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Convaincu de la densité des échanges culturels entre la France et les pays Sahel, Timbuktu Institute et Polaris Asso, deux organisations africaines oeuvrant pour la promotion de la culture de la paix et l’autonomisation des jeunes, se sont alliés avec l’association française Article 1 pour célébrer chaque année la Journée Mondiale de l’Égalité des Chances - JMEC - depuis 2019.

Après une première édition réussie en 2019, à Dakar, Timbuktu Institute et Polaris Asso étendent le périmètre d’action à Bamako, avec le soutien de l’Ambassade de France au Mali par le biais de son service de Coopération et d’Action culturelle. 

Cette première édition de la Journée Mondiale de l'Égalité des Chances s’est tenue au Centre Culturel BlonBa, en la présence de SEM le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Mossa Ag Attaher, de Monsieur Didier Maze, 1er Conseiller à l’Ambassade de France au Mali et du Docteur Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute.

Un accompagnement de 12 mois offert aux lauréats

En marge de la Journée Mondiale de l'Égalité des Chances, 20 jeunes leaders associatifs de Bamako ont été sélectionnés sur plus de 240 candidatures. Ces derniers vont bénéficier, sur une période de 12 mois, d’un programme de renforcement de capacités. Cet accompagnement va mixer des enseignements en ligne et physique et portera sur des modules relatifs à l’entrepreneuriat, à la construction de la paix, aux soft skills, à la communication numérique, au leadership, etc.

Pour Ousseynou Gueye, responsable des programmes jeunesse de Timbuktu Institute et animateur de cette cohorte de jeunes leaders, l’objectif est qu’à la fin de ce programme de formation, les jeunes soient davantage outillés pour faire passer à l’échelle leur projet entrepreneurial et ainsi avoir plus d’impact au sein de leur communauté.

Un plaidoyer impulsé à l’échelle mondiale par l’association française Article 1

La Journée Mondiale de l'Égalité des Chances qui en est à sa 6ème édition est une initiative de l’association française porté au sein de son programme Different Leaders. Cette année, elle a été célébrée dans plus de 50 villes et une dizaine de pays à travers le monde.

Faciliter la réussite académique ou professionnelle des jeunes de milieux modestes ; interpeller les décisionnaires des secteurs public et privé sur leur responsabilité en la matière ; se former ; s’engager … voilà, entre autres, les objectifs assignés à cette journée qui chaque année, conquiert de nouveaux pays et villes.

Timbuktu Institute et Polaris Association se sont engagés à faire passer l’initiative, progressivement, à l’échelle régionale du Sahel.

Cette note analytique est préparée par Noémie GERVAIS, Stagiaire au Timbuktu Institute ayant beaucoup travaillé sur les questions liées à l’éducation à la paix mais aussi aux initiatives juvéniles en temps de crise. Cette note est préparée à partir des résultats de la recherche menée par le Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Konrad Adenaueer sur les sociétés civiles sahéliennes face à la pandémie de COVID-19

 Par Noémie GERVAIS

Aujourd’hui, les spéculations sur les contrecoups sanitaires de la COVID-19 en Afrique occupent de moins en moins le paysage médiatique au moment où les effets de la pandémie sur la population sont toujours présents. En réalité, bien que moins touchée que le reste du monde, l’Afrique n’a pas fini de subir les conséquences de cette crise, du fait de son niveau de développement économique mais aussi de la jeunesse de sa population. En effet, 75% des ouest africains ont moins de 25 ans.Cela représente un défi majeur en matière d’éducation et d’emploi et pourrait, à terme, être amplifié par cette crise.

Malgré une situation sanitaire inquiétante, les jeunes ont relativement été épargnés en termes de décès et de complications. Ils ont cependant été plus touchés par les conséquences de cette crise sanitaire, notamment par les mesures restrictives mises en place. Cela a parfois déclenché des actes de violences contre ces mesures restrictives mises en place pour contrer la propagation du virus.

Cette synthèse examine les conséquences spécifiques de la COVID-19 sur la jeunesse sahélienne souvent assimilée à la vulnérabilité. En raison d’une faible couverture médiatique de ce sujet, cet article exposera de manière succincte, les réponses que les jeunes ont apportées face à cette crise.

 I- L’hybridité des conséquences de la COVID-19 sur la situation des jeunes

Dès l’apparition des premiers signes de la pandémie, les États sahéliens ont adopté des mesures drastiques afin de contrer la propagation du virus, notamment en fermant les écoles et universités considérées comme foyers de contagion.Or,cette volonté de limiter la propagation de la COVID-19, selon l’UNESCO, avait déjà entrainé à la date du 31 mars 2020, la déscolarisation d’environ 1,54 milliard de jeunes et d’enfants inscrits à l’université et à l’école.

 Aujourd’hui, malgré les défis infrastructurels auxquels le continent africain doit faire face, chaque État a dû mettre en place ses propres stratégies d'apprentissage en ligne. Dans toute la région, plusieurs dispositifs ont été mis en place par les ministères de l’éducation afin d’assurer une éducation à distance. De plus, cette crise sanitaire s’ajoute à une crise éducative déjà présente, par exemple au Mali, en raison de la situation conflictuelle que le pays traverse depuis 2012.

Les inégalités d’accès au numérique entre les populations urbaines et rurales témoignent d’une fracture numérique affectant rudement le continent qui s’accentue durant cette crise sanitaire, et se traduit par une répartition inégalitaire de l’enseignement à distance et une réduction des chances de réussites des enfants défavorisés dans les études.

L’urgence est donc d’investir massivement dans les nouvelles technologies en particulier le e-learning, pour pallier à la crise éducative engendrée par l’épidémie. Il paraît donc nécessaire de créer des stratégies pour faire face à de futures crises comme celle-ci dans le contexte de la réalité africaine.

Également, l’emploi des jeunes est sévèrement affecté par la pandémie à coronavirus. Avec les restrictions liées aux déplacements, le taux de chômage des jeunes a fortement augmenté. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), chez les 18-24 ans, un jeune sur six a complètement cessé de travailler. Cela se ressent également au Niger, où 89% des filles et garçons rapportent une perte de revenu.

Cette situation affecte ainsi les niveaux de vie des populations en ce qui concerne l’accès à la nourriture. Celles-ci seront donc plus préoccupées par l’amélioration de leurs conditions de vie que par le respect des mesures-barrières. Aussi, la crise sanitaire a engendré des tensions relationnelles au sein de certains foyers.

