Source : Météo Sahel 

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel 

 

Trois évènements majeurs ont rythmé l’actualité ghanéenne. Alors que le pays tente d’émerger de l’une des pires crises économiques de son histoire, la situation économique que va laisser le président Nana Akufo-Addo s’annonce probablement comme étant la problématique phare de la prochaine échéance électorale. C’est sans doute fort de cela que le lancement de la campagne présidentielle par le vice-président Mahamudu Bawumia, représentant du parti au pouvoir, s’est fait par la mise en avant de son bilan économique et son programme de numérisation. Malgré les défis liés à l'endettement accru et aux conséquences économiques de la pandémie mondiale de coronavirus, Bawumia a promis de stimuler la croissance économique en mettant l'accent sur le secteur privé et en élargissant l'assiette fiscale grâce à la numérisation. En janvier dernier, le Ghana a pu bénéficier d’une petite bouffée d’air. Ceci, grâce à un versement de 600 millions de dollars par le Fonds Monétaire International (FMI) dans le cadre de son programme d’aide, après l’annonce d’un accord de restructuration de la dette extérieure du pays.

En prévision de cette présidentielle de décembre prochain au Ghana, John Mahama, principal candidat de l'opposition, a choisi Jane Opoku-Agyemang, ancienne ministre de l'éducation, comme sa colistière pour la vice-présidence. Cette décision est la deuxième où Mahama choisit Opoku-Agyemang comme colistière, dans un pays où les femmes sont sous-représentées dans la sphère politique. L'élection s'annonce serrée entre Mahamudu Bawumia, du parti au pouvoir, et John Dramani Mahama de l'opposition. Opoku-Agyemang, bénéficiant d'un fort soutien dans les États du centre du Ghana, apportera son expérience de campagne électorale à la course présidentielle.

De l’autre côté, l'enquête sur l'assassinat du journaliste d'investigation Ahmed Hussein-Suale survenu en janvier 2019, demeure au point mort. Hussein-Saule, connu pour ses révélations sur des affaires de corruption impliquant des hauts responsables, a été tué par balles à Accra. Malgré l'arrestation de suspects initiaux en 2019, aucune preuve concluante n'a été trouvée, suscitant des préoccupations concernant l'impunité et la sécurité des journalistes au Ghana. 22ème en 2015, le pays se trouve actuellement à la 62ème place au classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).



 

Source : Sahel Weather

Download the full Sahel Weather report

 

Several recent incidents have highlighted the growing insecurity in the country. Indeed, at least 47 women were abducted by members of the Islamic State in West Africa (ISWAP) in Borno State, while a mass kidnapping took place in the rural region of Ngala, with over 100 women reported missing. Meanwhile, nearly 300 students were abducted in the northwest, and at least 15 were taken from an Islamic school in Sokoto state. Wave after wave of kidnappings has led to growing concern for the safety of civilians, particularly children, in various parts of the country. In response, Nigerian President Bola Tinubu has ordered security forces not to pay ransoms for the release of victims. This decision comes as criminal gangs, locally known as "bandits", regularly carry out mass kidnappings in north-western and north-central Nigeria, targeting schools, villages and highways to demand ransoms. In February, twelve anti-jihadist fighters were killed in clashes with gang members. These bandits have worrying links with terrorist groups, fuelling concerns about security in the region.

In the north-central part of the country, the town of Mangu was rocked by inter-community violence, a relatively rare phenomenon in this hitherto unspoilt region. The attacks, which took place at the end of January, targeted churches, mosques and schools, resulting in the death of at least 25 people. The violence rekindled ethnic and religious tensions in Plateau State, where Muslim and Christian communities have traditionally coexisted. 

Alongside these security challenges, Nigeria is also facing a humanitarian crisis in the northwest of the country, where malnutrition levels are described as "catastrophic" by the organization Médecins Sans Frontières (MSF). This crisis has led to epidemics of preventable diseases, endangering the lives of thousands of children. Despite this, the situation seems to be largely ignored by donors and aid organizations, according to MSF.

On the diplomatic front, a controversial agreement between Nigeria and the UK has provoked a strong reaction in the country. The agreement, signed in Abuja, allows British lawyers to practice law in Nigeria without any restrictions, which has been perceived as an interference in the national legal system, but also as a painful reminder of the country's colonial past. The President of the Nigerian Bar Association denounced the agreement, pointing out that it could threaten the livelihoods of millions of Nigerians. 

