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La Secrétaire Exécutive Adjointe de la Commission Nationale Electorale (CNE), Idrissa Diallo, a annoncé ce jour 6 Juin 2023, que les résultats provisoires des élections seront publiés le 7 du mois en cours, mercredi prochain.
Il a assuré que pendant les opérations précédant le vote, il n'y a eu aucune situation susceptible d'entraver le processus.
"Nous avons assisté au processus de vote avec des journalistes, des partis et des coalitions de partis, des organisations de la société civile et des observateurs internationaux, qui ont surveillé et suivi, étape par étape, le déroulement du scrutin. Certaines d'entre elles étaient infondées et non pertinentes, tandis que d'autres, liées à du matériel électoral non sensible, ont été rapidement et correctement traitées", a-t-elle déclaré.
Mme Diallo a indiqué que la CNE a été confrontée à deux ou trois situations qui méritaient une attention particulière, à savoir la situation d'électeurs dont les noms ne figuraient pas sur les listes électorales mais qui étaient titulaires d'une carte d'électeur, un fait constaté dans certains districts du secteur autonome de Bissau.
Cependant, il ne s'agit pas seulement de problèmes informatiques, mais plutôt d'un manque de diligence de la part des électeurs qui n'ont pas profité de la période de réclamation pour permettre la correction de certaines irrégularités et omissions qui auraient pu être constatées pendant la période d'inscription de ces électeurs.
"La CNE a utilisé les médias pour exhorter la population à rester calme, sereine et vigilante afin que les principes et les valeurs d'intégrité électorale, défendus par la Commission Nationale Electorale, puissent être préservés en tant qu'acquis démocratiques. Nous pouvons donc affirmer que les élections se sont déroulées dans une atmosphère de cordialité, de coopération et de solidarité entre les parties, et que les bases d'une élection ordonnée et pacifique ont été jetées", a-t-elle déclaré.
Force est de constater que selon des sources dignes de foi, le taux de participation est estimé à 70%.
Environ neuf cent mille (900.000) électeurs sont actuellement en train d’exercer leur droits civiques, ce jour 4 Juin 2023 ; date à laquelle se tient le scrutin législatif afin d’élire un Premier Ministre légitime qui va immédiatement former un nouveau gouvernement. L’Assemblée Nationale Populaire, pour des raisons de crise politico-institutionnelle profonde, a été dissoute le 18 Mai 2022 par décret présidentiel. La Guinée-Bissau se prépare à vivre sa 11ème législature depuis l’ouverture démocratique en 1994.
Les bureaux de vote ont ouvert à l’échelle nationale, comme prévu, à 7 heures temps universel, ce matin. Le scrutin se déroule normalement, à l’exception de certains districts électoraux un peu partout dans le pays, où des citoyens ont été empêchés d’exercer leurs droits civiques, faute d’être régulièrement inscrit sur les listes électorales. Il convient, par ailleurs, de constater que certains électeurs n’ont pas pu voter du fait d’avoir été mutés dans des bureaux de votes éloignés pour des raisons de congestionnement.
La Commission Nationale électorale (CNE), pour décongestionner les bureaux de vote ayant 400 électeurs, était obligée d’en muter l’excédent ailleurs. C’est le seul incident qu’il convient pour l’instant de signaler. A 17 heures, les bureaux de vote doivent fermer à l’échelle nationale afin de procéder au décompte des voix.
La presse a pu parler à certains leaders politiques qui ont voté dans la matinée à Bissau.
Domingos Simões Pereira leader de la coalition PAI constituée par le PAIGC et 18 autres partis politiques dont l’Union pour le Changement (UM) :
« Ce scrutin législatif va permettre à la Guinée-Bissau d’élire un nouveau Premier Ministre légitime. Les priorités du programme élaboré par la coalition sont les secteurs éducatifs et sanitaires. Notre souhait c’est que tous les citoyens exercent librement leurs droits civiques, sans restriction ni contraintes. Nous sommes persuadés que les bissau-guinéens sont déterminés à tourner la page douloureuse qu’ils sont en train de vivre actuellement » a déclaré Domingos Simões Pereira, peu après avoir exercé son droit de vote.