Progressivement, l’idée que les jeunes « responsables » sont les vecteurs de la maladie est apparue. Au Sénégal, le 07 Août 2020 le ministre de l’intérieur a ainsi déclaré que les « jeunes constituent des vecteurs de transmission aux personnes âgées lesquelles en meurent ». Ceci a été interprété par nombre de jeunes comme une stigmatisation dans un contexte où leur situation socio-économique se détériore.

II- De la contestation des mesures restrictives de libertés au passage à la violence

Afin de limiter le risque de propagation du virus, les autorités compétentes du Sahel ont mis en place des règlementations telles que des couvre feux dont les horaires diffèrent d’un pays subsaharien à l’autre. Cependant, ces restrictions n’ont pas été bien accueillies chez les jeunes qui ont d’abord contesté pacifiquement avant de descendre dans les rues, manifestant leur mécontentement, tout en criant parfois au complot.

Également, lorsque le Président Sall a déclaré que le Sénégal n’était pas en mesure d’organiser des vols de rapatriement, l’indignation et la colère de la jeunesse sénégalaise est montée notamment sur les réseaux sociaux. Cependant cela n’a pas démotivéles jeunes dans leur volonté de vaincre ce virus tout comme Adam, jeune activiste malienne, venant en aide aux personnes déplacées et aux enfants démunis à travers son organisation Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD).Selon elle, le couvre-feu n’a pas empêché la propagation du virus.

Ensuite, la jeunesse a protesté de plus en plus violemment contre l’autorité de l’état.Les jeunes du Niger, ont été parmi les premiers à défier le couvre-feu établi et l’interdiction de la prière collective. De nombreuses régions ont été le théâtre de manifestationsviolentes et d’arrestations multiples parfois de mineurs. Au Sénégal, les quelques mois de confinement ont engendré un scénario quasi similaire à celui observé au Niger.Des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment dans la capitale. Mais, d’une manière générale, la jeunesse sénégalaise s’est montrée relativement hostile à la gestion même de la maladie. En réponse à cela, le gouvernement du Président Sall a décidé d’assouplir les mesures de sécurité.

Malgré les différents accès de violence dans les différents pays du Sahel, la jeunesse s’est aussi distinguée, parfois par la créativité, en renforçant la résilience et les actions de solidarité nécessaires en temps de crise.

 III- Résilience et créativité des jeunes face à la COVID-19

 

            Des acteurs résilients de par leurs actions

La couverture médiatique de la thématique « jeunes et COVID-19 » au Sahel, a donné une grande visibilité de leurs initiatives et contributions au sein de leurs communautés. De nombreuses ONG ont travaillé avec des centaines de jeunes afin de sensibiliser les populations à l’importance des gestes barrières et aux enjeux liés au coronavirus.

Mais la plupart des jeunes n’ont pas attendu d’appui pour mettre en place leurs propres initiatives tout comme un étudiant en pharmacologie de Dakar qui a produit du gel hydroalcoolique pour le distribuer dans son quartier en faisant du porte-à-porte. Au Mali, la jeunesse s’est distinguée en mettant en place des outils de technologie comme par exemple des respirateurs artificiels ou encore des portiques désinfectants. Des jeunes diplômés en médecine au Niger ont décidé de se mettre en première ligne afin de prendre en charge des personnes infectées par le virus.

Alors que le reste du monde se dé-confine, la sensibilisation devenait encore plus que nécessaire en Afrique et ce, par le biais des réseaux sociaux. Facebook a mis en place un Centre d’Information sur le coronavirus afin de mieux toucher les jeunes et de les informer des mises à jour faites par les autorités sanitaires au sujet de la maladie. Les jeunes étant les premiers utilisateurs de ces médias, deviennent alors le public cible. Selon le chef du gouvernement mauritanien, la nouvelle stratégie de lutte contre le coronavirus est basée sur l’implication des jeunes dans la sensibilisation aux dangers du virus et les moyens de le prévenir, tout en appelant les citoyens au respect des mesures préventives.

             Le coronavirus, un booster du talent et de la créativité juvéniles ?

 

Si la pandémie a suscité de la frustration par l’effet du confinement, elle a cependant permis à la jeunesse sahélienne de prouver son ingéniosité à travers la culture et l’innovation technologique.

Les différentes innovations technologiques notées au cours de cette période renforcent l’idée selon laquelle la jeunesse africaine présente une ressource humaine sûre et susceptible de changer l’avenir du continent. Ces jeunes sont capables de contribuer à l’effort collectif, sont porteurs de solutions innovantes durables et demandent parfois d’être soutenus afin d’intégrer les gouvernements. D’ailleurs, certains l’affirment et déclarent : « Nous restons confiants en la réussite de cette mission, car ces jeunes ont tous les critères pour mener la politique gouvernementale avec succès ».

 

Également, d’autres jeunes, en dehors du milieu universitaire, ont eux aussi investi à leur manière, leur talent dans le cadre de la riposte contre la COVID-19. Les étudiants des écoles professionnelles et techniques ont pris des initiatives pour vaincre ce virus avec ou sans l’utilisation des nouvelles technologies. 

 

            L’art, une thérapie au secours de la science?

L’épidémie a impacté positivement le milieu artistique, de nombreux messages de sensibilisation ont été véhiculés à travers l’art et notamment la musique. Les artistes nigériens Althess Slameur et Akeem Eking ont, à travers leurs musiques, diffusé des messages de prévention auprès des jeunes.

On peut en déduire que la pandémie du coronavirus est une crise qui a débouché sur une précieuse opportunité de réveiller et de booster le talent qui sommeillait dans la jeunesse en dépit des problèmes de moyens auxquels ils font face.

Conclusion
La crise du coronavirus a mis en exergue les vulnérabilités qui pèsent sur beaucoup de domaines en Afrique. Cependant la jeunesse, parfois instigatrice de tensions, a su mettre son dévouement, sa résilience et son potentiel au service des différents pays afin de lutter efficacement contre le coronavirus.
Cette pandémie a également révélé la limite de certains services sociaux comme la santé et l’éducation, lesquels ont un besoin urgent d’amélioration.

Finalement, la présence des technologies s’est révélée très importante en cette période de crise sanitaire.Il apparaît alors urgent de mobiliser une grande partie du continent africain dans le développement des technologies de l’information et de la communication.

