Timbuktu Institute

Timbuktu Institute

Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL. +221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15

Timbuktu Institute - 15 novembre 2023

Dans un contexte fortement marqué par un processus irréversible de multipolarisation, le Premier Sommet Arabie saoudite-Afrique représente un tournant dans les relations internationales, mettant en lumière les aspirations de l'Arabie saoudite à jouer un rôle de plus en plus central sur l'échiquier mondial et offrant à l'Afrique de nouvelles opportunités de développement et de coopération. Les retombées de ce sommet seront observées de près, car elles contribueront à redéfinir les partenariats internationaux et à façonner l'avenir des relations entre l'Arabie Saoudite et le continent africain.  Par ce Sommet, l’Arabie Saoudite semble avoir voulu mobiliser les dirigeants de son importante sphère d’influence, représentée par le monde arabe, musulman et africain sur un dossier international brûlant, la cause palestinienne.  La participation du président iranien au Sommet était un fait marquant pour la diplomatie saoudienne. Dans le cadre de sa chronique hebdomadaire, le directeur régional du Timbuktu Institute revient sur les enjeux de ce sommet qui pourrait s’inscrire dans le processus de la redynamisation d’un axe Sud-Sud.

Dr. Bakary Sambe, ce 10 novembre, Riyad a accueilli, au Centre international de conférences Roi-Abdelaziz – et pour la première fois – de nombreux chefs d’État africains venus prendre part à un sommet Arabie Saoudite- Afrique, quelle est la signification d'un tel évènement à votre avis?

Ce Sommet marque une étape significative dans l'évolution des relations internationales et des dynamiques économiques mondiales, en particulier dans le partenariat stratégique sud-sud. Plusieurs dirigeants africains ont répondu à l'invitation de Riyad, cherchant des opportunités de coopération économique et de renforcement des liens politiques. Même certains pays en transition qui semblent boudés sur la scène internationale voient dans ce sommet une occasion en or, d'explorer de nouveaux partenariats et de diversifier leurs relations internationales. Traditionnellement, l'influence de l'Arabie saoudite en Afrique s'est manifestée depuis les années 70, par le biais de la diplomatie religieuse même si le levier de l’aide au développement et des investissements n’était absent de la politique africaine de Ryad surtout avec le Fonds Saoudien de Développement depuis 1975. En fait, comme le communiqué final du Sommet l’a mis en exergue, il y avait déjà « une profondeur des relations historiques entre l'Arabie saoudite et les pays africains, avec plus de 45 milliards de dollars d'aide au développement fournie au cours des 50 dernières années dans de nombreux secteurs vitaux. ». Mais pour l’Arabie Saoudite, il s’agit, surtout, d’une opportunité de mobilisation du soutien diplomatique de l’Afrique, le bloc régional le plus large au sein de l’ONU, notamment, dans les dossiers internationaux d’un grand intérêt pour le Royaume

Alors, vous disiez récemment que ce sommet entre aussi dans le cadre de la multipolarisation progressive entamée ces dernières années. Mais quels peuvent être les enjeux pour le continent qui est en même temps dans une phase cruciale d'ouverture et de diversification des partenariats ?

Vous savez, il y avait déjà, un mouvement de dynamisation dès 2018, dont le marqueur était la nomination d’un Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines. N’oublions pas que l’Arabie Saoudite s’est diplomatiquement engagée dans la résolution des crises dans la Corne de l’Afrique et le financement du G5 Sahel. Parmi les grands enjeux de ce sommet, il y a l’affirmation en tant qu'alternative aux pays occidentaux, une sorte de transition vers une approche plus globale et moins centrée sur la diplomatie religieuse. Mais aussi l’enjeu de contrecarrer l’influence de ses rivaux comme le Qatar et l’Iran. Naturellement pour l’Afrique, il y a de fortes attentes de développement économique et d'opportunités d'investissement et tout l’enjeu de la consolidation des partenariats politiques de même que le positionnement de plus en plus affirmé dans la construction d'un monde multipolaire. Ce qui n’est pas du tout négligeable dans le renforcement de l'influence régionale de Riyad.

Mais en d'autres termes, Dr. Bakary Sambe, avec cette ruée vers le continent de la part de toutes les puissances classiques comme émergentes, quel profit l'Afrique tirera-t-elle, réellement, d'une telle situation qui semble consolider un positionnement africain inédit dans l'histoire des relations internationales ?