Braima Camara, Coordin ateur du Mouvement pour l’Alternance Démocratique (MADEM G15) :
« Je suis venu exercer mon droit civique. Je saisis l’occasion pour lancer un vibrant appel à mes concitoyens afin qu’ils sortent voter en masse » a affirmé Braima Camara.
Quelques électeurs se sont adressés, à leur tour, à la presse :
Dikson MADE, étudiant, 23 ans
« Mon vote est précieux et très important pour l’avenir de mon pays en tant que citoyen qui exerce son droit civique le plus inaliénable. La Guinée-Bissau traverse une crise de leadership sans précédent. Qui plus est, elle est confrontée à une inflation galopante qui se répercute sur les produits de première nécessité. Mon choix va porter sur le parti qui propose le meilleur programme de gouvernance ».
Malam Cissé, chauffeur de taxi, 32 ans
« Je suis venu voter pour trouver une issue à la crise politico-institutionnelle à laquelle mon pays est confronté depuis l’ouverture démocratique en 1994. Une crise qui s’est aggravée davantage en Août 2015, lorsque le président José Mario Vaz a limogé son Premier Ministre Domingos Simoes Pereira pour des raisons d’insubordination.
J’ai bien l’espoir que, cette fois-ci, le président et son premier ministre sauront cohabiter et renouer le dialogue rompu pour le bien de notre pays. La Guinée-Bissau a besoin de paix et de stabilité de son gouvernement afin de mettre un terme à la crise économique qu’il traverse depuis belle lurette déjà ».
Cadija Baldé, 28 ans, ménagère
« J’ai voté pour que mon pays retrouve la paix et la stabilité. Ce scrutin législatif va nous permettre d’élire un nouveau Premier Ministre et de faire en sorte que les jeunes puissent trouver de l’emploi en attirant un grand nombre d’investisseurs. Voilà l’une des alternatives pour combattre la faim qui est en train de sévir à Bissau et à l’intérieur du pays. 80% des familles vivent de la noix de cajou. Aujourd’hui ce produit stratégique se vend à 150 FCFA le kg alors que le gouvernement avait fixé le prix indicatif à 375 FCFA le kg depuis le début de la campagne de commercialisation au mois d’avril dernier ».
La présence turque en Afrique a suscité ces dernières années beaucoup d’intérêt chez les diplomates mais aussi les spécialistes des relations internationales. Elle est souvent analysée par les experts occidentaux sous le prisme d'une irruption dans un espace que certains considéraient comme une chasse gardée ou parfois avec une lecture inscrite dans le cadre de la nouvelle compétition des modèles entre puissances incarnant la démocratie libérale et d'autres qui seraient le symbole d'un retour des autocraties. Dans cette interview donnée par Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, revient sur la trajectoire de l'ancrage turc en Afrique subsaharienne avec une vision à partir du continent et des nouvelles réalités géopolitiques qui s'y dessinent. Cette interview est issue de la chronique hebdomadaire en partenariat avec Medi1TV en entretien avec Sana Yassari.
Dr. Bakary Sambe, Recep Tayyib Erdogan vient d’être réélu à la tête de la Turquie. Ces dernières années, il a été beaucoup question de la présence turque en Afrique. Cette réélection d’Erdogan va-t-elle renforcer l’implication de son pays sur le continent? Ou pourrait-on plutôt s’attendre à une rupture majeure?