Sur ce sujet largement débattu ces derniers jours et qui a été remis au cœur de l’actualité par ces centaines de jeunes qui veulent quitter leur pays au péril de leur vie, nous aimerions partager quelques éléments issus d’une étude non encore publiée et intitulée : "Jeunes, partis et participation politiques : Enquête sur les perceptions des jeunes à l’égard de la vie et du leadership politiques au Sénégal"

Le discours politique émanant des hauts responsables de l’Etat donnerait l’impression de l’instauration d’une véritable politique de jeunesse avec une batterie de mesures et d’agences créées dont la vocation serait la promotion de l’emploi et la facilitation des démarches pour l’entrepreneuriat.

Une étude menée par Timbuktu Institute à la veille et au lendemain des élections présidentielles de 2019, notamment sur les attentes des jeunes par rapport au leadership politique (pouvoir comme opposition) révélait déjà le malaise profond au sein de la jeunesse. L’enquête-pilote qui a couvert Dakar, Mbour, Touba et Vélingara a montré que les jeunes sénégalais n’ont jamais été aussi « inquiets » et « anxieux » pour leur avenir avec de fortes disparités entre la capitale Dakar et l’intérieur du pays. C’est avec de tels adjectifs que les jeunes eux-mêmes se décrivent dans leurs réponses

« Les jeunes ignorent l’existence des dispositifs étatiques d’insertion

L’étude est largement revenue sur les dispositifs mis en place par l’Etat dans le domaine de l’emploi et de l’insertion des jeunes. Ces derniers semblent ignorer ces dispositifs et leur fonctionnement. Près de 77,3 % en moyenne les ignorent totalement avec des disparités entre les grands centres urbains et l’intérieur du pays.

D’abord, à titre d’exemple, le taux de ceux qui déclarent ignorer l’existence de dispositifs étatiques en matière d’emploi à Mbour et à Touba est respectivement de 84.4% et 83.6 % ;  est de  pendant qu’une écrasante majorité se déclare insatisfaite des conditions d’éligibilité peu transparentes à leur avis.

Ensuite, malgré toute la communication étatique accompagnant les actions de ces structures au niveau national, un constat non moins important est fait : les jeunes ignorent quasi totalement (77,3% en moyenne) les services auxquels s’adresser pour rechercher du travail surtout à Mbour et à Touba qui enregistrent respectivement les plus forts taux (84,4% et 83,6%).

En plus du fait que même les jeunes connaissant ces dispositifs étatiques en déplorent la « politisation faisant toujours la « part belle aux militants du parti au pouvoir », ces structures comme l’ANPEJ qui a été citée, ressembleraient selon la plupart d’entre eux à des agences « sans grande utilité ». Quant aux dispositifs mis en place avec la coopération internationale, ils ont peu de visibilité auprès des jeunes et certains d’entre-eux ont, spécifiquement, évoqué le PRODAC qui devait fournir des emplois dans l’agriculture comme un exemple de projets qui n’ont « servi à rien malgré les annonces politiques » d’après leurs termes.

 

« Les jeunes sont majoritairement insatisfaits de la politique étatique en matière d’emploi et d’insertion socioéconomique »

La tendance globale est à l’insatisfaction des jeunes par rapport aux différents dispositifs de l’Etat dans le domaine de l’emploi et de l’insertion socioéconomique. Le taux d’insatisfaction assez préoccupant varie selon les villes. Ce taux de jeunes insatisfaits de la politique gouvernementale en matière d’emploi qui devrait interpeller les pouvoirs politiques est de 55% à Dakar et l’écart se creuse par rapport aux régions : 69 % à Mbour, 72 % à Touba, jusqu’à 88 % à Vélingara dans le sud du pays.

Pourtant le Sénégal, a l’avantage de bénéficier d’une population jeune au même titre que nombre de ses voisins. Ce constat voudrait dire que le pays pourrait tirer profit de cette jeunesse et pour soutenir un développement socio-économique. L’âge médian y est évalué à 18 ans et la population active représente 54%.  

A l’intérieur du pays, les conditions de vie des jeunes sont encore plus précaires et le taux de chômage y est généralement beaucoup plus important.

Certes, pour faciliter l’accès des jeunes au monde du travail, des structures ont été mises en place pour accompagner les jeunes dans la recherche d’emploi. C’est  le cas de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) chargée de gérer la question de l’emploi. Parmi ses missions principales, figure la mise en place d’ « un système intégré d’information et de suivi des groupes cibles sur le marché du travail » et la facilitation des « conditions d’accès à un emploi aux jeunes et groupes cibles ».

Le gouvernement est en ce sens interpellé pour n’avoir pas pu fournir assez d’efforts sur le front de l’emploi avec des jeunes qui jugent insuffisants ses efforts (72,3%). Vélingara enregistre le plus fort taux de réponses négatives (88%) à la question « Pensez-vous que le gouvernement actuel fait suffisamment d'efforts sur le front de l'emploi ? »

Pour 59,5% des jeunes, ils se déclarent peu convaincus des capacités des politiques à améliorer les conditions de vie.

Il ressort, aussi, de cette analyse que les jeunes désespèrent de manière générale surtout en matière d’emploi et d’insertion socioprofessionnelle. Mais, il faut reconnaître que l’acquisition préalable d’une formation quel que soit le domaine et/ou la poursuite d’études sont de nature à faciliter l’accès au monde du travail.

En même temps que l’enquête montre un certain désespoir de la part des jeunes quant à leur insertion socioprofessionnelle, leurs réponses sur la scolarisation prouvent qu’une avancée significative a été faite par l’Etat du Sénégal dans ce domaine. Ainsi, ils  déclarent à une écrasante majorité (88,25%) avoir été scolarisés contre 11,75% qui disent le contraire.

Le tri croisé du statut de scolarisé des répondants et leur perception des efforts gouvernementaux montre une plus grande hostilité des jeunes non scolarisés (77,75%) -comparés aux jeunes scolarisés- envers l’action du gouvernement en termes d’emploi.

Est-ce synonyme de paradoxe ou un espoir porté sur les dirigeants et les politiques malgré tout ? Ou bien, la catégorie des non scolarisés présenterait encore plus de vulnérabilités socioéconomiques est issue surtout des régions de l’intérieur moins favorisées que le centre ? En tout cas, selon les témoignages des jeunes, les autorités publiques sont interpellées et appelées à multiplier leurs efforts dans ces circonstances où ils jugent assez négativement leurs actions au point de les critiquer de manière aussi systématique. L’insatisfaction des jeunes par rapport au système politique de manière générale et leur manque de confiance vis-à-vis de la classe politique remarquée dans la partie quantitative s’est confirmée suite aux entretiens semi-directifs et avec plus d’explications au-delà du simple rejet manifesté par les militants ou citoyens de base.