L'Arabie saoudite a annoncé des investissements significatifs en Afrique, avec des promesses atteignant près de 25 milliards de dollars d'ici 2030. Ces investissements sont destinés à soutenir des projets de développement dans des secteurs clés tels que la santé, l'éducation, l'eau, et les transports, marquant une nouvelle stratégie d'investissement du royaume dans la région. Comme retombés immédiates et concrètes du Sommet, il faut savoir que douze pays africains, y compris la Guinée et le Niger, sous sanctions de la CEDEAO et des pays occidentaux, et en particulier l’Angola, le Burundi, le Burkina Faso, le Cap Vert, le Rwanda, vont bénéficier d’un prêt d’une valeur de 580 millions de dollars visant à stimuler le développement durable sur le continent. En fait, l’Arabie Saoudite a voulu mobiliser les dirigeants de son importante sphère d’influence, représentée par le monde arabe, musulman et africain sur un dossier international brûlant, la cause palestinienne.  La participation du président iranien au Sommet était un fait marquant pour la diplomatie saoudienne faisant ainsi montre d’une remarquable agilité. 

Timbuktu Institute – Novembre 2023

Timbuktu Institute, en partenariat avec l’Ambassade du Japon au Sénégal, a tenu un Séminaire sur le thème : « Renforcer la résilience des communautés face aux risques multi-dimensionnels : Leçons apprises de l’approche japonaise au Sahel », ce Mercredi 11 octobre. Une rencontre qui a permis de revisiter l’expérience japonaise et sa coopération dans le cadre du renforcement de la résilience des communautés au Sahel.

M. Osamu Izawa, Ambassadeur du Japon au Sénégal a, ainsi partagé quelques expériences de leurs actions avec certains pays africains dans le domaine du développement.

« Le Japon ne possède pas de ressources naturelles, mais est bien développé, parce qu’on a beaucoup investi dans la ressource humaine. Actuellement il y a beaucoup de pays africains qui veulent se développer et certains n’ont pas de ressources naturelles. Et au Sénégal, à partir de l’année prochaine, va produire du pétrole et du gaz« , a rappelé l’ambassadeur du Japon qui mise, particulièrement sur la ressource humaine pour le développement de l’Afrique. Une « belle expérience » qu’il souhaite partager avec les pays africains.

Et pas que. Il a aussi souligné l’importance du renforcement de la résilience dans les domaines de la Famille, de l’Education, de la communauté.

Pour sa part, Dr Bakary Sambe de souligner, que lors de cette rencontre, il a été abordé la question de la nécessité d’une approche multidimensionnelle. « Il y a eu dans le Sahel une focalisation sur le sécuritaire qui n’a pas donné le résultat escompté. Et aujourd’hui, je crois que tout le monde sait qu’on ne peut pas parler de sécurité sans le développement« , d’où l’intérêt de cet approche japonaise dans le cadre du renforcement du capital humain, mais aussi l’investissement dans des domaines aussi stratégiques « l’éducation, le renforcement du capital humain, mais aussi le renforcement de l’autonomisation des femmes« .

Le directeur de Timbuktu Institute croit ainsi qu’on est arrivé dans une situation « où dans certains pays du Sahel central, les dépenses de sécurité ont, depuis longtemps évincé les dépenses de développements. Ce qui, selon lui, est « dommageable au regard des défis multidimensionnels et au besoins colossaux auxquels ces pays là passent aujourd’hui« .

Il opte, à cet effet pour une approche holistique, « investir un peu les possibilités offertes par l’approche communautaire, aller vers l’approche liée à la sécurité humaine pour avoir une stratégie beaucoup plus globales face à tous ces maux comme le terrorisme et l’insécurité endémique dans le Sahel »

 

Source : SENEGO

Analyzing the King of Morocco's speech on the occasion of the recent commemoration of the "Green March", the Timbuktu Institute's weekly column, "L'Hebdo Africain", is devoted to the stakes involved in the "Atlantic Initiative", its strategic dimension as well as its "symbolic" significance. This initiative aims to make the Atlantic seaboard a center of economic integration and a focus of continental and international influence. The establishment of a maritime economy, the development of road, port and rail infrastructures in southern Morocco, and the creation of a national merchant marine fleet, illustrate a new long-term vision for the region. Similarly, the idea of opening up the countries of the Central Sahel to the Atlantic is one of the most significant aspects of this initiative advocated by the King of Morocco. In this interview, Dr. Bakary Sambe answers Medi1TV's questions.

Bakary Sambe, in your response to HM King Mohamed VI's speech at the commemoration of the Green March, you spoke of the royal strategic vision underpinning such an ambitious project for Africa. Could you elaborate on this dimension beyond the immediate economic benefits?

Yes, with this historic speech, the King is reiterating the importance of Morocco's geographical position as an Atlantic country, offering complete access to Africa and a window on the American space, while considering the Atlantic seaboard as a key element of the national strategy. In fact, the spectacular development of the Southern Provinces (Moroccan Sahara) has reinforced Morocco's vocation as an Atlantic country. Morocco remains one of the few African countries that, aware of its geographical advantage, has equipped itself with the essential means to develop human and economic exchanges with neighboring countries and continents. Beyond its neighbors, the Kingdom is connected to the whole world, as one of Africa's leading air hubs. In all respects, this Atlantic initiative is the expression of Moroccan leadership, whose King has not only convinced us of the need for South-South cooperation, but has also connected his strategic vision to the new paradigms of integrated development, notably by transforming the Southern Provinces into viable models, demonstrating the efficiency of his approach to Morocco's socio-economic transformation.