In addition, Foreign Minister Yusuf Tuggar affirmed the country's willingness to maintain its collaboration with Russia, particularly in the commercial and military fields. The statement was made at a joint press conference with his Russian counterpart, Sergei Lavrov, in Moscow. At the same time, Tuggar stressed that this long-standing cooperation would continue, while Lavrov assured that Moscow would continue to support African countries in strengthening their militaries and security. Elsewhere, Nigeria announced the reopening of its borders with Niger and the end of economic sanctions, underlining the importance of trade between the two countries. However, this announcement comes at a time when communal clashes in the south have led to the death of at least 16 soldiers.

On the economic front, Nigeria announced a ban on the street trading of foreign currency in the country as part of new regulations established by the Central Bank. These measures are aimed at reforming the foreign exchange market, which has suffered from a chronic shortage of dollars in recent years. A decision which is also accompanied by the imposition of higher minimum capital levels for bureaux de change operators. With these moves, the Central Bank is seeking to stabilize the foreign exchange market and curb speculation in the national currency, the naira.

Nigeria has been the scene of a crackdown on fraud in that it will ban street trading in foreign currencies and establish new regulations setting higher minimum capital levels for bureaux de change operators, as part of wider reforms of the foreign exchange market. These actions have been prompted by the country's anti-corruption agency, which accuses operators of speculating on the currency. These measures come in the wake of a dollar shortage due to the flight of foreign investors in particular.





 

Source : Météo Sahel 

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel 

 

Plusieurs incidents récents ont mis en lumière l'insécurité croissante dans le pays. En effet, au moins 47 femmes ont été enlevées par des membres de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP) dans l'État de Borno, tandis qu'un enlèvement massif a eu lieu dans la région rurale de Ngala, avec plus de 100 femmes portées disparues. Parallèlement, près de 300 élèves ont été enlevés dans le nord-ouest, et au moins 15 ont été enlevés dans une école islamique de l’État de Sokoto. Les vagues d’enlèvement s'enchaînent, suscitant des inquiétudes croissantes quant à la sécurité des civils, notamment des enfants, dans différentes régions du pays. En réponse à ces événements, le président nigérian, Bola Tinubu, a ordonné aux forces de sécurité de ne pas verser de rançon pour la libération des victimes. Cette décision intervient alors que les gangs criminels, localement appelés "bandits", procèdent régulièrement à des enlèvements massifs dans le nord-ouest et le centre-nord du Nigeria, ciblant les écoles, les villages et les autoroutes pour exiger des rançons. D’ailleurs, en février, douze combattants anti-jihadistes ont été tués lors d'affrontements avec des membres de gangs. Ces bandits entretiennent des liens préoccupants avec des groupes terroristes, alimentant les inquiétudes quant à la sécurité dans la région.

Dans le centre-nord du pays, la ville de Mangu a été secouée par des violences intercommunautaires, un phénomène relativement rare dans cette région jusque-là préservée. Les attaques, perpétrées fin janvier, ont ciblé des Églises, des mosquées et des écoles, entraînant la mort d'au moins 25 personnes. Ces violences ont ravivé les tensions ethniques et religieuses dans l'État du Plateau, où cohabitent traditionnellement des communautés musulmanes et chrétiennes. 

A côté de ces défis sécuritaires, le Nigéria fait également face à une crise humanitaire dans le nord-ouest du pays, où les niveaux de malnutrition sont qualifiés de "catastrophiques" par l'organisation Médecins Sans Frontières (MSF). Cette crise a conduit à des épidémies de maladies évitables, mettant en danger la vie de milliers d'enfants. Malgré cela, cette situation semble largement ignorée par les donateurs et les organisations d'aide, selon MSF.

Sur le plan diplomatique, un accord controversé entre le Nigéria et le Royaume-Uni a suscité une vive réaction dans le pays. En effet, cet accord signé à Abuja, permet aux avocats britanniques de pratiquer le droit au Nigéria sans aucune restriction, ce qui a été perçu comme une ingérence dans le système juridique national mais aussi comme un rappel douloureux du passé colonial du pays. Le président de l'Association du barreau nigérian a dénoncé cet accord, soulignant qu'il pourrait menacer les moyens de subsistance de millions de Nigérians. 

Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a affirmé la volonté du pays de maintenir sa collaboration avec la Russie, notamment dans les domaines commercial et militaire. Cette déclaration a été faite lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, à Moscou. Tuggar a, par la même occasion, souligné que cette coopération, existant depuis longtemps, perdurera, alors que Lavrov a assuré que Moscou continuerait à soutenir les pays africains dans le renforcement de leurs armées et de leur sécurité. Pour le reste, le Nigéria annonce la réouverture de ses frontières avec le Niger et la fin des sanctions économiques, soulignant l'importance des échanges commerciaux entre les deux pays. Cependant, cette annonce survient alors que les affrontements communautaires dans le sud ont entraîné la mort d'au moins 16 militaires.