Il est clair que le Président Erdogan avait initié une véritable politique d’intensification des relations avec l'Afrique. Mais un fait important est qu’Ankara, lui-même, a procédé au démantèlement de son propre instrument d’influence dans le cadre de la lutte acharné contre Gülen. Suite à la tentative de coup d’Etat de 2014, Ankara a fait pression sur les États de la région pour se débarrasser de deux structures qui faisait figure de relais de la diplomatie turque au Sahel qui réalisait une percée plus remarquée au sein de l’intelligentsia et des acteurs économiques majeurs : la confrérie Gülen et Atlantique Turquie Sénégal Association (ATSA). Alors que ce mouvement disposait d’une grande capacité de mobilisation et de déploiement à l’étranger, réunissant au sein d’une confédération de différentes associations d’hommes d’affaires qui comptent plus de 15 000 membres, des adeptes se regroupent autour de projets de grande envergure. Malgré l’intérêt pour l’Afrique, la prise de position du président Erdogan suite au retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan, ses déclarations sur les réfugiés menaçant la sécurité intérieure et la stabilité même de la Turquie en plus de son « problème kurde », ne laissent aucun doute sur les véritables préoccupations internationales de la Turquie. Oui la Turquie s’impose davantage sur le plan commercial et de la réalisation d’infrastructures bénéficiant, comme la Chine d’ailleurs, de l’image d’un pays sans passé impérial, principalement orienté vers la conquête de nouveaux marchés au détriment des anciennes puissances coloniales. Mais il est clair que les ambitions africaines de la Turquie vont bien au-delà de l’économie
Pour une analyse sur la durée, pourriez-vous vous expliquer comment la Turquie a pu s’implanter en Afrique au point de concurrencer aujourd’hui des puissances classiques qui commencent même à la voir comme un réel concurrent dans le cadre des nouveaux partenariats en cours sur notre continent?
Oui dès le début des années 2000, certaines initiatives turques venaient soutenir une politique étrangère qui prenait à peine ses marques sur le continent. La Turquie suivait, ainsi, les pas du Maroc qui s’appuyait sur l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). Pour soutenir cette nouvelle politique, à l’instar des partenaires traditionnels et des nouveaux « players » dans la région, Ankara voulait se doter d’un outil d’échanges performant : la TIKA. L’Agence de coopération et de développement de Turquie ouvrit un Bureau Régional à Dakar en 2007. Dans ce contexte, la diplomate confiait que la politique étrangère turque vers l’Afrique « n’est pas seulement basée sur des objectifs économiques et commerciaux, mais intègre également une approche globale qui inclut le développement de l’Afrique par une assistance technique et des projets dans les domaines tels que la lutte contre les maladies, le développement agricole, l’irrigation, l’énergie et l’éducation, et un flux régulier d’aide humanitaire ».
Mais on sait que, culturellement et géographiquement, la Turquie est trop loin de ces régions où elle chercher un plus important ancrage. Cet ancrage est-il alors le fruit d’une stratégie d’influence à laquelle ses concurrents d’aujourd’hui n’ont pas fait attention ces dernières décennies ?
Effectivement, il persiste encore, de fortes pesanteurs qui ne militent pas en faveur d’une politique d’influence efficiente. Ankara est, certes, en train de réaliser une percée au plan économique avec la réalisation d’infrastructures telles que l’aéroport de Niamey au Niger et une forte implication dans la réalisation des projets de la nouvelle ville de Diamniadio aux alentours de Dakar Il y a aussi une redynamisation de cette politique dans le domaine éducatif religieux avec notamment l’implantation d’un complexe islamique dans la capitale guinéenne, Conakry où la Turquie a tenu à dépêcher des enseignants « sous contrôle » surtout après le « coup d’Etat » manqué de 2014. Mais, en définitive, le terrain sahélien pose encore à Ankara plusieurs défis loin d’être relevés pour s’affirmer en tant qu’acteur imposant dans le grand jeu qui s’y déroule. Ankara n’a encore ni la puissance économique de la Chine avec ses leviers diplomatiques et stratégiques, ni l’ancrage historique au sein de l’élite politique à l’instar des partenaires occidentaux et encore moins l’agilité diplomatique de se construire un capital-image au point de rattraper son désavantage par rapport au Maroc et à l’Arabie Saoudite, notamment, sur marché des biens symboliques et religieux. Mais cette présence turque en Afrique de plus en plus affirmée est une réalité géopolitique avec laquelle il faudra, désormais, compter.
Source : Timbuktu Institute
Fake news or unverified information distilled on social media networks, the influence of influencers on public opinion, the race for scoops and buzzes, these are all factors exacerbating the uncontrolled effects of the democratisation of the dissemination of and access to information in the digital age. The countries of the Sahel, which also lack regulatory frameworks, have to cope with this flow of information and its manipulation by various players and increasingly with information warfare.
All these are against a backdrop of internal political uncertainties, tensions, security threats and diplomatic escalations. Recently, false information almost sparked off riots in Mali and other countries in the region, against a backdrop of the fight against terrorism and challenges to foreign military presence. Against this backdrop of threats to security, stability and the democratic gains that have been made, Trumpet Newspaper, spoke to Dr. Bakary Sambe, the Regional Director of the Timbuktu Institute, a regional think tank based in Bamako, Dakar and Niamey. His organisation has just set up an Observatory of Social Networks in the Sahel and plans to launch a major initiative to train journalists and online media to combat this scourge.
Trumpet— Dr.Bakary Sambe, in a recent study you conducted in 7 countries in the Sahel and Lake Chad Basin, you drew attention to this phenomenon. Can you go back over to this context?
Dr. Sambe… This perception study conducted by the Timbuktu Institute was a world first, focusing on the Sahel by interviewing more than 4,000 Sahelians simultaneously in 7 countries (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritania, Cameroon, Senegal and Chad) using the CAP (Knowledge, Attitudes and Practices) method. The study measured the perceptions of the people of the Sahel, focusing on misinformation and the manipulation of public opinion through various media, including digital media. Taking place against the backdrop of a serious health crisis coupled with socio-economic anguish, the survey was based on technological means of data collection and processing on a platform designed entirely by African engineers, while making ample room for qualitative approaches to capture endogenous specificities beyond mere statistics.
Trumpet–What were the overall trends, especially in terms of people’s trust in the media and political authorities?
Dr. Sambe— As well as confirming the trends seen at the start of the pandemic, in particular Africa’s surprising resilience during the first wave, the study established the unquestionable plebiscite of the audiovisual media, with Sahelians showing a high level of confidence in the written press. Adopting a differentiated approach, taking into account the specific characteristics of rural and urban areas, the study highlighted the importance that Sahelians attach to religious and traditional leaders as vectors of credible information, far ahead of the highly contested state media and official communication channels, whether national or international.
This means that, from now on, the region’s governments will increasingly face challenges to official information and information from international organisations such as the UN and international partners such as the European Union, especially the French media, which have been perceived as distilling partisan information. For example, only 32.5% of Sahelians surveyed said they had a certain amount of confidence in the government authorities, even when it came to health information about the COVID-19 pandemic.
Trumpet—, How much trust was placed in the media as information vectors in a context marked by the dominance of social networks?
Dr. Sambe… It’s true that between 2011 and 2018, the rate of Internet used is more than doubled on our continent as a whole, rising from 13.5% to 28%. But there is a paradoxical attitude towards social networks among the people of the Sahel. While they are increasingly seen as alternative media and a space for freedom in relation to official regulated information, there is a certain mistrust of information that is disseminated on them. The statistics are categorical even though more people in the Sahel trust television (86%), radio – which has become much more democratic, even in remote areas, enjoy a high level of trust. Some 84% of Sahelians have confidence in radio. However, the rate of connectivity has risen to over 360% in the last decade, and smart phones have become a widespread means of accessing information.
Trumpet—, Are there disparities in this respect, and what are the consequences for our countries?
Dr. Sambe– According to the study, more men, young people and urban dwellers get their information from the Internet and messaging applications. It would seem that the gender dimension of horizontal inequalities is also reflected in terms of access to online information. Women and people living in rural areas and the elderly make only modest use of it. The paradox is that rumours, for example, are more likely to spread in rural areas than previously among less educated populations with less capacity for discernment and critical questioning in the face of disinformation companies. This is the effect of applications such as WhatsApp, which do not require a high level of literacy to use. The most worrying aspect is that the majority of people in the Sahel appear to be incapable of quickly detecting false information.
In addition to gender disparities, there is the question of educational level. The study clearly showed that educated people are better able to detect false information, while access to the Internet is becoming more widespread with applications that do not require a certain level of education to master. This false information is often aimed at young and vulnerable audiences, targeted directly on their smart phones. The development of an online press in perpetual search of buzz and economically vulnerable accentuates the phenomenon. This represents a real threat to stability and democratic gains in the Sahel.
In Mali and other Sahelian countries, we seem to be seeing signs of real information war in the context of rivalries between foreign powers.
The Sahel has recently become a testing ground for all forms of influence communication. In the context of insecurity and political instability, disinformation takes many forms and hides behind many well targeted communication campaigns. The period of transition with the rise of various forms of contestation of dominance against the backdrop of diplomatic escalation and the war of positioning of new powers, is particularly conducive to this phenomenon. But by stepping up the information war, we are playing with fire.
The situation in Burkina Faso is worrying, with a rise in inter-community conflicts which, as in Mali could spread throughout the region. The fight against disinformation is an issue of security and stability for the countries of the Sahel. In times of crisis and public anxiety, attempts to manipulate public opinion via social media networks and the various mediums can compromise public policies and credibility of institutions. This represents a serious threat to the viability of states, the democratic system, peace and security in the Sahel.
Source : The Trumpet (Gambia)
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Au Burkina Faso, le capitaine putschiste Ibrahim Traoré prend les rênes du pays avec des défis sécuritaires et économiques à relever, sur fond de reconquête du territoire national, de la lutte contre le terrorisme, de mal gouvernance et de corruption. Ses premiers jours au pouvoir sont marqués par la rupture de l’accord de coopération autorisant depuis 2018 les membres des forces spéciales françaises à opérer au Burkina Faso dans un contexte tendu entre ces deux pays, alors que la Russie tente d’avancer ses pions. Les autorités de la transition appellent à un sursaut patriotique et comptent sur ses différents alliés pour pallier ce manquement afin de combattre le djihadisme et faire face aux divers problèmes de développement du pays. Depuis la reprise du pouvoir par la junte, les propos incendiaires s’accentuent contre la CEDEAO. Suite aux sanctions imposées au Burkina Faso, les discours "anti-français" surgissent et des manifestations pour réclamer une coopération sécuritaire avec la Russie se multiplient.
Selon certaines analyses encore relativement peu documentées, le profond désaccord avec la France rendrait possible l’arrivée prochaine des mercenaires du groupe Wagner et le renforcement d’un axe Ouagadougou-Moscou. Mais chez les officiels, notamment au sein de la CEDEAO, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a publiquement confirmé que le Burkina Faso a conclu un accord avec le groupe paramilitaire Wagner, dirigé par l'homme d'affaires russe Evgueni Prigojine. La junte en place, rejette cette accusation arguant de son droit à la diversification des partenariats qui indisposent certaines puissances occidentales. La Russie, quant à elle, dément aussi les rumeurs sur la présence de Wagner au Burkina Faso. Néanmoins, le vice-ministre des affaires étrangères russe, Mikhaïl Bogdanov, a fait part de la volonté de Moscou de « participer activement aux efforts collectifs pour la stabilisation » du pays, en proie à des violences djihadistes. Le groupe Wagner est une organisation paramilitaire qui œuvre dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie. Présent un peu partout dans le monde, ce groupe étend ses tentacules en Afrique depuis quelques années, où il est sollicité pour faire face au terrorisme qui y sévit. Ce qui n’est pas du goût de certaines puissances occidentales, qui voient leurs intérêts menacés.