Dr. Bakary Sambe, following your analysis of this Atlantic initiative in the Moroccan press, you also defended the idea of an opportunity to be seized by African countries as part of the pooling of development efforts. How do you see the realization of the King's vision, particularly in the field of energy cooperation?

It's true that this initiative reaffirms the Kingdom's irreversible African option, as King Mohamed VI made clear in his historic speech in Addis Ababa. So, at the same time, it sets a course for all the states in the region at a crucial time when the quest for African solutions to African problems is seen as a continental imperative of sovereignty. His speech underlined Morocco's determination to strengthen its cooperation with the countries along Africa's Atlantic seaboard, by turning the Morocco-Nigeria gas pipeline project into a lever for regional integration. In fact, the construction of this pipeline is seen as a strategic initiative aimed at creating the conditions for a common economic take-off, while ensuring a secure energy supply for European countries. But, at the same time, with this far-reaching initiative, in collaboration with Nigeria, and in consultation with others, Morocco is taking concrete and very significant steps to promote economic integration in the ECOWAS region and beyond.

But you also speak of, and I quote, "a fruitful idea" on the part of His Majesty the King, with his ambition to open up the countries of the central Sahel by offering them access to the ocean. How do you see this as a strategic turning point, especially in the context of infrastructure development on our continent?

As far as the Sahel is concerned, His Majesty puts forward a number of important responses, warning against the "all-security" approach, which has shown its objective limits, and advocating initiatives that address the root causes and strengthen resilience, based on cooperation and "joint" development.  The aim is to find a response to one of the Sahel States' most vulnerable factors, namely landlockedness. In a truly win-win spirit of South-South cooperation, the King of Morocco's proposals for upgrading and interconnecting the road infrastructures of the Sahel states are fully in line with the ECOWAS strategy. But it is important to note the King's strategic approach to Morocco's relationship with its sub-Saharan neighbors, both symbolically and strategically. In fact, while Western countries have created NATO, a transatlantic military framework for the collective defense of their territories and values, His Majesty has set out a far-sighted and humanistic vision of an African Atlantic front, a link between the North and South Atlantic, as a "Mecca of human communion, a pole of economic integration and a focus of continental and international influence". This vision is all the more remarkable in that it advocates a partnership approach to tackling the enormous security deficits in this vast geopolitical space, and exploiting the immense potential of the blue and sustainable economy.

 

 

Timbuktu Institute – Novembre 2023

Analysant le discours du Roi du Maroc, à l’occasion de la récente commémoration de la « Marche Verte », la chronique hebdomadaire du Timbuktu Institute, « L’Hebdo Africain », est consacrée aux enjeux de l’« Initiative Atlantique », sa dimension stratégique de même que sa portée « symbolique ». Cette initiative vise à faire de la façade atlantique un centre d'intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international. L'établissement d'une économie maritime, le développement des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires dans le Sud du Maroc, ainsi que la création d'une flotte nationale de marine marchande, illustrent une nouvelle vision à long terme pour la région. De même, l’idée d’un désenclavement des pays du Sahel Central en leur offrant une ouverture sur l’Atlantique fait partie des aspects les plus significatifs de cette initiative préconisée par le Roi du Maroc. Dans cette interview, Dr. Bakary Sambe répond aux questions de Medi1TV

Bakary Sambe, vous réagissiez suite au Discours prononcé par SM Le Roi Mohamed VI lors de la commémoration de la Marche verte en évoquant la vision stratégique royale qui sous-tend un tel projet ambitieux pour l’Afrique. Pourriez-vous justement revenir sur cette dimension au-delà des retombées économiques immédiates ?

Oui Par ce discours historique, le Roi réitère l'importance de la position géographique du Maroc en tant que pays atlantique, offrant un accès complet sur l'Afrique et une fenêtre sur l'espace américain tout en considérant la façade atlantique comme un élément clé de la stratégie nationale. En fait, le développement spectaculaire des Provinces du Sud (Sahara marocain) a renforcé la vocation de pays atlantique du Maroc. Le Maroc reste l’un des rares pays africains, qui conscient de son avantage géographique, s’est doté des moyens essentiels pour développer des échanges humains économiques, avec les pays et continents voisins. Au-delà de ses voisins, le Royaume est connecté au monde entier, en tant que hub aérien de premier plan en Afrique. En tous point de vue, cette initiative atlantique est l’expression d’un leadership marocain dont le Roi a non seulement convaincu de la nécessité d’une coopération Sud-Sud mais a su connecter la vision stratégique aux nouveaux paradigmes d’un développement intégré notamment en transformant les Provinces du Sud en modèles viables démontrant l’efficience de son approche de transformation socio-économique du Maroc.