Dakar, 23 nov (APS) – Un séminaire consacré à la vulnérabilité socio-économique des jeunes et aux migrations s’ouvre mercredi à Dakar à l’initiative de Timbuktu Institute et de la Fondation Konrad Adenauer, a appris l’APS.

La rencontre, prévue à partir de 15h 30 à la Maison de la Presse Babacar Touré, portera précisément sur le thème : "Vulnérabilités socioéconomiques des jeunes et migrations : L’Afrique et l’Europe peuvent-elles co-construire des solutions durables ?”, indique un communiqué parvenu à l’APS.

Ce séminaire entre dans le cadre des échanges et recherches initiés sur la question migratoire et la nécessaire approche tournée vers des solutions concertées, ont expliqué ses oganisateurs.

Dans le communiqué, ils informent que cet événement verra la participation de plusieurs experts tels que le Docteur Bakary Sambe de Timbuktu Institute, de Boubacar Sèye de l’ONG Horizons Sans Frontières et de Mme Ndèye Sagar Tall présidente d’Entente féminine au Sénégal.

Dr Sambe traitera de la question liée à ’’la modalité de solutions concertées entre l’Afrique et l’Europe contre ce fléau’’, alors que M. Sèye parlera de ’’la co-responsabilité entre le Nord et le Sud’’.

Madame Tall fera une intervention sur ’’les dimensions socio-culturelles et les responsabilités familiales’’.

Une présentation de l’initiative-pilote ‘’Espoirs aux frontières’’ sera faite par Ousseynou Guèye de Timbuktu Institute.

’’Cette initiative est destinée à l’employabilité des jeunes et à la réduction des vulnérabilités socioéconomiques exposant à la migration irrégulière’’, fait-on valoir de même source

Cette note analytique est préparée par Noémie GERVAIS, Stagiaire au Timbuktu Institute ayant beaucoup travaillé sur les questions liées à l’éducation à la paix mais aussi aux initiatives juvéniles en temps de crise. Cette note est préparée à partir des résultats de la recherche menée par le Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Konrad Adenaueer sur les sociétés civiles sahéliennes face à la pandémie de COVID-19

 Par Noémie GERVAIS

Aujourd’hui, les spéculations sur les contrecoups sanitaires de la COVID-19 en Afrique occupent de moins en moins le paysage médiatique au moment où les effets de la pandémie sur la population sont toujours présents. En réalité, bien que moins touchée que le reste du monde, l’Afrique n’a pas fini de subir les conséquences de cette crise, du fait de son niveau de développement économique mais aussi de la jeunesse de sa population. En effet, 75% des ouest africains ont moins de 25 ans.Cela représente un défi majeur en matière d’éducation et d’emploi et pourrait, à terme, être amplifié par cette crise.

Malgré une situation sanitaire inquiétante, les jeunes ont relativement été épargnés en termes de décès et de complications. Ils ont cependant été plus touchés par les conséquences de cette crise sanitaire, notamment par les mesures restrictives mises en place. Cela a parfois déclenché des actes de violences contre ces mesures restrictives mises en place pour contrer la propagation du virus.

Cette synthèse examine les conséquences spécifiques de la COVID-19 sur la jeunesse sahélienne souvent assimilée à la vulnérabilité. En raison d’une faible couverture médiatique de ce sujet, cet article exposera de manière succincte, les réponses que les jeunes ont apportées face à cette crise.

 I- L’hybridité des conséquences de la COVID-19 sur la situation des jeunes

Dès l’apparition des premiers signes de la pandémie, les États sahéliens ont adopté des mesures drastiques afin de contrer la propagation du virus, notamment en fermant les écoles et universités considérées comme foyers de contagion.Or,cette volonté de limiter la propagation de la COVID-19, selon l’UNESCO, avait déjà entrainé à la date du 31 mars 2020, la déscolarisation d’environ 1,54 milliard de jeunes et d’enfants inscrits à l’université et à l’école.

 Aujourd’hui, malgré les défis infrastructurels auxquels le continent africain doit faire face, chaque État a dû mettre en place ses propres stratégies d'apprentissage en ligne. Dans toute la région, plusieurs dispositifs ont été mis en place par les ministères de l’éducation afin d’assurer une éducation à distance. De plus, cette crise sanitaire s’ajoute à une crise éducative déjà présente, par exemple au Mali, en raison de la situation conflictuelle que le pays traverse depuis 2012.

Les inégalités d’accès au numérique entre les populations urbaines et rurales témoignent d’une fracture numérique affectant rudement le continent qui s’accentue durant cette crise sanitaire, et se traduit par une répartition inégalitaire de l’enseignement à distance et une réduction des chances de réussites des enfants défavorisés dans les études.

L’urgence est donc d’investir massivement dans les nouvelles technologies en particulier le e-learning, pour pallier à la crise éducative engendrée par l’épidémie. Il paraît donc nécessaire de créer des stratégies pour faire face à de futures crises comme celle-ci dans le contexte de la réalité africaine.

Également, l’emploi des jeunes est sévèrement affecté par la pandémie à coronavirus. Avec les restrictions liées aux déplacements, le taux de chômage des jeunes a fortement augmenté. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), chez les 18-24 ans, un jeune sur six a complètement cessé de travailler. Cela se ressent également au Niger, où 89% des filles et garçons rapportent une perte de revenu.

Cette situation affecte ainsi les niveaux de vie des populations en ce qui concerne l’accès à la nourriture. Celles-ci seront donc plus préoccupées par l’amélioration de leurs conditions de vie que par le respect des mesures-barrières. Aussi, la crise sanitaire a engendré des tensions relationnelles au sein de certains foyers.

Progressivement, l’idée que les jeunes « responsables » sont les vecteurs de la maladie est apparue. Au Sénégal, le 07 Août 2020 le ministre de l’intérieur a ainsi déclaré que les « jeunes constituent des vecteurs de transmission aux personnes âgées lesquelles en meurent ». Ceci a été interprété par nombre de jeunes comme une stigmatisation dans un contexte où leur situation socio-économique se détériore.

II- De la contestation des mesures restrictives de libertés au passage à la violence

Afin de limiter le risque de propagation du virus, les autorités compétentes du Sahel ont mis en place des règlementations telles que des couvre feux dont les horaires diffèrent d’un pays subsaharien à l’autre. Cependant, ces restrictions n’ont pas été bien accueillies chez les jeunes qui ont d’abord contesté pacifiquement avant de descendre dans les rues, manifestant leur mécontentement, tout en criant parfois au complot.