C'est dans ce sillage que le groupe paramilitaire a été désigné récemment comme une organisation terroriste internationale par les États-Unis d’Amérique et a subi des sanctions de l’Union européenne. Cette riposte des Occidentaux est aussi un moyen pour déjouer les enjeux géostratégiques de la Russie qui mène une opération de charme en Afrique pour imposer sa puissance militaire et économique. Lors de la dernière rencontre des envoyés spéciaux de l’Union Européenne au Sahel, il semblerait que le débat fut houleux dans les coulisses sur l’attitude de l’Europe vis-à-vis des autorités de la transition. Le syndrome malien et la hantise d’une perte d’influence de l’Europe face à ses « concurrents » ont semblé lourdement peser sur les débats au point où l’Union européenne ne semble plus fermer plus la porte d’un dialogue et d’une interaction continue avec le nouveau pouvoir. Et ce, malgré les réticences de Paris apparemment isolée dans cette position radicale du rejet des autorités issues d’un second putsch inaugurant une nouvelle ère d’instabilité au Burkina Faso, et peut-être au Sahel.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
L’accord de paix, qualifié d’historique, signé le 8 août 2022 entre le gouvernement de la transition dirigée par le président Mahamat Idriss Déby et des groupes politico-militaires, à l’issue du dialogue de Doha au Qatar, est une étape très importante pour la réconciliation au Tchad. L’accord prévoit entre autres un cessez-le-feu général, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des rebelles, une loi d’amnistie et la libération de prisonniers. Mais ce dialogue qui devrait être inclusif, ne l’est pas réellement, malgré la participation d’une partie de l’opposition, de la société civile, des professionnels, des chefs traditionnels et des religieux. On note l’absence de plusieurs acteurs politiques majeurs et certains groupes rebelles. Parmi une cinquantaine de groupes représentés au Qatar, il y en a qui n’ont pas signé l’accord. Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR) dit ne pas vouloir faire partie d’un dialogue dont il ignore les objectifs. Le FACT (Front pour l’alternance et la concorde Tchad), l’un des plus importants groupes rebelles et qui est à l’origine de l’attaque qui a conduit à la mort du maréchal Idriss Déby Itno, n’est pas associé.
Après son accession au pouvoir, Mahamat Deby Itno avait défini une période de 18 mois pour le retour à un régime civil. Mais ce n’est qu’à deux mois de ce délai que le dialogue national s’est tenu, fin août. C’est au sortir de cette rencontre que la décision d’une prolongation de 24 mois supplémentaire a été prise, créant encore plus d’incertitude sur l’organisation des élections libres et équitables d’un gouvernement civil et la crainte du maintien au pouvoir de Mahamat Deby Itno. Le 20 octobre 2022, la population est descendue dans la rue pour contester la prolongation de deux ans au pouvoir du général Mahamat Deby Itno, mais il s’en est suivi la mort d’une cinquantaine de manifestants tirés à balles réelles par les forces de l’ordre.
L’opposition tchadienne dénonce fermement le silence de la communauté internationale qui s’est gardé de condamner les violences du régime militaire de transition, en raison du fait que cette communauté internationale considère le Tchad comme un partenaire clé dans la lutte anti-terroriste. Les organisations régionales africaines semblent plongées dans une certaine impasse face à ce qui se dessine pour l’avenir du Tchad. La situation de ce pays semble cristalliser beaucoup de critiques vis-à-vis des puissances occidentales, notamment, la France qui n’a pas pu afficher la même sévérité et la même distance que ce fut le cas lors des putschs au Mali, et en Guinée dans une moindre mesure.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Dans un communiqué du ministère de l’intérieur, par ailleurs, en charge des élections, les autorités annoncent la date de la prochaine élection présidentielle fixée au dimanche 25 février 2024. À un an des élections, qui seront les candidats ? C’est la grande question qu’on se pose au Sénégal. Cette question, liée à plusieurs facteurs, pourrait causer le sentiment que l’on s’acheminerait vers des périodes d’instabilité, du moins, de troubles dans le pays. Pour les acteurs de l’opposition et une grande frange de la société civile, évoquant la candidature éventuelle pour un troisième mandat du président Macky Sall, rappelant une disposition constitutionnelle qui dispose que « Nul ne peut exercer plus de deux mandants consécutifs ».