Sur le plan économique, le Nigéria a annoncé l'interdiction du commerce ambulant des devises étrangères dans le pays dans le cadre de nouvelles réglementations établies par la Banque Centrale. Ces mesures visent à réformer le marché des changes, qui a souffert d'une pénurie chronique de dollars ces dernières années. Une décision qui s'accompagne également de l'imposition de niveaux de capital minimum plus élevés pour les opérateurs de bureaux de change. Par ces manœuvres, la Banque Centrale cherche à stabiliser le marché des changes et à freiner la spéculation sur la monnaie nationale, le naira.

Le Nigéria a été le théâtre d'une répression de la fraude en ce sens qu’il va interdire le commerce ambulant des devises étrangères et établir de nouvelles réglementations fixant des niveaux de capital minimum plus élevés pour les opérateurs de bureaux de change, dans le cadre de réformes plus larges du marché des changes. Ces actions ont été entreprises par l'agence anti-corruption du pays, qui accuse les opérateurs de spéculer sur la monnaie. Ces mesures interviennent après une pénurie de dollars due à la fuite des investisseurs étrangers notamment.






 

Source : Météo Sahel 

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel 

 

Ces deux derniers mois, la Mauritanie a été au cœur de l'actualité tant sur le plan régional qu'international. D'une part, l'Union européenne a annoncé un financement de 210 millions d'euros pour aider le pays à contrer le départ de migrants vers l'Europe, en renforçant la lutte contre les passeurs et en améliorant la sécurité aux frontières. Cette initiative intervient alors que la Mauritanie fait face à une augmentation du flux de migrants et de réfugiés, exacerbée par l'instabilité au Sahel. 

D’un autre côté, la Mauritanie a été désignée pour présider l'Union africaine en 2024, une décision saluée comme un compromis parmi les pays d'Afrique du Nord, qui ont longtemps eu du mal à trouver un candidat commun en raison de rivalités régionales. Mohamed Ould Ghazouani, président en exercice de la Mauritanie, a été décrit comme un homme de consensus, apportant une stabilité dans une région marquée par des tensions. 

Cependant, en dépit de ces avancées diplomatiques, des tensions politiques internes persistent, en témoigne la récente levée de l'immunité parlementaire d'un député de l'opposition, Biram Dah Abeid. En effet, le président du parti d’opposition de l'Union des forces du progrès (UFP) Mohamed O. Maouloud avait déposé une plainte pour « diffamation et calomnie » après que B. Abeid ait déclaré qu’il avait reçu une forte somme d’argent de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, lors de la campagne électorale de 2019. Cette décision reflète les divisions au sein de l'opposition à quelques mois de l'élection présidentielle prévue en juin 2024. 

Enfin, quatre policiers, dont un commissaire, ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour avoir torturé à mort un militant des droits de l'homme dans un poste de police à Nouakchott en 2023. Les condamnés ont été reconnus coupables de crimes de torture ayant entraîné la mort, d'utilisation injustifiée de la torture et de falsification de preuves. Un cinquième policier a également été condamné à deux ans de prison pour tentative de dissimulation du crime. Le procureur avait initialement requis la peine de mort contre le commissaire et deux de ses subordonnés. Le décès du militant Souvi Ould Chene, survenu après qu'il ait été convoqué pour une plainte de non-paiement de dette, a provoqué des troubles violents et conduit à la fermeture du poste de police incriminé. Ce jugement met en lumière une rare poursuite judiciaire contre des hauts fonctionnaires en Mauritanie pour des actes commis dans l'exercice de leurs fonctions.




 

Source : Sahel Weather

Download the full Sahel Weather report

 

Over the past two months, Mauritania has been in the spotlight both regionally and internationally. On the one hand, the European Union has announced 210 million euros in funding to help the country counter the flow of migrants to Europe, by stepping up the fight against smugglers and improving border security. This initiative comes at a time when Mauritania is facing an increasing flow of migrants and refugees, exacerbated by instability in the Sahel. 

On the other hand, Mauritania has been nominated to chair the African Union in 2024, a decision hailed as a compromise among North African countries, which have long struggled to find a common candidate due to regional rivalries. Mohamed Ould Ghazouani, Mauritania's current president, has been described as a man of consensus, bringing stability to a region marked by tensions. 

However, despite these diplomatic advances, internal political tensions persist, as demonstrated by the recent lifting of the parliamentary immunity of opposition MP Biram Dah Abeid. Indeed, the president of the opposition Union des forces du progrès (UFP) Mohamed O. Maouloud had filed a complaint for "defamation and slander" after B. Abeid had claimed that he had received a large sum of money from businessman Mohamed Ould Bouamatou, during the 2019 election campaign. This decision reflects the divisions within the opposition a few months ahead of the presidential election scheduled for June 2024. 

