Timbuktu Institute

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Trois jours après la tentative de mercenaires, dirigés par le versatile Evguéni Prigojine, visant à marcher vers Moscou, la capitale de la Russie, les pays africains comme la Centrafrique et le Mali où Wagner s’est déployé gardent le silence. Pour autant, il sera de plus en plus « difficile d’imaginer » la poursuite de ces relations d’après Docteur Bakary Sambe, Directeur régional de Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies et enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dans le Nord du Sénégal.

En Afrique, le groupe Wagner peut-il survivre à sa mutinerie contre la Russie interrompue le 24 juin dernier ?
La présence du groupe paramilitaire en Afrique va être beaucoup plus difficile à imaginer. Surtout si les dissensions avec la Russie persistent. Étant donné que la couverture étatique n’est plus sûre, ou en tout cas ne sera plus ce qu’elle était, les pays africains n’opteront pas facilement pour ce type de coopérations. Le Mali et d’autres pays, liés avec ces éléments non étatiques, sont désormais entre le marteau de Wagner et l’enclume de Moscou. Si on regarde du côté des mouvements jihadistes, une alliance avec Wagner ne peut porter que sur des intérêts convergents. Car il y a un fossé idéologique qui les sépare. La criminalité transnationale, par exemple, est susceptible de faire naître une entente circonstancielle.
De toute façon, dans la région du Sahel, tout peut arriver. On voit aujourd’hui un accord improbable entre la junte burkinabè et des mouvements salafistes dans le but de combattre la présence française.

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a assuré que Wagner allait continuer ses opérations au Mali et en Centrafrique. Comment analysez-vous cette déclaration ?
Elle est pour le moins surprenante. Jusque-là Moscou niait tout rapport institutionnel avec Wagner. De leur côté, les pays africains ayant accueilli des mercenaires du groupe paramilitaire préféraient parler de coopération avec des instructeurs russes. Le discours du chef de la diplomatie russe montre à la face du monde qu’il y avait bel et bien un lien entre la milice et le Kremlin. S’il n’y a pas de subordination, il ne peut y avoir de rébellion. C’est un état de fait.
Au-delà de cet aspect, la déclaration de Sergueï Lavrov a toute son importance en Afrique. Elle ne remet pas en cause le déploiement de Wagner sur le continent noir. La Russie et l’Afrique ont un long passé de coopération militaire. De plus, il fut un temps où les intellectuels de la gauche africaine étaient formés à l’Université Patrice Lumumba de Moscou.

Toutefois, en matière diplomatique, la Russie manque encore d’agilité dans sa lutte avec les puissances occidentales sur le continent noir. Sous ce rapport, Wagner facilite son ancrage en Afrique sans engagement officiel de l’armée. Le recours à des combattants, fonctionnant sur un mode souple, est moins lourd en termes de logistique que l’envoi de militaires.

L’attitude d’Evguéni Prigojine vis-à-vis de Vladimir Poutine soulève la question de la fiabilité de Wagner en tant que partenaire. Les pays africains où les mercenaires russes sont actifs courent-ils un risque ?
Chez nous, on dit souvent que l’éleveur du bélier reçoit les premiers coups de cornes. Wagner montrait tous les signaux d’une autonomisation.  Et l’Afrique n’a pas autant de forces que la Russie pour contenir la menace. 

Je crois qu’elle ne peut pas mieux résister à la puissance de ce groupe qui n’est pas lié par les conventions internationales et les pratiques conventionnelles. En outre, le système de Wagner est basé sur un mercenariat avec l’exploitation des ressources du pays d’accueil pour s’autopayer.

Pour toutes ces raisons, j’estime qu’il est temps de se ressaisir.  Une coopération sécuritaire doit se nouer avec des États et non avec des organisations privées. Nous avons vu les conséquences de la privatisation de la sécurité au Centre du Mali. Il y a eu des exactions, des violations des droits de l’Homme et surtout l’exacerbation des conflits avec certaines communautés.

La principale leçon de la rébellion de Wagner est sa non fiabilité. L’extrême privatisation de la sécurité expose à des risques surtout quand on s’engage dans une aventure avec une milice qui échappe à tout contrôle. Les récents évènements montrent le danger que représente un tel choix.