Le camp du Président semble interpréter cette disposition en sa faveur, en évoquant un deuxième quinquennat, selon la nouvelle mouture constitutionnelle, à la place du troisième mandat. « Ni oui, ni non » telle est la réponse de Macky Sall suite à la question sur le troisième mandat. Le Président a ainsi maintenu depuis quelques mois une forme de flou juridico-politique total sur sa candidature, alors que, paradoxalement, il faisait partie de la tête de cortège des manifestants qui s’opposaient au troisième mandat de son prédécesseur Abdoulaye Wade en 2012. L’intention prêtée au président sortant, en fin de second mandat, de briguer un troisième mandat semble être l’option privilégiée. En effet, les opposants Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall qui manquaient les dernières élections présidentielles après leurs condamnations, risquent encore de ne pas se présenter. Le gouvernement semble vouloir privilégier la voie de l’adoption d’une loi d’amnistie à leur profit, pour des raisons politiques. Mais ces derniers disent refuser une telle formule car ils souhaitent prouver leur innocence.
Après avoir affaibli ces derniers, d’après beaucoup d’analystes, Macky Sall devra faire face à Ousmane Sonko, positionné, aujourd’hui, comme le chef de file de l’opposition malgré la contestation de ce statut par Idrissa Seck ; désormais ex-patron, démissionnaire, de la présidence du Conseil Économique et Social. Sonko connait des ennuis judiciaires concernant à la fois une affaire de viol et une autre de diffamation qui pourraient le rendre inéligible, au cas où, dans cette dernière affaire, sa condamnation se corserait suite à l’appel de la partie civile. Beaucoup d’observateurs voient dans ces plaintes, une manœuvre purement politique visant à l’écarter de la course à la présidentielle.
De l’avis de certaines langues, notamment proches du pouvoir, la figure de proue de l’opposition devrait aussi se comporter en justiciable et répondre à l’institution judiciaire comme tout autre citoyen. Le Sénégal est un État stable entouré par certains pays minés par la violence, l’extrémisme, le terrorisme et les coups d’État. Mais son histoire est souvent marquée par des périodes de troubles et de tensions à l’approche des élections. L’inquiétude sur la sécurité du pays monte d’un cran eu égard par exemple les appels incessants à manifester de l’opposition contre une éventuelle troisième candidature du président, les violences verbales ravivées par les réseaux sociaux visant des personnalités comme les acteurs de la société civile, les religieux qui jouent un rôle important pour la stabilité et la paix du Sénégal. De son côté, le chef de l’État promet de mettre le maintien de la paix et de la sécurité du pays au centre de ses préoccupations. L’actualité politique des prochaines semaines sera, sans doute, marquée par l’ouverture d’un processus de dialogue politique auquel le président Sall a appelé le jour de la célébration de la fin du ramadan (Korité) tout en affirmant lui-même que ce dialogue ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Signe qu’après les prédictions alarmistes de ces derniers mois, l’espace politique sénégalais pourrait, contre toute attente évoluer vers une décrispation. La grande inconnue demeure la réaction de la rue, et surtout de la jeunesse si Ousmane Sonko venait à être condamné à une peine qui le rendrait inéligible pour ses deux procès rapprochés du 8 et du 16 mai. Il n'est même pas incongru d'affirmer qu'une bonne partie de l’avenir politique, d’ici la présidentielle de février 2024, se jouera dans cette intervalle lourde de risques et d’incertitudes.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Le 3 mars dernier, cela faisait deux ans jour pour jour que Reckya Madougou, une des principales figures de l’opposition, a été arrêtée à Porto Novo, à la veille de l’élection présidentielle. À cette occasion, ses partisans ont manifesté devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour demander la libération immédiate de leur leader.