Finally, four police officers, including a commissioner, were sentenced to life imprisonment for torturing a human rights activist to death in a police station in Nouakchott in 2023. The convicts were found guilty of the crimes of torture resulting in death, unjustified use of torture and falsification of evidence. A fifth police officer was also sentenced to two years' imprisonment for attempting to conceal the crime. The prosecutor had initially requested the death penalty against the commissioner and two of his subordinates. The death of activist Souvi Ould Chene, which occurred after he had been summoned for a complaint of non-payment of a debt, provoked violent unrest and led to the closure of the offending police station. This ruling highlights a rare prosecution of senior civil servants in Mauritania for acts committed in the exercise of their duties.



Source : Météo Sahel 

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel 

 

Le Tchad a été confronté à une série d'événements complexes et interconnectés qui ont profondément influencé la situation politique, économique et sécuritaire du pays. L'annonce de l'état d'urgence alimentaire a mis en lumière la crise humanitaire provoquée par l'afflux massif de réfugiés en provenance du Soudan voisin. Avec plus d'un demi-million de réfugiés ayant fui les conflits au Darfour, le Tchad se retrouve sous pression pour répondre aux besoins de ces populations déplacées, exacerbant ainsi les tensions sociales et économiques internes. Même si l’Union européenne a octroyé une aide humanitaire de plus de 29 milliards de FCFA au Tchad, la situation demeure très compliquée. En particulier depuis que l’ONU a annoncé suspendre l’aide alimentaire aux réfugiés soudanais faute de moyen financier. Par exemple, dans le camp d’Adré, 80% des habitants « ont vu des gens piller et brûler leur maison », pendant cette guerre qui ne manque pas de réveiller les tensions et conflits intercommunautaires dans le pays. 

Sur le plan politique, le ralliement de Sahel Déby Itno au Parti Socialiste sans Frontière (PSF) de l’opposant Yaya Dillo, a révélé les fissures au sein du clan présidentiel et du parti Mouvement patriotique du Salut (MPS), fondé par son défunt frère, le président Idriss Déby Itno. Ce geste a été perçu comme une remise en cause du leadership de Mahamat Déby, actuel chef de la transition. Par ailleurs, des critiques ont également émergé concernant l'adoption d'un nouveau code électoral, accusé de favoriser le camp présidentiel et de restreindre la participation politique équitable. Ces tensions politiques ont été exacerbées par les manifestations et les grèves qui ont éclaté en réponse à la hausse significative des prix du carburant. La population, déjà confrontée à des difficultés économiques croissantes, a exprimé son mécontentement face à cette décision gouvernementale.

Les événements sécuritaires ont atteint un pic avec ce que le gouvernement a présenté comme une attaque meurtrière contre les locaux des services de renseignement, par des partisans de Yaya Dillo. Une situation trouble où les forces de sécurité ont conduit une opération de police au siège du parti de l’opposant, occasionnant sa mort. Selon le gouvernement, le président du PSF “n’a pas voulu se rendre et a tiré sur les forces de l’ordre”. Du côté des responsables du parti, l’on dénonce un “assassinat”. La famille de Dillo conteste la version officielle et réclame une enquête approfondie pour établir la vérité sur sa mort. Il se pose donc la question de la stabilité et de la sécurité du pays alors qu'il se prépare une délicate et incertaine transition politique.

En effet, l'approche de l'élection présidentielle du 6 mai 2024 où, pour la première fois dans l'histoire du pays et même en Afrique, le président en exercice, Mahamat Idriss Déby, et son Premier ministre, Succès Masra, se présentent tous les deux comme candidats, malgré leur cohabitation au sein du pouvoir de transition. Le processus électoral lui-même est sujet à controverse, avec des critiques portant sur le nouveau code électoral qui restreint la transparence, notamment en abolissant l'affichage des résultats devant les bureaux de vote et en limitant l'accès des partis politiques aux procès-verbaux. En outre, le Conseil constitutionnel a rejeté les candidatures de dix postulants à la présidentielle, dont celles de deux opposants farouches à la junte au pouvoir. Le tout dans un climat où la liberté de la presse est relativement remise en question à la suite de la suspension de plusieurs médias par les autorités et une crise des médias privés.

Dans l'est du pays, des affrontements entre différentes communautés ont entraîné la mort d'au moins 42 personnes, soulignant ainsi les défis persistants en matière de sécurité et de cohésion sociale au Tchad.