Également, lorsque le Président Sall a déclaré que le Sénégal n’était pas en mesure d’organiser des vols de rapatriement, l’indignation et la colère de la jeunesse sénégalaise est montée notamment sur les réseaux sociaux. Cependant cela n’a pas démotivéles jeunes dans leur volonté de vaincre ce virus tout comme Adam, jeune activiste malienne, venant en aide aux personnes déplacées et aux enfants démunis à travers son organisation Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD).Selon elle, le couvre-feu n’a pas empêché la propagation du virus.

Ensuite, la jeunesse a protesté de plus en plus violemment contre l’autorité de l’état.Les jeunes du Niger, ont été parmi les premiers à défier le couvre-feu établi et l’interdiction de la prière collective. De nombreuses régions ont été le théâtre de manifestationsviolentes et d’arrestations multiples parfois de mineurs. Au Sénégal, les quelques mois de confinement ont engendré un scénario quasi similaire à celui observé au Niger.Des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment dans la capitale. Mais, d’une manière générale, la jeunesse sénégalaise s’est montrée relativement hostile à la gestion même de la maladie. En réponse à cela, le gouvernement du Président Sall a décidé d’assouplir les mesures de sécurité.

Malgré les différents accès de violence dans les différents pays du Sahel, la jeunesse s’est aussi distinguée, parfois par la créativité, en renforçant la résilience et les actions de solidarité nécessaires en temps de crise.

 III- Résilience et créativité des jeunes face à la COVID-19

 

            Des acteurs résilients de par leurs actions

La couverture médiatique de la thématique « jeunes et COVID-19 » au Sahel, a donné une grande visibilité de leurs initiatives et contributions au sein de leurs communautés. De nombreuses ONG ont travaillé avec des centaines de jeunes afin de sensibiliser les populations à l’importance des gestes barrières et aux enjeux liés au coronavirus.

Mais la plupart des jeunes n’ont pas attendu d’appui pour mettre en place leurs propres initiatives tout comme un étudiant en pharmacologie de Dakar qui a produit du gel hydroalcoolique pour le distribuer dans son quartier en faisant du porte-à-porte. Au Mali, la jeunesse s’est distinguée en mettant en place des outils de technologie comme par exemple des respirateurs artificiels ou encore des portiques désinfectants. Des jeunes diplômés en médecine au Niger ont décidé de se mettre en première ligne afin de prendre en charge des personnes infectées par le virus.

Alors que le reste du monde se dé-confine, la sensibilisation devenait encore plus que nécessaire en Afrique et ce, par le biais des réseaux sociaux. Facebook a mis en place un Centre d’Information sur le coronavirus afin de mieux toucher les jeunes et de les informer des mises à jour faites par les autorités sanitaires au sujet de la maladie. Les jeunes étant les premiers utilisateurs de ces médias, deviennent alors le public cible. Selon le chef du gouvernement mauritanien, la nouvelle stratégie de lutte contre le coronavirus est basée sur l’implication des jeunes dans la sensibilisation aux dangers du virus et les moyens de le prévenir, tout en appelant les citoyens au respect des mesures préventives.

             Le coronavirus, un booster du talent et de la créativité juvéniles ?

 

Si la pandémie a suscité de la frustration par l’effet du confinement, elle a cependant permis à la jeunesse sahélienne de prouver son ingéniosité à travers la culture et l’innovation technologique.

Les différentes innovations technologiques notées au cours de cette période renforcent l’idée selon laquelle la jeunesse africaine présente une ressource humaine sûre et susceptible de changer l’avenir du continent. Ces jeunes sont capables de contribuer à l’effort collectif, sont porteurs de solutions innovantes durables et demandent parfois d’être soutenus afin d’intégrer les gouvernements. D’ailleurs, certains l’affirment et déclarent : « Nous restons confiants en la réussite de cette mission, car ces jeunes ont tous les critères pour mener la politique gouvernementale avec succès ».

 

Également, d’autres jeunes, en dehors du milieu universitaire, ont eux aussi investi à leur manière, leur talent dans le cadre de la riposte contre la COVID-19. Les étudiants des écoles professionnelles et techniques ont pris des initiatives pour vaincre ce virus avec ou sans l’utilisation des nouvelles technologies. 

 

            L’art, une thérapie au secours de la science?

L’épidémie a impacté positivement le milieu artistique, de nombreux messages de sensibilisation ont été véhiculés à travers l’art et notamment la musique. Les artistes nigériens Althess Slameur et Akeem Eking ont, à travers leurs musiques, diffusé des messages de prévention auprès des jeunes.

On peut en déduire que la pandémie du coronavirus est une crise qui a débouché sur une précieuse opportunité de réveiller et de booster le talent qui sommeillait dans la jeunesse en dépit des problèmes de moyens auxquels ils font face.

Conclusion
La crise du coronavirus a mis en exergue les vulnérabilités qui pèsent sur beaucoup de domaines en Afrique. Cependant la jeunesse, parfois instigatrice de tensions, a su mettre son dévouement, sa résilience et son potentiel au service des différents pays afin de lutter efficacement contre le coronavirus.
Cette pandémie a également révélé la limite de certains services sociaux comme la santé et l’éducation, lesquels ont un besoin urgent d’amélioration.

Finalement, la présence des technologies s’est révélée très importante en cette période de crise sanitaire.Il apparaît alors urgent de mobiliser une grande partie du continent africain dans le développement des technologies de l’information et de la communication.

 

Sur invitation de la Fondation pour la Recherche Stratégique, le directeur de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies prend part au séminaire sur " Concilier les perceptions du Nord et du Sud pour faire face aux incertitudes au Sahel". Ce séminaire est co-organisé avec le Policy Center for the New South (Maroc).
Dans un contexte épidémique qui s’étend et pénètre plus profondément dans les pays du Sahel, et compte tenu du manque d’infrastructures sanitaires, combiné à des ressources limitées, le virus menace de déstabiliser davantage cette région, qui est également confrontée à une grave crise humanitaire déclenchée par le conflit armé en cours. 
 
Par ailleurs, la déstabilisation supplémentaire offre de nouvelles opportunités aux groupes opérant au Sahel d’exploiter les vulnérabilités des communautés locales et d’obtenir le soutien et la force nécessaires pour poursuivre leurs objectifs dans la région. Dans ce sens, la pandémie pourrait représenter une aubaine pour les groupes terroristes comme AQMI ou Boko Haram, qui sont mis sous pression de manière croissante par les armées locales étrangères. 
 