Il faut savoir que les États africains collaborant avec Wagner se sont mis à dos une partie de la communauté internationale. L’Occident en particulier. Je ne sais pas si ces pays auront la latitude pour se débarrasser d’un groupe dont les méthodes sortent de l’ordinaire. Même Moscou ne maîtrise pas tout à fait Wagner.

Est-ce que ça veut dire que le mythe de la superpuissance de la Russie s’est effondré en Afrique ?
Sur notre continent, j’inscris le recours à la Russie comme une manifestation de colère à l’encontre de la France. En réalité, c’est un moyen de révolte, de contestation. Je sais que le Mali, tout comme d’autres nations, a bénéficié de matériels militaires russes. Néanmoins, les États africains devraient arrêter de penser qu’ils sont obligés de sous-traiter leur sécurité. Cette stratégie n’est pas viable.
À défaut d’une mutualisation des forces, il nous faut bâtir des armées nationales fortes, républicaines et procéder à une profonde réforme du système de sécurité dans nos pays. Nous devons également réfléchir à l’opérationnalisation des forces dites en attente. On gagnerait à étendre la coopération interétatique. L’intégration régionale au plan sécuritaire doit être une réalité. Mais ça ne sera pas facile à mettre en œuvre.

Pour moi, les solutions intermédiaires que constituent la privatisation et la sous-traitance de la sécurité nationale ne sont pas compatibles avec la souveraineté que l’on veut affirmer vis-à-vis de la France, de la Russie ou d’une autre puissance étrangère.

L’Afrique est en train de subir ce qu’on appelle l’offshore balancing. C’est un mécanisme par lequel des États, sur un territoire tiers, cherchent à se mesurer. Ici, l’enjeu est que le basculement géostratégique du continent noir ne se fasse pas à leur détriment. L’Afrique fait donc l’objet de nombreuses convoitises parce qu’elle peut changer le rapport de forces sur la scène internationale.

Source : Tamamedia

Ces dernières semaines sont marquées par la montée d’une extrême violence des djihadistes au Burkina Faso avec un bilan humain très lourd aussi bien bien pour les civils que pour les militaires. Les attaques de Kourakou et de Tondobi, deux villages proches de la frontière nigérienne, survenues le 7 avril, ont occasionné 44 décès civils et des blessés. Les 15, 16 et 18 avril, eurent lieu 4 attaques dont une double dans la journée du 18, tuant respectivement 6 soldats et 34 Volontaires pour la défense de la partie (VDP) supplétifs civils, dans la région du nord, près du village d’Aorema puis deux militaires du détachement militaire de Kongoussi, dans le centre-nord et au moins 24 personnes, dont 20 supplétifs civils de l’armée, dans la localité de Zekézé, au centre-est du Burkina.

Rapporté par le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) qui est une organisation de défense des droits de l’homme burkinabè, une attaque meurtrière est survenue à Karma, un village du nord du Burkina Faso tuant 136 civils dont 50 femmes et 21 enfants, le 20 Avril. Cependant, les auteurs du massacre restent encore officiellement inconnus. Même si les autorités burkinabè ont tenté d’imputer cette attaque à des groupes djihadistes, les rescapés de la tuerie, pointent du doigt l’armée burkinabé et demandent à l’Etat de reconnaître sa responsabilité dans ce massacre. Certains exigent non seulement des excuses mais aussi des réparations.

Dans la matinée du jeudi 27 avril 2023, une attaque attribuée à des djihadistes lourdement armés sur un détachement militaire d’Ougarou, dans l’est du Burkina Faso, a occasionné le mort de 33 soldats et 12 blessés. Selon le communiqué de l’armée burkinabè, les soldats ont réussi à neutraliser au moins quarante terroristes "face à un ennemi venu en très grand nombre".

D’autres opérations de l’armée ont permis de neutraliser plus de 150 terroristes informait la télévision nationale le lundi 8 Mai avant que n’intervienne une nouvelle attaque terroriste dans le village de Youlou causant 33 morts. Entre temps, Dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision publique burkinabè, le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, avait exclu toute possibilité de négociation avec les groupes armés terroristes, privilégiant l’option militaire: "La guerre n’a pas encore commencé : Nous sommes d’abord à l’introduction, des phases intenses suivront", a insisté le capitaine Traoré, tout en faisant cas d’acquisition d’armes de guerre pour mieux équiper les soldats et leurs supplétifs.