Dr. Bakary Sambe, suite à votre analyse de cette initiative atlantique dans la presse marocaine, vous défendiez aussi l’idée d’une opportunité à saisir par les pays africains dans le cadre de la mutualisation des efforts de développement. Comment voyez-vous la matérialisation de cette vision du Roi notamment dans le domaine de la coopération énergétique ?

Il est vrai que cette initiative réaffirme l’option africaine irréversible du Royaume tel que le Roi Mohamed VI l’avait précisé lors de son discours historique d’Addis Abeba. Donc, en même temps, il donne un cap pour l’ensemble des États de la région à un moment crucial où la quête de solutions africaines aux problèmes africains est vu comme un impératif continental de souveraineté. Son discours met en évidence la volonté du Maroc de renforcer sa coopération avec les pays de la façade atlantique africaine en faisant du projet du gazoduc Maroc-Nigéria un levier d'intégration régionale. En fait, la construction de ce gazoduc est envisagée comme une initiative stratégique visant à réunir les conditions d'un décollage économique commun, tout en assurant un approvisionnement énergétique sûr pour les pays européens. Mais, en même temps, avec cette initiative de très grande portée, en collaboration avec le Nigeria, et en concertation avec d’autres, le Maroc pose des actes concrets et très significatifs, de promotion de l’intégration économique dans l’espace CEDEAO et au-delà.

Mais vous parlez aussi je vous cite « d’une idée féconde » de la part de Sa Majesté le Roi avec l’ambition de vouloir désenclaver les pays du Sahel central en leur offrant l’accès à l’Océan. En quoi cela constitue pour vous un tournant stratégique surtout dans le cadre du développement des infrastructures sur notre continent ?

Pour le Sahel, Sa Majesté avance des pistes de réponse assez importantes, en mettant en garde l’approche dite ‘tout sécuritaire’, qui a montré ses limites objectives, et préconise des initiatives qui s’adressent aux causes profondes et renforcent la résilience, fondée sur la coopération et le développement ‘commun ».  Il s’agit de trouver une réponse à l’un des facteurs de vulnérabilité du Etats du Sahel, à savoir l’enclavement. Dans un esprit de coopération Sud-Sud et véritablement gagnant-gagnant, les propositions du Roi du Maroc pour une mise à niveau des infrastructures routières des Etats du Sahel et leur interconnexion entrent intégralement dans le cadre de la stratégie de la CEDEAO. Mais, il est important de noter l’approche stratégique du Roi dans la relation du Maroc avec ses voisins sub-sahariens aux plans symbolique et stratégique. En fait, tandis que les pays les pays occidentaux, ont créé, l’OTAN), un cadre militaire transatlantique de défense collective de leurs territoires et de leurs valeurs, sa Majesté énonce une vision clairvoyante et humaniste d’une façade atlantique africaine, trait d’union entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud, en tant que ‘haut lieu de communion humaine, pôle d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international ». Cette vision est d’autant plus remarquable qu’elle préconise une approche partenariale dans la prise en charge des énormes déficits sécuritaires qui se posent dans ce vaste espace géopolitique ainsi que l’exploitation des immenses potentielles en termes d’économie bleue et durable. 

 

Timbuktu Institute – Novembre 2023

Dans le cadre de la chronique hebdomadaire du Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies en partenariat avec Medi1TV, Dr. Bakary Sambe revient sur la tournée synchronisée de l’exécutif allemand avec le voyage du Chancelier Olaf Scholz au Nigeria et au Ghana et du Président Frank-Walter Steinmeier en Zambie et en Tanzanie. Mais pour le directeur du Timbuktu Institute, en plus des enjeux énergétiques et sécuritaires, ces deux visites sont marquées par ce qui pourrait relever d’une stratégie de « distinction » ayant pris en compte « le contexte et les attentes dans un continent où souffle un vent irréversible de souverainisme et de forte demande de respect et de dignité ». De même, faisant référence à cette visite synchronisée, le chercheur considère que la demande de pardon aux peuples africains persécutés « humblement assumée » par le Président allemand, « marque une nette différence dans un contexte où les symboles ont tout leur poids dans le jeu des relations internationales et surtout des nouveaux rapports entre l’Afrique et l’Europe ». Bakary Sambe, répond, ici aux questions de Sana Yassari

Dr. Bakary Sambe, suite à la crise au Niger, vous évoquiez la complexité du rôle de l’Europe au Sahel où son "champion", la France, traverse certaines difficultés. Chose rare ou presque inédite, le chancelier et le Président allemand se trouvent au même moment en tournée africaine. Selon vous, qu'est-ce que cela peut-il réellement signifier dans la stratégie africaine de Berlin ?