En effet, la Task Force Takuba a été développée dans un but militaire et on peine encore à voir quels efforts seront déployés pour renforcer la légitimité des États fragilisés de la région.
 
 De plus, la transformation de l’agriculture permettrait de réduire drastiquement les appétits de violence et d’exode d’une grande partie des populations sahéliennes. Aussi la mise en place de programmes pour l’émergence de cette jeunesse sahélienne abondante est un impératif tant dans les secteurs de l’économie mais aussi de la décision. Il faut permettre à cette partie de la population de s’impliquer dans les institutions nationales peu importe leurs appartenances ethniques ou sociales. 
 
Le séminaire permettra d’analyser les derniers développements dans la zone sahélienne en prenant en considération l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur les groupes terroristes. Il mettra également en lumière les enjeux de la transition au Mali et de la stratégie des acteurs régionaux vis-à-vis des derniers développements dans ce pays ainsi que les répercussions régionales et sur le G5 Sahel. 
 
L’objectif étant d’analyser l’évolution de la gestion de la crise sahélienne dans le contexte des interventions extérieures multiples, des rivalités régionales et des fragilités politiques et institutionnelles locales.  
 
 
Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies welcomes His Excellency the Ambassador of the United Arab Emirates, Mr. Sultan Al-Harbi, within the framework of the field visits that the Emirati Ambassador is conducting these days to establish partnerships with cultural institutions and strategic research centers. The meeting with Timbuktu Institute team members was enhanced by the presence of the Minister, Advisor to the President of the Republic Dr. Abdoul Aziz Mbaye, Lt-Colonel Ibrahima Sy Mbow, representative, General Sayfoulaye SOW, Director General of CICO, Interministerial Framework for Coordination of Counter-Terrorism Operations  in Senegal as well as Mr. Fadel Gaye, President of the Literary Club of Senegal and a number of affiliated researchers. After welcoming the guests and the delegation accompanying the Emirati Ambassador, Dr. Bakary Sambe, Coordinator of the Observatory of Religious Radicalisms and Conflicts in Africa, reviewed the work and achievements of the Institute he has been leading for the past four years and which recently opened an office in Niamey.

The Emirati experience in counter-terrorism and reintegration

After an analysis of the security situation in the Sahel, Bakary Sambe insisted on the need for cooperation between the countries of the region and the UAE, which can make a great contribution in terms of prevention as well as operational aspects. Dr. Sambe explained that currently "the field of reintegration of former terrorists or ex-combatants and their rehabilitation in society remains a real problem for the countries of the region and that the UAE should support the States on this urgent issue through its various institutions of world renown but whose experience is not sufficiently known on the continent"

For his part, Ambassador Al-Harbi evoked the Emirati experience in the fight against terrorism, emphasizing the pioneering role played by the Hedaya Center of Abu Dhabi in this field but also other structures such as Sawab Center. He then returned to the quality of cooperation relations between the Republic of Senegal and the United Arab Emirates in this and other fields. The Emirati diplomat also spoke at length about the various initiatives taken by the authorities of his country, particularly in terms of inter-religious dialogue with the launch of the document on "Human Brotherhood" (al-ukhuwwa al-insâniyya) with the Sheikh of Al-Azhar and Pope Francis. He also recalled the importance that the United Arab Emirates attach to mediation and conflict prevention by giving the example of the launch of the initiative of the Council of Muslim Elders (Majlis Hukamâ' al-Muslimîn) supported by his country.

Then His Excellency Minister Aboul Aziz Mbaye had to welcome Ambassador Sultan Al-Harbi, and thanked him for his visit to "this distinguished center carrying out important work for Senegal and the region. In this context, Ambassador Al-Harbi expressed his desire to establish exchange relations and partnerships between the Timbuktu Institute and Emirati centers sharing the same objectives of promoting peace and supporting public policies in the areas of peace, security and stability.


With a strong participation of Timbuktu Institute associate researchers’, Dr. Bakary Sambe was the facilitator of this important workshop held in Ndjamena during October. In addition to Professor Saidou Issa who recently joined the Timbuktu Institute as Senior International Fellow, Herman Femeugne, representing the Institute in the far north of Cameroon, and Ms. Khalia Annadif, who coordinates the Institute's activities in Chad, particularly in the Lake region, also participated.

 

The Multinational Joint Taskforce (MNJTF) and the Lake Chad Basin Commission (LCBC) in collaboration with the United Nations Development Programme (UNDP) organised an inception workshop to articulate an inclusive regional communication strategy to prevent violent extremism in the Lake Chad Basin. This laudable and proactive initiative was in recognition of the need to reinforce information and communication line of operation to counter (prevent) and replace the extremist ideology propagated by the Boko Haram and armed groups with a Constructive Alternative Narrative capable of discouraging extremism, restoring trust, confidence and a secured future.

Specifically, the objectives of the inception workshop were:

a. To consult technical experts and representatives from the affected areas on MNJTF’s military Influence Operations that are meant to discourage sympathy and support for terrorists and deter Boko Haram and ISWAP from radicalizing and recruiting innocent people, particularly across Troop Contributing Countries and the Lake Chad Basin in general.

b. To design a common regional approach to information and communication activities in order to prevent violent extremism in the Lake Chad Basin.

c. To suggest methodologies and channels of communication appropriate with messages and Target Audiences.

To achieve the set objectives, a team of experienced technical experts, comprising seasoned academics, reputable international and local media practitioners and the military deliberated during the interactive session with key stakeholders and personalities from communities affected by the Boko Haram conflict. Participants from affected communities included traditional, community, religious and women leaders. Others were representatives of local authorities across the Lake Chad region.

In his welcome remarks, Force Commander MNJTF, Major General Ibrahim Manu Yusuf highlighted the need for a comprehensive regional non-kinetic strategy to complement the largely kinetic approach of the MNJTF to combat the security challenges in the Lake Chad Basin. General Yusuf acknowledged the existence of gaps in the existing communication strategy of the MNJTF, which he observed made the workshop imperative. In his goodwill message, the Executive Governor of Borno state, Professor Babagana Zulum Umara expressed support for the workshop and charged both organisers and participants to create adequate awareness among populace with a view to replacing the destructive ideology and harmful narrative of the violent extremist group

At the opening ceremony of the inception workshop, several strategic and development partners commended the initiative and indicated interest in supporting the implementation of the recommendations of the workshop. Consequently, interested partners such as the UNDP trough the Resident Representative in Chad, Mrs. Lisa Singh, acknowledged the fact that military operation is not the only practical solution to ending the crisis. Therefore, the need has arisen for a review of strategies to also deliberately target the ideologies and psychology of the Boko Haram/ISWAP insurgents, as well as populations in the region. Declaring the 5 day workshop opened, the Executive Secretary of LCBC and Head of Mission of the MNJTF Ambassador Mamman Nuhu reinforced the calls for an effective strategic communication strategy in order to win the hearts and minds of the people of the Lake Chad Basin.