 

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

Dans une logique de consolidation du régime en place, le président de la transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby, continue de prendre des mesures pour apaiser le climat sociopolitique. A cet effet, 380 rebelles du Front pour l’Alternance au Tchad (FACT), condamnés en premier ressort à perpétuité au mois de mars, ont été libérés le 5 avril par grâce présidentielle. Cette grâce survient sept mois après la remise en liberté d’une dizaine d’opposants ayant participé aux manifestations d’octobre 2022 contre le régime en place.

Par ailleurs, selon certains indices, le torchon semble brûler entre N’Djamena et Berlin. En effet, l’ambassadeur d'Allemagne au Tchad, Jean-Christian Gordon Kricke, a été sommé de quitter le territoire tchadien sous 48h dans un communiqué datant du 7 avril pour "attitude discourtoise" et "non-respect des usages diplomatiques".

En réalité, l’ambassadeur allemand est accusé d’ingérence dans les affaires intérieures du pays, en évoquant la lenteur du régime militaire à organiser des élections qui redonnent le pouvoir aux civils et en critiquant l’impunité dont jouit les autorités de transition à la suite des manifestations meurtrières de l’opposition en 2022 qui avaient fait plus d’une centaine de victimes. Par mesure de réciprocité, et n’ayant pas d’explications sur les faits reprochés, le ministère allemand a notifié dans un tweet avoir convoqué et prié l’ambassadrice tchadienne à Berlin, Mariam Ali Moussa, de quitter l’Allemagne. La tension n’est pas prête de redescendre même si les autorités tchadiennes tentent d’assurer que les relations entre les deux pays restent intactes.

Pendant ce temps, l’administration, les ONG et les journalistes intervenant dans la région du Lac, précisément dans le sud-ouest sont formels sur le fait que Boko Haram a changé de mode opératoire. Les combattants opéreraient la nuit en petits groupes afin d’éviter l’armée tchadienne. Ils auraient même changé de cibles : "Boko Haram a changé ses méthodes d'action". Ils ont commencé par "enlever les personnels de l'État ou des ONG pour les échanger contre des rançons", nous informe Adoum Mahamat Mbomi, préfet de Fouli, département situé dans la province du lac Tchad, "(...) Des jeunes garçons et des jeunes filles aussi. Parfois, ils s'échappent à Boko Haram. D'autres sont échangés contre rançons, et il y en a qui sont gardés comme combattants", poursuit-il.

Face à cette situation d’insécurité, combinée aux inondations qui ont frappé toute cette région et devant l’impossibilité de prendre en charge les 45000 personnes déplacées, les forces vives de la région du lac Tchad se sont réunies autour d’ "un Forum contre la nébuleuse Boko Haram", demandant au gouvernement de multiplier les bases et patrouilles militaires et d’armer les chasseurs du coin.

Plus loin dans le centre du pays, un conflit intercommunautaire fait 14 morts. Les faits se sont déroulés dans la localité de Mangalmé, Province de Guera dans le centre du Tchad. Un vol de bétail est à l’origine de ces violences. Le Gouverneur de la Province et les forces de défense et de sécurité ont réussi à appréhender les voleurs présumés. L’Action Humanitaire Africaine (AHA), ONG militant pour la défense des droits humains, demande une réponse du gouvernement tchadien face à ces tensions récurrentes. D’autant plus que, 11 personnes ont également été tuées suite à un autre vol de bétail, cette fois-ci dans le village de Mankadé situé dans la sous-préfecture de Laramanaye et 17 autres personnes tuées dans la zone de Logone orientale, dans un village. Sur le banc des accusés, figure des Tchadiens venus de Centrafrique.

Avec la coopération signalée des soldats centrafricains suite à la mise en place de "l’action militaire conjointe" par les états-majors des deux pays, une opération militaire inédite a été lancée par l’armée tchadienne qui a réussi à tuer une dizaine de voleurs. Le général assure que les soldats tchadiens sont rentrés au Tchad avec 30 prisonniers et 130 bœufs volés. Les présidents Faustin Archange Touadéra et son homologue Mahamat Idriss Déby "ont pris cette décision ensemble pour éradiquer les banditisme de chaque côté de la frontière", assure Bangui Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain à l’AFP.

