des Sahéliens vivant dans les zones rurales sont conscients des risques de la maladie, ils sont 70% en milieu urbain, donc, environ 40% des Sahéliens pensent qu’il est grandement important de prendre des mesures pour se protéger contre la pandémie. L’étude montre que 40% des Sahéliens pensent qu’il est très important de prendre des mesures de prévention pour se protéger contre la pandémie, et seuls 11% n’y prêtent pas attention. Données intéressantes, ils sont peu nombreux à connaître une personne ayant contracté la maladie. Seuls 20% des populations interrogées connaissent une personne qui a déjà eu la COVID-19.

27% peinent à respecter la distanciation d’au moins un mètre

Toutefois, si 33% des Sahéliens estiment qu’il est extrêmement important de prendre des mesures de prévention, seuls 11% n’y prêtent pas attention. De plus, environ 27% des populations sahéliennes se disent rarement capables de rester à au moins un mètre de distance d’une autre personne ne faisant pas partie de leur foyer, tandis que 28% d’entre elles disent parfois observer cette mesure de prévention. De fait, les Sahéliens peinent à respecter cette mesure étant donné, notamment, leur habitude de vivre en communauté. Enfin, certains pensent toujours que la COVID-19 est une vulgaire grippe inoffensive. Il n’y aurait donc pas de raison valable d’adopter ces mesures de prévention. 

Marie Suzanne Batista

Les Sahéliens pensent qu’il est important de prendre des mesures pour venir à bout de la COVID-19. D’aucuns estimeraient que le milieu de résidence (urbain ou rural) constituerait un facteur influant fortement sur la perception et la mise en pratique par les populations des mesures de prévention. Pourtant, une étude menée par Timbuktu Institute et Sayara International démontre que les écarts ne seraient pas aussi conséquents qu’envisagés a priori.

 

L’objectif de cette enquête est d’analyser les perceptions des populations du Sahel à propos des informations sur la COVID-19. Réalisée dans huit pays (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad, Cameroun, Soudan), elle vise à évaluer les pratiques de la population cible concernée par rapport à la COVID-19. Cette étude conduite en décembre 2020, avec un échantillon de plus de 4000 répondants, sur des données quantitatives (KAP) et plus de 30 entretiens qualitatifs (KIIs), est menée par 80 enquêteurs et 7 superviseurs locaux. L’échantillonnage probabiliste et aléatoire permet à chaque individu de la population cible d’avoir la chance d’être interrogé. Quatre variables (l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, et le milieu de résidence [rural/urbain]) ont permis de mieux atteindre la cible.

 

Au Sahel, les mesures de prévention contre la COVID-19 sont relativement appréciées au sein des communautés. Près de 55% des citadins contre 52% des villageois pensent qu’il est important de prendre des mesures pour endiguer la propagation du virus.  18% des urbains et 11% des ruraux donnent une extrême importance aux mesures de prévention. Environ 30% des ruraux et 33% des citadins estiment que les membres de leur communauté attachent de l’importance aux mesures de prévention contre la propagation de la COVID-19. C’est largement supérieur aux 3% des villageois et 7% des urbains qui présument que les membres de leur communauté considèrent qu’il est extrêmement important de prendre ces mesures. 

La campagne et la ville sont deux facettes d’une même réalité spatiale et socio-temporelle mue par l’accroissement de la population. Elles ne s’opposent donc pas. À presque égalité, environ 28% des ruraux comme des urbains répondent que les membres de leur communauté pensent qu’il est légèrement important de prendre des mesures préventives contre la maladie.

L’espace rural est vaste, avec une faible densité démographique. Et de par leurs activités professionnelles, les habitants des campagnes semblent moins exposés à la COVID-19. Cependant, cela implique aussi qu’il existe souvent des affinités entre villageois. Dès lors, 52% seulement des habitants des campagnes respectent parfois ou rarement la distance d’au moins un mètre des personnes ne faisant pas partie de leur foyer. Étonnamment, cela se constate également en ville, où 53% des personnes interrogées disent respecter parfois ou rarement la distanciation sociale.  