Au plan symbolique, ce serait sans doute un excellent cas d’étude de relations internationales dans nos universités. Une visite croisée des deux moteurs de l’Union Européenne, la France et l’Allemagne : l’une - la France - subitement tournée vers l’Est suite au départ chaotique du Niger avec un Emmanuel Macron qui, dans un réflexe d’ajustement rapide, se rue déjà vers le Kazakhstan pour sécuriser l’approvisionnements en uranium. L’autre puissance - l’Allemagne - envoie tout son exécutif (le chancelier et le président) qui se rend en Afrique pour aussi des raisons énergétiques avec le gaz (GNL) d’Afrique de l’Ouest qui est, actuellement, au cœur de tous les enjeux. Il y a aussi la volonté de l’Allemagne de peaufiner son image de marque d’ancienne puissance coloniale repentie de son passé. Mais, il est clair que le voyage concomitant des deux têtes de l’Exécutif allemand en Afrique me semble historique. Je ne crois pas que, dans le passé, un Chancelier et un Président allemands aient déjà effectué, de cette manière, une visite synchronisée en Afrique ou vers un autre continent.

Mais vu la manière dont cette visite en Afrique se déroule, pourrait-on parler d'un certain partage des rôles ? Aussi, au-delà des discours, quel est réellement l'enjeu de cette visite dans le contexte actuel ?

Je pense qu’on pourrait parler, cette semaine, d’une véritable offensive allemande en marche. Mais cette fois-ci, il y a, apparemment, un partage des rôles et une diversification des approches : le Chancelier Olaf Scholtz, comme on l’a vu, fait, lui, un focus sur la sécurité énergétique par le bilatéral avec le Nigeria, pour s’adapter suite à la crise des approvisionnements gaziers russes, du fait de la guerre russo-ukrainienne. Tandis que pour la sécurité en Afrique de l’Ouest, le chancelier allemand suit l’approche multilatérale par le biais d’un soutien financier à la CEDEAO d’un montant de 80 millions d’euros avec un volet « paix et sécurité » en s’appuyant sur une institution faîtière incontournable malgré ses difficultés actuelles. Pendant ce temps, le Président allemand, Frank-Walter Steinmeier, qui a un rôle exécutif plutôt honorifique, joue la carte symbolique et mémorielle de la repentance pour le passé colonial répondant, ainsi, à une forte demande de la rue et de la jeunesse africaines dans un contexte tellement marqué par le souverainisme et la « reconquête de la dignité ». C’est exactement le sens de la déclaration du président Allemand qui reconnaît que, je cite, « nous devons faire face à cette histoire afin de pouvoir construire, ensemble, un avenir meilleur ».

Alors, Dr. Sambe, il y a eu des gestes et des paroles marquants, notamment la très symbolique demande de pardon aux Africains de la part du Président allemand par rapport au passé colonial. L'Allemagne est-elle, alors, en train de marquer des points qui pourraient davantage la positionner au Sahel où on semble assister à une véritable redistribution des rôles et des places ?

Il est vrai que l’Allemagne est souvent vue en Afrique comme une nation très fière mais semble, par ce geste du président allemand, faire preuve de moins d’orgueil que la « Grande Nation », comme on appellerait ironiquement la France dans le milieu diplomatique européen au 19 siècle. Déclarant publiquement, clairement et humblement : « J’ai honte de ce que les soldats coloniaux allemands ont fait subir à vos ancêtres », ces mots du Président allemand, en visite en Afrique australe, résonneront, à coup sûr, encore longtemps sur tout le continent. Là, il faut constater que l’Allemagne, a eu le courage et surtout l’intelligence politique de faire face à son passé et faire œuvre de contrition envers les peuples victimes comme les Maji-Maji, les tribus Herero et Nama Nama en Namibie en disant clairement : « En tant que président allemand, je voudrais demander pardon ». On sait que la premier génocide perpétré par les Allemands, s’est passé en Namibie et le symbole de cette repentance est simplement puissant. D’un point de vue stratégique et diplomatique, je crois que cette visite synchronisée est loin d’être anodine. Car, avec sa nouvelle stratégie de sécurité nationale, et suite au rejet de la France par les opinions publiques et certains États Africains, l’Allemagne se positionne, au moins en faisant le contraire de la politique et de l’attitude reprochées à Paris, notamment, en demandant pardon de manière simple et humble. Même si cela pourrait relever de la realpolitik, les symboles ont leur poids dans les relations internationales.