Malgré "l’opération conjointe", une nouvelle attaque qualifiée de "massacre d’une grande cruauté" s’est produite le 17 mai au matin et a fait 26 victimes et plusieurs blessés tout près de la frontière centrafricaine et ce, sur le dos de l’armée tchadienne. Une opération militaire conjointe lancée par les militaires tchadiens et centrafricains contre des bases de ces "bandits" a permis de ramener les bœufs volés, et occasionné des blessés et des morts. Le ministre tchadien de la défense rassure que les populations vont enfin souffler grâce à cette opération militaire conjointe. Ses propos ont également été confirmés par le président centrafricain à Radio France International (RFI).

 

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

 

Il est vrai que la crise politique actuelle au Sénégal a beaucoup attiré l’attention des médias internationaux alors que les impératifs de sécurité, notamment aux frontières, occupent aussi l’agenda institutionnel.

Dans un contexte d’insécurité dans la sous-région, liée à l’extrémisme violent et au djihadisme, le Sénégal continue de sécuriser ses frontières pour empêcher l’intrusion de djihadistes sur son sol. Le président Macky Sall l’a rappelé ce 22 avril dans une interview accordée au Groupe Futurs Médias (GFM).

Affirmant que l’armée sénégalaise ne ménage pas ses efforts pour assurer la sécurité du pays non seulement à l’intérieur, mais aussi au niveau des frontières en déployant de gros moyens et en multipliant l’implantation des postes de contrôle sur les frontières dont les plus sensibles sont celles de la Mauritanie et du Mali touchés par l’insécurité.

Dans la foulée, non loin de ces pays frontaliers, à Matam, une alerte a été lancée par un vigile sur la présence de 18 terroristes à la frontière. D’après ses explications, il aurait vu des hommes armés et encagoulés. Cette annonce a créé une peur au niveau des populations de Matam et de ses environs.

Depuis cette alerte, les forces de défense et de sécurité disent être à pied d’œuvre pour élucider la présence de ces hommes armés. Dans le même temps, des doutes émergent sur la véracité de l’information donnée par le vigile. Néanmoins, l’armée sénégalaise reste engagée à assurer la sécurité du pays.

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

Depuis 2021, les forces béninoises ont enregistré une vingtaine d’incursions djihadistes, venant de la partie partie frontalière du Burkina Faso, pays très touché par les attaques. Cela montre l’urgence face à la menace persistante du djihadisme dans la sous-région.

Préconisant la méthode préventive impliquant les communautés, les forces armées béninoises ont lancé une campagne de recrutement de jeunes âgés de 18 à 30 ans afin de les former d’abord sur les techniques de sécurisation et de défense puis procéder à un déploiement, avec l’accompagnement des forces armées, dans les zones où les tentatives d’incursions des djihadistes sont notables.

Dans cette lutte contre le terrorisme, le Bénin est accompagné par des partenaires notamment les États-Unis d’Amérique qui ont prévu de débloquer une aide d’une valeur de cent millions de dollars qui va s’étaler sur dix ans, pour les pays du Golfe de Guinée comme le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo, menacés par l’extension du djihadisme qui sévit dans le Sahel. Cette annonce de responsables américains en date du 7 avril dernier fait suite à la visite, en mars dernier, de la vice-présidente américaine Kamala Harris au Ghana dans le cadre du renforcement des liens diplomatiques de Washington avec l’Afrique. Ce soutien a également pour but d’empêcher la progression des mercenaires du groupe privé russe Wagner dans les pays du Sahel.

D’un autre côté, le président béninois Patrice Talon a reçu son homologue rwandais Paul Kagame à l’occasion d’une visite d’État durant le week-end du 14 au 16 avril. Au menu des discussions : le renforcement de l’économie et la lutte contre le djihadisme. Dans cette coopération militaire, il est notamment prévu que Kigali apporte son soutien logistique à Cotonou et participe au déploiement conjoint de troupes dans le nord du Bénin, touché par des attaques. Une opération lourde de risques d’après certains analystes, doutant des capacités d’adaptation des forces rwandaises aux réalités complexes du Nord du Bénin.