At the end of workshop, the facilitator and technical experts are expected to study the recommendations and subject same to a validation process before implementation. The 4-day workshop attracted representatives of the Government of Chad, European Union, African Union and Ambassadors of MNJTF Troop Contributing Countries; Cameroon, Niger and Nigeria. Other participants included representatives from Centre for Coordination and Liaison and Civil Society Organizations.

Par Dr. Bakary Sambe

Directeur du Timbuktu Institute, Enseignant chercheur Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal

 

Après les horribles attentats, ces dernières semaines en France et même en Autriche, ainsi que les vagues de surenchères malheureuses de tous bords, il faut se rendre à l’évidence que les sociétés européennes et leurs communautés musulmanes doivent vite exorciser leur mal de vivre-ensemble. Il est vrai que le discours sur les « séparatismes » d’Emmanuel Macron avait déjà commencé à renforcer le sentiment de rejet du principe laïc dans les pays à majorité musulmane à travers le monde mais surtout au Sahel. Les gouvernants des différents Etats de la région, déjà longtemps perçus comme continuateurs et héritiers d’un système colonial qui serait « historiquement hostile à l’islam », vont désormais peiner à poursuivre les réformes entreprises dans le domaine de l’enseignement religieux comme dans l’organisation du culte.

La laïcité est un principe noble et salutaire dans le sens d’une non-discrimination entre les croyances comme les incroyances et le respect de la liberté de conscience. Les détracteurs d’un tel principe veulent, idéologiquement le réduire au combisme alors que La plupart des pays de la région l’ont constitutionnalisée, souvent dans l’article Premier, comme au Niger, au Sénégal et au Mali. Bien que parfois combattue par des forces portant un projet plus politique que religieux, cette laïcité des Etats ouest-africains, « à leur manière », demeure un acquis considérable et crucial. Nous l’avons vu lors de la crise malienne où même le célèbre Imam Dicko conduisant les manifestations qui ont eu, en partie, raison du président Ibrahim Boubacar Keïta, promettait de ne jamais la remettre en question, en tant que garantie de stabilité et de cohésion sociale.

Un discours « fédérateur » des populismes politiques et des extrémismes religieux 

Il faudra désormais que l’élite politique française prenne en compte les effets de la mondialisation du croire et des autoroutes de l’information. Au Sahel, il persiste un sentiment général qui couve depuis longtemps qu’une certaine élite politique intellectuelle française très médiatisée serait dans une démarche de “stigmatisation de l’islam et des musulmans”. Cette perception s’est, malheureusement, nourrie des débats sur le voile et l’identité nationale depuis Sarkozy au « séparatisme » d’Emmanuel Macron en passant le Burkini des socialistes sous l’ère Hollande. Cette spécificité française que les opinions publiques africaines et même européennes voisines ont du mal à décrypter est alourdie par un débat pourri par un néo-populisme surprenant de la part du pays de la Révolution, des Lumières et des Droits de l’Homme. La classe politique française ne mesure pas assez l’impact de certains débats et agissements inutiles sur l’image de leur pays à l’étranger ; l’islam aurait même dû faire partie des éléments de son soft power. Si la France n’utilise pas cette chance d’une diversité religieuse pour son image séduisante de pays-creuset, elle sera instrumentalisée par d’autres qui lui sont hostiles tel qu’on l’a vu avec les tentatives de certains pays. Mais certaines tournures des récents discours d’Emmanuel Macron risquent de produire un « effet pangolin » d’une diplomatie française qui peinait déjà au Sahel et dans le monde arabe où il fut l’un des pays les plus admirés pour ses positions courageuses.

Le fait est que ces évènements surviennent dans un contexte marqué, au Sahel, par une forme d’islamo-nationalisme montant. Ce courant qui a prospéré sur les ruines d’un rêve de « grand soir » anti-libéralo-néocolonialiste, traverse toutes les sphères, des intellectuels de l’ancienne gauche aux salafistes qui réussissent, de fait, une jonction inespérée par l’islamisation des contestations. Ce contexte qui devrait, pourtant, réinterroger les choix diplomatiques va davantage fragiliser les défenseurs de la laïcité face à des politiques prêts à toutes les compromissions électoralistes.

La laïcité victime des incohérences du passé et des paradoxes politiques du présent

En effet, le principe laïc est aussi bien menacé par les extrémismes dogmatiques que par la politisation à outrance de ses usages à géométrie variable. Au Sahel, autant qu’en France, le débat s’est toujours posé avec beaucoup de paradoxes. La France de la IIIe République, alors coloniale, considérait que l’anticléricalisme était une chose qui « ne devait pas s’exporter » outre Mer. Alors que la République et ses « hussards noirs » prenaient toutes leurs distances avec l’Eglise en métropole, elle collaborait « en même temps » avec Monseigneur Lavigerie en Algérie et les missionnaires en Afrique de l’Ouest auxquels elle confiait presque l’Education nationale...laïque de même que les marabouts des confréries. Aujourd’hui, au Sahel, les islamistes exigeant plus de « charia » dans les codes du statut personnel et la gestion des affaires publiques convoquent les « tribunaux musulmans » ou « indigènes » de l’Afrique occidentale française (AOF). Ces ambiguïtés autour de la laïcité rendaient déjà assez ardue la tâche de ses défenseurs au nom de son universalité malgré la diversité de ses déclinaisons. Au lieu de les fragiliser par l’image qu’elle renvoie malgré toutes ses intentions de réforme, la France pourrait peut-être apprendre de l’expérience des laïcités africaines francophones nées sans combat dans des cadres sereins et apaisés.

Islam consulaire et exclusion paradigmatique de l’islam subsaharien

Pourtant, aussi bien son histoire, sa structure démographique de même que ses liens culturels avec le monde musulman et surtout l’Afrique lui en offrent encore l’opportunité et la chance. Mais, il aurait fallu, au préalable, mieux considérer les autres apports de l’Islam en France. L’islam subsaharien est resté parent pauvre de l’islamologie française. Cette marginalisation paradigmatique a fini par orienter le traitement périphérique de l’islam africain à une époque si loin des enjeux géostratégiques sahéliens d’aujourd’hui. Macron a t-il cru efficace de parler aussi aux Musulmans africains qui protestent encore, à travers Al-Jazeera, la chaîne favorite d’à peine 20% des musulmans, ceux du monde arabe? Une autre vision arabo-centrée de l’islam héritée d’un vieux imaginaire ?