La distanciation sociale, négligée en milieu rural comme en milieu urbain

Quant à ceux qui ne respectent jamais la distanciation sociale, ils sont 12% de citadins et 15% de campagnards. Enfin, ceux qui respectent souvent ou toujours cette distance de sécurité sont 29% en milieu rural et 33 % dans les villes. Seulement 1% des villageois contre 3% des urbains répondent que tout le monde porte un masque de protection ou se couvre le visage pour se rendre en public. 22% parmi ces derniers connaissent 10 personnes sur 100 qui portent un masque, et moins de 5% ne connaissent personne. 25% de villageois en connaissent 10 sur 100, et 8% n’en connaissent aucunes qui portent un masque. Allant à l’encontre de l’intuition première des chercheurs ayant mené cette étude, celle-ci conclut que les écarts entre les villes et les campagnes en termes de perception et de respect des mesures de prévention contre la pandémie de la COVID-19 sont manifestement peu substantiels.

 Max BILL

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Dr Bakary Samb de Timbuktu institute analyse les nouveaux défis sécuritaires dans le Sahel au lendemain de la mort du président tchadien Idriss Déby. Dans un entretien au quotidien national Le Soleil, le chercheur décrypte les enjeux au plan géopolitique avec une nouvelle redistribution des cartes dans les jours qui viennent.
 
« Inévitablement on s’achemine vers une nouvelle ère. Déby bénéficiait du soutien des partenaires internationaux, au regard de son rôle dans la lutte contre le terrorisme où l’engagement des forces tchadiennes constituent une garantie de sécurité pour certains pays. Je pense particulièrement au Mali, au Niger et au Burkina. Il y aura certainement une redistribution des cartes sur le plan géopolitique. Le Niger vient de sortir d’une transition politique douce mais avec des menaces et des vulnérabilités. Le Mali est dans une situation de transition où la junte, arrivée au pouvoir, était constituée, pour l’essentiel, de forces spéciales qui étaient destinées à combattre le terrorisme et qui sont maintenant dans le fauteuil douet du palais de Koulouba. Ceci laisse présager un abandon de points stratégiques et essentiels sur lesquels on avait besoin de la présence du Tchad et de son leadership sur le plan militaire. Autre chose, sur le plan militaire, le Tchad préside le G5 Sahel », analyse Bakary Samb dans les colonnes du journal.
 
Une situation qui selon lui pourrait avoir des répercussions sur la sécurité dans des pays comme le Mali et le Sénégal.
 
« D’ailleurs, explique-t-il, le Président Macky Sall avait été invité au Sommet de N’Djamena. Ce, après une longue absence dans ce cadre régional de concertation. Les liens entre le Sénégal et le G5 Sahel commençaient à connaitre une avancée significative, notamment avec le geste du Président Macky Sall qui a offert la somme d’un milliard de FCfa pour la lutte contre le terrorisme ; ce qui pousse à réfléchir au renforcement de cadres sous-régionaux œuvrant dans ce sens, sachant que cela bouge dans l’ouest du Mali. Donc, dans l’est du Sénégal. Je crois que c’est un moment crucial où les cartes se redessinent et où on va véritablement vers une nouvelle géopolitique du Sahel eu égard aux circonstances aussi bien régionales que celles liées aux partenaires internationaux, dont la France en premier lieu qui s’achemine vers une présidentielle cruciale, surtout concernant la présence des forces française au Sahel ».
 
Idriss Déby, rappelle Bakary Samb, « C’était un allié très important, un pivot capital dans la stratégie de Paris et de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Paris aussi était dans une forme de statisme par rapport à l’évolution au Tchad parce que Deby était un allié à ne pas lâcher. Maintenant quel sera son positionnement sur la transition qui, à mon avis, reste assez fragile si l’on sait que les autres tribus et composantes vont commencer à remettre en question la légitimité du fils de Déby et que les Zagawas sont restés 30 ans au pouvoir, sans partage ? Dans ce bloc ethnico-culturel qu’on appelle les Zagawas, on commence à avoir des déchirures, sachant que lorsque cette rébellion du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) était à l’approche de la région du Kanem, certains éléments zagawas commençaient à se désolidariser. C’est une situation assez trouble, où il n’y a pas encore une lecture claire et qui mérite, véritablement, d’être surveillée de près ».