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

Selon Dr Bakary Sambe, il faut adopter une approche mixte pour lutter efficacement contre la menace extrémiste. Une démarche qui ne fait bien sûr pas fi de l’aspect militaire, mais insiste sur les  niches de radicalisation pouvant conduire au terrorisme. Ces dernières se retrouvent généralement dans l’intersection de trois paramètres. D’abord la faible capacité d’inclusion socio-économique et politique des États, ensuite les marginalisations et injustices subies par les communautés et enfin, l’aptitude des groupes extrémismes violents à instrumentaliser ces griefs.

L’efficacité dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme requiert la mutualisation des efforts des pays de la sous-région. Dans cette optique, les autorités nigériennes privilégient la voie diplomatique afin de porter le combat dans les instances internationales, mais aussi dans les institutions régionales. En effet, le 3 avril, le président de l’Assemblée nationale nigérienne, Seyni Oumarou, devant les parlementaires ivoiriens, a proposé la mise en place d’un nouvel organe interparlementaire du G5 Sahel, afin que les parlementaires d’horizons divers de la sous-région puissent s’organiser ensemble dans la lutte contre le terrorisme.

Cet appel à l'union entre les pays du Littoral et ceux du Sahel, pour une meilleure coordination face à l’insécurité est salutaire. En effet, les difficultés en termes de coopération au sein des organes sous-régionaux qui luttent pour la sécurité, à l’image du G5 dont le Mali, ont fait que l’un des principaux acteurs se retire à cause d’une possible opposition de certains États membres à ce que le Mali ne prenne la présidence tournante du G5-Sahel.

De plus, le 24 avril, un autre incident survient suite à une déclaration du général nigérien Mahamadou Tarka dit Abou sur le Burkina Faso et le Mali. Le Président de la Haute autorité de consolidation de la paix (HACP) a déclaré que ces pays se sont détournés de certains partenaires dans la lutte contre le terrorisme.

La réaction ne s’est pas faite attendre du côté des autorités burkinabè à travers un communiqué qui précise que le général nigérien a "un besoin avéré de mise à niveau sur l’évolution du contexte sécuritaire actuel au Burkina Faso, dans le Sahel, et sur l’histoire des deux pays".

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

La dernière attaque terroriste du mois de février où 31 personnes ont été enlevées puis égorgées dans le village de Tola et de Gningou, au nord du Togo, est d’un effroi sans précédent. Attribuée au groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM - JNIM), elle avait suscité l’émotion mais aussi l’indignation de la population au sujet de la stratégie de la discrétion optée par le gouvernement à propos de la menace djihadiste. Cette démarche sonne comme un aveu d’échec face à une montée fulgurante de l’extrémisme violent et du terrorisme dans les pays côtiers d’Afrique de l’ouest. Pour les dirigeants togolais, il était impératif de réagir contre la montée de la violence extrémiste débordant de plus en plus de l’épicentre sahélien. Étant frontalier du Burkina Faso en proie à des attaques terroristes, le Togo est victime d’incursions djihadistes sur son territoire notamment dans la région des Savanes, située dans l’extrême nord du pays. Depuis 2021, des groupes armés y commettent des attaques. Fort de ce constat, les autorités togolaises semblent vouloir rectifier le tir. 

En effet, le président Faure Gnassingbé a révélé ce 27 avril, date marquant l’anniversaire de l’indépendance de son pays, lors d’une interview, que les attaques djihadistes au nord du Togo ont tué 140 personnes. Pour faire face à cette menace grandissante, le chef de l’État prévoit de mettre en place « une stratégie à trois volets» qui consiste d’abord à se défendre par les armes, ensuite promouvoir la déradicalisation ou la prévention de la radicalisation, et enfin priver les terroristes du recrutement des jeunes utilisés comme combattants. 

Toujours concernant les stratégies de lutte contre le terrorisme, le parlement togolais a prolongé de 12 mois l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes, qui avait été décrété par l’exécutif, en juin 2022. Ce régime exceptionnel est mis en place pour permettre aux forces de défense et de sécurité ainsi qu’aux autorités locales de cette région, de prendre des décisions urgentes et adéquates pour lutter contre la montée de l’extrémisme violent et le terrorisme. 

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute