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Après avoir contribué aux différents processus d’élaboration des stratégies nationales de prévention de l’extrémisme violent au Niger et au Burkina Faso, le Directeur de Timbuktu Institute, Dr. Bakary Sambe, en tant qu’expert international mobilisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a présenté, ce 29 mars, le rapport d’évaluation du Plan d’Action du Mali dans la ville de Sikasso. Lors d’une retraite de l’ensemble des départements ministériels du Mali impliqués dans ce processus, Dr. Sambe a appuyé l’élaboration du nouveau plan d’action quinquennal dans le cadre d’une démarche inclusive et participative adoptée par les autorités maliennes avec l’appui du PNUD.
En effet, malgré la signature en 2015 de l'Accord de paix, la crise politique et sécuritaire s’est étendue au Mali aggravée par la montée de l’extrémisme violent et la multiplication des conflits intercommunautaires au Centre du pays avec de sérieux risques de débordement vers l’Ouest. Cette situation a fortement impacté les populations du Centre et du Nord du Mali souffrant toujours d’un déficit d’accès aux services étatiques de même que des problèmes de la sécurité et de justice.
Au regard de cette situation, et en partenariat avec les autres agences du système des Nations Unies, le PNUD a fourni un appui au renforcement de la résilience communautaire face à l’extrémisme violent. Un tel appui prend en compte la nécessité d’améliorer la résilience de communautés aux dynamiques des multiples conflits et un retour des services de sécurité et de justice. C’est dans cette perspective que le Programme des Nations Unies pour le Développement au Mali (PNUD Mali) a aidé à lancer, en partenariat avec le Ministère des Affaires Religieuse et du Culte l’évaluation de la mise en œuvre du plan d’action 2018-2020 de la stratégie nationale de PEV du Mali et a permis d’élaborer un nouveau plan d’action quinquennal. Cette stratégie dont l’élaboration s’est appuyée sur une méthodologie participative est en cours de de révision dans un cadre inclusif de concertation et de coordination inter sectoriel pour la mise en œuvre des actions du gouvernement malien et de ses partenaires en matière de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme.
Au Sahel, les problématiques faisant écho aux multiples ressorts liés à la Covid-19 font maintenant débat depuis un an. L’arrivée des vaccins anti-Covid a rallumé la mèche, de plus belle. La réaction des Sénégalais et Maliens est indicatrice de l’accueil réservé dans les autres pays de la zone.
L’arrivée des vaccins anti-covid au Sahel a été à l’origine de diverses réactions sur Internet. Elle pose principalement le débat sur son efficacité, comme l'a affirmé le Pr Moussa Seydi, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital Fann de Dakar. En effet, dès l’annonce de la réception du vaccin dans chacun des pays, la toile s’anime de multiples prises de position sur la thématique. En l’occurrence, les courbes d’activité des internautes sénégalais et maliens illustrent clairement l’engouement que suscite la nouvelle de vaccin. Que ce soit au Sénégal ou au Mali, la presse en ligne en a fait ses choux gras. La venue du vaccin est inscrite dans l’agenda médiatique comme un événement majeur, aussi bien sur les sites d’informations en ligne que sur les réseaux sociaux.
Deux jours après la réception des vaccins par les autorités, le débat persiste notamment au Sénégal (200 mille doses), au et au Mali (396 mille) qui, respectivement, ont reçu le vaccin les 18 février et 05 mars 2021. Toutefois, le débat est beaucoup plus présent au Sénégal, premier pays du Sahel à recevoir le vaccin chinois Sinopharm pour ensuite recevoir le 3 mars, un autre lot de 324 mille doses d’AstraZeneca.
Si la vaccination à base d’AstraZeneca a seulement commencé le 1er avril dernier au Mali avec ses 396 mille premières doses, au Sénégal, elle suit son cours mais bute sur quelques obstacles. En effet, le pays doit faire face au challenge de la conservation des vaccins aux températures froides recommandées, en plus de l’acheminement des doses dans ses quatorze régions.
Max Bill
Soumettez-nous une information, les journalistes du CESTI la vérifieront.
Les données fiables sur le nombre de victimes dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) restent difficiles à trouver. Cependant, on peut noter qu’entre 2019 et 2020, des centaines de personnes ont été tuées et des milliers de déplacés forcés. Selon le rapport de la Minusma, mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, durant les trois derniers mois de 2020, 182 civils ont été tués, 175 blessés et 149 enlèvements au Mali et durant le trimestre précédent, 375 civils sont décédés, 450 blessés et 49 enlèvements. Enfin, les données du site ACLED rapportent non seulement que l’année 2020 a été la plus meurtrière depuis le début des conflits au Sahel avec 2400 victimes au Burkina Faso, au Mali et au Niger, mais aussi que les violences des combats auraient causé le déplacement forcé de 2 millions de personnes surtout au Burkina Faso.
Mais le constat fait et qui est scandaleux selon certains observateurs, est que pour l’année 2020, la majorité des civils et suspects non armés ont été tués par les forces de sécurité. Les organisations de la société civile au Sahel et les représentants de la FIDH affirment que ce soit au Burkina Faso, au Mali et au Niger, « des soldats sèment la terreur et commettent des tueries dans des villages sous couvert d'opérations antiterroristes ». Les violences djihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires font des dégâts collatéraux chez les populations.
Lors de la préparation du sommet du G5 Sahel de N’Djamena 2021, le président français Emmanuel Macron s’était félicité des succès obtenus avec la force Barkhane en ces termes « les résultats sont là ». La stratégie de la France et des pays du G5 d’intensifier les opérations militaires contre les terroristes ont eu des conséquences sur les civils. D’où la question : les forces de défense et de sécurité sont-elles une menace pour les populations du Sahel ?
Après le constat fait des violences perpétrées par les groupes djihadistes et les groupes d’autodéfense dans la partie dite des « trois frontières », les forces de défense et de sécurité, dans leurs opérations militaires et la traque des présumés suspects, ont commis des violences causant la mort de centaines de civils selon plusieurs organisations de défense des droits de l’homme. La division des droits de l’homme de la MINUSMA dans une note trimestrielle en 2020, a relevé une « multiplication des exécutions extrajudiciaires (101 victimes) » qui sont « imputables » à l’armée malienne. En outre, « 32 cas de disparitions forcées », « 32 cas de torture ou traitement cruel inhumain ou dégradant », ainsi que « 115 arrestations arbitraires », tous « imputables » aux forces de sécurité maliennes, ont été recensés par l’ONU. Toujours selon la MINUSMA, les forces armées nigériennes sont accusées d’avoir commis une trentaine d’exécutions extrajudiciaires sur le territoire malien en début 2020. Face à ces accusations souvent documentées, les autorités du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont décidé de diligenter des enquêtes. Les ministres de la défense ont demandé l’ouverture d’enquêtes judiciaires pour faire la lumière sur ces accusations et situer les responsabilités de part et d’autre. Ceci est une condition essentielle pour le rétablissement de la confiance entre les populations et ceux qui les dirigent et amener la stabilité dans la région.
Au cas contraire, ces graves agissements de certaines forces de défense et de sécurité risquent de jeter le discrédit sur l’ensemble des forces militaires présentes au Sahel, remettant en cause leur légitimité. Aussi, cela pourrait amener une défiance chez les populations vis-à-vis des autorités, en ce sens que les crimes restés impunis peuvent attiser les tensions entre communautés, alimenter davantage le cycle de la violence et favoriser le recrutement des groupes armés qui exploitent les frustrations. Lors du sommet de N’Djamena en 2021, les États du G5 Sahel ont réaffirmé la nécessité de placer la protection des populations civiles, les droits humains et la lutte contre l’impunité au cœur d’une stratégie renouvelée pour le Sahel.
Face à la nouvelle prolifération spectaculaire des théories du complot au Sahel dans ce contexte de pandémie, la presse en ligne se mue en rempart. Elle essaie, du mieux qu’elle peut, de limiter les dégâts.
La perception de la COVID-19 s’éclaircit davantage avec la horde d’articles produits dans les médias en ligne contre les théories complotistes. Ces théories aussi bien diverses dans la forme que dans le fond compromettent la réception des vérités sur la COVID-19 et ses corollaires. Pendant des mois, la chaine de télévision camerounaise Afrique Média a diffusé des contenus inexacts sur la Covid-19. Par exemple, il y a été dit que la Covid-19 est une grippe et que les Africains l’ont toujours soignée. De plus, des propos mettant en doute l’efficacité du test Covid y sont tenus. Ces contenus sont relayés sur d’autres plateformes comme Facebook et Whatsapp. Nous ne faisons pas cas de ce dernier dans cet article. Toutefois, ce sont des informations qui se propagent très rapidement dans les populations de bouche à l’oreille. Whatsapp est devenu plus puissant que la télévision de nos jours, et plus c’est viral, plus les gens ont tendance à penser que c’est vrai. Un simple message sur cette application de messagerie fait facilement le tour du monde.
La toile sénégalaise se révèle première productrice de contenus qui vont à l’encontre de ces théories de complot sur le virus chinois dans la zone sahélienne. La plupart des articles ou publications en ligne proviennent des sites d’informations. Ces contenus longs ou courts participent au rétablissement de la vérité sur la COVID-19.
Le Sénégal compte déjà près de 10 millions de personnes connectées avec en moyenne 300 sites d’informations. Cela permet de comprendre la prolifération de flux d’informations sur le fil « Actualités » du géant américain d’internet Google, provenant des sites sénégalais. Dans un classement par score d’influence au Sahel, les sites internet d’informations sénégalais occupent 5 places sur 7. Avec cette part très active des médias sénégalais aux côtés des autres médias sahéliens, on présume que les citoyens Sénégalais sont plus éclairés. De ce fait, le débat sur la COVID-19 peut se poser autrement. Pour cela, il est très important que les médias en ligne au Sahel s’activent davantage dans la publication d’informations vérifiées sur la COVID-19.
Les informations diffusées ou relayées répondent à la volonté d’informer juste sur la réalité des faits. À l’instar d’autres sites d’informations sénégalais, news.sen360 avec un score d’influence de 65/100, informe par exemple du nombre de morts liés à la COVID-19, des décisions de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou encore de la nécessité de voir le vaccin anti-COVID comme un dernier rempart contre cette pandémie.
Le site d’informations burkinabé lefaso.net (lien jhsdv) a publié un article dont le titre très significatif est « Vaccin contre la COVID-19 : Un panel pour éclairer davantage l’opinion burkinabè ». En effet, quoique moins influents comparés aux sites sénégalais, les autres sites d’informations sahéliens participent peu ou prou à la dissipation des contre-vérités par la publication de contenus qui font reculer les frontières de l’ignorance du virus et de ses avatars. Face à cette situation, il devient de plus en plus nécessaire de promouvoir l’éducation aux médias, afin que les citoyens parviennent eux-mêmes à séparer le bon grain de l’ivraie. Au regard de la qualité douteuse des informations qui ont circulé et qui malheureusement continuent de circuler sur la COVID-19, il est important que les médias s’intéressent au fact-checking, qui constitue une intéressante alternative pour réduire le champ de la désinformation.
Max Bill
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Depuis l’arrivée de la COVID-19, les théories conspirationnistes ont repris une place de choix dans le débat public. Au Sahel, avec l’arrivée des vaccins anti-Covid, la situation a empiré.
Entre la mi-février et la mi-mars de cette année, d’une manière globale, les théories complotistes occupent autant le web sahélien que les informations que l’on peut qualifier de correctes et vérifiées. La thématique du complot observe un regain considérable les 11 et 12 février, soit quelques jours avant que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) n’homologue en urgence le vaccin anglo-suédois AstraZeneca.
Parmi ces théories les plus en vue sur la toile sahélienne, il y a celles visant la Fondation Bill et Melinda Gates très active dans la recherche sur les maladies et les vaccins en Afrique. Elles prétendent que la Covid-19 aurait été créée par le fondateur de Microsoft pour réduire la population mondiale, s’enrichir davantage et la vaccination aurait été depuis planifiée. De même, ces théories qui prétendent que les vaccins anti-Covid seraient nuisibles pour la santé se font également entendre.
Début mars et plus précisément le 3 du mois, les théories du complot recommencent à pulluler sur la toile sahélienne. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la réapparition très remarquée de ces thèses. Parmi eux, la réception par le Soudan, à cette même date, de 828 000 doses du vaccin AstraZeneca grâce au dispositif onusien Covax.
Même sentiment de défiance au Sénégal. A cette même période, une vidéo pour le moins curieuse a fait le tour de la toile sénégalaise. Dans cette vidéo, l’on peut voir plusieurs personnalités en pleine séance de vaccination, dans une maison attribuée à la Première Dame sénégalaise, Marième Faye Sall. Selon plusieurs internautes, la Première Dame aurait organisé une séance à huis clos de vaccination. S’en est suivie une vive indignation collective sur la toile sénégalaise, fustigeant une « vaccination de privilégiés ». D’autant plus que certains membres du personnel médical comme des étudiants en médecine, pourtant en contact permanent avec les malades, se sont vus refuser le vaccin dans le même temps.
Au Sahel, le pic de cette effervescence complotiste va s’observer le 5 mars, date où le Mali reçoit ses 396 000 doses de vaccin AstraZeneca. La tendance dure deux jours, puis s’amenuise considérablement par la suite. Par ailleurs, le ministre tchadien de la Santé publique et de la Solidarité nationale, Abdoulaye Sabre Fadoul, a remercié le 22 mars dernier la Chine pour un don de vaccins Sinovac contre la COVID-19.
Il est urgent de combattre les théories complotistes plus ou moins farfelues qui infestent le débat public au Sahel. Car, elles constituent un autre virus, qui ne tue pas certes de manière concrète, mais qui manifestement, pollue les esprits déjà éprouvés en ce contexte de pandémie. Concernant les campagnes de vaccination, elles ont débuté dans nombre de pays. Même si la polémique autour de l’AstraZeneca a entretemps sans doute freiné les ardeurs des populations, la situation semble commencer à progressivement rentrer dans l’ordre.
Kensio Akpo
Soumettez-nous une information, les journalistes du CESTI la vérifieront.
The gender researcher at Timbuktu Institute has just defended a new thesis on the issue of women's involvement in conflict resolution in Africa, based on the case of the Casamance crisis, which has been going on for more than thirty years in southern Senegal. This thesis was supervised by Prof. Dr. Ulf Engel at the University of Leipzig.
Despite the important developments that peacebuilding plays in academia on conflict resolution and management, the field remains unexplored in multiple ways. One of the ways that this can be done is through the involvement of women in a domain that is considered to be relatively less inclusive of marginalized groups. The role women can play in negotiating for conflict resolution is significantly emerging as an important debate in peace research work and studies.
Relatively little attention has been paid on the relevance of traditional approaches to conflict resolution particularly on the role that women contribute to using such methods. This impacts in balancing gender representation in peacebuilding processes. This research therefore takes a deeper look into the role of women in peacebuilding using the women groups in Casamance, Senegal as the empirical case study.
The main objective of this study is to critically analyze the significant role women play as peacebuilders specifically, highlighting the relevance of traditional knowledge of conflict resolution. Hence, the key research question is to empirically reconstruct the role of women in peacebuilding and analyze how the use of traditional methods of conflict resolution has contributed to peacebuilding in Casamance. In this vein, this study employs a qualitative approach to critically analyze the situation in Casamance using semi-structured in-depth interviews and focus group discussions.
This study utilizes the actor network theory (ANT) as the framework for analysis. A core finding of this dissertation reveals a disconnection between the existence of laws and policies on the participation of women in peacebuilding versus recognizing the local practices and initiatives of women groups at the grassroots with regard to implementation. The findings also bring to light the importance of further research in traditional methods of conflict resolution as contributing to peace and security.