Timbuktu Institute – November 2023

In the weekly column of the Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies in partnership with Medi1TV, Dr. Bakary Sambe reviews the synchronized tour of the German executive, with Chancellor Olaf Scholz visiting Nigeria and Ghana, and President Frank-Walter Steinmeier visiting Zambia and Tanzania. But for the director of the Timbuktu Institute, in addition to energy and security issues, these two visits are marked by what could be considered a strategy of "distinction", having taken into account "the context and expectations on a continent where an irreversible wind of sovereignty and a strong demand for respect and dignity is blowing". Similarly, referring to this synchronized visit, the researcher considers that the German President's "humbly assumed" request for forgiveness from persecuted African peoples, "marks a clear difference in a context where symbols carry all their weight in the game of international relations, and above all in the new relationship between Africa and Europe". Bakary Sambe, answers the Moroccan journalist, Sana Yassari's questions here.

Dr. Bakary Sambe, in the wake of the crisis in Niger, you spoke of the complexity of Europe's role in the Sahel, where its "champion", France, is experiencing certain difficulties. Rarely, if ever, have the Chancellor and the German President been on an African tour at the same time. What do you think this really means for Berlin's African strategy?

On a symbolic level, it would undoubtedly be an excellent case study in international relations at our universities. A visit by the two driving forces of the European Union, France and Germany: one - France - suddenly turned eastwards following the chaotic departure of Niger, with Emmanuel Macron already rushing to Kazakhstan to secure uranium supplies, in a reflex of rapid adjustment. The other power - Germany - is sending its entire executive (the Chancellor and the President) to Africa, also for energy reasons, with West African gas (LNG) currently at the heart of all issues. Germany is also keen to polish up its image as a former colonial power that has repented of its past. But it's clear to me that the two heads of the German government's concurrent trip to Africa is historic. I don't believe that, in the past, a German Chancellor and President have ever made a synchronized visit to Africa or any other continent in this way.

But given the way this visit to Africa is going, could we be talking about a certain sharing of roles? Also, beyond the rhetoric, what is really at stake in this visit in the current context?

I think we could talk this week of a real German offensive in progress. But this time, there seems to be a sharing of roles and a diversification of approaches: Chancellor Olaf Scholtz, as we have seen, is focusing on energy security through bilateral relations with Nigeria, to adapt to the crisis in Russian gas supplies caused by the Russian-Ukrainian war. As for security in West Africa, the German Chancellor is following a multilateral approach, providing financial support to ECOWAS to the tune of 80 million euros, with a "peace and security" component, relying on an essential umbrella institution despite its current difficulties. Meanwhile, the German President, Frank-Walter Steinmeier, who has a rather honorary executive role, is playing the symbolic and memorial card of repentance for the colonial past, thus responding to a strong demand from the African street and youth in a context so marked by sovereignism and the "reconquest of dignity". This is exactly the thrust of the German President's statement, in which he acknowledges that, and I quote, "we must face up to this history in order to be able to build a better future together".

So, Dr. Sambe, there have been some significant gestures and words, notably the German President’s highly symbolic request for forgiveness from Africans for their colonial past. Is Germany, then, in the process of scoring points that could further position it in the Sahel, where we seem to be witnessing a veritable redistribution of roles and positions?

It’s true that Germany is often seen in Africa as a very proud nation, but this gesture by the German President seems to show less pride than the « Great Nation », as France was ironically called in European diplomatic circles in the 19th century. The words of the German President on a visit to southern Africa, publicly, clearly and humbly declaring: « I am ashamed of what German colonial soldiers did to your ancestors », are sure to resonate throughout the continent for a long time to come. Here, it must be said that Germany had the courage and, above all, the political intelligence to face up to its past and show contrition towards the victimized peoples, such as the Maji-Maji, Herero and Nama Nama tribes in Namibia, by clearly saying: « As German President, I would like to ask for forgiveness ». We know that the first genocide perpetrated by the Germans took place in Namibia, and the symbolism of this repentance is simply powerful. From a strategic and diplomatic point of view, I believe that this synchronized visit is far from insignificant. For, with its new national security strategy, and following the rejection of France by public opinion and certain African states, Germany is positioning itself, at least by doing the opposite of the policy and attitude reproached to Paris, notably by asking for forgiveness in a simple and humble way. Even if this could be construed as realpolitik, symbols carry weight in international relations.