Pour rappel, l'ancienne garde des sceaux purge une peine de 20 ans après avoir été accusé de tentative de déstabilisation du pays en fournissant des fonds à des personnes qui complotaient pour assassiner des hommes politiques de premier plan. Côté diplomatique, le président Patrice Talon multiplie des rencontres avec des chefs d’État pour renforcer leurs coopérations dans différents domaines, particulièrement la défense et la sécurité, dans un contexte d’insécurité liée à la menace djihadiste qui guette les pays du golfe de Guinée. Ainsi, lors d’une visite de travail en France, le 7 mars, Patrice Talon a abordé avec Emmanuel Macron différents sujets dont la lutte contre le terrorisme dans un but de renforcement de capacités du Bénin en termes d’équipements et de formation. Six jours après s’être rendu en France, Patrice Talon a reçu son homologue du Niger, Mohamed Bazoum pour aborder, notamment, la coopération entre leurs deux armées, dans le but de parer la montée de l’extrémisme violent et de lutter contre le terrorisme.
Les récentes tentatives d’une implication sécuritaire du Rwanda dans le contexte de refonte des services et de la montée du péril terroriste au nord du pays, annoncent une tendance qui confirme les déclarations du président Talon résolument engagé dans la diversification de ses partenariats.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Le 17 mars dernier, l’armée nigérienne a engagé une opération de ratissage près du Mali avec des moyens aériens et terrestres, affirmant avoir tué 79 terroristes. Cet événement est une réplique à une embuscade meurtrière tendue un mois plus tôt par les djihadistes et qui a coûté la vie à 17 soldats nigériens. Ces scènes, qui deviennent récurrentes, mettent manifestement en péril la paix et la sécurité du Niger. Pour combattre les actions terroristes, le Niger coopère avec des partenaires régionaux et internationaux. Considéré comme l’un des plus importants partenaires de la France dans le Sahel, le Niger accueille l’armée française après la fin de leur mission dans un contexte de tensions avec les autorités de la transition du Mali, renforçant ainsi leur coopération. Même si ce redéploiement de la force Barkhane est approuvé en majorité par les députés nigériens, le sujet continue de diviser l’opinion nationale. Ce débat est relancé par le mouvement M62, qui exige le départ des troupes françaises au Niger en annonçant une marche de protestation dans quelques rues de Niamey, ponctuée par des slogans hostiles.
Les États-Unis sont aussi un partenaire de taille pour le Niger dont la présence est contestée même si à moindre échelle, Les Américains disposent à Agadez, dans le nord du pays, d’une base militaire équipée, entre autres, d’une flotte de drones où quelques 800 militaires sont déployés pour des rotations de six mois. Ils forment et équipent les forces spéciales nigériennes depuis des années. Les États-Unis participent également au programme de désarment et de démobilisation d’anciens combattants ayant appartenu à des groupes extrémistes. Le 16 mars dernier, Antony Blinken s’est rendu au Niger, étant le premier secrétaire d’État américain a effectué une visite officielle dans ce pays du Sahel. Mais la grande attention est portée par l’opinion publique sur le fait que le Niger apparaît de plus en plus comme le terrain de redéploiement français après le départ de Barkhane du Mali. Cependant, au sein des experts, la nouvelle forme de coopération militaire française « plus discrète » mettant en avant les forces nigériennes et agissantes en appoint semble apaiser certaines craintes sur des mobilisations populaires contre la présence de l’armée française au Mali.