La France décrite comme « puissance musulmane » dans les Rapports Willaim Ponty des années 1920 « grâce » à sa “souveraineté sur l’Algérie, le Niger, le Sénégal, le Soudan (actuel Mali)”, semble encore avoir du mal à traduire cette diversité en opportunité dans la gestion d’une religion désormais métropolitaine. D’une part, la focalisation sur le Maghreb, sur l’expérience algérienne, les stratégies alternatives du Maroc, ont laissé peu de place à une prise en compte de l’islam subsaharien de ou en France, souffrant d’une double peine de marginalisation. De l’autre, il y a toute l’attention des autorités françaises portée sur le Maghreb voisin ainsi que l’enjeu de l’interférence des pays d’origine sur la vie religieuse dans l’Hexagone. Pourtant, “l’islam consulaire” dénoncé aujourd’hui l’était déjà par des intellectuels musulmans et d’autres chercheurs qui voulaient faire profiter la République de la spécificité concordataire de l’Alsace rendant possible une faculté de théologie musulmane à Strasbourg. De même, des tentatives parcellaires d’organisation du culte musulman depuis Pierre Joxe à la mise en place du CFCM par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, les acteurs subsahariens ont au mieux joué les seconds rôles lorsqu’ils ne sont pas totalement exclus des instances dirigeantes de l’Islam de France.

L’élite politique française ne doit pas faillir à son devoir de Résistance face aux populismes

Mais, malgré le choc produit par toutes ces attaques barbares, la France doit courageusement assumer son statut de pays-creuset. Sa classe politique a un devoir de résistance face aux sirènes des populismes et des extrémismes de tous bords. Comme le craignait à juste raison Mohamed-Chérif Ferjani, ils risquent d’être les malheureux gagnants de l’ère post-covid19 affaiblissant des Etats en proie à de multiples crises.

Vue du Sahel et des défenseurs de la laïcité et des droits humains, la France trahirait elle-même l’esprit de la République si elle empruntait la voie des prophétismes culturalistes et essentialistes. Ce serait non seulement contre ses propres valeurs « universelles », mais aussi ses intérêts et son image dans une région où des efforts conséquents et urgents semblent nécessaires. La gestion circonstancielle de questions essentielles au vivre ensemble de même que le pragmatisme politique en vogue peuvent facilement orienter les visions court-termistes d’une France s’éloignant de ses principes fondateurs ayant inspiré constitutions et systèmes politiques et longtemps fasciné à travers le monde. De par son histoire et son héritage, la France n’a point le droit de céder à la tentation populiste. De par son engagement et de ses liens au Sahel, elle est aussi en bonne place pour comprendre que nous – Africains et Européens - sommes devenus une seule et même communauté internationale au destin scellé par la vulnérabilité en partage, d’où l’impérieuse nécessité de co-construire les alternatives permettant de faire face, ensemble, aux extrémismes dévastateurs.

 

Cette Note d’Analyse n°3 s’inscrit dans la série spéciale des publications du Timbuktu Institute avec le soutien de la Fondation Konrad Adenauer sur la société civile à l’épreuve de la pandémie COVID-19 au Sahel. A télécharger intégralement en bas de ce texte  

Alors que les spéculations sur les contrecoups sanitaires de la COVID-19 en Afrique occupent de moins en moins le paysage médiatique, la pandémie continue de soulever des débats au sujet de ses effets spécifiques sur les différentes franges de la population. Si le monde entier a été surpris par cette crise sanitaire, l’Afrique n’a pas fini d’en subir les conséquences en raison de son niveau de développement économique mais aussi et surtout de la jeunesse de sa population. Chance sur certains aspects notamment sur la mortalité ou handicap au regard des conséquences économiques, la jeunesse de la population africaine occupe une place importante dans ce débat. En effet, le continent concentre la plus jeune population au monde avec une tendance non moins importante dans sa partie occidentale : 75% des ouest africains ont moins de 25 ans. Cette dynamique démographique lue parfois comme un stimulant économique, rend compte aussi des défis en matière d’éducation et d’emploi, donc, de vulnérabilités socioéconomiques que la crise pourrait amplifier. En effet, la situation de la jeunesse inquiète aussi bien les dirigeants de la sous-région que les populations de manière générale, surtout en cette période de COVID-19 où le taux de chômage a considérablement augmenté.

L’Organisation Internationale du Travail (OIT) s’arrête d’ailleurs sur la manière disproportionnée dont la pandémie à coronavirus a affecté les jeunes au niveau mondial avec une situation qui s’enlise dans les pays à faible revenu.[1]Intervenant à l’occasion de la Table-Ronde virtuelle de Haut Niveau, sur la résilience africaine et l’après COVID-19 pour une nouvelle gouvernance mondiale du 19 mai passé, le président en exercice de la CEDEAO, le chef de l’Etat nigérien Issoufou Mahamadou, est revenu sur des propositions phares allant dans le sens d’aider la population juvénile à sortir de la précarité. Ainsi, affirme-t-il : «Ça ne sera un atout que lorsque nous serons capables de transformer cet actif démographique en dividende économique»[2].

Si sur le plan sanitaire, la pandémie a relativement épargné les jeunes en termes de nombre décès et de complications, ces derniers ont été particulièrement touchés par les conséquences de la gestion de la pandémie dans les secteurs éducatif, professionnel et social qui les interpellent à plus d’un titre. Dans ce contexte, les actes de violences contre les dispositifs sanitaires comme les couvre-feuxont failli minimiser les nombreuses innovations dont ils sont auteurs durant cette période de craintes à priori, peu propice à l’invention.

En même temps, la période de récession que le monde est en train de vivre légitime davantage les interrogations sur l’issue de la crise sur les populations sahéliennes en général et sur les jeunes en particulier.

Dans le cadre de cette réflexion globale à l’échelle mondiale ou continentale, la présente note d’analyse traite des conséquences spécifiques de la COVID-19 sur la jeunesse sahélienne souvent assimilée à la vulnérabilité. Elle s’arrêtera aussi sur les réponses que les jeunes ont apportées dans ce contexte, même ou justement parce qu’elles ont été peu médiatisées. Cependant, elles peuvent contribuer à une analyse plus équilibrée de la situation et des perspectives