 

Le 24 octobre dernier, s’est ouverte l’édition 2023 du Forum de Vienne sur le thème : « Contrer la ségrégation et l’extrémisme en contexte d’intégration » (Countering Segregation and Extremism in the Context of Integration) avec la participation d’officiels et d’experts venus de toute l’Europe. Cette édition a enregistré la participation de diverses personnalités comme Davor Božinović, ministre de l'Intérieur de Croatie, Kaare Dybvad Bek, ministre de l'immigration et de l'intégration du Danemark, Ana Catarina Mendes, ministre des affaires parlementaires du Portugal. En ouvrant les travaux, Mme Susanne Raab, ministre des femmes, de la famille, de l'intégration et des médias d’Autriche est revenue sur la nécessité de synergie entre les différents acteurs. Avec la présence de Bart Somers, vice-ministre-président du gouvernement flamand de Belgique, Sofia Voultepsi, vice-ministre de la migration et de l'asile, de la Grèce et d’Etienne Apaire, Secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation en France, les échanges ont tourné autour des expériences des différents pays en matière de gestion du religieux mais aussi des politiques mises en place dans le cadre de l’intégration des minorités religieuses notamment musulmanes.

Cette édition avait accueilli l’éminent universitaire et expert sénégalais, fondateur de l’Observatoire des Radicalismes et conflits religieux en Afrique et Directeur du Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, Dr. Bakary Sambe. Il a été invité par le gouvernement autrichien à prendre part à cet évènement annuel sur proposition de Son Excellence Ursula Fahringer, Ambassadrice d’Autriche au Sénégal dans le cadre de la promotion des échanges entre son pays et le Sénégal.

Pour sa chronique hebdomadaire sur Medi1TV consacrée cette semaine à cet évènement, il répond, ici aux questions du journaliste Pape Cheikh Diouf sur les enjeux de sa participation en tant qu’expert africain ainsi que les enseignements de ce Forum de Vienne.

Dr. Bakary Sambe, vous venez de prendre part au Forum de Vienne organisé par la Federal Chancellery du gouvernement autrichien sur le thème « Ségrégation et extrémisme violent dans un contexte d’intégration ». Quel était le sens d’une telle thématique dans le contexte européen actuel ?

La réflexion portait sur les enjeux de la prévention des conflits surtout suite aux récentes émeutes et des attaques terroristes dans de nombreux pays européens où les acteurs principaux étaient plus souvent des mineurs issus de l'immigration et nés en Europe. Il fallait aussi réfléchir sur d’éventuelles stratégies pouvant servir à relever le défi de la gestion de la liberté personnelle de religion et d'expression, des libertés scientifiques et académiques face à l’émergence des idéologies extrémistes. Participation de nombreux ministres de la Croatie, du Danemark, du Portugal. En ouvrant les travaux, Mme Susanne Raab, ministre des femmes, de la famille, de l'intégration et des médias d’Autriche est revenue sur la nécessité de synergie entre les différents acteurs. Il fallait insister et clairement sur le fait que l’islam dans ses enseignements n’est pas la source de la radicalisation et de l’extrémisme mais plutôt « la manipulation des symboles religieux pour des motifs politiques, idéologiques etc ». 

En tant qu’expert africain, fondateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique depuis 2012. Quel pouvait être votre apport à une telle rencontre se déroulant pourtant en Europe surtout pour croiser les analyses avec les experts européens ?

J’ai pu échanger avec de nombreux responsables européens comme Mme Lisa Fellhofer, directrice du Centre autrichien de documentation sur l'islam politique, Kenneth Schmidt-Hansen, directeur du Centre danois de documentation et de lutte contre l'extrémisme, Paul Doran, conseiller du FCDO en matière de lutte contre le terrorisme du Royaume-Uni. Mais, il était important, pour moi, d’attirer l’attention sur certaines formes d'extrémisme à motivation religieuse qui n’ont pas encore fait l'objet de recherches approfondies et dépassionnées pour appuyer la lutte contre les discriminations et le racisme générateurs de frustrations et de radicalisation dans certains pays européens et au-delà. Vous savez, très souvent, en Europe la classe politique traite de cette question sous le prisme migratoire. À travers la question cruciale des migrations et de la transnationalité progressive des acteurs religieux profitant de la mobilité accrue, nous avons pu examiner dans le cadre d’un débat contradictoire les tendances de la radicalisation en Afrique ainsi que la manière dont elle devrait être analysée de manière globale et surtout en prenant en compte les nouveaux enjeux des rapports entre l’Europe et le continent africain.

Dr. Bakary Sambe, ce Forum s'est tenu dans un climat assez délétère en Europe avec l'actualité au Moyen-Orient mais aussi la perception d'un islam qui serait essentiellement radical. Ceci n'avait-il pas trop pesé sur les échanges et quelle a été votre position en tant qu'africain musulman en plus de l'expert international que vous êtes et qui avait été invité par les autorités autrichiennes ?

Le climat était difficile mais il fallait rappeler aux interlocuteurs européens que sur la question du Proche-Orient, l’Afrique pourrait aider à dépassionner la crise actuelle. L’Afrique n’a pas eu les mêmes rapports avec Israël et des pays africains sont très engagés en faveur d’une solution juste et durable comme le Maroc avec l’appel pour une « alliance mondiale » lancée par le Roi Mohammed VI présidant le comité Al-Quds mais aussi le Sénégal à la tête du Comité onusien pour la défense des droits inaliénables du peuples palestinien depuis 1975. Il est temps que l’on donne sa chance au camp du dialogue, étouffé ces dernières décennies par les extrémistes des deux bords. Sur la perception de l’islam en Europe, je le pense profondément et je l’ai dit à Vienne : l’Europe devrait, de plus en plus intégrer l’évolution selon laquelle l’islam fait désormais partie de son paysage et que ces minorités musulmanes des différents pays sont des citoyens européens à part entière. Et je crois qu’il serait plus profitable, pour les pays européens, de considérer ces communautés comme une chance pour le dialogue dans un vieux continent devant assumer davantage son statut historique de creuset de civilisations loin de la vision essentialiste qui ne fera que l’affaire des extrémistes de toutes parts.

Dans son discours, lors de la cérémonie d’ouverture du colloque sur le dialogue interreligieux en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer, le 24 octobre 2023, Mme Yague Samb, directrice Sénégal du Timbuktu Institute a particulièrement insisté sur la nécessité de préserver la cohésion sociale. Le thème de cette édition du Colloque était « Religion et communication ». Ce fut le lieu de rappeler le rôle des médias et d’Internet dans le contexte actuel ainsi que leur enjeu pour la cohésion sociale dans le contexte pré-électoral actuel. Elle a aussi exhorté à un dialogue continu entre les cultures et les civilisations notamment avec l’actualité brûlante en Afrique et dans le reste du monde.

Voici, l’intégralité de son discours :

Je me réjouis, encore une fois, de prendre la parole au nom du Timbuktu Institute, partenaire de la Fondation Konrad Adenauer dans le cadre de ce colloque annuel et sur bien d’autres projets et initiatives principalement dans la recherche-action sur la prévention des conflits, la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Ce colloque annuel est donc un des temps forts de de ce partenariat constructif. Nous voudrions, ici, renouveler nos sincères remerciements à la Fondation Konrad Adenauer mais aussi notre engagement à toujours aller de l’avant et ensemble sur les chemins du dialogue, de la paix et du vivre ensemble. Cet engagement est d’autant plus significatif pour nous que notre monde contemporain, notre continent et notre sous-région font face à des défis multidimensionnels d’ordre sécuritaire mais aussi sociopolitique.

La tâche est énorme mais alléchante : à savoir comment construire les bases du vivre ensemble, renforcer la résilience de notre pays, le Sénégal, qui s’achemine vers des échéances importantes et cruciales avec comme défi et non des moindres : préserver le pays de l’instabilité environnante et assurer les conditions d’un progrès social, d’une prospérité partagée dans la paix et la concorde. Le thème de notre colloque de cette année « Religion et communication » arrive à point nommé et garde toute sa pertinence au regard de l’impératif du dialogue et de l’échange dans le respect de la dignité de tous et des principes et valeurs qui consolident notre commun vouloir de vie commune au niveau national, africain mais aussi international. C’est bien, l’éducatrice Françoise Dolto qui nous rappelait que : « tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences ». Ces mots résonnent aujourd’hui comme un rappel voire un rappel à l’ordre dans ces moments critiques que vit notre humanité certes soucieuse « de faire bien » mais qui n’arrive pas encore à « empêcher le triomphe du mal » et les « sanglants non-sens » pour paraphraser Thomas Mann.

Dans ce contexte, plus que jamais, le local et le global sont interconnectés, l’ici est instantanément ailleurs par la magie incontrôlée et non maîtrisée d’une toile d’araignée qui nous rappelle la fragilité de nos rapports humains. Ce paradoxe fait que nous avons l’impression de n’être jamais aussi connectés mais tout autant divisés, opposés par des conflits. Est-ce, donc, le signe d’une incapacité de communiquer alors que les moyens pour le faire n’ont jamais été aussi abondants et abordables ? Un certain Harold Pinter attirait notre attention sur le fait que pour sortir de ce paradoxe nous devons, par la communication, extérioriser notre volonté de rompre avec cet égoïste « mouvement intérieur qui cherche délibérément à esquiver la communication ».

Mais il faut continuer à oser l’optimisme si l’on sait la capacité de nos religions qui vont dialoguer, ici, pendant ces deux jours, à fournir des ressorts et des ressources nous permettant de mieux socialiser, de nous rencontrer dans l’esprit unificateur des messages religieux. En plus de l’optimisme, nous avons l’espoir de pouvoir, à chaque fois, quelles que soient les circonstances et les contingences, compter sur la volonté d’hommes responsables osant se libérer de la lettre pour se rencontrer dans l’esprit ou des « gens de l’isthme » comme disait l’Émir Abdelkader.